SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
25 novembre 2024
International
VIDEO
L'AJS EN CROISADE POUR LES DROITS DES FEMMES
Révision du Code de la famille, amélioration de la protection sociale, accès aux soins... Zeynab Kane, vice-présidente de l'Association des Juristes Sénégalaises, lance un appel persistant pour des réformes ambitieuses en faveur de ses paires
Dans une société sénégalaise en pleine mutation, la voix de Zeynab Kane, enseignante-chercheuse et vice-présidente de l'Association des Juristes Sénégalaises (AJS), s'élève avec force. Invitée lors de l'émission "Objection" sur les ondes de Sud FM, elle a lancé un appel persistant pour des réformes ambitieuses en faveur des droits des femmes.
Sous le nouveau régime, l'AJS attend des actes concrets. Zeynab Kane déplore la faible représentativité féminine au sein du gouvernement, contredisant les engagements constitutionnels et internationaux du Sénégal. "L'argument de l'incompétence des femmes est non fondé. Il existe d'innombrables femmes compétentes dans tous les domaines", martèle-t-elle, balayant d'un revers de main les justifications avancées.
Pour cette farouche militante, une gouvernance véritablement inclusive passe inévitablement par l'intégration des femmes à tous les niveaux décisionnels. "Gouverner sans les femmes relève de l'impossible. Nous exigeons à être parties participent dans l'élaboration des politiques publiques", clame-t-elle avec conviction.
Au cœur des réformes exigées par l'AJS figure la révision en profondeur du Code de la famille, un texte vieillissant encore teinté de dispositions discriminatoires. Zeynab Kane insiste également sur la nécessité d'améliorer la protection sociale, l'accès aux soins et à l'éducation pour les femmes et les jeunes filles.
L'un des autres défis majeurs réside dans l'autonomisation économique des Sénégalaises. Avec un taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés, des mesures ciblées doivent favoriser leur employabilité et leur insertion professionnelle.
Pour atteindre ces objectifs, l'AJS prône une approche collaborative, associant étroitement les organisations féminines de la société civile. "Nos associations disposant d'une expertise terrain forgée durant des décennies. Ignorer cet atout serait un non-sens", plaide Zeynab Kane.
Le changement de paradigme tant promis ne pourra advenir sans les femmes, en première ligne pour défendre leurs droits légitimes. A l'heure de la refondation démocratique, l'AJS assiste du gouvernement à un engagement réel en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes.
L'IRAN FONDE SON ATTAQUE CONTRE ISRAËL SUR L'ARTICLE 51 DE LA CHARTE DE L'ONU
“L’action militaire de l’Iran était basée sur l’article 51 de la Charte des Nations Unies concernant la légitime défense en réponse à l’agression du régime sioniste contre nos installations diplomatiques à Damas”, selon l'IRNA.
Selon l’Agence de presse de la République islamique (IRNA), la mission iranienne auprès des Nations Unies a annoncé samedi soir 13 avril, heure locale que : “L’action militaire de l’Iran était basée sur l’article 51 de la Charte des Nations Unies concernant la légitime défense en réponse à l’agression du régime sioniste contre nos installations diplomatiques à Damas”.
L’affaire peut être considérée comme close. Toutefois, si le régime israélien commet une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran sera bien plus sévère. “Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime israélien voyou, dont l’Amérique devrait rester à l’écart”, a insisté la mission iranienne auprès de l’ONU.
Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) a lancé des frappes de représailles « étendues » avec des missiles et des drones contre les territoires occupés en réponse à l’attaque terroriste du régime israélien du 1er avril contre les locaux diplomatiques de la République islamique à Damas, la capitale syrienne.
UN BLOGUEUR GUINÉEN EN EXIL FACE AU RISQUE D'EXPULSION
Figure critique du régime guinéen exilée au Sénégal, le jeune activiste Djibril Agi Sylla croupit désormais en prison à Dakar. Ses défenseurs alertent sur les périls d'un refoulement vers Conakry
(SenePlus) - Placé en détention provisoire pour séjour irrégulier, le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla risque l'expulsion du Sénégal, affirme RFI. Figure critique du régime guinéen, cette décision judiciaire suscite l'inquiétude de son avocat et des ONG.
