L’Afrique du Sud a officiellement pris ce dimanche, pour une durée d’un an, la présidence du G 20, le groupe des vingt pays les plus industrialisés.
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, dont le pays est le premier en Afrique à présider le G20, a déclaré qu’il s’agissait d’un jour important pour son pays
‘’Le G20 est un groupement important. Notre économie est relativement mineure, mais nous faisons partie du G20, ce qui signifie que nous sommes bien au-dessus de notre condition réelle en raison du rang qui est le nôtre dans le monde, des nombreuses positions que nous avons prises et de la force de notre économie’’, a-t-il souligné dans des propos rapportés par des médias.
La nation arc-en-ciel prend la tête de l’organisation qui représente 85 % du PIB mondial et 75% du commerce mondial, un an après que l’Union africaine a été admise comme membre permanent.
THIERNO BIRAHIM GUÈYE, LE COMBATTANT POUR L’ÉCLATEMENT DE LA VÉRITÉ
Son engagement, nourri par son passé de parachutiste et son histoire familiale, révèle les dimensions politiques d'une tragédie trop souvent réduite à un conflit sur des arriérés de solde
Descendant de tirailleur, le président de la Fédération africaine des descendants des tirailleurs, n’économise ni son temps ni son argent pour que la vérité éclate sur le massacre de Thiaroye, en 1944. Après, dit-il, la France pour construire un avenir fondé sur la justice et la vérité.
Quand il évoque le massacre des tirailleurs sénégalais, le 1er décembre 1944, à Thiaroye, le visage s’illumine. Le sujet passionne Thierno Birahim Guèye, dit para. Il est le président de la fédération africaine des descendants des tirailleurs sénégalais ; une entité créée en 2020 en République de Guinée et fédérant les associations de dix-sept pays d’où sont originaires les tirailleurs sénégalais. « Nous devons faire la lumière sur ce drame et nous projeter dans un avenir basé sur la vérité », affirme-t-il. M Guèye est revenu de la France, le samedi 16 novembre, à la veille du scrutin des élections législatives. Il dit avoir reçu un bel accueil de maires français, notamment celui de Morlaix et de députés. Le président de la fédération africaine des descendants des tirailleurs sénégalais souligne, pour s’en réjouir, que l’édile de Morlaix a rendu, le vendredi 1er novembre, pour la première fois, un hommage aux tirailleurs sénégalais. « C’est une avancée dans notre combat pour la reconnaissance de cette tragédie », confie-t-il.
Thierno Birahim Guèye pense que la posture des autorités sénégalaises y est pour quelque chose. Les lignes sont en train de bouger aussi bien au Sénégal que dans l’hexagone. Dans les deux pays, plusieurs manifestations sont prévues dans la commémoration des 80 ans du massacre des tirailleurs sénégalais, en 1944, à Thiaroye.
Toutefois, il se veut clair, son association est apolitique. « Nous menons un combat pour la vérité sur cette histoire et une reconnaissance de cette tragédie par la France », insiste-t-il. Pour celui qui n’économise ni son temps ni son argent, il est important de conserver et de célébrer la mémoire des tirailleurs sénégalais dans les 17 États ayant participé à la libération de la France. « Leur histoire marquée par des actes de bravoure et de sacrifice doit être racontée et transmise aux jeunes générations pour honorer leur contribution inestimable », dit-il. Thierno Birahim Guèye sait les sacrifices de ces combattants. Il a servi sous les drapeaux durant des décennies jusqu’à sa retraite dans le bataillon des parachutistes logé au camp de Thiaroye où sont tombés et enterrés ces soldats. « Pour avoir été militaire et ayant servi dans des théâtres d’opérations, je mesure le calvaire que mon grand-père et ses camarades ont enduré », déclare-t-il.
