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23 novembre 2024
International
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Y'EN A MARRE TIRE LA SONNETTE D'ALARME
Arrestations controversées, libertés menacées, promesses oubliées : Aliou Sané dresse un bilan sans concession des premiers pas du gouvernement. Un rappel cinglant que la vigilance citoyenne ne prend jamais de vacances
Ce dimanche 6 octobre 2024, Alioune Sané, coordinateur du mouvement Y'en a Marre, a fait entendre sa voix lors de l'émission dominicaine de Sud FM. Dans un entretien percutant, il a exprimé de vives inquiétudes quant à l'état actuel de la démocratie sénégalaise.
Sané a pointé du doigt les récentes actions du nouveau gouvernement, notamment les arrestations pour "diffusion de fausses nouvelles". Il avertit que ces pratiques rappellent dangereusement celles du régime précédent, contre lesquelles le mouvement s'était battu. "On ne peut pas dire à une opposition comment elle doit s'opposer", a-t-il martelé, appelant à préserver l'espace démocratique chèrement acquis.
Le coordinateur de Y'en a Marre n'a pas manqué de souligner l'importance de la reddition des comptes, tout en insistant sur le respect des droits et de la présomption d'innocence. Il exhorte le gouvernement à agir de manière transparente et équitable dans ce processus.
Face aux défis sociaux critiques tels que l'insécurité, l'immigration irrégulière et le chômage des jeunes, Sané appelle à un leadership fort et inspirant. Selon lui, le nouveau président a la responsabilité de "faire rêver" la jeunesse sénégalaise et de l'engager dans un projet de développement national.
Malgré ces préoccupations, Alioune Sané réaffirme le rôle crucial de Y'en a Marre en tant que "sentinelle de la démocratie". Il souligne l'importance de maintenir des organisations citoyennes indépendantes, capables de s'élever au-dessus des intérêts politiques pour défendre les principes démocratiques.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
UNE ODE POUR LA RENAISSANCE AFRICAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est de notre responsabilité, nous les Africains où que nous soyons, d’œuvrer pour le rétablissement de nos valeurs, de notre conscience historique, de nos ressources culturelles, de nos créations
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 05/10/2024
La renaissance africaine est une démarche qui propose un ensemble de valeurs en rupture avec les représentations euro-centristes et les négations de soi qui effacent et dévalorisent la conscience historique africaine.
Ce partage de résolutions communes doit s’accompagner d’une unité africaine avec pour levier un postulat qui permet d’œuvrer pour la renaissance : une unité culturelle avec la réappropriation du patrimoine historique et des valeurs africaines ainsi que l’exercice des langues nationales ; mais aussi une unité économique et monétaire avec une réelle exploitation des richesses naturelles du continent et enfin une unité politique d’où doit émerger une véritable démocratie participative qui aura pour fondement la pensée africaine le Ubuntu, la justice cognitive, la défense des droits humains fondamentaux et la lutte contre les corruptions, l’impunité et le népotisme.
Il est une de ces valeurs qu’il convient de mettre en lumière, celle de l’engagement politique qui doit être accompagné d’une intégrité sans faille.
Il s’agit ici de dénoncer les accessions au pouvoir qui ne sont pas acquises au moyen simple de la démocratie. Le suffrage universel doit être transparent et le pouvoir ne se conquiert pas à coup d’élections truquées, achetées. La conquête des plus hautes responsabilités d’Etat doit s’exercer par l’intelligence, par une exigence politicienne saine et par une vraie démarche intellectuelle. Un chef d’Etat est un homme tourné vers son peuple et qui doit mesurer, écouter et rendre possible les ambitions de celui-ci dans une cohérence républicaine et démocratique.
Certains gouvernants africains sont des usurpateurs qui tuent la créativité africaine. Ils sont les complices du grand banditisme international qui maintient le continent dans la misère crasse, le chaos, la guerre. Ils sont les assassins des forces vives du continent, de l’intégrité, de l’excellence intellectuelle et de l’entendement humain.
Comme le souligne l’ancien président Thabo Mbeki, grand défenseur de la renaissance africaine, « tant qu’il en sera ainsi, notre continent restera en marge de l’économie mondiale, pauvre, sous-développé et incapable de décoller. »
Et ce ne sont pas que des mots réservés à l’élite, aux cadres, aux intellectuels, c’est le cri de tous les peuples quels qu’ils soient.
Il ne s’agit plus de promesses, de discours pour mieux piller les États et leurs richesses. Il s’agit de rendre compte de ses actes et un homme d’Etat qui ne défend que ses intérêts personnels est un imposteur. L’Afrique n’est pas un continent mineur, des hommes et des femmes sont prêts à se battre pour son développement durable à l’échelle mondiale.
Cette prise de conscience doit s’accompagner de la réappropriation des richesses culturelles, historiques, intellectuelles de la pensée africaine. Nous possédons dans l’histoire antique des modèles d’intelligence et de démocratie en harmonie avec la société que nous voulons construire : les intellectuels du Moyen-âge, l’université des savoirs enracinée à Tombouctou durant des siècles, les savants africains de l’Égypte antique qui maîtrisaient les sciences physiques, spirituelles et sociales, « deux milles ans en avance sur les Européens de Grèce ».
