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8 avril 2025
International
PAR Ismaila Madior Fall
HOMMAGE AU PROFESSEUR ABDOULAYE DIÉYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec un sens élevé des relations humaines, il était détenteur de la méthode pour être bien avec tout le monde. Il dédaignait les positions convoitées pour s’intéresser à celles qui n’avaient pas de preneur
Avec la disparition soudaine du professeur Abdoulaye Diéye, la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop vient de perdre un de ses éminents membres qui faisait l’unanimité.
Ayant cheminé avec lui pendant une trentaine d’années dans les équipes pédagogiques, le département de droit public, la Faculté et d’autres activités extra-universitaires, je voudrais, pour saluer, sa mémoire et lui rendre hommage, dire quelques mots sur l’homme (I) et l’universitaire (II).
L’homme
Notre collègue Abdoulaye Diéye, que ses proches appelaient affectueusement Pape, était pétri de qualités exceptionnelles dont je retiendrai l’humanité et l’urbanité. Il nourrissait un sentiment de bienveillance, de compassion envers autrui. D’une courtoisie exquise et d’une générosité connue de tous, Abdoulaye était toujours prêt à porter assistance, apporter aide et soutien. Il accueillait toute l’équipe pédagogique de droit constitutionnel chez lui pour les pré-délibérations, avec un « tiebou djeun » du standard saint-louisien. Sa maison était ouverte à tout le monde. On côtoie chez Pape, membres de la famille, amis, voisins…
Doté d’un savoir-vivre à nul égal, il savait identifier avec discrétion les situations où son apport s’avérait utile. Il était à la disposition exclusive de la Faculté et disponible pour les collègues et les étudiants. Avec un sens élevé des relations humaines, il était détenteur de la méthode pour être bien avec chacun et tout le monde. Dans ce monde, par essence controversé qu’est l’Université, il a su faire l’unanimité.
L’universitaire
L’universitaire a une double vocation : enseignant et chercheur. Souvent l’un l’emporte sur l’autre chez la plupart des universitaires. Abdoulaye Diéye a su concilier les deux et répondre à la double obligation : former pour l’Humanité et publier pour la carrière et la gloire scientifique.
Recruté en 1994 comme assistant, Abdoulaye Diéye était un enseignant compétent, dévoué à la tâche et maître dans la pédagogie. Il savait parler un langage accessible aux étudiants, recenser le matériau du cours approprié au niveau de ses apprenants. Sa manière d’évaluer les étudiants et le grand soin qu’il donnait aux examens exprimaient son sens élevé du devoir et de la déontologie. Cette grande maîtrise de la pédagogie innée, mais qui lui venait aussi de son passage au Lycée où il a enseigné, a fait sa réputation au niveau des jeunes enseignants à qui il donnait les ficelles pour bien débuter la carrière et les étudiants qui se bousculaient à ses séances de TD.
Il dédaignait les positions que tout le monde visait pour s’intéresser à celles qui n’avaient pas de preneur. C’est ainsi qu’il a assuré pendant de longues années la coordination de l’équipe pédagogique de droit constitutionnel dont l’enseignement était assuré par le professeur El Hadj Mbodj. Son office se caractérisait par la rigueur, la flexibilité, l’ouverture d’esprit, le travail bien fait. Il faisait partie des enseignants qui s’acquittent le plus consciencieusement de leur service. Toujours disponible pour servir, il a dispensé des enseignements dans la plupart des disciplines du droit public (droit administratif et droit constitutionnel) et à tous les niveaux : de la capacité au master. Un des rares qui s’apprêtait, avec le cours de droit administratif, à prendre sa retraite au premier cycle dans les amphithéâtres souvent désertés par les séniors. C’était un enseignant dans l’âme.
Le chercheur, rigoureux et persévérant qu’il a su être, a pu effectuer les publications requises pour accéder au grade de rang magistral. Auteur d’une thèse en droit foncier sénégalais, Diéye était un juriste ouvert sur toutes les disciplines. Ses travaux, patiemment réalisés, qui portent autant sur le droit administratif, que le droit constitutionnel ou le droit communautaire, lui ont ouvert les portes de la reconnaissance par les pairs et la communauté épistémique.
