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24 novembre 2024
International
LE G20 FACE AU DÉFI DE LA FISCALITÉ DES MILLIARDAIRES
Que faire face à des super-riches qui échappent largement à l'impôt? Les ministres des Finances du G20 tentaient d'arrêter vendredi une position commune sur la fiscalité des milliardaires qui pourrait passer par une coopération préservant la souveraineté.
Que faire face à des super-riches qui échappent largement à l'impôt? Les ministres des Finances du G20 tentaient d'arrêter vendredi une position commune sur la fiscalité des milliardaires, qui pourrait passer par une coopération préservant la souveraineté fiscale de chacun.
Le sujet domine le rendez-vous qui s'est ouvert jeudi à Rio de Janeiro, et qui a repris vendredi avec une session sur le financement de la transition climatique, avant des échanges sur la dette et les banques multilatérales de développement.
Les discussions entre grands argentiers des principales économies mondiales serviront de base aux négociations entre chefs d'Etat et de gouvernement les 18 et 19 novembre à l'occasion d'un sommet du G20, également à Rio.
Le Brésil du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui dirige cette année l'instance, pousse pour la création d'un impôt minimum sur les plus fortunés. Une solution de compromis pourrait être d'appeler les pays à muscler leur fiscalité sur les super-riches, faute d'accord sur une taxation coordonnée à l'échelle internationale.
- Premier pas -
La "déclaration" finale qui sera publiée vendredi marquera un "premier pas" sur la coopération fiscale internationale, a dit jeudi soir le ministre brésilien des Finances Fernando Haddad.
Sans être parvenu à un consensus sur l'instauration d'un impôt coordonnée entre pays en raison notamment d'une fin de non-recevoir des Etats-Unis, le ministre a affirmé que ce texte reprendra la "proposition brésilienne de commencer à se pencher sur la taxation internationale, non seulement du point de vue des entreprises, mais aussi du point de vue des individus appelés super-riches".
Cette avancée représente, selon lui, une "conquête de nature morale" à l'heure où les inégalités se creusent et où les milliardaires n'ont jamais été aussi nombreux et fortunés.
Selon un projet de cette "déclaration" consulté par l'AFP, les membres du G20 s'engageraient, "dans le plein respect de la souveraineté fiscale", à "coopérer pour faire en sorte que les personnes très fortunées soient efficacement imposées".
Le texte souligne que "les inégalités de richesse et de revenu compromettent la croissance économique et la cohésion sociale et aggravent les vulnérabilités sociales", et prône des "politiques fiscales efficaces, équitables et progressives", mais sans évoquer un impôt unique négocié au niveau international.
Auteur d'un rapport sur le sujet à la demande du Brésil, l'économiste français Gabriel Zucman s'est réjoui d'ores et déjà que "pour la première fois dans l'histoire, les pays du G20 s'accordent à dire que la manière dont nous taxons les super-riches doit être modifiée".
- "Aller plus loin" -
"Il est temps d'aller plus loin maintenant", a réagi le prix Nobel d'économie américain Joseph Stiglitz vendredi, appelant à ce que les chefs d'Etat et de gouvernement donnent d'ici novembre un mandat pour des normes minimales coordonnées.
"La crise climatique devrait coûter des milliers de milliards de dollars chaque année et il est scandaleux de s'attendre à ce que le contribuable ordinaire paie pour cela, alors que les super-riches échappent à l'impôt", a affirmé Camila Jardim, spécialiste des politiques internationales à Greenpeace, renouvelant l'appel de l'ONG en faveur d'un impôt mondial.
Le chemin s'annonce encore long, toute coopération entre Etats en matière d'imposition étant difficile par nature car ces derniers sont jaloux de leur souveraineté fiscale.
En marge de cette discussion serrée, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen et le ministre brésilien de l'Economie Fernando Haddad ont annoncé vendredi la signature d'un partenariat dans la protection du climat. Il repose sur quatre piliers: chaînes d'approvisionnement en énergie propre, marchés carbone "transparents" et "réglementés", préservation de la nature par des financements publics et privés et fonds multilatéraux pour le climat.
Alors que le G20 est entravé par les divisions entre pays occidentaux et Russie - également membre du groupe - depuis le début de la guerre en Ukraine, la rédaction d'un communiqué commun demeure un défi.
Trois textes sont visés par les autorités brésiliennes: une "déclaration" spécifique sur la "coopération internationale en matière fiscale", un communiqué final plus large et un document publié séparément par la présidence brésilienne, qui lui seul évoquerait les crises géopolitiques.
Consulté par l'AFP, un projet de communiqué final ne fait aucune mention des guerres en Ukraine et à Gaza, mais évoque simplement les "guerres et l'escalade des conflits" comme facteurs de risques pour l'économie mondiale.
INTELLECTUELS, GARDIENS DES VALEURS
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans son livre "Intellectuels pour Quoi faire ? Remuements intellectuels. Choc des idées", Makhtar Diouf dresse un panorama captivant des intellectuels en action. Il explore les destins de ces infatigables vigies de la démocratie
Philosophes, écrivains, scientifiques, religieux, journalistes... Le spectre des intellectuels est vaste et leurs champs d'action multiples. Décodant leurs ressorts et leurs combats avec une plume vive, Makhtar Diouf brosse, dans son livre intitulé "Intellectuels pour Quoi faire ? Remuements intellectuels. Choc des idées" paru ce mois aux Nouvelles Editions Africaines du Sénégal, un portrait kaléidoscopique de ces défenseurs des valeurs, prêts à braver l'injustice et même les régimes autoritaires.
Le professeur retraité des universités consacre un chapitre (à retrouver plus bas) aux journalistes, ces intellectuels de terrain qui ont joué un rôle clé dans l'éveil des consciences et la défense des libertés au Sénégal.
De Mame Less Dia à Boubacar Diop sans oublier Sidy Lamine Niasse, Babacar Touré et Mame Less Camara, Makhtar Diouf évoque des personnalités devenus par leur métier, d'indispensables contre-pouvoirs citoyens. Une place de choix est notamment réservée à René Lake, figure respectée du journalisme en ligne avec la plateforme SenePlus.com, véritable creuset d'expression plurielle.
"Intellectuelspour Quoi faire ?
Remuements intellectuels. Choc des idées
L’intellectuel est incontournable parce qu’il existe dans toutes les sociétés humaines. L’intellectuel est indissociable du savoir.
Cet ouvrage présente un spectre large des intellectuels : philosophes, écrivains, scientifiques, religieux, autodidactes, journalistes, de continents différents. Aucun segment du tissu social ne leur est fermé. Ils essaiment partout.
Des intellectuels, pour quoi faire ? A quoi servent-ils ? Lorsque des problèmes inquiétants se posent dans un pays où la liberté d’expression existe, on entend des voix : ‘’Où sont les intellectuels ?’’ Les intellectuels sont appelés à la rescousse. Ils sont des régulateurs sociaux. Aucun régime politique flirtant avec la démocratie n’est insensible à des pétitions signées par des intellectuels respectés dans le pays et à l’étranger pour dénoncer l’injustice.
L’intellectuel tel qu’on le conçoit généralement doit s’appuyer sur les valeurs éthiques de justice, de raison, de vérité, et aussi de courage. C’est ce que j’ai appelé intellectuel idéal. Il est aussi un transmetteur de savoir.
Mais le métier ‘’intellectuel’’ n’existe pas, ne figure sur aucune pièce d’identité. L’intellectuel dispose d’une fonction informelle dans laquelle il s’investit lui-même volontairement."