Cinq cents ans d’esclavage et de pouvoir colonial ont réduit à néant ce fantastique héritage. Il est de notre responsabilité, nous les Africains où que nous soyons, d’œuvrer pour le rétablissement de nos valeurs, de notre conscience historique, de nos ressources culturelles, de nos créations qui sont exhibées de par le monde sans que l’on soit directement, sans intermédiaire crapuleux, impliqués dans la défense de ce patrimoine.
La connaissance de soi et l’ouverture du champ des possibles sont les seules issues pour recouvrer la dignité, la confiance et l’estime de soi.
La démarche de la renaissance africaine est une méthode de lutte perpétuelle contre les chefs d’Etat tyranniques, contre les népotismes, contre la misère intellectuelle, contre l’imposture, contre le crime organisé.
Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et attendre encore que plusieurs générations d’africains soient sacrifiées au seul profit de quelques hommes illégitimes et malhonnêtes.
Hommes politiques, hommes de culture, savants, chercheurs, cadres, artistes, intellectuels, ouvriers, paysans, chômeurs, enseignants, revenons à la « terre mère ».
Hommes, femmes, jeunes de tout le continent et de la diaspora, rassemblons-nous pour créer l’unité africaine de demain qui ainsi constituée formera l’image belle et renouvelée du continent et que l’on nomme la renaissance africaine.
« Pour toi je bâtirai
Un continent de pleine lune
Avec des terres sans frontières
Sans castes
Sans propriétés
Sans mépris
Et sans haine
Où grandiront
De beaux nénuphars noirs
Fleuris par les soleils de nos libertés !
Et je foudroie l’envahisseur et ses valets
Tous les nouveaux
Chiens de garde
Avec pour force
Ma seule folie ensoleillée
Brodée de conscience historique
Comment voulez-vous
Que je me soumette »
Extrait La parole du baobab, poésie, éditions Acoria, Paris, 1999.
Amadou Elimane Kane est enseignant, poète écrivain.
LE DUO QUI BOUSCULE LES CODES
« Il n'y a qu'une chaise pour un président », s'exclame l'opposition. Pourtant, le Sénégal semble aujourd'hui gouverné par un duo : Diomaye, le président novice, et Sonko, le Premier ministre charismatique. Leur tandem suscite espoirs et interrogations
(SenePlus) - Dans un paysage politique africain souvent marqué par la concentration du pouvoir, le Sénégal offre aujourd'hui un spectacle inédit : un tandem présidentiel qui bouscule les codes et suscite autant d'espoirs que d'interrogations. Le magazine Jeune Afrique (JA) consacre un grand angle à ce phénomène, mettant en lumière les dynamiques complexes qui animent l'exécutif sénégalais depuis l'élection surprise de Bassirou Diomaye Faye le 24 mars dernier.
Un duo né des circonstances
L'histoire de ce duo atypique commence par un coup de théâtre électoral. Bassirou Diomaye Faye, quasi-inconnu du grand public, est propulsé à la présidence avec près de 54% des voix dès le premier tour. Une victoire qui doit beaucoup à Ousmane Sonko, figure charismatique de l'opposition, empêché de se présenter et qui a rapporté son soutien sur son fidèle lieutenant.
Cette configuration unique trouve son origine dans les méandres de la politique sénégalaise. Comme le rapport JA, Faye lui-même aurait confié à l'un de ses conseillers : "J'ai travaillé pendant dix ans pour faire élire Ousmane Sonko, et il a fait de moi un président en dix jours." Une phrase qui illustre la profondeur des liens unissant les deux hommes, mais qui soulève aussi des questions sur la répartition réelle du pouvoir au sommet de l'État.
"Coprésidence" ou complémentarité ?
L'opposition n'a pas tardé à s'emparer du sujet, dénonçant ce qu'elle qualifie de "coprésidence qui ne dit pas son nom". Les critiques fusent, notamment après l'épisode de la dissolution de l'Assemblée nationale en septembre. Ousmane Sonko avait alors annoncé la mesure avant même que le président ne la décrète probablement, provoquant l'ire de ses adversaires.
L'ancien ministre Abdou Latif Coulibaly n'a pas mâché ses mots : "Vous avez décidé d'accompagner, à la limite de la déraison, votre Premier ministre. Vous avez préféré perdre la face devant l'opinion nationale plutôt que de gouverner en exigeant de lui qu'il obéisse à vos instructions." Des propos qui suscitent une inquiétude plus large sur l'équilibre des pouvoirs au sein de l'exécutif.
Cependant, l'entourage du duo présidentiel défend fermement leur complémentarité. Fadilou Keïta, ancien membre du cabinet de Sonko, explique : "Les gens sont obsédés par la relation entre les deux parce qu'ils ne comprennent pas ce qui les lie. Aujourd'hui, le chef de l'État a quelqu'un qui peut le remplacer et parler en son nom. Où est le problème ?"