Selon la radio, le jeune activiste était convoqué par la justice sénégalaise suite à une plainte pour diffamation et injure publique émanant de l'homme d'affaires KPC. Mais lors de l'audience jeudi, le procureur s'aperçoit que M. Sylla, entré au Sénégal le 9 février 2021, n'a pas de titre de séjour.
Bien que le blogueur affirme avoir déposé une demande d'asile politique, il ne peut le prouver. Placé en détention provisoire, il risque une expulsion vers la Guinée. Son avocat, Maître Amadou Kane, s'inquiète auprès de RFI.
"Étant donné qu'il a fui son pays d'origine par crainte, le droit interdit de le refouler. (...) Nous souhaitons alerter les autorités sénégalaises pour exclure tout refoulement vers son pays d'origine", plaide-t-il, évoquant les risques sécuritaires encourus.
L'affaire doit être examinée mardi par le tribunal de grande instance de Dakar. L'issue judiciaire est suivie de près par les organisations de défense des droits humains, inquiètes du sort réservé à ce critique du régime guinéen au Sénégal.
VIVES TENSIONS ENTRE TÉHÉRAN ET TEL-AVIV
L'Iran a lancé une attaque de drones contre Israël, franchissant un nouveau palier dans l'escalade des tensions avec son ennemi juré. Cette riposte aux frappes israéliennes en Syrie plonge la région dans l'incertitude quant aux risques d'un embrasement
(SenePlus) - Téhéran a lancé une attaque de drones contre Israël samedi soir depuis son territoire, a annoncé le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari dans une allocution télévisée, comme l'ont confirmé des médias d'Etat iraniens. Cette opération intervient après que l'Iran a promis de "punir" Israël pour une attaque meurtrière sur son consulat à Damas le 1er avril, rapporte l'AFP.
"Nous surveillons la menace dans l'espace aérien", a déclaré M. Hagari, précisant collaborer avec les Etats-Unis et des partenaires régionaux pour intercepter les drones. Israël a dans la foulée fermé son espace aérien par précaution. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a assuré le pays était "prêt à faire face à n'importe quel scénario".
Cet accès de tensions a incité plusieurs pays comme la Jordanie et l'Irak à fermer également leur espace aérien, rapporte Le Monde. La France a enjoint ses ressortissants à ne pas se rendre en Iran, Israël et au Liban.
D'après ce même article, la saisie samedi par l'Iran d'un porte-conteneurs israélien dans le Golfe avait déjà fait craindre une riposte imminente de Téhéran. Signe de l'état d'alerte, l'armée israélienne a fermé les écoles pour deux jours et limité les rassemblements.
Les Etats-Unis ont "fermement" condamné l'acte de "piraterie" iranien et réaffirmé leur "engagement inébranlable" envers Israël, a écrit sur Twitter le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. Le président Biden a écourté son week-end pour des consultations d'urgence, révèle ce média. Une escalade semble se profiler entre l'Iran et Israël dans ce contexte de vives tensions.
LA DANGEREUSE HUBRIS DES MILITAIRES MALIENS
Depuis presque 4 ans, le Mali est privé de dirigeants élus, tandis que les maux ayant motivé le premier coup d'Etat "n'ont cessé d'empirer". Il y a toujours un risque à vouloir abréger les mandats réguliers, pour se faire la courte-échelle vers le pouvoir
(SenePlus) - La junte au pouvoir au Mali a franchi un cap cette semaine en suspendant les activités des partis politiques et de certaines associations, et en interdisant aux médias de les relayer. Une réaction, selon certains, à l'appel lancé début avril par plus de 80 partis et organisations de la société civile pour la tenue d'une élection présidentielle et la fin de la transition militaire.
"À bien des égards, ces mesures trahissent une certaine fébrilité, au moment où l'on attend de la junte qu'elle fédère, dans le dialogue, les Maliens autour de valeurs", analyse Jean-Baptiste Placca dans un éditorial pour RFI. Depuis presque 4 ans, le Mali est privé de dirigeants élus, tandis que les maux ayant motivé le premier coup d'Etat "n'ont cessé d'empirer".
Une situation qui interroge de nombreux Maliens sur "le sens même de cette transition". L'argument d'un membre du Conseil national de transition selon lequel "la raison d'État prime sur les libertés" sonne comme un aveu accablant. "La plupart réalisent à quel point, au nom des miettes qu'ils recueillent de la mangeoire d'État, certains peuvent renoncer à toute éthique, à tout principe."