Journalistes de combat
Dans le gotha des grands intellectuels de refus du Sénégal, on ne peut oublier certains journalistes qui ont eu à jouer leur partition. Sous le régime senghorien de parti unique et de médiat gouvernemental unique, Mame Less Dia, ancien instituteur et membre du Parti marxiste PAI clandestin, crée en1977son journal ‘’Le Politicien’’ : journal satirique, réplique de l’hebdomadaire français ‘’Le Canard Enchaîné’’, faisant des révélations sur ton irrévérencieux, avec l’emblème La démocratie commence avec la liberté de la presse. De même que Boubacar Diop avec son journal ‘’Promotion’’. Senghor en est réduit à traiter de ‘’Radio Cancan’’ les révélations faites dans ces médiats.
C’est dans cette foulée que dans les années 1980, après le départ de Senghor, le paysage médiatique sénégalais prend son envol pluraliste et démocratique : ‘’Walfadjri’’ (hebdomadaire puis quotidien) lancé par Sidy Lamine Niasse (avec l’emblème « la voix des sans voix ») ; ‘’Sud’’ (hebdomadaire puis quotidien) avec Babacar Touré. Cette presse indépendante et de refus permet au public de découvrir les talents de grands intellectuels journalistes comme Mame Less Camara, Alain Agboton...
Les intellectuels restent vigilants. En 2007, le président français Nicolas Sarkozy tient à Dakar un discours très hégélien sur ‘’une Afrique passée à côté de l’histoire’’. A l’initiative de l’écrivain Makily Gassama, un collectif de 22 intellectuels africains contributeurs lui apporte une réplique cinglante dans un ouvrage L’Afrique répond à Sarkozy (2008).
Hommage doit aussi être rendu à tous ces intellectuels sénégalais, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, qui se sont impliqués dans les ‘’Assises nationales’’ d’avant la présidentielle de 2012, en bravant les menaces et intimidations du président Abdoulaye Wade qui n’y voyait qu’une manœuvre politique dirigée contre lui. Sans oublier ces autres jeunes créateurs du mouvement ‘’Y’en a marre’’ qui ruaient dans les brancards le régime de Wade et qui sont toujours à pied d’œuvre.
Le régime suivant de Macky Sall est le plus antidémocratique, le plus répressif et oppressif de l’histoire politique du pays, avec une justice aux ordres, condamnant sur commande des opposants politiques et des journalistes.
A quelques mois de l’élection présidentielle de 2024, un ex ministre de l’intérieur de ce régime ayant été au cœur de tous les coups fourrés contre l’opposition, fait maintenant sécession pour se déclarer candidat, avec cette déclaration : ‘’Il faut éviter d’utiliser la justice pour neutraliser ses adversaires politiques’’. Il sait de quoi il parle.
Face à ce régime s’est dressé un front de résistance et de dénonciation animé par des intellectuels du refus qui relèvent du type ‘’intellectuel idéal’’, signant des pétitions, écrivant des articles dans presse. Des professeurs d’université retraités, des juristes praticiens du Droit, des écrivains, des journalistes des professeurs d’université en activité signataires de pétitions. Des intellectuels de renom, non sénégalais, comme Wole Soyinka, Noam Chomsky n’ont pas hésité à apposer leurs signatures sur des pétitions de dénonciations de ce régime.
On ne peut passer sous silence le journaliste sénégalais indépendant René Lake, fondateur du médiat en ligne Internet ‘’SenePlus’’, ouvert à tous les courants d’opinion. A cet égard, René Lake est un des héritiers de Alioune Diop qui avec ‘’Présence Africaine ‘’ publiait Cheikh Anta Diop et Césaire. ‘’SenePlus’’ est le site de publication des articles de dénonciation des dérives du régime dont les auteurs n’ont pas accès au quotidien ‘’Le Soleil’’ pourtant propriété nationale. Des militants du régime y publient aussi des textes sans relief, pour comme ils disent, ‘’défendre le président Macky Sall’’. Celui-ci pourrait bien dire ‘’gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe’’. Il sait que ces plumitifs dépourvus de densité intellectuelle, qui se présentent comme ses défenseurs sont plutôt en quête de visibilité en vue de promotion dans l’appareil d’Etat.
MALI, 16 MORTS ET 48 BLESSÉS DANS UNE COLLISION ENTRE DEUX BUS
Les causes probables de cet accident sont l'excès de vitesse et l'imprudence des conducteurs, selon le ministère des Transports, qui ajoute qu'une enquête a été ouverte pour élucider les circonstances exactes.
Une collision entre deux bus jeudi dans le centre du Mali a fait 16 morts et 48 blessés, dont 6 sont dans un état grave, a annoncé le ministère des Transports dans un communiqué reçu vendredi par l'AFP.
"L'accident résulte d'une collision frontale entre un car de transport voyageur de la compagnie Fakala Transport en provenance de Mopti et un autre de la société Ascofaré Transport se déplaçant dans le sens inverse", à Ouan, dans la région de San. Toutes les personnes blessées ont été prises en charge et transportées au centre de santé de référence de San par les agents de la protection civile.
Les causes probables de cet accident sont l'excès de vitesse et l'imprudence des conducteurs, selon le ministère, qui ajoute qu'une enquête a été ouverte pour élucider les circonstances exactes de l'accident.
Au Sénégal, pays voisin, un accident jeudi entre Ndouloumadji et Ourossogui, près de la frontière mauritanienne, a fait 6 morts et 14 blessés, dont sept grièvement, a indiqué le président Diomaye Faye sur sa page Facebook, qui a présenté ses "condoléances les plus attristées". Les accidents de la route sont fréquents au Mali et Sénégal. Ils sont généralement dus au mauvais état des routes et des véhicules, et à des défaillances humaines.
SONKO EN ÉQUILIBRE INSTABLE
Jadis figure de proue de l'opposition, il découvre à ses dépens les défis d'un leader au sommet de l'État. Entre gestion des luttes intestines, pression de la jeunesse et exigences éthiques, le Premier ministre affronte une épreuve de renaissance
L'exercice du pouvoir est tout sauf une sinécure pour le tandem Diomaye-Sonko, encore moins pour ce dernier qui est la cheville ouvrière de la victoire de sa coalition. Toutefois, entre le fait de voir son ''ami'' Diomaye Faye diriger le pays, la jeunesse qui s'impatiente, un délai de grâce inexistant dans l'opinion, une éventuelle élection législative risquée, le leader du Pastef et non moins Premier ministre a une ceinture de feu autour de lui.
Intouchable quand il était dans l'opposition, le puissant Premier ministre du président Diomaye Faye devra être plus stratège pour gérer sa réputation et son image qui ne sont plus invulnérables comme avant, à cause de l'exercice du pouvoir qui se fait en ''prose'' et non en '' vers ''. Et de brillant tribun qui a '' cassé '' tout sur son passage en tant que principal opposant du régime de Macky Sall avec des promesses mirobolantes et une certitude que le ''Projet'' peut changer le Sénégal, poussant ainsi à une adhésion historique des sénégalais en leur vision anti systémique du pouvoir, Ousmane Sonko et son gouvernement devront montrer qu'ils sont maintenant en capacité de changer structurellement le pays, à commencer par lui-même qui est attendu forcément au tournant.
C'est sûr qu'il y aura toujours des inconditionnels qui vont sortir pour le défendre et tirer sur ses différents pourfendeurs, mais force est de dire que la majorité des sénégalais, la majorité silencieuse est à l'écoute de ses résultats et de son génie pour un bond en avant du pays. Ainsi Ousmane Sonko devra faire un sursaut psychologique pour gérer les critiques et toutes les contradictions autour de lui.
D'abord émotionnellement. En effet, même si l'ancien maire de Zinguinchor a fait savoir à qui veut l'entendre qu'il accepte la volonté divine de voir le président Bassirou Diomaye Faye devenir président de la République alors même que ce dernier confesse que son souhait le plus ardent était que son actuel Premier ministre devienne le cinquième président de la République à sa place, cette situation incongrue ne sonne pas comme une évidence.
