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25 novembre 2024
International
par Célestin Monga
MAHAMMED
Les douleurs et les trahisons qui constituent la trame de nos vies intrinsèquement misérables par-delà nos pouvoirs d'achat supposés n'ont jamais ébranlé la fine conscience que Mahammed Boun Abdallah Dionne avait de notre devoir de vivre
De temps à autre, par inadvertance, de bonnes nouvelles aussi arrivent dans mon courrier. Comme ce message insolite reçu en septembre 2013 d'un certain Mahammed Boun Abdallah Dionne. Je n'avais pas l'honneur de le connaître. Il se présentait comme le responsable des programmes Afrique de l'Organisation des nations unies pour le développement industriel (UNIDO), basée à Vienne, Autriche, et disait être « le président de mon fan club ». Je m'en suis immédiatement méfié car très jeune, j'ai appris l'effet que les compliments (réels ou artificiels) provoquent dans le cerveau humain : ils font baisser inconsciemment la garde.
Intrigué tout de même par l'essentiel du message, qui m'invitait à donner un discours à de la conférence générale de l'institution, prévue le mois suivant à Lima, Pérou, j'en avais parlé à mon superviseur Kaushik Basu, le premier vice-président et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. Sans hésiter une seule seconde, Kaushik dont j'étais le conseiller-directeur, m'avait encouragé à accepter l'invitation. Il estimait que l'UNIDO était une des meilleures agences des Nations Unies et Amartya Sen, son ancien directeur de thèse, le lui avait confirmé.
J'ai donc rencontré Mahammed Boun Abdallah Dionne au Pérou, en marge de la conférence. Debout dans un coin de la salle, à l'abri des micros et des caméras, il m'avait alors révélé la véritable raison de son invitation. Après m'avoir confié qu'il se préparait à abandonner sa carrière internationale pour retourner au Sénégal comme Directeur de cabinet et Premier ministre du président Macky Sall. Puis, il avait ajouté en dardant sur moi son regard droit comme une lame : « Peu de cadres africains qui pensent notre condition occupent les hautes fonctions de décision dans les organismes internationaux. L'ONUDI se prépare à recruter deux directeurs-généraux adjoints [Managing Directors]. Je voudrais que tu postules à ces postes. Même si tu n'en as pas envie, fais-le pour l'Afrique. Nous te soutiendrons. »
Interloqué par cette proposition décente, j'avais promis d'y réfléchir. Je travaillais depuis plus d'une quinzaine d'années à la Banque mondiale à Washington D.C. et j'y avais atteint le grade de directeur. J'aimais la quantité de savoirs que brassait l'institution, mais je savais aussi que mon parcours improbable et aléatoire dans cette maison de verre et peu transparente était constamment l'objet du courroux des gardiens du temple ceux qui ne supportaient ni l'indiscipline de mes idées publiées régulièrement dans des ouvrages non-autorisés, ni mon attitude jugée hérétique je ne jouais pas au golf le weekend avec les gourous et je ne socialisais pas avec les faiseurs de carrière. Je n'avais donc pas eu à réfléchir longtemps.
Après ce premier contact à Lima, Mahammed et moi avions continué nos échanges.
J'avais postulé donc aux offres d'emploi publiées quelques mois plus tard, après son départ de l'ONUDI. Le processus de recrutement avait duré un an, avec huit rounds d'interviews— y compris des séquences avec des psychologues ou avec des représentants du staff dont je voulais être le leader. Ma nomination à l'ONUDI et mon séjour au sein de cette merveilleuse institution m'avaient permis de densifier mon regard sur les grandes questions internationales et de renouveler mon métabolisme. Elle m'avait apporté aussi les nombreuses externalités positives qu'offre la vie à Vienne. Je la dois d'abord à Mahammed.
Tout chez cet homme était inhabituel. Sa bonté étrange chez un cadre africain de gros calibre suscitait de la culpabilité et finissait par être contagieuse. Sa chaleur était énergisante, son regard toujours vrai et profond. Ses yeux surchargés d'attention pour son interlocuteur ôtaient toute envie de dire des bêtises. Sa foi en l'Afrique et son sens de nos responsabilités d'« élites » privilégiées était intimidants.
Il parlait avec une ardeur qui reflétait son enthousiasme et son sérieux. Sa vérité intérieure surgissait de chaque syllabe, même humoristique, qu'il prononçait avec une franchise déconcertante.
Généreux et humble, il avait une grande idée de la responsabilité des Africains qui ont eu la bonne fortune d'aller à l'école et de se confronter à d'autres manières de voir et de faire. Il aimait le mouvement et la remise en question de soi. C'était une hygiène de vie. « Jaar jaar ! ...» : le parcours, me disait-il en wolof pour expliquer la nécessité d'avoir un itinéraire, une trace.
En sa présence, le temps s'étirait : l'échange était toujours intense, la parole lumineuse et le silence exaltant. Toute discussion économique avec lui-sur la dette ou sur la politique monétaire était une exploration des espaces ignorés, comme si on déambulait ensemble dans une grande maison fascinante et inconnue pour y ouvrir ensemble des armoires et des tiroirs abandonnés et y découvrir ensemble des poupées russes. C'était un exercice d'humilité, un défi pour le Bantou porteur de semi-certitudes que je suis...
Pas un grain de la frivolité et de l'agitation immobile qui donnent à beaucoup d'entre nous le faux sentiment d'avoir « réussi » leur vie. Un jour où je suis à Dakar, il promet de passer me chercher pour aller prendre un vers. Je l'attends devant l'hôtel Savanah où des véhicules divers se garent toutes les minutes. Il est en retard. Pas de problème : un homme d'Etat gère constamment les urgences mystérieuses de la République. Pendant que je l'attends, un véhicule garé depuis longtemps pas loin « fait des appels de phare ». Je ne m'en offusque pas : nous avons l'esprit magique et le sens du spectacle. Au bout de quelques minutes, le chauffeur de ce voiture ambiguë ouvre lentement la portière et descends : c'était Mahammed, qui m'attendait depuis un moment et il conduisait lui-même son véhicule !
