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25 novembre 2024
International
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SONKO ET MÉLENCHON AFFICHENT LEUR FRACTURE SUR LES DROITS LGBTQ
Le Premier ministre a vertement critiqué l'Occident, accusé d'imposer son agenda LGBTQ. Réplique cinglante du leader de LFI : "J'assume ma position pour le mariage homosexuel"
(SenePlus) - À l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la première allocution publique du nouveau Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko aux côtés du leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon aura marqué les esprits. Si les deux hommes ont coanimé une conférence sur les relations Afrique-Europe, leurs divergences profondes sur la question des minorités sexuelles se sont exposées au grand jour.
Dans un hémicycle archi-comble, Ousmane Sonko a dénoncé avec virulence ce qu'il considère comme un "activisme" occidental en faveur des droits LGBTQ, contraire aux valeurs sénégalaises. "La question LGBTQ risque d'être le prochain casus belli entre le monde occidental et le reste du globe terrestre, si elle continue à être posée de cette façon", a martelé le chef du gouvernement.
Ousmane Sonko pointe du doigt le manque de "respect des différences culturelles" de l'Occident, accusé d'imposer la défense des minorités sexuelles comme condition aux financements internationaux. Une dérive qui selon lui "nourrit un sentiment anti-occidental" grandissant.
Face à ces prises de position, Jean-Luc Mélenchon n'a pas dérogé à ses convictions. "Je suis le premier législateur français à avoir déposé un texte pour le mariage homosexuel. J'assume ma position et ne chercherai pas à vous l'imposer", a rétorqué le tribun de LFI dans un dialogue de sourds.
Lorsque Mélenchon a évoqué l'éventualité d'un "mariage pour tous" un jour au Sénégal, les huées de la jeunesse estudiantine ont accueilli ses propos, illustrant le fossé avec la société civile sur ce sujet brûlant. Un clivage idéologique qui risque de peser lourd dans les relations du Sénégal avec ses partenaires occidentaux.
par vieux savané
VIE ET MORT D’OMAR BLONDIN DIOP
Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de ce brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque
Editions Jimsaan Dakar, 2024 286 pages Préface de Boubacar Boris Diop
«Omar est mort »! « Ils ont tué Omar »! Ces cris de rage et d’horreur échappent de la poitrine de ses deux frères cadets, Cheikh et Auguste, venus lui apporter ses affaires après que les visites ont été à nouveau autorisées. Dès que la nouvelle a pu trouer la chape de silence dans laquelle ses geôliers voulaient la contenir, parents, amis, anonymes, ont convergé vers la maison familiale de la Sicap Darabis. La jeunesse urbaine s’insurge devant l’infamie, occupe le macadam par vagues successives, érige des barricades de fortune, brûle des pneus, s’oppose violemment à la police qui riposte avec la lancée de grenades lacrymogènes. La tension est à son paroxysme. Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de Omar Blondin Diop, brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque.
Nous replongeant dans cette atmosphère, l’auteur, jeune étudiant chercheur en histoire à l’Université Cheikh Anta Diop, déroule dans un style flamboyant, vivace, vivant, l’itinérance d’un « Enfant du siècle ». Personnage central de l’ouvrage, Omar Blondin, brillant élève promu à un bel avenir, aîné devant protéger ses frères et donner l’exemple, suivant les recommandations du « paterfamilias », aura fréquenté en France des lycées prestigieux : Montaigne. Louis-leGrand. Il réussit au prestigieux concours de l’Ecole Normale de Saint-Cloud en dépit des exclusions temporaires pour avoir récidivé des sorties sans autorisations. Il avait 19 ans.