De ce fait, Ousmane Sonko est sommé d'être tenace au risque de voir leur relation idyllique voler en éclats. Beaucoup d'analystes sont d'ailleurs pessimistes sur la viabilité de ce tandem disproportionné, selon eux. Mais le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko sont deux personnalités politiques qui se respectent et cette osmose peut déjouer les pronostics des Cassandre. L'avenir nous dira et comme le souligne Babacar Justin Ndiaye, nous sommes devant un ensemble de faits inédits qu'il faut manier avec prudence. À côté de la gestion de ce partage du pouvoir qui n'a pas encore livré tous ses secrets, Ousmane Sonko aura fort à faire avec la jeunesse qui a fortement participé à son triomphe, allant jusqu'au sacrifice suprême pour certains, et qui s'impatiente. Comment il pourra convaincre cette frange d'attendre encore pour voir le bout du tunnel du chômage tout en gardant son hégémonie politique au sein des jeunes ? Visiblement, c'est une problématique difficile à trancher. C'est pour cela qu’il n'a pas hésité à stopper en filigrane les opérations de déguerpissement, certes nécessaires mais inaudibles dans un contexte où l'Etat se cherche encore. D'autant plus que le nouveau gouvernement n’a pas encore la majorité à l'Assemblée. Donc ce n'est pas le moment, d'après Ousmane Sonko, de frustrer les futurs électeurs.
Une offre éthique qui doit être infaillible
Par ailleurs, les Sénégalais qui ont adoubé le Projet du Pastef attendent une offre éthique qui tranche avec les pratiques politiciennes qui ont pour nom gabegie , népotisme, clientélisme et qui avaient fini de mettre les populations en colère. Et si Ousmane Sonko a eu cette fulgurance sur le plan politique, c'est grâce à une exigence éthique que l'opinion subodorait en lui. Il en est conscient. Les sénégalais seront intraitables et ne lui pardonneront aucun laxisme.
Déjà les critiques sont légion par rapport à certains de ses promesses non tenues comme l'appel à candidature ou encore les soupçons de clientélisme dans certains ministères. À ce titre, la nomination de la fille de la cheffe de la diplomatie sénégalaise continue de faire couler beaucoup d'encre. Chaque acte posé par Ousmane Sonko sera analysé à l'aune de ses promesses quand il était opposant, ce que les sénégalais appellent de manière triviale la '' VAR''.
La gestion des guerres de leadership au niveau du Pastef
Dans le même ordre d'idées, le leader du Pastef devra convaincre les militants et les alliés qui pensent être des actionnaires majoritaires du Projet et qui s'impatientent. On a entendu un religieux militant du Pastef tirer à boulets rouges sur certains ministres du gouvernement qui ne répondent plus au téléphone.
Et il n'est pas le seul. Au sein des cadres du Pastef aussi, tous ne sont pas en odeur de sainteté. Dans le département de Keur Massar par exemple, les leaders ne parlent pas le même langage. Le directeur du Port Waly Bodian, le directeur général de la Pharmacie nationale Seydou Diallo et le maire de Keur Massar Sud, tous des membres reconnus, pour certains très proches d'Ousmane Sonko, se disputent le leadership local et sont tout sauf des amis. Et cette situation sévit dans d'autres bastions du Pastef et sera de plus en plus visible avec les éventuelles élections législatives.
Une position sous régionale ambiguë
Dans la foulée aussi, il faut dire que le Premier ministre Ousmane Sonko qui était attendu par plusieurs activistes africains pour soutenir l'AES au détriment de la CEDEAO a une position moins téméraire. La position de son gouvernement est claire. Dans cette crise qui secoue l'Afrique de l'Ouest, le président Bassirou Diomaye Faye a décidé d'avoir une position prudente d'arbitre plutôt que de prendre parti. Néanmoins, force est de dire que cette posture ne ravit pas les panafricanistes qui pensaient que le tandem Diomaye-Sonko allait soutenir l'AES qui lutte contre l'impérialisme occidental. Et Ousmane Sonko commence à perdre de sa superbe au niveau des activistes africains. Même si les interventions de Guy Marius Sagna, ces derniers jours, ont rallumé cette fibre panafricaine.
Mais dans tous les cas, Ousmane Sonko est un leader très attendu au niveau national comme au niveau international. Il devra prendre la pleine mesure de tous ces enjeux. Une position pour le moins inconfortable.
TROIS CANDIDATS POUR UN FAUTEIL PRESIDENTIEL EN ALGÉRIE
Trois candidatures, dont celle du chef de l’Etat sortant, Abdelmadji Tebboune, ont été retenues pour l’élection présidentielle du 7 septembre en Algérie, a déclaré vendredi l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Trois candidatures, dont celle du chef de l’Etat sortant, Abdelmadji Tebboune, ont été retenues pour l’élection présidentielle du 7 septembre en Algérie, a déclaré vendredi l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Il s’agit d’Abdelmadjid Tebboune, d’Abdelaali Hassani Cherif du Mouvement de la société pour la paix, et de Youcef Aouchiche du Front des forces socialiste, a notamment indiqué l’agence officielle d’information du pays, Algérie presse service (APS).
M. Hassani, ingénieur des travaux publics de 57 ans et le parlementaire et ancien journaliste Youcef Ouachiche (41 ans) vont ainsi tenter d’empêcher le président Abdelmadji Tebboune, au pouvoir depuis 2019, de rempiler pour un nouveau mandat de cinq ans.
La campagne électorale va débuter le 15 août pour se poursuivre jusqu’au 4 septembre, trois jours avant le scrutin.
Au total, 24 millions d’Algériens, sur une population totale estimée à 45 millions, vont se rendre aux urnes le 7 septembre prochain.
GLISSEMENTS DE TERRAIN EN ETHIOPIE : LE BILAN S’ALOURDIT A 257 MORTS
Le bilan des victimes des glissements de terrain survenu lundi au sud de l’Éthiopie s’est alourdi à 257 morts, a annoncé jeudi le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires.
Le bilan des victimes des glissements de terrain survenu lundi au sud de l’Éthiopie s’est alourdi à 257 morts, a annoncé jeudi le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires.
“Les fortes pluies dans la zone de Gofa, dans la région sud de l’Éthiopie, ont provoqué des glissements de terrain dévastateurs, tuant au moins 257 personnes et affectant plus de 15 000 personnes’’, a indiqué HOCHA en citant les informations délivrées par les autorités locales.
Cette catastrophe naturelle s’est produite, lundi, après de fortes pluies, dans une zone rurale à plus de 450 kilomètres d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
Le bilan “devrait augmenter jusqu’à hauteur des 500 morts’’, prévient l’agence onusienne dans son dernier rapport publié sur le réseau social X.
Les autorités locales faisaient état, mardi soir, de 229 personnes décédées dans les trois glissements de terrain en raison de fortes pluies enregistrées dimanche et lundi dans dans le Woreda Gezei Gofa de la zone de Gofa.
L’ONU poursuit les opérations de recherche et de sauvetage aux côtés des autorités locales, de la Croix-Rouge éthiopienne et des membres de la communauté.
L'OFFENSE AU PRÉSIDENT DE NOUVEAU SOUS LES FEUX
L'interpellation d’Amath Suzanne Camara relance le débat sur cette disposition controversée. Héritage de l'ère coloniale, ce délit est régulièrement brandi pour réprimer la dissidence selon les ONG. Cette loi divise jusque dans les rangs du Pastef
(SenePlus) - L'arrestation d'Amath Suzanne Camara, un cadre de l'ex-parti au pouvoir l'Alliance pour la République (APR), a relancé les débats sur le délit d'offense au chef de l'Etat. Comme le rapporte RFI, M. Camara a été placé en garde à vue le 24 juillet après avoir tenu des propos critiques envers le président Bassirou Diomaye Faye sur la chaîne Seneweb.