Une transition née d'ambitions personnelles ?
Comment en est-on arrivé là ? L'éditorialiste rappelle que la junte d'Assimi Goïta "n'était qu'un troisième larron, venu cueillir un pouvoir déstabilisé" par les manifestations contre IBK. Des acteurs qui les avaient alors soutenus "étaient persuadés que cela leur profiterait personnellement".
"Nombre des acteurs politiques qui avaient alimenté la fronde contre Ibrahim Boubacar Keïta étaient persuadés que cela leur profiterait personnellement. Tous avaient applaudi Assimi Goïta, avant d'en devenir les détracteurs."
Une mise en garde : "Il y a toujours un risque à vouloir abréger les mandats réguliers, pour se faire la courte-échelle vers le pouvoir." Tandis que d'autres, "conscients de ne jamais pouvoir sortir vainqueurs d'élections régulières, préfèrent miser sur des révolutions opportunes".
Répression ou chaos : quel avenir ?
Face à l'intransigeance des militaires, quelle issue ? "À moins d'avoir le courage des Sénégalais, quelques-uns seront arrêtés, et les autres se tiendront plus ou moins cois", prédit J-B Placca. Mais "les troubles peuvent aussi bien reprendre, avec le risque que cela inspire d'autres troisièmes larrons".
La perspective d'élections semble s'éloigner chaque jour davantage. "Il faut du courage, pour, comme le Premier ministre du Mali, annoncer à ses concitoyens qu'il n'y aura d'élection qu'une fois le pays stabilisé. Car, lui-même ne sait pas quand."
Bref, au Mali, "la transition est à durée indéterminée. Les privations diverses le sont déjà, les journées sans électricité aussi, comme certaines libertés. L'heure est donc vraiment propice aux illusions à durée indéterminée !"
DES CLASSES INCLUSIVES POUR LES ÉLÈVES SOURDS ET MALENTENDANTS AU SÉNÉGAL
Dans quelques établissements scolaires du Sénégal, on teste avec succès de nouvelles classes mixtes accueillant élèves sourds et entendants. Une innovation porteuse d'espoir pour la scolarisation de tous
(SenePlus)- Dans certaines classes du Sénégal, les élèves sourds et malentendants étudient désormais aux côtés des autres. C'est le cas à l'école Apix Guinaw Rails Sud, dans la banlieue de Dakar, où Mouhamed Sall suit sa scolarité avec le soutien d'une assistance. Lors d'un cours observé par l'agence Associated Press, ce dernier s'est avancé au tableau noir et a posé rapidement une question en langage des signes à l'assistante. Il a ensuite résolu l'exercice, sous les applaudissements silencieux de ses camarades qui agitaient leurs mains en signe d'appréciation.
Certains élèves de la classe se sont familiarisés avec la langue des signes ces derniers mois pour communiquer avec Mouhamed Sall, qu'ils connaissaient déjà de l'école primaire. "On a appris le langage des signes car on est amis depuis longtemps, ça a été facile", témoigne l'un d'eux, Salane Senghor. Les nouveaux camarades sont curieux et regardent souvent vers l'assistante pour comprendre ce que dit Mouhamed Sall.
Pourtant, l'inclusion scolaire des enfants handicapés reste un défi au Sénégal. Selon l'UNICEF, 60% d'entre eux ne vont pas à l'école, faute notamment de données statistiques fiables. Le pays manque en effet d'une stratégie nationale en la matière, malgré quelques initiatives pionnières comme celle de l'école Apix, soutenue depuis l'an dernier par l'ONG Humanité & Inclusion. Celle-ci finance le recrutement d'assistances maîtrisant la langue des signes dans quatre établissements scolaires pilotes.
"Nous voulons des progrès du gouvernement pour garantir à chaque enfant, quelles que soient ses capacités, l'accès à l'éducation", souligne Sara Poehlman de l'UNICEF. Car dans une région où les frais scolaires pèsent lourd, le programme permet à Mouhamed Sall de suivre sa scolarité gratuitement, après que sa mère a longtemps payé des activités spécialisées coûteuses.
