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23 novembre 2024
International
MULTIPLE PHOTOS
POUR UNE ÉCRITURE RESPECTUEUSE ET CORRECTE DE NOS LANGUES NATIONALES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le wolof s'impose comme langue de prédilection pour toucher les électeurs, mais son écriture reste prisonnière des conventions françaises. Voici une liste détaillée des corrections à apporter aux noms des partis et coalitions
La langue est le reflet de l'âme d'un peuple. Au Sénégal, l'usage croissant du wolof dans la sphère politique témoigne d'une volonté de se rapprocher du cœur de la nation. Mais cette belle intention est entachée par une négligence : l'écriture incorrecte de la langue. L'association Fonk Sunuy Làmmiñ lance ci-dessous, un appel dynamique pour restaurer la dignité linguistique du wolof et des autres langues nationales à travers un guide de correction des erreurs courantes sur les noms des partis et coalitions politiques. (voir en illustration du texte).
"JUBBANTI MBIND MI
Il est heureux de constater que de plus en plus les sénégalais adorent écrire en wolof. Et surtout les partis politiques. Les noms de groupes et les slogans des partis, pour les élections précédentes et surtout pour celles de 2024, témoignent de cette tendance. Pourquoi ce choix ? Parce que ces partis veulent parler directement au peuple sénégalais, se rapprocher de lui, gagner son estime et son adhésion. Mais surtout, nos langues nationales, en particulier le wolof, sont puissantes, accrocheuses et bien plus expressives que le français. Les langues nationales révèlent toute leur beauté et leur force lorsqu’elles sont utilisées correctement et sont bien employées.
Cependant, il est préoccupant de voir que, malgré cet engouement, nos langues ne sont pas encore respectées dans leur forme écrite. Beaucoup continuent de les transcrire avec les conventions de l’écriture française, comme si nos langues étaient incomplètes, dénuées de structure propre, et nues sans le soutien du français. Cette pratique perpétue une forme de soumission culturelle, laissant penser que la langue française serait supérieure et que nos langues ne seraient que des variantes imparfaites.
Pourtant, nous disposons de nos propres alphabets, spécifiquement adaptés à la richesse phonétique et aux réalités linguistiques de nos langues. Ne pas respecter les règles établies, c’est renoncer à une partie de notre souveraineté linguistique. Chaque langue possède son essence, son identité. Écrire nos langues avec des règles empruntées, revient à effacer une partie de cette identité, à les dénaturer. Il est impératif de revendiquer cette souveraineté en adoptant nos propres outils d’écriture conçus pour représenter précisément la richesse et les nuances de nos langues.
En ce qui concerne le wolof, il s'écrit avec l'alphabet latin, mais il possède des règles particulières qui le distinguent du français. Par exemple, écrivez « u » au lieu de « ou », « ë » au lieu de « eu », « ñ » au lieu de « gn », ou encore « ŋ » au lieu de « ngue », etc. Et c’est beaucoup plus simple, parce qu’à un son, correspond une lettre et vice-versa. Les accents, le redoublement des consonnes et des voyelles, entre autres, ont tous des valeurs phonétiques et sémantiques. Ainsi la distinction entre a, aa et à est essentielle pour traduire fidèlement la réalité des mots : jam (percer), jaam (esclave) et jàmm (paix), de même que xal (feu) est différent de xaal (melon), et est aussi différent de xall (être blanchâtre) et de xàll (frayer un chemin). Il en est aussi de xel (esprit) et xél (vive allure), de même que rew (vergetures) est différent de reew (être impoli) et est différent de réew (pays) ; gëm (croire) est aussi différent de gëmm (fermer les yeux), etc.
Il est indispensable d'apprendre et de maîtriser cet alphabet si nous croyons véritablement en nous-mêmes et en la valeur de nos langues.
Nous devons comprendre que respecter l'écriture de nos langues avec leur propre alphabet, c’est affirmer notre identité et notre autonomie culturelles. Cela revient à dire que nous n’avons besoin de nous adosser à une quelconque langue pour exister pleinement. En maîtrisant l’écriture correcte de nos langues, nous réaffirmons qu’elles ne sont ni inférieures ni incomplètes, mais au contraire, elles sont souveraines et porteuses de tout un ensemble de valeurs et civilisations.
Nanu fonk te jox gëdda làmmini réew mi !
Respectons et valorisons les langues de notre pays !
Vous pouvez commencer dès aujourd'hui en corrigeant vos écrits selon les règles de l’alphabet propre à nos langues avant les élections du 17 novembre et ainsi participer activement à cette reconquête de notre souveraineté linguistique.
Note : L’association Fonk sunuy Làmmiñ remercie chaleureusement les jeunes journalistes de Lu Defu Waxu du Groupe Ejo Editions et les encourage pour le travail remarquable qu’ils accomplissent dans la promotion des langues nationales, en particulier du wolof. La correction de la graphie des noms de partis et coalitions a été initiée par eux dans le journal Lu Defu Waxu, Seen Yéenekaay ci Kàllaamay Kocc du 07 octobre 2024.
L’association Fonk Sunuy làmmiñ
Jàng, Jubal, Jariñoo"
Par Papa Demba Thiam
ET SI LA DEGRADATION DE LA NOTE SOUVERAINE DU SENEGAL ETAIT PLUTOT UNE OPPORTUNITE ?