La vérité sur ce drame tient à cœur cet ancien parachutiste. « Le massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944 est un épisode tragique qui nécessite une reconnaissance et une compréhension approfondie. Nous appelons à la vérité pour honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie », insiste-t-il, affirmant que ces tirailleurs ont été utilisés comme de la chair à canon. De plus, ils avaient vécu dans des conditions climatiques extrêmes, causant la perte de milliers d’entre eux.
Le président de la fédération africaine des descendants des tirailleurs sénégalais soutient, avec véhémence, que ce massacre n’est pas lié seulement à la réclamation par ces combattants du versement de leurs soldes de guerre. « La vérité est tout autre », soutient-il, ajoutant que la France les considérait comme des éléments subversifs qui, une fois rentrés dans leur pays respectif vont commencer à réclamer l’indépendance. « Les tirailleurs avaient acquis une nouvelle conscience et la France les soupçonnait qu’ils allaient être en première ligne dans les revendications pour l’indépendance de leurs États », dit M. Guèye. Pour illustrer son propos, il indique que les tirailleurs sénégalais étaient mieux traités par les Allemands que la France. « On ne garde pas ses amis », souffle-t-il, soulignant que les tensions étaient perceptibles déjà en France. « Quand les tirailleurs sénégalais devaient embarquer, certains avaient refusé », poursuit-il, pestant contre la décision prise en juin dernier par le Président français Emmanuel Macron de reconnaître que six tirailleurs sénégalais sont morts pour la France. « Cette décision a augmenté notre frustration parce que ces combattants ne représentent rien par rapport au nombre de morts », fulmine-t-il.
Une fois que la France aura reconnu sa responsabilité sur le massacre des tirailleurs sénégalais et les zones d’ombres levées, Thierno Birahim Guèye et ses pairs comptent demander réparation. Vaste chantier.
UNE TRAGÉDIE MÉCONNUE
De la vendeuse de fruits au jeune lycéen, rares sont les Sénégalais qui connaissent vraiment l'histoire du massacre de Thiaroye. Même les descendants des tirailleurs constatent avec amertume que leur sacrifice tombe progressivement dans l'oubli
Ils sont nombreux les Sénégalais qui ignorent ce pan de l'histoire coloniale commune au Sénégal et à l'Afrique francophone. Le 1er décembre 1944, au petit matin, plusieurs dizaines de tirailleurs sénégalais, ayant combattu pour la France pendant la Seconde Guerre, ont été tués par les forces coloniales françaises. Les rares personnes à connaître véritablement cet épisode douloureux de l'histoire coloniale sont les descendants des tirailleurs qui n'étaient pas que des Sénégalais. Ils venaient de 17 pays d'Afrique francophone : Sénégal, République de Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Comores, Congo Brazzaville, etc.
En ce début d'après-midi de lundi, le soleil darde ses rayons. Aissatou, vendeuse de fruits, met en sachet pommes, clémentines. Cette jeune dame, qui dit avoir fait des études jusqu'au CM2, avoue ne pas connaître l'histoire des tirailleurs sénégalais. « C'est quoi ? », s'exclame-t-elle. Sa réaction arrache un sourire au doyen Cheikh Ndiaye, professeur des sciences, de la vie et de la terre. « J'avoue que je connais bien l'histoire des tirailleurs sénégalais ; j'en entends d'ailleurs parler à la radio le 1er décembre de chaque année », confie le septuagénaire. Le massacre des tirailleurs sénégalais est une tragédie méconnue. Ils sont nombreux les Sénégalais qui ignorent ce pan de l'histoire coloniale commune au Sénégal et à l'Afrique francophone. Le 1er décembre 1944, au petit matin, le camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, a été le théâtre d'un événement tragique.