Si la répartition officielle des rôles est claire - Faye est président, Sonko est Premier ministre - leurs styles de communication et d'action diffèrent sensiblement. Bassirou Diomaye Faye, décrit comme plus posé, semble avoir endossé le costume présidentiel avec une certaine retenue.
Ousmane Sonko, quant à lui, conserve le franc-parler qui a fait sa renommée d'opposant. Il n'hésite pas à distribuer des "piques assassins" et à maintenir une posture combative, notamment envers l'ancienne majorité et certains partenaires internationaux. Cette dualité soulève des questions sur la cohérence de la politique étrangère sénégalaise, mais pourrait aussi être vue comme une stratégie délibérée de « bon flic, mauvais flic » sur la scène internationale.
Un ancien candidat à la présidentielle, cité par JA, résume ainsi la situation : "Ils sont les deux faces d'une même pièce. En dépit de leurs divergences dans l'approche et dans leurs personnalités, ils s'entendent comme des larrons en foire."
Vers une refonte du système politique ?
Au-delà des personnalités, cette configuration pourrait annoncer une transformation profonde du système politique sénégalais. Depuis l'indépendance, le pays connaît une tradition d'hyperprésidentialisme, renforcée par les régimes successifs de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall.
Le parti Pastef, dont sont issus Faye et Sonko, a toujours prôné une refonte de ce système. Madièye Mbodj, vice-président de Pastef et conseiller spécial du chef de l'État, explicite cette vision :
"Nous avons toujours défendu un système où l'Assemblée serait le centre d'impulsion de la vie politique et où le Premier ministre cesserait d'être un fusible, voire un laquais du chef de l'État. Le projet de refondation n'est pas encore en place, mais les prémices sont là. La pratique est en avance sur les institutions".
Cette volonté de réforme institutionnelle pourrait expliquer en partie la dynamique évoquée entre Faye et Sonko, comme une préfiguration d'un nouveau système de gouvernance.
Des défis immédiats à relever
Malgré leur popularité et leurs ambitions réformatrices, le tandem Faye-Sonko fait face à des défis immédiats et considérables. Le ralentissement économique, souligné par une récente mission du FMI, place le gouvernement sous pression. La tragédie du naufrage d'une pirogue au large de Mbour, coûtant la vie à 39 personnes, a douloureusement rappelé l'urgence de s'attaquer au chômage des jeunes et à la question migratoire.
Sur le plan économique, le nouveau pouvoir doit également rassurer un secteur privé inquiet face à la pression fiscale et aux nombreux audits en cours. Ousmane Sonko a notamment dénoncé la situation « catastrophique » des finances publiques, promettant de faire la lumière sur ce qu'il qualifie de « corruption généralisée » sous l'administration précédente.
Fadilou Keïta, nommé à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, justifie cette approche : « La bonne gouvernance était le talon d'Achille du régime de Macky Sall. Des dizaines de milliards de francs CFA ont été décaissés [à la CDC] , à contre-courant de l'intérêt national. Il s'est passé des choses très graves, et il est important que l'on situe les responsabilités."
L'épreuve des législatives
Les élections législatives du 17 novembre prochain constituent un test crucial pour le nouveau pouvoir. Si Pastef part favori, l'issue du scrutin déterminera la capacité du duo Faye-Sonko à mettre en œuvre les réformes promises.
Le président a annoncé "une phase de redressement du pays, une phase de décollage et une phase de stabilisation". Mais il est conscient que le temps presse. Comme le souligne un cadre du parti cité par Jeune Afrique : "Diomaye, Sonko, c'est pareil. Notre parti a toujours prôné la désincarnation. Ce qui nous intéresse, c'est le Projet. Peu importe la couleur du chat au moment d'attraper la souris."
Par Fadel DIA
SCOLASTICIDE À GAZA
Alors que la rentrée scolaire approche au Sénégal, Gaza pleure ses écoles détruites et ses élèves disparus. La destruction des infrastructures éducatives par Israël soulève des questions sur la volonté délibérée d'anéantir le système éducatif palestinien
Les jeunes sénégalais qui reprendront la semaine prochaine le chemin des écoles des collèges et des lycées devraient tous avoir plus qu’une pensée pour les élèves de Gaza qui sont d’ores et déjà condamnés à vivre une deuxième année blanche. Ils étaient environ 625.000 avant le déclenchement des attaques contre leur territoire et près de 15000 d’entre eux ont déjà trouvé la mort dans les bombardements israéliens (en même temps que près de 400 membres du personnel scolaire), des dizaines de milliers d’autres portent un handicap, physique ou mental, et ceux qui ont survécu aux missiles, aux blessures, à la faim, à la soif, aux épidémies (mais dans quel état sont-ils ?) ne retourneront pas de si tôt dans leurs classes. D’abord parce ce qu’aucune partie de Gaza n’est à l’abri des bombardements, et surtout parce qu’il n’y existe plus aucune infrastructure scolaire ou universitaire digne de ce nom.
