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25 novembre 2024
International
L'AFRIQUE, PRISON À CIEL OUVERT POUR SES CITOYENS
Aliko Dangote, première fortune africaine, a dénoncé les innombrables visas qu'il doit obtenir pour circuler sur le continent. Un comble quand d'anciens colonisateurs européens jouissent d'un accès plus aisé que les Africains eux-mêmes
(SenePlus) - L'homme le plus riche d'Afrique a beau être un puissant investisseur, il n'échappe pas aux tracasseries administratives pour se déplacer sur le continent. Aliko Dangote, milliardaire nigérian, a récemment dénoncé devant le Africa CEO Forum à Kigali les nombreux visas qu'il doit obtenir, lui qui souhaite "rendre l'Afrique grande".
"En tant qu'investisseur, quelqu'un qui veut faire avancer l'Afrique, je dois demander 35 visas différents pour mon passeport", a regretté M. Dangote, selon CNN. "Je n'ai vraiment pas le temps d'aller déposer mon passeport dans les ambassades pour obtenir un visa", a-t-il ajouté devant un auditoire amusé.
Cette situation kafkaïenne pour l'une des plus grandes fortunes du continent relance le débat brûlant sur les entraves à la libre circulation en Afrique pour ses propres ressortissants. Pire encore, de nombreux Africains pestent de voir que d'anciens colonisateurs européens bénéficient d'un accès plus libre que leurs voisins du continent.
"Je peux vous assurer que Patrick [Pouyanné, PDG de Total Energies] n'a pas besoin de 35 visas avec un passeport français, ce qui signifie que vous avez une liberté de mouvement supérieure à la mienne en Afrique", a lancé Dangote à son voisin français, rapporte CNN.
Un constat amer qui illustre les défis posés par la balkanisation du continent. Si le Rwanda a supprimé les visas pour tous les ressortissants africains en 2023, rejoignant le Bénin, la Gambie et les Seychelles, de nombreux pays africains continuent d'ériger des barrières, au prix de démarches discriminatoires, hostiles et très coûteuses pour leurs voisins.
"C'était mon expérience la plus humiliante en voyageant en Afrique", témoigne ainsi auprès de CNN le réalisateur de films nigérian Tayo Aina. En avril 2021, il a été contraint de fournir un échantillon de selles devant un officier éthiopien pour prouver qu'il n'avait pas ingéré de drogue.
Fatigué d'être "détenu dans les aéroports" à cause de son passeport nigérian, le jeune homme de 31 ans a fini par débourser 150 000 dollars pour obtenir la nationalité de Saint-Christophe-et-Niévès, lui ouvrant plus de portes.
L'Union africaine affiche pourtant l'ambition de "supprimer les restrictions à la capacité des Africains de voyager, travailler et vivre sur leur propre continent". Mais la concrétisation de la libre circulation, moteur de la Zone de libre-échange continentale, avance au ralenti.
Pour l'expert Alan Hirsch, de l'institut new-soudien New South, la crainte des migrations permanentes freine les ardeurs d'ouverture des pays les plus riches. "Il y a la peur que les gens des nations plus pauvres cherchent un moyen de s'installer durablement", explique-t-il à CNN.
L'universitaire sud-africain pointe aussi le manque d'intégrité des systèmes de passeport et de visa dans certains pays : "Des gens ont trouvé des moyens illégaux d'obtenir des passeports, comme se faire passer pour burundais sans l'être réellement."
Qu'importe les progrès régionaux, voyager au-delà de sa zone géographique reste semé d'embûches pour les Africains. Un visa à l'arrivée au Nigeria qui coûtait 25 dollars aux Kenyans est ainsi passé à 215 dollars après une réforme du système.
Un inextricable labyrinthe de formalités, de refus injustifiés ou de dossiers incomplets qui, selon CNN, incite certains à chercher des passeports plus pratiques, comme l'a fait Tayo Aina. Son nouveau sésame de Saint-Christophe donne plus d'ouverture sur l'Afrique que son passeport nigérian.
Africa's richest man - Aliko Dangote - says he needs 35 visas to travel in Africa on his Nigerian passport.
VERS LA RECONNAISSANCE DE L’ÉTAT DE PALESTINE PAR TROIS PAYS EUROPÉENS
L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont décidé de reconnaître officiellement l’existence d’un État palestinien à partir du mardi 28 mai pour contribuer à la paix aux Moyen-Orient.
L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont décidé de reconnaître officiellement l’existence d’un État palestinien à partir du mardi 28 mai pour contribuer à la paix aux Moyen-Orient.
‘’Aujourd’hui, l’Irlande reconnaît l’État de Palestine. Nous pensons que cette reconnaissance contribuera à la paix et à la réconciliation au Moyen-Orient’’, a déclaré le Premier ministre Irlandais Simon Harris dans une vidéo publiée sur le réseau social X.
Selon lui, l’Irlande apporte un ‘’soutien sans équivoque’’ pour une solution à deux Etats qui va permettre de rétablir ‘’la paix et la sécurité pour Israël, pour la Palestine et pour leurs peuples’’.
”Une paix qui honore les aspirations légitimes de tous les peuples de la région à vivre dans le respect, la justice, la sécurité et la dignité’’, a fait valoir M. Harris.
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a également fait part de la volonté de Madrid d’adopter la même position sur la solution à deux Etats.
“Le moment est venu de passer des paroles aux actes. Ce n’est pas la fin, mais le début” a-t-il dit mercredi, devant l’Assemblée générale du Parlement espagnol.