Latyr Pouye en fait partie. « Mon grand-père était un tirailleur et il était un rescapé du massacre de Thiaroye en 1944 », dit-il fièrement. Vigile dans une société de la place, le jeune homme précise que son grand-père l'entretenait souvent de la vie des tirailleurs sénégalais dans les champs de guerre en Europe. « Quand mon grand-père me racontait la guerre, il était un homme. À travers son récit, il me tenait en haleine et me plongeait dans l'atmosphère du conflit », déclare Latyr Pouye. Le jeune homme ajoute que jusqu'à sa mort, son aïeul n'a pas compris le geste des forces coloniales françaises. « La France a été ingrate et injuste à l'égard de nos grands-parents qui ont combattu pour sa libération dans des conditions difficiles », témoigne le vigile, ajoutant que l'histoire des tirailleurs sénégalais mérite d'être connue. « Nos grands-pères ont fait preuve de bravoure dans les champs de bataille en Europe. Malheureusement, après avoir échappé à la mort en Europe, ils ont été lâchement tués à leur retour en Afrique. Leur histoire doit être vulgarisée », insiste Latyr.
Enseigner cette histoire
Dr Adama Baityr Diop, historien qui a enseigné l'histoire générale de l'Afrique à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, salue l'initiative du gouvernement. « C'est une heureuse initiative. Les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall se sont intéressés à la question, mais la décision du Premier ministre Ousmane Sonko de commémorer et de mettre en place un comité scientifique est importante pour le présent et pour l'avenir du Sénégal, surtout dans le contexte africain. Pour la première fois, l'État sénégalais a décidé d'organiser une commémoration d'une grande ampleur », a-t-il déclaré.
Selon lui, cette commémoration est un évènement marquant de l'histoire du Sénégal et de l'Afrique francophone. « Il est important de se remémorer de cet évènement et d'écrire sur le parcours des tirailleurs », insiste l'enseignant à la retraite, aujourd'hui âgé de 80 ans. L'octogénaire milite même pour l'enseignement de ce pan de l'histoire pour contribuer à la construction d'une mémoire collective partagée et fondée sur la connaissance de notre histoire. « Il faut enseigner cette mémoire dans tous les ordres d'enseignement (de l'élémentaire au supérieur). Les jeunes d'aujourd'hui ont besoin de repères. La mémoire des tirailleurs est importante pour l'intégration africaine », affirme l'enseignant à la retraite.
SIMONE GBAGBO CANDIDATE À LA PRÉSIDENTIELLE IVOIRIENNE DE 2025
"Je voudrais vous faire une offre audacieuse : celle de construire une Côte d'Ivoire totalement transformée, modernisée et prospère, dans une Afrique décomplexée, développée, équipée, incontournable, forte et respectée de tous", a-t-elle dit.
L'ex-Première dame ivoirienne, Simone Ehivet Gbagbo a annoncé samedi sa candidature à l'élection présidentielle de 2025, martelant vouloir "bâtir" une nouvelle Côte d'Ivoire.
"J'ai accepté d'être candidate à l'élection présidentielle d'octobre 2025 parce que je crois profondément que chaque Ivoirien, quelle que soit sa condition, est capable, s'il le veut vraiment, de transcender toutes les sortes d'épreuves pour rêver, pour créer, pour bâtir et pour réussir", a déclaré Mme Gbagbo, lors de la première convention du Mouvement des Générations Capables (MGC), sa formation politique, à Moossou, près d'Abidjan.
"Je voudrais vous faire une offre audacieuse : celle de construire une Côte d'Ivoire totalement transformée, modernisée et prospère, dans une Afrique décomplexée, développée, équipée, incontournable, forte et respectée de tous", a-t-elle ajouté.
Simone Gbagbo, 75 ans, a été l'épouse du président Laurent Gbagbo au pouvoir de 2000 à 2011, période pendant laquelle elle était surnommée la "Dame de Fer".
Elle avait été arrêtée en même temps que son mari en avril 2011, à l'issue d'une crise post-électorale sanglante opposant le camp Gbagbo au camp Ouattara qui avait fait quelque 3.000 morts.
