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2 décembre 2024
International
par Zak Alfa Diallo
QUAND LE FOOT ET LES RÉSEAUX SOCIAUX CACHENT UNE XÉNOPHOBIE RAMPANTE
La popularisation de la parole xénophobe qui indexe le Peul Fouta ou l’autre comme responsable de son malheur, ce mépris des Peuls Fouta ou « Ndring » relèvent d’une mécanique d’extrême droitisation de la société sénégalaise
Elle est loin l’époque où les tribunes débordaient d’une saine rivalité lors des matches entre les Lions et le Syli national de Guinée. Loin, cette ère, quelque peu bon enfant, où même un derby entre le grand Hafia Football Club de Conakry et le Jaraaf de Dakar, quoique transpirant les petites querelles idéologiques entre Senghor et Sékou Touré, était avant tout une fête fraternelle du football ouest-africain.
C’est vrai qu’entre temps, il y a les réseaux sociaux, son côté trivial et bestial, l’amplification digitale de la rivalité et le fait que des imbéciles, qui n’osaient pas s’exprimer en public, ont désormais une liberté totale et des moyens de communication à leur disposition, véhiculant le mépris voire la haine entre les supporters des deux pays frères.
La défaite inattendue du Sénégal face à la Côte d’Ivoire en 8èmes de finale de la CAN 2023 a déclenché une série de réactions exacerbées de la part des Camerounais, de Congolais et du voisin guinéen. Comme du reste l’ont fait les aficionados sénégalais lors des victoires de la bande à Sadio Mané contre le Syli et les Lions indomptables. Mais apparemment pour certains Dakarois, des Guinéens sont « ingrats » de chambrer les Sénégalais, ce peuple de la « Téranga » accueillant des « millions de Guinéens ».
Parmi les perles avancées sur les réseaux sociaux, certains reprochent aux Guinéens d’avoir « jubilé (sic) lors de la défaite du Sénégal contre la Côte d’Ivoire ». « Ce sont des choses qu’aucun étranger n’ose faire nulle part dans le monde », s’est avancé un éclairé du web.
« Les Guinéens raflent maintenant tout ce qu’il y a des terrains ou de maisons à vendre en banlieue dakaroise. Dans moins de dix ans, ils constitueront un tiers de la population du Sénégal », note également ce « démographe » des quartiers, insistant sur cette future « bombe démographique ».
Pétition pour exiger une carte de séjour aux Guinéens au Sénégal
« Nous n’avons rien en commun avec la Guinée et sincèrement je ne veux rien avoir en commun avec ces gens-là », fait remarquer un autre inculte à la critique facile. D’autres iront même plus loin en prônant le boycott du Guinéen, avec comme « première étape, d’arrêter d’acheter dans les boutiques de ces minables ». Ce sont-là certains des sortilèges lus sur Seneweb.
Cette phraséologie de tous les excès reproduit finalement un discours du désordre, une version tropicalisée de la soi-disant théorie du « grand remplacement », avec une population « sénégalaise » de souche menacée par les Peuls originaires de la Guinée Conakry. « Faites un tour dans les hôpitaux notamment à Abass Ndao, vous verrez que 95% des accouchements, ce sont des Guinéennes », fait remarquer ce « Zemmour » de la Gueule Tapée qui se fait courageusement appeler « Boy Dakar » sur les réseaux sociaux.
Et dans ce combat pour véhiculer cette idéologie si chère à Renaud Camus, certains illuminés du web, de sinistres personnages et « influenceurs du dimanche » en réalité, ont ainsi lancé une pétition pour le vote d’une loi dont l’objectif hautement salvateur est d’exiger la carte de séjour aux seuls Guinéens. Au mépris des textes de la CEDEAO.
Cette pétition d’une abjection sans nom est le dernier acte d’une xénophobie rampante au pays de Senghor. Le Peul-Fouta bashing ne cesse de prospérer ces dernières années, de fleurir comme une mauvaise herbe domestiquée par ces nouveaux chantres du chaos, héritiers de cette inculture tout en paille et en flammes notée lors des tragiques événements sénégalo-mauritaniens de 1989. Et parfois à des niveaux insoupçonnés.
