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30 novembre 2024
International
DEMAIN SÉNÉGAL APPELLE AU RESPECT DE LA CONSTITUTION
L'association citoyenne dénonce une violation "indiscutable" de la loi fondamentale sénégalaise et appelle à la vigilance contre toute "subversion" démocratique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
L'association Demain Sénégal, une structure de la société civile sénégalaise, a fait part de sa "profonde consternation" face à l'annulation de l'élection présidentielle du 25 février 2024 par le président Macky Sall. Dans une déclaration rendue publique le 4 février, l'association dénonce une "violation indiscutable" de la Constitution sénégalaise.
Pour Demain Sénégal, cette décision "qui est une première regrettable dans l’histoire politique de notre pays, bafoue la volonté du peuple sénégalais et son droit souverain à des élections libres et équitables, ainsi que la stabilité démocratique que notre pays a chèrement acquise au fil des années". L'association estime qu'elle "va à l'encontre des principes démocratiques, de l'État de droit, et viole les engagements internationaux ainsi que les normes constitutionnelles de notre nation".
Citant directement la Constitution sénégalaise, Demain Sénégal souligne que "la démocratie sénégalaise se fonde sur le pluralisme politique, la séparation des pouvoirs, et le respect des échéances électorales" et qu'"aucun individu, aucun parti politique, aucune institution n'a le droit de se substituer à la volonté souveraine de la population qui s’exprime par les urnes".
Dans cette déclaration signée par une centaine de personnalités membres, l'association "renouvelle (son) appel à la vigilance et à l'action contre cette subversion de nos institutions démocratiques" et "exhorte le gouvernement et appelle les partis politiques, l’Assemblée nationale, la société civile et tout le peuple sénégalais à s’accorder" notamment sur le maintien du processus électoral et le respect du calendrier prévu.
Fondée en décembre 2021, Demain Sénégal se présente comme une association non partisane de la société civile ayant pour mission de contribuer au développement du Sénégal sur des piliers comme l'état de droit, la santé, l'éducation ou encore l'emploi. Elle dit s'être donnée pour objectif de recueillir les attentes des citoyens et de faire des propositions aux futurs candidats à la présidentielle de 2024.
POUR THE ECONOMIST, LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE NE TIENT PLUS QU'À UN FIL
Selon l'influente publication britannique, le report de l'élection par Macky Sall constitue un coup dur et jette un trouble important sur l'avenir du pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 04/02/2024
Selon le magazine britannique The Economist, la démocratie sénégalaise ne tient plus qu'à un fil. En effet, juste quelques semaines avant l'élection présidentielle prévue le 25 février, le président Macky Sall a annoncé son report sans donner de nouvelle date.
Cette décision a provoqué une crise constitutionnelle majeure et porté un coup dur à la démocratie en Afrique de l'Ouest aux yeux de The Economist. L'opposition sénégalaise a vivement réagi, à l'image de Khalifa Sall, qui a dénoncé "un coup d'État constitutionnel". Un autre candidat, Thierno Alassane Sall, cité par l'hebdomaire, a quant à lui évoqué "une haute trahison".
Pourtant, le Sénégal était longtemps considéré comme un modèle de stabilité et de démocratie dans la région. Contrairement à de nombreux autres pays ouest-africains, il avait su éviter les guerres civiles et les coups d'État militaires. The Economist souligne également que le pays a toujours organisé des élections de manière pacifique jusqu'à présent.
Mais pour le magazine, la crédibilité démocratique de Macky Sall a commencé à s'effriter ces dernières années, avec une restriction des libertés au Sénégal. Le report du scrutin, sans indication de calendrier, laisse craindre selon The Economist que le président cherche en réalité à s'accrocher au pouvoir au-delà de son mandat, qui expire le 2 avril prochain.
Dans ce contexte dangereux pour la démocratie sénégalaise, l'avenir politique du pays apparaît plus qu'incertain. Pour The Economist, la démocratie exemplaire du Sénégal ne tient désormais plus qu'à un fil, Macky Sall semblant prêt à enfreindre la constitution pour rester au pouvoir.