Leur divorce, demandé dès son retour à Abidjan en juin 2021 par M. Gbagbo après son acquittement par la justice internationale, a été officiellement prononcé en 2023.
Condamnée en 2015 dans son pays à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'État", Mme Gbagbo a bénéficié en 2018 d'une loi d'amnistie, au nom de la "réconciliation nationale".
Samedi, elle a notamment affirmé vouloir "bâtir une grande nation ivoirienne réconciliée, forte, pleine de justice et d'équité".
La prochaine présidentielle doit se tenir en octobre 2025 en Côte d'Ivoire.
Pour l'heure, outre Mme Gbagbo, trois autres candidats sont déclarés: l'ex-président Laurent Gbagbo, toujours inéligible pour une condamnation à 20 ans de prison pour des faits liés à la crise de 2010-2011, l'ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan et l'ancien ministre du Commerce Jean-Louis Billon.
Le président Alassane Ouattara n'a pas encore indiqué s'il comptait ou non briguer un quatrième mandat.
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THIAROYE 44, LES EXCUSES HISTORIQUES DE LA FRANCE
80 ans après cette tragédie, Paris reconnaît sa responsabilité dans ce drame. Par la voix de son ministre Jean-Noël Barrot, porteur d'un message de Macron, elle admet qu'aucune justification n'est possible pour ces tirs contre ses propres soldats
Dans une déclaration solennelle prononcée à Thiaroye ce dimanche 1er décembre 2024, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a officiellement reconnu le massacre perpétré le 1er décembre 1944 contre des tirailleurs sénégalais. Porteur d'un message du président Emmanuel Macron, le patron de la diplomatie française a déclaré que "rien ne peut justifier que des soldats de France aient ainsi retourné leur canon contre leurs frères d'armes".
Ces événements tragiques se sont déroulés dans un contexte d'après-guerre, alors que des milliers de soldats africains avaient combattu héroïquement pour la libération de la France. Vénus de diverses colonies françaises, notamment du Sénégal, des Comores, du Congo, et de la Côte d'Ivoire, ces tirailleurs s'étaient illustrés sur tous les fronts de la bataille de France, de Sedan à Amiens.
Pourtant, à la Libération, ces héros furent victimes d'une profonde injustice. Démobilisés avant leurs camarades européens et privés de leur solde, ils protestèrent d'abord à Morlaix, refusant d'embarquer sur le Circassia qui devait les ramener chez eux. Leur seconde protestation, au camp de Thiaroye, se termina dans un bain de sang lorsque l'armée française révéla le feu sur ses propres soldats.
Dans le cadre d'un travail de mémoire et de vérité, la France a pris plusieurs mesures concrètes, notamment la transmission des archives en 2014 et le soutien à une mission d'étude dirigée par le Professeur Mamadou Diouf.
Cette reconnaissance s'inscrit dans une volonté de renouveau des relations franco-sénégalaises, marquée par un partenariat renforcé établi en juin dernier entre les deux pays. Le ministre a conclu en appelant à "cultiver l'amitié entre le Sénégal et la France sur les fondements d'une mémoire qui rassemble plutôt qu'une mémoire qui divise".
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LA MÉMOIRE DES TIRAILLEURS INSTITUTIONNALISÉE
Un mémorial et un centre de documentation verront le jour à Thiaroye, tandis que des rues porteront le nom de cet événement tragique. L'histoire des tirailleurs intégrera les programmes scolaires, assurant sa transmission aux générations futures
Le président Bassirou Diomaye Faye a dévoilé ce samedi 1er décembre à Dakar plusieurs mesures de préservation de la mémoire des tirailleurs sénégalais, à l'occasion du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye.
En présence de plusieurs chefs d'État africains, le président Faye a annoncé cinq mesures majeures pour réhabiliter cette page sombre de l'histoire commune à 17 pays africains. "J'initierai plusieurs mesures de réappropriation de cette histoire commune avec 16 pays africains frères", a déclaré le chef de l'État sénégalais.