Selon les estimations d’experts des Nations Unies 85% de ses infrastructures scolaires ont été systématiquement détruites, des bâtiments des universités qui avaient miraculeusement échappé aux bombardements ont été dynamités par l’armée israélienne, avec leurs équipements, y compris leurs bibliothèques, laboratoires et même musées. Israël n’a pas épargné les locaux scolaires qui avaient été transformés en centres d’hébergement de réfugiés, sous la protection des institutions internationales, et on a encore en mémoire le bombardement, le 10 aout à l’aube (l’heure choisie n’a pas été choisie au hasard), de l’école Al Taba’een, l’un des plus gros massacres opérés sur le territoire puisqu’il aurait fait 90 morts. Les explications fournies par l’armée israélienne, qui se vante de procéder à des opérations chirurgicales bien ciblées, pour justifier ces destructions ne sont convaincantes pour personne puisque ce bombardement visait un établissement situé en zone sous protection des Nations Unies et que les morts sont des civils, des femmes et des enfants principalement.
De toutes façons la stratégie militaire israélienne fait peu cas de ce qu’on appelle le dégât collatéral et si pour tuer un seul membre du Hamas ou du Hezbollah,il faut détruire tout un immeuble, raser une mosquée, écraser sous les gravats des femmes et des enfants, qui sont de simples victimes du conflit, Tsahal n’hésitera pas à lâcher ses bombes.
Israël est le seul pays au monde à « utiliser l’école à des fins militaires », et l’accusation est portée par l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche Orient qui tient à bout de bras les populations de Gaza depuis des décennies. C’est une position de principe comme le montre son refus de signer, en 2015, une déclaration initiée par la Norvège, approuvée par l’Unesco et la grande majorité des pays membres de l’ONU sur « la sécurité des écoles en temps de guerre. »
L’anéantissement des infrastructures scolaires et universitaires de Gaza n’est donc pas un simple accident de guerre. Il est même si systématique et si méthodiquement conduit que des experts de l’ONU ont jugé qu’il était raisonnable de « se demander s’il n’existe pas, de la part d’Israël, un effort intentionnel visant à détruire complétement le système éducatif palestinien ! » Comment cela s’appelle-t-il quand toute la jeunesse d’un pays est privée volontairement de lieux d’éducation et de culture, qu’elle ne reçoit aucune nourriture intellectuelle, qu’elle est laissée à l’abandon et se morfond entre la peur et l’ennui dans des abris provisoires où elle est obligée de se boucher les oreilles pour ne pas entendre le bruit des bombes ?Cela porte désormais un nom, cela s’appelle un scolasticide et des experts du Conseil des Droits de l’Homme ont estimé qu’Israël y avait recours à Gaza.
Mais l’école n‘est pas, loin de là, la seule cible des bombardements qui se poursuivent nuit et jour à Gaza depuis bientôt un an. Ce sont en réalité toutes les infrastructures[D1] du petit territoire qui ont été anéanties, à commencer par le système sanitaire et d’assainissement, la distribution de l’eau et de l’électricité. Plus grave encore, car il s’agit de choses dont on ne se relève pas, le gouvernement israélien et surtout sa très influente aile extrémiste, ont désormais pour objectif de « désarabiser » toute la Palestine, et pas seulement de pousser ses habitants autochtones à la fuite et à l’exil. Ils veulent effacer toutes les traces du passé palestinien, comme Narendra Modi tente de le faire en Inde pour les populations de confession musulmane.
Tout le patrimoine palestinien est pillé et à Gaza les archives contenant l’état civil de la population ont été détruites, faisant des Gazaouis des hommes et des femmes qui ont perdu leurs repères, qui sont dans l’incapacité de prouver leur identité, de décliner leur généalogie, voire leur passé, comme si leur passage sur terre avait été flouté, comme s’ils n’existaient plus que dans leur mémoire. Ce nettoyage par le vide va plus loin, les lieux mêmes où ont vécu leurs ancêtres sont progressivement défigurés et c’est ainsi que leurs oliveraies, dont certains arbres sont vieux de plus d’un siècle, sont peu à peu rasées et remplacées par des plantations de conifères, dans le seul but de rendre méconnaissable le paysage que leurs ancêtres avaient marqué de leurs empreintes au cours des siècles .
Ce révisionnisme des réalités historiques et naturelles a aussi désormais un nom : cela s’appelle un culturocide !
Alors, écoliers et élèves du Sénégal, ce lundi 7 octobre, jour de la rentrée, ne manquez pas d’exprimer votre soutien aux élèves et collégiens de Gaza victimes de scolasticide…
DIOMAYE BOUDE PARIS, LA FRANCOPHONIE EN ÉMOI
Le président a annoncé au dernier moment qu'il ne se rendrait pas à Paris pour cet événement majeur. Cette décision marque une rupture avec la tradition diplomatique sénégalaise et soulève des questions sur l'orientation de la politique étrangère du pays
C’est un acte qui inquiète au plus haut point certains diplomates qui n’ont pas manqué de s’en ouvrir à ‘’EnQuête’’. Attendu en France pour le XIXe Sommet de la Francophonie, le président de la République Bassirou Diomaye Faye a avisé au dernier moment de sa décision de ne plus faire le déplacement.