De plus en plus, la parole xénophobe se libère et même, parfois, se banalise sur certaines plateformes et réseaux sociaux. Les sites d’info et les réseaux sociaux sont finalement devenus un défouloir pour l’intolérance et la haine.
La tactique nauséeuse ou quand le Premier ministre est désigné Amadou Oury Ba
Une situation qui n’épargne même pas de hauts fonctionnaires et certains responsables de l’opposition, qui ne cessent d’appeler le candidat du pouvoir, Amadou Oury Ba ou Amadou Diouldé Ba. L’allusion est claire et la tactique nauséeuse. Dangereuse. Certaines franges « patriotes » ou « nationalistes » profitent d’ailleurs de cette séquence sportive ivoirienne pour tenter de diaboliser le Premier ministre. Comme le dit si bien un ami et frère sénégalo-guinéen, le match de foot et les incidents rapportés sont juste des prétextes qui exacerbent une intolérance à peine enfouie.
Par ailleurs, c’est comme si l’odeur du pétrole et du gaz récemment suscite un espoir de prospérité démesuré chez certains compatriotes qui pensent que les Peuls Fouta vont les envahir davantage si un autre peul prend le pouvoir.
En fait, l’habitude fait tomber dans une triste banalité cette xénophobie rampante. Au point de ne choquer personne. Surtout dans une société dans laquelle l’art de l’esquive fait recette.
A ce sujet, j’ai été choqué par le silence de justes quand un ancien parlementaire s’est avancé, un dimanche 31 mai 2021, dans un délire verbal qui justifie son ignorance derrière des airs savants. « Prenez aussi l’exemple des Guinéens, leur reviennent les petites boutiques de quartier alors qu’ils n’habitent pas ici. Au moindre accroc, ils vont rentrer chez eux », avait-il ânonné. En toute impunité.
Alors comment s’étonner de voir le nombre exponentiel de « likes » chez « Tons TikTok » ou de reprises lors de passages nauséabonds de l’infect Tahirou Sarr dans certains médias en ligne.
L’art de l’esquive
Au rythme où cette « bêtise humaine » gagne en viralité, l’urgence réclame ne plus brider notre capacité d’indignation, de s’ériger en toute responsabilité et en toute intelligence face à cette ignominie galopante dont les conséquences pourraient se révéler désastreuses. Car au lieu d’esquiver, rien de plus indispensable que de démasquer la xénophobie dans toutes ses formes. La tâche est d’autant moins aisée que, de nos jours et dans nos pays africains, personne n’ose s’afficher ouvertement xénophobe.
Dès lors, ce chancre ne défigure clairement aucun visage et, à la moindre trace du mal, des alibis innombrables sont à la disposition de chacun. Or, sous la surface polie et les convenances, nos sociétés de Saint Louis au Cap Skirring, et de Bakel à Dakar ne manquent pas de se multiplier les signes et les gestes de l’exclusion, ou d’entretenir préjugés d’où peut s’épanouir la tige vénéneuse de cette xénophobie anti peule.
La popularisation de la parole xénophobe qui indexe le Peul Fouta ou l’autre comme responsable de son malheur, la critique avec comme moteur la citoyenneté, ce mépris des Peuls Fouta ou « Ndring », comme certains les appellent parfois avec dédain, relèvent forcément d’une mécanique d’extrême droitisation de la société sénégalaise. S’en prendre aux Peuls Fouta, c’est oublier la sénégalité de millions d’entre eux sur des « supposés critères parfaitement aléatoires ». Ce qui constitue un grand danger pour l’unité nationale.
Plus largement, ces propos nauséabonds distillés ici et là sont finalement le fruit « d’une modernité qui nie notre culture et son histoire ». Tout simplement, et oubliant au passage que la « Téranga » est le socle de la nation sénégalaise.