Après l’Université qu’il a servi avec dévouement et bravoure, le Professeur Abdoulaye Diéye a aussi été utile à la cité dans d’innombrables missions au service du pays dont je ne citerai que deux : les travaux de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) et ceux de la Commission nationale de réforme foncière (CNRF) dont il a été rapporteur. Il était un grand intellectuel qui savait travailler de concert avec d’autres ou assumer seul des positions dans des rubriques occasionnelles qu’il appelait : « ce que je pense ».
Cher Abdoulaye, tout, dans ton parcours de vie, indique que le Bon Dieu t’a accueilli dans son Paradis.
Que la terre de Ndar, que tu as tant aimée, te soit légère.
AWLN SÉNÉGAL MOBILISÉ POUR LA RDC
Le chapitre sénégalais de l'organisation dénonce les atrocités commises contre les populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants de Goma. Il appelle la communauté internationale à l'action
Alors que le sang coule à nouveau dans l'Est de la RDC, les voix des femmes leaders du Sénégal s'élèvent pour dire "stop" à la violence. Le chapitre sénégalais d'AWLN dénonce avec force les atrocités commises contre les populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants de Goma. Face aux déplacements forcés, aux violences sexuelles et au recrutement d'enfants soldats, leur message est sans équivoque : la communauté internationale doit agir maintenant.
Lettre de Soutien d’AWLN Sénégal à nos sœurs d'AWLN RDC
Le chapitre AWLN Sénégal exprime sa profonde compassion et sa solidarité sans faille envers AWLN RDC, les habitants de la ville de GOMA, et toutes les populations de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) durement affectées par l’intensification du conflit armé. Nous savons que, dans ces situations, les femmes et les enfants sont touchés de manière disproportionnée. Nous suivons par conséquent, avec une immense tristesse, l’escalade de la violence, les déplacements forcés de populations, les attaques contre les civils, les pillages, et les brutalités abjectes contre des innocents, ainsi que la recrudescence des cas d’agressions sexuelles et des violations des droits humains qui en résultent.
La situation des femmes enceintes, des enfants et des personnes vivant avec un handicap, privées d’accès à l’eau potable et aux soins médicaux, est particulièrement préoc cupante. Les exactions commises, y compris les violences sexuelles et le recrutement forcé d’enfants, sont tout à fait inacceptables.
Nous, membres D’AWLN Sénégal condamnons fermement ces actes barbares et appelons à une cessation immédiate des hostilités. Nous demandons au mouvement armé du M23 et à toutes les parties belligérantes de respecter le droit international humanitaire et de garantir la protection des civils. Nous exhortons également la communauté internationale à intensifier son soutien humanitaire afin de répondre aux besoins urgents des populations affectées. Le rétablissement de la paix et de la sécurité en RDC requiert une action rapide et concertée, tant au niveau régional qu’international, pour mettre un terme aux souffrances des populations de la RDC.
Nous, membres D’AWLN Sénégal réitérons notre soutien indéfectible à nos sœurs de AWLN RDC, mais aussi aux femmes et aux enfants de la RDC et lançons un appel à la paix. Nous réaffirmons notre engagement à œuvrer pour la paix, la sécurité, la justice et la protection des droits humains. Nous soulignons l'importance du respect des résolutions 1325 et 2250 du Conseil de Sécurité des Nations Unies afin de permettre une inclusion effective des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de sécurité.
LES CRIMES COLONIAUX FRANÇAIS AU CAMEROUN
Un rapport dévoile l'étendue des violences perpétrées par l'armée française contre les mouvements indépendantistes camerounais. Des massacres de civils aux camps de regroupement forcé, impliquant plusieurs dizaines de milliers de morts
(SenePlus) - Selon une enquête historique révélée par Le Monde, la France a mené une véritable "guerre de décolonisation" au Cameroun, causant la mort de "plusieurs dizaines de milliers de Camerounais" entre 1945 et 1971. Cette conclusion bouleversante émerge d'un rapport de plus de 1000 pages, fruit du travail d'une commission mixte d'historiens français et camerounais, remis le 28 janvier au président Paul Biya à Yaoundé, une semaine après sa présentation à Emmanuel Macron.
