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25 novembre 2024
International
L'ARMÉE BURKINABÈ REÇOIT UNE DOUZAINE DE DRONES TURCS POUR LA LUTTE ANTIJIHADISTE
Ces drones – des Bayraktar TB2 et Bayraktar Akinci –, ont été remis à l'armée par le chef du régime militaire, le capitaine Ibrahim Traoré, lors d'une cérémonie filmée et diffusée par la présidence.
L'armée du Burkina Faso a reçu lundi une douzaine de drones de combat livrés par la Turquie afin de lutter contre les groupes jihadistes, selon la présidence burkinabè.
Ces drones – des Bayraktar TB2 et Bayraktar Akinci –, ont été remis à l'armée par le chef du régime militaire, le capitaine Ibrahim Traoré, lors d'une cérémonie filmée et diffusée par la présidence.
"Tous les tests ont été concluants, c’est donc une fierté de confirmer que ces appareils rejoignent la flotte de l’armée burkinabè", a assuré le capitaine Traoré, en présence du ministre de la Défense, le général Kassoum Coulibaly.
Le "TB2" a "fait ses preuves depuis le début de cette guerre", a estimé M. Traoré, ajoutant qu'"Akinci" avait "surpassé les capacités techniques prévues par le constructeur". "L’agrandissement de la flotte permet donc d’intervenir en temps opportun" et d'effectuer "une surveillance permanente", a-t-il expliqué.
"Nous avons une multitude d’engins de ce type actuellement dans le ciel qui scrutent, qui recherchent pour retrouver et détruire tout ennemi grâce aux contributions des populations", a de son côté indiqué le général Coulibaly.
Le chef du régime militaire burkinabè a remercié le président turc Recep Tayyip Erdogan pour ce partenariat "sain et sincère". Après avoir tourné le dos à l'armée française l'année dernière, le Burkina s'est rapproché de nouveaux partenaires, parmi lesquels la Turquie et la Russie.
Le pays est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, ainsi qu'aux représailles attribuées aux forces armées et leurs supplétifs, qui ont fait quelque 20.000 morts et deux millions de déplacés.
LA PARITÉ S'ÉLOIGNE
Avec 13% de femmes nommées, le gouvernement Sonko affiche la plus faible représentation féminine depuis 24 ans. Un coup dur pour le Caucus des femmes leaders qui avait pourtant œuvré pour que les candidats s'engagent à atteindre un minimum de 30%
Face à un gouvernement aux allures masculines, le Caucus pointe du doigt une régression contraire aux attentes et demandes des Sénégalaises. Il réclame des à travers le communique ci-après, des mesures correctrices :
"COMMUNIQUÉ DU CAUCUS DES FEMMES LEADERS DU SÉNÉGAL
Le Caucus des femmes leaders félicite Son Excellence M. le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, suite à son accession à la magistrature suprême de notre pays. Le Caucus salue la nomination de Monsieur Ousmane Sonko au poste de Premier ministre, et félicite l'ensemble des membres du gouvernement particulièrement les femmes.
Le Caucus a suivi avec beaucoup d'intérêt la formation du nouveau gouvernement et exprime sa déception par rapport à la faible représentation des femmes.
De 2012 à 2024, le Caucus a contribué à toutes les élections (présidentielles, législatives et locales), soit à travers des actions de renforcement de capacité ou la production de documents pour une meilleure représentation des femmes dans les sphères de décision.
En 2019, le Caucus a fait un document « Quel président pour la famille sénégalaise » qui avait été accepté et validé par tous les candidats.
Pour l'élection présidentielle de 2024, le Caucus est allé à la rencontre des candidats pour qu'ils s'engagent à intégrer les points suivants dans leurs programmes :
- Le ticket présidentiel, avec une femme vice-présidente.
- La nomination au moins de 30% de femmes dans le futur gouvernement et dans les postes de Direction, de PCA, etc.
Une étude menée par le CAUCUS en 2022 sur la participation politique des femmes a montré que de 1978 à 2021 la présence des femmes dans le gouvernement a eu une évolution en dents de scie, mais après l'an 2000, a même atteint des pics de 30 à 33%.
Depuis plus de 24 ans, c'est pour la première fois que le taux de représentation est descendu à un niveau aussi bas avec seulement 13%. Cette rupture est aux antipodes des espérances des femmes qui représentent la moitié de la population, c'est pourquoi pour le CAUCUS, il est inconcevable d'accepter une telle régression.
Le Caucus fait appel aux autorités et à toutes les personnes favorables à élever la voix pour redresser cette situation."
par Souleymane Bah
FRANC CFA : ENJEUX DE SOUVERAINETÉ ET VOIES VERS L'AUTONOMIE MONÉTAIRE
Pour les pays de la zone CFA, le chemin vers une plus grande autonomie monétaire est semé d'embûches, mais il est essentiel pour assurer un développement économique et social durable
Le franc CFA, initialement acronyme de « Franc des Colonies Françaises d'Afrique », puis devenu « Franc de la Communauté Financière Africaine » pour les pays de l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine » et « Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale » pour les pays de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale), représente un cas unique de monnaie partagée par plusieurs états dits souverains. Créé initialement en 1945, dans le contexte d'après-guerre et de reconstruction des économies européennes, le franc CFA illustre les complexités de liens monétaires étroites hérités de la colonisation française et leurs impacts sur le développement économique et social des pays membres.
Dans son article paru en 2011, Jérôme Blanc' met en lumière le rôle central de la monnaie dans les périodes de bouleversements politiques et économiques, ainsi que les conséquences de la subordination du monétaire au politique. Cette dynamique se retrouve dans l'histoire du franc CFA, bien que dans un contexte différent, illustrant comment la monnaie peut à la fois refléter et façonner les relations de pouvoir économique et politique.
A l'instar de la situation française durant la seconde guerre mondiale, où la monnaie était un instrument au service des stratégies de l'occupant allemand et du gouvernement de Vichy, le franc CFA a été critiqué pour son rôle dans la perpétuation de la dépendance économique vis-à-vis de la France.
L'introduction du franc CFA visait à faciliter l'intégration économique et monétaire des colonies africaine dans l'économie métropolitaine française, garantissant ainsi un accès privilégié aux ressources naturelles. Cette initiative s'inscrivait dans une logique de reconstruction économique de la France, où les colonies jouaient un rôle crucial en fournissant les matières premières nécessaires. 'Jérôme Blanc, 2011. Pouvoirs et monnaie durant la seconde guerre mondiale en France : la monnaie subordonnée au politique. Hal Open Science.
La zone franc CFA est caractérisée par une politique monétaire unique supervisée par la banque de France, jusqu'à des reformes récentes visant à alléger cette tutelle. Cette centralisation a eu des conséquences sur le développement économique et social des pays membres.
La garantie de la convertibilité du franc CFA par le trésor français a certes attiré des investissements, mais elle a également encouragé les fuites de capitaux vers des marchés et pays jugés plus sûrs, limitant ainsi les fonds disponibles pour des projets de développement local.
La zone franc CFA favorise historiquement et prioritairement les échanges avec la France et les pays de l'Union européenne, contribuant à une certaine dépendance et par conséquent freinant la diversification économique et l'intégration à l'échelle africaine.
La comparaison entre le franc CFA et la situation monétaire de la France durant la seconde guerre mondiale révèle l'importance cruciale de la souveraineté monétaire pour l'indépendance économique et le développement. Dans les deux cas, la subordination de la politique monétaire à des intérêts extérieurs a entravé la capacité des gouvernements à agir dans l'intérêt propre de leur développement économique et social.
