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21 avril 2025
International
BOUN DIONNE, L'ANCIEN PILIER DU POUVOIR VEUT LA PRÉSIDENCE
Après 6 ans passés dans l'ombre du président comme directeur de cabinet et Premier ministre, Dionne jette le gant et se dresse face à son ancien allié. Sa riche expérience au service de l'Etat fait de lui un prétendant sérieux à la succession de Sall
Après avoir joué les premiers rôles aux côtés de Macky Sall dont il a été un ardent défenseur, véritable fusible en tant que Premier ministre, pendant près de six ans, Mahammad Boun Abdallah Dionne, 65 ans, a fini par prendre ses distances avec son patron et cherche aujourd’hui à prendre sa place en briguant les suffrages des Sénégalais le 24 mars.
L’ancien Premier ministre (2014-2019), Mahammad Boun Abdallah Dionne, né le 22 septembre 1959 à Gossas, dans la région de Fatick, est un économiste et informaticien de formation.
Il a fait ses études primaires au gré des affectations d’un père commissaire de police, entre Dakar, Pikine Icotaf, Tivaouane, Saint Louis et Diourbel.
Dionne réussit au concours d’entrée en sixième au collège sacré cœur de Dakar avant de fréquenter le lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye) où il a commencé ses études secondaires de la 6e à la 4e.
Il a fait la classe de 3e au lycée Charles de Gaulle de Saint Louis, avant de faire la seconde C au lycée Faidherbe (actuel Oumar Foutiyou Tall) de la même ville.
De retour au lycée Van Vollenhoven, il y fera les classes de première et de terminale et décroche son baccalauréat en série C (mathématiques et physiques) en 1977.
Dionne obtiendra le diplôme de troisième cycle (DEA/master à finalité recherche) avec mention, en sciences économiques, économie internationale et globalisation, spécialité politiques économiques et sociales de l’Université de Grenoble en France (1978-1983).
Il est diplômé aussi de l’Institut d’informatique d’entreprise (IIE) de l’Ecole nationale supérieure d’informatique pour l’industrie et l’entreprise (ENSIIE) de Paris. Titulaire d’un diplôme de relations internationales approfondies du Centre d’études diplomatiques stratégiques (CEDS) de Paris (France) en 1983, il a aussi fait l’institut d’informatique d’entreprise du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Paris en 1983.
Carrière professionnelle
Economiste de formation, Mahammad Boun Abdallah Dionne a commencé sa carrière en 1983 comme ingénieur à la compagnie IBM France (division des opérations extérieures), en qualité d`ingénieur technico-commercial, avant de rejoindre en 1986, la Banque centrale des Etats de l`Afrique de l`Ouest (BCEAO) où il a occupé les fonctions de chef de service à la Direction centrale de l’organisation et de l’informatique de 1996 à 1997.
Il a également occupé de 1997 à 2003, les fonctions de directeur de l`Industrie au ministère chargé de l`Industrie, avant d’être nommé chef du bureau économique du Sénégal à Paris avec rang de ministre-conseiller de 2003 à 2005.
Il a été à deux reprises directeur de cabinet de Macky Sall, d’abord à la Primature de 2005 à 2007 ensuite à l’Assemblée nationale de 2007 à 2008, sous le régime d’Abdoulaye Wade.
L’ancien Premier ministre a également été fonctionnaire à l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) de 2009 à 2010. D’abord en qualité de représentant de cet organisme international en Algérie en 2009 et 2010. Ensuite à Vienne en Autriche, au siège de l’ONUDI où il a occupé successivement, de janvier 2011 à mars 2014, les fonctions de coordinateur senior de la coopération sud puis chef du programme pour l’Afrique et les pays les moins avancés (PMA).
Membre de l’Alliance pour la République (APR) du président Macky Sall, Dionne milite dans cette formation politique de la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yaakar (BBY) où il joue un rôle de premier plan pendant une dizaine d’années.
Aux législatives de juillet 2017, c’est lui qui conduit la liste de la mouvance présidentielle qui sortira largement vainqueur avec 125 sur 165 députés à l’Assemblée nationale.
Deux ans plus tard en 2019, il est le directeur de campagne du candidat Macky Sall à la présidentielle. Le président sortant remportera le scrutin dès le premier tour avec 58,27% des suffrages.
Carrière politique
Mahammad Boun Abdallah Dionne a occupé de hautes fonctions gouvernementales dont celle de Premier ministre de juillet 2014 au 14 mai 2019.
Sous son magistère, le gouvernement a mis en œuvre le Plan Sénégal émergent (PSE), devenu le référentiel des politiques publiques du pays.
A partir de mai 2019, à la suite à la suppression de la fonction de Premier ministre au Sénégal, il continua d’assurer les activités de coordination du gouvernement en qualité de ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence du Sénégal, du 6 avril 2019 au 28 octobre 2020, date à laquelle il quitte le gouvernement.
Il se lance en 2021 dans la consultation internationale avant d’être nommé en avril 2023, président du Conseil d’administration de la Banque industrielle pour le commerce et l’industrie (BICIS), d’où il démissionne, le 25 septembre de la même année, après avoir pris la décision de se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
En retrait du terrain politique, il est revenu au-devant de la scène avec sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle, en fin septembre 2023, après le choix porté par Macky Sall sur Amadou Bâ, comme candidat de Benno Bokk Yaakar (BBY).
Mahammad Boun Abdallah Dionne est candidat de la coalition ‘’Dionne2024’’. Il s’est engagé à ne faire qu‘’un seul mandat de 5 ans’’ s’il était élu.
Mahammad Boune Abdallah Dionne est l’auteur de plusieurs publications et articles sur les stratégies de développement économique et social. Il a publié en 2023 ‘’Le lion, le papillon et l’abeille’’ un essai à travers lequel il réaffirme la souveraineté du continent et déconstruit les thèses impérialistes qui maintenaient l’Afrique dans l’asservissement et la dépendance aux puissances occidentales.
L’ancien Premier ministre est aussi ingénieur informaticien et auditeur libre.
Mahammad Boun Abdallah Dionne a été décoré du Grand-Croix de l’Ordre national du mérite et Officier dans l’Ordre national du Lion du Sénégal, Grand Officier dans l’Ordre de la Couronne de chêne du Grand-Duché de Luxembourg et Commandeur de l’organisation internationale de la Protection civile (OIPC-ICDO Genève). Il parle de couramment le français et l’anglais.
par Annie Jouga
AU SECOURS, ON ASSASSINE DAKAR !