SURSAUT CITOYEN DÉNONCE LE COUP DE FORCE DE MACKY SALL
"Les arguments avancés pour justifier cet acte sans précédent, lourd de conséquences pour la stabilité du pays, sont peu convaincants. Le président remet en cause de manière fondamentale la souveraineté du peuple"
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'organisation citoyenne Sursaut citoyen reçu ce dimanche 4 février à propos de la situation sociopolitique nationale marquée par le report sine die de la présidentielle :
"À quelques heures seulement de l’ouverture de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, le président Macky Sall a profondément choqué le peuple sénégalais en annonçant sa décision de suspendre par décret le processus électoral qui se déroulait normalement.
Les arguments avancés pour justifier cet acte sans précédent, lourd de conséquences pour la stabilité du pays, sont peu convaincants : une initiative d’un groupe parlementaire exigeant une enquête parlementaire sur une prétendue corruption de deux juges constitutionnels, faussement présentée comme un conflit entre deux institutions de la République, et une certaine « confusion » susceptible, selon lui, d’engendrer des contestations pré- et post-électorales. Ces événements, fabriqués de toutes pièces par le pouvoir en place en complicité avec le PDS, ont servi de prétexte à Macky Sall pour invoquer une « crise institutionnelle » et plonger le Sénégal dans une crise réelle.
Dans son entêtement déraisonnable à vouloir conserver le pouvoir à tout prix, en dépit du cadre légal, Macky Sall n’a montré aucun scrupule à violer les droits collectifs et individuels des citoyens, à forcer l’adoption de décisions électorales et à recourir à une répression sanglante contre toute opposition à sa politique.
Pour ceux qui s'interrogeaient sur la portée de sa logique de violence et de sa gouvernance autocratique, il vient de donner une réponse claire : « Je fais ce que je veux et ne respecte aucune limite ». En définitive, il remet en cause de manière fondamentale la souveraineté du peuple, qui s’exerce par le renouvellement périodique des mandats présidentiels. Il n’est donc pas exagéré de qualifier l’acte commis par Macky Sall de coup d’État institutionnel.
Mais quelle est la raison de cette démarche extrême ? Encore une fois, il est question pour lui de conserver directement ou indirectement le pouvoir pour éviter de rendre des comptes sur de nombreux crimes commis à la tête de l’État. C’est pratiquement une question de survie pour lui. Tous les sondages d'opinion sont unanimes à ce jour pour prédire la défaite du candidat qu’il soutient. Il est évident que, selon lui, ces élections ne doivent pas avoir lieu, quitte à plonger le pays dans le chaos.
Face à cette situation, Sursaut citoyen :
rejette les prétextes fallacieux avancés par Macky pour justifier la suspension du processus électoral ;
condamne fermement le putsch institutionnel qu’il a perpétré ;
s’engage dans l’organisation de la résistance à l’oppression pour éviter au pays de chuter dans le chaos que la suspension du processus électoral semble inévitablement provoquer ;
appelle les citoyens soucieux de démocratie et leurs organisations à participer activement aux luttes populaires pour restaurer la souveraineté du peuple ;
invite les diverses organisations et mouvements citoyens, syndicaux et politiques engagés dans cette bataille à mutualiser leurs ressources pour établir un large front démocratique capable de générer le rapport de force nécessaire à la victoire ;
propose de mettre en place une cellule de réflexion tactique et stratégique chargée de conseiller et d’accompagner le leadership de ce front."
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
LIBÉRALISME AFRICAIN ET DICTATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye Faye et nullement Karim Wade, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir
La famille libérale est au pouvoir depuis 24 ans sur les 50 ans promis par Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, ces libéraux sont tétanisés par la perspective de l’arrivée au pouvoir d’un parti avançant un programme radical et un renouvellement générational. La dernière entourloupe qu’ils poussent n’a rien à voir avec l’invalidation de la candidature de Karim Wade mais plutôt avec la validation de la candidature de Diomaye Faye. Ils pensaient en avoir fini avec le Pastef en écartant Ousmane Sonko et n’ont pas vu venir le tacle de ce dernier.
Ils savent qu’ils vont perdre l’élection et perdre tous leurs privilèges et prébendes. En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye et nullement Karim, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir. C’est à vomir.
Aujourd’hui, le président dans son discours nous dit en 3 minutes : (1) dysfonctionnement des institutions qui ne fonctionnent pas de manière régulière, (2) annulation de l’élection, (3) dialogue et (4) élection inclusive …un de ces jours. Autrement dit, nous sommes en “crise”. Mais en vérité cela relève de son fait.