Le FMI aussi, n’a ni endossé, ni rejeté les résultats de cet audit qui ne sont pas définitifs. La SND devrait être un document de base pour déclencher des concertations nationales pour donner une approche consensuelle de notre développement
Je dois d’abord dire que je suis pour la transparence absolue. Mais que l’exigence de transparence nous instruit aussi de ne publier que des rapports définitifs, donc officiels.
E t cela n’a pas malheureusement pas été le cas avec avec la divulgation des résultats provisoires de l’audit des finances publiques du Sénégal, même si je demeure convaincu que son premier ministre aura agi de bonne foi, en espérant rendre service à son pays, au nom de la doctrine de ses nouveaux dirigeants.
On nous apprend dans les grandes écoles de prise de décision, que le principe premier, quand on apprend une nouvelle, c’est de ne réagir à chaud, que si le fait de ne pas le faire provoque des dommages immédiats.
Ce n’était pas le cas. Il fallait économiser la réaction immédiate. Parce qu il faut quand même admettre que, pour l’instant, le seul résultat tangible de cette sortie publique hyper médiatisée en est la dégradation de notre note souveraine.
Et l’agence de notation qui l’a faite savait bien que les résultats de l’audit annoncés dans la conférence de presse par le premier ministre et son ministre de l’économie, du plan et la coopération étaient et sont toujours provisoires, en attendant le rapport définitif de la Cour des Comptes qui va aussi procéder avec le sacro-saint principe contradictoire en donnant la possibilité aux anciens responsables mis à l’index de s’expliquer, si nécessaire. C’est donc difficile d’être péremptoire à ce stade de la procédure. C’est pourquoi le Fonds Monétaire International (FMI) reste prudent, réservé et pudique, malgré les tentatives de détournements de l’objectif de sa communication au gré des intérêts politiques concurrents.
Par contre, l’agence Mody’s a dégradé la note souveraine du Sénégal parce qu’elle a anticipé des réactions négatives, l’argent n’aimant le bruit. C’est déjà une chance que les deux autres agences de notation ne l’aient pas encore suivi.
C’est pour justement faire des tirs de barrage pour éviter cette occurrence catastrophique, que des experts crédibles font entendre leurs voix en publiant des analyses qui incitent à la prudence.
C’est ce que je fais pour protéger les intérêts de mon pays. Ce n’est pas s’opposer à la politique de nos nouvelles autorités.
Il ne faut donc pas confondre vitesse dans la transparence et précipitation, sans prendre le temps de gérer les risques auxquels on s’expose avec cette précipitation. Le principe est que chaque fois qu’on annonce un risque, on en parle que si on a trouvé un instrument pour mitiger ce risque. Or, au lieu d’adopter cette démarche, le premier ministre et son ministre de l’économie, du plan et de la coopération ont plutôt laissé l’impression que la solution à nos problèmes de déficit budgétaire et d’endettement ne devait dépendre que du FMI.
Une catastrophe avec une balle tirée dans les pieds du Projet qui a prôné le développement économique et social inclusif, endogène et empreint de souveraineté. Me taire n’était pas protéger l’intégrité du Projet ! Par exemple, on aurait pu utiliser le temps entre la remise du rapport provisoire de l’audit des comptes publics et, la publication du rapport final par la Cour des Comptes, pour travailler sur des instruments financiers qui nous permettent d’annoncer les résultats en même temps qu’on démontre qu’on peut annihiler les risques que ces résultats présentent pour notre solvabilité.
Cela s’appelle gérer, ce n’est pas cacher ou mentir
Et le président de la République a d’ailleurs été très sobre, en postant qu’il “salue l’esprit collaboratif du FMI après la divulgation des résultats provisoires” [de cet audit]. Les deux mots que j’ai mis en lettres capitales sont lourds de signification.
Un ouf de soulagement pour moi ! Les autres agences de notation vont peut-être observer le statut quo en attendant.
Parce que le FMI aussi, n’a ni endossé, ni rejeté les résultats de cet audit qui ne sont pas définitifs. Et c’est normal. Il s’est simplement dit disposé à collaborer étroitement avec le gouvernement, dans les prochaines semaines.
Ma culture d’ancien fonctionnaire international, y compris près de 14 ans, dans une institution de financière multilatérale, me suggère que le FMI attendrait d’entrer d’abord en possession du rapport définitif de la Cour des Comptes pour l’étudier, avant d’entrer en matière avec le gouvernement.
Cela prendra donc temps, avant que le FMI ne formule ses éventuelles “recommandations” qui ne pourraient d’ailleurs, de mon point de vue, qu’être drastiques, si les allégations qui ont été faites lors de la conférence de presse du Premier ministre venaient a être étayées.
Parce que ce même FMI poussait déjà ses recommandations drastiques avant la divulgation des résultats provisoires de l’audit des finances publiques.
À mon humble avis, le gouvernement du Sénégal n’aurait alors évidemment pas les moyens politiques d’appliquer de telles recommandations, pour les raisons qui suivent.
Parce que les premières mesures du nouveau gouvernement ont été d’essayer de baisser le coût de la vie. Pourtant, depuis lors, le coût de la vie a pris l’ascenseur et rien ne permet de croire qu’il va baisser.