« Tu gâtes le métier de Premier ministre », lui di-je étonné par tant d'incivilité. Chez nous et ailleurs, ça ne se passe pas comme cela. Un haut dignitaire de la République ne s'abaisse pas à conduire. Il sourit, me tape sur l'épaule, et m'emmène dans un café de la ville où tous les employés ne se gênent pas pour le tutoyer en lui faisant la conversation. Les douleurs et les trahisons qui constituent la trame de nos vies intrinsèquement misérables par-delà nos pouvoirs d'achat supposés n'ont jamais ébranlé la fine conscience que Mahammed avait de notre devoir de vivre. De vivre pour autrui pour se donner, peut-être, une raison valable d'exister. Même lorsqu'il s'est parfois retrouvé dans ce lieu inévitable où la vie nous renvoie comme un miroir nos impossibilités, « l'en-commun du grand désenchantement » (comme l'énonce Patrick Chamoiseau), Mahammed est demeuré stoïque dans la foi.
De temps à autre, les mauvaises nouvelles me parviennent avec un acharnement cynique. Comme celle reçue le 5 avril m'annonçant son décès. J'ai parlé hier avec Caty, sa lumineuse épouse bien-aimée. Elle m'a dit : « Mahammed était mon guide, mon conseiller, mon ami, mon mari, mon tout. Il était un homme parfait, j'ose le dire. »
Mahammed Boun Abdallah Dionne, mon grand-frère, a été inhumé ce jour, 10 avril 2024 à Touba.
par Mouhamadou Sall
L’HYDROGÈNE, LA SOLUTION VERS UN MONDE NET ZÉRO CARBON
Alors que les conséquences du réchauffement planétaire se font de plus en plus sentir avec leur cortège de catastrophes, il devient urgent de repenser notre modèle énergétique
Relever le challenge de l’Energie et du Numerique ou s’enfoncer dans la dépendance et le sous-développement :
Cet article aborde l’un des deux enjeux majeurs actuels à relever obligatoirement : les enjeux climatiques et environnementaux vers un monde décarboné. Un second article à venir aborde les enjeux du numérique.
Gaz à effet de serre
Les gaz à effet de serre, naturellement présents dans l’atmosphère, font office de paroi absorbant une partie de la lumière du Soleil et de la chaleur émise par la Terre et, de ce fait, garantissent les conditions de la vie sur notre Planète.
Sans ces gaz, la température moyenne globale à la surface de notre planète serait froide (environ -18 °C).
L’activité humaine génératrice de gigantesques quantités de certains gaz, et l’accumulation de nouvelles substances entrainent un dérèglement de l’équilibre naturel provoquant un réchauffement et un changement climatique qui mettent en danger le devenir des êtres humains et de toute autre forme de vie sur notre Planète.
D’après les Nations Unies les combustibles fossiles, à savoir le charbon, le pétrole et le gaz sont responsables de l’effet de serre :
plus de 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre
près de 90 % de toutes les émissions de dioxyde de carbone.
Aussi, la transition énergétique est -elle devenue un consensus à l’échelle mondiale pour assurer «le passage d’une société de consommation abondante d’énergies fossiles à une société consommatrice d’Energie renouvelable ou d’Energie faiblement carbonée. »
Feuille de route de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) Zero carbone en 2050« Net Zéro by 2050 »
L’AIE propose une feuille de route mondiale pour la décarbonation du secteur de l’énergie « Net Zéro by 2050 » : Net Zero by 2050 – Analysis - IEA. A. Il est donc recommandé d’utiliser toute ressource qui ne produit pas de gaz carbonique (ou CO2) lorsqu’elle produit de l’énergie.
Energie renouvelable ou faiblement carbonée.
Les énergies renouvelables provenant de sources dont le renouvellement naturel est assez rapide pour qu'elles puissent être considérées comme inépuisables à l'échelle du temps humain sont :
Énergie éolienne (terrestre et en mer)
Énergie solaire (photovoltaïque, thermique et thermodynamique)
Biomasse
Énergie hydraulique
Géothermie
Il est à noter que toutes les sources d’énergie renouvelables existantes sont exemptes d’émission de carbone, à l’exception de la biomasse qui émet un gaz CO2 local mais absorbé par les plantes ce qui contribue à la photosynthèse (absorption de CO2 et production d'oxygène (O2)).
Forte demande en énergie, de l’Afrique, horizon 2050
Selon OCDE (l’organisation de la Coopération et du Développement Economique) la croissance de la demande mondiale d’énergie n’est plus portée par les pays développés, mais par les pays émergents (la Chine, l’Inde et le Brésil) et aussi, d’ici 2050, par l’Afrique qui devrait connaître le taux de croissance urbaine le plus rapide du monde ce qui , en corollaire, entrainerait une forte demande croissante en Energie.
L’Hydrogène comme Solution vers un monde zéro émission CO2
Les projets à grande échelle qui s’appuie sur l’usage de l’hydraulique, des panneaux solaires et des éoliennes requièrent beaucoup d’espace qui peuvent impacter négativement sur l’environnement.
Eu égard aux besoins croissants en Energie, la solution durable pour atteindre les objectifs climatiques, vers un monde zéro émission de CO2, repose en grande partie sur l’hydrogène comme source d’ énergie:
Hydrogène naturel ou Hydrogène blanc
Hydrogène vert : produit par des énergies renouvelables telle que les éoliennes et les panneaux solaires. La seule émission qui en résulte serait de l’eau potable !
La fusion thermonucléaire, fondée sur les isotopes de l’hydrogène à l’état de recherche mais dont l’issue est certaine
L’hydrogène naturel ou natif (H2), ou hydrogène blanc
L’hydrogène a toujours été considéré comme un « vecteur énergétique » qui, contrairement aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), ne peut être produit qu’à partir d’une autre source d’énergie.