La militance s’éveille, avec ses impondérables qui s’expriment dans la conflictualité. « Le voilà » lance-t-il à son père, de retour au Sénégal, en lui « confiant un chiffon logé dans sa poche, plié en quatre : son certificat d’admission à Normale Sup’ ». Amoureux des livres qu’il dévorait avec gourmandise, lui qui essayait de se frayer un chemin à travers la musique, le cinéma, se sentait en déphasage avec la France, pays dans lequel il avait grandement vécu. Il éprouvait le besoin d’étreindre fortement ses terres dakaroises, de s’enraciner dans sa culture locale. Mais cela rencontre le difficile métier de parents, beaucoup plus préoccupés par le devenir de leur progéniture. Et le voilà de nouveau à Paris, pour la rentrée universitaire. En même temps que les cours assez prenants, il refait le monde aux sons des Rolling Stones, Miles Davis, Pink Floyd, etc. « Gouailleur, dont le rire explosif secoue les murs, tournant tout le monde en dérision à commencer par lui-même, il joue avec les codes, s’en imprègne, les détourne ». Anti autoritaire, allergique à l’embrigadement, Omar se révèle un militant atypique qui « choisit les moments et les formes de sa présence ». Au cœur de la révolte estudiantine de Mai 68 à la Sorbonne, il avait conscience de « vivre une belle illusion, l’illusion de la révolution ». S’est posé ensuite l’impératif du retour au bercail où il débarque par bateau. Fini les chemises à fleurs, les pantalons à pattes d’éléphant. Bienvenue au col Mao, au Blue Jean, à l’Anango. Attiré par les Etats-unis, il va devoir retourner à Paris. Au moment des formalités de police à l’aéroport Bordeaux Mérignac, il apprend son expulsion du territoire français par le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin.
« Une écharde dans la blessure »
Son père qui ne se fait pas à l’idée de voir son fils arrêter si brutalement ses études va jouer de ses relations pour faire annuler l’ordre d’expulsion. Et l’histoire va s’emballer, empruntant des chemins tortueux, suite à l’arrestation de ses deux frères, Diallo et Mohamed, qui se retrouvent dans les geôles senghoriennes au début de l’année 1971, pour avoir incendié le CCF (Centre culturel français). En vue de libérer « le groupe des incendiaires », avec des camarades, ils nourrissent le projet de prendre en otage l’Ambassadeur de France au Sénégal. Après la Syrie pour se former à la lutte armée auprès des combattants palestiniens du Fattah, l’Algérie pour nouer des contacts avec l’aile internationale du Black Panther Party que dirigeait Eldridge Cleaver, ils cherchent ensuite à se procurer des armes au Libéria et avec Paloma, ils seront arrêtés à Bamako et jugés à Dakar par un Tribunal Spécial.
Soumis à un régime d’isolement total à Gorée, au cachot disciplinaire, Omar entame plusieurs grèves de la faim pour faire respecter ses droits et protester contre les brimades et les sévices dont il était victime. Mohamed qui se trouvait dans une autre cellule raconte les râles de son frère qui lui parvenaient alors qu’il agonisait à même le sol froid et humide de sa cellule après un violent coup à la nuque. Une exécution dénonce les parents. Un suicide réagit le gouvernement avec la publication d’un Livre Blanc. Certainement, un pan d’une histoire tragique qui dévoile une facette du régime de Senghor faite de brutalité, de cynisme. A l’image de Kédougou et Gorée. Deux lieux qui évoquent la torture morale et physique ainsi exercées.
« En vérité », comme le relève dans sa préface, l’immense écrivain Boubacar Boris Diop, « Omar survit dans nos mémoires comme cette « écharde dans la blessure » dont parle, à propos de l’Afrique, le poète David Diop, parti lui aussi à la fleur de l’âge ». Et « Cette si longue quête » rappelle que dans l’histoire politique du Sénégal, comme le souligne le préfacier , « Omar est bien la seule individualité qui ait, en elle-même, sans qu’on ne puisse jamais le relier à une structure formelle, une telle puissance d’évocation».