Pour les Sénégalais d’origine guinéenne, ainsi que tous les sénégalais épris de paix, c’est un devoir de lutter contre ces discours haineux, qui constituent une menace sérieuse pour la paix et la cohésion sociale que nous chérissons tant. Car le pays de Senghor et Cheikh Anta Diop mérite un vivre-ensemble harmonieux et heureux, où la diversité s’exprimerait dans une belle intelligence sociale. Et sportive.
Zak Alfa Diallo est Journaliste, Suisse romande.
BURKINA, DES PRÉLÈVEMENTS SUR LES SALAIRES POUR FINANCER LA GUERRE
Pour contribuer à l’effort de guerre, le gouvernement burkinabè va prélever un pourcentage du salaire de tous les travailleurs du public et du privé et des primes des travailleurs des départements ministériels, des sociétés d’Etat...
Pour contribuer à l’effort de guerre, le gouvernement burkinabè va prélever un pourcentage du salaire de tous les travailleurs du public et du privé et des primes des travailleurs des départements ministériels, des sociétés d’Etat et des Établissements publics. Une mesure diversement appréciée dans un contexte d’inflation et de taxation de certains produits.
Texte La décision a été prise en conseil des ministres début janvier d’instituer une retenue obligatoire sur les rémunérations des agents publics et des travailleurs du secteur privé. 1% sur le salaire net des travailleurs du public comme ceux du privé et 25% sur les primes des travailleurs du public. La décision entre immédiatement en vigueur. À Ouagadougou, les réactions sont mitigées.
"Ce prélèvement, je me dis que c’est de trop, vu la situation que traversent les Burkinabè. Pour joindre même les deux bouts, c’est très difficile. C’est bien de prélever mais est-ce que ça va servir ? Avec les taxes qui sont déjà prélevées, nous n’avons pas un point", a dit Bertin Kaboré, informaticien.
"Le prélèvement des 1%, je suis d’accord mais il sera vraiment bien de nous faire le bilan de ce qu’ils récoltent par mois et où va le 1%. Ça sera bien pour nous citoyens de ce pays. Un bilan clair pour savoir le prélèvement a servi à quoi et quoi", a affirmé Valentin Bouto, chercheur.
"Nous sommes très conscients en tant que peuple que c’est nous qui devons faire notre guerre. Ce prélèvement, ce n’est pas arbitraire. C’est une contribution de la part du peuple pour défendre le territoire national", a dit Lionel Konseibo, étudiant.
Si toutefois les prix des produits vont rester en baisse, le consommateur ne va pas tellement ressentir ces prélèvements selon des économistes.
"Ces prélèvements vont contribuer à diminuer le revenu disponible pour les ménages pour les consommateurs. On est tout à fait d’accord. Ce qu’il faut savoir, il faut tenir compte du niveau des prix pour estimer et voir si ça va baisser ou pas, le pouvoir d’achat du consommateur. De façon générale ces derniers temps, au Burkina, il y a une forte baisse des prix surtout au niveau des produits alimentaires. On peut se dire oui, le salaire baisse mais si en même temps niveau général des prix baisse, en réalité le pouvoir d’achat reste inchangé. Le consommateur peut ne pas ressentir cette baisser. Mais il faudrait que la baisse du niveau des prix soit plus que les prélèvements qui sont sur les salaires", a expliqué Dr Abdoulaye Siri, économiste, enseignant-chercheur à l’université de Ouagadougou.
Le ministère de l’Economie, invite les employeurs du secteur privé à déclarer et reverser les prélèvements auprès des services de la Direction générale des impôts. Pour les employeurs du secteur public, ces prélèvements doivent être reversés dans les comptes Trésor du Fonds de Soutien Patriotique au plus tard le 5 du mois suivant celui au titre duquel ils ont été effectués.
LA CHAINE TV FRANCE 2 SUSPENDUE AU MALI
Au Mali, la HAC (Haute Autorité de Communication du Mali) a décidé, 30 janvier 2024, de retirer les services de la chaîne TV FRANCE 2 des bouquets de tous les distributeurs de services de radiodiffusion sonore ou télévisuelle autorisés au Mali pour 4 mois
Au Mali, la HAC (Haute Autorité de Communication du Mali) a décidé, 30 janvier 2024, de retirer les services de la chaîne TV FRANCE 2 des bouquets de tous les distributeurs de services de radiodiffusion sonore ou télévisuelle autorisés au Mali pour une période de 04 mois.