EXCLUSIF SENEPLUS - Le processus des « demolition men » s’accélère. L’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique. Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés
Dans ce dimanche paisible du Dakar-plateau, des coups de burin résonnent au loin !
Déjà, les échafaudages montés sur la façade de cette élégante bâtisse, m’interpellent depuis ce début de semaine ne faisant en fait que confirmer ce que je craignais au sujet de « l’hôtel Vichy », rue Félix Faure, immeuble des années 40, d’une architecture post moderne, dont le gabarit, bien inséré dans les façades de Dakar de cette période et laissé à l’abandon depuis une vingtaine d’années. Et de me dire, tantôt confiante lors des bons jours : « l’aurait-on oublié ? », et les jours de déprime : « quand vont-ils s’y attaquer ? »
Pour avoir vu depuis plus d’une dizaine d’années disparaître du paysage urbain dakarois plusieurs bâtiments dont l’architecture est indéniablement remarquable, au risque de voir son identité piétinée, je reste perplexe.
Qu’est donc l’identité d’une ville ? Et en l’occurrence l’identité de la ville de Dakar ? La question reste entière.
J’ai participé il y a quelques mois à une table-ronde dont le thème évocateur était ainsi libellé : « Métamorphose de Dakar, récits d’une ville de contrastes ».
Un interlocuteur, jeune architecte (français en l’occurrence), nous a fait un long commentaire sur l’absence d’identité de la ville de Dakar avec force argumentaire. Notre cher Sénégal est aujourd’hui envahi par ce genre de « bien-pensants » très connectés, proches des gens de pouvoir et de décision. Et pour cause, aujourd’hui en Europe et partout dans le monde, il s’agit de prioriser la réhabilitation de manière vertueuse plutôt que la construction neuve ! Entre autres engagements pris lors du Forum du bâtiment et du climat, tenu à Paris ce mois de mars 2024 et la déclaration de Chaillot a été signé par 70 pays dont … le Sénégal.
Alors, oui nos pays sont un excellent terrain de chasse, lorsque la commande s’amenuise de l’autre côté de l’océan ; ici il semble si facile de convaincre l’autorité, souvent sourde, ou bien inculte, ou bien avide, ou tout simplement n’ayant pas « le pays au cœur », dont les nombreuses signatures de déclarations n’engagent que très peu ! Il est donc facile pour elle de dire qu’après tout « ce ne sont pas des architectures de chez nous, ce n’est pas notre identité… ».
Et c’est pour cela que nous assistons meurtris, impassibles, à la démolition de bâtiments remarquables, d’une solidité indéniable, mais aussi dont l’histoire inscrite dans la pierre participe de l’identité de la ville.
Avec le projet de « modernisation des biens de l’État de Dakar-Plateau », mis en place dans l’urgence il y a deux ans par le ministère des Collectivités territoriales, le processus des « demolition men » s’accélère.
Comme dans une fin de règne ! Un peu à l’image de cette frénésie de 2012 lorsque la privatisation effrénée de la corniche Est, enfin pour ce qu’il en restait, où l’on a vu comme par magie les statuts fonciers danser au rythme d’un « sabar » endiablé, agrémentés de petits pagnes colorés et brodés au mode non aedificandi, domaine public maritime, pour finir en mode titre foncier ?
Aujourd’hui, la liste est longue, celle des biens de l’État à « valoriser » et déjà ces mêmes architectes, sûrement avec la complicité de nos architectes, travaillent dans leurs bureaux d’études hors Sénégal, à donner « une identité à Dakar », pensent-ils ! Et bientôt, comme il se susurre, allons-nous voir poindre des grands immeubles à la place du ministère des Affaires étrangères construit en 1905 et qui a été entre autres le premier Palais de Justice (dans les années 50).
Il en sera de même, pour la prochaine démolition de la Gouvernance et la Préfecture, sur la place de l’Indépendance, mais aussi des bâtiments militaires vestiges du Camp Lat Dior, situés sur l’avenue Peytavin et emportant je suppose les caïlcédrats centenaires bordant cette magnifique avenue. Appelée au début de la construction de Dakar, boulevard de la Nationale, elle ouvrait la ville sur la mer à l’est et à l’ouest.
On va donc continuer de démolir des bâtiments qui, s’ils étaient réhabilités « de manière vertueuse » comme dit dans la déclaration de Chaillot, devraient minimiser l’utilisation de ressources non-renouvelables et maximiser l’efficacité énergétique. Il s’agit aujourd’hui de « décarboner » la construction et notamment développer l’utilisation de matériaux s’appuyant sur les ressources du territoire.
On va donc continuer de démolir « au marteau et au burin » quand, dans le même temps, les mêmes gens parlent de constructions « intelligentes, de constructions de « dernière génération » (ne me demandez pas ce dont il s’agit !) et sans crainte des risques encourus sur l’environnement et notamment du fait des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.
Aujourd’hui, se fermant les yeux, élevant des grands murs de bâtiments le long de la mer, du port à l’aéroport, Dakar est devenue comme paranoïaque et surtout asphyxiée : malade, elle a tourné le dos à la mer.
Absence de vision, absence de goût, même si l’adage dit que tous les goûts sont dans la nature, je ne sais trop ; une chose est sûre c’est que l’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique ; il nous faut donc raconter notre propre histoire, celle qui est inscrite dans les bâtiments et faire en sorte que les siècles se succédant, se « bousculent » mais avec une grande tolérance …
Mais oui, Dakar doit être « modernisée » c’est-à-dire « redevenir » une ville où il fait bon vivre, bon marcher, parce que tout est à sa place.
Mais aussi, il nous faut avoir le courage de ne faire rentrer dans le centre-ville que les véhicules indispensables et donc créer des parkings non pas au centre-ville inaccessible dans le sens du matin pour y rentrer et dramatiquement vide dans le sens de la sortie. Il faut réduire le flux de personnes entrant dans Dakar et là, l’équation BRT questionne.
C’est aujourd’hui plus une question de santé publique.