Des initiatives volontaristes émergent pourtant, comme les récentes formations électorales en langue des signes ou le succès de l'équipe nationale sourde de football. Mais la route est encore longue pour une véritable inclusion. Les difficultés persistent pour les familles éloignées des établissements pilotes. Et le niveau élevé en langue des signes des élèves sourds pose problème aux enseignants peu formés.
Pour Jandira Monteiro d'Humanité & Inclusion, une collaboration renforcée entre les ministères de la Santé et de l'Éducation est nécessaire. Afin que chaque enfant puisse, comme Mouhamed Sall, développer pleinement ses talents à l'école, au sein d'une société solidaire.
L'ÉRE DU TOUT-ÉCRAN
Le face-à-face disparaît, englouti par la déferlante numérique. Nos smartphones sont devenus les prothèses d'une société où l'on ne se regarde plus en face
(SenePlus) - Selon le sociologue David Le Breton, professeur à l'Université de Strasbourg, nos sociétés connaissent une profonde mutation dans les modes de communication interpersonnelle. Dans une tribune au journal Le Monde, il déplore la disparition progressive du "face-à-face" au profit d'interactions dématérialisées, vidées de leur substance charnelle.
"Le visage est le centre de gravité de toute conversation", souligne-t-il. Plus qu'un simple échange de paroles, le face-à-face instaure "un principe de considération mutuelle" basé sur la réciprocité des regards et de l'attention portée à l'autre. "On supporte mal celui qui ne nous regarde pas en face en s'adressant à nous", rappelle le sociologue.
Pourtant, ce lien charnel tend à se distendre. "Aujourd'hui, dans maintes interactions ou sur les trottoirs des villes, les visages deviennent rares, le plus souvent absorbés par l'écran du smartphone". Une "hypnose sans fin" qui rend aveugle à son environnement immédiat et indifférent à l'autre. "Une société spectrale où, même devant les autres ou dans les rues, les yeux sont souvent baissés sur l'écran".
Des "communications sans visage"
M. Le Breton déplore cette omniprésence des écrans qui engendre des "communications sans visage, sans présence". Un monde "sans chair" où la parole se vide de sa substance, une "humanité assise" coupée de sa sensorialité.
"Les réseaux sociaux sont sans visage, contrairement à la parole du quotidien", affirme-t-il. Ils deviennent des "mondes de masques" où l'anonymat "autorise le harcèlement, les insultes, les menaces". Des "paroles sans visage, sans possibilité de vérification" dans un vaste "carnaval" fait de multiples identités factices.
La fragmentation du lien social
Cette désincarnation de la parole entraîne une profonde fragmentation du lien social selon le chercheur. "Chacun devient une monade, centré sur lui-même et son éventuelle communauté d'intérêt. La chose publique disparaît."
Plus gravement encore, ces nouveaux modes de communication favorisent l'indifférence à autrui. "Nous sommes de moins en moins ensemble, mais de plus en plus côte à côte, dans la fragmentation, les yeux rivés sur nos écrans, sans plus nous regarder", déplore David Le Breton.
Dans ce contexte, le visage humain connaît une véritable mutation, passant du "lieu sacré du rapport à l'autre" à un simple "élément parmi d'autres d'un corps qui a de moins en moins d'importance dans la relation à autrui". Une évolution préoccupante selon le sociologue, qui voit dans cette disparition progressive des visages le signe d'un délitement du lien social et de "la disparition de la chose publique".
VIDEO
RÉINVENTER LA DIFFUSION DES SAVOIRS
L'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire
Dans le cadre de la série "Où va le Sénégal ?", animée par Florian Bobin, chercheur en Histoire à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, un riche échange à eu lieu autour de l'éducation populaire, du rôle des intellectuels et artistes dans la démocratisation des espaces culturels. Zoubida Fall, auteure et animatrice de podcast, l'artiste-graffeur Madzoo TRK et l'universitaire Saliou Diop ont apporté leurs éclairages.
Le constat est sans appel : l'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire. Face à cette vision convenue, les intervenants impliquent un regard décapant.
En réinscrivant dans l'espace public, via différents médias, des figures et récits historiques marginalisés, ils œuvrent pour une « éducation populaire ». Les fresques monumentales de Madzoo TRK rendent visibles des personnalités comme Frantz Fanon ou Amílcar Cabral. Le podcast "Conversations féminines" de Zoubida Fall amplifie les voix féminines trop souvent inaudibles. Saliou Diop, par ses recherches, désinstitutionnalise la pensée du philosophe Cheikh Anta Diop.