Lors de cette interview en wolof le 23 juillet, il avait affirmé que "le président Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont menti pour accéder au pouvoir et qu'ils continuent de mentir". Dès le lendemain, le procureur s'est saisi de l'affaire, conduisant à l'interpellation de M. Camara qui risque désormais entre 3 mois et 5 ans de prison ferme pour ce délit.
Cette nouvelle arrestation est la troisième du genre depuis l'arrivée au pouvoir du président Faye le 2 avril dernier. Elle soulève à nouveau les critiques contre cette loi controversée, régulièrement accusée de "servir à mettre des opposants en prison" comme l'écrit RFI.
Même au sein du parti présidentiel les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), certaines voix jugent cette garde à vue "excessive". L'ONG Amnesty International rappelle qu'une des recommandations des récentes Assises nationales de la justice était justement "de supprimer les peines privatives de liberté pour offense à chef d'Etat".
"Cette loi a été régulièrement critiquée pour restreindre la liberté d'expression au Sénégal", dénonce un responsable d'Amnesty cité par RFI. "Une nouvelle fois, on constate qu'elle sert à réprimer les voix dissidentes plutôt qu'à protéger la fonction présidentielle."
Avec cette troisième arrestation en quelques mois, la pression monte sur le président Faye pour abroger ou réformer en profondeur ce délit d'un autre âge, hérité de la période coloniale et souvent brandi comme un outil de musellement des opposants.
DIOMAYE FACE À UN CASSE-TÊTE
Le rêve d'un toit décent reste hors de portée de beaucoup de Sénégalais. De nombreux programmes se sont notamment soldés par des échecs et des détournements au profit de quelques privilégiés. Le nouveau régime devra tenir ses promesses
SICAP.SA, SN-HLM, les coopératives d’habitat, Sociétés civiles immobilières (SCI) et programmes «Une Famille – Un Toi», «Zéro bidonville», «100.000 logements» et pôles urbains, en plus des lois et règlements (décrets)etc., les différents régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal indépendant n’ont pas manqué d’imagination et de projets pour promouvoir l’accès à l’habitat. Seulement, au fur du temps, toutes ces politiques ont fini par montrer leurs limites à atteindre les objectifs édictés, face à la croissance démographique, la boulimie et l’accaparement fonciers et aux promoteurs immobiliers dont l’écrasante majorité n’est mue que par le profit. Du coup, l’inaccessibilité du coût d’un logement décent, «excluant» les populations en majorité vulnérables, à revenus faibles ou irréguliers de la propriété à laquelle elles ont pourtant droit, un nombre restreint de privilégiés y trouvent leur compte. C’est pour corriger cette maldonne, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a donné de nouvelles directives à son gouvernement, en Conseil des ministres qu’il a présidé le jeudi 18 juillet 2024 au Palais présidentiel.
En réunion hebdomadaire du Conseil des ministres qu’il a présidé au Palais de la République, le jeudi 18 juillet 2024, le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a donné des instructions au gouvernement pour faciliter l’accès au logement et à la propriété foncière et immobilière au Sénégalais, intégrant des mesures fiscales, foncières et financières incitatives et durables, conformément la nouvelle politique de promotion de l’accès au logement. Non sans rappeler que la gestion de la problématique des loyers et la construction de logements sociaux demeurent des «urgences sociales».
Déjà, moins d’une semaine plutôt, le président de la République, face à la presse le samedi 13 juillet 2024, après plus de trois (3) mois de gouvernance, est revenu sur la gestion et les problèmes fonciers, notamment la situation sur le littoral (Domaine public maritime), les sites de la nouvelle ville de Thiès (Thiès Ville Neuve) et de Mbour 4 dont il venait de recevoir le rapport dans la matinée. «Nous allons reprendre le lotissement et réaffecter équitablement les parcelles aux populations. Ce n’est pas parce que vous êtes proche de l’autorité qu’on doit vous demander votre carte nationale d’identité pour vous octroyer un hectare (ou plus)… Dans la tête, dans le cœur de chaque travailleur, il n’y a qu’une préoccupation : avoir une maison. La maison, c’est la sécurité», a déclaré le président Faye qui a précisé qu’un hectare égale 34 à 35 parcelles voire plus.
En attendant, le casse-tête de l’accès à la propriété bâtie, notamment au logement et à la propriété foncière et immobilière, demeure toujours une angoisse pour les populations au Sénégal. Pourtant plusieurs politiques d’accès à l’habitat ont été mises en place, depuis l’indépendance. Et l’une des dernières en date et toujours en cours, est celle des 100.000 logements. Initié sous le régime de l’ancien président Macky Sall, pour éradiquer les bidonvilles à l’horizon 2035, le programme de construction de 100.000 logements sociaux, prévu au départ sur 5 ans, est une composante du Programme «Zéro Bidonville».
Ce projet intersectoriel et pluri-institutionnel a pour but «l’amélioration du cadre et des conditions de vie de plus de 4.000.000 de personnes ; soit plus de 500.000 ménages habitant dans les bidonvilles avant 2035». Il est motivé par le déficit en logements évalué à 150.000 à Dakar et 350.000 dans tout le pays, avec le constat d’une dynamique démographique et urbaine et de développement de bidonvilles, combinée à l’offre de logements inadaptée aux besoins des ménages à revenus faibles ou irréguliers et les financements peu adaptés (crédit hypothécaire). Il a pour finalité d’accélérer et diversifier l’offre de logements décents et accessibles pour les ménages à revenus faibles et/ou irréguliers. Histoire de rendre accessible les logements à toutes les catégories sociales. Il concerne l’ensemble du territoire, avec 60% des logements à construire sur le triangle Dakar-Mbour-Thiès et les 40% restants sur le reste du pays, explique un document du ministère chargé de l’Urbanisme et du Logement.
A quand la réception officielle des premieres villas et la remise des clefs aux bénéficiaires ?
Pour sa mise en œuvre, une première phase dénommée phase pilote a résulté sur la mise en place du cadre institutionnel et juridique du projet, avec principalement la création de la Société d’Aménagement Foncier et de Rénovation Urbaine (SAFRU.SA). La mission de la SAFRU.SA, c’est «une réforme hautement attendue avec pour objectif d’agir sur le coût du logement mais aussi de prévenir les problèmes d’assainissement que le pays a connu régulièrement et le Fonds pour l’Habitat Social (FHS) pour faciliter l’accès aux financements surtout pour les revenus non documentés».
La SAFRU a démarré des travaux d’aménagement notamment au niveau du Pôle urbain de Daga-Kholpa et sur les sites des promoteurs engagés dans le projet et des travaux de construction de logements par les promoteurs publics et privés que sont la SN HLM, la SICAP SA, la S21, EFT, Les Résidentielles du Sénégal, etc. à Bambilor, Kébémer, Kaolack, Fatick, Diourbel, Notto Diobass Potou, Daga-Kholpa et Diamniadio, Niacoulrab et Ndiakhirate (Dakar). Sur les sites concernés par le programme, les logements sociaux ou économiques, de moyen standing, sont de types F3, F4, F5 et F6, avec titre foncier de 100 m2, 150, 200, 250, 300 et 500 m2 ; c’est selon. Cependant, le coût de ces habitats dits «sociaux», qui peuvent être acquis au comptant ou par crédit bancaire, est toujours jugé exorbitants par beaucoup de Sénégalais, notamment les fonctionnaires/salariés mais également la classe moyenne des travailleurs sénégalais et à la diaspora, sans oublier «goorgoorlu», qui peinent encore à joindre les deux bouts, en ce contexte de vie chère.