D'après le quotiden français, cette initiative s'inscrit dans la lignée des travaux mémoriels lancés par la présidence française sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda et pendant la guerre d'Algérie. Le projet, initié en juillet 2022 lors de la visite d'Emmanuel Macron à Yaoundé, révèle une page sombre de l'histoire coloniale française largement méconnue du grand public.
La commission, composée de quatorze chercheurs répartis équitablement entre les deux pays, a bénéficié d'un accès sans précédent aux archives françaises, notamment celles de la justice militaire. Comme le souligne l'historienne française Karine Ramondy, coprésidente de la commission mixte, citée par Le Monde : "C'est une guerre de décolonisation qui ne s'arrête pas avec l'indépendance : nous sommes encore présents après et nous continuons à exercer des violences répressives pour le compte d'un pays qui est devenu indépendant."
Le bilan humain est particulièrement lourd. Les archives militaires officielles comptabilisent environ 7500 combattants tués entre 1956 et 1962, période de plus forte implication des troupes françaises. Cependant, selon le quotidien, le rapport estime que le nombre total de victimes s'élève "plus probablement à plusieurs dizaines de milliers de Camerounais."
Les méthodes employées par l'armée française témoignent d'une violence extrême. Le massacre d'Ekité en 1956, exemple emblématique cité par Le Monde, est décrit par la commission comme "un assaut à l'encontre de civils désarmés", contredisant la version officielle qui le présentait comme une contre-attaque légitime. Le rapport révèle également l'utilisation de "cartouches incendiaires particulièrement dévastatrices" et la mise en place d'une politique de déplacements forcés des populations vers des "camps de regroupement", inspirée des méthodes utilisées au Cambodge.
La répression visait principalement l'Union des populations du Cameroun (UPC), parti nationaliste dissous en 1955. Selon Le Monde, ses membres, dont le leader indépendantiste Ruben Um Nyobe, ont été systématiquement éliminés, d'abord par l'armée française, puis après l'indépendance par l'armée camerounaise du régime d'Ahmadou Ahidjo, mis en place en 1960 avec le soutien de Paris.
Le rapport met en lumière des pratiques de torture documentées par des sources écrites et orales. Ces méthodes s'inscrivaient dans une stratégie de guerre "contre-révolutionnaire" incluant surveillance, opérations de terrain en petites unités et "ratissages" massifs. Le Monde précise que plusieurs officiers français déployés au Cameroun avaient préalablement servi en Indochine et en Algérie.
La commission s'est interrogée sur l'emploi du terme "génocide". Si elle ne dispose pas de la compétence juridique pour qualifier ces actes de "génocidaires", elle reconnaît le caractère extrême des violences qui "ont transgressé les droits humains et le droit de la guerre."
Cette enquête historique soulève des questions cruciales sur la responsabilité de la France dans les violences post-coloniales en Afrique. Elle met en lumière la continuité des pratiques répressives même après l'indépendance, dans le cadre de ce qui deviendra la "Françafrique". Le Cameroun, dirigé depuis 1982 par Paul Biya, héritier du système mis en place avec le soutien de Paris, reste profondément marqué par cette période.
Le président Biya a salué "un travail de recherche très remarquable et de conciliation mémorielle d'une grande portée symbolique." Reste à voir, comme le souligne Le Monde, quelles suites concrètes Paris et Yaoundé donneront à ces révélations historiques, alors que l'influence française en Afrique fait face à de nombreux défis, particulièrement au Sahel.
DES MILITAIRES MALIENS À LA BARRE POUR TRAFIC D’ARMES
À Bamako, le tribunal militaire examine deux affaires sensibles impliquant onze prévenus, militaires et civils. Au centre des débats : un trafic d’armes et de munitions de guerre mettant en cause un officier supérieur, ainsi qu’une affaire de stupéfiants
À Bamako, le tribunal militaire examine deux affaires sensibles impliquant onze prévenus, militaires et civils. Au centre des débats : un trafic d’armes et de munitions de guerre mettant en cause un officier supérieur, ainsi qu’une affaire de stupéfiants.
Le Tribunal Militaire de Bamako a tenu son audience ordinaire correctionnelle, le mardi 28 janvier 2025, sous la présidence du Procureur, le Magistrat Colonel Soumaïla Bagayogo. Cette session a inscrit au rôle deux affaires majeures, impliquant un total de 11 prévenus, dont des militaires de divers grades et des civils.