Dans les années 1960, au début des indépendances des pays de l'Afrique de l'Ouest, la comparaison entre le Sénégal et la Corée du Sud aurait semblé pencher en faveur du premier en termes de potentiel économique. A l'époque, le Sénégal, avec ses ressources naturelles abondantes et son accès au vaste marché africain, était perçu comme un candidat prometteur pour la croissance économique et le développement. La Corée du Sud, quant à elle, était un pays ravagé par la guerre, avec peu de ressources naturelles et un avenir économique incertain.
Cependant, au cours des décennies suivantes, la trajectoire de ces deux pays a pris des directions radicalement différentes. La Corée du Sud, grâce à une politique de souveraineté monétaire affirmée, associée à une stratégie économique centrée sur l'industrialisation, l'éducation et l'innovation technologique, s'est transformée en une des économies les plus dynamiques et innovantes du monde. Cette transformation, souvent appelée le "Miracle sur le fleuve Han", a vu la Corée du Sud, l'un des plus pauvres du monde, se transformer en une puissance économique incontournable et devenir un leader mondial dans des secteurs tels que l'électronique, l'automobile et la technologie de l'information.
La pleine souveraineté monétaire a joué un rôle crucial dans ce processus. En contrôlant sa propre monnaie, la Banque de Corée a pu mener des politiques monétaires adaptées aux besoins de l'économie nationale, favorisant les investissements dans les industries clés et soutenant l'exportation par une gestion stratégique du taux de change. De plus, le gouvernement sud-coréen a utilisé sa capacité de financement souverain pour investir massivement dans l'éducation et la recherche et développement, établissant les fondations d'une économie basée sur la connaissance et l'innovation.
Cependant, le Sénégal, restreint par les contraintes du franc CFA et une certaine dépendance économique envers la France et d'autres partenaires occidentaux, a eu du mal à réaliser une croissance économique autonome à un rythme comparable. Bien que le franc CFA ait offert une certaine stabilité monétaire, il a aussi limité la flexibilité des politiques économiques du Sénégal, entravant sa capacité à répondre efficacement aux défis économiques internes et externes.
Cette divergence des trajectoires économiques met en évidence l'importance de la souveraineté monétaire comme facteur clé du développement économique. Récemment, des réformes ont été initiés pour redéfinir le rôle de la France dans la gouvernance du franc CFA, illustrant une volonté de réajuster les liens post-coloniaux vers une ère de partenariat plus équilibré et gagnant-gagnant
La question de la sortie du Franc CFA a été un sujet de débat intense parmi les économistes, les politiques, et les chercheurs, particulièrement en Afrique et en France.
Plusieurs auteurs et universitaires parmi eux, Nicolas Agbohou, Samir Amin, Demba Moussa Dembélé, Mamadou Koulibaly, Sanu Mbaye, Kako Nubukpo, Fanny Pigeaud, Joseph Tchundjang Pouemi, Mahamadou Lamine Sagna, Ndongo Samba Sylla et bien d'autres, ont apporté des contributions significatives à cette discussion, analysant les implications économiques, politiques et sociales d'une éventuelle sortie de cette zone monétaire.
Une solution de sortie du franc CFA, en espérant qu'elle sera dotée d'un nom qui résonne africain, implique plusieurs étapes stratégiques visant l'autonomie monétaire et économique tout en minimisant les risques de déstabilisation externes comme ce fût le cas de la Guinée juste après les indépendances. Une approche rigoureuse et bien planifié est crucial pour bien réussir cette transition.
Pour le Sénégal et comme pour les autres pays de la zone franc CFA, la réflexion sur la souveraineté monétaire et l'exploration de modèles économiques alternatifs, comme ceux proposés par la MMT (Modern Money Theory) ou Théorie Monétaire Moderne (TMM) basée sur les travaux de Randy Wray, Warren Mosler, Stephanie Kelton, et bien et d'autres, en concert avec une politique de gestion rigoureuse de l'inflation, offrent une voie prometteuse pour réaliser leur plein potentiel économique.
La MMT offre un cadre révolutionnaire qui pourrait redéfinir la manière dont les pays de la zone CFA perçoivent leur souveraineté monétaire et leur capacité à financer le développement économique et social. La MMT souligne que les gouvernements souverains, qui émettent leur propre monnaie, ont en fait une capacité financière illimitée pour financer des dépenses publiques et investir massivement dans l'infrastructure, l'éducation, la santé, et la technologie, stimulant ainsi la croissance et améliorant le bien-être social, à condition qu'ils opèrent dans leur propre devise. Contrairement à la croyance traditionnelle que les gouvernements doivent collecter des impôts ou emprunter pour dépenser, la MMT soutient que les gouvernements dépensent d'abord et collectent des impôts ensuite. L'émission de monnaie est le principal outil par lequel un gouvernement finance ses dépenses. Cette idée est particulièrement pertinente pour les pays souhaitant se défaire du franc CFA, car elle suggère qu'après avoir établi une monnaie souveraine, un pays comme le Sénégal pourrait embrasser des politiques ambitieuses de plein emploi sans la contrainte de financer ces politiques par l'emprunt extérieur ou la crainte d'un déficit budgétaire insoutenable. Un point critique de la MMT est sa prise en compte de l'inflation. Elle reconnaît l'inflation comme une contrainte réelle mais gérable, principalement à travers une politique fiscale efficace.
Pour optimiser la transition vers une monnaie pleinement souveraine et l'application de la MMT dans le contexte de sortie du franc CFA, il est vivement recommandé d'employer des modèles de simulation avancés, tels que ceux basés sur la dynamique des systèmes. Ces modèles offrent une méthode rigoureuse pour anticiper les impacts économiques, sociaux et financiers de telles politiques monétaires et fiscales avant leur mise en œuvre. En effectuant des tests de résistance (stress tests) approfondis, les décideurs peuvent identifier les risques potentiels, les vulnérabilités et les opportunités associés à l'introduction d'une nouvelle monnaie, garantissant ainsi une transition plus fluide et sécurisée.
Le débat sur le franc CFA aujourd'hui rappelle la période de reconstruction post-seconde guerre mondiale en France, où la souveraineté monétaire était cruciale pour la reconstruction nationale. Pour les pays de la zone CFA, une réforme du système monétaire, tenant compte des réalités économiques et les aspirations au développement du continent, est également cruciale. Toutefois, de tels changements nécessitent une coordination régionale et une volonté politique forte pour surmonter les inerties et les intérêts établis, à la fois au niveau national et international.
L'histoire de la monnaie, que ce soit en France sous l'occupation ou dans les pays utilisant le franc CFA, démontre que la monnaie est bien plus qu'un simple moyen d'échange, d'unité de compte ou de réserve de valeur ; elle est un reflet des dynamiques de pouvoir, de souveraineté, et d'autonomie. La manière dont une société gère et contrôle sa monnaie peut avoir des implications profondes et durables sur son développement économique et social. Pour les pays de la zone CFA, comme pour la France d'après-guerre, le chemin vers une plus grande autonomie monétaire est semé d'embûches, mais il est essentiel pour assurer un développement économique et social durable. L'implémentation réussie de la MMT dans le contexte d'une sortie du franc CFA impliquerait le renforcement des capacités institutionnelles.
par Adama Thiam
PATRIOTISME ET RESPONSABILITÉ MÉMORIELS
Notre conviction reste figée à l'impérieuse nécessité de concevoir des communautés régionales politiques qui permettront à nos pays, en Afrique, d'élaborer des politiques publiques communes fondées sur la mutualisation des ressources
Le peuple sénégalais, dans la pluralité de ses composantes, vient d'élire son cinquième président de la République, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, issu de l'opposition, au premier tour du scrutin de mars 2024, avec 54,28% des suffrages valablement exprimés, loin devant le candidat de la majorité sortante, M. Amadou BA, 35,79%. Resplendissante expression, à travers les urnes, d'une aspiration profonde à une nouvelle forme de gouvernance plus démocratique, empreinte d'éthique, plus respectueuse des libertés fondamentales des citoyens, et adossée à l'idéal d'une société plus juste et prospère enracinée dans les valeurs fondamentales du panafricanisme.