Pour « apologie du terrorisme dans un reportage diffusé le 20 janvier 2024 sur la situation sécuritaire au Mali », la Haute Autorité de Communication du Mali (HAC), dans une décision en date du 30 janvier 2024, a décidé de retirer les services de la TV FRANCE 2 des bouquets de tous les distributeurs de services de radiodiffusion sonore et télévisuelle autorisés au Mali pour une période de quatre (4) mois.
« Cette décision fait suite à des manquements graves à l’éthique et à la déontologie de la profession survenus le 20 janvier 2024, notamment le manque d’équilibre de l’information et l’apologie du terrorisme dans le but de démoraliser les militaires et les populations. » peut-on lire dans la note signé par Gaoussou Coulibaly, Président de la Haute Autorité de la Communication. « La HAC invite les distributeurs à mettre en œuvre cette décision immédiatement » ajoute le communiqué.
« Mali : les attaques de groupes djihadistes se multiplient depuis le départ des troupes françaises »
Le reportage incriminé est intitulé « Mali : les attaques de groupes djihadistes se multiplient depuis le départ des troupes françaises ». « Depuis le départ des troupes françaises au Mali en 2022, le nombre d’attaques djihadistes s’est multiplié. Des attaques qui ciblent donc les civils, mais également le cœur du pouvoir malien. » a déclaré la chaine.
DÉCÈS DU PHILOSOPHE BÉNINOIS PAULIN HOUTONDJI
Une perte pour la philosophie africaine. Le professeur Paulin Hountondji n’est plus. Il s’est éteint ce matin à l’âge de 82 ans des suites d’une maladie.
Une perte pour la philosophie africaine. Le professeur Paulin Hountondji n’est plus. Il s’est éteint ce matin à l’âge de 82 ans des suites d’une maladie. «Il a répondu à l’appel du père céleste ce vendredi 2 février 2024», a confié le président de l’Association des journalistes et communicateurs de l’Eglise protestante méthodiste du Bénin (Ajcpmb) au journal Bénin Intelligent.
Selon Etienne Houessou, la mort du professeur Hountondji, chrétien protestant méthodiste, est survenue un jour très symbolique car l’universitaire devrait participer ce jour même à l’Assemblée générale des laïcs de l’Église. C’est une rencontre qui vise à dénouer la crise qui secoue actuellement, a rapporté le journal.
Depuis 1970, Paulin Hountondji enseigne la philosophie à l’Université d’Abomey-Calavi. Ce qui fait de lui l’une des figures universitaires les plus importantes au niveau national qu’international. Le professeur Paulin Hountondji n’est pas que philosophe. C’est aussi un homme politique puisqu’après la conférence des forces vives de la Nation, le Président Nicéphore Soglo lui fit appel dans son gouvernement où le ministère de l’Éducation lui a été confié (1990-1991) et puis celui de la culture et des communications (1991-1993). Nommé chargé de mission de Président Soglo, Paulin Hountondji jette l’éponge en octobre 1994.
Né en 1942 à Abidjan (Côte d’Ivoire), le professeur Paulin Hountondji est un ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris, agrégé de philosophie, docteur ès lettres. En dehors de l’Uac, il a enseigné aux universités de Besançon, Kinshasa, Lubumbashi. Il est membre fondateur du Conseil Inter-Africain de Philosophie (CIAP) dont la revue scientifique Conséquences n’a eu qu’un seul numéro.
Le défunt a publié plusieurs ouvrages dont «La philosophie africaine» et «Economie et société au Bénin». L’agrégé de philosophie a été distingué comme Grand officier de l’ordre du Bénin et fait commandeur des Palmes Académiques. Le professeur Hountondji a reçu le prix de la Fondation Prince Claus des Pays-Bas.