Car nous savons que nos institutions ont été rendues dysfonctionnelles par les cafouillages d’Abdoulaye Wade qui a introduit des ajustements de salaires arbitraires, décidé de nominations fantaisistes, s’est complu dans un népotisme éhonté, à créer des agences à tour de bras, a installé une corruption généralisée. A telle enseigne que des Assises nationales ont été convoquées et que son successeur nous a promis une gestion sobre et vertueuse.
Si aujourd’hui le président Macky Sall a constaté des dysfonctionnements, il en est pleinement responsable. Ceci étant, en quoi des dysfonctionnements peuvent-ils être assimilés à une crise ? Quand des décisions de justice sont royalement ignorées par la Direction des élections, c’est un dysfonctionnement créé par l’Executif mais ce n’est pas une crise. Quand Macky Sall enjoint à ses hauts fonctionnaires d’aller contester des élections, cela crée des dysfonctionnements dans l’Administration. Quand Macky Sall choisit le président de l’Assemblee nationale en violation du principe de la séparation des pouvoirs, il crée des sources de dysfonctionnements répétitifs. Nous sommes donc habitués depuis le magistère de Macky Sall à un dysfonctionnement des institutions institué en norme de fonctionnement. Ou est la crise ?
Comment peut-il se dédouaner de ses propres turpitudes ? Qui a fermé l’Université ? Qui a décidé du blocus de la Casamance ? Qui a décidé de la fermeture de Wal’Fajiri ? Qui a décidé de l’interdiction systématique de toutes les manifestations pacifiques ? Un régime aux abois.
À défaut du “chaos” tant souhaité, le président nous informe tel un illusionniste de l’existence d’un “chaos institutionnel “ pour justifier sa décision d’annuler l’élection présidentielle.
“Chaos institutionnel “? Il est où ce chaos ? Le Conseil constitutionnel a achevé la première partie de son travail et quelques soient les frustrations ses décisions ne sont pas susceptibles de recours. Donc on avance. Que l’APR et le PDS imposent à l’Assemblée nationale de mettre sur pied une Commission d’enquête sur des accusations qu’ils ont eux mêmes porté sans preuves contre deux membres du Conseil constitutionnel, qu’a cela ne tienne. Allons-y. Où est la crise ? Où est le chaos ?
Il n’y a donc aucune, je répète aucune raison institutionnelle de reporter et à plus forte raison d’annuler l’élection présidentielle. C’est tout simplement une forfaiture, une de plus de la part d’un président qui nous a habitués à ses mensonges, ses trahisons et le mépris dans lequel il tient le peuple sénégalais. De toutes pièces, il manufacture une crise, annule l’élection et nous propose un énième dialogue. A-t-il perdu la raison au point de ne compter que sur la force, la violence et la peur ?
En tous cas, il a décidé de rejoindre le camp des dictateurs africains. Comment ont ils tous fini : la fuite, la prison ou le coup d’État ! Qu’est-ce qui lui fait croire que son sort sera différent ? Parce qu’il est plus intelligent ? S’il était intelligent, il n’aurait pas choisi de verser dans la dictature.
par Abdoulaye Dieye
CE QUE JE SAIS
Ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances la durée des mandats pouvait être réduite ou prolongée
En abrogeant le décret n°2023-2283 portant convocation du corps électoral, le président de la République a reporté sine die la présidentielle prévue le 25 février 2024. Cette décision fondée sur des motifs d’une légèreté inouïe, place le Sénégal dans une ère d’incertitudes et d’interrogations sans réponses.
Qu’adviendra –t-il le 2 avril à l’expiration du mandat actuel ?
Toute idée de prolongation de mandat doit être écartée. D’abord parce que la durée du mandat de cinq ans ne peut faire l’objet de révision aux termes de l’article 103 de la Constitution ; ensuite parce que le Conseil constitutionnel a dit en 2016 que la durée des mandats politiques en cours, régulièrement fixée au moment où ceux-ci ont été conférés (ne) pouvait, quel que soit au demeurant l’objectif recherché, être réduite ou prolongée (Considérant 32 de la « décision » n°1/C/2016). C’est cet argument que le juge constitutionnel avait brandi pour rejeter toute possibilité, pour le président Macky Sall, de réduire son mandat conformément à son engagement. Pour le juge, ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances la durée des mandats pouvait être réduite ou prolongée.
On nous a dit et bien dit en 2016 que le Conseil constitutionnel, même s’il n’est saisi que d’une demande d’avis, statue par des décisions motivées (loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016) et que ses décisions s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles (Article 92 al 3 de la Constitution de 2001), nous devons considérer alors que le Droit a été dit.