Leurs pratiques créent ainsi de nouveaux espaces culturels décentralisés, ancrés dans le quotidien populaire. Mais le combat est de taille face au manque de soutien étatique aux voix alternatives, contraignant à l'auto-organisation et aux financements étrangers.
Dans une société où la culture officielle reproduit les schémas jacobins en concentrant les ressources dans la capitale, ces artistes et intellectuels engagés inventent d'autres modalités de transmission. Une renaissance culturelle et politique par le bas, qui se jouera peut-être de la capacité à "se raconter librement".
GRÂCE À LA RUSSIE, LE NIGER SE DOTE D'UN SYSTÈME ANTIAÉRIEN DE DERNIÈRE GÉNÉRATION
Membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Niger à l’instar du Burkina et du Mali, a noué une coopération militaire avec la Russie pour mieux faire face aux attaques terroristes.
Membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Niger à l’instar du Burkina et du Mali, a noué une coopération militaire avec la Russie pour mieux faire face aux attaques terroristes. Dans un communiqué, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), au pouvoir depuis le coup d’Etat de juillet 2023, livre les premiers acquis de ce partenariat.
Ainsi, renseignent les nouvelles autorités, dans le cadre du renforcement de ses capacités de défense et de sécurité, et en vertu de l’accord de coopération militaire avec la Fédération de Russie, le Niger vient de se doter d’un système antiaérien de dernière génération.
Les équipements composant ce dispositif de pointe sont arrivés sur le territoire nigérien, à Niamey, le mercredi 10 avril 2024, accompagnés d’une centaine d’instructeurs militaires russes. Ces derniers auront pour mission de procéder à l’installation du système et d’assurer la formation des Forces Armées Nigériennes à son utilisation optimale.
Cette acquisition stratégique témoigne de la ferme volonté des plus hautes autorités d’élever les capacités défensives du pays à un niveau dissuasif, dans un contexte régional marqué par la recrudescence des menaces sécuritaires asymétriques. Elle participe également du renforcement du partenariat militaire et technique avec la Russie, allié historique du Niger sur les questions de paix et de stabilité.
VOIX ÉTOUFFÉES AU MALI, LE PREMIER TEST POUR LA DIPLOMATIE SÉNÉGALAISE
Alors que le gouvernement malien serre la vis sur la liberté d'expression, les yeux se tournent vers ses voisins pour un soutien potentiel. Parmi eux, le Sénégal, reconnu pour son histoire démocratique robuste, peut-il jouer un rôle décisif ?
Face à l'escalade des restrictions imposées aux manifestations et activités politiques au Mali, l'inquiétude monte tant au niveau local qu'international. Alors que le gouvernement malien serre la vis sur la liberté d'expression, les yeux se tournent vers ses voisins pour un soutien potentiel. Parmi eux, le Sénégal, reconnu pour son histoire démocratique robuste, peut-il jouer un rôle décisif ?
Le jeudi 11 avril 2024, la Haute autorité de la communication (HAC) a ‘’invité tous les médias (radios, télés, journaux écrits et en ligne) à arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations’’, sans préciser les risques auxquels les médias peuvent encourir.
Pour ce directeur de publication d’un journal à Bamako, ‘’cette mesure est impopulaire et ce n’est que le prolongement d’une série de décisions prises sans la moindre concertation avec les autres parties prenantes. On nous a ramenés trente ans en arrière, avec cette nouvelle interdiction. On peut empêcher les gens de parler, mais on ne peut pas leur faire croire en un seul discours. Il faut libérer la parole des autres, même s’ils ne sont pas d’accord avec eux (la junte)’’.
Pour le journaliste et directeur de la chaîne de télévision Joliba TV News, Mohamed Attaher Halidou, qui avait subi les sanctions de cette autorité de régulation en octobre 2022, cette nouvelle décision est "contraire à sa mission de promotion et de défense des libertés et de toutes les libertés. Cette HAC s'aligne toujours derrière les décisions des autorités et cela au mépris des valeurs de démocratie et de la liberté de la presse, des valeurs qui fondent d'ailleurs et justifient son existence''.