En atteste, pour se procurer un logement de moyen standing de type F3, il faut débourser à partir de 14.500.000 FCFA et celui de type F4, une somme de 17.500.000 FCFA ; des villas économiques F3 sont accessibles à partir de 15.000.000 FCFA, et des villas économiques améliorées F4 à partir de 18.000.000 FCFA à Diamniadio et alentour, compte non tenu des frais notariaux et de constitution de dossiers. Ainsi, des années après le lancement de ce programme, en grande pompe, les Sénégalais entendent toujours la mise à disposition des premières maisons. Les assurances des autorités du régime précédent, réitérées chaque fois que de besoin et à l’issue des interminables visites de chantiers à Bamblor, Diamniadio, Kaolack etc. n’y feront rien. Alors que, à la suite du démarrage officiel, le vendredi 20 décembre 2019, de la campagne d’inscription au projet des 100.000 logements sociaux, le ministère de l’Urbanisme a lancé le Guichet Unique de l’Acquéreur, aussi appelé Procédure Simplifiée et Intégrée d’Acquisition de Logement Social, le jeudi 9 juin 2022, au siège du Fonds pour l’Habitat Social (FHS). Et, parallèlement à ces 100.000 logement, le régime sortant a déroulé, à Dakar, celui de la «Cité de l’Emergence» ; un projet immobilier d’envergure s’étalant sur une superficie dépassant les 2 hectares, avec 700 unités en R+11.
Sicap.sa, SN-HLM, coopératives d’habitat, des succès dans le temps, malheureusement non capitalisés
Depuis 1960, avait souligné le gouvernement, justifiant le contexte du lancement du programme 100.000 logements, «les populations les plus vulnérables, ayant des revenus faibles ou irréguliers, sont victimes de la spéculation foncière qui les exclut du droit à la propriété. L’offre de logements décents et accessibles en termes de prix n’est réservée qu’à un nombre restreint de privilégiés, alors qu’obtenir un logement décent et vivre avec sa famille dans un cadre sain constitue une question de dignité humaine pouvant même être élevée au rang de droit humain».
D’ailleurs, avant même les indépendances, la Société Immobilière du Cap-Vert (SICAP, créée en 1950, et devenue une Société Anonyme à Participation Publique Majoritaire, SICAP SA), contribue déjà à la «réussite» des politiques étatiques d’accès aux logements et à moindre coût. Maintenue par le premier président, Léopold Sédar Senghor, la SICAP va poursuivre ses efforts et sera secondée par la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN HLM), créée des décennies plus tard, par la loi n°1987/46 du 23 décembre 1987, votée sous le règne de son successeur, l’ancien président Abdou Diouf.
Ces deux structures (qui s’activent dans l’immobilier jusqu’à nos jours d’ailleurs), grâce à la promotion de la location-vente, à côté de l’achat au comptant, avaient permis à beaucoup de Sénégalais, notamment des salariés, de devenir propriétaires de maisons à Dakar et dans plusieurs grandes villes de toutes les régions du pays, dans des quartiers et cités portant aujourd’hui leurs noms (SICAP, HLM, Parcelles Assainies…). En outre, les coopératives d’habitat montées par des travailleurs de plusieurs sociétés et entreprises des secteurs publics et privés, avec l’appui de l’Etat mettant à disposition le foncier presque gratuitement, a permis à beaucoup d’autres salariés de disposer d’un toit.
Ainsi, tout comme SICAP SA et SN HLM, l’avènement de ces coopératives qui viabilisent et morcellent en parcelles d’habitation le foncier acquis auprès du ministère de l’Urbanise et du Logement, pour les distribuer à leurs membres, a aussi été salutaire. Certes ! Mais, le problème semble rester entier, vu la poussée démographique et la problématique de l’accès au foncier, avec l’arrivée de nouveaux acteurs dans le secteur notamment des promoteurs privées et Sociétés civiles immobilières (CSI).
Conçus pour des sinistrés des inondations, «jaxaay» et «tawfekh» logent une clientèle politique et autres nantis
Quid des programmes nés des inondations à Dakar ? Après les inondations du mois d’août 2005, ayant affecté et rendu inhabitables certaines zones de la banlieue défavorisée de Dakar, envoyant plus de 20.000 personnes soudainement dans la rue, le gouvernement de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, avait lancé un Plan d’urgence de construction de 4000 logements sociaux modernes et accessibles, d’un montant de 52 milliards de FCFA (104 millions de dollars américains, à l’époque). Les logements de ce «plan spécial» qu’il a proposé d’appeler «le Plan Jaxaay» étaient cédés à partir de 4 millions de FCFA aux bénéficiaires. Toutefois, si nombre de familles démunies victimes des inondations ont pu être relogées grâce à ce projet décliné en deux phases (Jaxaay 1 et Jaxaay 2), beaucoup d’autres ont été laissées en rade, l’objectif du projet étant détourné et ayant servi à loger une clientèle politique et même des nantis.
Son successeur au pouvoir, Macky Sall, ayant été également confronté au problème des inondations, mettra en place un programme similaire dénommé la cité «Tawfekh», dans la commune de Tivaouane-Peulh – Niague. Tawfekh connaîtra le même sort, ou presque, puisque des pontes du régime sortant ont été bien servi, au détriment des populations expulsées définitivement de leurs maisons par les eaux de pluies. Tout comme des logements et terrains de la cité APIX, située dans la même commune, initialement réservés aux impactés directs des projets d’infrastructures de l’Etat, comme l’autoroute à péage.
«Une famille – un toit», toujours un rêve
La promotion des logements sociaux, c’est aussi le projet «Une Famille – Un Toit» de l’ancien président Abdoulaye Wade, lancé vers la fin de son premier mandat. Le président Macky Sall ressuscitera ce programme, constituant un des principaux leviers du volet habitat du Plan Sénégal émergent (PSE) ; un projet d’accès à l’habitat dont il a décliné, en mai 2015, les contours : «faciliter l’accès à un logement décent aux Sénégalais à faibles moyens et revenus. Un programme de 2850 logements est prévu, pour un investissement global de 37 milliards». Une première livraison de 222 logements avait fait l’objet de réception officielle, avec une remise de clefs en présence de sa majesté le Roi Mohamed VI du Maroc, aux 8 premiers acquéreurs. Depuis lors, aucune information sur la suite du projet.
Auparavant, dans le cadre de la diversification de l’offre de logements, des SCI et des promoteurs immobiliers privés ont investi le secteur. Bénéficiant d’assiettes foncières mises à disposition par l’Etat, souvent à des conditions favorables, ces privés ont bien joué leur partition dans la politique d’accès à l’habitat et au logement des Sénégalais. Seulement, force est de reconnaître, pour le regretter, qu’elles sont également largement à l’origine de la spéculation et du renchérissement actuel du prix des logements. En plus des coûts des matériaux de constructions et autres intrants décriés souvent.
FRONT UNI DERRIÈRE GUY MARIUS SAGNA
Le Sénégalais menacé de destitution au parlement de la CEDEAO, reçoit le soutien de plus de 20 organisations de la société civile togolaise. Elles dénoncent une manœuvre visant à faire taire un élu critique envers les dérives autoritaires de l'institution
(SenePlus) - Plus de 20 organisations de la société civile togolaise ont apporté leur soutien au député sénégalais Guy Marius Sagna, menacé d'une motion de destitution au Parlement de la CEDEAO. Dans un communiqué publié le 24 juillet 2024, le front "Touche Pas A Ma Constitution" condamne fermement cette initiative lancée par un député togolais.
Pour ce collectif regroupant diverses associations de défense des droits humains et mouvements citoyens, le député Guy Marius Sagna incarne "le prolongement des positions du Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye" en faveur d'une CEDEAO respectueuse de l'ordre constitutionnel dans les pays membres. Lors du dernier sommet, le chef de l'Etat sénégalais avait appelé à éviter les "manoeuvres constitutionnelles à but électoraliste", sources de contestation et de déstabilisation selon lui.