Oui, il faut « moderniser » les grands immeubles des années 40, 50 et 60, propriétés privées comme publiques, sans leur faire perdre leurs âmes. Et également ces architectures des années 70 et 80 conçues autour du parallélisme asymétrique. Ces architectures sont l’identité de Dakar, du Sénégal.
Moderniser veut dire faire des recherches sur les matériaux du 21e siècle et c’est à cela que sert l’école spécialisée pour qu’enfin les matériaux permettent de construire des architectures qui nous ressemblent, pour qu’enfin nos écritures architecturales soient culturellement conçues.
Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés, avec humilité.
Aussi, il est impératif que dans notre pays les écoles foisonnent pour que nos jeunes générations se bousculent pour réinventer le futur…
Moderniser Dakar s’entend de façon globale et s’inscrit à l’échelle du territoire et non pas ponctuellement même s’il est important que chaque quartier trouve (ou retrouve) son identité.
Pour Dakar, d’aucuns diront que c’est trop tard !
Pour ma part, j’y crois toujours et encore, même si je sais que cela sera difficile mais pas impossible.
Et cela est l’affaire de tous !
Annie Jouga est architecte.
LA TURQUIE, L'IRAN ET LE MAROC AVANCENT LEURS PIONS AU SAHEL
Dans le sillage du retrait de la France, la Turquie, l’Iran et le Maroc multiplient les initiatives en direction des régimes militaires du Sahel qui cherchent à diversifier leurs partenaires.
Avions de chasse, hélicoptères de combat… Face aux caméras de la télévision burkinabè, le directeur de l’agence turque de l’industrie spatiale et aéronautique déploie un catalogue alléchant pour des régimes militaires aux prises avec les groupes jihadistes.
Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean Marie Traoré, rappelle lui l’un des mantras des régimes sahéliens dont les armées souffrent de sous-équipement chronique: "Il s’agit pour nous de développer les capacités endogènes de manière à réduire notre dépendance".
Une dépendance aux forces étrangères, notamment de la France et d'autres pays occidentaux, qui ont été déployées pendant plus de dix ans dans la région, et rechignent à livrer du matériel offensif à des armées accusées de perpétrer des exactions contre les populations civiles.
Tandis que les troupes françaises pliaient bagage, les drones de combat livrés par la Turquie sont devenus des pièces maîtresses des dispositifs des armées du Mali et du Burkina Faso, engagées dans un conflit asymétrique. Leurs frappes seraient à l’origine de nombreuses victimes collatérales, d'après un rapport en janvier de l’ONG Human rights watch (HRW), ce que nient les autorités.
Début 2024, le Mali a réceptionné un nouveau lot de drones turcs Baykar prisés pour leurs performances, valant au PDG de l'entreprise qui les fabrique, Haluk Bayraktar, d'être décoré à Ouagadougou en avril 2022 sur instruction de l'homme fort du Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré.
"Le secteur de la défense est le moteur de la politique étrangère turque dans les pays africains", souligne Federico Donelli, politologue et auteur d’un livre sur l’influence turque en Afrique. Alors que Moscou s’impose comme le principal allié des régimes militaires sahéliens, Ankara fait montre d’une politique "opportuniste" qui "tente de se positionner comme une alternative aux Européens et à la Russie", explique-t-il.
L’ancien chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavuşoğlu, "avait été la première figure internationale de haut niveau à rencontrer la junte militaire au Mali après le coup d’Etat d’août 2020. Ankara a également adopté une position conciliante avec la junte au Niger, pays clé dans la région pour la Turquie car situé à la frontière sud de la Libye, où Ankara possède de très nombreux intérêts", selon le groupe de réflexion italien ISPI.
Ankara mûrit également un projet de corridor transsaharien reliant les pays du Golfe de Guinée à l’Algérie, autre bastion nord-africain des investissements turcs, souligne Federico Donelli.
Concurrence du Maroc, de l'Iran
Un projet concurrent a déjà été initié par le Maroc, qui s’est dit prêt en septembre à mettre "ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires" à la disposition du Mali, du Burkina, du Niger et du Tchad, pays enclavés, dont les trois premiers ont annoncé fin janvier leur retrait de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
"La Turquie a des capacités militaires. Avec le Maroc nous avons d’excellentes relations depuis l’indépendance, et il s’agit plutôt de développement économique", selon une source gouvernementale au Niger.
Maroc et Turquie, dont l’influence dans la région est ancienne, pourraient y subir la concurrence nouvelle de l'Iran, qui, depuis 2020 et les coups d’État au Mali, Burkina et Niger, multiplie les initiatives.
En octobre, Téhéran a signé plusieurs accords de coopération avec le Burkina Faso, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’urbanisme, de l’enseignement supérieur, et de la construction. Téhéran, également producteur de drones de combat, a annoncé fin janvier la création de deux universités au Mali, en plus de la signature de divers accords de coopération.
La politique africaine de l’Iran est caractérisée par "un langage révolutionnaire, une logique tiers mondiste et anti-impérialiste", avec des "arguments diplomatiques évidents" pour des pays en rupture avec l’ex-puissance coloniale française, assure l’économiste Thierry Coville, spécialiste de l'Iran à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Mais, ajoute-t-il, "les Iraniens signent des dizaines d’accords et aucun ne marche. Ils n’ont pas les financements nécessaires pour soutenir des accords, ni pour concurrencer sérieusement la Turquie ou l’Arabie Saoudite".
L'Iran, qui a augmenté sa production d'uranium enrichi à 60% selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), pourrait-elle, à terme, convoiter les réserves d'uranium du Niger exploitées jusqu'à présent par la société française Orano ? "C'est notre ressource, on peut la vendre à qui ont veut", affirme une source gouvernementale nigérienne.
par Dialo Diop
SORTIR PROPREMENT LE PRÉSIDENT SORTANT PAR LE SUFFRAGE UNIVERSEL
Il ne reste plus au président sortant que le recours à la tactique ultime du chaos électoral, pour échapper au verdict des urnes : par la violence généralisée durant la campagne, ou la fraude massive le jour du scrutin ou une combinaison des deux
En entretenant l’année dernière un faux suspense durable autour de sa troisième candidature illégale, le président sortant a, de fait, suspendu la Constitution en vigueur. Ce que personne n’a le droit de faire, fût-ce le président de la République !