Or, les seules mesures auxquelles les institutions de Bretton Woods nous ont habituées, ont consisté à réduire les subventions publiques, à appliquer la vérité des prix et à augmenter les ressources fiscales pour rembourser la dette publique contractée auprès d’elles, en priorité
Non seulement de telles mesures vont impacter la compétitivité des entreprises et menacer leur viabilité, mais elles vont aussi accroître le chômage des jeunes, augmenter le coût général de la vie, créer plus de pauvreté, tout ne donnant aucune marge de manœuvre budgétaire au gouvernement, pour s’engager dans des investissements en infrastructures physiques et institutionnelles, autant que dans la recherche, l’éducation et la formation etc. qui sont tous indispensables à la transformation des systèmes et structures économiques qui est la clé de voûte du Projet.
S’il faut ajouter aux éventuels appuis budgétaires du FMI et la Banque, des emprunts encore plus chers sur les marchés financiers, du fait de la dégradation de la note souveraine du Sénégal, je ne crois pas que le gouvernement de rupture devrait perdre trop temps à aller essayer d’emprunter auprès de ces institutions, pour finir par s’entendre “conseillé” (contraint) de ne pas financer son programme de transformation des systèmes et structures avec de l’argent public.
C’est cela, le piège de la dette qui nous a toujours empêché de développer l’industrialisation, par la transformation systématique de nos ressources, pour continuer à exporter nos matières premières [et des emplois] dans les pays où elles sont transformées. Un élément capital de la fabrique de pauvreté ! En repensant à tout cela, la situation actuelle de nos finances publiques et leur divulgation (peut - être maladroite mais probablement de bonne foi, aux fins d’inspirer la confiance dans notre volonté de transparence), pourrait être une chance provoquée par la main de Dieu, un “Deus Ex Machina”. Parce que ces nouvelles contraintes nous mettent le dos au mur et nous obligent à développer notre économie de manière endogène, résiliente et plus souveraine, avec moins de dette publique.
Et c’est parfaitement possible, en congruence avec les objectifs globaux du Projet !
Alors pourquoi ne pas essayer, pour l’amour de notre pays, de ses populations et par la Grâce de Dieu ?
Osons donc nous donner rendez-vous, au lendemain de la présentation officielle de la Stratégie Nationale de Développement (SND), pour en discuter entre membres d’une même et seule nation et, voir ensemble, si on pourrait l’enrichir, y compris avec des modèles de financement qui cadrent avec les objectifs du Projet.
Dans une telle perspective, la SND devrait être un document de base pour déclencher des concertations nationales pour donner une approche consensuelle de notre développement économique et social à laquelle tous les partis politiques et la société civile va adhérer.
Une telle approche aiderait d’ailleurs à mieux organiser et rationaliser l’activité politique comme dans les pays où les partis politiques sont d’accord sur l’essentiel, tout en proposant des voies différentes d’y parvenir.
Pour y arriver, nos nouvelles autorités devraient se décomplexer des liens de leurs promesses de politiciens, alors dans l’opposition, pour ne pas souffrir par orgueil mal placé et, profiter de la diversité d’une nation qui compte beaucoup d’experts, dans beaucoup de domaines qui sont essentiels à la création de richesses partagées.
Il nous faut tous nous rappeler que nul ne naît expert dans tous les domaines et que les dirigeants des nations les plus avancées ont recours à l’expertise, y compris celle qui peut les coacher, en se disant que plus ils sont seniors dans leurs domaines professionnels, plus ils ont besoin de coaching, quand ils viennent à exercer leur leadership dans d’autres domaines qu’ils ne connaissent pas.
Vive la Nation Sénégalaise !
Papa Demba Thiam est entrepreneur-conseil, professeur, specialiste en ingénieurie financière et expert en développement industriel intégré par des chaînes de valeurs.
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DANS LES COULISSES DES PRÉPARATIFS DES LÉGISLATIVES
10 milliards de frs CFA pour des bulletins de vote : le prix de la démocratie. Birame Sène explique pourquoi le format traditionnel a été maintenu malgré son coût. Entre tradition et modernité, plongée dans les défis logistiques d'une élection hors norme
Le Sénégal se prépare à des élections législatives anticipées le 17 novembre 2024. Birame Sène, Directeur général des élections, a dévoilé les coulisses de cette organisation lors d'une interview télévisée, mercredi 9 cotobre sur la RTS.
Malgré des délais serrés, la machine électorale est en marche. Le ministre de l'Intérieur a publié la liste des déclarations de candidatures : 41 listes ont été validées provisoirement, tandis que 5 ont été déclarées irrécevables. Les recours sont actuellement examinés par le Conseil constitutionnel.
Bulletins de vote : tradition et défis
Le format classique des bulletins de vote est maintenu, malgré des discussions sur un éventuel changement. Ce choix, bien que coûteux (environ 10 milliards de francs CFA) et gourmand en papier, garantit une continuité dans le processus électoral. Les maquettes des bulletins sont en cours de finalisation avec les mandataires des partis et coalitions.
Logistique : un déploiement national
Le matériel lourd a déjà été acheminé dans toutes les régions, à l'exception de Dakar. L'impression des bulletins et documents électoraux débutera prochainement. Les autorités administratives locales jouent un rôle clé dans la distribution et la sécurisation du matériel.
Innovation au service de la démocratie
La Direction générale des élections a mis en place plusieurs outils pour faciliter le processus :
Un logiciel pour le dépôt des candidatures, vérifiant automatiquement la parité et l'âge des candidats.
Un site internet regroupant toutes les informations électorales depuis 1993.
Un groupe WhatsApp pour une communication directe avec les mandataires.