En pointant publiquement les "défaillances" et le "comportement de syndicat des chefs d'Etat" au sein de l'organisation ouest-africaine, le député sénégalais dérange certains de ses collègues, souligne le communiqué. D'où cette motion de destitution lancée contre lui par un élu togolais, non respectueuse selon le front citoyen "des règles démocratiques" en vigueur au Parlement communautaire.
Le mouvement Freedom Togo-Mouvement de Libération Nationale (MLN) a également réagi dans un second communiqué publié le 22 juillet. Il salue "l'action de certains parlementaires qui tentent d'élever le niveau du débat" à la CEDEAO, trop souvent "inexistant" par le passé. Toutefois, l'organisation déplore que cette dynamique soit "contrecarrée" par d'autres élus, "intimes des chefs d'Etat" et en "conflit d'intérêts manifeste".
Elle pointe notamment du doigt l'attitude de la présidente et de la 2ème vice-présidente du Parlement, coupables selon elle d'avoir transformé les débats en "pétaudière" en muselant la liberté d'expression ou en cherchant même "à en découdre physiquement" avec un député critique. Freedom Togo-MLN appelle dès lors les dirigeants de la CEDEAO à plus d'éthique dans le choix de leurs représentants au sein des institutions communautaires.
Ces réactions illustrent le soutien manifeste d'une partie de l'opinion ouest-africaine en faveur du combat mené au Parlement par le député sénégalais Guy Marius Sagna en faveur d'une CEDEAO plus respectueuse des principes démocratiques et des intérêts des peuples.
par Bamba Niakhal Sylla
LE CHEMIN DE LA TRANSFORMATION, LE PASTEF À L’ÉPREUVE DE LA GOUVERNANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Si les premiers pas des nouvelles autorités s'inscrivent dans une logique de prudence compréhensible, la mise en perspective d'une vision claire de leur politique demeure une attente légitime des citoyens
Au moment où les observateurs politiques se livrent à une analyse rétrospective des 100 premiers jours du nouveau régime, sur fond de scepticisme grandissant ou de trompette glorifiant, il parait opportun de verser aux échanges un regard constructif mais sans complaisance, fondé sur des considérations factuelles, qui semblent imprimer quelques orientations de la politique gouvernementale.
Par ailleurs, si l’espace démocratique autorise l’examen critique des politiques publiques, l’honnêteté intellectuelle exige en retour de considérer les limites de cet exercice dans le contexte d’une gouvernance qui n’a duré que trois mois.
Toutefois, il est loisible d’affirmer, sur la base de l’examen des déclarations politiques et des productions intellectuelles disponibles, que la rhétorique qui servait de leitmotiv à la vulgarisation du Projet était sans conteste d’inspiration révolutionnaire, au sens de la remise en cause radicale des pratiques de gestion et de gouvernance antérieures. En effet, en prétendant renforcer l’intégration africaine dans la lignée des pères fondateurs du panafricanisme et sortir le pays de l’opacité de la Françafrique et ses instruments d’asservissement et de prédation (présence militaire, domination monétaire, contrats léonins, accaparement des ressources nationales, etc.), le Pastef annonçait haut et fort les contours de la future politique gouvernementale. Cette intention de remise en cause des rapports internationaux s’accompagnait, sur le flanc intérieur, de la volonté d’instaurer une gouvernance vertueuse, de combattre avec opiniâtreté la corruption endémique et de promouvoir une presse et une justice libre et indépendante. Le discours était résolument disruptif et trouvait ses sources d’inspiration et son incarnation dans le refus de la servitude de Sankara, la restauration de la conscience historique africaine de Cheikh Anta Diop, et l’exaltation de la grandeur des civilisations négro-africaines, s’inscrivant ainsi dans le sillage des luttes pour une « renaissance » continentale. Derrière le discours, se tenait la promesse d’un avenir radieux, où les richesses nationales seraient abondamment et équitablement redistribuées, à l’image de la prospérité des monarchies arabiques.
La puissance du discours, porté par la figure charismatique d’Ousmane Sonko, a fini par convaincre la masse des déshérités et une diaspora nostalgique d’un retour au bercail, convaincue des capacités propres de l’Afrique d’être à l’avant-garde de l’évolution du monde, comme le prédisent les prospectivistes. La trajectoire héroïque de Sonko, émaillée de péripéties invraisemblables, et auréolée d’un zeste de mysticisme religieux, lui conférait une dimension singulière dans le landernau politique. Son discours eut l’effet d’un tsunami, emportant sur son passage toutes les digues de l’ancien régime, au point d’ébranler le « système » dans ses racines les plus profondes. Les mots sont dits : le changement annoncé sera « systémique », « global » et « holistique ». Tous les acteurs sincères et épris de liberté, mus par le désir de progrès, sénégalais et non-sénégalais, ont massivement adhéré au projet patriotique et panafricain promu par le Pastef, qui surgit dans un contexte continental marqué par l’émergence d’une nouvelle conscience africaine émancipée du complexe colonial. Au Sénégal, l’adhésion populaire était mêlée d’une ferveur messianique, au point où le chanteur-troubadour s’interrogeait même sur la sainteté du leader du Pastef. Le peuple vivait un moment épique de son histoire politique, porté par l’allégresse et le sentiment d’être acteur et témoin d’un moment de basculement rare dans la trajectoire des nations.
L’accession triomphale du Pastef au pouvoir, plébiscité dès le premier tour de l’élection présidentielle en mars 2024, allait ouvrir une nouvelle ère de gouvernance prometteuse, mais aussi difficultueuse en raison de l’ampleur des défis à relever et des promesses à tenir.
Les premiers pas marqués par la prudence et la détermination
Dans une large mesure, le redressement du pays envisagé par les nouvelles autorités s’assimile à un double effort d’assainissement de l’espace public national et de redéfinition des rapports internationaux déséquilibrés au détriment des intérêts nationaux.
En plus de la nécessite de disposer d’une vision claire, cette intention induit comme préalable la maitrise des rouages de l’Etat, un ancrage solide dans les institutions et une profonde imprégnation des dossiers par les nouveaux élus. Elle requiert un minimum de temps incompressible auquel ne peuvent se soustraire les nouvelles autorités, au risque d’un dévoiement susceptible de porter préjudice aux réformes envisagées.
Entre-temps, la mise en œuvre de certaines promesses de campagne s’est bien engagée dans le vaste spectre de la politique gouvernementale, qu’il s’agisse de la réduction du prix de denrées alimentaires de première nécessité pour soulager la souffrance des ménages, de la distribution plus équitable des intrants agricoles pour soutenir le monde paysan, de la recherche de l’impartialité dans les nominations aux postes de responsabilité pour une gouvernance transparence ou de l’instauration d’un climat politique plus serein et apaisé pour enfin dissiper l’atmosphère délétère imposée par la dérive autoritaire du pouvoir précédent.
Aussi, les audits initiés dans de nombreux organes de l’Etat devraient mettre en lumière les zones d’ombre de la gouvernance précédente et permettre à la justice de sévir dans les cas d’infractions avérées, en particulier pour les détenteurs de l’autorité publique, conformément aux priorités des nouvelles autorités.
Les conclusions des Assises de la justice devraient, quant à elles, favoriser une réorganisation plus efficace de la magistrature, en garantissant son indépendance dans le cadre des nouvelles orientations retenues.
Cependant, l’existence de nombreux rapports produits sous l’autorité de l’ancien régime par l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) et la Cour des Comptes, pointant du doigt une tripotée d’acteurs corrompus, pose la question de leur transmission à la justice pour traitement. Ces rapports émanant de l’ancien pouvoir ne peuvent être soupçonnés de complaisance ou d’être diligentés à des fins politiciennes pour réprimer, comme cela se faisait auparavant, des opposants gênants et récalcitrants.