De même cette année, en interrompant unilatéralement, par un décret scélérat, le processus électoral à quelques heures de l’ouverture de la campagne présidentielle, il a délibérément violé la loi fondamentale et le Code électoral. Ce qui relève de la haute trahison pour un soi-disant « gardien de la Constitution » …
Courtoisement mais fermement rappelé à l’ordre par le Conseil constitutionnel, il refuse obstinément de se conformer aux décisions exécutoires du « juge des élections », en convoquant par diversion un faux « dialogue national », fort heureusement boycotté par la quasi-totalité des candidats en lice.
Loin de s’avouer vaincu, le voilà à présent qui sort de son chapeau, tel un prestidigitateur machiavélique, un projet de « loi d’amnistie » taillé sur mesure, mais sous le couvert d’un vœu de « réconciliation nationale ». En réalité, une loi de circonstance, votée en procédure d’urgence par sa chambre d’enregistrement, dont l’objet principal sinon exclusif est d’effacer « légalement » les innombrables crimes politiques, sanglants ou non, liés à sa volonté forcenée, mais vaine, de se maintenir au pouvoir par la violence d’Etat et/ou la tromperie.
Et par conséquent, irrecevable dans son principe comme dans ses modalités. Au même titre d’ailleurs qu’une autre loi scélérate, adoptée en catimini cette fois et qui supprime l’obligation de la déclaration de patrimoine pour le chef de l’Etat et le(a) patron(ne) de l’OFNAC, dont les pouvoirs de police judiciaire ont été opportunément étendus…
Aujourd’hui cependant, consulté pour « avis » sur les conclusions du prétendu « dialogue », la décision courageuse du Conseil constitutionnel de s’en tenir au strict respect de la norme légale aura eu pour effet immédiat de mettre fin au jeu dilatoire du président sortant. Un jeu funeste auquel se prête complaisamment le bloc factice du Parti-Etat reconstitué avec les débris de l’UPS-PS-PDS-APR-BBY, etc., qui a fini de détruire ce pays en un demi-siècle.
Ainsi mis au pied du mur, il ne reste plus au président sortant, qui refuse de sortir, que le recours à la tactique ultime du chaos électoral provoqué, pour échapper au verdict des urnes : par la violence généralisée durant la campagne, ou la fraude massive le jour du scrutin, ou bien une combinaison des deux !
Or, l’on sait que des milices de nervis stipendiés et parfois dotées d’armes de guerre sont toujours en liberté à travers le pays, prêtes à semer un chaos artificiel susceptible de fausser, sinon de saboter le processus électoral, voire de servir de prétexte à la proclamation de l’état de siège ou de la loi martiale, équivalant à un coup d’Etat militaire de facto ou de jure…
Quoi qu’il en soit, la peur et l’insécurité sont incompatibles avec la libre expression d’un suffrage universel authentique.
Aussi, est-il d’une importance vitale pour le camp de l’alternative véritable de marcher sereinement vers une élection présidentielle calme, paisible et sereine, en s’abstenant de céder à la provocation de troubles par les agents du parti-État. Ce dernier joue sa survie de minorité privilégiée usurpatrice du pouvoir, tandis que notre « Coalition Jomaay Président » est une force tranquille, porteuse d’un projet alternatif de refondation de l’Etat et de la société. C’est pourquoi elle jouit de la confiance de l’immense majorité de nos concitoyens et, au-delà, de l’attention soutenue de l’ensemble des patriotes et démocrates africains du continent et de la diaspora. Pour ne pas trahir pareille espérance, il nous faut nécessairement préserver la paix civile et la sécurité citoyenne, en faisant tous preuve de la maturité politique et de la discipline individuelle et collective indispensables pour sortir proprement le président sortant, par le suffrage universel libre, paisible, régulier et sincère, au premier tour et sans coup férir.
Dialo Diop est membre de la Coalition Jomaay Président.
LE GRAND RETOUR DE KHALIFA SALL
Figure historique du PS, ancien maire de Dakar, Khalifa Sall brigue à 68 ans la magistrature suprême, avec toute l'expérience politique accumulée au fil des décennies. Malgré des déboires judiciaires, cet acteur majeur de la vie politique repart au combat
Instituteur de formation, plusieurs fois ministre, député et élu local durant le règne du Parti socialiste, Khalifa Ababacar Sall, 68 ans, fait partie des acteurs qui régentent la vie politique sénégalaise depuis plusieurs années, au point de pouvoir revêtir les habits d’un cacique engagé, à travers l’élection présidentielle du 24 mars, dans l’une de ses ultimes batailles politiques.
La validation de la candidature de l’ancien maire de Dakar pour le scrutin du 24 mars, après avoir été déclarée irrecevable par le Conseil constitutionnel en 2019, sonne déjà comme une revanche de l’histoire pour le natif de Louga, une localité du nord du Sénégal.
Khalifa Ababacar Sall a connu un militantisme politique très précoce, à l’image de sa génération qui a grandi dans les tumultes estudiantins de mai 1968. Ainsi, à 12 ans, il s’engage et acquiert sa carte de membre de l’Union progressiste sénégalaise, devenue Parti socialiste, qui a gouverné de 1960 à 2000. Il occupe très tôt des responsabilités importantes au sein de cette formation politique avant d’en être exclu avec 65 autres personnes pour dissidence.
De secrétaire national des Jeunesses socialistes, il sera promu responsable des jeunes, secrétaire aux élections, puis secrétaire à la vie nationale du Parti socialiste.
Khalifa Sall a été plusieurs fois député et ministre. En 1983, à la faveur des élections générales, il commence sa carrière en tant que député à l’Assemblée nationale, l’un des plus jeunes de cette législature, disait-on. Il reste à l’Hémicycle comme membre du Bureau jusqu’en 1993, année au cours de laquelle il vit sa première expérience gouvernementale comme ministre chargé des Relations avec les assemblées. Il occupe ce poste jusqu’en 1998 et devient ministre du Commerce du dernier gouvernement socialiste dirigé par Mamadou Lamine Loum.
Après la première alternance politique intervenue en 2000 avec l’élection de l’opposant historique, Abdoulaye Wade, Khalifa Sall devient consultant auprès d’organisations internationales du système des Nations unies, avant de retourner à l’Assemblée nationale en mai 2001. Il ne quitte l’Assemblée qu’en 2007 au lendemain des élections législatives de cette année marquées par le boycott de l’opposition, lit-on dans une note biographique qui lui est consacrée.