Transparence et observation
Une commission chargée des accréditations a été mise en place. Plus de 10 dossiers de demande d'accréditation pour l'observation électorale, émanant d'organismes nationaux et internationaux, sont en cours d'examen.
La campagne électorale, d'une durée de 21 jours, permettra aux différentes listes de présenter leurs programmes aux électeurs sénégalais.
Ces élections législatives anticipées représentent un défi logistique et démocratique majeur. La mobilisation de l'administration électorale et la mise en place d'outils innovants visent à garantir un contrôle transparent et apaisé, crucial pour l'avenir politique du Sénégal.
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"LA NOIRE DE..." : UN CRI CINÉMATOGRAPHIQUE PLUS PUISSANT QUE JAMAIS
Le film qui a brisé le silence imposé au cinéma africain, revient en version restaurée. Cette œuvre pionnière d'Ousmane Sembène n'a rien perdu de sa puissance, cinq décennies après sa création
Dans les salles obscures françaises, un fantôme du passé refait surface, plus vivant et pertinent que jamais. "La Noire de...", chef-d'œuvre d'Ousmane Sembène restauré, s'apprête à secouer une nouvelle génération de spectateurs.
Tourné en 1966, ce film fut une révolution : premier long-métrage d'un réalisateur subsaharien, il a brisé les chaînes du décret Laval, cette loi coloniale qui muselait la créativité africaine depuis 1934.
L'histoire de cette jeune Sénégalaise, prise au piège du rêve français, résonne aujourd'hui avec une force glaçante. Entre les murs d'une villa d'Antibes, c'est toute l'hypocrisie du néocolonialisme qui se dévoile, sans fard ni compromis.
Sembène, visionnaire, brandissait déjà l'étendard de l'afro-féminisme avant même que le terme n'existe. Sa caméra capture la révolte silencieuse d'une femme, symbole de toute une génération prête à s'émanciper.
Cinquante-huit après sa sortie initiale, "La Noire de..." n'a rien perdu de son mordant. Au contraire, il nous tend un miroir dérangeant : les rêves brisés d'hier sont-ils si différents des espoirs déçus d'aujourd'hui ?
Ce film est bien plus qu'une pièce de musée. C'est un cri qui traverse les décennies, rappelant que le combat pour la dignité et l'égalité est loin d'être terminé. À l'heure où l'Afrique cherche encore sa voie, la voix d'Ousmane Sembène résonne comme un appel à l'action.
À L'ÉPREUVE DU FMI
Alors que Diomaye Faye réaffirme son engagement envers le FMI, des voix s'élèvent pour questionner la pertinence de cette collaboration. Comment s'affranchir de ces institutions de Bretton Woods ?
Les institutions de Bretton Woods, notamment le FMI, trônent toujours manifestement sur l'économie sénégalaise. Et ce, malgré l'arrivée au pouvoir d'un régime qui promeut la souveraineté sous toutes ses formes.
« Je salue l’esprit collaboratif du FMI, à la suite de la divulgation des résultats provisoires de l’audit des finances publiques du Sénégal sur la gestion 2012-2024 », s'est réjoui le président Bassirou Diomaye Faye tout en réaffirmant son engagement à faire du Sénégal un partenaire sûr et fiable.
En effet, ces propos du chef de l'Etat font suite à la réaction de la porte-parole du FMI, Julie Kozack qui assure aux autorités sénégalaises le soutien de l’institution financière suite à la conférence de presse du Premier ministre Ousmane Sonko sur la situation délétère de l'économie sénégalaise.
« Les autorités ont partagé les résultats de l’audit avec notre équipe. Nous travaillerons étroitement avec elles dans les prochaines semaines pour évaluer l’impact macroéconomique et définir les prochaines étapes », renseigne-t-elle. Mais cette promesse d'assistance du FMI pouvait être une bonne nouvelle pour le Sénégal si les tenants du régime n'avaient pas un regard critique sur ces institutions internationales à commencer par le Premier ministre Ousmane Sonko qui a toujours critiqué l'influence des partenaires comme le FMI sur l'économie sénégalaise. Et il n'est pas le seul.
Le député anticapitaliste Guy Marius Sagna a beaucoup par le passé déversé sa bile sur le FMI. A l'épreuve du pouvoir, le tandem Diomaye-Sonko ne semble pas avoir assez de marge de manœuvre pour ramer à contre-courant du FMI. Et la prépondérance de cette institution financière reste toujours à l'ordre du jour. Les avis de ce partenaire du Sénégal comptent visiblement.
Toutefois, le nouveau régime peut-il s'affranchir du FMI malgré les grandes velléités d'indépendance économique ? Et est-ce que ces institutions sont nuisibles pour l'économie sénégalaise ? Pour l'économiste Demba Moussa Dembélé, la réponse est affirmative. L'organisateur des « samedis de l'économie » trouve que la mission assignée à ces institutions est de renforcer la domination des principaux centres du système, Etats-Unis, Europe, entre autres, sur l’économie mondiale et le système financier international. À l'en croire, il n’a échappé à personne que depuis leur création il y a 80 ans, ces deux institutions sont dirigées respectivement par un citoyen américain et un citoyen européen. « Malgré les énormes transformations intervenues dans l’économie mondiale depuis 1944 », fustige l'économiste.