Au plan international, les propos et décisions en direction de la France et des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) cristallisent l’attention, en raison du primat accordé à la souveraineté dans le programme du Pastef.
La rencontre des présidents Diomaye Faye et Macron à Paris, sans reproduire les clichés coutumiers d’allégeance dégradants de nombreux dirigeants africains, n’a pas non plus été l’occasion d’une clarification franche de la rupture prônée par le Pastef. Le communiqué final commun des deux chefs d’Etat est resté assez convenu, dans la pure tradition de la novlangue diplomatique.
En revanche, en plaçant les pays de l’AES (Mali et Burkina) au bas de la liste de ses premières visites internationales du président, en particulier après celle de Ouattara perçu comme un des piliers de la Françafrique, la présidence sénégalaise semble indiquer par ce choix diplomatique sa distance à l’égard de l’AES. Cela a été plus tard confirmé à Bamako, quand le président Diomaye Faye déclarait que l’adhésion du Sénégal n’était pas à l’ordre du jour. Cette distanciation est-elle destinée à rassurer la France en prévision des prochaines négociations promises sur les contrats déséquilibrés ? ou l’expression d’une politique ancrée dans la continuité ?
Toujours est-il que cette décision reste incomprise par de nombreux Africains qui voyaient dans l’accession au pouvoir du Pastef, l’opportunité de renforcer le « camp du refus » porté par l’AES ; une organisation qui s’attèle à mettre en œuvre une politique courageuse de souveraineté et d’intégration authentique, avec des résultats probants qui confortent la perspective d’une Afrique libre, résolument engagée dans la voie du progrès. A l’opposé, la CEDEAO continue de s’enliser dans l’immobilisme, incapable de porter le destin de la communauté en toute indépendance. La déception de nombreux patriotes de l’AES est à la hauteur de l’absence de solidarité attendue des nouvelles autorités sénégalaises, qui avaient pourtant envisagé, quand elles étaient dans l’opposition, la possibilité d’envoyer des troupes sénégalaises pour défendre les pays de l’alliance menacés d’agression par CEDEAO, en toute vraisemblance sur les injonctions françaises. Aussi, les références fréquentes au sankarisme par le chef du Pastef, toujours arborant le portrait du guide burkinabè en arrière-plan de ses conférences de presse, laissait supposer une proximité idéologique et de larges convergences d’idées sur le destin commun de l’Afrique.
De tout temps et en tout lieu, les modalités de lutte pour la souveraineté se sont accommodées aux contextes nationaux et aux circonstances du moment. A ce titre, on ne peut reprocher au triumvirat de l’AES, acculés de facto, la radicalité de leur posture, qui découle en vérité de l’intransigeance, des menaces et de la farouche adversité manifestées par les forces d’occupation incarnées par la France ; les mêmes menaces qui n’épargneront pas le Sénégal lorsque les autorités du pays décideront réellement d’appliquer leur programme de souveraineté. Sans être une parole sacrée, l’adage ivoirien, entonné dans une chanson célèbre, nous alerte en ces termes empreints d’humour : « Ce qui a tué Maclacla tuera Macloclo ».
Dans la lutte pour l’indépendance réelle de l’Afrique, le destin de l’AES se projette de manière inexorable comme élément central de la géostratégie du continent : la réussite de l’alliance sera un puissant catalyseur pour l’émancipation, alors que sa défaite apportera de la fragilité dans la marche vers la liberté des peuples africains. Derrière cet enjeu continental, il y a la suggestion d’une solidarité à développer, d’une bienveillance à manifester à l’égard de l’AES de la part des pays désireux de conquérir leur indépendance véritable. Ce point de vue est conforté par l’analyse a posteriori des oppositions qui ont prévalu entre les blocs de Monrovia et Casablanca lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, et les conclusions qui en ressortent sur la pertinence des choix stratégiques opérés à l’époque. La sagesse africaine enseigne “ Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble”. Ce cheminement collectif se fera-t-il avec La CEDEAO qui ne semble pas être en ordre de marche, entravées par ses liens de subordination ou avec l’AES, qui poursuit vaille que vaille son projet de souveraineté ?
L’exigence de visibilité et de perspective de la politique gouvernementale
Même si la période de trois mois d’exercice du pouvoir ne suffit pas à mettre en place une politique gouvernementale, encore moins d’évoquer un bilan, elle demeure néanmoins suffisante pour imprimer une orientation et dégager quelques perspectives. La prudence observée par les nouvelles autorités peut donner l’impression d’une gouvernance hésitante, probablement encalminée par l’ampleur des défis à relever. Est-ce le calme qui précède l’orage fécondant du changement ? l’accalmie imposée par le temps de l’imprégnation des dossiers et de la connaissance des méandres de l’Etat, comme déjà évoqué ? La volonté des autorités de se conformer au Projet sera d’autant plus partagée que la vision qui le sous-tend se déclinera dans ses modalités de mise en œuvre concrète sur les deux axes de la politique nationale et internationale.
La transformation sociale, politique et économique radicale défendue par le Pastef exige pour sa mise en œuvre la conjonction d’au moins quatre conditions incontournables : (1) la détermination à toute épreuve, (2) la connaissance des réalités sociales et politiques, (3) la compétence à travers l’expertise et le leadership et enfin (4) le courage, dans un contexte politique national et international périlleux.
Si la détermination du pouvoir actuel ne souffre véritablement d’aucune contestation, il importe toutefois qu’elle soit constamment nourrie, entretenue et préservée des forces corruptrices du « système ». Or la perception répandue du système à travers les individus et les lobbies qui le composent est potentiellement trompeuse. Ceux-ci ne sont que la face émergée de l’iceberg. Par sa nature composite, le système est structurant et se décline tous azimuts. Il se manifeste dans la rigidité des protocoles, dans l’obséquiosité des conseillers présidentiels, dans la flagornerie des courtisans facétieux, du jour comme du soir. Il est tapi dans le décorum et les lambris dorés des palais de la république. Il est dans les pas cadencés de la garde républicaine, qui vous sublime au point de vous déifier. Il est dans les salons feutrés des palaces visités, les sièges douillets des Maybachs présidentiels, les vrombissements stridents des longs cortèges républicains. Il est dans l’hyper présidentialisme de notre constitution monarchisant, héritée de l’ancien colonisateur ; il est encore plus insidieux lorsqu’il se propage dans le corps social telle une métastase, en altérant les repères éducatifs et les bases culturelles, notamment en promouvant la réussite facile au détriment de l’effort et de la persévérance ou en concevant favorablement la richesse illicite issue de la prévarication ; Toutes choses qui ont la puissance de transformer l’individu, parfois à son corps défendant, en un abject monarque en république bananière. « On ne pense ni aux mêmes choses ni de la même façon selon que l'on vit dans une chaumière ou dans un palais », aimait à répéter Sankara, empruntant à Karl Max cet aphorisme mainte fois vérifié. En être conscient est le premier rempart à dresser pour s’en prémunir, en s’entourant sans doute de rituels protecteurs, en s’aménageant des moments de recueillement et de méditation, des retraites spirituelles régulières, mais aussi à travers la promotion et l’animation d’un espace démocratique propice à la critique, aux échanges et à l’expression libre des idées.
En vérité, le « système » dont il est question est encore plus complexe, car il n’est que l’incarnation locale d’un « Système » plus englobant, conçu et élaboré au niveau international, auquel il est assujetti. Par conséquent, combattre le Système, c’est d’abord l’appréhender dans sa totalité : sa dimension locale et ses ramifications internationales.