En mars 2009, sous la bannière de la coalition Benno Siggil Senegaal (en wolof s’unir pour relever le Sénégal), Khalifa Ababacar Sall est élu maire de Dakar avec 81 voix sur 100 des suffrages exprimés devant Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade et candidat du Parti démocratique Sénégalais, alors au pouvoir.
En juin 2014, il est réélu haut la main cette fois sous la bannière de la liste Taxawu Ndakaaru (Debout pour Dakar) et bat le Premier ministre et candidat du gouvernement à Grand Yoff.
S’il est si fréquent jusqu’à devenir presque une certitude en science politique que la fonction de ministre de l’Intérieur ou maire de la capitale d’un pays conduisent généralement à la magistrature suprême, ce ne sera pas le cas avec Khalifa Sall. Car quelques années seulement après sa réélection à la tête de la municipalité de Dakar, l’ancien patron des Jeunesses socialistes sera rattrapé par l’affaire dite de la caisse d’avance.
Il a été notamment accusé en 2017 d’avoir profité de ses fonctions pour ”détourner” la somme d’un milliards 800 millions de FCFA. Condamné à 5 ans de prison et à payer une amende de 5 millions de francs CFA, il est révoqué avant de bénéficier de la grâce présidentielle en 2019.
Au cours de ce long feuilleton judiciaire, ses partisans n’ont eu de cesse de mettre en avant la thèse ”d’un procès politique” destiné à éliminer un adversaire potentiel du président Macky Sall, en vue de l’élection présidentielle de 2019 que ce dernier avait remportée dès le premier tour.
Le rapprochement de l’ancien secrétaire général du PS, Ousmane Tanor Dieng avec le président Macky Sall n’aurait rien arrangé de l’ambition des jeunes loups politiques aux dents longues de la trempe de Khalifa Ababacar Sall. Cette nouvelle génération pensait que leur tour était arrivé de prendre les rênes du Parti socialiste qui a dirigé le pays pendant 40 ans avant que n’intervienne la première alternance politique survenue en 2000.
La tendance du PS animée par cette jeunesse qui pensait qu’il était inconcevable qu’un parti politique historique ne dispose pas de candidat à une élection présidentielle sera exclue du parti de Senghor pour insubordination et dissidence.
Ironie du sort celui qui avait fait cavalier seul, sous la Bannière de Taxawu Dakar pour se faire élire à la tête de la mairie Dakar avant de la perdre après des ennuis judiciaires sera remplacé par un de ses lieutenants les plus en vue, Barthélémy Dias lors des élections locales de 2022.
Khalifa Ababacar Sall que ses partisans présentent comme l’incarnation de la dignité, de la persévérance, de la résistance, de la cohérence, de la constance et de l’endurance en politique joue sans doute son destin politique avec l’élection présidentielle de cette année.
S’il réussit à se faire élire au soir du 25 février à la magistrature suprême, il aura signé sans doute sa réhabilitation politique après des démêlés judiciaires qui lui ont coûté son fauteuil de maire de la capitale, et par extension, la revanche des Socialistes après 24 années passées dans l’opposition.
MALICK GAKOU DÉFEND SES IDÉES DE CHANGEMENT
Ancien ministre, édile local, patron de parti, Malick Gakou cumule les expériences. L'homme de 61 ans, formé en Pologne, brigue la magistrature suprême, porteur d'un projet alternatif pour le Sénégal et militant convaincu dans le social
Recalé en 2019 à l’étape des parrainages, Malick Gakou, cette fois-ci dans le peloton des candidats du scrutin présidentiel du 24 mars, a une longue carrière politique et professionnelle doublée d’un engagement en faveur du social et du sport.
Le président du Grand parti (GP), formé en Pologne après son cycle primaire et secondaire à Pikine et Guédiawaye (banlieue de Dakar), ambitionne de diriger le Sénégal selon une vision déclinée dans le Projet alternatif suxali Sénégal (PASS) dont le but est de remettre le pays sur les rails du développement.
Né le 17 août 1961 à Dakar, Gakou, orphelin de mère à sa naissance (sa mère est décédée en couche) a été formé en Pologne, avant de faire ses premiers pas en politique au Parti socialiste (PS), puis à l’Alliance des Forces de Progrès (AFP). Il créa par la suite sa propre formation politique dénommée ”Le Grand parti”.
Malick Gakou a vécu son enfance à Thiaroye Sur Mer, auprès de sa grand-mère Astou Seck. Il fit ses premiers pas à l’école primaire numéro 1 de ce village traditionnel Lébou, où il obtient son CEPE (Certificat de fin d’études primaires et élémentaires) et l’entrée en 6-ème.
Après l’école primaire, sa grand-mère déménagea à Pikine Guinaw-Rails où il fréquente le Collège de Pikine sud, renommé CEM Cherif Mouhamadoul Habib Tijani. Par la suite, sa famille se déplace à Guédiawaye où elle se fixa définitivement. Il décroche au lycée Seydina Limamou Laye son baccalauréat série F2 (électrotechnique).
Le tournant de la Pologne
Après le bac, Gakou obtient quatre (4) bourses étrangères pour poursuivre, selon son souhait, ses études, soit en Italie, en Chine, en Bulgarie ou en Pologne. Il choisit d’aller en Pologne après le conseil avisé d’un grand frère, qui était son vrai ami qui venait de terminer ses études en Ukraine.
En 1984/85, il entra à l’école des langues de Lodz, où il décroche un diplôme de langue polonaise avec mention et fut orienté à la célèbre école centrale de planification et des statistiques de Varsovie (SGPIS), première école des hautes études économiques en Pologne (1906), devenue Warsaw school of economics (SGH) en 1991.
Durant son séjour dans ce pays, le jeune étudiant sénégalais fut ainsi profondément marqué par l’histoire du roi Kazimierz Wielki (Casimir III) et les déchirements des années d’occupation nazie, suscitant chez lui un profond sentiment de ”polonité”.
Gakou dit avoir vécu de plein fouet toutes ces transformations engendrées par les conséquences de l’après-guerre et du partage du monde en deux blocs antagonistes (Est-Ouest).
C’est au firmament de cette ambiance historique qu’il obtient un master en commerce extérieur, et puis un doctorat en sciences économiques suivi d’une spécialisation en politique de développement en décembre 1992.