Abondant dans le même sens, le secrétariat permanent du Réseau Alternatif sur l'Afrique (RASA) estime que le Sénégal est à la croisée des chemins par rapport à ces institutions. « Soit on continue avec le FMI et la Banque Mondiale, soit on se déconnecte progressivement de ces logiques », soutient Dr Cheikh Guèye. Et le fait que, d'après lui, les nouvelles autorités aient la volonté de dire la vérité aux sénégalais, c'est déjà un pas vers la souveraineté. « Mais globalement, le Sénégal n'est pas encore sorti du schéma de la petite économie ouverte, dépendante du financement international, et très peu autonome », constate le prospectiviste.
« J'espère qu'avec le nouveau référentiel des politiques publiques qu'on va prendre comme indicateur, la souveraineté dans les différents domaines...»
Ainsi, en tant que promoteur d'une nouvelle alternative pour l'Afrique, il se veut clair sur les orientations du nouveau régime et du « Projet ». « J'espère que les indicateurs par lesquels nous allons faire progresser notre pays seront définis par nous-mêmes et pour nous-mêmes », recommande Dr Cheikh Guèye avant d'ajouter : « J'espère qu'avec le nouveau référentiel des politiques publiques, on va prendre comme indicateur la souveraineté dans les différents domaines.
Poursuivant toujours son argutie, il indique toutefois que ce chemin de la souveraineté vis-à-vis du FMI ne sera pas un chemin facile ni rapide », déclare-t-il avec véhémence. C'est le seul chemin du vrai progrès. « Le FMI et la Banque mondiale, on doit continuer à travailler avec eux pour qu'on ne travaille plus avec eux les prochaines années », suggère le chercheur.
par Ousmane Biram Sane
LES PRIX DES OBLIGATIONS DU SÉNÉGAL VONT REMONTER BIENTÔT
Si les boursicoteurs jouent la spéculation sur le papier sénégalais il n’y a pas à s’alarmer mais plutôt à le considérer comme une reconnaissance internationale et un défi pour nos ministères en charge de l’économie et des finances
Parler de chute des obligations du Sénégal à la suite de la sortie du Premier ministre Ousmane Sonkoest un bon signal par rapport à la signature du Sénégal sur les marchés financiers contrairement à l’opinion apparue dans plusieurs organes de presse ! Nous allons le démontrer.
Premièrement, quand un résumé de la situation financière du Sénégal fait par son chef de gouvernement entouré de quelques ministres-clés fait réagir les marchés financiers internationaux cela est un point positif pour notre pays. Pourquoi ? Parce que depuis de longues années nos économies étaient faiblement connectées au marché financier international et jusqu’à récemment ce sont les agences de notation qui jouent l’interface entre les investisseurs et nous. Alors si les investisseurs réagissent à la sortie du gouvernement sur les finances publiques cela crédite la thèse que la parole du Premier Ministre Ousmane Sonko est très suivie dans le monde entier et qu’il bénéficie de la confiance des investisseurs ! Car quand il dit « ça ne va pas chez moi », les investisseurs le croient et s’ajustent aussitôt en baissant le prix du titre de créance qu’ils détiennent ! A contrario, le jour où il affirmera que tout va bien, une réaction positive s’en suivrait. L’enseignement à tirer à ce niveau est que la prochaine sortie du PM le 7 octobre fera forcément réagir les marchés financiers en mode : position vendeur – conservateur- ou acheteur de titres d’obligations du Sénégal.
Deuxièmement, le Premier Ministre a le soutien implicite du FMI. En effet, pour les initiés qui comprennent la relation risque-rendement dans les produits obligataires qui sont fondamentalement des produits de taux et non des produits de plus-value comme les actions, la confirmation par le Fonds monétaire que le Sénégal est classé dans la catégorie « pays à risque de surendettement modéré » anéantit l’hyberbole « chute des obligations du Sénégal ! ». Pourquoi ? Parce qu’une obligation c’est une dette remboursable donc on ne perd pas en valeur nominale, si vous prêtez un million à l’Etat du Sénégal d’ici 2029, à l’échéance en 2029 l’Etat vous rendra votre million pile pour parler en langage simple ! Donc si le Sénégal est encore un Etat pas surendetté donc solvable à terme, les détenteurs du papier sénégalais n’ont aucune crainte quant à la bonne fin de leurs créances ! En plus s’ils ont l’opinion pacifiante du FMI c’est totalement rassurant car le FMI peut être considéré comme la première agence de notation au monde puis viennent les autres S&P, MOODY’S, …sans oublier l’africaine BLOOMFIELD.