Cependant, la découverte de puits d’hydrogène naturel, ces dix dernières années, ouvrent des nouveaux axes de développement.
L’origine et l’étendu des ressources en hydrogène naturel dont des traces ont été trouvées dans plusieurs endroits de l’écorce terrestre et dans les océans sont en cours d’étude.
Il est à noter que le premier puits a été découvert à proximité de Bourakébougou, au Mali. Depuis plusieurs années, il alimente ce village en électricité.
Entre autres applications de l’Hydrogène : La pile à Hydrogène
Entre autres applications de l’hydrogène : la pile à hydrogène. La pile à hydrogène utilise l’hydrogène et l’oxygène comme combustibles et produit directement de l’Energie en fournissant de l’eau et de la chaleur.
La production de pile à hydrogène, partant de l’hydrogène blanc (après évaluation de l’étendue des ressources) et de l’hydrogène vert, est un enjeu majeur pour une alternative aux énergies fossiles pour les carburants qui alimentent les transports.
Fusion nucléaire ou reproduction de soleil artificiel dans les centrales électriques
La fusion nucléaire, objet de recherche depuis environ 70 ans, semble être la solution comme source d’énergie durable illimitée. Il s’agit de reproduire du soleil artificiel, dans les centrales électriques, en utilisant une source d'énergie sans limite et sans risque de déchet à vie longue.
La fusion nucléaire est une énergie propre qui use d’un combustible quasi inépuisable, sans carbone ni déchets à longue durée.
Le principe de la fusionnucléaire consiste à faire fusionner deux noyaux atomiques légers d'hydrogène pour en créer un lourd, de l'hélium, afin de libérer de l'énergie. La fusion nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre mais de l’hélium (He) stable.
Par opposition, le principe de la fission nucléaire, utilisée dans les centrales nucléaires actuelles, qui consiste à rompre des liaisons de noyaux atomiques lourds radioactifs entrainant la pollution radioactives
La fusion nucléaire utilise comme source d’énergie des atomes légers isotopes de l’hydrogène qui constituent un carburant quasi inépuisable :
le Deutérium , disponible en quantité illimitée dans la mer
le Tritium , qui n’existe pas à l’état naturel. Il est extrait du lithium qui est présent dans l’écorce terrestre, et à l'état de traces, dans les océans.
D’évidence la mise en œuvre de la fusion est complexe en particulier :
atteindre une température très élevée de l’ordre de 100 Millions de degrés soit 10 fois plus qu’au cœur du soleil
maintenir le plasma (milieu totalement ionisé) sur la durée.
Deux méthodes de fusion sont utilisées pour atteindre le seuil de rentabilité énergétique à savoir ; libérer une énergie de fusion supérieure à celle produite pour amorcer la réaction.
Fusion par confinement magnétique
Fusion par confinement inertiel
Fusion par confinement magnétique.
Les atomes légers d'hydrogène (deutérium et tritium) sont chauffés et le plasme obtenu est confiné par des champs magnétiques intenses à l’aide d’aimants.
Cette configuration est la plus proche d’un futur réacteur à fusion destiné à fournir de l’électricité. Elle est celle utilisée par plusieurs projets dont le projet ITER issu de la coopération internationale qui a débuté dans les années 80.
Le projet ITER regroupe 35 pays dont les Etats-Unis, l'Union européenne le Japon, la Chine, la Corée du Sud ITER - une énergie pour notre avenir
Le réacteur ITER devrait générer son premier plasma au début des années 2030.
Fusion par confinement inertiel.
Des lasers de très forte énergie sont envoyés à l'intérieur d'une capsule cylindre, de la taille d'un dé à coudre, contenant l'hydrogène.
Le but de cette méthode est de démontrer le principe physique de la fusion nucléaire.
Cette méthode est utilisée par le NIF (National Ignition Facility,) un laser de recherche extrêmement énergétique, construit par le laboratoire américain LLNL (Laboratoire national Lawrence Livermore). Laboratoire national Lawrence Livermore — Wikipédia (wikipedia.org)
Le 5 décembre 2022, le NIF a atteint pour la première fois le seuil de rentabilité énergétique où l'énergie produite est supérieure à l'énergie consommée. Cet exploit a été renouvelé le 07 août 2023
Émergence de startups en Fusion
Aujourd’hui, la course à la fusion fait rage. En raison de l’évolution technologique, en plus des projets internationaux et nationaux, on assite, dans la course, à une émergence de starts up.
Les enjeux de la transition énergique et celle du numérique sont une chance à saisir pour les pays en développement et pour l’Afrique en particulier.
L’hydrogène est la source d’Energie incontournable à l’horizon 2050. Tel est le message de Cheikh Anta il y a plus de 60 ans.
L’évolution technique a brisé les frontières entre les pays et favorisé le partage du savoir, du savoir-faire et du faire-savoir à travers le cyber espace, ce qui offre l’opportunité pour l’Afrique et le Sénégal en particulier d’être des références techniques mondiales à l’image des GAFAM (Google Facebook, Amazon, Apple, Microsoft).
VIDEO
FAKE NEWS AUTOUR DE LA COOPÉRATION MILITAIRE FRANCO-SÉNÉGALAISE
Les réseaux sociaux se sont embrasés ces derniers jours avec la viralité d'une intox : Bassirou Diomaye Faye aurait réclamé le départ des soldats français stationnés sur le sol sénégalais. Des montages vidéos tronqués ont même circulé à ce sujet
Le nouveau président élu affiche une ferme ambition souverainiste. Mais contrairement aux rumeurs virales, il n'a nullement exigé le retrait des troupes françaises du pays.
Les réseaux sociaux se sont embrasés ces derniers jours avec la viralité d'une intox : Bassirou Diomaye Faye, le tout frais président sénégalais, aurait réclamé le départ des soldats français stationnés sur le sol sénégalais. Des montages vidéos tronqués, avec voix off artificielle, ont même circulé pour accréditer cette fausse information.