Les autorités espagnoles vont faire cette reconnaissance lors de la réunion ordinaire hebdomadaire du Conseil des ministres, le 28 mai.
“Je parle de paix parce qu’il n’y a qu’une seule solution : une solution à deux États dans laquelle Israël et la Palestine sont reconnus sur un pied d’égalité”, a-t-il déclaré.
Son homologue norvégien Jonas Gahr Store a lui aussi fait part de la décision de son pays de se joindre à cette initiative.
‘’Le gouvernement a décidé de reconnaitre l’Etat de Palestine’’, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Oslo précisant que la décision sera effective le 28 prochain.
Réagissant à ces annonces, le Secrétaire général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Sheikh, a salué des ”’moments historiques dans lesquels le monde libre triomphe (…) après de longues décennies de lutte nationale palestinienne, de souffrance, de douleur, de racisme, de meurtre, d’oppression, d’abus et de destruction auxquels le peuple de Palestine a été soumis”.
Selon lui, cet acte constitue ‘’la voie de la stabilité, de la sécurité et de la paix dans la région”.
BAZOUM TOUJOURS EN RESIDENCE SURVEILLEE, SANS JUGEMENT
Plus de dix (10) mois après le coup d’Etat militaire ayant renversé son régime, le 26 juillet 2023, l’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum et son épouse sont toujours en résidence surveillée.
Plus de dix (10) mois après le coup d’Etat militaire ayant renversé son régime, le 26 juillet 2023, l’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum et son épouse sont toujours en résidence surveillée. Ils sont maintenus en détention, sans procès, ni jugement, à la Résidence présidentielle privée de Niamey… sous la surveillance de la Garde présidentielle.
Ceux qui croyaient que le Niger venait de tourner la page des coups d’Etat, avec l’élection de Mohamed Bazoum comme président de la République, ont vite déchanté. Le président Mohamed Bazoum étant toujours maintenu en détention sans procès, sans jugement, depuis le renversement de son régime en juillet 2023.
En effet, aucun des candidats à l’élection présidentielle du 27 décembre 2020, n’ayantréussi à obtenir la majorité absolue des suffrages valablement exprimés, les Nigériens étaient amenés à départager deux des prétendants au fauteuil : l’ancien ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum, le dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou, et l’ancien chef de l’Etat (1993-1996), Mahamane Ousmane.
A l’issue du second tour de cette présidentielle, tenu le 21 février 2021, le candidat du pouvoir a été proclamé vainqueur du scrutin, avec 55,75% des voix, devant l’ancien président Mahamane Ousmane (44,25 %), selon les résultats officiels publiés le mardi 23 février parla Commission électorale nationale indépendante (CENI). Une victoire qui sera confirmée parla Cour constitutionnelle nigérienne, qui a publié les résultats définitifs, le dimanche 21 mars ; créditant Mohamed Bazoum de 2 490 049 voix, soit 55,66% et Mahamane Ousmane de 1 983 072, soit 44,34%.
Le nouvel homme fort du Niger, un ancien élève de l’École nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès, au Sénégal, alors âgé de 59 ans, sera officiellement installé dans ses fonctions de président de la République, le 2 avril 2021. Seulement, la gestion des affaires par le maître de la première alternance démocratique au sommet de l’histoire du Niger indépendant, avec la passation de pouvoir entre un président démocratiquement élu et son successeur (lui aussi arrivé au pouvoir par les urnes) n’aura duré qu’environ deux (2) ans. Puisque, le mercredi 26 juillet 2023, il sera déposé par des militaires, avec à leur tête le Général Abdourahamane Tchiani, alors Chef de la Garde présidentielle du Niger depuis 2011. Deux (2) jours plus tard, le vendredi 28 juillet, ce militaire de carrière s’est présenté comme le nouvel homme fort du pays, devenant ainsi le «président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNPS)».
LA DEMOCRATIE NAISSANTE «ASSASSINEE»
À ce titre, à travers une allocution, diffusée dans tout le pays par la télévision nationale nigérienne, il a expliqué que le coup d’État militaire, débuté mercredi, était lié à «la dégradation de la situation sécuritaire» au Niger. Rappelant la présence de groupes djihadistes dans le pays, le Général Tchiani a déploré une approche sécuritaire sous le président Bazoum qui «n’a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs», a-t-il ajouté.
Cette prise de parole intervient trois jours après l’annonce de la «séquestration» du président Mohamed Bazoum et de sa famille. Depuis lors,retenus àNiamey, dans la Résidence présidentielle privée, le président Bazoum et son épouse Hadiza Bazoum sont aux mains de commandants putschistes de la Garde présidentielle, aux ordres du Général Abdourahamane Tchiani. Entretemps, détenu au côté de son père depuis le coup d’Etat, Salem Mohamed Bazoum, fils de l’ancien président nigérien Mohamed Bazoum, a bénéficié d’une remise en liberté provisoire, le lundi 8 janvier dernier. Il a obtenu une autorisation de mise en liberté provisoire du Tribunal militaire de Niamey, alors que ses parents restent eux détenus sous la surveillance de leur ancienne Garde présidentielle.