LA COUR CONSTITUTIONNELLE GABONNAISE ANNULE LA NOMINATION DE MARIE MADELEINE MBORANTSUO
Au Gabon, la Cour constitutionnelle a annulé ce 2 février la nomination de son ex-patronne de 1991 à 2023 à un poste de présidente honoraire. Marie-Madeleine Mborantsuo était vue comme un pilier du pouvoir dirigé par la famille Bongo.
Au Gabon, la Cour constitutionnelle a annulé ce 2 février la nomination de son ex-patronne de 1991 à 2023 à un poste de présidente honoraire. Marie-Madeleine Mborantsuo était vue comme un pilier du pouvoir dirigé par la famille Bongo.
La déclaration sonne comme un désaveu : au Gabon, la Cour constitutionnelle vient d’annoncer qu’elle annulait la nomination de Marie-Madeleine Mborantsuo à la fonction de présidente honoraire. La magistrate avait été à la tête de la plus haute juridiction du pays pendant plus de 30 ans. Elle était vue comme un pilier du pouvoir.
Pour se justifier, la Cour affirme que des « vices de procédures, de forme et de fond ont été constatés dans la délibération » qui a nommé Marie-Madeleine Mborantsuo à la présidence honoraire. C’est ce qu’a déclaré ce 2 février Christian Bignoumba Fernandes, le doyen des juges de la Cour constitutionnelle, dans un texte lu à la télévision nationale. Le magistrat a expliqué que cette fameuse délibération ne figurait pas dans « les minutes du greffe » de la cour. Par conséquent, l’institution judiciaire « déclare nulle et non avenue ladite délibération », a conclu le juge.
Au passage, on apprend dans cette allocution que la « dame de fer » – comme on l’appelait – avait été discrètement nommée le 2 septembre 2023. Mais l’information n’avait filtré que la semaine dernière, notamment dans la presse, et lorsque dans son discours de rentrée judiciaire, Dieudonné Aba’A Owono, le successeur de Marie-Madeleine Mborantsuo, avait salué l’ancienne juge, précisant ses nouvelles attributions.
La raison du rétropédalage de la Cour est encore floue. Néanmoins, on sait que la pression politique était forte depuis cette nomination. Sur les réseaux sociaux et au sein de la classe politique, beaucoup accusaient les autorités de transition de dévoyer l’esprit du coup d’État d’août dernier, de maintenir un pilier de l’ancien régime dans des fonctions, certes honorifiques, mais qui confèrent certains avantages : couverture santé, frais de voyage, véhicule de fonction… Marie-Madeleine Mborantsuo est également vue comme un symbole de l’ancien pouvoir. Elle avait systématiquement validé les élections présidentielles, même les plus contestées, permettant aux Bongo de se maintenir à la présidence.
Selon la loi, Marie-Madeleine Mborantsuo a le droit de devenir présidente honoraire. Mais pour obtenir ce statut, sa notoriété doit avoir été reconnue par ses pairs ou le président de la transition. Étant donné son rôle sulfureux, certains se demandaient donc si la présidence honoraire était méritée.
LES PASSAGERS FRANÇAIS DESORMAIS PERSONA NON GRATA A L’AEROPORT DE NIAMEY?
Au Niger, plusieurs ressortissants français ont été refoulés à leur arrivée à l’aéroport de Niamey, ces derniers jours, même s’ils étaient en possession de documents en règle. Les Français sont-ils désormais persona non grata au Niger ?
Au Niger, plusieurs ressortissants français ont été refoulés à leur arrivée à l’aéroport de Niamey, ces derniers jours, même s’ils étaient en possession de documents en règle. Les Français sont-ils désormais persona non grata au Niger ? C’est ce que semblait indiquer un document d’Air Burkina qui circulait le 1er février 2024. Mais la direction de la compagnie aérienne a démenti dans la soirée. Détails.
La compagnie aérienne Air Burkina dément être à l’origine de ce document, mais ne dit pas s’il est possible ou non d’embarquer des Français à destination de Niamey. Une réaction au document qui circulait le 1er février 2024, présenté comme une note interne de la compagnie.