Pourtant, rien n'est moins vrai. Depuis son élection, le chef de l'État n'a jamais évoqué cette question épineuse. Son équipe de campagne l'a confirmé à France 24 : ce sujet est un "non-sujet" pour le nouveau pouvoir en place à Dakar.
Il faut dire que la France compte parmi les premiers partenaires économiques du Sénégal. Une rupture militaire semble donc peu envisageable, même si Faye prône incontestablement une vision plus souverainiste dans les relations avec l'ancienne puissance coloniale.
Rééquilibrage oui, rupture non. Un rééquilibrage qui pourrait d'ailleurs passer par une réduction conjointe des effectifs français. Environ 350 soldats sont actuellement déployés, essentiellement à des fins de formation auprès des armées locales et régionales.
Emmanuel Macron avait lui-même émis le souhait en 2022 d'une réduction du tonnage militaire français au Sénégal. Une volonté réaffirmée après l'élection de Faye, même si aucun chiffre officiel n'a encore filtré sur l'ampleur de ce potentiel redimensionnement.
C'est l'ex-ministre Jean-Marie Bockel, nommé envoyé spécial pour l'Afrique, qui planche actuellement sur des recommandations en ce sens. Réduire la voilure mais sans casser les amarres : tel semble être le cap à tenir avec le Sénégal, après les ruptures intervenues avec le Mali, le Burkina Faso ou encore le Niger ces dernières années.
MALI, LE GOUVERNEMENT SUSPEND LES ACTIVITÉS DES PARTIS POLITIQUES
Le régime malien a annoncé mercredi suspendre "jusqu'à nouvel ordre" les activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon lui de "discussions stériles" et de "subversion".
Le régime malien a annoncé mercredi suspendre "jusqu'à nouvel ordre" les activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon lui de "discussions stériles" et de "subversion".
"Sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, pour raisons d'ordre public, les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l'étendue du territoire national", dit un décret pris en conseil des ministres par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et lu devant des journalistes par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement.
Il s'agit d'une nouvelle restriction à toute expression d'opposition ou de dissidence de la part des colonels qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 en renversant le président civil Ibrahim Boubacar Keïta. "Les actions de subversion des partis politiques et de leurs alliés ne font que se multiplier", dit le communiqué du conseil des ministres.
Ce nouveau tour de vis survient alors que les militaires se sont maintenus à la tête du pays au-delà du 26 mars 2024, date à laquelle ils s'étaient engagés, sous la pression de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), à céder la place à des civils élus. Ils n'ont pas non plus organisé de présidentielle en février 2024 comme ils en avaient pris l'engagement.
Le colonel Maïga a justifié la suspension des partis en invoquant un "dialogue" national initié le 31 décembre par le colonel Goïta. Le lancement de ce "dialogue" ainsi que le non-respect de l'échéance du 26 mars ont donné lieu à des "discussions stériles", a dit le colonel Maïga. "On ne peut pas mener un dialogue aussi crucial que l'est le dialogue direct intermalien dans la cacophonie et la confusion", a-t-il dit. "On ne peut pas accepter que des forces politiques, pour une raison ou une pour autre, prennent en otage une initiative aussi salvatrice", a-t-il insisté.
L'opposition est réduite à l'impuissance depuis août 2020 par les mesures coercitives, les mises en cause judiciaires, les dissolutions d'organisations et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour de la junte dans un pays confronté depuis 2012 au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle.
Plusieurs partis et organisations de la société civile se sont cependant émus dans une déclaration commune le 31 mars du "vide juridique et institutionnel" laissé selon eux par le non-respect de l'échéance du 26 mars, ont réclamé des militaires une "concertation rapide et inclusive" pour la tenue de la présidentielle "dans les meilleurs délais" et se sont réservé la possibilité de "toutes les voies légales et légitimes" pour le retour des civils.
"Phase critique"
Un collectif d'organisations de défense des droits humains a estimé le même jour que le Mali se trouvait "dans une impasse" et qu'il était temps pour les militaires "de retourner dans les casernes" et de "laisser d'autres citoyens élus gérer les affaires publiques du pays". "On n'est pas du tout dans un vide juridique, la transition continue", a rétorqué le colonel Maïga mercredi en parlant de la période supposée transitoire entre l'arrivée au pouvoir des colonels et la rétrocession de celui-ci à des civils.
Le colonel Maïga a aussi invoqué la poursuite de la lutte contre les groupes armés jihadistes et indépendantistes touareg. "Le Mali est dans une phase critique", a-t-il déclaré. "Dans ces circonstances, on ne peut pas accepter que des débats politiques stériles nous ramènent là d'où nous venons", a-t-il dit.
Le communiqué du conseil des ministres annonce par ailleurs l'extension du périmètre de sécurité autour de l'aérodrome militaire et de la poudrière de la cité garnison de Kati, centre névralgique de la junte à une quinzaine de kilomètres de Bamako. Depuis sa prise du pouvoir consolidée par un second putsch en mai 2021, la junte a multiplié les actes de rupture. Elle a rompu l'alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
Elle a poussé vers la sortie la mission de l'ONU Minusma. Elle a dénoncé l'accord signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord, considéré comme essentiel pour stabiliser le pays. A la suite du Mali, des militaires se sont emparés du pouvoir chez les voisins sahéliens du Burkina Faso en 2022 et du Niger en 2023. Les trois pays en proie au jihadisme ont forgé une alliance et décidé de quitter la Cedeao.