D'abord, les nouvelles figures de la majorité présidentielle, particulièrement les responsables du parti Pastef, ont une grande responsabilité et un rendez-vous avec l'Histoire. Jamais dans la démocratisation moderne des Nations africaines, une formation politique formée par des jeunes, membres de l'élite administrative, n'a entamé une telle entreprise immense, suscité un si énorme espoir et réussi à conquérir le pouvoir, dès le premier tour de l'élection présidentielle, à la suite d'une adversité permanente et d'une tentative de son démantèlement.
Il est moins difficile d'arriver au sommet du pouvoir que de l'exercer avec responsabilité et habileté, pour offrir à sa Nation émancipation et prospérité, dans un empire du monde, toujours plus mortel, où les antagonismes entre forces politiques, économiques et financières sont plus aigus et porteurs de germes destructeurs pour les Nations et les Etats faiblement préparés aux défis innombrables et fluctuants.
L'exercice du pouvoir n'est nullement un long fleuve tranquille encore moins une recherche de gloire personnelle. En effet, il demande sens du devoir, autorité, humilité et des concours de circonstances favorables. La coalition Diomaye Président 2024 a proposé un projet au peuple sénégalais. Des objectifs, des ressources et un délai. En fait, plus qu'un projet, la nouvelle classe politique doit impérativement mettre en avant un nouvel idéal de société et une stratégie partagée, par l'essentiel des forces vives de la Nation, susceptibles de transcender les mandats présidentiels.
De surcroît, l'absence de démocratie interne dans les formations politiques à la tête desquelles trône un président inamovible ne facilite, certes, pas une meilleure formation des militants et des citoyens, une contribution utile aux affaires publiques.
Ni le Parti Socialiste, ni le Parti démocratique sénégalais, encore moins l'Alliance pour la République ne survivront à leurs fondateurs. Cette appropriation malsaine par ces conglomérats en réalité, témoigne de l'absence de sens de la transmission.
Cette perversion de la démocratie constitue une source explicative de la patrimonialisation des affaires publiques.
Par conséquent, pour une meilleure réussite, le nouveau pouvoir politique doit impérativement conduire des réformes majeures pour assainir l'espace politique, à la suite de la prolifération de formations politiques, souvent opportunistes et parasitaires ; veiller à la stabilisation de la constitution, notamment dans l'intelligibilité du texte, trop sujet à des interprétations diverses admissibles, et des institutions ; auditer les effectifs de l'administration centrale et territoriale dans le but de rationnaliser le personnel ; recourir au numérique pour favoriser l'éclosion d'un service public plus transparent, plus efficace et plus accessible aux citoyens. Humilité et sens du devoir doivent guider chaque citoyen dans ses actes, car si tout le monde ne peut accéder aux responsabilités dans une République, tout le monde peut, cependant, participer aux efforts de construction d'une communauté nationale solidaire, juste et aisée.
La brutalité et les violences des forces de l'ordre notées dernièrement au Sénégal, commandent de mener des enquêtes et des poursuites judiciaires. De même, les crimes financiers commis, et souvent publiés par les organes de l'Etat, dans leurs différents rapports, et révélés par les médias, doivent être sévèrement sanctionnés. Le nouveau pouvoir doit veiller à garantir l'indépendance de la justice et ne point chercher à s'immiscer dans le processus de la reddition des comptes. Il doit être disposé à affronter les facéties du peuple sénégalais. Simultanément, les Sénégalais sont capables de demander une reddition des comptes aux pouvoirs publics et les taxer, dans la même agitation, de cruauté, d'acharnement ou d'inclémence. Aussi, il est urgent de s'engager très rapidement dans la construction de nouveaux centres de détention plus respectueux des droits de l'homme. Une terre qui a connu, durant des siècles, une humiliation permanente d'envahisseurs-prédateurs - esclavage et colonisation - ne peut aucunement accepter que la dignité de ses enfants soit enfreinte.
Le véritable PSE, Plan Sénégal Education, doit être pensé et mis en œuvre pour façonner un nouveau modèle de citoyenneté. En outre, au vingt-et-unième siècle, il est plus sage d'associer dans la gouvernance les citoyens grâce aux immenses progrès, dans la collecte et la diffusion des savoirs et des opinions, portés par la révolution numérique. Et cela requiert un militantisme plus sincère, de la part des citoyens, un militantisme porté par des idéaux justes et moins flagorneurs, qui vise plus à contribuer à la construction d'une meilleure communauté nationale et moins disposer de la générosité ou de la reconnaissance des gouvernants.
Le dilemme, pour les nouveaux gouvernants, risque de se trouver sur comment atteindre cet objectif de citoyenneté qui enjoint la discipline, donc de la contrainte érigée par une autorité, qui en fin de compte aspire à l'élévation du niveau de culture et de civisme de la population, sans pour autant verser dans l'atteinte à la liberté, droit fondamental des sociétés modernes. De tout temps, les critiques du mouvement socialiste et collectiviste ont eu une véritable crainte de voir, à force de vouloir régenter la vie des citoyens pour atteindre l'ambition nationale d'une communauté plus juste et prospère, sombrer dans la tyrannie. L'enfer est pavé de bonnes intentions.
En outre, universitaires, hommes des médias, intellectuels, syndicalistes et autres mouvements sociaux doivent éviter, à force de vouloir suivre l'euphorie populaire ou la peur de recevoir des avis impertinents, d'aduler les nouveaux détenteurs du pouvoir politique ou encore se mettre servilement à leur disposition sans interroger constamment si leurs décisions et leurs actions répondent aux convoitises légitimes et possibles des populations actuelles et futures. Il est indispensable pour une meilleure respiration démocratique d'encourager l'expression d'opinions contraires à celles qui prédominent et la formulation d'autres alternatives.
En démocratie, la quête de nouveaux droits, l'espérance toujours à une meilleure vie sont des mouvements consubstantiels à son approfondissement.
De plus, le futur gouvernement devrait très rapidement, sur le plan économique, après avoir identifié des secteurs porteurs de croissance, notamment dans les filières agricoles auxquelles il pourrait adjoindre sa stratégie d'industrialisation, accroître les investissements, initiés par les régimes précédents, dans le secteur énergétique. L'exploitation future des hydrocarbures doit permettre au Sénégal d'être une terre attractive aux investissements directs étrangers.
Un nouvel écosystème fondé sur la maitrise des coûts de production énergétique, composé de voies de communications construites dans le but d'augmenter la productivité, d'amorcer des activités économiques nouvelles - motivées par les réelles potentialités des territoires et la conviction forte de réaliser des profits et des recettes fiscales -, d'intégrer des activités économiques et d'encourager une mutualisation des services aux entreprises pour la constitution de marchés viables, doit être promu pour relever le défis de l'emploi et de la création de revenus, gages d'une amélioration du niveau de vie des populations.