QUAND LA CEDEAO TORPILLE SON «VŒU» D’INTERVENTION MILITAIRE
Isolé ainsi depuis qu’il a été renversé, le 26 juillet 2023, par le Général Tchiani et ses hommes, mais refusant toujours de démissionner, le président Bazoum constituera un sérieux «problème» pour les putschistes qui ne semblaient pas savoir quel sort lui réserver. Surtout que, après la condamnation unanime de ce coup de force partoute la communauté internationale qui appelle à la libération immédiate et au rétablissement du président déchu dans ses fonctions, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est allé plus loin, menaçant d’une intervention militaire au Niger pour déloger la junte du pouvoir – ce qu’elle n’a pas fait –, en plus des lourdes sanctions économiques et financières imposées à ce pays. Entre tentatives de dialogues, des médiations et durcissement de ton de part et d’autre dans les deux camps, le temps semblera tourner en faveur des putschistes. Car, non seulement il n’y aura pas d’intervention militaire au Niger, même si elle affirmait que c’est une option suspendu, mais la CEDEAO «acte» officiellement le coup d’État quatre mois et demi après.
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est allé plus loin, menaçant d’une intervention militaire au Niger pour déloger la junte du pouvoir – ce qu’elle n’a pas fait –, en plus des lourdes sanctions économiques et financières imposées à ce pays. Entre tentatives de dialogues, des médiations et durcissement de ton de part et d’autre dans les deux camps, le temps semblera tourner en faveur des putschistes. Car, non seulement il n’y aura pas d’intervention militaire au Niger, même si elle affirmait que c’est une option suspendu, mais la CEDEAO «acte» officiellement le coup d’État quatre mois et demi après.
LA JUNTE IMPOSE SA VOLONTE : PAS QUESTION DE LIBERER OU TRANSFERER BAZOUM VERS UN PAYS TIERS
Déjà, réagissant aux nombreux appels pour la libération de l’ancien président déchu et aux inquiétudes exprimées sur ses conditions de détention, le Premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, a assuré que «rien de mal n’arrivera» à Mohamed Bazoum. «Surtous les coups d’État survenus au Niger, jamais il n’a été question de transférer[le président déchu] vers un pays étranger», a-t-il rappelé, citant les précédents présidents renversés dans ce pays qui a connu cinq putschs depuis son indépendance, en 1960. Et Ali Mahaman Lamine Zeine de poursuivre : «Qui a dit qu’il ne va pas un jour être libéré ? Il est détenu dans sa résidence présidentielle, on s’occupe bien de sa santé. Quand le temps de sa libération viendra, il sera libéré»
Cependant, après plusieurs mois d’emprisonnement à la Résidence présidentielle privée, à Niamey, Mohamed Bazoum a saisi la juridiction communautaire, dès septembre. Sur Rfi, son avocat Me Seydou Mohamed, a précisé que cette requête «concerne le président de la République Mohamed Bazoum, son épouse Hadiza Bazoum, son fils Salem Bazoum, qui ont été illégalement arrêtés, séquestrés et détenu arbitrairement». Dans la décision rendue, dont le contenu a été dévoilé par ses avocats, le 16 décembre 2023, le président Bazoum a obtenu gain de cause. La Cour de Justice de la CEDEAO a ordonné la libération immédiate et sans conditions du président nigérien renversé et détenu depuis le 26 juillet dernier. La Cour demandera également à ce qu’il soit réinstallé dans ses fonctions dans un délai d’un mois.
Mais, avant cette victoire juridique, Mohamed Bazoum aura été accusé de tentative présumée d’évasion, par le Procureur général près la Cour d’appel de Niamey, Salissou Chaïbou. Lors d’une conférence de presse, le mardi 31 octobre, il affirmé : «il s’agit de faits réels et non d’une mise en scène. Vingt-trois (23) personnes civiles et militaires ont été interpellées dans le cadre de cette affaire», a-t-il dit,rappelant qu’une «enquête est en cours» pour élucider l’affaire. Ce que les avocats de l’ancien Chef de l’État nient toujours vigoureusement. Mieux, Daouda Djibo Takoubakoye, Directeur de Cabinet adjoint de Mohamed Bazoum, réagissant à cette allégation, s’indignera : «Quel besoin un président qui s’évade peut-il avoir d’emmener dans sa fuite deux cuisiniers ? Comment un président qui s’échappe peut-il transporter des valises contenant de l’or, de l’argent, des bijoux et même des effets personnels aussi inutiles que des téléphones cassés et une antenne parabolique de couleur blanche ? Cette tentative d’évasion n’a jamais eu lieu et la junte tente de détourner l’attention des populations meurtries par les dures réalités de la vie», a soutenu ce proche du président déchu.
En attendant, le président Mohamed Bazoum et son épouse toujours maintenus en résidence surveillée, la posture de son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, continue de susciter des spéculations. Même s’il se défend de toute forme d’ambiguïté, la proximité du président Issoufou avec le Chef de la junte, Abdourahamane Tchiani, suscite des interrogations.
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LIONEL ZINSOU EN DÉFENSEUR DU FRANC CFA
Face aux appels à l'abolition de cette monnaie héritée de la colonisation, l'économiste fustige les "extrêmes" et en vante la stabilité. Pourtant, les critiques sont nombreuses quant à son impact sur le développement des pays africains
Lionel Zinsou, économiste et ancien Premier ministre du Bénin, a défendu sur TV5 Monde le maintien du franc CFA, monnaie commune à 14 pays d'Afrique de l'Ouest. Faisant front face aux appels récurrents pour l'abolition de cette monnaie héritée de la colonisation française, Zinsou a dénoncé les "extrêmes" qui remettent en cause cette union monétaire, garante selon lui de stabilité et d'intégration régionale.