Par Ibou FALL
2029, C’EST MAINTENANT
Contrairement à Abdou Samba Toro Diouf, pour Macky, ce n’est qu’un au revoir, n’est-ce pas ? Les Sénégalais risquent de virer Diomaye et ses deux épouses à la prochaine présidentielle pour réclamer à gorges déployées son retour à lui, le Superman du PSE
Le sort en est jeté, c’est BDF qui est gravé sur le drapeau en miniature surplombant la présidence de la République. Depuis une semaine, le Palais n’abrite plus le même locataire. Macky Sall, conformément à la Constitution, le 2 avril 2024, après avoir remis de mauvaise grâce les clés du propriétaire à son successeur resté sur le perron, s’en est allé, raccompagné par un garde rouge dont le rigide pas de l’oie semble le virer à coups de pieds.
La veille, il se permet une ultime cérémonie officielle pour décorer ses compatriotes méritants, histoire de leur laisser un souvenir indélébile. Il y a un peu de tout dans le lot des récipiendaires : du brave soldat, du fonctionnaire frustré, du sportif en déclin, de l’artiste méconnu…
Mieux vaut tard que jamais ? Les bobos à panser, c’est derrière lui, désormais
Le prophète du Pse prendra un dernier bain de foule, une fois les grilles du Palais définitivement franchies, saluant au passage un peuple où se s’entremêlent les cris de remerciements de ses groupies côtoyant les rancuniers inconsolables qui tiennent à lui cracher un haineux bon débarras et sans regret. Il fera un saut chez lui, à Mermoz, où une populace d’inconditionnels se presse devant la demeure pour espérer lui serrer la pince une dernière fois.
Des images de son départ circuleront ensuite, à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor de Yoff, faisant ses adieux à quelques proches alignés aux pieds de la passerelle de l’avion présidentiel, avant de s’envoler vers son destin que l’on localise pour l’heure au Maroc où un p’tit pied-à-terre l’attend dont quelques images circulent.
Sa misérable baraque de Marrakech a au moins l’avantage de le tenir loin des parquets financiers locaux qui pourraient se prendre pour la Crei et le sommer d’expliquer l’origine d’un tel luxe.
Vous savez bien, quand la «demande sociale» exige un bouc émissaire, plus il est haut placé, plus la camorra des indignés est heureuse…Il ne chômera pas longtemps, semble-til, Emmanuel Macron, le pape de la Françafrique, l’ayant recruté comme Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Macky Sall aurait même commencé le job par une visioconférence depuis Dakar.
La bonne étoile, on l’a ou on ne l’a pas…
Un remake de l’alternance de 2000, lorsque le 1er avril, après la prestation de serment du Pape du «Sopi» au Stade de l’Amitié devant une marée de sans-culottes, Abdou Samba Toro Diouf lui remet les clés du propriétaire et s’éclipse par l’avion présidentiel à destination du Caire où il représentera son tombeur à un sommet de chefs d ’ E t a t . Il faudra à Abdou Samba Toro Diouf, cependant, un peu plus de temps pour se caser à la Francophonie. Le président Abdoulaye Wade aurait traîné des pieds pour lui accorder sa bénédiction…
Et puis, contrairement à Abdou Samba Toro Diouf, pour Macky Sall, ce n’est qu’un au revoir, n’est-ce pas ? Dans des courriers adressés à ses militants de l’APR et ses alliés de Benno bokk yaakkaar, il tient à préciser qu’il reste le président de l’APR, avec résidence à Marrakech tout de même, leur demandant de rester mobilisés pour se préparer à la reconquête du Palais.
Il ne le dit pas comme ça, j’avoue…
Mais c’est sous-entendu : les Sénégalais risquent de virer Bassirou Diomaye Faye et ses deux épouses à la prochaine présidentielle pour réclamer à gorges déployées son retour à lui, le Superman du PSE, et Marième Faye, l’attachante darling kor qui arrache des larmes aux sentimentales des taudis de banlieue…
Il y a déjà des imams qui regrettent le «soukeur’ou kôr» traditionnel tandis que les féministes hurlent au scandale : quatre femmes dans le vent, ça ne fait pas la parité dans un gouvernement. Les sempiternels attributaires illégitimes des passeports diplomatiques, les abonnés aux distributions de fonds politiques, les talibés qui ne tolèrent pas que l’on snobe leurs marabouts, les paresseux qui ne trouvent pas de travail mais jurent en chercher tous les matins, les pèlerins qui voyagent aux frais de la République, les bénéficiaires des marchés publics sans appel d’offres, les DG parachutés pour leur art de cirer les bottes et les PCA absentéistes ont du souci à se faire…
A cette cohorte de nouveaux pauvres, s’ajoutent leurs courtisans empressés et divers dégâts collatéraux : les onéreuses maîtresses, leurs bâtards et leurs familles dont les robinets s’assèchent brutalement. C’est tout autant de l’électorat hostile qui va gonfler dans les cinq prochaines années.
Il ne faut pas croire que c’est la fin des privilèges : ce sont juste les minois des privilégiées et leurs jolies fesses, qui changent. Pourquoi, dans la perspective de 2024, ne pas miser également sur un clash entre l’actuel président et son encombrant Premier ministre ? Ça pourrait aider…
C’est connu, la Primature est un cadeau empoisonné pour les fortes têtes. Puisque les pratiques païennes qui consistent à renverser du poivre dans une demeure sont démodées, le tandem présidentiel sortant, durant ses habituelles dévotions devant la Kaaba, devrait souhaiter une zizanie insoluble au sommet de l’Etat. C’est déjà arrivé, entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia, Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, Macky Sall et Abdoul Mbaye…
Bref, de quoi rester optimiste pour le futur : cinq ans, ce n’est pas une éternité…
Sauf que les duettistes Sall et Faye ne seront pas seuls à manœuvrer : le challenger de la dernière présidentielle, Amadou Ba, claque la porte de l’Apr pour appeler les bonnes volontés à faire bloc avec lui. Il vient de ramasser près de 35 % des votes, en dépit de la mauvaise volonté affichée (c’est un euphémisme) de Macky Sall à le soutenir. Les esprits chagrins parlent carrément de trahison.