En Pologne, il mena parallèlement, aux études, une vie associative très intense au sein des Associations des étudiants sénégalais et africains, en plus de sa participation active au sein de l’Association Internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales (AIESEC). Il fut ainsi le premier président de l’Association africaine des anciens étudiants en Pologne.
Une vie professionnelle forgée dans le secteur privé
A son retour au Sénégal, avec son doctorat en économie et une spécialisation en politiques de développement, il vécut deux années de chômage avant d’être repéré par Famara Ibrahima Sagna, président du Conseil économiques et Social (CES) devenu aujourd’hui Conseil économique social et environnemental (CESE) qui le recrute.
Il y occupa, tour à tour, les fonctions de consultant, conseiller technique, expert-conseiller technique et, enfin conseiller spécial.
En 2000, il fut nommé Directeur de Cabinet du ministre des Transports et des Infrastructures, Madieyna Diouf. Il quitte ce poste en mars 2001, à la suite du départ du Gouvernement du Premier ministre Moustapha Niasse et ses partisans. Ce départ du gouvernement le contraint à quitter l’administration.
Malick Gakou entame ainsi une carrière dans le secteur privé. A la suite des élections locales de 2009, il devient le président du Conseil régional de Dakar après avoir remporté haut la main les élections à Guédiawaye. A ce poste, il posa les prémices d’une réelle prise en charge de la problématique des inondations à Dakar, à la suite des fortes pluies de 2009.
Il est nommé ministre des Sports en 2012, puis ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel. Il démissionne à la suite de profondes divergences avec le Gouvernement en février 2013. Depuis lors, il a retrouvé sa fonction d’administrateur de plusieurs sociétés qui exercent dans le secteur privé national comme international.
Une carrière politique entamée au Parti socialiste (PS)
Sur le plan politique, Malick Gakou qui se définit lui-même comme ‘’un socialiste invétéré’’ a milité au Parti socialiste aux côtés de feu Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niass, feu Djibo Leyti Ka, feu Assane Diagne, Mata Sy Diallo, Babacar Sine, Abdourahim Agne entre autres.
Il a passé toute sa jeunesse au sein de ce Parti, avant d’aller répondre en 1999, à l’appel de Moustapha Niass qui venait de créer l’Alliance des forces de progrès (AFP) dont il devient le numéro 2 en succédant à Madieyna Diouf.
A la suite de profondes divergences avec la Direction de l’AFP (juin 2015) sur l’orientation du Parti, il y fut exclu. Gackou met sur pied, le 17 août 2015 le Grand parti (GP). Recalé de la présidentielle de 2019 à l’étape des parrainages, il décide de soutenir la campagne du candidat Idrissa Seck dans le cadre de la ‘’Coalition Idy 2019’’, arrivée deuxième de l’élection, derrière le président sortant, réélu pour un second mandat.
Malick Gakou assure avoir été de tous ‘’les combats et justes causes’’ des populations. Ce qui lui a valu d’être désigné, le 31 mars 2022, ‘’Maire honoraire’’ de la ville de Guédiawaye.
Pour le scrutin présidentiel du 25 février, le leader du Grand parti se présente avec son Projet alternatif suxali Sénégal (PASS) qui ambitionne de remettre le Sénégal sur les rails du développement.
‘’Progressiste et humaniste dans l’âme’’
La trajectoire de Malick Gackou, c’est aussi un engagement dans le social et le sport.
‘’Progressiste et humaniste dans l’âme’’, porteurs des valeurs de la social-démocratie, M. Gackou est connu pour sa contribution au rayonnement du sport, de la culture, de l’éducation, de la santé et du développement humain dans sa ville Guédiawaye.
Mentor des artistes et mécène des événements culturels, Malick Gakou participe à travers divers actions à l’épanouissement de sa communauté.
Parrain de la Scolarisation des filles (SCOFI) dans le département de Guédiawaye, il participe au renforcement de la promotion du genre dans le système éducatif. La mise sur pied du Prix Seydina Limamoulaye qui distingue les meilleurs élèves de ce lycée emblématique éponyme est la traduction de l’importance qu’il accorde à la valorisation et la promotion de la jeunesse intellectuelle.
Président de la Fondation maternité solidaire, il contribue à la lutte contre la mortalité maternelle et infanto- juvénile partout dans le pays. Ladite Fondation a remis un don à l’Hôpital Mame Abdou Aziz SY Dabakh de Tivaouane à la suite de l’incendie qui a causé la mort de onze (11) bébés en juin 2022.
Il a organisé un téléthon qui a récolté cent millions de francs pour venir en aide aux sinistrés de la banlieue pendant des inondations.
Malick Gakou se décrit aussi comme un sportif ‘’de cœur, d’esprit et d’action’’. Président de Guédiawaye football club pendant 10 ans, il se définit comme ‘’un symbole vivant au-devant de tous les succès des champions de l’arène, des talents des stades et des stars des podiums’’.
Son engagement en faveur du sport lui a valu son entrée à la Fédération sénégalaise de Football (FSF) où il a tour à tour occupé les postes de Trésorier général adjoint, Président de la commission centrale des finances et vice-président en charge du marketing, jusqu’en 2009.
ALY NGOUILLE NDIAYE, UN POLYTECHNICIEN SUR LA LIGNE DE DÉPART À LA PRÉSIDENTIELLE
De la Banque de l'Habitat au gouvernement en passant par le privé, il a occupé des postes-clés dans différents domaines. L'ingénieur civil de formation brigue désormais le fauteuil présidentiel, avec sa connaissance des rouages du pouvoir
Aly Ngouille Ndiaye, candidat à l’élection présidentielle du 24 mars, est un polytechnicien ayant géré d’importants portefeuilles ministériels durant ces 12 dernières années aux côtés de Macky Sall, avant de s’affranchir pour aller à la conquête des suffrages des Sénégalais.
Cet ancien ministre de l’Intérieur est né le 16 août 1964, à Linguère, dans la région de Louga. Il est ingénieur en génie civil, diplômé de l’Ecole Polytechnique de Thiès où il est sorti major de sa promotion en 1988.
Brillant étudiant, le polytechnicien part ensuite aux Etats-Unis, pour compléter sa formation à l’institut de technologie de l’Illinois à Chicago où il obtient un diplôme de MBA avec une double spécialisation en Finance et Recherche opérationnelle en 1993.