Porté par un éblouissant travail de documentation, d’entretiens compilés dans différents lieux, d’anecdotes inédites, le livre de Floran Bobin nous replonge dans une période insouciante, rebelle, généreuse et tragique, visitée par une irrépressible envie de transformer le monde, faire sauter les digues, déconstruire les traditions, les manières de faire et d’être, et tels des Dieux, façonner un homme et une femme nouveaux. Un monde nouveau.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
LE PAYSAGE MÉDIATIQUE ENTRE ÉBATS ET DÉBATS
EXCLUSIF SENEPLUS - La passation de service à la RTS, la nomination du nouveau DG du Soleil, autant de béquilles de la pire mascarade du service public de l’information au profit du pouvoir
On l’a déja dit. « Qui détient l’’information détient le pouvoir.» C’est l’alpha et l’Omega de la rhétorique servie par les détenteurs de pouvoirs pour monopoliser l’information par les pouvoirs notamment dans les situations de crise et de guerre. Cette rhétorique est aujourd’hui désuète. L’internet a desagregué les monopoles de la parole, des éléments de langage, de la production et de la diffusion de la pensée sociale.
La passation de service entre le DG sortant et le nouveau DG de la RTS, et la nomination du nouveau DG du quotidien Le Soleil, autant de béquilles de la pire mascarade du service public de l’information au profit du pouvoir en place. Elle ouvre de nouvelles perspectives dans la reconfiguration du paysage médiatique. N’en déplaise aux instances de contrôle et de régulation fantoches du paysage médiatique, le CNRA qui était si prompt à couper les signaux de transmission des chaines audiovisuelles.
L’histoire politique de notre pays raconte comment la colonisation du champ médiatique par les partis au pouvoir, a fait éclore des supports médiatiques clandestins sous forme de tract ou de journaux de partis. Les journaux And Sopi, Taxaw, Xarebi, Sopi ont été les principaux moyens de l’opposition pour contrer la pensée unique étatique et catalyser une déferlante de médias privés fondateurs (Cafard libéré, Promotion).
L’expérience de la gestion des médias sous le régime de Macky Sall nous a révélé à la fois, la dure réalité du supplice infligé au peuple par une propagande effrontée et son contraire : une productivité et une révulsion.
Plus jamais ça ! Plus jamais une mobilisation des supports médiatiques à travers une manufacture de manipulation de la production de la communication publique par le Bureau d’information (désinformation est plus exacte) du gouvernement.
Parallèlement à ce bureau de désinformation, ont vu le jour, un porte-parolat à plusieurs étages notamment au niveau de la présidence, celui du gouvernement et de l’APR, sans compter l’existence d’un ministre conseiller, chargé de la communication du président.
Des médias ont été également créés par des ministres, des Directeurs d’agence ou d’établissements publics ou des chefs de service pour amplifier l’emprise du pouvoir à travers une propagande préhistorique honteuse. Je passe sur les chroniqueurs du dimanche payés avec l’argent piqué dans les poches du citoyen. Je passe sur leur mauvaise foi répugnante. Je passe sur la modicité de leurs analyses.
Le monopole de l’information publique fait fi de l’existence des lois N 92-02 du 6 janvier 1992 portant création de la société nationale de radiotélévision sénégalaise modifiée par la loi 2000-07 du 10 janvier 2000, la loi 92-57 du 03 septembre 1992 relative au pluralisme de la radiotélévision : « L’école de Palo alto définit l’information comme le contenu de la communication tandis que la relation est la manière dont on doit entendre la communication ».
Imposer aux médias d’État l’exclusivité du traitement de l’information présidentielle, c’est faire preuve de cécité politique et d’ignorance du potentiel des nouveaux médias assujettis à la liberté d’accès et de diffusion. C’est ainsi que lors des crises politiques en Afrique, les signaux des données mobiles sont interrompus pour limiter les effets de la connectivité et du lien dans la communication sociale.
Les médias traditionnels, les réseaux sociaux, les web TV des activistes et des influenceurs de toutes sortes ont contourné le monopole médiatique pour diffuser des contre-messages du cartel du service public. Le paysage médiatique et des réseaux sociaux ont été un véritable champ de confrontation systémique. Les plateformes internet à travers les médias sociaux permettent de créer du contenu, de l’organiser, de le changer virtuellement ou le commenter et de le diffuser en temps réel.