L’équation Amadou Ba est qu’il se positionne d’entrée comme le patron de l’opposition et s’affranchit de la tutelle de Macky Sall en appelant les républicains, ou ce qui en reste, à la veillée d’armes pour les prochaines conquêtes. Il y aura sans doute bientôt des Législatives, puisque l’actuel Parlement n’accorde à aucun camp une majorité indiscutable. La prochaine bataille de Dakar, qui devra confirmer les forces en présence, risque d’être meurtrière : entre Barthélemy Dias qui n’a pas une tête à céder la place à Khalifa Sall, Amadou Ba qui a besoin d’une place forte pour attendre patiemment les signes du Destin et l’actuel régime qui fera un point d’honneur à s’emparer de la citadelle, tous les coups, ou presque, seront permis…
Vous voulez mon avis ? Je vous le donne quand même : on ne va pas sentir passer les cinq années qui viennent, il y aura du sport !
MALGRE LA DISTANCE, LA DIASPORA CÉLÈBRE L'AÏD AUX CÔTÉS DU SÉNÉGAL
Dans les quartiers historiques de la diaspora à Paris et Montreuil, les témoignages abondent. Malgré les sacrifices consentis, les Sénégalais d'Île-de-France se mobilisent pour acheminer des fonds au pays
À l'approche de l'Aïd el Fitr prévue ce mercredi 10 avril, de nombreux membres de la diaspora sénégalaise en France intensifient leurs efforts de solidarité envers leurs proches restés au pays, comme en témoignent les témoignages recueillis par RFI dans le quartier historique de Château-Rouge à Paris et à Montreuil.
"Je me suis préparé pour pouvoir aider un peu", raconte Ousmane Diallo après avoir envoyé 200 euros à sa famille à Dakar via un bureau de transfert. Comme lui, beaucoup se "serrent la ceinture" pour réunir des fonds à faire parvenir au Sénégal. Ibrahima Sarre a de son côté destiné près de 600 euros à sa femme et ses enfants, expliquant que "quand tu es en France c'est pour travailler et envoyer au pays".
Même s'il travaille le jour de l'Aïd, Ousmane Diallo se réjouit que sa famille puisse "bien fêter", soulignant que "tout Africain en France soutient toute une famille restée au pays". Ibrahima Sarre, qui célébrera modestement en France, transmet aussi des "bénédictions" via cet argent destiné à acheter nourriture, vêtements et cadeaux.
Ces transferts financiers, parfois au prix de sacrifices, sont un "sacerdoce" pour ces travailleurs afin que leurs proches puissent dignement vivre cette grande fête religieuse et culturelle au Sénégal, malgré la distance.
DIOMAYE LANCE LA MACHINE RÉFORMATRICE
Le président a dévoilé sa feuille de route ce mardi en Conseil des ministres. Justice, emploi, développement territorial : les défis de société sont nombreux. Le chef de l'État demande audits, plans d'action et changement de paradigme
Réuni pour la première fois depuis son installation le 5 avril, le Conseil des ministres présidé par Bassirou Diomaye Faye a permis au chef de l'État de dévoiler ses grandes orientations pour le Sénégal. "Une rupture en profondeur est nécessaire à tous les niveaux", a-t-il estimé, remerciant le peuple pour "l'espoir immense" placé dans son "projet collectif".
Le président a fixé cinq priorités pour son action: la jeunesse, l'emploi et l'éducation; la lutte contre la vie chère; la modernisation de la justice et la bonne gouvernance; la souveraineté économique et le développement territorial ; le renforcement de l'unité nationale. Il a demandé au Premier ministre Ousmane Sonko de finaliser avant fin avril un plan d'actions gouvernemental précis sur ces orientations.
Diomaye Faye a également exigé une "revue générale" des administrations, des finances publiques et des partenariats. Il a ordonné au gouvernement de "repenser l'organisation et le fonctionnement" de l'appareil d'Etat, et de lancer une réforme numérique du service public. Le président a enfin insisté sur "l'écoute, l'efficacité et la collégialité" du gouvernement pour assurer la réussite du "projet collectif".
Le compte-rendu du Conseil des ministres ci-dessous :
"Le Conseil des ministres s'est tenu ce mercredi 9 avril 2024 au Palais de la République, sous la présidence du chef de l'Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
A l'entame de sa communication, le président de la République a saisi l'occasion de ce premier Conseil des ministres après sa prestation de serment le 2 avril 2024, pour exprimer, encore une fois, sa reconnaissance infinie et sa profonde gratitude au peuple sénégalais, qui lui a fait confiance, avec son élection au premier tour avec 54, 28% des suffrages exprimés. Ce qui dénote de l'espoir immense placé au projet collectif défendu pour un Sénégal uni, souverain, juste et prospère.
Le chef de l'Etat a, à cet égard, salué la maturité du peuple sénégalais et sa volonté manifeste de soutenir une rupture en profondeur ; d'accompagner une transformation du système à tous les niveaux de la vie économique et sociale du pays.
Le président de la République a remercié et félicité tous ses compagnons et soutiens pour l'engagement historique exceptionnel, la résilience et le courage qui ont permis cette alternance inédite, acquise de haute lutte avec tant de sacrifices.
Le chef de l'Etat a ainsi félicité Monsieur Ousmane Sonko, nommé Premier ministre de la République du Sénégal. Il a magnifié sa posture de patriote et son travail au quotidien pour la préservation des idéaux partagés afin de consolider la souveraineté et le rayonnement du Sénégal.
Le président de la République a en outre félicité les 25 ministres et les 5 secrétaires d'Etat, membres du gouvernement de résultats, nommés le 5 avril 2024.
Le chef de l'Etat a demandé au gouvernement d'accélérer la réalisation intensive et cohérente du projet en travaillant avec précision, diligence, méthode et efficacité à la satisfaction des populations et au mieux des intérêts du Sénégal.