Selon nos informations, toutes les dispositions étaient pourtant prises jusqu’à l’avant-veille du sommet qui va s’ouvrir aujourd’hui et qui va se dérouler pendant deux jours. ‘’La mission précurseur, qui s’occupe de l’hébergement, de la logistique… était déjà à Paris. Les services de l’ambassade étaient en pleine activité pour préparer l’arrivée du chef de l’État. C’est donc au dernier moment que cette décision a été prise. Et tout le monde sait que c’est Ousmane Sonko qui est derrière’’, informent nos interlocuteurs qui regrettent une décision qui est ‘’aux antipodes des intérêts du Sénégal’’.
Ainsi, pour la première fois de l’histoire, le Sénégal sera absent de ce grand rendez-vous de la Francophonie. De Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, tous avaient l’habitude de sacrifier à ce rituel qui se tient tous les deux ans. L’absence du président Diomaye sera d’autant plus marquante que l’édition de cette année revêt un caractère historique, car c’est la première fois que le sommet se tient en France, en 33 ans. ‘’C’est un précédent extrêmement dangereux pour la politique sénégalaise. Après le problème avec l’Arabie saoudite, c’est là un deuxième fait majeur, un acte de rupture avec l’un des partenaires les plus importants de notre pays. Tout a été fait. Et là on se lève un jour et on dit que le président ne vient plus’’.
Après les premiers déplacements en France qui ont été diversement appréciés par le public sénégalais et africain, le président Diomaye semble avoir pris un autre cap qui l’éloigne de plus en plus de la capitale française. Ceci intervient après que le Premier ministre Ousmane Sonko a, à plusieurs reprises, montré son inimitié envers Paris, avec parfois des mots peu diplomatiques.
‘’Événement majeur dont les enjeux sont politiques, économiques, numériques et culturels, le sommet (de la Francophonie) sera l’un des temps forts internationaux de l’année 2024 en France, avec l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques, le 80e anniversaire du Débarquement et de la Libération, et la réouverture de la Cathédrale Notre-Dame de Paris’’, lit-on dans le site dédié au rendez-vous.
Selon les médias français, il est attendu sur place une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, et plus de 120 délégations étrangères, entre Paris et Villers-Cotterêts.
À noter qu’au mois d’aout également, le nouveau président sénégalais, qui était attendu à la célébration du débarquement de Provence, avait aussi désisté au dernier moment.
Pour rappel, le Sénégal est un membre fondateur de la Francophonie. Le pays a accueilli le sommet en 2015. Le président Macky Sall a été président de la Conférence des chefs d’État pour deux ans. L’ancien président Abdou Diouf en a été le secrétaire général pendant trois mandats.
Chez les diplomates, beaucoup s’étonnent que de plus en plus l’idéologie ait tendance à prendre le dessus sur les intérêts patriotiques de la Nation sénégalaise.
LE SÉNÉGAL DANS LA TOURMENTE FINANCIÈRE
Moody's vient de dégrader la note du pays, la faisant passer de Ba3 à B1. Le nouveau gouvernement de Bassirou Diomaye Faye se retrouve face à un déficit abyssal, qu'il impute à l'héritage empoisonné de l'administration précédente
(SenePlus) - Le Sénégal vient de subir un revers économique majeur. L'agence de notation Moody's a annoncé vendredi une dégradation de la note à long terme du pays, la faisant passer de Ba3 à B1, comme l'indique Reuters. Cette décision, lourde de conséquences, intervient dans un contexte de révélations troublantes sur l'état réel des finances publiques sénégalaises.
La nouvelle administration du président Bassirou Diomaye Faye, fraîchement élue, a levé le voile sur une situation budgétaire alarmante. Un audit commandé par le chef de l'État a mis en lumière un déficit budgétaire pour l'année 2023 bien plus important que celui annoncé par le gouvernement précédent. "Le déficit budgétaire de 2023 est supérieur à 10 %, par rapport aux 5 % déclarés par l'administration précédente", révèle le rapport.
Face à cette situation critique, le gouvernement Faye a pris une décision radicale : suspendre la demande de décaissement auprès du Fonds Monétaire International (FMI) prévue en juillet. Cette pause dans les relations avec l'institution financière internationale intervient après l'examen du fonds en juin, marquant un tournant dans la stratégie économique du pays.
Moody's, dans son analyse, ne se montre guère optimiste quant à un redressement rapide de la situation. L'agence de notation prévient : "Nous nous attendons à ce que l'assainissement budgétaire soit un processus de longue haleine, malgré la forte amélioration de la croissance économique attendue en 2025". Cette perspective peu encourageante souligne l'ampleur du défi qui attend les autorités sénégalaises.
Pour couronner le tout, Moody's a placé les notes à long terme du Sénégal "sous surveillance" en vue d'un potentiel nouvel abaissement. Cette épée de Damoclès accentue la pression sur le gouvernement Faye, qui se trouve face à l'urgence de mettre en place des mesures correctives efficaces.