La première concerne un trafic et une vente illégale d’armes, de munitions de guerre et d’effets militaires, impliquant un officier supérieur, un adjudant-chef major, un adjudant-chef, un sergent-chef, un sergent, deux caporaux et deux civils, qui sont accusés de trafic d’armes, de complicité et de violation des consignes militaires. La deuxième affaire porte sur la détention et la consommation de stupéfiants, avec des accusations de complicité et de violation des consignes générales militaires. Elle implique deux soldats de 1ère classe et un civil.
Le Procureur, le Magistrat Colonel Soumaïla Bagayogo, a souligné que ces affaires avaient été renvoyées de l’audience précédente, après plusieurs reports. Il a également précisé que, selon le code de la Justice militaire en vigueur, ces infractions peuvent être qualifiées de criminelles, avec des peines allant de 5 à 10 ans, voire plus, ou de délits, avec des peines de 1 à 5 ans maximum. Le Procureur a exhorté les militaires à faire preuve de vigilance et de patriotisme, rappelant que des armes tombant entre de mauvaises mains peuvent être fatales pour la sécurité de la population.
Cette audience s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’impunité et la préservation des droits de l’Homme, témoignant de la fonctionnalité des tribunaux militaires qui ont déjà jugé plusieurs affaires concernant des militaires. Le Tribunal est composé de cinq magistrats, dont un conseiller de la Cour d’appel de la localité et quatre juges militaires, assistés d’un greffier et d’un représentant du ministère public, partie poursuivante.
LE BURKINA FASO APPELLE A POURSUIVRE LE COMBAT CONTRE LES DESTABILISATEURS DE L’AES
Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a appelé mardi les populations des pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) à maintenir une vigilance citoyenne pour contrer les actions de déstabilisation orchestrées par l'impérialisme.
Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a appelé mardi les populations des pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) à maintenir une vigilance citoyenne pour contrer les actions de déstabilisation orchestrées par l'impérialisme.
« Restons vigilants, car les impérialistes et leurs institutions fantoches ne baisseront jamais les bras », a prévenu le chef du gouvernement burkinabè Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.
Il s'adressait aux mouvements de veille citoyenne et aux manifestants mobilisés pour soutenir la sortie officielle de l'AES de la CEDEAO, mardi 28 janvier 2025, à la Place de la Nation de Ouagadougou.
« La liberté ne s'octroie pas, elle s'arrache au prix de la sueur et du sang, et c'est ce à quoi notre hymne national nous a toujours invités », a-t-il indiqué.
« Nous allons mener ce combat et le gagner ensemble pour que nos enfants et petits-enfants vivent dans un espace AES libre et prospère, avec de nouveaux horizons », a martelé Emmanuel Ouédraogo.
Rapportant les propos du capitaine Thomas Sankara, le Premier ministre a précisé que la rupture avec l'impérialisme ne se fera pas de manière tendre.
« Cette rupture se fait à coups de hache, et ce coup sec a été porté il y a un an par les trois grands leaders historiques (Ibrahim Traoré, Abdourahamane Tiani et Assimi Goïta) », a-t-il rappelé.
Il a également salué la forte mobilisation de la population à ce meeting de soutien aux autorités de l'AES.
Concernant la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Cedeao, le chef du gouvernement burkinabè a souligné le caractère irréversible de cette décision, ajoutant que cette institution sous-régionale appartient désormais au passé des peuples du Sahel.
LES DIRIGEANTS AFRICAINS APPELES A SE MOBILISER POUR INSTAURER UN CESSEZ-LE-FEU à goma
Affectées et préoccupées par le chaos provoqué par le conflit meurtrier à l’Est de la République Démocratique du Congo, Me Saïd Larifou, président RIDJA-PACTEF (Comores) appelle les chefs d’Etats Africains à imposer un cessez-le-feu dans cette région
Des organisations de la société civile africaine dont le Mouvement pour la citoyenneté africaine (MCA) réunies autour de l’avocat et homme politique comorien, Me Saïd Larifou, président du RIDJA-PACTEF (Comores) ont fait face à la presse, mercredi 29 janvier, au siège de Amnesty International pour lancer un Appel à la Paix. A cette occasion, elles ont appelé tous les dirigeants africains à se mobiliser comme un seul homme pour imposer un cessez-le-feu dans les grands Lacs.