Notre conviction reste figée à l'impérieuse nécessité de concevoir des communautés régionales politiques qui permettront à nos pays, en Afrique, d'élaborer des politiques publiques communes fondées sur la mutualisation des ressources. En effet, la rapacité des puissances étrangères, en particulier celles occidentales, assise sur un système politique et administratif solide et aguerri, des entreprises publiques comme privées détentrices de tous les leviers nécessaires à la puissance économique et financière - connaissances, brevets, technologies, maîtrise des circuits financiers et de la négociation - des structures militaires efficaces dans la collecte et le traitement de renseignements, disposant de moyens de coercition inimaginables, témoignent de l'impossibilité pour un seul État en Afrique de mettre en place des stratégies efficaces pour leur faire face.
Mais encore, en 2023, le Fonds Monétaire International et les autorité sortantes du Sénégal ont abouti à un « accord au niveau des services sur la conclusion des premières revues au titre du Mécanisme Elargi de Crédit et de la Facilité Elargie de Crédit, ainsi que de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité ».
Le Sénégal, sous emprise d'un programme du fonds monétaire, est donc assujetti à un ensemble de réformes, et renseigne que les autorités gouvernementales nouvelles n'auront pas totalement l'autonomie dans la conception et les décisions politiques. Des lors, il est de leur devoir d'envisager des alternatives et des manœuvres réfléchies, pour appliquer leurs engagements tenus auprès des populations, et concomitamment éviter de plonger le Sénégal dans une conflictualité avec l'extérieur.
Le Sénégal, modeste par la taille de sa population et de sa superficie mais immense par la qualité des hommes qu'il a vu naître sur son sol, doit être inspirateur des transformations profondes de la nouvelle Afrique. Les nouvelles autorités doivent tracer les chemins de la dignité. Elles ont les ressources, l'énergie et la légitimité populaire pour relever les défis qui se présenteront continuellement durant l'exercice de cette nouvelle mandature. Le Sénégal doit être assimilé à la grandeur du continent africain. Plus qu'un territoire abritant des peuples - pluriels mais unis dans leur diversité -, terre où les particularismes sont constamment sublimés, décidés à avoir un commun vouloir de vie commune, le Sénégal doit être un espoir, un phare, une guidance pour l'Afrique mais également pour le reste du monde, à travers son sens du dialogue permanent.
LE COUAC MÉMORIEL DE PARIS SUR LE GÉNOCIDE DES TUTSI
Emmanuel Macron avait promis de nouveaux éclairages sur le rôle controversé de la France au Rwanda en 1994. Sa sortie du dimanche n'en a pourtant apporté aucun, déroutant partisans comme détracteurs. Que s'est-il passé à l'Elysée ?
(SenePlus) - Dans un geste très attendu à l'occasion des commémorations du 30e anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda, Emmanuel Macron s'était engagé à reconnaître de nouveau la responsabilité de la France dans ce drame, selon un message transmis aux journalistes par l'Elysée. Cependant, dans une vidéo publiée le dimanche 7 avril, le président français a finalement fait marche arrière, ne réitérant pas ces propos, suscitant l'incompréhension et l'indignation, rapporte Le Monde.
Dans cette vidéo, encadré par les drapeaux français, européen et rwandais, M. Macron déclare : "Je crois avoir tout dit ce 27 mai 2021 quand j'étais parmi vous. Je n'ai aucun mot à ajouter, aucun mot à retrancher de ce que je vous ai dit ce jour-là", en référence à son discours historique tenu à Kigali. Pourtant, trois jours plus tôt, l'Elysée avait affirmé que "le chef de l'Etat rappellera que quand la phase d'extermination totale des Tutsi a commencé, la communauté internationale avait les moyens de savoir et d'agir (...) et que la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n'en a pas eu la volonté."
Cette volte-face inattendue a été très mal accueillie par les spécialistes du sujet. "C'est un bazar insensé", commente un diplomate cité par Le Monde. Vincent Duclert, historien auteur du rapport qui a précédé la réconciliation franco-rwandaise, avait vu dans les propos initialement envisagés "un nouveau pas en avant". A Kigali également, on s'offusque de ce revirement qu'on attribue aux conseillers les plus conservateurs de M. Macron.
"Les mots ont une importance, surtout quand il s'agit de centaines de milliers de morts", souligne l'un des contributeurs à la rédaction du discours de 2021, cité par Le Monde. L'ambassadeur français à Kigali, Antoine Anfré, qui avait été un lanceur d'alerte du Quai d'Orsay en 1994, défend la version initiale.
Lors de la cérémonie de commémoration, les dirigeants rwandais n'ont d'ailleurs pas manqué de pointer du doigt les atermoiements français. Le président Kagame a dénoncé "la communauté internationale [qui] nous a laissés tomber". Son ministre a affirmé que "le génocide aurait pu être évité" et que "la volonté a fait défaut et non les moyens".
Pour les autorités françaises, cette séquence ratée vient gâcher les efforts récents de réconciliation avec le Rwanda, sur ce dossier majeur de la politique africaine de la France, déjà en difficulté dans certains pays comme au Sahel.
PAR FARID BATHILY
UN LUXUEUX APPARTEMENT NEW-YORKAIS LIÉ À CLAUDIA SASSOU DANS LE COLLIMATEUR DES ÉTATS-UNIS
Le tribunal fédéral de Manhattan a été saisi d’une plainte en confiscation visant un bien immobilier de plusieurs millions de dollars, acquis au nom de Claudia Sassou, conseillère spéciale et fille du président congolais Denis Sassou Nguesso.
L’appartement, situé dans la Trump Tower, aurait été financé avec des fonds publics détournés du Congo.
La propriété est l’unité 32G située à New York dans la Trump International Hotel and Tower, un complexe immobilier appartenant à l’ancien président Donald Trump. Elle a été acquise en 2014 pour la somme de 7,1 millions de dollars.
Selon les enquêteurs américains, l’achat de ce complexe, qui comprend deux chambres et s'étend sur environ 164 m² avec vue sur le célèbre Central Park, aurait été rendu possible grâce à un vaste réseau de blanchiment de fonds publics orchestré par Claudia Sassou Nguesso, âgée de 52 ans.
La plainte en confiscation, datée du 29 mars 2024 et déposée par le ministère de la Justice, décrit un schéma de détournement présumé de fonds publics du Congo via des sociétés écrans dissimulées dans des paradis fiscaux.
« Homme de paille »
Initialement, le blanchiment concernait 491 millions d'euros versés en 2013 par la Délégation générale congolaise des grands travaux, une agence du ministère de l’Aménagement du territoire, à Asperbras LLC, une filiale du groupe brésilien Asperbras, basée dans le Delaware pour la construction d'hôpitaux au Congo.
Le document, d’une quinzaine de pages, indique qu’une partie de ces fonds, estimée à environ 19,5 millions de dollars, aurait ensuite transité par une société chypriote nommée Sebrit, contrôlée en réalité par Claudia Sassou Nguesso, afin de financer l’achat de l’appartement ciblé.
Selon les procureurs fédéraux, un peu plus de 247 000 dollars de frais liés à la propriété, inoccupée depuis son acquisition, ont été réglés entre 2018 et 2022 à partir de comptes bancaires au Luxembourg, au Portugal, et aux Émirats arabes unis, appartenant à un homme d'affaires portugais nommé José Veiga, agissant en tant qu'homme de paille pour Claudia Sassou.
Régime kleptocrate
C’est une enquête de l’ONG Global Witness, spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles et la corruption dans les pays en développement, publiée en 2019, qui a alerté les autorités américaines.
« Il est peu probable que les salaires des fonctionnaires au Congo puissent financer l'achat de ce type de propriété de luxe », avait notamment souligné l’organisation, décrivant un régime congolais kleptocrate, au pouvoir depuis près de quatre décennies sous la direction de Denis Sassou-Nguesso.