Le Sénégal se trouve donc à un carrefour critique de son histoire économique. Les discussions en cours avec le FMI pour élaborer un plan de redressement seront décisives pour l'avenir financier du pays. La capacité du gouvernement à restaurer la confiance des investisseurs et des institutions internationales sera scrutée de près dans les mois à venir.
LE GOUVERNEMENT RÉAGIT À L'ABAISSEMENT DE LA NOTE DU SÉNÉGAL
La décision de Moody's de dégrader la note du pays sonne comme un coup de semonce. Le gouvernement, acculé, promet une réponse forte et des réformes structurelles pour éviter la spirale du déclassement
(SenePlus) - L'agence de notation Moody's vient de porter un coup dur à l'économie sénégalaise en révisant à la baisse la note du pays. Le Sénégal passe ainsi de "Ba3 à perspective stable" à "B1 avec une mise sous surveillance", une décision qui intervient dans un contexte économique déjà tendu.
Cette dégradation fait suite à "la révision à la hausse du déficit budgétaire et du niveau d'endettement observés sur la période 2019-2023", comme l'indique le communiqué du ministère des Finances et du Budget (MFB). Ces chiffres alarmants ont été mis en lumière par un audit des finances publiques, dont les résultats préliminaires ont été rendus publics le 26 septembre dernier.
Face à cette situation préoccupante, le gouvernement ne reste pas les bras croisés. Le ministre des Finances et du Budget "réaffirme la volonté ferme du gouvernement de mettre en œuvre rapidement des réformes ambitieuses pour réduire significativement le déficit dès 2025". L'objectif est clair : redresser la barre et rassurer les investisseurs et les partenaires internationaux.
Parmi les mesures annoncées, on note la mise en place de "réformes structurelles visant à renforcer l'intégrité du cadre de gestion des finances publiques". Le gouvernement promet également de définir "une trajectoire claire" pour abaisser le taux d'endettement du pays.
Pour mener à bien ces réformes, le Sénégal compte s'appuyer sur ses partenaires internationaux. Le communiqué mentionne notamment "la Banque Mondiale et le FMI mais aussi la CEDEAO, l'UEMOA, la BCEAO, la Banque Africaine de Développement, la BOAD et tous ses partenaires régionaux". Cette collaboration vise à "améliorer la gestion de la dette, renforcer la gouvernance financière et assurer une transparence accrue dans les processus budgétaires".
Concrètement, les réformes envisagées comprennent "l'adoption de systèmes financiers intégrés et informatisés, le renforcement des mécanismes de contrôle et l'amélioration de la coordination institutionnelle". Le tout devra être réalisé "en cohérence avec les normes communautaires liant notre pays à la CEDEAO et à l'UEMOA, tout en se conformant aux meilleures pratiques".
Dans un souci de transparence, le gouvernement s'engage à fournir "des mises à jour régulières" sur l'avancée des réformes. Ces informations seront communiquées "par le biais de communiqués de presse, conférences et plateformes officielles".
texte collectif
LA FRANCOPHONIE, UN PROJET AU SERVICE DE L’AMBITION IMPÉRIALISTE FRANÇAISE
C’est aussi l’affirmation d’un élitisme forcené puisque, face aux langues locales, l’usage du français concerne souvent une frange limitée de la population. Le vernis « pro-démocratie » de l’OIF ne sert qu’à légitimer certains des pires régimes
« L’unité du langage entraîne peu à peu l’union des volontés », écrivait en 1904 le géographe Onésime Reclus, ajoutant : « Nous avons tout simplement à imiter Rome qui sut latiniser, méditerranéiser nos ancêtres, après les avoir domptés par le fer. » C’est bien en ces termes que fut théorisée la « Francophonie » par celui qui forgea ce néologisme. Celle-ci serait « tout à la fois un espace de résistance et de reconquête », expliquait pour sa part le président Emmanuel Macron au sommet de Djerba, en 20221. Plus d’un siècle sépare ces deux citations, dont la juxtaposition illustre l’ambiguïté coloniale qui persiste chez celles et ceux qui vont célébrer la Francophonie lors du sommet de Villers-Cotterêts.
Loin de nous l’idée de contester l’intérêt d’avoir au moins une langue en commun pour échanger en étant dans différents pays, sur différents continents. D’ailleurs, nous ne nous en privons pas. Mais la Francophonie représente bien plus que cela : c’est un projet politique mu par la vieille ambition impérialiste française.
Façonner l’imaginaire politique
Dans nombre de pays, la Francophonie, c’est avant tout la promotion d’une langue coloniale, qui continue de façonner la manière de penser, de s’exprimer et de vivre le monde. C’est aussi l’affirmation d’un élitisme forcené puisque, face aux langues locales, l’usage familial du français concerne souvent une frange limitée de la population, avant tout urbaine et généralement plus aisée. Lorsque cette langue est celle de l’administration, des bourses d’études et des crédits de recherche, les élites politiques et économiques proviennent donc le plus souvent de ces milieux restreints où le français est très tôt devenu une seconde langue maternelle, voire la langue privilégiée. La reproduction des élites y prend ainsi une dimension linguistique qui façonne l’imaginaire culturel et politique... en cultivant un fort arrimage culturel à la France.