Troisièmement, last but not least, les obligations du Sénégal vont reprendre l’ascenseur parce que, et ne l’oublions pas, les obligations sont des produits d’épargne à long terme. Cela est d’autant plus vrai pour les obligations d’Etat dont la crédibilité se joue sur deux critères essentiels : une politique macroéconomique vertueuse de l’émetteur-Etat et la qualité des dirigeants. Arrêtons-nous sur ce dernier aspect à savoir la qualité des dirigeants. Le Sénégal est dirigé depuis le 24 mars 2024 par des cadres qui ont comme atouts principaux : leur jeunesse, courage, franc-parler, probité et leur amour illimité pour le pays. Ce sont des dirigeants qui ont promis un don de soi et qui plus est, parlent un langage de vérité aux populations et aux partenaires internationaux y compris les investisseurs. Cette option de transparence va rassurer les marchés financiers et contribuera à la remontée du prix des obligations du Sénégal pour les faire coter au pair si elles s’en étaient trop écartées ! Pourquoi cette équipe dirigeante rassurerait les investisseurs ? Parce qu’autour du PM se trouvent de brillants sénégalais experts respectés dans leurs domaines respectifs. Prenons juste deux ou trois d’entre eux : Abdourahmane SARR ministre en charge de l’économie, est un ancien fonctionnaire du FMI donc il connaît cette maison. A titre d’anecdote, c’est en 2011 si mes souvenirs sont bons, que j’ai fait la connaissance de A. SARR, alors fonctionnaire du FMI à Lomé au Togo. Lors d’un bref échange, il me fît la confidence qu’il comptait démissionner du FMI ! Tourner le dos au FMI, quelle audace, quelle ambition me disais-je ! Nous voilà vivre la suite de sa belle histoire ! Quant à Monsieur Al Amine LO, il est le Directeur National sortant de l’Agence nationale de la BCEAO. Je l’ai connu comme étant un pragmatique. En 2022 nous avions travaillé ensemble sur la question lancinante du financement des PME avec le Comité National de Pilotage du Dispositif PME (CNP-PME, ex-CISAE (Comité d’Identification des Structures d’Appui et d’Encadrement) et le projet « Accès des PME au financement » de la Coopération allemande à travers la GIZ. J’ai su apprécier tout l’engagement de notre banque centrale pour la cause de la promotion du financement des Micro Petites et Moyennes Entreprises en Afrique de l’Ouest en général et au Sénégal en particulier. J’aurai pu en dire autant pour Abdourahmane DIOUF le ministre en charge de l’enseignement supérieur dont le passage à la direction générale de la SONES a redonné de la crédibilité à la réforme du secteur de l’eau notamment s’agissant des relations SONES-SDE. Quant au ministre de la justice, M. Ousmane DIAGNE les sénégalais sont unanimes sur ses compétences et sa crédibilité ce qui renforce la confiance des milieux d’affaires.
En somme et pour conclure, retenons que, si les boursicoteurs jouent la spéculation sur le papier sénégalais il n’y a pas à s’alarmer mais plutôt à le considérer comme une reconnaissance internationale et un défi pour nos ministères en charge de l’économie et des finances.
D’ailleurs, il est de l’avantage du Sénégal que les marchés financiers nous suivent de près au point qu’une sortie de presse de nos autorités soit aussitôt interprétée par les places financières internationales prêteuses ! Un tel arrimage du discours et des actes de nos dirigeants aux marchés financiers prouvent que nous ne sommes pas seuls et que le monde s’intéresse à nous dans une perspective de coopération franche, sincère et équilibrée.
A cet égard, le 08 octobre au lendemain de la présentation de la Stratégie Nationale de développement 2025-2029, la réaction des places financières prêteuses du Sénégal sera intéressante à suivre. En effet, en cas de confiance au Président de la République et à son programme conduit par son Premier Ministre, elles afficheront la remontée ou tout au moins la stabilité ! Alors les paris sont lancés !
En attendant, en tout état de cause et pour revenir aux fondamentaux retenons que, le crédit repose sur la confiance et la confiance provient de l’homme ! De ce point de vue, l’équipe d’argentier en place avec le nouveau régime, démarre avec un capital-confiance confortable enraciné dans le Jub Jubal Jubanti et apte à attirer des capitaux à la fois nationaux et étrangers pour développer le Sénégal.
Ousmane Biram Sane est économiste-financier, consultant.
par Cheikh Cissé
LE GRAND BLUFF DU GOUVERNEMENT FAYE
La subtilité du mensonge gouvernemental sur la question de la dette et du déficit se trouve dans la période visée et la déclaration de conformité de la Cour des comptes concernant la gestion de 2022
La subtilité du mensonge gouvernemental sur la question de la dette et du déficit se trouve dans la période visée et la déclaration de conformité de la Cour des comptes concernant la gestion de 2022.
Le ministre de l’Économie a évoqué une moyenne de 10,4 % de déficit public et 76,3 % de dette pour la période 2019 à 2023. Toutefois, il n’a pas fourni de chiffres corrigés pour les années 2019, 2020, 2021 et 2022, se contentant de ceux de 2023, qui s’élèvent à 83,7 % pour la dette (au lieu de 73,6 %) et à 10 % pour le déficit (au lieu de 4,9 %).
En ce qui concerne l’année 2023, les chiffres n’ont pas encore été certifiés par la Cour des comptes, contrairement aux années précédentes. Le ministre s’appuie sur le rapport sur la situation des finances publiques, qui a été transmis à la Cour des comptes pour une publication après ses propres réconciliations.
En résumé, il faut comprendre que les chiffres de 2023 peuvent, et seront probablement, remis en cause par la Cour des comptes, mais ceux des autres années sont déjà certifiés. La Cour adresse habituellement des demandes de corrections et/ou de données complémentaires pour l’année n-1 au ministère des Finances et du Budget, qui peut soit les accepter, soit les contester. Pour appuyer ses déclarations, le gouvernement s’appuie sur les alertes de la Cour des comptes, qui concernent principalement les dysfonctionnements du système d’information ASTER, la non-concordance des chiffres entre la DODP et la DDP, et surtout l’augmentation inquiétante du déficit public au cours des dernières années. Les deux premiers points n’ont cependant pas empêché la certification des comptes de 2022, car la Cour des comptes sait retrouver l’information correcte.