Au cœur de ces initiatives figure l'érection d'un mémorial à Thiaroye, conçu comme "un lieu de recueillement et de mémoire ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires ainsi qu'au public". Cette première mesure sera complétée par la création d'un centre de documentation et de recherche dédié aux tirailleurs, destiné à "conserver la mémoire" en recueillant "archives, témoignages et récits".
Le président a également annoncé que des rues et des places porteraient désormais les noms des soldats et de cet événement tragique, "pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective". L'histoire de Thiaroye sera par ailleurs intégrée aux programmes scolaires, permettant ainsi aux "générations futures de grandir avec une compréhension approfondie de cet épisode de notre passé".
Enfin, point d'orgue de ces mesures, le 1er décembre a été officiellement décrété "journée du tirailleur", en mémoire du massacre de Thiaroye.
"Cette commémoration ne doit pas être qu'un moment de recueillement", a souligné le président Faye, "qu'elle soit un serment renouvelé, un serment de justice, un serment de mémoire, un serment de vérité pour que plus jamais Thiaroye et les événements similaires ne se répètent sous aucune forme nulle part ailleurs dans le monde".
Ces annonces interviennent dans un contexte marqué par une avancée significative : la reconnaissance officielle par le président français Emmanuel Macron, dans une lettre envoyée à son homologue sénégalais, que "les événements de Thiaroye en 1944 ont abouti à un massacre".
MOTSEPE À LA CAF : LE GRAND MALAISE
Le milliardaire sud-africain, qui ne fait que de rares apparitions au siège cairote de l'institution, laisse les pleins pouvoirs à son secrétaire général. Pendant ce temps, les comptes de la CAF sont dans le rouge, avec des irrégularités financières
(SenePlus) - Une enquête de Jeune Afrique (JA) lève le voile sur la gouvernance atypique de Patrice Motsepe à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF), révélant un style de présidence distant et une gestion financière préoccupante qui soulèvent de nombreuses questions au sein du football africain.
Élu en mars 2021 après un intense lobbying du président de la FIFA Gianni Infantino, qui a conduit au retrait de plusieurs candidats de poids, Patrice Motsepe a rapidement marqué sa différence avec ses prédécesseurs. Quatrième fortune d'Afrique du Sud et premier milliardaire noir du pays, l'homme d'affaires cultive une distance peu commune avec l'institution qu'il dirige.
Cette distance se manifeste jusque dans ses habitudes quotidiennes. Comme le rapporte Jeune Afrique, "Il se déplace avec sa propre sécurité, son propre avion et, même, ses propres bouteilles d'eau." Basé à Johannesburg, il ne fait que de rares apparitions au siège cairote de la CAF, uniquement "pour quelques heures, le temps d'assister aux réunions où sa présence est strictement nécessaire."
Son style de communication intrigue également. Selon les témoignages recueillis par le magazine, ceux qui l'ont côtoyé décrivent "un drôle de président qui parle beaucoup en conférence de presse sans répondre aux questions", avec des réponses alambiquées qui pourraient masquer une méconnaissance des dossiers.
Un épisode particulier, relaté par JA, illustre la singularité de sa présidence. Le 21 décembre 2021, à quelques semaines de la CAN au Cameroun, Motsepe patiente dans sa suite présidentielle de l'hôtel Hilton de Yaoundé pour une rare audience avec le président Paul Biya. Cette rencontre, fruit d'intenses négociations, montre comment le milliardaire sud-africain, habitué aux plus hautes sphères du pouvoir économique, doit parfois composer avec les réalités politiques africaines.
Une gestion financière alarmante
L'enquête révèle une situation financière inquiétante. Un rapport de la Commission d'audit et de conformité de la CAF, consulté par Jeune Afrique, fait état d'une perte de 16 millions de dollars pour l'exercice clos au 30 juin 2023. Ces pertes, ventilées entre divers postes dont des "coûts techniques non attribués" et des "dépenses qui devraient être comptabilisées et enregistrées", portent le déficit total à 25 millions de dollars pour l'année 2022-2023.