L'ancien Premier ministre a balayé les critiques sur la supposée surévaluation du franc CFA, réfutant son impact sur la compétitivité. "Nos économies sont vendeuses en dollars, la parité importe peu", a-t-il lancé, rappelant que les pays voisins dotés de monnaies indépendantes souffrent des mêmes maux économiques. Une pique à peine voilée envers ceux qui voient dans l'écu colonial un frein au développement.
Zinsou a également relativisé l'aspiration souverainiste, arguant que la plupart des pays membres demeurent attachés à cette monnaie commune. "Un changement prendrait des années", a-t-il prévenu pour mieux décrier toute sortie "par simple décret". Un prudent rappel à l'ordre, alors que les vents de révolte ont récemment soufflé au Niger et au Mali contre le "Franc des colons".
L'ex-chef du gouvernement béninois n'a pas mâché ses mots pour fustiger aussi bien les "extrêmes droites" que les "extrêmes gauches" hostiles aux unions monétaires, un "spectre politique" qu'il juge dépassé. À contre-courant, il a plaidé pour davantage d'intégration, saluant le souhait du Sénégal de réformer le franc CFA, mais "dans le cadre des 15 pays" de la CEDEAO, l'organisation régionale.
Au moment où la contestation enfle, Lionel Zinsou, défenseur de premier plan du "Franc de la France en Afrique", s'est institué en rempart pour maintenir un lien désormais honni par une partie du continent. Un discours résolument contre-révolutionnaire, pour un franc CFA plus que jamais dans le collimateur.
TRAGÉDIE DE LA FAMILLE DIOL AUX USA, UN SUSPECT RISQUE 60 ANS DE PRISON
Âgé de 20 ans, Kévin Biu a plaidé coupable la semaine dernière pour avoir déclenché un incendie criminel qui a couté la vie à 5 membres de la famille sénégalaise Diol de Denver (Etat Unis) en août 2020.
Kévin Biu, l’un des auteurs présumés de l’incendie criminel qui a couté la vie à 5 membres d’une famille sénégalaise établie aux Usa, risque 60 ans de prison.
Âgé de 20 ans, Kévin Biu a plaidé coupable la semaine dernière pour avoir déclenché un incendie criminel qui a couté la vie à 5 membres de la famille sénégalaise Diol de Denver (Etat Unis) en août 2020.
Kevin Biu, qui est âgé de 20 ans, a accepté de purger 60 ans de prison dans le cadre de son accord de plaider coupable pour deux chefs d'accusation de meurtre au deuxième degré. En échange, soixante autres chefs d'accusation sont abandonnés dans le cadre de l'accord avec les procureurs.
Il avait utilisé l'application «Trouver mon iPhone» pour suivre son téléphone qui avait été volé. Malheureusement, il mettra le feu à la maison de la famille sénégalaise qui n’était pas celle de son voleur.
Dans la même affaire, en mars dernier, Kévin Seymour, âgé de 19 ans, a été condamné à 40 ans de prison. Il fait partie du trio arrêté dans cette affaire.
Dans ce drame, ont péri Djibril Diol (29 ans), Adja Diol (23 ans), et leur fille de 22 mois Khadija Diol, ainsi que leur proche Hassan Diol, (25 ans) et sa fille de 6 mois (Hawa Beye).
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JIMMY CHÉRIZIER, SYMBOLE D'UNE NATION À GENOUX
Haïti au bord du chaos : portrait de "Barbecue", le chef de gang qui tient Port-au-Prince sous la coupe de fer de son alliance criminelle et défie ouvertement l'État
La capitale haïtienne est aujourd'hui en proie à une violente guerre des gangs qui font régner la terreur. Au cœur de cette crise, un nom revient sans cesse : Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue ».
Ce chef de la puissante alliance criminelle G9an Family & Allies revendique le contrôle des larges pans de Port-au-Prince. Ses hommes lourdement armés défient ouvertement l'autorité de l'État et pratiquent un banditisme meurtrier à la rencontre des civils.
par Pape Chérif Bertrand Bassène
L'IMPACT D'UN DÉBAT UNIVERSITAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le "Goordjiguène" a toujours existé en Afrique : il est temps de dépasser les polémiques stériles et de produire un savoir africain sur la question. À charge pour l’Université Cheikh Anta Diop d'assumer ce rôle
Pape Chérif Bertrand Bassène |
Publication 21/05/2024
Tandis que la presse occidentale et française en particulier, nous apprend que le "Premier ministre Sonko critique les droits LGBT" (Figaro, 2024), qu’il a prévenu sur le risque de casus belli entre l’occident et le reste du monde avec sa défense de l'homosexualité (La voix du nord, 2024 ). La presse sénégalaise quant à elle - se faisant l'écho d'une société civile d’obédience religieuse et d'une classe politique qui essaie d'habiller la nouvelle forme d'opposition - a relevé que le Premier ministre Ousmane Sonko (Pmos) l’a non seulement déçue (Conférence Jamra), mais devrait en plus "retirer ses propos sur l'existence d'une tolérance envers le phénomène d'homosexualité au Sénégal" (Lequotidien, 2024).