On pouvait y lire que « selon les autorités nigériennes, tout passager de nationalité française n’est plus autorisé à rentrer sur le territoire nigérien » et ne sera donc plus accepté sur les vols vers cette destination. Des sources internes à Air Burkina l’avaient authentifiée auprès de RFI.
Selon une source proche du pouvoir nigérien, il n’existe pas de consigne officielle
À Royal Air Maroc, on indique qu’il faut une autorisation spéciale des autorités du Niger depuis près d’une semaine pour les passagers français.
Selon une source proche du pouvoir nigérien, il n’existe pas de consigne officielle. Mais cette source constate que la police refoule en effet des Français depuis quelques jours à l’aéroport de Niamey.
RFI a confirmé au moins cinq cas, dont l’un en possession d’un passeport diplomatique des Nations unies. S’agit-il d’une mesure de réciprocité, comme l’affirme cette même source ? Paris a notamment annulé les visas de plusieurs personnalités nigériennes qui émettaient des positions critiques envers la France.
PAR Khandiou
FIN DE L'ILLUSION D'UNE CEDEAO DES PEUPLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Depuis quelques années, on assiste à la montée du nationalisme dans nombre d’États membres. Au niveau de l’élite politique, on note une absence de leadership au sein de cette organisation créée depuis 1975
La décision est qualifiée par une grande partie de l’opinion de malheureuse, de n’être ni dans l’intérêt de ceux qui restent dans la CEDEAO, ni dans l’intérêt de ceux qui sont sortis, le Niger, le Burkina Faso et le Mali regroupés dans un cadre dénommé l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Les conséquences lourdes dont les civils seraient les premières victimes sont souvent évoquées. Comme elles l’ont été déjà depuis l’embargo imposé à l’AES au lendemain des putschs militaires.
Quid des coups d’Etat constitutionnel et institutionnel qui ont fait le lit de tout ce désordre en Afrique de l’Ouest déjà fortement éprouvé par le péril terroriste, les changements climatiques, les épidémies, etc. ? Nous en reparlerons plus bas.
La CEDEAO des peuples clamée sur tous les toits est une réalité de façade. D’abord l’épidémies d’Ebola en 2015 concentrée notamment en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, puis la pandémie à Covid-19, ont montré à quel point le multilatéralisme et la solidarité ne sont qu’un vœu pieux. Au contact de la réalité, les faits sont tout autres.
Ne nous voilons point la face.
Depuis quelques années, on assiste à la montée de ce qui s'apparente à du nationalisme dans nombre d’États membres de la CEDEAO. La démographie galopante, combinée à la pauvreté à cause du chômage des jeunes notamment, irritent de plus en plus les populations. Les exemples de scènes de xénophobie en Afrique du Sud contre les Nigérians, et plus près de nous, les mêmes actes entre Burkinabè et Ivoiriens, en sont quelques illustrations. La circulation des personnes et des biens, obligatoire en vertu du protocole de la CEDEAO sur la question, ne connait pas une application rigoureuse. La célèbre phrase qui veut qu'"en Afrique on est partout chez soi" s’effrite chaque jour un peu plus. Le nationalisme est de plus en plus chuchoté, avec pudeur, même dans le cercle des intellectuels africains qui ne croient presque plus aux idéaux d’une Afrique unie. La vocation première de la CEDEAO, soulignons-le, était de mettre en œuvre des politiques cohérentes pour une intégration économique de ses Etats membres.
Au niveau de l’élite politique, on note une absence de leadership au sein de cette organisation créée depuis 1975. S'y ajoute une division issue, entre autres, et plus récemment, des sanctions de la CEDEAO contre les régimes militaires dans la région. Des sanctions qui visent d’abord les populations civiles, faut-il le rappeler.
Mais comment ses militaires sont parvenus à s’imposer dans leur pays respectif et semblent recueillir l’adhésion et le soutien des populations ? Les scènes de liesse populaire qui accompagnent les chutes de régimes civiles, au Burkina Faso, au Niger et au Mali renseignent suffisamment sur la rupture profonde et le manque de confiance de ces populations vis-à-vis de leur gouvernant, de l’élite politique plus généralement.