La famille présidentielle est impliquée dans plusieurs affaires dites des biens mal acquis. En France, un hôtel particulier attribué à Denis Christel, le frère cadet de Claudia, a été saisi par la justice fin septembre 2022. « En France, tout est permis pour salir les autorités d’Afrique », avait réagi Denis Sassou Nguesso.
LE MINISTRE FRANÇAIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ACHÈVE SA TOURNÉE AFRICAINE EN CÔTE D'IVOIRE
Evoquant les "bons résultats de l'économie ivoirienne depuis une décennie", il a également mentionné le rôle de la Côte d'Ivoire dans "la stabilité au niveau régional". "Nous continuerons à œuvrer avec vous pour cette stabilité", a dit M. Séjourné.
Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a achevé lundi en Côte d'Ivoire sa première tournée africaine qui l'a mené au Kenya et au Rwanda, l'occasion de saluer "un partenariat équilibré" avec ce pays qui reste l'un des principaux alliés de Paris sur le continent.
"La diaspora est très active ici et en France, pour créer des startups, des ponts entre nos deux peuples. C'est le sens de l'histoire de nos nouvelles relations entre les deux pays: avoir des partenariats qui sont équilibrés, avoir une diaspora qui fait ce lien entre nos cultures et nos économies", a déclaré M. Séjourné lors d'un point presse avec le président ivoirien Alassane Ouattara.
Evoquant les "bons résultats de l'économie ivoirienne depuis une décennie", il a également mentionné le rôle de la Côte d'Ivoire dans "la stabilité au niveau régional". "Nous continuerons à oeuvrer avec vous pour cette stabilité", a-t-il poursuivi. Le président Ouattara a de son côté salué "les liens historiques, d'amitié, de coopération particulièrement étroits qui continuent de se renforcer" entre les deux pays, remerciant la France pour son "soutien dans quasiment tous les domaines".
La Côte d'Ivoire reste un partenaire privilégié de la France en Afrique de l'Ouest à l'heure où plusieurs pays de la région comme le Mali, le Burkina et le Niger, tous gouvernés par des régimes militaires arrivés au pouvoir par des coups d'Etat, ont ouvertement tourné le dos à Paris. Depuis environ un an, la France met en avant sa volonté de profondément transformer ses rapports avec le continent, martelant qu'elle est avant tout à l'écoute des demandes des partenaires africains, notamment sur les questions de sécurité.
Avant son passage à Abidjan, le ministre français s'était d'abord rendu samedi à Nairobi où il avait là aussi évoqué son souhait de "construire des partenariats équilibrés", qui doivent "être bénéfiques" aux pays africains. Dimanche, il a participé aux commémorations du 30e anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda. Stéphane Séjourné doit quitter Abidjan lundi soir pour regagner Paris.
GOUVERNANCE MASCULINE, DÉMOCRATIE BAFOUÉE
Le remplacement du ministère de la Femme par celui de la Famille est une régression. Aucun secteur n'échappe à la compétence, l'expérience et le dévouement des femmes - COLLECTIF DES CITOYEN.NE.S POUR LE RESPECT ET LA PRÉSERVATION DES DROITS DES FEMMES
Alors que le Sénégal s'est positionné comme pionnier de l'égalité de genre en Afrique, la nomination des membres du gouvernement laisse les organisations féminines circonspectes. Seulement 4 femmes sur 34 postes, une disproportion qui appelle des mesures correctrices selon un collectif des citoyen.ne.s pour le respect et la préservation des droits des femmes dont nous publions la déclaration ci-dessous :
"De la nécessité d’inclure les femmes dans les instances de prise de décision pour une gouvernance véritablement démocratique !
Nous avons accueilli avec une grande satisfaction l’élection du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. L'espoir fondé en ce président est à la hauteur de la rupture prônée.
Nous tenons aussi à rappeler le combat des femmes pour la tenue d’une élection présidentielle apaisée dans le respect du calendrier républicain. C’est au nom de ce même combat, en tant qu'organisations, personnalités indépendantes, et collectif de citoyen.ne.s soucieux du respect et de la préservation des droits des femmes, que nous alertons sur la nécessité d'une gouvernance démocratique inclusive avec une représentativité substantielle des femmes aux sphères de décisions publiques. La liste des membres du premier gouvernement, parue ce 5 avril 2024, laisse très peu de place aux femmes. Sur 25 ministres, 5 secrétaires d’État, et 4 membres du cabinet du chef d’État, soit 34 postes, seules quatre femmes sont présentes. Cette inqualifiable sous-représentation induit une perte intolérable d’intelligences et de visions que seuls le pluralisme et l’inclusion permettent de garantir. Il n’y a aucun secteur dans lequel on ne trouve des femmes qui allient compétence, expérience et dévouement de premier ordre.
Cette disproportion est d'autant plus regrettable que c’est le Sénégal qui, dès 2004, a proposé à la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine, l’adoption d’une Déclaration solennelle pour l’égalité de genre en Afrique, posant ainsi les jalons vers une Commission de l’Union africaine (CUA) paritaire pour ne citer que cet exemple. De plus, l'article 7 de notre Constitution dispose : “les hommes et les femmes sont égaux en droit. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions”.
Doit-on encore rappeler qu’à chaque étape de la construction de notre Nation, nous avons été présentes et avons été actrices incontournables dans toutes les luttes pour l’indépendance, l’émancipation, la justice sociale, le bien-être de tous ? Il est important de rappeler qu’aucun pays ne s’est développé en laissant en marge les femmes.
C’est pourquoi, outre la faible représentativité des femmes, nous sommes circonspectes sur le remplacement du ministère de la Femme, de la famille et de la protection des enfants par le ministère de la Famille et des solidarités. Cette appellation est une véritable régression. L'emphase portée sur les femmes et les enfants soulignait précisément l'urgence d'élaborer des politiques publiques destinées à mettre fin aux inégalités de genre (économiques, éducatives, sanitaires, politiques, foncières, etc.) et à améliorer les conditions de vie de celles qui demeurent encore les plus vulnérables à la pauvreté et à la violence, et sur qui, reposent toujours la charge du soin des plus petits et des plus âgés. Soulignons aussi de manière définitive ceci : bien que les femmes jouent un rôle central dans la cellule familiale, elles sont des êtres à part entière qui existent en dehors de la sphère familiale. Les assimiler à cette dernière, c’est nier leur droit à exister dans leur multidimensionnalité.
Pour toutes ces raisons, nous demandons que cette erreur de départ soit rectifiée par la nomination de femmes dans les directions nationales et les instances administratives. De surcroît, nous demandons le renforcement des cellules genre déjà présentes au niveau des différents ministères pour une mise en œuvre transversale de la Stratégie Nationale d’Équité et d’Égalité de Genre (SNEEG) en collaboration avec la Direction de l’équité et l’égalité de genre (Deeg) et le Programme d’appui à la stratégie d’équité et d’égalité de genre (pasneeg).
“Poursuivre, intensifier et accélérer les efforts pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes à tous les niveaux”, c’est ce à quoi l’État du Sénégal s’était engagé dans le cadre de la Déclaration Solennelle pour l'Egalité de Genre en Afrique (DSEGA) et c’est à quoi nous invitons le nouveau gouvernement qui définit son projet de société comme panafricain.
Dans notre volonté de veiller à ce que ce nouveau gouvernement, celui de tous les Sénégalais et Sénégalaises, remplisse ses missions de rupture pour plus de gouvernance démocratique, de justice sociale, d'équité, nous continuerons d’alerter et de faire des propositions constructives sur le besoin d’inclusion des femmes et de représentation égalitaire. "
Ceux qui souhaitent signer cette déclaration peuvent rajouter leur nom et affiliation dans la fenêtre des commentaires ci-dessous.