La nouvelle opposition en gestation, que veut réanimer l'honorable Moustapha Diakhaté, n'hésite pas à accabler l'université Cheikh Anta Diop (Ucad). Elle dit condamner "l’attitude opportuniste du recteur" qui aurait "violé la décision du Conseil académique portant suspension de toutes les activités politiques dans le campus." Pour M. Diakhaté, le Professeur Mbaye, n'aurait pas dû "autoriser cette rencontre qui n’a aucun caractère officiel et scientifique encore moins y prendre part."
Nous voulons pondérer cette posture plus politique que scientifique.
Comme le dit une sagesse biblique, « nul n'est prophète en son pays ». Et certainement pas un Ousmane Sonko – "prophète du Pastef" (pour coller à l'imaginaire de ses partisans qui l'appelle Ousmane Mu sella mi) – qui a prédit et œuvré pour la chute de cette élite politique qui le sera chez les thuriféraires d’un régime fraichement renvoyé dans l’opposition politique.
Sinon, le débat que messieurs Mélenchon et Sonko ont tenu à l'Ucad 2, a bel bien un cachet officiel dès lors que c’est l’Ucad qui invite. En plus du fait que les deux hôtes du jour sont deux leaders de mouvements politiques dont l’un est de surcroit le Premier ministre du Sénégal. L’Ucad dont la devise est Lux mea lex, est par sa tradition un espace de débat éclairé pour défendre les libertés et toutes les libertés. Dès lors, il aurait été plus pertinent d’analyser l’impact national comme international de cette rencontre.
Sur le plan national, cette conférence a permis au recteur d’initier une réconciliation (que l’on espère sincère) avec la communauté estudiantine dont les nouveaux venus – qui ont accusé plus de huit (8) mois de retard – à qui il avait l’obligation professionnelle pour ne pas dire pédagogique de redonner le goût du monde universitaire. C’est en conséquence que le Professeur Mbaye a accepté humblement la critique des huées qui n’étaient que l’expression de la colère des étudiants après les mesures "intellecticides" qu'il a appliquées – le recteur n’a jamais fait preuve de prise de responsabilité consciencieuse sur l’avenir des étudiants sénégalais de l’Ucad et telles que les franchises universitaires et les libertés académiques le lui autorisaient – et qui ont terni l’image académique de l’institution.
En outre, où mieux que l'Ucad pour insuffler un tel débat sur l'avenir des relations entre l'occident et l'Afrique, avec des questions aussi cruciales comme celles des droits humains qui nécessitaient une certaine dialectique. La pédagogie dialectique, c’est ce qu’une certaine presse au service d’une nouvelle opposition n’a pas voulu faire ; elle a préféré baigner dans la culture de crétinisation de l’espace public.
Rappelons qu'un débat sur la même thématique avait déjà eu lieu en 2007 à l’Ucad, quand le président Nicolas Sarkozy était venu "présenter sa conception de l'Afrique et de son développement" aux étudiants sénégalais (Elysée, 2007). En lieu et place d’une rupture, Nicolas Sarkozy s’est révélé un Hegel d’un autre âge avec des théories qui auraient fait sourire des Léopold Sédar Senghor et autres Cheikh Anta Diop.
Or cette fois-ci, dans ce débat (d’un Mélenchon) respectueux de l’Afrique, les questions de droits de l'homme dans l'Etat (nation) sur les relations entre l'Europe et l'Afrique ont littéralement dominé. Et paradoxalement, la nouvelle opposition n'a pas remarqué que le Pmos – tant qu'à parler de démocratie et de droits de l'homme – n'a pas hésité à critiquer l'Etat, "le gouvernement français (qui n'a pas) dénoncé" l’entrave des libertés au Sénégal. Pis, relève Sonko, le président Emmanuel Macron avait accueilli et "félicité" son homologue sénégalais "au pire (moment) de la répression". C'était tout comme, "une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais dont le seul crime a été d’adhéré à un projet politique" (Casavance, 2024). Cette critique qui n'a certainement pas plu la nouvelle opposition, l'a empêché d’écouter de manière intelligible la suite du débat.
N'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. L’opposition a alors délibérément choisi de pervertir le propos du Pmos sur le phénomène "Goordjiguène". En le faisant, les journalistes et polémistes de tout acabit ont cherché à rabaisser le débat sur la place de l’homosexualité dans les rapports occident/Afrique ici posée dans l’espace universitaire, cadre scientifique par excellence et dont l’impact international est assuré.
Qui dit université dit universalité, là où comme le dit le Pmos, il faut et il est possible de "reconnaître, connaître, comprendre et accepter les spécificités" dans leur totalité. La question des mœurs par exemple, prévient-il à juste titre, risque d’être le prochain "casus belli" entre l’Occident et le reste du monde. Alors qu’elle ne peut pas se poser dans le contexte africain de manière verticale, elle "revient régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux", souvent "comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers"(Casavance, 2024). Toujours cette propension de l’Occident à se positionner comme forme de mission civilisatrice.
Ousmane Sonko ne tient pas un discours que ne peut entendre le monde universitaire, quand il fustige la prétention scientifique de l’Occident qui croit savoir que les "sociétés (africaines) ne connaissaient pas ces questions". Ce qu’il réfute donc en insistant sur le fait que chaque société "a établi et perpétue librement ses mécanismes d’absorption des effets sociaux qu’il faut respecter dans la limite de l’humainement raisonnable" (Casavance, 2024).