Même si la proposition de loi déposée est adoptée, elle ne cherche à modifier que la disposition aux termes de laquelle le scrutin pour l'élection du président de la République a lieu quarante-cinq jours francs au plus et trente jours francs au moins avant la date de l'expiration du mandat du président de la République en fonction.
Peut-être aussi que l’on ira vers l’allongement du délai prévu pour organiser l’élection en cas de démission, le 2 avril du président Sall et, en attendant, faire suppléer le président de la République par le président de l’Assemblée nationale.
C’est bien cet acte de folie d’hier qui va installer le Sénégal dans une crise institutionnelle.
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MACKY SALL JOUE LA MONTRE
En reportant sine die la présidentielle ce samedi 3 février, "le président cherche avant tout à gagner du temps", décrypte Momar Thiam, directeur de l'École des hautes études en communication de Dakar
C'est la douche froide au Sénégal. À la surprise générale, le président Macky Sall a pris la décision inédite d'abroger le décret convoquant le corps électoral et de reporter l'élection présidentielle prévue le 25 février.
Officiellement, Macky Sall évoque un conflit entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. Mais pour beaucoup d'observateurs, ces motifs ne sont pas légitimes.
"Le président cherche avant tout à gagner du temps", décrypte Momar Thiam, directeur de l'École des hautes études en communication de Dakar, dans l'émission Objection de Sud FM.
Les conséquences ne se font pas attendre. Dès l'annonce du report, le secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, a présenté sa démission. L'opposition et la société civile sont vent debout, dénonçant un « coup d'État » institutionnel.
Affaibli, discrédité, Macky Sall joue désormais sa survie politique. Il doit impérativement fixer une nouvelle date d'élection avant la fin de son mandat en avril, sous peine de plonger le Sénégal dans une crise majeure, estime l'invité de Baye Omar Gueye.
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MACKY SALL DANS L’ILLÉGALITÉ APRÈS LE REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE
Le mandat présidentiel en cours prenant fin le 2 avril, le pays se retrouvera dans une situation de vide juridique total si d'ici là l'élection n'a pas eu lieu, indique le chercheur en science politique Maurice Soudieck Dione
Le coup de théâtre est total à Dakar. À trois petites semaines du scrutin présidentiel, le président Macky Sall a annoncé hier le report du vote, évoquant une "situation grave et confuse". Derrière ce prétexte, difficile toutefois de ne pas voir une manœuvre politicienne, selon Maurice Soudieck Dione.
En réalité, cette décision fait suite au rejet par le Conseil constitutionnel de la candidature de Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade et rival désigné de Macky Sall. Le prétexte ? Une double nationalité franco-sénégalaise. S'en est suivie une levée de boucliers du camp Wade, aussitôt soutenu par la majorité présidentielle. Résultat : le scrutin est repoussé sine die.
Conséquence : le mandat de Macky Sall prenant fin le 2 avril, le pays se retrouvera dans une situation de vide juridique total si d'ici là l'élection n'a pas eu lieu, indique le chercheur en science politique et professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis. Le président sortant n'aura alors plus aucune légitimité. Une crise institutionnelle majeure se profile. Les journées à venir seront décisives pour l'avenir de la démocratie sénégalaise.
LE SÉNÉGAL DANS L'IMPASSE APRÈS LE REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE
Le report sine die de l'élection fait l'effet d'une bombe. Une décision sans précédent qui plonge le pays dans la crise. L'opposition crie au coup d'État. Et même les constitutionnalistes dénoncent l'absence de base légale
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 04/02/2024
Le président sénégalais Macky Sall a créé la surprise en annonçant samedi le report sine die de l'élection présidentielle prévue le 25 février. Une décision exceptionnelle dans l'histoire du pays qui risque d'aggraver la crise politique. Pour Babacar Gueye, professeur de droit constitutionnel, cette annonce "ne repose sur aucune base juridique valable".
Interrogé par RFI, M. Gueye souligne que "nous ne sommes pas en crise institutionnelle" et que "les institutions de la République fonctionnent correctement". Selon lui, "il n’y avait pas lieu de prendre une décision visant à reporter une élection". Il analyse ce report comme étant motivé par "la volonté d'éviter que des élections ne se tiennent à date échue, peut-être parce que le candidat du pouvoir n’était pas en bonne posture".