Au cœur de ces turbulences figure le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba, dont l'omniprésence suscite des interrogations. Proche de Gianni Infantino, ce Suisso-Congolais qui dit avoir fui le Zaïre de Mobutu dans les années 1980 règne en maître au Caire. Comme le souligne un cadre du football africain cité par JA : "Le vrai problème de la Confédération ce n'est pas Motsepe mais Mosengo."
L'ingérence présumée de Mosengo-Omba dans le processus d'audit a particulièrement alerté la commission de contrôle. Selon les documents consultés par Jeune Afrique, il aurait tenté d'interférer dans la procédure en cours, allant jusqu'à mandater un cabinet externe pour un "audit dans l'audit", alors même qu'une enquête était en cours sur la disparition de 16 millions de dollars.
Des ambitions politiques sous-jacentes ?
Les motivations réelles de Motsepe interrogent. Une source proche du dossier confie à Jeune Afrique : "Tout le monde disait que Motsepe était venu à la CAF parce qu'il avait besoin de se forger une stature de présidentiable pour succéder à son beau-frère Cyril Ramaphosa." Si ce dernier a depuis été réélu, la question des ambitions de Motsepe reste entière.
Malgré ces controverses, le 25 octobre dernier, Patrice Motsepe a officialisé sa candidature pour un second mandat. Tandis que l'Égyptien Hany Abo Rida est évoqué comme possible challenger, le président sortant devra rendre des comptes aux fédérations africaines et aux employés de la CAF.
Face aux critiques, Motsepe tente de rassurer. Il a notamment garanti devant le comité exécutif que la Commission d'audit pourrait mener ses investigations sans "crainte ni favoritisme". Pourtant, ses actes semblent contredire ses paroles : le 22 octobre, lors de la 46ème assemblée ordinaire de la Confédération à Addis-Abeba, il a avalisé le rapport financier contesté pour 2022-2023.
Le bureau du secrétaire général, interrogé sur les écarts de chiffres, maintient sa position, affirmant que "le rapport financier de l'année 2022-2023 a été approuvé par les auditeurs de la CAF, Ernst and Young, la commission de finance ainsi que par la 46ème assemblée générale ordinaire de la CAF."
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L'AFRIQUE CHANGE, ET EN FACE, LA FRANCE NE CHANGE PAS
Antoine Glaser et Francis Kpatindé dressent le portrait d'une ex-puissance coloniale qui n'a pas su anticiper les mutations sur le continent. Les récentes demandes de retrait des troupes françaises du Sénégal et du Tchad illustrent ce divorce croissant
Un entretien majeur avec deux spécialistes reconnus de l'Afrique vient éclairer le déclin accéléré de l'influence française sur le continent. Antoine Glaser, journaliste chevronné et auteur du "Piège africain de Macron" (Fayard), ancien fondateur de La Lettre du Continent, et Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique et du Monde Afrique, aujourd'hui maître de conférence à Sciences Po, dressent un constat sans appel de la situation.
Les récentes demandes simultanées du Sénégal et du Tchad exigeant le départ des troupes françaises marquent un tournant historique dans les relations franco-africaines. Antoine Glaser pointe du doigt une France qui "s'est un peu endormie en Afrique", révélant une incapacité à comprendre les mutations profondes du continent.
"La France n'a pas vu l'Afrique se mondialiser", analyse Glaser, soulignant un aveuglement historique qui remonte aux indépendances. Selon lui, Paris est restée prisonnière d'une vision dépassée, celle de la "Françafrique", un système intégré qui a perduré bien au-delà de sa pertinence historique. Cette posture reflète une conviction erronée : celle d'une présence française éternellement désirée sur le continent.