Affectées et préoccupées par le chaos provoqué par le conflit meurtrier à l’Est de la République Démocratique du Congo, des organisations de la société civile réunies autour de l’avocat et homme politique comorien, Me Saïd Larifou, Président RIDJA-PACTEF (Comores) ont fait face à la presse pour appeler les chefs d’Etats Africains à sortir de leur silence pour imposer un cessez-le-feu dans cette région des grands Lacs.
Prenant l’exemple de la guerre en Ukraine qui a suscité un soulèvement du monde entier dont des dirigeants africains qui se sont massivement déplacés pour aller en Ukraine et puis pour aller en Russie pour essayer de rencontrer les belligérants et essayer d’apporter une solution africaine à un problème qui n’est pas africain, ces organisations par la voix de Me Larifou estiment qu’il serait aussi de leur obligation de se mobiliser comme ils l’ont fait dans des conflits qui n’ont rien à voir avec l’Afrique et se diriger sur place. L’avocat indique qu’il est important et c’est de la responsabilité de tous les chefs d’Etats africains de se déplacer pour se rendre sur les lieux et instaurer un cessez-le-feu.
Quant aux présidents de ces deux pays, notamment Félix-Antoine Tshisekedi, de la RDC et Paul Kagamé du Rwanda, le président du parti RIDJA-PACTEF (Comores) les exhorte à prendre ensemble la peine mesure de leurs responsabilités historiques pour la République Démocratique et le Rwanda. Dans ce conflit, selon lui, il ne peut avoir ni vainqueur ni vaincu dans un conflit où les seules véritables victimes sont les populations civiles.
A son avis, la solution ne viendra ni des armes ni des discours belliqueux, mais d’une volonté commune soutenue par tous les africains de mettre fin aux hostilités et de poser les véritables bases d’un processus de réconciliation pour vos pays et de l’Afrique. L’homme politique invite également les dirigeants de ces deux pays à des pourparlers directs pour instaurer un cessez-le-feu et bâtir ensemble un avenir stable.
PAR Ndongo Samba Sylla & Jomo Kwame Sundaram
UN PRIVILÈGE EXORBITANT POUR TOUS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La fin de la domination du dollar américain ne suffira pas à mettre fin à l'impérialisme monétaire. Le développement durable du Sud exige de repenser la compensation des paiements internationaux
La fin de la domination du dollar américain ne suffira pas à mettre fin à l'impérialisme monétaire. Seules de meilleures dispositions multilatérales pour la compensation des paiements internationaux peuvent répondre aux aspirations des pays du Sud en matière de développement durable.
De Gaulle contre le dollar américain
Les défis lancés à l'hégémonie du dollar américain n'ont pas commencé avec les BRICS. Le président français Charles de Gaulle s'est illustré par sa posture de dissident dans les années 1960.
Valéry Giscard d'Estaing, son ministre des Finances et des Affaires Économiques entre 1962 et 1966, a inventé l'expression « privilège exorbitant » pour se plaindre de la domination du dollar américain.
Le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale permet aux États-Unis d'acheter à crédit les biens, les services et les actifs étrangers. Cela leur donne également la possibilité de dépenser beaucoup plus pour les bases militaires et les guerres à l'étranger.
Ce privilège autorise de telles extravagances avec des effets négatifs limités sur la balance des paiements et le taux de change du dollar. L'économiste français Jacques Rueff observait que les États-Unis pouvaient ainsi maintenir des déficits extérieurs « sans larmes ».
De Gaulle exigeait de la Réserve fédérale américaine qu'elle convertît les « eurodollars » excédentaires de la France en or monétaire. Le défi français allait faire éclater le bluff des États-Unis, les obligeant à mettre fin en 1971 à la convertibilité dollar-or qui était au cœur des accords de Bretton Woods de 1944.
Pour renforcer son statut économique dans un système dominé par le dollar, la France d'après-guerre a imposé un dispositif monétaire à la plupart de ses anciennes colonies africaines, lui conférant un privilège néocolonial similaire à celui des États-Unis à l’échelle mondiale.