La théorie que défend le Pmos est ce qu’on appelle dans le monde de la recherche scientifique, les épistémologies du sud ou décoloniales. Ainsi demande-t-il une certaine "prudence" par rapport à cette problématique, demande de tempérer une certaine hégémonie de leurs systèmes de savoirs occidentaux. Car au Sénégal par exemple, le phénomène "Goordjiguene" n’est pas que "toléré", c’est une matérialité que les communautés historiques sénégalaises "gèrent et continuent de gérer à leur façon et selon leurs réalités socioculturelles".
En Afrique, le respect de la vie privée est une question très hautement morale et non légale. Ainsi dans l’Etat-nation où la présence d’Etat n’est pas encore totalement effective en termes de lois qui reconnaissent les droits et devoirs de chaque individu ; on n’en est pas encore arrivé à ce stade où le "borom niari tour" doit revendiquer un statut d’individu titulaire de droits et libertés du seul fait de son orientation sexuelle. Après tout, c’est l’Etat-nation d’héritage qui a appris les Africains à criminaliser l’homosexualité. Tous les journalistes et polémistes pro-loi sur l’homosexualité ne font en réalité que perpétuer honteusement un vieil héritage de l’Etat colonial. Alors même que le "Goordjiguène" existait comme individu dans nos communautés et conformément aux cadres de régulations sociales africaines qui doivent désormais rester comme la référence pour les Africains.
D’ailleurs, c’est comme en Europe où un "borom niari diabar", aurait des problèmes par ce qu’il "s’attaquerait au mode de vie" des Français s’il voulait faire reconnaître ses deux femmes comme individus avec des droits et des devoirs dans la loi française...Et pourtant au Sénégal, le code civil reconnait les coépouses comme personnalités juridiques !
Le monde est mutant et sera métissé ; ce n’est pas aux enfants du président Léopold Sédar Senghor qu’on va apprendre cela ; un jour viendra peut-être quand les Français reconnaitront la polygamie.
Le débat est complexe certes, mais pour autant, les Africains sont en mesure de le régler. Elle nécessite une certaine pédagogie politique, et à charge pour l’université sénégalaise de produire les connaissances qui vont avec cette pédagogie. D’ailleurs, parce que ce débat s’est posé à l’Université Cheikh Anta Diop, toutes les universités du monde ont le regard tourné vers l’université sénégalaise. Car c’est un défi qui est lancé au monde entier, une mission que le Pmos donne aux intellectuels sénégalais en qui il fait plus confiance pour produire les connaissances sur le sujet.
Gageons que les programmes de recherches tendant à promouvoir une perspective africaine des questions de démocratie et des droits de l’homme feront légion bientôt à l’Ucad et ne ferons que redorer l’image de l’université sénégalaise.
Pape Chérif Bertrand Bassène est maître de Conférences, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
L'UNIVERSALITÉ DE LA CPI REMISE EN CAUSE
"Cette Cour est faite pour l'Afrique" : le procureur de la CPI dévoile les propos inédits d'un haut responsable qui ont jeté un froid sur son action alors qu'un mandat d'arrêt international est lancé contre Netanyahu pour crime de guerre présumé à Gaza
Dans une révélation choc, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a rapporté qu'un haut responsable politique lui aurait déclaré sans détour : "Cette cour est faite pour l'Afrique et pour les voyous comme Poutine". Une affirmation qui remet en cause la vocation universelle de la juridiction basée à La Haye. Pourtant, M. Khan a fermement rejeté cette vision réductrice dans une interview accordée à CNN.
"Nous ne la voyons pas comme ça. Cette cour est l'héritage de Nuremberg", a-t-il insisté, défendant la noble mission de l'institution née des cendres de la Seconde Guerre mondiale pour juger les pires crimes contre l'humanité.
Les propos controversés du dirigeant non identifié surviennent dans un contexte particulièrement tendu, après l'émission par la CPI de mandats d'arrêt internationaux visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des chefs du Hamas pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël. Une décision vivement critiquée par le président américain Joe Biden comme "scandaleuse", son pays étant un proche allié d'Israël.
Selon M. Khan, la situation "malheureusement se situe sur la faille de San Andreas de la politique internationale et des intérêts stratégiques". Il a admis avoir été confronté à des dirigeants élus qui lui ont parlé "très franchement".
Malgré ces pressions, le procureur a réaffirmé avec force la vocation universelle de la CPI. "Cette cour devrait être le triomphe de la loi sur le pouvoir et la force brutale. Prenez ce que vous voulez, faites ce que vous voulez, nous ne nous laisserons pas dissuader par des menaces ou d'autres activités", a-t-il martelé, cité par CNN.
Lorsqu'il a reçu des menaces de ne pas s'en prendre à Israël, le procureur de la CPI @KarimKhanQC révèle qu'un "haut dirigeant" lui a dit que la CPI "est faite pour l'Afrique et pour des voyous comme Poutine", et non pour l'Occident et ses alliés.
EXCLUSIF SENEPLUS - Elle nous enseigne à penser l'eau, à chaque seconde, chaque jour durant, à mieux réaliser nos dilapidations ordinaires, et à la mignonner goutte à goutte comme nous devrions le faire toulitan, en ressource précieuse, fragile
Bienfaisante sécheresse, qui nous amène à désirer la pluie, au point qu'une journée pluvieuse, n'en déplaise à l'imagerie occidentale, serait, enfin, à ce niveau de conscience, une bien jolie et belle journée.