Francis Kpatindé met en lumière un décalage croissant entre une Afrique en pleine mutation et une France figée dans ses certitudes. "L'Afrique change, elle a beaucoup changé depuis deux décennies. Et en face, la France ne change pas", observe-t-il. Il souligne particulièrement le fossé générationnel avec une jeunesse africaine qui n'a "aucune référence par rapport à la France, à l'ancienne puissance coloniale."
Un des aspects les plus alarmants soulevés par Kpatindé concerne l'érosion de l'expertise française sur l'Afrique. "Il n'y a plus d'experts : il n'y a plus de gens qui connaissent vraiment l'Afrique. Et surtout, il n'y a plus de gens qui ressentent l'Afrique", déplore-t-il. Cette perte de compréhension profonde conduit à une politique de réaction plutôt que d'anticipation, laissant la France systématiquement "un train de retard dans les événements en Afrique."
NDEYE ASTOU NDIAYE REVISITE LA TRADITION DU CONTE AFRICAIN
'Veillées africaines' réinvente l'art du récit en mêlant héritage culturel et préoccupations contemporaines. L'auteure, qui allie sa carrière universitaire à une sensibilité littéraire affirmée, livre un recueil où chaque histoire devient une leçon de vie
(SenePlus) - Les éditions Lettres de Renaissances enrichissent leur catalogue avec la publication d'un nouveau recueil de contes signé Ndeye Astou Ndiaye, "Veillées africaines". Cette œuvre s'inscrit dans la pure tradition du conte africain tout en portant un message universel.
Dans sa préface, Amadou Elimane Kane souligne la richesse allégorique de ces récits qui, à travers la métamorphose littéraire des animaux et de la flore, transmettent des valeurs fondamentales : loyauté, engagement, partage, fidélité, humilité, protection de l'environnement et espérance. L'auteure utilise ces transformations comme support d'un récit d'apprentissage à portée éducative.
Ndeye Astou Ndiaye apporte une contribution significative à la littérature africaine contemporaine. Enseignante-chercheuse en Science politique, diplômée de Sciences-Po Bordeaux et de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, elle mène des recherches approfondies sur les politiques publiques, le genre et les identités, la gouvernance et les modèles d'éducation en Afrique. Son expertise académique enrichit sa démarche littéraire, comme en témoignent ses précédentes publications : "Une étoile qui ne brille pas pour l'amour" (L'Harmattan, 2015) et "Commune condition" (Éditions Moukat, 2020).
Membre du Laboratoire IGD2P (Institutions Gouvernance Démocratique et Politiques Publiques) et personne-ressource à l'école d'été du Codesria en collaboration avec le Centre d'études africaines de Bâle (CASB), l'auteure conjugue avec talent sa carrière universitaire et sa passion pour l'écriture.
"Veillées africaines" est disponible à la commande directement auprès des éditions Lettres de Renaissances (editionslettresderenaissances@yahoo.fr), sur fnac.com, ainsi que dans les librairies parisiennes Présence Africaine et L'Harmattan.
Cette publication s'annonce comme une contribution majeure à la littérature africaine contemporaine, alliant la richesse de la tradition orale à des préoccupations universelles, tout en servant de pont entre l'héritage culturel africain et les enjeux contemporains.
LA GRANDE DÉBÂCLE FRANÇAISE
Chassée du Sahel, l'armée française doit maintenant quitter le Tchad et le Sénégal. Un diplomate africain livre dans Le Monde ce constat sans appel : "c'est une évolution qui a un parfum de rupture. Cela prend l'eau de toute part"
(SenePlus) - Une page majeure de l'histoire militaire française en Afrique est en train de se tourner, selon les informations révélées par Le Monde. Le choc est d'autant plus brutal qu'il intervient sur deux fronts simultanément, avec l'annonce de la rupture de l'accord de défense par le Tchad et la déclaration du Sénégal concernant un possible départ des forces françaises.