A la fin de ses études au pays de l’Oncle Sam, il décline toutes les propositions qui lui ont été faites pour rentrer au bercail afin de servir son pays.
Une fois au Sénégal, il découvre le secteur bancaire sous les couleurs de la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS), où il a très vite gravi les échelons, en occupant respectivement plusieurs postes, auditeur, chef du service des caisses et guichets, chef de département des opérations de la clientèle, directeur du crédit et directeur de la clientèle et du réseau.
Il décide un départ négocié pour entreprendre et donner du temps à la politique.
Pionnier du microcrédit dans le Djolof, son terroir d’origine, il a marqué d’une empreinte indélébile ce secteur avec la création d’une structure financière dénommée DjoMEC (Djolof Mutuelle d’Epargne et de Crédit), comptant 12 000 adhérents pour un capital qui dépasse un milliard de francs CFA, permettant ainsi beaucoup de réalisation en termes de biens immobiliers.
Pour marquer son entrée en politique, il met sur pied le Mouvement pour la renaissance du Djolof (MRD), en 2007.
Il noue une alliance avec le parti de Macky Sall, l’APR (Alliance pour la République), une année plus tard. Une fois élu, en 2012, ce dernier va le coopter au gouvernement où il va siéger pendant plusieurs années, occupant différents postes ministériels.
Fils de l’ancien maire de Linguère, feu Ibra Ndiatté Ndiaye, Aly Ngouille Ndiaye a marché sur les pas de son père, en briguant les suffrages des populations de sa ville natale aux élections locales de 2014 qu’il remporta devant son rival Habib Sy, un autre candidat à la prochaine élection présidentielle.
Réputé rigoureux et compétent, jouissant d’une bonne réputation, il était à la tête d’Aris Engineering, une société d’ingénierie immobilière, jusqu’à sa nomination en qualité de ministre de l’Industrie et des Mines.
Il a également été le président du conseil d’administration (PCA) de l’ASC Dahra lorsque ce club évoluait en ligue 1 de football.
Entre 2012-2017, il a été ministre sous la direction de trois Premiers ministres qui se sont respectivement succédé à la Primature, à savoir Abdoul Mbaye, Aminata Touré et Mohamed Boune Abdallah Dionne.
Il a été ministre de l’Energie, des Mines et de l’Industrie, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique sous le gouvernement de Mohamed Boune Abdallah Dionne.
Il quitte le gouvernement lors du remaniement intervenu en 2020, avant de revenir aux affaires avec la nomination d’Amadou Ba, en occupant le poste de ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural en 2023.
Nourrissant des ambitions présidentielles, il fait part de sa volonté d’être candidat à l’élection présidentielle après que le chef de l’Etat, Macky Sall, a annoncé ne pas se représenter à sa propre succession.
Il démissionne alors de son poste de ministre de l’Agriculture pour briguer les suffrages des Sénégalais.
Aly Ngouille Ndiaye parle couramment anglais.
DAOUDA NDIAYE, UN INDÉPENDANT EN ACTIONS À LA PRÉSIDENTIELLE
Figure marquante de la lutte contre le paludisme, le leader du Mouvement Actions se lance dans la politique. Le chef du département de parasitologie de l'UCAD veut aujourd'hui mettre son expertise et son expérience internationale au profit du Sénégal
L’initiateur du mouvement ”Actions”, le professeur Daouda Ndiaye, chef du département de parasitologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), un ”natif de Pikine”, va briguer les suffrages des Sénégalais à la présidentielle du 24 mars.
Chef du département de parasitologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et conseiller spécial de l’Université Harvard de Boston (USA), Daouda Ndiaye a été révélé au grand public à travers les activités de son mouvement ”Actions”. Ndiaye présente une candidature indépendante à la présidentielle du 25 février. Il a passé haut la main l’étape du parrainage avec 46.656 parrains.
”Beaucoup de défis nous attendent, des défis que nous devons relever ensemble. C’est pourquoi, je voudrais déclarer ma candidature à l’élection présidentielle de 2024”, a-t-il déclaré le 6 juillet dernier lors d’un point de presse pour déclarer sa candidature à la présidentielle.
”Si j’ai pu aller à l’école, bénéficier d’un système de santé, d’éducation et réussir ma vie pour un natif de la banlieue, c’est parce que j’ai eu à bénéficier de l’argent du contribuable sénégalais”, avait-il expliqué en mettant en place son mouvement.
Cela, a-t-il ajouté, ”par le biais, en grande partie, d’impôts collectés, de taxes payées par des Sénégalais qui n’ont peut-être pas eu la même chance que j’ai eue pour la réussir”.
”C’est donc à mon tour d’aider ces sénégalais et enfants des sénégalais sans distinction de régions, de villes, de villages, d’ethnies ou de cultures. Je sens juste ce devoir de payer cette dette au Sénégal qui m’a tout donné”, estime le professeur en pharmacie.
Le mouvement social Actions ”Sén Tawféex, Sunu Yiité”, s’active particulièrement dans l’éducation, la santé, la solidarité et l’environnement. Car, estime-t-il, avoir une dette envers le Sénégal et la communauté sénégalaise dans son ensemble.
Le Pr Daouda Ndiaye, agrégé de parasitologie et mycologie est aussi le chef du service de parasitologie du Centre hospitalier universitaire Aristide le Dantec de Dakar. Directeur du Centre africain d’excellence sur le génome et les maladies infectieuses du Sénégal. Il est l’inventeur, en 2016, du test ”illumigene malaria” qui est une révolution dans le dépistage du paludisme.
Daouda Ndiaye est un fils de la banlieue dakaroise et le dit fièrement quand l’occasion se présente. Né à Pikine, précisément à Guinaw Rails, il a fait ses études primaires et secondaires à Pikine et a obtenu son baccalauréat au Lycée Seydina Limamoulaye de Guédiawaye en 1992 avant de rejoindre la faculté de médecine.
Directeur Afrique francophone et lusophone du Cours international OMS d’accréditation du diagnostic du paludisme, le Professeur a également mis en place Centre africain d’excellence sur la génomique des maladies infectieuses.
Il s’était fixé comme objectif de travailler pour l’éradication du paludisme après avoir échappé à cette maladie quand il était jeune.