Le plan bancal de domestication du service public de l’information a renforcé la capacite du Pastef à faire preuve de créativité et d’audace, en investissant les réseaux sociaux avec des formules qui épousent et parlent aux masses laborieuses, aux classes moyennes et aux élites révolutionnaires.
Des activistes les plus courus se sont relayés et élargi les champs de bataille de la connectivité. Les chroniqueurs indépendants ont investi massivement les TV du Web en utilisant le wolof accessible aux populations. Ils ont joué un rôle important dans la mobilisation citoyenne et dans cette continuité, dans la défaite finale.
Plus tu monopolises la communication publique, plus tu détournes l’opinion publique qui subit un seuil de saturation qui les oriente vers d’autres supports de communication. Le peuple est libre de sa télécommande et le zapping avec le smartphone a démocratisé la pratique du clic et du clap de fin du monopole des informations publiques.
Le paysage médiatique reflète les dynamiques sociales du moment et les contours de la sociologie politique. Les populations ont réinventé de nouvelles pratiques sociales du lien. Les nouveaux détenteurs du pouvoir doivent obligatoirement tirer les leçons et éviter de tomber dans le piège du tout communication unilatérale à travers les services publics de l’information et de la communication sociale. On ne communique pas de la même manière quand on passe du statut d’opposant unique au statut d’homme d’État. Le problème est plus complexe et il s’agit de gérer la communication publique autrement, en renforçant le pacte anti-système avec le peuple et réconcilier le peuple avec leurs services publics de l’information et de la communication. Faire de la politique et de l’information publique autrement, est-ce faire un publi-reportage avant le journal de 20h de la RTS sur la semaine du président Diomaye.
La RTS et le journal Le Soleil ne doivent plus être des officines du pouvoir. Il nous faut des services publics de l’information et de la communication portés sur le développement et non sur les éloges du prince de Diaganio. De nouveaux cahiers de charge des services publics de l’information et des radios-télévisions privées doivent être définis avec des indicateurs de performance évalués par des pairs et le grand public. A l’ère de la démocratie de la connexion, a-t-on toujours besoin d’un ministre de la Communication, gendarme du paysage médiatique ou d’un ministère de la Connectivité et du lien social ?
LE SÉNÉGAL REVENDIQUE SON INDÉPENDANCE STRATÉGIQUE
Sonko s'attaque à "l'occupation" militaire étrangère dans le pays. Dans une allocution choc, le président du Pastef dénonce la présence de garnisons étrangères, notamment françaises, qualifiée d'"incompatible" avec la souveraineté nationale
"Cette présence de base militaire suscite des interrogations légitimes plus de 60 ans après nos indépendances," a déclaré Ousmane Sonko jeudi 16 mai 2024 lors d'une conférence publique à l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) en compagnie du leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. "Nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l'armée française, par exemple, bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays et sur l'impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique."
Soixante ans après les indépendances africaines, la question de la présence militaire étrangère reste un enjeu majeur pour de nombreux pays du continent, à l'instar du Sénégal. Comme l'a souligné Ousmane Sonko, cette présence soulève "des interrogations légitimes" sur la souveraineté et l'autonomie stratégique des États postcoloniaux.
Pour étayer son propos, le leader du parti Pastef a choisi de s'appuyer sur des "exemples sur la France elle-même", riche en "anecdotes intéressantes sur la problématique et les enjeux de la question sécuritaire."
Entre 1956 et 1958, "les Américains eurent le projet d'installer sur le territoire français un stock d'armes nucléaires et de missiles balistiques," a rappelé Sonko. "Le projet buta sur la double question du commandement et du contrôle des missiles, dont le déploiement était admis par les militaires français comme un bon moyen d'accroissement du pouvoir bishazif de l'OTAN."
"Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal," a affirmé Ousmane Sonko. "Ceci ne remet pas en question les accords de défense" que le pays entretient avec de nombreux pays, "mais on peut avoir des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd'hui par des garnisons étrangères."