Le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, pourtant document de référence, est peu ou pas considéré par les dirigeants qui, au lieu de mettre en place des mécanismes juridiques, réglementaires et législatifs pour son application effective, trouvent toujours les moyens de rester au pouvoir au-delà de leurs mandats légaux. Des actes anticonstitutionnels qui ne sont presque jamais condamnés par la CEDEAO désormais considérée comme une organisation moribonde, au service de puissances étrangères, la France plus précisément.
Constat : les mécanismes régionaux au sein de la CEDEAO ont montré leurs limites dans de nombreuses situations. Souvenons-nous-en, alors que le Mali et tout le Sahel étaient menacés en 2012 par des groupes armés terroristes, l’organisation n’a pas pu apporter avec célérité une réponse forte et coordonnée à la hauteur de la menace, montrant ainsi des défaillances profondes dans les systèmes de défense collective. Ce qui a été à l’origine de l’intervention de la France rejointe par d’autres puissances et finalement de ce bousculement de forces étrangères dans le Sahel.
Que nos dirigeants se le tiennent pour dit. L’Afrique, sa population, ses armées, ne nourrissent plus de complexes vis-à-vis de l’Occident. Les temps ont changé. Plus rien ne se décidera sur le dos des Africains de plus en plus conscients que tout ce qui se fait sans eux est contre eux, conscients également que leurs nombreuses ressources minérales et leur forte et jeune démographie pèsent sur la balance.
C’est aussi une question de dignité.
Mon avis est qu’il nous faut de grands chocs pour après rebâtir de bonnes choses avec et pour nos populations. La souveraineté ne se proclame pas. On doit aussi mettre en place des réformes endogènes, structurantes et résilientes pour faire face aux chocs exogènes. Nous devons prendre notre destin en main. Ce ne sera pas facile. Nous n'en verrons certainement pas les résultats immédiats. Mais l’avenir et la dignité des générations futures en dépendent.
LE PARI RISQUÉ DE BBY ET DU PDS
En s'appuyant sur l'article 52 de la Constitution, ils espèrent créer les conditions d'un report de la présidentielle afin que le président use de ses pouvoirs exceptionnels pour décider seul du sort du processus électoral
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui avait demandé et obtenu sa commission d’enquête parlementaire pour enquêter sur les conditions d’invalidation de son candidat Karim Wade grâce au soutien de Benno exige aujourd’hui le report de la présidentielle, l’activation de l’article 52 de la Constitution étant en ligne de mire. Depuis l’indépendance, le Sénégal qui est à sa 13ème élection présidentielle a toujours organisé à date échue ce scrutin.
«Notre prochaine lutte, c’est le report de la présidentielle». C’est le message sans ambigu partagé sur les réseaux sociaux par Karim Wade, candidat recalé de la « coalition Karim 2024 » pour la présidentielle du 25 février prochain, après l’adoption par 120 députés du projet de constitution de la Commission d’enquête parlementaire chargée d’éclairer les accusations portées sur des membres du Conseil constitutionnel. Lors des discussions générales qui ont précédé ce vote historique, plusieurs parlementaires membres du groupe parlementaire « Liberté démocratie et changement » du Parti démocratique sénégalais (Pds) mais aussi du groupe de la majorité, Benno Bokk Yakaar, avaient également entonné le même refrain « de report de la présidentielle » dans l’hémicycle.
À vingt-trois jours de la date de la tenue du scrutin, l’ambition des partisans de l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, et ceux de son successeur Macky Sall semblerait donc de passer par cette Commission parlementaire pour créer les conditions d’un report de cette 13e élection présidentielle de l’histoire politique de la République. Et ce, en provoquant une crise institutionnelle, entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire pour permettre au Président de la République de disposer de ses pouvoirs exceptionnels par l’activation de l’article 52 de la Constitution et pouvoir décider tout seul du sort du processus électoral en cours.