Membre du Conseil scientifique de l’UCAD, il a reçu de l’académie française de pharmacie le Prix de la Pharmacie francophone 2020 pour la découverte en 2016 du test du paludisme ”Illumigene-Malaria”, jugé ”révolutionnaire”.
En, 1997, il a été le seul candidat admis en Médecine et Pharmacie au concours des Internes des Hôpitaux à Dakar.
LES PARTISANS DE BASSIROU DIOMAYE FAYE DÉFILENT, LUI RESTE INCARCÉRÉ
Emprisonné depuis près d'un an, le secrétaire général du parti dissout Pastef se retrouve le grand absent de cette campagne électorale pour l'instant. Pourtant, à travers lui, c'est tout un programme politique qui résonne dans les rues de Dakar
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 11/03/2024
Alors que la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 24 mars a officiellement débuté au Sénégal, un des candidats majeurs de l'opposition reste derrière les barreaux. En effet, Bassirou Diomaye Faye, secrétaire général du parti dissout Pastef et candidat de la coalition "Sonko Président", purge toujours une peine de prison malgré le démarrage du scrutin.
Porté par une forte popularité, des milliers de partisans se sont rassemblés dimanche lors du premier meeting de campagne de la coalition à Dakar. "Tout le monde est venu pour montrer notre force, montrer que nous sommes majoritaires dans le pays", a déclaré Abdourahmane Sankhare, un professeur de sciences présent à l'événement, cité par l'agence de presse française. Sur les tee-shirts et casquettes, le visage souriant de Bassirou Diomaye Faye est omniprésent. Pourtant, l'homme reste détenu depuis près d'un an pour "outrage à magistrat".
Inscrit parmi les 19 candidats en lice pour cette présidentielle, reportée une première fois, Bassirou Diomaye Faye purge actuellement sa peine à la prison de Rebeuss, à Dakar. Selon le journal Le Monde, qui a couvert le meeting à Dakar, ses sympathisants espèrent une remise en liberté prochaine dans le cadre d'une loi d'amnistie récemment adoptée ou d'une liberté provisoire. "L'important, c'est le projet et pas le candidat. Le fait qu'il soit encore détenu, 'ça nous motive encore plus'", a déclaré Ramatoulaye Diédhiou, une assistante de 28 ans.
Autre grande absente de ce rassemblement, Ousmane Sonko, arrivé troisième de la présidentielle de 2019 et dont la candidature a cette fois été invalidée. Son visage était omniprésent aux côtés de celui de Bassirou Diomaye Faye, avec le slogan "Ousmane mooy Diomaye", qui peut se traduire par "Ousmane, c'est Diomaye". L'opposant, également détenu, a appelé ses partisans à soutenir le candidat de la coalition "Sonko Président".
Lors de la présentation du programme aux médias samedi, plusieurs mesures fortes ont été avancées comme la suppression du poste de Premier ministre, la création d'un poste de vice-président ou encore la création d'une monnaie nationale en remplacement du franc CFA. "Notre programme est long et riche. On n'aura pas assez de dix ans pour tout mettre en oeuvre", a estimé Fary Yague, une étudiante de 26 citée par le journal Le Monde.
Alors que la campagne s'annonce très ouverte, le candidat de la mouvance présidentielle Amadou Ba s'est rendu dimanche en périphérie de Dakar, avant son meeting de lancement de campagne prévu lundi. Les anciens maires Khalifa Sall et Idrissa Seck courtisent également les électeurs. Seul bémol, le clip de campagne de Bassirou Diomaye Faye n'a pas été diffusé à la télévision nationale car préenregistré par son directeur de campagne, a justifié le régulateur audiovisuel sénégalais.
par Ousseynou Nar Gueye
LES CANDIDATS SUR LA RTS : TRIOMPHE DE LA WOLOFOCRATIE DÉMAGO
EXCLUSIF SENEPLUS - Le premier vainqueur de cette élection présidentielle 2024 est le populisme en marche, tenant de la main gauche la démagogie à citations coraniques et de la main droite, la wolofocratie conformiste
Premier temps d'antenne des candidats présidentiels diffusé à la RTS ce dimanche 10 mars : la majorité des candidat(e)s a parlé exclusivement wolof. Certains du wolof entrecoupé à la fin de français (pour le néo-alphabétisé Serigne Mboup, qui a des choses à prouver en matière de gauloiserie).
D'autres du français émaillé à la fin de wolof (pour le présumé poulet de Korité Amadou Bâ, dont le wolof de boy town sans accent Ndring sert de gage qu'il n'est pas Guinéen), là où la vendeuse de poulets Anta Babacar Luther Queen a fait du wolof martial, style Taekwondo (sport efficace mais peu halal pour tordre le cou aux gallinacés!). Ou enfin du françouoloffulaani (pour M.L. Diallo Tekki, qui veut rameuter jusqu'au Tekrur).
En 2019, des 5 candidats, seul "Çonqueault" avait fait son premier temps d'antenne RTS (et ses autres passages RTS aussi !) uniquement en wolof, ce qui me semblait déjà anticonstitutionnel (et anticonformiste aussi, il est vrai. Mais bon : Encore heureux!) : il a fait des émules chez tous les 18 candidats de 2024 (moins un candidat aphone à la RTS, Diomaye qui joue la pièce de théâtre "En attendant Godot" à la prison du Cap Manuel...). Dès lors, interprète-fixeur pour journaliste de la presse étrangère est un métier d'avenir, à moins que ChatGPT travaille aussi en wolof.
Le premier vainqueur de cette élection présidentielle 2024 est donc le populisme en marche, tenant de la main gauche la démagogie à citations coraniques et de la main droite, la wolofocratie conformiste. Conclusion ? : "En avant, mars !".
En attendant la promesse des fleurs de darkassé, dambarass, soumps, et autres madds éclos ce dimanche soir sur la RTS, 'Marssons!' seulement...., on verra les fruits sahéliens que cela donnera à la gare du 24 mars.
Le message subliminal de ce recours unanime au wolof par les candidats présidentiels pour leur temps d'antenne à la télévision publique est que le précurseur en la matière, Ousmane Çonqueault, est l'absent le plus présent de cette campagne électorale. D'ores et déjà.
Ousseynou Nar Gueye est fondateur du site d’info Tract.sn et Managing Partner d’Axes & Cibles Com.