L'opposition a vivement réagi à cette annonce "inacceptable". Ousmane Sonko, candidat déclaré du parti Pastef, a appelé à faire campagne "comme si de rien n'était". Khalifa Sall, ancien maire de Dakar emprisonné, a demandé aux Sénégalais de "se lever contre cette décision". Pour M. Gueye, ces réponses politiques traduisent "la frustration" des candidats face à l'annulation de leur investissement de plusieurs mois.
Macky Sall a évoqué l'ouverture d'un dialogue politique mais, selon le constitutionnaliste, "si c'est un dialogue comme les précédents, je ne pense pas que l'opposition acceptera d'y aller". Il met en garde : tout dialogue devra se tenir "dans les limites du mandat du président", qui s'achève le 2 avril. Autrement, cela équivaudrait à "un coup d'État constitutionnel". Avec ce report inédit et controversé, le Sénégal semble donc plus que jamais engagé dans une impasse politique.
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LES OPPOSANTS CRIENT À LA FORFAITURE
Plusieurs candidats ont dénoncé samedi à Dakar, la décision du président d'abroger le décret de convocation du corps électoral. Ils maintiennent leur détermination à lancer comme prévu la campagne dès ce dimanche 4 février 2024
Des candidats à l’élection présidentielle du 25 février, ont dénoncé, samedi, à Dakar, la décision du président de la République Macky Sall portant abrogation du décret convocant le corps électoral.
‘’Il n’y aucune loi qui permet au président de la République de prendre une telle décision’’ s’est indigné Alioune Mamadou Dia candidat à l’élection présidentielle du Parti de l’unité et rassemblement ( PUR).
Alioune Mamadou Dia intervenait lors d’une conférence de presse des candidats de l’opposition suite à la décision du président de la République Macky Sall abrogeant le décret portant convocation de corps électoral .
‘’Il a violé notre constitution et les lois de la République alors que le Sénégal lui a tout donné. Le peuple sénégalais ne mérite pas ce que le président Macky Sall a fait aujourd’hui’’ a-t-il indiqué.
Selon le candidat Cheick Tidiane Dieye, ‘’à partir du 2 avril dit-il ‘’le président de la République Macky Sall ne peut plus être président de la République du Sénégal’’.
‘’Dans ce processus électoral, le président de la République n’avait qu’une seule prérogative, c’était de convoquer le Corps électorale et il l’avait déjà fait. Il n’a ni le droit ni la capacité d’annuler ou de reporter l’Élection présidentielle’’ a-t-il martelé.
Le candidat du Parti Républicain pour le Progrès Dethie Fall a pour sa part’’ rappelé les engagements du président de la République d’observer et faire observer la constitution’’.
‘’Il n’a pas respecté cet engagement. Mais nous qui avons franchi régulièrement toutes les étapes nécessaires, c’est pas aujourd’hui qu’il va nous demander d’arrêter. Demain, nous avons retenu ensemble de démarrer notre campagne sur la VDN’’ a-t-il annoncé.
Le leader des Serviteurs et candidat à l’Élection présidentielle, Papa Djibril Fall a pour sa part ‘’dénoncé des manœuvres qui n’honorent pas le statut de chef d’Etat du président Macky Sall’’.
LES CRAINTES DE LA CEDEAO
L'Organisation exprime ses inquiétudes quant aux circonstances ayant mené au report du scrutin présidentiel et appelle les autorités compétentes à accélérer les différents processus afin de fixer une nouvelle date
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 03/02/2024
La Commission de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) a pris note de la décision des autorités sénégalaises de reporter les élections présidentielles initialement prévues le 25 février 2024, selon un communiqué publié le 3 février.
"La Commission de la CEDEAO exprime ses inquiétudes quant aux circonstances ayant mené au report du scrutin présidentiel et appelle les autorités compétentes à accélérer les différents processus afin de fixer une nouvelle date pour les élections", peut-on lire dans le communiqué. L'organisation régionale "exhorte également l'ensemble de la classe politique à privilégier le dialogue et la collaboration pour des élections transparentes, inclusives et crédibles."
La CEDEAO "salue le président Macky Sall pour son respect de sa décision antérieure de ne pas se représenter pour un autre mandat", et l'encourage à "continuer de défendre et de protéger la longue tradition démocratique du Sénégal." La Commission indique qu'elle "restera attentive à l'évolution de la situation."