Avec la zone franc CFA, la France a bénéficié de deux avantages. Premièrement, elle n'avait pas besoin de détenir des dollars pour acheter des biens et des services dans les territoires qu'elle dominait. Deuxièmement, elle dispose d'un contrôle discrétionnaire sur les revenus en dollars de la zone.
Le remplacement du franc français par l'euro en 1999 n'a pas mis fin à cet impérialisme monétaire. Aujourd'hui, 14 pays d'Afrique subsaharienne comptant plus de 200 millions d'habitants utilisent encore le franc CFA.
Créé en 1945, ce dispositif monétaire a permis d'utiliser les colonies pour accélérer la reconstruction de l'économie française d'après-guerre. Il demeure encore sous la tutelle légale du Trésor français.
Le fait que la France tire profit de ses relations monétaires avec ses anciennes colonies implique que les rivaux des États-Unis pourraient également en faire de même s'ils parviennent à saper la domination du dollar sans renverser l'impérialisme monétaire.
De la dédollarisation
Le terme de dédollarisation fait actuellement référence au développement d'initiatives alternatives de paiements bilatéraux et plurilatéraux réduisant le rôle du dollar et des arrangements financiers basés sur le dollar dans le règlement des transactions économiques internationales et la gestion des réserves de change.
Ce phénomène s'est accentué. En 2022, le commerce international était estimé à 46 000 milliards de dollars, dont plus de la moitié était facturée dans des monnaies autres que le dollar américain. De plus en plus de pays commercent entre eux et règlent leurs transactions dans des monnaies autres que le billet vert.
Bien que cette tendance ait érodé la part du dollar dans le total des réserves officielles de change, le temps est encore loin où le dollar sera détrôné en tant que monnaie de réserve mondiale.
En effet, le commerce international n'est que la partie émergée de l'iceberg des transactions financières internationales, qui restent principalement libellées en dollars américains.
La remise en cause actuelle de l'hégémonie du dollar a beaucoup à voir avec les sanctions financières unilatérales prises par les États-Unis et leurs alliés, principalement européens, à l'encontre de plusieurs pays, dont la Russie, l'Iran et le Venezuela.
Ces pays ont été exclus du système de messagerie SWIFT et/ou ont vu leurs avoirs à l'étranger, en particulier leurs réserves en dollars, en euros ou en or, confisqués unilatéralement sous divers prétextes.
Face à ces sanctions, de plus en plus de pays souhaitent développer des systèmes de paiements alternatifs, réduire leurs réserves en dollars et en euros et trouver des moyens plus sûrs de sauvegarder leurs excédents extérieurs.
Un récent rapport du gouvernement russe pour les BRICS a critiqué l’instrumentalisation par l'Occident du système international des paiements. Il appelle à la mise en place d'un système monétaire et financier international conforme aux principes de sécurité, d'indépendance, d'inclusion et de durabilité.
Les pays riches en ressources et disposant d'importants surplus extérieurs sont à juste titre préoccupés par cette menace. Mais le rapport n'aborde pas les problèmes et les besoins des pays déficitaires qui constituent la grande partie de ceux du Sud.
Union internationale de compensation
L'un des problèmes fondamentaux du système monétaire et financier international actuel est qu'une monnaie nationale - le dollar américain – joue le rôle d'actif de réserve pour le reste du monde.
Cette situation oblige la plupart des pays, en particulier ceux du Sud, à accumuler des dollars américains pour honorer leurs obligations extérieures. Parce qu’ils peinent à en obtenir suffisamment, ces pays sont particulièrement vulnérables aux crises de dette extérieure.
Leurs problèmes ne seront pas résolus si la domination du dollar américain recule et si son privilège doit être partagé avec d'autres monnaies de réserve internationales.
Un système monétaire et financier international équitable et favorable au développement durable devrait éliminer l'obligation d'accumuler des réserves de change, par exemple en permettant à chaque pays de payer ses importations dans sa monnaie, ce qui est techniquement possible.
Avec une Union internationale de compensation, Ernst Friedrich Schumacher notait que « chaque monnaie nationale [deviendrait] une monnaie mondiale, ce qui [rendrait] inutile la création d'une nouvelle monnaie mondiale ».