En effet, cet article 52 de la Constitution dispose : « Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu, le Président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels. Il peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions et à assurer la sauvegarde de la Nation. Il ne peut, en vertu des pouvoirs exceptionnels, procéder à une révision constitutionnelle».
Cette ambition de reporter l’élection présidentielle pour ces deux blocs politiques (Benno conduit et le Pds) est sans précédent. En effet, depuis son indépendance, le Sénégal a toujours organisé à date échue son élection présidentielle. L’autre défi qui se dresse devant cette ambition du régime en place et son nouvel allié réside dans l’avis ou la décision rendue par le Conseil constitutionnel sur le projet de réforme constitutionnelle de 2016 concernant le point relatif à la réduction de la durée du mandat du président de la République de 7 à 5 ans. En effet, à l’époque, les « Cinq sages » avaient justifié leur refus de cautionner cet engagement du chef de l’État, Macky Sall, au motif que la durée de ce mandat, «préalablement fixée dans le temps, et par essence intangible, est hors de portée de la loi nouvelle». Aujourd’hui, avec l’inscription de cette durée du mandat du président de la République dans le chapitre des clauses d’éternité, personne ne peut toucher au nombre et à la durée du mandat du président de la République. Et reporter la date de l’élection présidentielle violerait cette clause d’intangibilité qui fixe la durée du mandat à cinq ans renouvelable une seule fois.
BURKINA FASO, LE CAPITAINE TRAORÉ N’EXCLUT PAS LE DÉPLOIEMENT DE TROUPES RUSSES SUR LE TERRAIN
Le chef de l’Etat burkinabé a admis que des troupes russes pourraient être déployées sur le terrain pour combattre les djihadistes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, si nécessaire.
“Cent spécialistes militaires russes sont arrivés dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou”. Cette annonce avait été publiée, mercredi 24 janvier, par des canaux Telegram proches des renseignements russes. Le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Burkina Faso, a démenti mardi les informations sur la présence de ces mercenaires russes sur les lignes de front, dans la guerre de son pays contre les groupes armés.
Mais le chef de l’Etat burkinabé a admis que des troupes russes pourraient être déployées sur le terrain pour combattre les djihadistes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, si nécessaire. Comme le Niger et le Mali, le Burkina Faso est tourné vers Moscou pour une coopération militaire et économique à la suite de la détérioration des liens avec son allié traditionnel, la France.
FIN DE VOYAGE POUR LES FRANÇAIS VERS NIAMEY
Des compagnies aériennes comme Air Burkina ou Royal Air Maroc ont décidé d'interdire l'embarquement de passagers de nationalité française à destination du Niger
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 01/02/2024
Selon des informations obtenues mercredi par l'Agence France-Presse (AFP) auprès de sources aéroportuaires, des compagnies aériennes comme Air Burkina ou Royal Air Maroc ont décidé d'interdire l'embarquement de passagers de nationalité française à destination de Niamey, la capitale du Niger.
"Selon les autorités nigériennes, tout passager de nationalité française n’est plus autorisé à rentrer sur le territoire nigérien, par conséquent ces derniers ne seront plus acceptés sur nos vols sur cette destination", indique une note interne d’Air Burkina consultée par l'AFP. De son côté, Royal Air Maroc a confirmé à l'AFP que "les passagers français à destination de Niamey ne peuvent plus embarquer à bord [de ses avions] sans autorisation spéciale des autorités nigériennes".
Ces dernières semaines, plusieurs Français se sont également vu refuser l'embarquement à leur arrivée à l'aéroport de Niamey, selon des sources aéroportuaires citées par le journal Le Parisien.
Ces décisions interviennent dans un contexte de dégradation des relations entre la France et le Niger, dirigé depuis juillet par une junte militaire. Celle-ci avait rapidement exigé le départ des soldats français déployés contre les djihadistes et dénoncé des accords de défense avec Paris. L'ambassadeur de France avait quitté le pays fin septembre et l'ambassade a officiellement fermé ses portes début janvier, continuant ses activités depuis Paris, selon les ministères français et nigériens des Affaires étrangères.