Il renchérit sur sa page Facebook : ‘’J'ai comme l'impression que ce sont des préfets qui siègent à la HAC, pour exécuter des décisions arbitraires et fantaisistes… Nous disons non à la caporalisation de la presse, aujourd'hui plus qu'hier. Mais tout cela montre que nous manquons de faitières fortes au Mali pour défendre les valeurs de la profession...’’
Colonel Maïga : ‘’La lutte contre les groupes armés djihadistes et indépendantistes touareg ne s’accommode pas de débats politiques stériles.’’
En effet, 24 heures avant le communiqué de la HAC, le régime militaire avait exigé la suspension de toutes les activités politiques. Ce dernier a publié, le mercredi 10 avril 2024, un décret interdisant les activités des partis politiques, alors que des appels sont lancés à la junte militaire au pouvoir pour qu'elle organise des élections.
L'annonce a été faite par le porte-parole du gouvernement à la télévision publique, mercredi soir. Le colonel Abdoulaye Maïga a déclaré que l'interdiction des activités politiques avait été prise dans l'intérêt du maintien de l'ordre public. Pour motiver ces mesures jugées ‘’impopulaires’’ par les partis politiques, il rappelle : ‘’Quand le chef de la junte a lancé, le 31 décembre, un dialogue national pour la paix ou quand le jalon du 26 mars a été franchi sans que les militaires ne partent, les partis se sont livrés à des discussions stériles. Par ailleurs, la poursuite de la lutte contre les groupes armés djihadistes et indépendantistes touareg ne s’accommode pas de débats politiques stériles.’’
Une interpellation qui a fait réagir l'ancien Premier ministre Moussa Mara (2014-2015). Il a demandé aux autorités de revenir sur leur décision. Il parle d’un ‘’recul majeur’’ qui ‘’n’augure pas de lendemains apaisés’’.
Quant au président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, il a appelé à la ‘’désobéissance civile jusqu’à la chute du régime illégal et illégitime (…), en raison notamment de son incapacité à satisfaire les besoins essentiels des Maliens’’.
Toujours dans cette optique de défendre les principes de la démocratie qu’il pense être fortement menacés par Assimi Goïta et Cie, ce dirpub dans l’anonymat relève que le risque majeur est de passer à côté de l’objectif des militaires, c’est-à-dire dérouler une transition avec une grande inclusivité des Maliens. ‘’Le dialogue intermalien, qui a été comme étant la raison politique de cette suspension, risque gravement et contradictoirement de prendre un coup. Les partis politiques et associations à caractère politique sont composés aussi de Maliens qui devront avoir leur mot à dire lors de ce dialogue’’, fait-il remarquer.
Ibrahima Harane Diallo : ‘’Ces nouvelles mesures vont multiplier les fronts de contestations.’’
Il poursuit : ‘’Un autre risque de cette mesure est la tenue d'un dialogue intermalien de sourds. Les discussions indispensables ou encore les débats éventuellement houleux qui pourraient caractériser ce dialogue risquent d'être étouffés.’’
Pour le journaliste et chercheur en sciences politiques basé aux États-Unis, Ibrahima Harane Diallo, ‘’cette décision va affaiblir le poids de ce gouvernement de transition en termes de soutien. La junte va avoir plus de problèmes. Ces nouvelles mesures vont multiplier les fronts de contestations et porter un coup dur au dialogue entre Maliens’’.
Une analyse qu’il (Harane Diallo) partage avec les partis, regroupements de partis et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024.
‘’Au moment où le chef de l'État en appelle à tous les Maliens pour participer à un dialogue dit intermalien, on suspend les activités des partis et activités à caractère politique des associations, qui constituent un pan indispensable dans l’animation de la vie politique et publique, conformément aux textes de loi pertinents en la matière’’, regrettent-ils à travers un communiqué diffusé le jeudi 11 avril 2024.
En outre, ils attirent l’attention de l'opinion publique nationale et internationale, sur le fait que ‘’ces atteintes graves aux libertés démocratiques sont sans précédent dans l'histoire du Mali, depuis la chute de la dictature militaire du général Moussa Traoré’’.
Médiation des nouvelles autorités diplomatiques sénégalaises ?
Quant aux nouvelles autorités diplomatiques sénégalaises, elles préfèrent ne pas s’exprimer pour le moment, car elles sont en train de travailler d’arrache-pied sur le dossier malien pour proposer une solution de médiation entre les acteurs politiques et les autorités militaires.