PERSONNALITÉS INDÉPENDANTES - CITOYEN.NE.S
Aboubacar Demba Cissokho, Journaliste
Absa Faty Kane, Consultante
Adja Aminata NDOUR, féministe radicale et professeure de mathématiques
Agathe Alwaly Mbaye, relations internationales et études africaines, engagée dans la lutte pour les droits des femmes
Aïcha Awa Ba - Consultante
Aïcha Rassoul SENE - Présidente de Yeewi Association (pour les droits des femmes et des filles)
Aïchatou DIOP, Experte Affaires Publiques et Déontologie
Aïchatou Fall, DGA
Aïda CAMARA, Cour pénale internationale de la Haye
Aïda Michelle Lopes, Professionnelle en communication/marketing
Aïssa Dione, Designer/chef d’entreprise
Aissatou Dieng DIOP Consultante en Télécommunications
Aissatou DIENG KASSÉ / INSPECTRICE DE L' EDUCATION, ECRIVAINE COORDONNATRICE CELLE GENRE ET EQUITÉ DU MTADIA
Aïssatou DIENG- Directrice Devopex Sénégal
Aissatou Hountondji - Statisticienne
Aïssatou Seck, Avocate, Spécialiste en Développement International
Aïssatou Séne- Féministe, Consultante
Aita Cisse, learning Manager, auteur de l’œuvre Kaay ma xelal la sur la dépression de soda (bande dessinée) et fondatrice de Kaay me xelal la plateforme de santé mentale
Alassane GUISSE Formateur
Aliou Demba Kebe, Ingénieur de la formation, Coach et Facilitateur en Développement Organisationnel
Alioune Tine, AfrikaJom Center Sira cissokho - féministe
Amadou Kane, Comptable
Amina Aïdara - féministe
Amina Diagne - Coach d'affaires certifiée en PNL, Directrice Minapro
Amina Seck - Romancière, scénariste Fondatrice Les Cultur'elles (Agence pour la promotion des Arts et Cultures au Féminin)
Aminata Badiane Thioye ANJSRPF
Aminata Dia, chercheuse, designer, auteure, coach
Aminata Dieng Dia, experte sociale, manager de projet, adjointe au maire.
Aminata Fall Niang, juriste-fiscaliste, administratrice de sociétés
Aminata Guissé, Manager en stratégie des communications, coach en prise de parole en public, Fondatrice de l’agence de communication et de production audiovisuelle Mabelle Consulting
Anna Ndiaye Ba, entrepreneure, promoteur artistique
Annie Jouga - Première femme Architecte du Sénégal
Awa P. Ndiaye Experte technique internationale en fiscalité
Awa SECK, féministe, association GANAÏ
Awa TINE Communicante et chargée de communication
Babacar Fall, professeur UCAD, Dakar Sénégal
Bachir DIOP, Agronome, Saint-Louis
Batoura KANE NIANG Ancien Ambassadeur, Expert en Gestion des Conflits
Béatrice Diop Experte en marketing/communication
Bineta Bocoum, chargée de communication du Centre des Opérations d'Urgence Sanitaire COUS du Ministère de la Santé et membre de la plate forme de lutte contre les VBG
Bineta Ndoye Responsable administrative et financière à l’OSIDEA (observatoire de suivi des indicateurs de développement économique en Afrique) Amina Faye, auditrice
Boubacar Boris Diop, écrivain
Bowel DIOP, Féministe et entrepreneure
Charlotte Faty Ndiaye, Professeure Santé Publique
Cheikh Omar Ndiaye, Consultant
Cheikh Oumar Sarr, Suisse
Cheikh Tidiane Ba Manager Entreprise Coordinateur général Convergence pour la République et la Démocratie.
Codou Loume : Journaliste , Présidente du Réseau International des Femmes /Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires
Corka Ndiaye présidente de l'association de défense des droits des aides ménagères du Sénégal (ADDAD Sénégal)
Coumba Khoulé - féministe
Coumba Touré, Directrice Kuumbati
Courani Diarra, Journaliste, formatrice Association Ma’Donne
Daba Ndione, sociologue spécialiste genre
Dede Didi - Présidente d'associations féminines
développement local et chargée de genre
Diabou Bessane- Experte en communication- Formatrice en genre - Fondatrice de la plateforme Jaabu TV
Diago Diouf Fati - consultant, coach
Diago Ndiaye, Présidente Réseau des Femmes de la CEDEAO, pour la Paix et la Sécurité
Diallo Hamath
Diallo Nadège, Directrice Frimousse structure d’accueil pour enfants. Caen
Diary BA, inspectrice de l'enseignement élémentaire à la retraite.
Diatou Cissé, journaliste
Dior Fall Sow, Magistrate, première femme procureure du Sénégal
Djenaba Wane Ndiaye Economiste Militante
Djeynabou DIALLO, Conseillère technique communication et relations publiques
Djibril Dramé, artiste visuel et co-fondateur de Sabali Inc
Dr Absa Gassama Enseignante Chercheure en Sociologie économique UNCHK
Dr Amayel Diop , Enseignante- Chercheure/ UCAD/FSJP Khaita Sylla, Féministe
Dr Awa Diop sociologue
Dr Defa Wane, Yeewu-Yewwi PLF
Dr Halima Diallo - Psychologue
Dr Ndèye Fatou Ngom, Médecin de santé publique
Dr Oumou Fadly Touré, médecin pédiatre féministe, experte Genre et Intégration en Santé
Dr Pape Coly Faye, Chef d'entreprise - Le Vesinet (78) France
Dr Rokhayatou Fall, Vétérinaire Environnementaliste
Dr Selly Ba Sociologue,
Dr. Fatimata Ly-Fall : Directrice Exécutive du CEDEM (Centre Démocratie- Education aux Medias et aux Multilinguisme)
Dr. Marame Gueye, Féministe, Professeur de Littérature Africaine et de sa Diaspora
Ephrem Manga, acteur politique membre de la société civile
Evelyne Dioh, Directrice exécutive WIC Capital
Fa DIALLO, Entrepreneure sociale, spécialiste Petite enfance, Founder & CEO Institut Académique des Bébés-IAB, Présidente de l’association Boyam la maison des 1000 jours
Fama Reyane Sow, scénariste et réalisatrice, directrice Khaleebi Prod
Mohamadou Moustapha Dina Diatta, ingénieur informatique
Mohamed Sakhir Diagne, consultant, Associé
Momar Dit Ahmed Youssoupha Sall, Credit risk manager
Mouhamadou Moustapha SY, étudiant
Mouhamed Moriba Cissokho: Activiste - initiateur des WAXTAAN DIGGANTE NDAW ÑI / DIALOGUE ENTRE JEUNES.