Bienfaisante sécheresse. Elle nous révèle notre esprit épicier, rapia du nord rapia du sud rapia du centre, loin de toute vision d'ensemble, qui nous prive ( dans notre micro-espace ) d'une intelligence de l'en-commun du manque ; et nous illustre notre perte de la-main-solidaire des traditions du Lasotè ou des philosophies conviviales du Bèlè.
Bienfaisante sécheresse. Elle nous enseigne à penser l'eau, à chaque seconde, à chaque instant, chaque jour durant, à mieux réaliser nos dilapidations ordinaires, et à la mignonner goutte à goutte comme nous devrions le faire toulitan, en ressource précieuse, fragile, à respecter, à préserver, à conserver, à recycler, car elle nous sera très certainement enlevée dans les aridités prochaines du changement climatique.
Bienfaisante sécheresse. Elle nous montre comment nous vivons en mode déterritorialisé, hors sol, ignorants du contexte Caraïbe, au point que nos collectivités, nos mairies, nos écoles, nos hôpitaux, nos cabinets médicaux, nos Ehpad, nos maisons, nos refuges éventuels ... ne disposent même pas d'une citerne stratégique capable de faire face à ce petit-mille-fois-moins-pire-que-ce-qui-nous attend-dans-les-vingt-ans-qui-viennent.
Bienfaisante sécheresse. Elle nous rappelle à quel point nos équipements de captage, de traitement, de canalisation, de distribution, de mutualisation et de maintenances sont obsolètes, et combien nos capacités de renouvellement et d'anticipation sont indigents, ce qui devrait nous donner l'envie d'y porter la manœuvre car plus tard est assuré plus triste.
Bienfaisante sècheresse qui nous intime, à l'horizon du voumvak climatique, de quitter cette déresponsabilisation diffuse, ce renoncement à soi que l'on crie Outre-mer, pour retrouver une pensée politique, une rigueur de l'agir, et pour ainsi œuvrer, en dignité et responsabilité, à «Faire-pays. »
Bienfaisante et innocente sécheresse qui nous baille la leçon. Je n'en suis que témoin.
Par Madiambal DIAGNE
LE DÉSASTRE MÉLENCHON
Quelle bienveillance le Sénégal pourrait-il espérer de la France que son Premier ministre pourfend publiquement et offre une tribune officielle à un opposant que Macron ne voudrait pas voir même en peinture ?
L’invitation de l’homme politique français Jean-Luc Mélenchon au Sénégal par le Premier ministre Ousmane Sonko est, on ne peut plus, inopportune. Ousmane Sonko a certes tenu à faire savoir que l’invitation a été servie à un allié politique, peut-être un «camarade», au titre des relations internationales de son parti politique Pastef. On aurait pu accepter cette façon de présenter les choses, si tant est qu’avant le jour de la visite, Pastef et les «Insoumis» aient entretenu des relations suivies ou de compagnonnage sur la scène internationale, ou que Ousmane Sonko eût rencontré Jean-Luc Mélenchon ou au moins aurait eu à lui adresser une invitation ou une quelconque missive. Il n’y a rien de tout cela. Cette invitation était tombée comme une surprise qui s’est révélée finalement être une bien mauvaise initiative pour le Premier ministre du Sénégal et son camp politique. Il faut dire que c’est de tout bénéfice pour Mélenchon qui ne détient même plus de mandat électif, mais c’est à l’opposé une grosse bourde pour son hôte.
Après quelques dictatures finissantes d’Amérique du Sud, d’autres autorités officielles d’un pays trouvent Mélenchon fréquentable pour l’inviter et lui dérouler le tapis rouge. Que le Sénégal se mette sur la même ligne politique et diplomatique, montre l’étroitesse d’ambition de nos dirigeants ! Cette invitation a pu donner à Jean-Luc Mélenchon dont la cote de popularité s’est dégradée dans son propre parti «La France Insoumise» et encore plus dans l’establishment politique de son pays, une tribune dans une prestigieuse université pour faire son show. Il a pu chercher à séduire un électorat d’origine africaine vivant en France. On relèvera néanmoins qu’il s’est gardé fort sagement de lancer des diatribes ou des piques à Emmanuel Macron. En effet, une tradition bien ancrée dans l’esprit des hommes politiques français est de ne point s’en prendre aux dirigeants de leur pays à partir de l’étranger. Sans doute, les nouvelles autorités sénégalaises en apprendront une leçon. Par contre, Ousmane Sonko n’a pas eu la même retenue, le tact ou la convenance. Dans un élan de provocation, il s’est permis de pourfendre la politique de Emmanuel Macron, sous les applaudissements de ses partisans. La France appréciera. Serait-il nécessaire de lui rappeler que le chef de l’Etat français ne saurait être son alter ego ou son interlocuteur ? Résultat des courses ?
Le Sénégal a tout à perdre dans cette opération
Ousmane Sonko a, de tout temps, pourfendu les relations de proximité de nos dirigeants avec leurs homologues francais. Il a considéré cela comme une certaine inféodation. Un tel discours d’opposant n’est pas nouveau en Afrique, où la «Françafrique» a été dénoncée avec beaucoup de commodité, par tout opposant qui se voudrait tant soit peu «panafricaniste» ou soucieux des intérêts des peuples africains. Une fois arrivés au pouvoir, les dirigeants de Pastef s’empressent d’afficher leur proximité avec d’autres milieux politiques français. Cela donne raison à Léopold Sédar Senghor qui rétorquait malicieusement à son opposant Cheikh Anta Diop que «chacun a son Français et, à l’occasion, sa Française». Toute une histoire !