Le président de la République a insisté sur le rôle, l'action et la responsabilité du gouvernement, institution qui doit toujours s'arrimer au respect de l'Etat de droit et aux valeurs panafricaines historiques qui entretiennent notre vie en société, au regard de la montée en puissance des impatiences et des exigences des populations.
Le chef de l'Etat a notamment rappelé la nécessité de définir et de mettre en œuvre une politique inspirée par le « projet » de transformation systemique du senegal, décliné en cinq (5) orientations majeures. Ces dernières doivent s'ériger en axes prioritaires de l'action gouvernementale. Il s'agit de :
1. la jeunesse, l'éducation, la formation, l'entreprenariat et l'emploi des jeunes et des femmes ;
2. la lutte contre la cherté du coût de la vie et l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages ;
3. la modernisation de la Justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance, la transparence, la reddition des comptes et l'amélioration de notre système démocratique et électoral ;
4. la souveraineté économique et la prospérité du Sénégal, l'exploitation optimale des ressources naturelles et le développement endogène durable des territoires ;
5. la consolidation de l'unité nationale et des solidarités dans un renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays.
Dès lors, le président de la République a demandé au Premier ministre, sur la base du projet et des orientations présidentielles sus indiquées, de finaliser, avant la fin du mois d'avril 2024, le Plan d'actions du gouvernement, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés.
Dans cette perspective, le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre de veiller à la mise en place effective et rapide des cabinets ministériels et de proposer, pour chaque ministère, une nouvelle organisation rationnalisée et des nominations qui sont conformes aux réformes et des objectifs sectoriels validés.
Le président de la République a également demandé au Premier ministre de :
- procéder à une revue générale des programmes et projets, du capital humain (audits des recrutements et des ressources humaines) et des ressources budgétaires dans chaque ministère ;
- faire la situation générale des finances publiques (conformément à la Code de Transparence dans la gestion des finances publiques), de la coopération internationale (l'état de toutes les conventions de financement signées) et des Partenariats Public- Privé ;
- engager, sans délai, avec le secteur privé (national notamment), la mise en œuvre d'une politique hardie de relance de l'économie nationale ;
- changer le référentiel de politique économique et sociale avec la consécration du projet ;
- préparer le programme législatif et réglementaire du gouvernement à partir des textes et de l'agenda d'adoption proposé par chaque ministère.
Enfin, le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre de repenser l'organisation et le fonctionnement de l'Administration et du secteur parapublic ; et d'accentuer la réforme du service public autour de la digitalisation des procédures et de la transformation numérique des structures.
Le président de la République a ordonné la tenue d'un séminaire gouvernemental de cadrage global de l'action de l'État, ainsi que le développement d'une Stratégie de communication gouvernementale innovante, basée sur l'anticipation, la précision des messages, mais surtout sur l'appropriation des politiques publiques par les populations, qui doivent rester au cœur des interventions du gouvernement.
A ce titre, le chef de l'Etat a invité les membres du gouvernement à rester humbles et sobres, à cultiver l'écoute, l'efficacité, dans la collégialité et la solidarité, afin d'assurer la réalisation soutenue du projet.
Le président de la République a par ailleurs partagé avec les membres du Conseil, la lettre d'orientations qu'il a adressée aux fonctionnaires et agents de l'Administration du Sénégal.
Clôturant sa communication, le président de la République a adressé, en cette veille de Korité, marquant la fin du mois béni de Ramadan, ses chaleureuses félicitations et ses meilleurs vœux à la Oumah Islamique. Il a prié pour un Sénégal de Paix, de solidarité de prospérité et de progrès.
Dans sa communication, le Premier ministre a tenu à féliciter le chef de l'Etat pour sa brillante élection à la magistrature suprême du Sénégal. Il a également remercié le président de la République pour sa confiance le plaçant à la direction du gouvernement et réitéré son engagement permanent et celui de l'ensemble du gouvernement à œuvrer, sous l'autorité du président de la République, à l'accomplissement du projet collectif et souverain au service des sénégalaises et des sénégalais."
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TAHIROU SARR, LA DÉRIVE XÉNOPHOBE
Raevе, juriste, artiste et militant de gauche dénonce la montée inquiétante du "Zemmour sénégalais" et sa croisade contre les Guinéens. Si ce mouvement reste marginal, son influence grandit auprès d'une jeunesse en mal de repères
Dans une intervention remarquée lors de l'émission "Décrypter l'Afrique" présentée par Théophile Kouamouo, Raevе, juriste, artiste et militant de gauche sénégalais, a dénoncé la montée inquiétante de Tahirou Sarr, surnommé le "Zemmour sénégalais".
Ancien militant du parti Rewmi, Tahirou Sarr a créé le Mouvement Nationaliste Sénégalais, un parti ouvertement xénophobe et raciste. Selon Raevе, ce "parfait opportuniste" a profité du vide politique post-électoral pour imposer son discours haineux visant particulièrement les Guinéens.
"C'est quelqu'un qui porte un discours xénophobe, nationaliste, j'irai jusqu'à dire raciste" a tonné Raevе. "Il a plusieurs fois ciblé dans ses prises de parole les Guinéens, ce qui a été condamné par le CNRA."
Si le mouvement de Tahirou Sarr reste marginal pour l'instant, n'étant pas membre de la coalition au pouvoir, Raevе alerte sur les dangers d'un tel discours de haine qui séduit une partie de la jeunesse désœuvrée. "Ce type de propos naît souvent chez les jeunesses non formées, qui se laissent emballer faute d'ossature intellectuelle."
Face à cette menace, les autorités déploient une stratégie multiforme : réponses socio-économiques, lutte contre le racisme, défense de l'image d'un Sénégal de la Teranga. Selon Raevе, "les Sénégalais ne voudraient pas que ce discours de haine devienne la représentation du pays à l'international".