Mouhamed Moustapha SENE, Ingénieur en Génie Électrique
Moustapha Diop, Informaticien
Myriam THIAM - Designer en bijoux Yeewu Yewwi/pour la libération des femmes
Nafissatou Dia Diouf, Écrivain
Nafissatou Fall expert en transport aérien et en relations internationales, conseiller technique au Ministère en charge des transports aériens Nafissatou Sy, Responsable commerciale
Nafissatou Wade Présidente Nationale de la Coalition DËGGU JËF
Nayé Anna Bathily, Experte, Développement International, Fondatrice, ShinetoLead, Jiggen Jang Tekki
Ndeye Amy Kebe , chef d’entreprise
Ndèye Aram DIME, Lobbyiste et Conseillère en affaires politiques
Ndeye Bouba Seck Coordinatrice de Altercom/Manoore
Ndeye D. TALL - féministe
Ndeye Debo Seck, Enseignante
Ndeye Fatou Thiam, communicatrice, femme leader
Ndeye Khady Babou - Féministe
Ndeye Khady Sall consultante business stratégie
Ndeye Magatte Mbaye, juriste spécialiste droit des femmes et des enfants
Ndeye Maty Diop, Manager, Féministe, Initiatrice talk show digital ‘Taboo
Ndeye Ndoumbé Diop - Féministe
Ndeye Soukeyna NDAO DIALLO, juriste
Ndioro Hélène Ndiaye, Spécialiste communication digitale
Néné Koïta, coordinatrice nationale du Mouvement Populaire pour la Paix Nationale du Sénégal; chargée des relations internationales du syndicat des travailleurs de Sonatel
Ngone Seye Diop, Entrepreneuse
Nina Penda Faye Journaliste Communication - Journaliste - CEO ABC GROUP
Pr Ndioro Ndiaye, universitaire, ancienne Ministre de la femme, de l’enfant et de la famille (1988-1994)
Pr Penda Mbow, historienne, ancienne ministre de la culture
Rabia Diallo, écrivain, poète, Slameuse, Journaliste, présentatrice TV, Consultante en Communication et Fondatrice de la marque de maroquinerie Kundi.
Raby Seydou Diallo, Sociologue, Communicante et Manager de projet; Directrice fondatrice de Debbo leadership féminin, Auteure
Rama Chiova - Féministe
Ramatoulaye Touré Enseignante - Chargée de Genre et Inclusion
Rayanna Tall, Consultante Education
René Lake, journaliste, Washington
Rokhaya Fall Sokhna, historienne
Rokhaya Gaye juriste spécialiste en Genre
Rokhaya Ndiaye, fondatrice Ro&Partners
Rokhaya Seck, Directrice financière
Rokhaya Solange Mbengue Ndir, Presidente, Association des Femmes dans le numérique
Rose Gaye Ndao, Auditeur - Directeur de société
Sabe Wane collectif des féministes du Sénégal
Samba Fall, Ingénieur
Sawdatou Ndongo, directrice d’agence de voyages.
Selbé Faye Lo, spécialiste en développement local et chargée de genre
Selly Raby Kane / Créatrice - réalisatrice
Seydi Aboubacar Sy, web developer
Seynabou Carine Gueye, gérante de société
Seynabou Gueye: Ingénieur Informatique, Chef de projet
Seynabou Kassé , Consultante
Seynabou Mbaye, Présidente COSEF
Seynabou Sy Ndiaye, Sociologue, féministe
Seynabou Thiam, consultante fondatrice Smart Ecosystem for women
Sidiki Abdoul Daff, Professeur, Président du Centre de Recherches Populaires pour l'Action Citoyenne-Cerpac
Sobel Aziz Ngom Dirigeant d’association
Sokhna Maguette Sidibé, féministe radicale
Sophie Ly Sow, Journaliste , Directrice de NEXUS Groupe
Soukeyna Kane, Expert Comptable
Souleymane NGOM, Conseiller Culturel
Thiaba CAMARA SY, Administratrice de sociétés
Thiedel Ba - Gérante de société
Thierno SECK, Manager spécialisée en gestion d’entreprises
Thierno Souleymane Diop Niang juriste, chercheur en relations internationales, auteur
Zoubida Berrada - Journaliste, consultante en média et gestion de projet
Zoubida Fall, auteure - fondatrice de DUKOKALAM
ORGANISATIONS
Afrique Enjeux-AFEX
Alliance pour la Migration, le leadership et le Développement (AMLD)
Association "Mon Sénégal à moi"
Association des Juristes Sénégalaises (AJS)
Association YEEWI (pour les droits des femmes et des filles)
Collectif des féministes du Sénégal
Conseil Sénégalais des Femmes
DUKOKALAM
JGEN SENEGAL
JIGEENREK (Réseau des femmes de Louga)
KIMPAVITA plateforme culturelle, féministe et éco responsable
Kitambaa
LEGS-Africa
Plateforme des Acteurs non Étatiques du Sénégal
Polaris Asso
Réseau des Féministes du Sénégal - RFS
Réseau des Femmes de la CEDEAO, pour la Paix et la Sécurité
Réseau Francophone pour l’Égalité Femme/ Homme (RF-EFH)
Social Change Factory
Sénégal Actions Féministes
Solidarité Active
WarkhaTv
Women First Media Com
Yeewu Yewwi pour la Libération des Femme
Par Adama DIENG
30 ANS APRÈS LE GÉNOCIDE AU RWANDA : PLUS JAMAIS ÇA !
« La tristesse s’élève sur les ailes du matin, et du cœur des ténèbres jaillit la lumière » Alphonse de Lamartine (1790- 1869) - 30 ans après le génocide, le Rwanda, pays déterminé à renaître de ses cendres, a parcouru un long chemin.
« La tristesse s’élève sur les ailes du matin, et du cœur des ténèbres jaillit la lumière » Alphonse de Lamartine (1790- 1869)
30 ans après le génocide, le Rwanda, pays déterminé à renaître de ses cendres, a parcouru un long chemin.
Les souvenirs liés qui se bousculent dans mon esprit remontent aussi loin. Peu après mes premières visites au Rwanda au milieu des années 80, j’ai, auprès des institutions africaines, lancé l’alarme en 1990 sur les violations graves et massives des droits de l’homme perpétrées dans ce pays. Quatre ans plus tard, le 1er avril 1994, je me suis retrouvé à Mulindi, un village situé à la frontière entre le Rwanda et l’Ouganda, d’où Paul Kagame a dirigé le Front patriotique rwandais pendant la guerre civile rwandaise. Le lendemain, 2 avril, j’étais le dernier visiteur étranger à être reçu par le président rwandais Juvénal Habyarimana dans son palais. Juste avant moi, le président a rencontré David Rawson, l’ambassadeur des États-Unis. Après notre rencontre, le président Habyarimana s’est envolé pour Gbadolite, fief du président zaïrois Mobutu Sese Seko, avant de poursuivre vers Dar es Salaam, en Tanzanie. J’ai quitté Kigali le 4 avril. Le 6 avril 1994, au retour d’une réunion régionale à Dar es Salaam où le chef de l’Etat rwandais avait accepté de mettre en place les institutions de transition prévues par les accords d’Arusha qui ont mis fin à la guerre civile dans son pays, le Falcon 50 le transportant ainsi que Cyprien Ntaryamira, président du Burundi, a été abattu au-dessus de l’aéroport de Kigali par un missile. La mort des occupants de l’avion a déclenché le génocide contre les Tutsi au Rwanda, les meurtres des partisans des accords d’Arusha opposés aux extrémistes hutus et la reprise de la guerre civile.
A partir du 7 avril 1994, le génocide contre les Tutsi au Rwanda déclenchait l’une des orgies de tueries les plus sanglantes de la fin du XXe siècle. C’était une pure folie.
Comme si j’étais un personnage d’un roman de Joseph Conrad, je ne pourrai jamais chasser ces souvenirs, m’étant retrouvé, hier et aujourd’hui, plongé dans un parcours et des activités qui ont notamment eu pour toile de fond la tragédie du Rwanda et pour inspiration sa victoire. Entre autres activités liées à cette situation difficile, après avoir été Secrétaire général (1990-2000) de la Commission internationale de juristes basée à Genève, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, m’a nommé en janvier 2001 greffier du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). En juillet 2012, je suis devenu Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour la prévention du génocide. Après avoir pris ma retraite des Nations Unies il y a quelques années, j’ai fondé l’Alliance panafricaine pour la transparence et l’État de droit (PATROLAFRICA), dont l’objectif est de promouvoir la transparence et le respect de l’État de droit et d’agir comme moteur de développement.