Dans le cas d’espèce, on devra noter que le Sénégal ne saurait, dans l’immédiat, tirer un trait de plume sur ses relations avec son premier partenaire économique, la France. Quelle sera alors la posture du gouvernement de Ousmane Sonko devant les autorités officielles françaises pour discuter de partenariat, encore que, c’est assurément le Sénégal qui se trouve dans une posture d’avoir besoin, de manière urgente, de la France, et non le contraire.
Quelle bienveillance le Sénégal pourrait-il espérer de la France que le Premier ministre pourfend publiquement et en offrant une tribune «officielle» à un opposant que le président Macron ne voudrait pas voir même en peinture ? On sait les mesures de représailles que le gouvernement français avait appliquées contre le Sénégal, après l’audience que le président Macky Sall avait accordée à Marine Le Pen, leader du Rassemblement national, en janvier 2023. Pourtant, le régime de Macky Sall était réputé avoir de meilleures relations avec les «macronistes» que l’actuel tandem Diomaye-Sonko. Macky Sall avait été brièvement visité par un esprit de souverainisme ! La France de Macron qui avait retenu après cet épisode, une partie de l’aide budgétaire accordée au Sénégal, se ferait-elle violence ou ferait-elle preuve de transcendance jusqu’à faire, pour le nouveau gouvernement, notamment sur le traitement des questions comme le service de la dette ou de nouveaux financements ou encore un portage des préoccupations du Sénégal devant les institutions de Bretton-Woods, plus qu’elle n’avait fait pour Macky Sall ? Plus que jamais, le Sénégal aura besoin, dans les semaines à venir, du soutien des administrateurs français au Conseil d’administration du Fonds monétaire international. Il n’est pas sûr qu’ils prendront leurs instructions de JeanLuc Mélenchon ! Si Ousmane Sonko voulait faire de la provocation ou un pied de nez à Emmanuel Macron, il risque de l’apprendre à ses dépens.
Le président de la République, quant à lui, semble rester dans une certaine «normalité» et continue de dire à qui veut l’entendre qu’il souhaite avoir des relations normales avec la France.
Bassirou Diomaye Faye n’a pas reçu Mélenchon
Les péripéties de la visite de Jean-Luc Mélenchon à Dakar révèlent-elle une certaine cacophonie ou une dualité au sommet de l’Etat entre le Premier ministre Ousmane Sonko et le président de la République Bassirou Diomaye Faye ? Le chef de l’Etat n’a pas rencontré le «grand invité», qui a passé quatre jours au Sénégal, du 14 au 18 mai 2024. En tout cas, personne n’est au courant d’une telle audience. Cela apparaît comme une incongruité aux yeux de nombreux observateurs. Est-ce un partage des rôles entre le Président et son Premier ministre, lequel resterait sur le terrain du populisme tandis que le chef de l’Etat garderait les bonnes convenances diplomatiques ? Jusqu’où grand monde s’y tromperait longtemps ? De toute façon, la visite de Jean-Luc Mélenchon a suscité une polémique fort préjudicielle pour l’image du Premier ministre Sonko. Sa «tolérance» affichée pour la cause Lgbt jure d’avec ses déclarations antérieures. Il a toujours bâti sa propagande politique en promettant de lutter farouchement contre la franc-maçonnerie et l’homosexualité. Ousmane Sonko et ses partisans accusaient le régime du Président Macky Sall de faire la promotion de telles contre-valeurs sociétales au Sénégal. D’ailleurs, avaient-ils embarqué dans cet élan bien des milieux religieux. L’invitation à Jean-Luc Mélenchon et surtout son discours plaidant la cause Lgbt, a sonné comme un reniement de leurs professions de foi.
Devant le président américain Barack Obama, Macky Sall avait été sans ambiguïté pour le refuser. L’autre point négatif de l’initiative de Ousmane Sonko aura été qu’un Premier ministre qui se trouve dans une situation de faire face aux plus grandes urgences de sa déclaration de politique générale ou de tenir ses promesses de réduction du coût de la vie ou même d’organiser les services de l’Etat, préfère trouver du temps pour recevoir un invité qui ne représente pas un gouvernement et deviser sur des questions idéologiques. En effet, les priorités devraient être à autre chose, comme finaliser le fameux Projet, vendu en rêve aux Sénégalais et au moins de finir de s’installer et de prendre en main les affaires de l’Etat, avant de s’occuper à animer des conférences publiques.
Ousmane Sonko souffrirait-il tant que Bassirou Diomaye Faye soit actif sur la scène internationale alors que lui-même n’y soit pas encore visible ? Est-ce la raison pour laquelle le Premier ministre qui n’a pas encore daigné visiter l’intérieur de son propre pays, voudrait faire de la «diplomatie», au titre de son parti politique et ainsi a-t-il encore annoncé un déplacement à l’étranger pour visiter des régimes putschistes au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger ? Ironie de l’histoire, il n’aura pas le prétexte de prétendues relations entre partis politiques à entretenir dans ces pays. A ce que l’on sache, ces régimes ne s’appuient guère sur des formations politiques mais sur la puissance de feu de leur artillerie contre leurs populations ! Au demeurant, devrait-on lui enseigner que la diplomatie reste l’un des domaines les plus réservés du président de la République ? A ce rythme, il sera difficile de ne pas croire à une ambiance de rivalité ou de compétition entre le Premier ministre et le président de la République… Ce serait bien très prématuré, il faut le dire !