Pour les années 2019, 2020, 2021 et 2022, le gouvernement ne pourra pas fournir la preuve d’une quelconque falsification des comptes, ceux-ci ayant été certifiés. Je vous invite à lire l’excellent article de l’économiste Prof. Amath Ndiaye (cf. ci-dessous), qui démontre les incohérences d’une telle hypothèse. Si les comptes avaient été falsifiés durant la période en question, l’encours de la dette actuelle serait bien plus élevé que celui annoncé par Ousmane Sonko. De plus, le service de la dette aurait considérablement augmenté (car même pour une dette secrète, il faut payer des intérêts), et les partenaires internationaux l’auraient remarqué, puisque les tirages sur ressources se font avec leur accord.
Les accords de facilité de crédit ont été approuvés par le FMI au nom de l’État du Sénégal le 26 juin 2023 (second semestre 2023), et sont donc probablement basés sur les chiffres des années précédentes, et non sur ceux de 2023, que le ministre de l’Économie a mis en avant.
Contrairement à ce que véhiculent les manipulateurs, les institutions internationales disposent de mécanismes très efficaces pour détecter les mensonges potentiels des États contractants. Parmi ces mécanismes figurent les audits externes obligatoires, des critères de tirage rigoureux conditionnés par la réalisation des travaux et l’obtention du visa juridique de la Cour suprême, la collaboration avec les banques centrales, le travail acharné des meilleurs financiers et économistes mondiaux (dont beaucoup sont basés au Sénégal même) et, enfin, la surveillance étroite des marchés, qui réagissent avec agilité aux fluctuations économiques.
On pourrait continuer à démontrer les incohérences des déclarations du gouvernement, mais cela ne servirait à rien, car les conséquences sont déjà devant nous. Il suffit de lire les interventions des acteurs externes pour comprendre que notre propre gouvernement est en train de se saborder. On observe déjà les effets de cette culture de victimisation et de mensonge exacerbée :
- Le Sénégal s’est endetté de plus de 800 milliards supplémentaires depuis l’arrivée du nouveau régime. Une dette contractée dans des conditions désastreuses, souvent pour financer une autre dette ;
- Le pays aura de plus en plus de mal à emprunter, avec des taux d’intérêt en hausse en raison de la dégradation des notes causée par les déclarations du gouvernement ;
- Pire encore, le Sénégal n’a plus de marge de manœuvre pour renégocier avec le FMI et remettre en question la suppression des subventions énergétiques signée par Macky Sall. Nous faisons face au spectre des ajustements structurels, car le FMI est désormais en position de force pour imposer les accords signés, alors que nous avons des moyens limités pour emprunter ou réduire l’augmentation du déficit ;
- Pour réduire ce déficit, le gouvernement a opté pour une augmentation agressive des recettes fiscales, une stratégie qui paralyse l’économie et fait fuir les investisseurs ;
- Enfin, le Sénégal ne pourra pas introduire de lois de finances pour l’année en cours, ni voter le budget pour l’année prochaine avant au moins décembre (dans le meilleur des cas), en raison de la dissolution de l’Assemblée. Les partenaires internes et externes sont dans l’incertitude totale.
Voilà les maux dont souffre le Sénégal actuel. 2025 sera certainement une année difficile.
Cheikh Cissé est ingénieur en informatique, expert en intelligence économique et management stratégique
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MAMADOU NDOYE, VOIX DE LA SAGESSE CRITIQUE
L'ancien ministre et figure de la société civile pointe, dans un entretien avec Abdoulaye Cissé, le manque d'endogénéité des politiques éducatives nationales et l'inertie inquiétante dans la refondation des institutions promise par Diomaye (WOLOF)
Dans une interview accordée à Abdoulaye Cissé de la TFM, Mamadou Ndoye, figure respectée de la société civile et ancien ministre de l'Éducation, dresse un tableau nuancé de la situation politique et éducative du pays.
Selon lui, les politiques éducatives souffrent d'un manque criant d'endogénéité, suggérant qu'elles sont trop souvent calquées sur des modèles extérieurs. L'ancien ministre exprime également son inquiétude quant au processus de refondation des institutions, promesse phare du président Bassirou Diomaye Faye qui n'a toujours pas été engagée par la nouvelle administration. Ce statu quo pourrait, selon lui, compromettre les espoirs de changement profond nourris par de nombreux Sénégalais à l'aune de la dernière alternance.
Cependant, Mamadou Ndoye entrevoit la possibilité d'un sursaut présidentiel après les élections législatives du 17 novembre 2024, laissant entendre que ce scrutin pourrait servir de catalyseur pour relancer les réformes tant attendues.
Alors que le Sénégal se prépare pour ces élections législatives cruciales, les observations de Mamadou Ndoye rappellent l'importance d'une vigilance constante de la part de la société civile pour garantir que les promesses de changement se traduisent en actions concrètes.
LE NIGER FAIT DES RECORDS
Des pluies exceptionnelles au Niger ont fait 339 morts et plus d’un million de sinistrés depuis juin, a annoncé mardi l’Agence nigérienne de presse (ANP), un média d’État.
Des pluies exceptionnelles au Niger ont fait 339 morts et plus d’un million de sinistrés depuis juin, a annoncé mardi l’Agence nigérienne de presse (ANP), un média d’État.