A l’occasion du 30ème anniversaire du génocide contre les Tutsis commis au plus près du cœur de l’Afrique dans ce pays d’une rare beauté et d’une grande importance socio-anthropologique, la famille des nations doit tout faire pour accompagner les Rwandais, soutenir les victimes, pour que ce génocide devienne un leçon bien connue pour l’humanité, et pour que les Rwandais eux-mêmes puissent continuer à peaufiner leur réconciliation.
Il faut féliciter la gouvernance qui a réussi l’exploit de transformer une terre sortie d’une terrible tragédie en un pays où il fait bon vivre aujourd’hui. Au-delà de la remarquable reconstruction physique, infrastructurelle et économique, les cœurs et les esprits empoisonnés par la haine doivent continuer à guérir. Le génocide contre les Tutsis au Rwanda a été perpétré à l’échelle d’un pays, mais aussi à l’échelle d’un village, parfois à l’échelle d’une colline ou à l’échelle d’une famille, voire au sein d’un couple.
Cette paix des cœurs et des esprits, cette paix dans les villes et dans les collines, est nécessaire. Cela prendra encore du temps. Tout comme le retour au pays des exilés ou de ceux qui ont fui prendra du temps. Et la justice, dans ce contexte, continuera d’être un ingrédient nécessaire pour que la paix soit durable et enracinée dans les cœurs, dans la transformation profonde et positive du Rwanda et de ses citoyens. Ainsi, à travers le pardon, la parole, la conversation, grâce à la fin du silence, et avec la manifestation de la vérité, la paix s’ancrera plus profondément, au niveau socio-anthropologique, dans l’espace spirituel et sur le terrain politique, entre les Rwandais.
Par ailleurs, la paix dans la sous-région, notamment dans la région orientale de la République démocratique du Congo (RDC), semble également essentielle à cette équation d’espoir. Les nations de la région des Grands Lacs, le Rwanda, la RDC, le Burundi et d’autres pays méritent toutes la paix. Ce conflit dans l’est de la RDC menace de déstabiliser davantage la région, avec un impact négatif sur la réconciliation dans chacun des pays concernés.
Il est donc crucial que les efforts de rétablissement de la paix, les efforts diplomatiques et les initiatives de médiation soient renforcés pour promouvoir la stabilité dans cette région dévastée. Le regain de tensions militaires et la persistance des activités des groupes rebelles alimentent l’insécurité et la méfiance tout en aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique. Travaillons tous à éteindre cet incendie au cœur de l’Afrique, car investir dans la paix de chacun est un investissement dans la paix de tous.
PATROL est prête à soutenir toutes les entités nationales, régionales et internationales de la sous-région pour relever de nombreux défis. En effet, certains des fugitifs recherchés pour leur implication dans le génocide doivent être appréhendés et jugés. Il est nécessaire de garantir la justice et la responsabilité envers les victimes et les survivants, notamment en veillant au renforcement du devoir de mémoire et à la prise en charge des survivants vieillissants, ce qui nécessite des efforts et des investissements à la mesure de la douleur extraordinaire que ces événements ont infligé au corpus d’un pays, au niveau national et individuel.
Malgré les efforts remarquables du gouvernement rwandais, il faut reconnaître que le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda a laissé de profondes blessures dans le tissu social du pays. Comment aurait-il pu en être autrement ? Cependant, les Rwandais ont montré au monde qu’il est possible de guérir et d’avancer vers la réconciliation et le pardon.
Je peux témoigner, en tant qu’ancien Greffier, que le TPIR a joué un rôle crucial dans la poursuite des auteurs du génocide, le crime le plus horrible et d’autres crimes atroces. Même si la justice ne pourra jamais effacer complètement les souffrances, elle permet aux survivants de voir que les auteurs des violences ont à répondre de leurs actes. Sur le terrain, au Rwanda même, les juridictions Gacaca, mises en place au niveau local, ont également permis aux victimes de connaître la vérité sur la mort de leurs proches et ont donné aux coupables la possibilité d’avouer leurs crimes et de demander pardon devant la communauté.
Par ailleurs, nous devons saluer le leadership politique et communautaire du Rwanda et celui des dirigeants qui ont donné l’exemple en prônant la paix, la tolérance et la compréhension. Guérir les blessures du génocide contre les Tutsis au Rwanda est un processus continu. Le Rwanda, son chef d’État, son gouvernement et ses élites communautaires ont montré que la résilience humaine peut triompher des tragédies les plus sombres.
PATROL salue la victoire du peuple rwandais sur l’adversité et l’horreur et s’engage à soutenir les efforts de paix et de réconciliation dans la sous-région. Arrêtons à jamais la folie ordinaire qui a permis la perpétration de crimes aussi odieux. Nous n’abandonnerons pas, car face à l’humanité, les démons du mal ne sont jamais loin.
La principale leçon que nous enseigne le Rwanda est que dans les moments les plus sombres de la vie, lorsque le chagrin enveloppe les hommes, les femmes, les enfants ou les nations comme un linceul, il y a toujours une lueur d’espoir, un phare qui guide la famille des nations vers l’aube.
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LA FIN DU CYCLE SENGHORIEN
En chassant le régime sortant, les Sénégalais ont également rejeté un modèle politique vieux de 64 ans selon Mamadou Diouf. Pour l'universitaire, cette élection est une "révolution" qui doit mener à la refondation d'une société minée par la gabegie
Invité exceptionnelle sur le plateau d'ITV samedi 6 avril 2024 après la victoire surprise de Bassirou Dioum Faye à la présidentielle, l'historien Mamadou Diouf, professeur à l'université prestigieuse de Columbia, a livré une analyse percutante. Selon lui, cette élection marque ni plus ni moins que la fin du "cycle senghorien", ce système politique vieux de 64 ans hérité de l'époque coloniale.
Pour Diouf, ce "modèle islamo-wolof" instauré sous Senghor reposait sur un contrat social entre la classe politique, les chefs religieux et les détenteurs de légitimités traditionnelles. Un système stable permettant d'éviter les coups d'État, mais qui atteignait désormais ses limites, incapable de s'adapter aux nouvelles aspirations de la société.
"Les Sénégalais ne se battaient pas contre une personne, mais pour le respect de leur Constitution", a insisté le professeur, voyant dans la contestation du 3e mandat la première brèche dans l'ancien système.
Avec la mobilisation populaire inédite et la victoire surprise du candidat anti-système Bassirou Dioum Faye, c'est donc un véritable tournant historique que le Sénégal vient de négocier. "Le cycle senghorien s'est clôturé", a tranché Diouf.
Pour l'universitaire, le nouveau président fait face à un mandat clair : répondre aux aspirations de la jeunesse qui a été le moteur du changement, en opérant une « refondation morale » de la société. Finie la gabegie des élites, place à une nouvelle gouvernance au service du bien commun selon Diouf.
L'historien préconise d'ailleurs des réformes de rupture comme la réduction du nombre de députés, la création d'un fonds pétrolier cogéré ou encore l'éradication du phénomène des talibés.
Une révolution à accompagner S'il se montre optimiste sur les capacités de mobilisation des Sénégalais, Diouf a également appelé sa génération à "accompagner les jeunes, mais dans un rôle invisible". Une nouvelle page s'ouvre pour le Sénégal, celle d'une nation qui semble décidée à rompre avec les vieux démons de son passé.