LE SORT DU FRANC CFA DÉPEND DES AFRICAINS, DIT PARIS
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, estime que "la France n’a pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA". "Maintenant, aux États africains de décider", a-t-il déclaré
(SenePlus) - Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, tenant d'une ligne souverainiste, a remis en question l'utilisation du franc CFA pendant sa campagne électorale, plongeant l'avenir de la monnaie commune ouest-africaine dans l'incertitude.
Interrogé sur le sujet lors d'une visite en Côte d'Ivoire, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a estimé que "la France n’a pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA". "Maintenant, aux Etats africains de décider", a-t-il déclaré dans des propos rapportés par l'AFP, laissant entendre que Paris accepterait une réforme ou un changement de nom initié par les pays concernés.
Certaines voix critiquent de longue date la parité du franc CFA arrimée à l'euro, jugée pénalisante pour les exportations. Plus récemment, au Mali, au Burkina Faso et au Niger désormais dirigés par des juntes militaires plus souverainistes, des appels à quitter le franc CFA se sont fait entendre. La montée du sentiment anti-français chez les jeunes Africains mine la popularité de cette monnaie toujours imprimée en France.
Interrogé sur ces évolutions politiques régionales, le chef de la diplomatie française a vanté lors de sa tournée en Afrique de l'Ouest et au Kenya "des partenariats équilibrés" construits avec les pays alliés comme la Côte d'Ivoire, où il a rencontré le président Alassane Ouattara.
AU NIGERIA, LE GRAND EXODE DES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ INQUIÈTE
La crise économique, qui s'ajoute aux faibles salaires, au manque d'infrastructures sanitaires et à l’insécurité généralisée, fait fuir du pays les professionnels de la santé nigérians.
"Les élites préfèrent se soigner à l'étranger plutôt qu’au Nigeria et ça en dit long sur l’état des hôpitaux dans le pays", déplore Hassan Adewunmi, étudiant en deuxième année de médecine sur le chemin qui le mène à son université dans le nord de Lagos. Le jeune homme de 19 ans se dit toutefois prêt à quitter son pays, lui aussi, à la fin de ses études à la Lagos State University College of Medicine, mais à contre-cœur.
Face à une inflation galopante autour de 30% début mars, aux faibles salaires, au manque d'infrastructures sanitaires et à l’insécurité généralisée au Nigeria, les professionnels de la santé quittent le pays par milliers chaque année, d'après les associations du secteur médical.
Entre 15.000 et 16.000 médecins ont plié bagage au cours des cinq dernières années, a indiqué le ministre nigérian de la Santé, Muhammad Ali Pate, dans une interview télévisée pour la chaîne locale Channels TV, au début du mois de mars. Aujourd’hui, le pays le plus peuplé d’Afrique compte seulement 300.000 professionnels de la santé, dont 55.000 médecins, pour une population de 220 millions d’habitants, selon le ministre.
Liste rouge
"Les médecins au Nigeria gagnent en moyenne entre 2.000 (1.839 euros) et 4.000 dollars (3.679 euros) par an, donc près de 200 dollars chaque mois. Ils valent mieux que cela", a déclaré à l’AFP Moses Onwubuya, président de l’association des étudiants en médecine du Nigeria (NIMSA).
La plupart des soignants nigérians se trouvent dans les grandes villes du pays. Selon le ministre de la santé, il y a environ 7.600 médecins à Lagos, la ville la plus peuplée du pays, et 4.700 à Abuja, la capitale fédérale. Dans le reste du Nigeria, il y a environ 2 médecins pour 10.000 habitants.
"Nos établissements de santé ne répondent pas aux normes et sont en sous-effectif, ce qui entraîne un épuisement professionnel général", a déclaré à l’AFP, Dele Abullahi, le président de l’association nigériane des médecins résidents (NARS) et médecin généraliste à l’Université d’Ilorin Teaching Hospital dans le sud-ouest du Nigeria. En 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a placé le Nigeria sur sa liste rouge des Etats confrontés à une grave pénurie de personnels de la santé.
"Les soignants se dirigent majoritairement vers le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis, mais aussi de plus en plus dans des pays du Moyen-Orient comme l’Arabie saoudite. Ils vont aussi en Scandinavie", détaille Moses Onwubuya. Selon le Centre de recherche et de projets sur le développement (DRPC), une organisation à but non lucratif basée au Nigeria, près de 5.000 médecins ont déménagé au Royaume-Uni entre 2015 et 2021.
Fuite des cerveaux
Pour tenter de limiter la fuite des cerveaux, le député Ganiyu Johnson a proposé une loi en 2023 obligeant les diplômés en médecine à travailler pendant cinq ans au Nigeria, avant d'obtenir leur autorisation d'exercer complète.
Rejetée en bloc par les associations de médecins, cette proposition de loi n’a toujours pas été adoptée par les parlementaires. Du côté des infirmiers, la législation a changé depuis le 1er mars, les obligeant à exercer au moins deux ans au Nigeria avant de pouvoir quitter le pays.
"Il faut augmenter les salaires, acheter du matériel, rénover les hôpitaux, mettre en place des bourses d’études pour les étudiants. C’est ce que doit faire le gouvernement", a déclaré à l’AFP Stella Naomi Oluwadare, infirmière dentaire qui affirme gagner 250.000 nairas (200 euros) par mois avec dix ans d'expérience. Cette mère de famille de trois enfants s'apprête à rejoindre cet été son époux orthodontiste qui a émigré au Canada en 2022.
Pour Chomas Abiodun, 35 ans, infirmière généraliste dans un hôpital privé dans le nord de Lagos, la situation actuelle du corps médical met en danger la formation des prochaines générations d’étudiants. "Si tous les professionnels qualifiés quittent le pays, qui va enseigner dans les écoles et encadrer les jeunes lors de leurs stages dans les hôpitaux ? Quelque chose doit changer", s’inquiète-t-elle.
Le ministre de la Santé s’est engagé en mars à se pencher sur le sort des professionnels de la santé, en commençant par envisager une augmentation de leurs salaires.