C’est d’ailleurs l’intention, même pas cachée, des promoteurs et promotrices de la Francophonie à Paris. « Maintenant que nous avons décolonisé, notre rang dans le monde repose sur notre force de rayonnement, c’est-à-dire avant tout sur notre puissance culturelle », reconnaissait le général de Gaulle en 1966. « La Francophonie prendra un jour le relais de la colonisation ; mais les choses ne sont pas encore mûres », précisait-il2. Elles le sont devenues.
De nos jours, chaque rapport parlementaire français sur les relations franco-africaines est l’occasion de rappeler l’importance de la diffusion de la langue et de la culture française qui permet, comme l’écrivent en 2018 les députés Michel Herbillon et Sira Sylla, de « créer les conditions d’un rapprochement profond et sur le temps long, de liens quasi émotionnels, d’une intimité qui peut s’avérer décisive en matière diplomatique ». Car, rappellent-ils, « si le travail de chancellerie permet d’avoir des “alliés”, la diplomatie culturelle permet de se faire des “amis” »3.
Instrument de puissance culturelle
Et l’amitié peut – et doit – payer. C’est Jacques Attali qui l’explique le mieux, dans son rapport remis il y a dix ans au président Hollande, sur la « Francophonie économique ». Il y insiste sur la « corrélation entre la proportion de francophones dans un pays et la part de marché des entreprises françaises dans ce pays » et propose de créer à terme une « Union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne »4. Un grand marché commun au centre duquel rayonnerait la France.
La mise en œuvre d’un projet politique nécessitait bien une institution multilatérale derrière laquelle dissimuler les ambitions françaises. « La Francophonie est une grande idée », expliquait le général de Gaulle en Conseil des ministres en 1963, ajoutant toutefois une précaution stratégique : « Il ne faut pas que nous soyons demandeurs. » Une mythologie savamment entretenue voudrait que la création, en 1970, de l’Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ait été initiée par le président sénégalais Léopold Sédar Senghor et quelques autres. C’est oublier opportunément l’impulsion donnée par de Gaulle et par son Premier ministre Georges Pompidou, qui créa dès 1966 un « Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française » en mobilisant justement son ami de jeunesse Senghor.
L’OIF est devenue l’outil dont la France avait besoin pour essayer de continuer de peser sur la scène internationale : un instrument de puissance culturelle, dont Paris assure la plus grosse part du budget et organise l’agenda politique, tout en prenant soin de ne jamais placer un Français à sa tête – toujours ce soin de ne pas être « demandeurs ».
Air de déjà vu
Outre les objectifs de diffusion culturelle et linguistique et de développement économique, l’OIF vise officiellement à « promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ». Car le rayonnement français entend se faire aussi sur le plan des « valeurs » que Paris brandit régulièrement, comme pour mieux faire oublier les terribles compromissions de sa politique étrangère, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. L’OIF reprend ainsi à son compte l’hypocrisie de la France, et son discrédit croissant sur le continent africain. Ses opérations « d’observation » de scrutins sont réputées pour le blanc-seing qu’elles offrent aux plus sinistres farces électorales. Le vernis « pro-démocratie » de l’institution ne sert qu’à légitimer certains des pires régimes de la planète, pourvu qu’ils torturent en français.
Toute cette mascarade du sommet de Villers-Cotterêts est d’autant plus pénible qu’on nous fait déjà, comme lors du « nouveau » sommet Afrique-France de Montpellier il y a trois ans, la promesse d’un format « innovant », avec de « jeunes entrepreneurs » et « créateurs ». Comme à Montpellier, le sens du spectacle nécessitera sans doute quelque interpellation intrépide, pour montrer que l’OIF n’a pas peur de se moderniser.
Mais cette fois il ne sera même pas question des autres piliers de l’impérialisme français, tels que l’armée ou la monnaie, et on entend déjà clamer la nécessité de réformes destinées à donner encore plus de poids politique à la Francophonie, en feignant de croire qu’elle peut être une piste de solution au problème qu’elle symbolise depuis toujours.
Khadim Ndiaye est historien (UdeS, Québec), diplômé en philosophie. Ses principaux champs de recherche portent sur l’histoire de la colonisation, la problématique culturelle en Afrique, l’histoire des Afro-Américains et le panafricanisme.
Thomas Borrel est un des porte-parole de l’association Survie. Il a été durant huit ans co-rédacteur en chef du journal Billets d’Afrique édité par l’association, et a récemment codirigé l’ouvrage collectif L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique (Seuil, 2021).
Odile Tobner est Essayiste et cofondatrice de la revue Peuples Noirs Peuples Africains.
Boubacar Boris Diop est Écrivain.
Aminata Dramane Traore est Essayiste, ex-ministre de la Culture du Mali (1997-2000).