Pour être efficace, la détermination doit s’inscrire dans une démarche de mobilisation sociale et citoyenne organisée à l’échelle du pays, à l’instar des expériences mondiales de politique de transformation sociale d’envergure. La révolution culturelle et agraire chinoise s’est organisée autour de mouvements de jeunesses, les gardes rouges, qui avaient pour mission de lutter contre les forces réactionnaires et d’accélérer l’aggiornamento culturelle en luttant contre les « quatre vieilleries » : vielles coutumes, vieilles idées, vieilles cultures et vieilles habitudes, considérées comme autant d’obstacles à l’avènement du socialisme populaire. La révolution bourgeoise française a engendré, quant à elle, des clubs politiques, des structures d’incubation d’idées réformistes inspirées des clubs Jacobins, où se distinguera plus tard la figure emblématique de Robespierre. La révolution bolchevik de 1917 s’est accompagnée d’une campagne d’instruction des adultes portée par des organisations de masses affiliées au parti communiste. A Cuba, la révolution avait pour fer de lance les Comités de Défense de la Révolution (CDR) qui œuvraient à la promotion des acquis de la révolution dans l’agriculture, l’éducation, la santé, etc. et qui ont à leur actif la percée fulgurante de la méthode d’alphabétisation « Yo, Si Puedo » universellement reconnue pour son efficacité et ses résultats. Cette forme d’organisation inspira plus tard Thomas Sankara lors de son accession au pouvoir.
Ces expériences diverses de mobilisation populaire, nonobstant leur efficacité et parfois leurs carences, illustrent l’importance de l’inclusion et de la participation des masses laborieuses et de la jeunesse prédominante dans les processus de développement ambitieux, de changements radicaux à l’échelle des nations. Dans le contexte spécifique du Sénégal, outre la redéfinition nécessaire des missions des démembrements de l’administration centrale en vecteurs du changement, l’urgence revient au déploiement de la coalition des partis porteurs du Projet sur l’ensemble du territoire national. Dans cette perspective, il serait sans doute indiqué de réfléchir sur des formes d’organisation populaires innovantes, adaptées aux réalités sociales, culturelles et anthropologiques du pays.
La connaissance des réalités sociales et politiques est la condition préalable de l’efficacité de l’action politique. Le mimétisme des élites africaines est la tare congénitale qui a pendant longtemps brimé l’esprit d’initiative et de créativité sur le continent. Il s’explique en grande partie par la perte de la confiance en soi voulue et entretenue par l’africanisme européocentriste, fer de lance idéologique du néocolonialisme occidental. Le dénigrement systématique de toute pensée révolutionnaire africaine, la falsification de l’histoire du continent à coup de publications tendancieuses, de matraquage idéologique et de propagande médiatique, avec la complicité de certaines élites du continent, ont pendant longtemps exercé une influence négative dans les productions intellectuelles africaines, sciemment orientées vers des problématiques banales et insipides, sans intérêt véritable pour le destin de l’Afrique. On assiste aujourd’hui à un renversement de paradigme avec la prise de conscience massive de la jeunesse africaine acquise à l’influence des penseurs réformistes africains et diasporiques.
Les politiques économiques et sociales appliquées sur le continent ne peuvent plus continuer à faire abstraction des réalités locales, en répétant de manière psittacique le catéchisme apocryphe du développement économique. Ces politiques conçues de l’extérieur pour les Africains, avec la complicité des organisations multilatérales, ont contribué au maintien voire à la consolidation de la main mise extérieure sur les ressources du continent.
La compétence : si la détermination et la connaissance sont nécessaires à l’action politique, elles ne sont pas pour autant suffisantes. La compétence à travers l’expertise et le leadership, sont le pendant de la détermination dans l’action politique. La compétence existe, à condition de savoir la dénicher, non pas dans la logique perverse de la transhumance, mais plutôt dans une approche purement utilitaire, technique voire technocratique, débarrassée des considérations partisanes. Elle est disponible à l’échelle du pays, dans le continent, en diaspora voir à l’échelle mondiale, à la seule condition qu’elle concoure à la préservation et à la défense des intérêts nationaux et au développement du pays. La compétence peut aussi se trouver dans les camps adverses de l’échiquier politique. Elle peut être sollicitée dans le cadre d’une politique d’ouverture, probablement nécessaire pour relever ensemble les défis immenses du développement. Le consensus qu’induit cette ouverture est aux antipodes de la pratique dégradante et avilissante de la transhumance politique, car il reposerait sur l’adhésion à un projet et à des principes, et non à l’infame débauchage de personnalités politiques et intellectuelles aux convictions volatiles, promptes à renier leurs idéaux pour des strapontins ministériels ou des positions de sinécure.
Enfin, le courage est la véritable locomotive du changement, en particulier dans le contexte africain, où les velléités d’indépendance réelles manifestées dans le passé ont très souvent été réprimée dans le sang par l’ancien maitre colonial, avec la complicité de leurs agents locaux, comme l’illustre le tableau de chasse macabre de la Françafrique : Ruben Um Nyobée, Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba, Barthélemy Boganda, Hamani Diori, Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, etc., tous assassinés pour le seul tort d’avoir voulu accéder à une pleine souveraineté de leur pays. Avoir l’ambition de défendre sa souveraineté c’est assurément s’exposer à des manœuvres de déstabilisation criminelles. Outre la nécessité de se protéger et de renforcer le renseignement étatique, notamment par la diversification des partenaires internationaux, le meilleur rempart à la déstabilisation demeure le soutien massif de la population à la politique gouvernementale. A cet égard, la confédération des pays de l’AES a démontré que l’union des Etats pouvait constituer un puissant bouclier protecteur face aux velléités d’agression. La menace d’invasion qui pesait sur le Niger par les troupes de la CEDEAO s’est rapidement dissipée face à la solidarité inconditionnelle des deux autres pays de l’alliance, conformément aux dispositions de la charte du Liptako-Gourma.
Le discours moins incisif des nouvelles autorités en responsabilité des affaires de l’Etat contraste avec la verve révolutionnaire entretenue durant la phase de conquête du pouvoir. Cela peut aisément se comprendre. Aussi, le rythme des réformes engagées peut paraitre peu soutenu par rapport à l’ampleur des urgences et à l’étendue des défis, pendant que certaines déclarations, particulièrement à l’endroit de l’AES, sont simplement incomprises. Ces préoccupations légitimes ne doivent pas pour autant se traduire en un soupçon de renoncement ou en des invectives désobligeantes, car aucun élément palpable ne conforte l’idée d’un quelconque renoncement. Au contraire, l’heure est plutôt à la solidarité et à la mobilisation, à la réflexion et à la créativité, pour soutenir les reformes promues par le Pastef, qui ont suscité l’adhésion de millions de Sénégalais et d’Africains. Le rappel des engagements aux autorités est une exigence démocratique mais aussi un acte patriotique, car la réussite du Projet sera une fierté nationale et continentale. Ce qui peut apparaitre comme des hésitations peut aussi être compris comme le temps de la réflexion et de l’apprivoisement du nouvel environnement du pouvoir.
Mais d’ores et déjà, la résistance victorieuse portée contre la folle dérive autocratique de l’ancien régime, avec ce qu’il charriait d’arbitraire, de tyrannique, d’impunité, de mauvaise gouvernance, de népotisme, de clientélisme, somme toute, de mépris du peuple, ouvre des perspectives crédibles vers une gouvernance sobre et intègre de la politique intérieure du pays.
Sur le plan international, la visibilité de la politique gouvernementale se pose, notamment sur les questions de souveraineté économique, militaire et politique, qui ont une incidence majeure sur la politique intérieure de redressement économique et social. Là également les interrogations légitimes ne doivent pas se traduire en un procès en renoncement en tout état de cause prématuré, car le temps des négociations diplomatiques, c’est aussi le temps de la discrétion, qui s’accommode difficilement des tambours médiatiques.
Une bonne communication gouvernementale sera sans doute nécessaire pour aplanir les incompréhensions, mais aussi pour soutenir la mobilisation et animer la dynamique du changement promu. Pour le reste, le temps nous édifiera.