SONKO DÉFEND LA SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE, UN ENJEU CRUCIAL POUR L'AFRIQUE
Lors d'une intervention remarquée ce jeudi 16 mai 2024 à l'Ucad, le leader du Pastef a développé sa vision économique plaçant la conquête d'une souveraineté monétaire au cœur de la relance industrielle du Sénégal
Lors d'une conférence publique conjointe à l'Ucad ce jeudi 16 mai 2024, Ousmane Sonko et Jean-Luc Mélenchon, figures de proue respectives du Pastef au Sénégal et de la France Insoumise, ont plaidé avec force pour la souveraineté monétaire des nations africaines. Un sujet brûlant qui fait souvent figure de tabou sur le continent.
Sonko a rappelé avec verve les mots visionnaires du Général de Gaulle qui, à la veille du débarquement allié en Normandie, s'opposa farouchement au projet américain d'imposer un "billet drapeau" à la France libérée. "Allez, faites la guerre avec votre fausse monnaie", lança alors le célèbre homme d'État français, bien décidé à préserver la souveraineté monétaire de son pays.
Pour le leader du Pastef, cette anecdote historique illustre l'importance vitale pour tout État de maîtriser pleinement sa monnaie, "puissant levier économique et instrument de souveraineté". Il a dénoncé le fait que les pays africains soient contraints de s'endetter en devises étrangères, les exposant aux aléas des marchés financiers mondiaux.
Sonko a ensuite développé la vision économique de son parti, plaidant pour une "sortie prudente" du Franc CFA au profit d'une monnaie nationale flexible, adossée à plusieurs devises de référence. Objectif : stimuler la compétitivité, relancer l'activité industrielle et reconquérir des marges de manœuvre monétaires actuellement bridées par les réserves obligatoires.
Reprenant la parole, Jean-Luc Mélenchon a salué ces analyses "éclairantes" et rappelé les débats houleux ayant entouré la création de l'Euro en France, preuve que la question monétaire soulève les passions au sein même des démocraties les plus solides.
"Nous n'avons pas le droit de parler de notre propre monnaie, on refuse d'en débattre (...) Et pourtant en France, on peut débattre de l'Euro à l'Assemblée nationale", a martelé Sonko, regrettant les entraves au débat monétaire qui perdurent en Afrique.
SONKO APPELLE À UN NOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT MADE IN AFRICA
Lors d'une conférence à l'Ucad aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre a lancé un vibrant plaidoyer pour une rupture radicale avec les schémas traditionnels basés sur la dette et la dépendance aux investissements étrangers
Ousmane Sonko a lancé un vibrant plaidoyer pour un modèle de développement entièrement repensé pour l'Afrique, lors de sa conférence publique à l'UCAD aux côtés de Jean-Luc Mélenchon ce jeudi 16 mai 2024. Résolument tourné vers la mobilisation des ressources endogènes, ce projet vise à briser les schémas paternalistes hérités du passé.
"Je n'implique pas tous ces maux qui nous gangrènent à des responsabilités extérieures", a tonné le leader de Pastef. Selon lui, l'ensemble des problèmes qui rongent le continent - détournements de fonds publics, mauvaises politiques - ne peuvent plus être imputés aux partenaires étrangers mais incombent à "l'irresponsabilité des élites" africaines.
Sonko rejette avec force le modèle actuel imposé par "le libéralisme ambiant" qui a relégué les Africains au rang de "marginaux sur leur propre continent". Une croissance extravertie, dépendante des investissements étrangers et d'une dette libellée en devises, qui n'a fait qu'accroître pauvreté et chômage selon ses termes.
Face à ce constat amer, le leader de Pastef prône une rupture radicale : "L'Afrique peut et doit être sa propre locomotive de croissance mondiale". Un développement endogène, tiré par le secteur privé national et les PME dans un cadre juridique stabilisé, avec le soutien d'investissements et de transferts de technologies ciblés des partenaires internationaux.
"Nous avons été élus sur un programme, un projet, une vision", a insisté Sonko, martelant que son équipe appliquera ce "modèle opposé" au système actuel qui n'a fait que perpétuer la marginalisation du continent.