LE MYSTÈRE BERNARD-HENRI LÉVY
Depuis trente ans, le philosophe est omniprésent dans les médias français. Serge Halimi et Pierre Rimbert décortiquent ce parcours hors norme, révélant les coulisses d'un pouvoir qui s'étend bien au-delà des frontières médiatiques
(SenePlus) - L’article du Monde Diplomatique d’octobre 2024 intitulé “BHL, trente ans de plus” est un texte signé par Serge Halimi et Pierre Rimbert qui s’intéresse à la figure intellectuelle de Bernard-Henri Lévy (BHL) et à son influence au fil des décennies. L’article critique sévèrement BHL, le qualifiant de personnage omniprésent dans les médias français et internationaux depuis les années 1990, et souligne les contradictions de son discours et de son parcours.
Les auteurs mentionnent d’abord les prises de position de BHL dans les années 1990, notamment en Yougoslavie, où il s’est présenté comme défenseur de la démocratie et des droits de l’homme. Cependant, ils critiquent le fait qu’il ait souvent soutenu des interventions militaires controversées, en particulier de la part des puissances occidentales, ce qui, selon eux, met en lumière un paradoxe dans sa défense des droits humains.
Une partie importante de l’article se concentre sur la manière dont BHL a utilisé sa position médiatique pour façonner l’opinion publique sur des questions internationales, tout en soulignant que ses prises de position ont parfois été en décalage avec les réalités du terrain. Les auteurs pointent du doigt son influence dans le discours sur la guerre en Libye en 2011, ainsi que sur d’autres conflits, et l’accusent d’avoir contribué à la justification de certaines guerres sous couvert de principes humanitaires.
Les auteurs rappellent également les positions de BHL sur Israël et la Palestine. Ils mentionnent que BHL a souvent défendu Israël, tout en étant critiqué pour sa vision partielle de la question palestinienne. Cet aspect est particulièrement mis en lumière avec des références aux conflits récurrents à Gaza et aux critiques internationales à l’encontre d’Israël, y compris par l’ONU, qui a qualifié certains événements de “crimes de guerre”. L’article critique le silence ou les justifications apportées par BHL sur ces questions sensibles.
En somme, l’article de Halimi et Rimbert dans Le Monde Diplomatique dépeint BHL comme un intellectuel influent mais problématique, dont les actions et discours sont souvent en contradiction avec la réalité des faits sur le terrain. Ils mettent en avant une réflexion critique sur l’influence d’une figure comme BHL dans le débat public français et international, et s’interrogent sur la durabilité de cette influence à l’avenir.
LA FRANCOPHONIE À LA CROISÉE DES CHEMINS
À l'approche du 19e Sommet de la Francophonie, le Dr Bakary Sambe livre une analyse éclairante sur l'avenir du français sur le continent. Entre rejet apparent et réinvention nécessaire, la langue de Molière se trouve au cœur d'un débat complexe
(SenePlus) - À l'aube du 19e Sommet de la Francophonie prévu en France les 4 et 5 octobre 2024, la langue française se trouve au cœur d'un débat complexe en Afrique francophone. Dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre Paris et certains pays d'Afrique de l'Ouest, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la question de l'avenir du français sur le continent se pose avec acuité.
Le Dr Bakary Sambe, Directeur régional de l'institut de recherche Tombouctou Institute – Centre africain d'études sur la paix, apporte un éclairage nuancé sur cette situation. Selon lui, le prétendu "sentiment anti-français" est en réalité "un raccourci, un fourre-tout qui ressemblerait à un exutoire permettant d'échapper à un nécessaire exorcisme collectif constamment refoulé". Il s'agirait plutôt d'une "forte exigence de renouvellement du paradigme même de la coopération entre la France et les pays africains".
Paradoxalement, la langue française elle-même ne semble pas souffrir de ces tensions. Le Dr Sambe souligne que "cette langue n'appartient pas à la France ; elle est la propriété malléable de ses locuteurs qui se trouvent majoritairement en Afrique, qui est le cœur battant de la Francophonie". Les jeunes générations africaines s'approprient le français, lui donnant "un nouveau souffle tout en lui imposant leurs marques culturelles qui la fécondent".
Cependant, l’avenir de la Francophonie en Afrique de l’Ouest reste incertain. Le Dr Sambe appelle à "revenir à un nouvel humanisme francophone sincère, fondé sur l'égalité et le respect mutuel et de la diversité". Il met en garde contre une perception de domination de la « Francophonie du Nord » au sein des institutions francophones, soulignant le poids démographique et géographique des pays africains francophones.
Face à l'attrait croissant d'autres alliances linguistiques comme le Commonwealth, le Dr Sambe estime que "si la francophonie renoue avec ses valeurs fondatrices elle retrouvera sa place". Il appelle à une réinvention de la Francophonie, qui doit prendre en compte les nouvelles réalités émergentes, comme la dualité des systèmes éducatifs dans de nombreux pays francophones ou l'importance du français comme langue d'accès au savoir religieux pour de nombreux musulmans francophones.
En conclusion, le Dr Sambe affirme que « les choses sont beaucoup plus complexes que la dialectique autour de l'héritage colonial et de la modernité ». L'avenir de la Francophonie en Afrique dépendra de sa capacité à se réinventer tout en restant fidèle à ses valeurs fondatrices d'égalité et de diversité.