Pour rappel, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye a manifesté son souhait de voir les pays voisins, Mali et les autres (Niger et Burkina Faso) réintégrer la CEDEAO. Une tâche qui s’avère difficile, au regard des tensions entre ces pays et cette communauté sous-régionale qui a perdu beaucoup de crédit.
Pour Ibrahima Harane Diallo, le Sénégal est dans une dynamique proactive, dans le cadre des relations bilatérales et multilatérales avec le Mali. ‘’Dakar, dit-il, doit pouvoir faire quelque chose. Bien avant l’arrivée du nouveau président et du Premier ministre, à travers les interventions publiques, on savait qu’il y avait une certaine proximité en matière de vision politique entre ces différents acteurs. On voit que les relations deviennent de plus en plus importantes. Lors de la cérémonie d’investiture de Diomaye Faye, il y avait une forte délégation malienne. Toutefois, sur le plan interne, c’est plus difficile, parce qu’il y a un discours de souveraineté mis en avant par les colonels. Dakar pourrait être gêné et sa marge de manœuvre réduite, car les affaires internes sont de la compétence exclusive des pays’’.
Oumar Ndiaye : ‘’Toute démarche diplomatique des nouvelles autorités sénégalaises sur le Mali doit se faire dans le cadre de la CEDEAO.’’
Pour le journaliste spécialiste des questions géopolitiques au quotidien national ‘’Le Soleil’’ Oumar Ndiaye, ‘’il sera difficile aux nouvelles autorités d’avoir une marge de manœuvre dans le dossier malien, même si elles bénéficient d’un préjugé favorable au niveau des juntes au pouvoir en Afrique de l’Ouest, dont le Mali, qui les voient d’un bon œil, surtout concernant la redéfinition des rapports avec les autres partenaires comme la France’’.
Il ajoute : ‘’Les nouvelles autorités sénégalaises ont fait de l’option panafricaniste une pierre angulaire de notre politique étrangère. D’où le changement de dénomination du ministère chargé de notre diplomatie qui devient ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères. Même dans leur programme de campagne, leur vision de la politique extérieure est calquée sur cette vision qu’elles appellent ‘’Pour une véritable intégration sous-régionale et africaine’’’.
Alors que beaucoup d'observateurs pensent qu'en tant que puissance régionale influente, Dakar pourrait aider à façonner l'avenir politique de son voisin, en équilibrant pression diplomatique et soutien stratégique, le chef de desk de la rubrique Internationale du ‘’Soleil’’ prévient qu’il faut éviter les cavaliers seuls et adopter une posture collégiale. ‘’Toute démarche diplomatique des nouvelles autorités sénégalaises sur le Mali doit se faire dans le cadre de la CEDEAO qui, depuis le coup d’État de 2020, a mené des actions pour que la transition militaire puisse se terminer avec le retour d’un pouvoir démocratique. Les nouvelles autorités sénégalaises ne peuvent accéder au pouvoir par la voie des urnes de manière très démocratique, saluée par le monde entier et s’accommodaient de putschistes qui trainent avec une transition militaire de quatre ans, presque la durée d’un mandat d’un président élu. La CEDEAO a déjà un médiateur au Mali, en la personne de l’ancien président du Nigéria Goodluck E. Jonathan’’, insiste-t-il.
Il y a aussi le Togo qui est l’un des rares pays qui maintient des canaux de discussion avec les militaires. Le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey, a joué un rôle important dans la libération des soldats ivoiriens, en janvier 2023.
Yacine Fall et son équipe auront-ils les épaules solides pour ce premier test intra-africain ? L’approche à adopter sera déterminante pour l’issue de cette crise.
Alors que les rues de Bamako et d'autres villes maliennes se vident de leurs manifestants, la résonance des voix étouffées ne fait qu'amplifier l'écho international de la situation. Les Maliens, privés de leurs tribunes publiques, cherchent désormais de nouveaux moyens pour exprimer leur résilience et leur désir de démocratie. Si le gouvernement maintient ses interdictions, il pourrait non seulement isoler davantage le pays sur la scène mondiale, mais aussi alimenter une volonté populaire de changement qui finira par trouver son chemin, quelles que soient les barrières imposées.