LES GRIEFS DE SONKO CONTRE L'OCCIDENT
"Pourquoi faudrait-il que des problèmes politiques en Afrique soient réglés par les Africains sur commande extérieure, en s'attaquant à des pays frères et à leur population ? Nous ne pouvons pas l'accepter!", a martelé le leader de Pastef
L'Occident et l'Europe, si prompts à donner des leçons de démocratie, semblent avoir un double standard flagrant lorsqu'il s'agit de traiter avec les pays africains. C'est le constat amer dressé par Ousmane Sonko et Jean-Luc Mélenchon lors de leur conférence publique à l'UCAD ce jeudi 16 mai 2024.
Sonko a dénoncé avec force les sanctions et embargos imposés aux pays du Sahel par ces mêmes nations occidentales qui ferment les yeux sur les dérives antidémocratiques quand leurs intérêts économiques sont en jeu. "Pourquoi faudrait-il que des problèmes politiques en Afrique soient réglés par les Africains sur commande extérieure, en s'attaquant à des pays frères et à leur population ? Nous ne pouvons pas l'accepter!", a martelé le leader de Pastef.
L'hôte du leader de la France Insoumise a pointé du doigt "cette ambivalence dans les prises de position" de l'Occident, qui a fini par discréditer celui-ci aux yeux des peuples africains "éveillés" et informés. Selon lui, il est inacceptable que l'Europe négocie du pétrole ou des marchés avec des "régimes non démocratiques" quand cela l'arrange, tout en condamnant sans nuance d'autres pays pour les mêmes travers.
Les deux hommes politiques ont appelé à "refonder" les relations entre l'Afrique et l'Europe, lassés des "tergiversations" et du "deux poids deux mesures" de l'Occident sur le continent. Ils dénoncent une ingérence sélective qui ne fait qu'attiser les rancœurs plutôt que de résoudre les crises.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL TCHADIEN CONFIRME L'ELECTION DE MAHAMAT IDRISS DEBY
Au Tchad, le président du Conseil constitutionnel Jean-Bernard Padaré a passé de longues minutes à détailler la décision de l’institution pour motiver le rejet des recours, dont celui d’Albert Pahimi Padacké.
Au Tchad, le président du Conseil constitutionnel Jean-Bernard Padaré a passé de longues minutes à détailler la décision de l’institution pour motiver le rejet des recours, dont celui d’Albert Pahimi Padacké. Ce dernier demandait l’annulation des votes dans cinq provinces, dans l’espoir de monter à la deuxième place du scrutin.
Dans 12 points présentés, le parti de Succès Masra réclamait pour sa part l’annulation totale de l’élection, s’appuyant sur son propre décompte pour se prévaloir de la « vérité des urnes ».
Il n'y a « pas assez de preuves et pas assez de précisions dans les allégations », a tancé le Conseil, face au siège vide du candidat numéro 7. Celui-ci, réservé à Succès Masra, était l'un des deux seuls adversaires de Mahamat Idriss Déby à avoir boudé cette cérémonie.
Les rectifications apportées par le Conseil aux chiffres de l’autorité électorale (Ange) sont marginales. Le président de la transition est officiellement élu avec 61 % des voix, contre 18,54 % pour son Premier ministre, et 16,93 % pour Albert Pahimi Padacké. Le taux de participation est lui de 75,78 %.
Succès Masra joue l’apaisement et reconnaît ne plus avoir de recours
Peu après ces annonces, Succès Masra s’est exprimé sur les réseaux sociaux, choisissant de jouer l’apaisement : pas de déclaration forte, le contraire de jeudi dernier lorsqu’il avait affirmé que les chiffres avaient été truqués. Succès Masra reconnaît ne plus avoir de voies de recours juridiques. Mais il a appelé à préserver son pays, à être patients, à servir le peuple « à tous les échelons ».