Cette proposition permettrait de résoudre les crises financières, d’endettement et climatiques auxquelles le Sud est confronté. Cependant, depuis 1944, aucun effort n'a été renouvelé pour obtenir le consensus multilatéral nécessaire à une telle transformation.
Ndongo Samba Sylla est Économiste sénégalais, Directeur Afrique de l’International Development Economics Associates (IDEAs)
Jomo Kwame Sundaram est Économiste malaysien, ancien professeur d'économie, a été sous-secrétaire général des Nations unies pour le développement économique et a reçu le prix Wassily Leontief pour avoir fait avancer les frontières de la pensée économique.
Cet article a été traduit de l’anglais à partir de l’original paru dans Inter Press Service News Agency.
À GOMA, LA DIPLOMATIE DANS L'IMPASSE
René Lake dévoile sur VOA Afrique, les mécanismes d'un conflit en RDC où la dimension identitaire se mêle aux enjeux économiques. Selon lui, l'intervention de Marco Rubio pourrait marquer un tournant pour l'implication américaine dans la région
La situation à Goma, grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), semble irréversible ce mercredi 29 janvier 2025. Le mouvement rebelle M23, soutenu par l’armée rwandaise, contrôle désormais la quasi-totalité du centre et des faubourgs de la ville. Cette crise, qui s’est étendue à Kinshasa où plusieurs ambassades ont été attaquées, soulève des questions cruciales sur les perspectives de sa résolution.
Interrogé par VOA Afrique sur la possibilité d’une solution diplomatique, René Lake, analyste politique, a exprimé ses doutes. « Il est très difficile de répondre à cette question avec certitude* », a-t-il déclaré, soulignant le refus catégorique du gouvernement congolais de dialoguer avec le M23, qu’il considère comme un groupe terroriste. En revanche, le Rwanda insiste pour que le M23 soit inclus dans les négociations, une demande rejetée par Kinshasa.
L'invité de VOA Afrique a évoqué le processus de Luanda, initié il y a deux ans, comme le cadre de négociations le plus abouti jusqu’à présent. Comme le rappelle René Lake, ce processus, qui avait réuni les présidents congolais, rwandais, angolais et burundais, avait abouti à un communiqué final appelant à un cessez-le-feu, au retrait du M23 et à la poursuite du dialogue politique.
Cependant, les récentes tensions et le refus du président congolais Félix Tshisekedi de participer à une réunion de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (CAE) convoquée par le Kenya ont jeté un froid sur les efforts régionaux. « C'est malheureux que cette réunion n'ait pas pu se tenir au Kenya, en tout cas avec la participation des principaux acteurs, le président Kagame et le président Tshisekedi », a regretté Lake.
Lake a également souligné les dimensions politiques et économiques du conflit. Il a évoqué les accusations de « haine anti-tutsi » en RDC, un sentiment qui alimente les tensions identitaires. « Les Congolais très clairement ont indiqué qu'il s'agit d'intérêts économiques et financiers, notamment dans l'exploitation des mines, qui poussent le Rwanda à maintenir cette instabilité au Congo parce que cela leur profite économiquement », a déclaré Lake.
La réaction du département d’État américain, marquée par l’intervention du sénateur Marco Rubio, a suscité des interrogations. « L'intervention directe de Marco Rubio qui a appelé Kagame, son implication plus importante me semble indiquer qu'il se pourrait que l'administration Trump soit plus engagée dans l'espace africain et dans ce conflit en particulier », décrypte René Lake.
Cette implication accrue des États-Unis pourrait marquer un tournant dans la gestion internationale de la crise. « On ne sait pas encore si cela est dû à un ajustement de la politique étrangère américaine de Trump ou à la personnalité de Marco Rubio, qui est un spécialiste des relations internationales et qui s'intéresse à l'Afrique », a-t-il conclu.
par Alain Foka
MERCI EMMANUEL MACRON
C'est vrai que nous avons été ingrats, ingrats de n'avoir pas dit merci pour tous ces siècles d'esclavage. Figurez-vous que nous étions persuadés que ce sont les autres qui nous demanderaient pardon
Les récentes déclarations d'Emmanuel Macron sur l'ingratitude présumée des Africains continuent de faire réagir. Dans une analyse cinglante, le journaliste Alain Foka répond au président français, rappelant le lourd passif historique entre la France et l'Afrique.
Lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l'Élysée, Emmanuel Macron a défendu avec vigueur la position française en Afrique. "La France n'est pas en recul en Afrique, elle est simplement lucide, elle se réorganise", a-t-il déclaré, avant d'ajouter sur un ton amer : "On a oublié de nous dire merci, c'est pas grave, ça viendra avec le temps. L'ingratitude est une maladie non transmissible à l'homme."
En réponse à ces propos, Alain Foka développe une analyse historique implacable, remontant aux origines des relations franco-africaines. Le journaliste rappelle notamment qu'"après l'abolition de l'esclavage en 1848, la France a choisi d'indemniser les propriétaires d'esclaves", leur accordant "126 millions de francs or aux 10 000 propriétaires d'esclaves, soit 1,3% du revenu national d'alors, l'équivalent de 27 milliards d'euros d'aujourd'hui."
Quand Emmanuel Macron évoque les récents engagements militaires français contre le terrorisme, justifiant les retraits par les coups d'État, Foka répond par une longue énumération historique : "Merci pour cette mission civilisatrice qui nous a débarrassé de nos traditions, de nos croyances, de notre identité, de nos religions [...] Merci pour le partage à Berlin en 1885, de notre continent."
Le journaliste pointe également du doigt le silence des entreprises françaises sur leur passé lié à l'esclavage, contrairement à leurs homologues britanniques. "Un sujet tabou en France", note-t-il, alors qu'au Royaume-Uni, plusieurs institutions financières majeures ont reconnu leurs liens historiques avec la traite négrière.
SONKO RENFORCE SON CONTRÔLE SUR LES MISSIONS À L'ÉTRANGER
Le texte limite notamment à trois le nombre de personnes par délégation et fixe une durée maximale de 21 jours pour les missions avec frais. Cette réforme s'accompagne d'un renforcement significatif du rôle des missions diplomatiques
(SenePus) - Le Premier ministre Ousmane Sonko vient de signer une circulaire fixant un cadre plus strict pour les missions à l'étranger des agents de l'État. Ce document, daté du 22 janvier 2025, établit de nouvelles règles visant à rationaliser les dépenses publiques et à renforcer l'encadrement des déplacements officiels.
La circulaire apporte des précisions majeures sur l'organisation et le financement des missions à l'étranger. "Une mission doit être un déplacement de travail entrant dans le cadre des actions programmées par le gouvernement dans ses relations avec les États, les organisations internationales et toute autre institution publique ou privée", stipule le texte.
Parmi les mesures phares, la taille des délégations est désormais strictement limitée. "La taille des délégations devant représenter le Sénégal à des rencontres internationales ne peut excéder trois personnes, sauf dérogation accordée par le Premier ministre", précise la circulaire. Le document encourage également une plus grande implication des missions diplomatiques pour "éviter des déplacements coûteux et non-indispensables".
"En tout état de cause, la durée d'une mission avec frais ne peut excéder vingt-et-un jours", indique le texte. Les demandes d'ordres de mission doivent être transmises "au moins quinze jours avant la date prévue pour le départ, sauf en cas de force majeure dûment justifiée".
La circulaire interdit formellement "la prise en charge des frais de mission des ministres, des membres du Cabinet, du Secrétariat général ou des autres services des ministères par les entités du secteur parapublic sous contrôle ou sous tutelle, sauf pour des missions organisées par lesdites entités". De plus, "la prise en charge de missions d'agents de l'État à l'étranger, par des structures ou organisations privées, est proscrite, sauf dans le cadre d'une convention dûment approuvée".
Le texte redéfinit également la notion de "mission sans frais" qui, selon la circulaire, "s'entend d'une mission dont la prise en charge financière n'est pas supportée par le budget de l'État ou de ses démembrements". Cette précision vise à éviter toute ambiguïté sur la nature des financements.
La mise en application de ces nouvelles dispositions est confiée au Secrétaire général du gouvernement, qui est "chargé de l'application rigoureuse des dispositions de la présente circulaire".