Un précédent bilan du ministère nigérien de l’Intérieur faisait état le 4 septembre de 273 morts, plus de 700 000 sinistrés et 278 blessés dans ces intempéries qui ont touché tout le pays dont Niamey, la capitale.
Au 23 septembre, les inondations ont causé « 339 pertes en vies humaines », fait 383 blessés et 1 176 528 sinistrés, précise l’ANP. L’agence cite la Protection civile, qui dépend du ministère de l’Intérieur.
Selon l’ANP, quatre régions sont sévèrement touchées : Maradi (centre-sud, 111 morts), Tahoua (ouest, 99 morts), Zinder (centre-est, 65 morts) et Dosso (sud-ouest, 22 morts). Niamey a enregistré 9 morts. L’agence rapporte également d’« importantes pertes » de matériel, de bétail et de vivres.
L’intense saison des pluies n’a pas épargné le nord du pays, très désertique, où elle a fait 8 morts et mis en péril la ville historique d’Agadez, dont sa célèbre mosquée érigée en 1515 et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
À Zinder, les pluies ont entraîné l’effondrement d’une mosquée construite il y a plus de 200 ans. Certaines zones du pays ont enregistré « jusqu’à 200 % » d’excédent de pluies par rapport aux précédentes années, selon les services de la météorologie nationale.
La saison est déjà terminée dans les zones plus arides et tire à sa fin dans le sud humide, notent-ils. En raison des dégâts causés dans les écoles et leur occupation par des milliers de déplacés, le gouvernement a repoussé au 28 octobre la rentrée scolaire, initialement prévue le 2 octobre.
Mi-septembre, il avait assuré avoir assisté plus de 700 000 sinistrés avec plus de 8000 tonnes de céréales, des moustiquaires, des couvertures, ou des tentes. Depuis quelques années, les inondations sont récurrentes dans tout le Niger pendant la saison des pluies, qui dure de juin à septembre.
Celles de cette année ont été particulièrement dévastatrices. Un paradoxe dans cet État très sec où les mauvaises récoltes sont habituellement dues à la sécheresse. En dépit des importants dégâts, « cette saison augure de bonnes récoltes agricoles », note toutefois le ministère de l’Agriculture.
L'ARCOP DÉBRANCHE UN PROJET D'ÉLECTRIFICATION RURALE CONTROVERSÉ
Le projet de 37 milliards FCFA est suspendu, révélant au grand jour un enchevêtrement d'irrégularités. Au cœur du scandale : des garanties émises sans paiement de primes, une utilisation opaque des fonds d'avance, et des mouvements bancaires suspects
(SenePlus) - L'Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP) a ordonné la suspension immédiate d'un projet majeur d'électrification rurale, impliquant plusieurs régions du pays et un financement espagnol de plus de 37 milliards de francs CFA.
Cette décision intervient suite à une série de dénonciations et d'irrégularités présumées dans la gestion du projet. Au cœur de cette affaire complexe se trouvent l'Agence Sénégalaise d'Electrification Rurale (ASER), l'entreprise espagnole AEE POWER EPC, et sa filiale sénégalaise AEE POWER Sénégal.
Le litige a éclaté lorsque AEE POWER Sénégal a contesté "la signature d'un protocole d'accord entre ASER et la société AEE POWER EPC", craignant que cela ne "viole les clauses du contrat signé avec lui". L'entreprise sénégalaise a saisi l'ARCOP dès le 29 août 2024, dénonçant une renégociation du marché qui "ne respecterait pas les procédures de passation des marchés publics".
La situation s'est encore complexifiée avec l'intervention de la Banque SANTANDER, principale financière du projet. Dans un courrier daté du 30 septembre 2024, la banque espagnole a exprimé "ses vives inquiétudes" concernant la gestion financière du contrat. Elle a notamment soulevé des questions sur "l'éligibilité à la garantie souveraine et sur la caution émise par la SONAC", la compagnie d'assurance impliquée dans le projet.
Plus alarmant encore, la banque a révélé avoir "saisi l'entreprise AEE POWER EPC pour lui demander des éclairages sur différents points, notamment, la destination et l'utilisation des sommes mises à sa disposition à titre d'avance de démarrage des travaux". L'absence de réponse de l'entreprise espagnole a conduit la Banque SANTANDER, en collaboration avec l'Agence Espagnole de Crédit à l'Exportation (CESCE), à "suspendre tout financement relatif au marché".
L'ARCOP, dans sa décision, met en lumière plusieurs irrégularités potentielles, notamment :
"L'émission, par la Compagnie d'assurances SONAC, de garanties sans contrepartie financière pour le paiement des primes, contrevenant ainsi aux dispositions du code CIMA."
"L'utilisation de l'avance de démarrage à d'autres fins, notamment la régularisation du paiement des primes."
"Des transferts constatés sur le compte de dépôt de l'avance de démarrage ouvert au niveau de la Banque Santander, alors que les travaux n'ont pas encore démarré."
Face à ces allégations graves, l'ARCOP a pris la décision de suspendre l'exécution du marché "jusqu'au prononcé de la décision du Comité de Règlement des Différends". Cette mesure conservatoire vise à préserver l'intégrité du processus et à permettre une enquête approfondie sur les irrégularités présumées.
L'autorité de régulation a également pointé du doigt le manque de coopération de l'ASER, notant que l'agence "n'a toujours pas envoyé les dossiers du marché réclamés par le CRD pour statuer au fond et rendre une décision conforme à la réglementation".