Néanmoins, « le changement est irréversible » dit-il, ajoutant que « le soleil de la vérité est fixe ». Succès Masra appelle à reprendre le bâton du pèlerin et à poursuivre la mobilisation pour un « Tchad nouveau », sans céder aux provocations.
De son côté, Albert Pahimi Padacké était lui représenté par son directeur de campagne. Celui-ci a regretté le rejet des recours de son candidat contre les résultats de cinq provinces, mais s’incline devant la décision du Conseil et estime que la page de la présidentielle est désormais tournée.
SONKO DÉNONCE LA COMPLICITÉ COUPABLE DE LA FRANCE DANS LA RÉPRESSION AU SÉNÉGAL
"Mutisme approbateur", "incitation à la répression"... Dans un discours musclé, le président de Pastef a vertement tancé, en compagnie de Mélenchon, l'attitude complaisante de Paris face aux violences qui ont ébranlé la démocratie sous Macky Sall
Lors d'une conférence publique à l'Université Cheikh Anta Diop avec Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, ce jeudi 16 mai 2024, Ousmane Sonko a vivement dénoncé l'attitude de la France face à la répression sanglante menée par l'ancien régime de Macky Sall contre son parti d'opposition, le Pastef.
Dans un discours cinglant, le dirigeant de Pastef a fustigé le "mutisme approbateur" et la "complicité coupable" du gouvernement français alors que des dizaines de manifestants ont été tués, des milliers blessés et plus d'un millier d'opposants emprisonnés sous le régime précédent.
"Vous n'avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui se passait au Sénégal, vous n'avez jamais entendu l'Union européenne dénoncer ces violences", a martelé M. Sonko, dénonçant le soutien tacite accordé à Macky Sall malgré la répression brutale.
Pire encore, le président Macron a même "félicité" son homologue sénégalais "d'avoir fait ce qu'il fallait pour sauver son pays" au plus fort des violences contre l'opposition démocratique, a rappelé avec amertume le Premier ministre, qui dit se prononcer en qualité de chef de parti, le Pastef en l'occurence.
"C'est une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l'exécution de Sénégalais qui n'avaient comme seul crime que d'avoir un projet politique majoritaire", a cinglé Ousmane Sonko auprès de son hôte Jean-Luc Mélenchon.
Tout en dénonçant les "postures néocoloniales" et la volonté de "l'élite gouvernante française" d'entraver son "discours souverainiste", le président du Pastef a toutefois assuré vouloir "collaborer avec tous les États, y compris la France". Mais ses positions de fermeté face aux ingérences semblent promises à se poursuivre.
Cette prise de parole musclée marque un tournant dans les relations entre Dakar et Paris, au terme d'une période de violences meurtrières ayant profondément ébranlé la démocratie sénégalaise.
MÉLENCHON DÉFEND L'ÉMANCIPATION POPULAIRE
Pour l'homme politique français, la "révolution citoyenne" signifie le contrôle populaire sans instrumentalisation partisane. Elle garantirait souveraineté et indépendance en associant tous les niveaux d'action
Lors d'une conférence publique à l'Ucad ce jeudi aux côtés d'Ousmane Sonko, Jean-Luc Mélenchon a défendu son concept de "révolution citoyenne". Pour lui, cette révolution populaire n'est pas menée par des partis d'avant-garde mais par le peuple lui-même, via son auto-organisation. L'objectif est d'assurer la souveraineté du peuple et le contrôle populaire, deux éléments clés pour garantir l'indépendance et la liberté.
Mélenchon estime qu'un pouvoir issu d'une telle révolution citoyenne ne peut échapper au contrôle des masses. Il partage également avec Sonko l'idée d'une action politique inclusive qui repose sur la complémentarité et la symbiose entre les différents niveaux d'action.
La souveraineté du peuple est l’objectif de la révolution citoyenne.
Le PASTEF a raison : l'action politique n'est pas une injonction, elle doit être inclusive et auto-organisée.
Nous devons réaliser une révolution citoyenne, jusqu’à la victoire, comme celle des Sénégalais. pic.twitter.com/TK6lxlcr0L