Le Tchad, longtemps considéré comme le bastion imprenable de l'influence militaire française en Afrique, vient de porter un coup particulièrement dur à Paris. Le journal Le Monde rapporte que le pays, qui héberge l'une des cinq bases militaires françaises sur le continent, a annoncé le 28 novembre la rupture de l'accord de défense liant les deux nations. Cette décision, qualifiée de "tournant historique" par la diplomatie tchadienne, illustre une volonté claire "d'affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques."
L'aspect particulièrement frappant de cette annonce réside dans son timing et sa mise en œuvre. Comme le souligne Le Monde, le communiqué est tombé alors que "l'avion du ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, venait à peine de décoller du Tchad." Plus troublant encore, les plus hautes instances françaises semblaient totalement prises au dépourvu : ni l'Élysée, ni le ministère des armées, ni le Quai d'Orsay n'avaient été prévenus.
Cette rupture s'inscrit dans un contexte plus large de perte d'influence française dans la région. Le quotidien rappelle que le président Mahamat Idriss Déby, âgé de 40 ans, représentait le "dernier allié de la France au Sahel" depuis l'expulsion des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger par les juntes militaires entre 2020 et 2023. Le journal révèle également que des tensions récentes, notamment l'ouverture d'une enquête par le Parquet national financier concernant des soupçons de biens mal acquis, ont contribué à cette décision, tandis que la Russie se positionne en alternative stratégique.
L'échec d'une stratégie de transformation
Le Monde met en lumière les tentatives avortées de réforme de la présence militaire française en Afrique. Dès son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron avait envisagé de "réduire la voilure et de mettre un terme à l'opération Barkhane", dont les 5 000 soldats étaient de plus en plus perçus comme une force d'occupation. Cependant, sous la pression de son entourage politique et militaire, cette initiative avait été abandonnée.
La tentative de redéfinition annoncée en février 2023 par le président français, visant à transformer les bases militaires en "académies" ou en "bases partenariales", semble avoir échoué. Comme le souligne Jonathan Guiffard, chercheur cité par le quotidien du soir : "La France, en réalité, est restée au milieu du guet par rapport à sa posture d'avant. Le problème, c'est qu'elle ne sait pas encore où elle va."
Le journal détaille les implications concrètes de ce désengagement. Les bases françaises en Afrique, qui réunissaient encore environ 1 700 militaires en 2023 (dont 350 à Libreville et à Dakar), font l'objet de projets de réduction drastique. Un scénario envisageait de limiter cette présence à une centaine de soldats par base, à l'exception du Tchad qui devait maintenir trois cents militaires - un plan désormais caduc.
Selon une source officielle ivoirienne citée par Le Monde, l'avenir semble inexorable : "Il est évident que, d'ici dix ou quinze ans, il n'y aura plus un seul soldat français en Afrique." Cette prévision s'appuie sur deux facteurs principaux : les contraintes budgétaires françaises et l'opposition croissante de la jeunesse africaine à cette présence militaire.
Les tentatives de renouveau
Le quotidien révèle également les efforts français pour maintenir une influence différente, notamment à travers le développement du "soft power" et de la "lutte informationnelle". Des initiatives comme la création d'une école spécialisée dans le cyber en Côte d'Ivoire ou l'encouragement des industriels de l'armement à réinvestir en Afrique témoignent de ces tentatives d'adaptation, mais semblent insuffisantes face aux changements géopolitiques en cours.
Cette série d'événements marque indubitablement la fin d'une époque dans les relations franco-africaines. Comme le résume un diplomate africain cité par Le Monde, "c'est une évolution qui a un parfum de rupture. Cela prend l'eau de toute part." Cette analyse semble confirmer non seulement l'échec de la stratégie de transformation française, mais aussi l'inexorable déclin d'un modèle de relations militaires hérité de la période post-coloniale.