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25 novembre 2024
Politique
LE TCHAD À L’ÉCOLE DU SÉNÉGAL
À l'occasion d'une visite à Dakar, la ministre tchadienne s'inspire du modèle sénégalais et obtient le soutien de son homologue dans sa quête de diriger l'ASECNA
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Monsieur Malick Ndiaye, a reçu, hier mardi, la ministre des Transports et de l’Aviation civile du Tchad, Madame Fatime Goukouni Weddeye. Accompagnée d’une forte délégation, dont le Ministre des Affaires étrangères du Tchad, Monsieur Abderaman, et l’ancien ambassadeur, Adoum Younousmi, Madame Fatime Goukouni Weddeye, qui effectue actuellement une visite au Sénégal pour solliciter le soutien de Dakar à la candidature du Tchad au poste de directeur général de l’ASECNA, a déclaré qu’elle est venue pour “s’inspirer” de la politique nationale des transports du Sénégal. Dans son discours, elle a salué les efforts du Sénégal dans la modernisation de ses infrastructures et de son système de transport.
“Nous voulons développer un partenariat d’échange et de partage d’expérience avec le Sénégal, qui a bâti un système de transport moderne à travers son aéroport international (AIBD), son TER, son BRT et sa compagnie aérienne Air Sénégal”, a expliqué Madame Fatime Goukouni Weddeye. “Nous voulons nous inspirer des textes et des procédures du Sénégal. Nous voulons savoir ce qui se fait ici dans le domaine des transports”, a-t-elle conclu.
Prenant la parole, le Ministre Malick Ndiaye, dans un discours aux accents panafricanistes, a exprimé à sa collègue tchadienne sa satisfaction et ses remerciements pour l’intérêt que son pays porte au système de transport sénégalais. “Le Tchad est un pays frère du Sénégal et peut compter sur l’expérience, l’expertise, la volonté et la générosité du Sénégal pour bâtir son système de transport”, a-t-il déclaré. “Le Sénégal mettra à la disposition du Tchad ses différents experts dans le domaine du transport”, a-t-il ajouté. C’est dans ce sens qu’il a invité sa collègue à faire venir au Sénégal une mission d’experts pour s’imprégner des bonnes pratiques en matière de transport.
“Les États africains doivent, entre eux, être en mesure de partager leurs expériences en matière de transport. Plus nous sommes unis, plus nous sommes forts”, a-t-il estimé. “L’Afrique, malgré sa diversité culturelle, constitue un même peuple”, a-t-il affirmé. Le ministre n’a pas manqué de souligner les projets de désenclavement du gouvernement du Sénégal. Pour lui, le désenclavement reste un grand défi pour les gouvernements africains. Mais ce défi est réalisable, selon les deux jeunes ministres, qui estiment que grâce à leur jeunesse et leur dynamisme, ils réussiront à réaliser les projets de leurs gouvernements.
Par Henriette Niang KANDE
LA KERMESSE DES VANITÉS
Depuis peu, ce pays succombe à un singulier manichéisme qui sape les fondements de notre vivre-ensemble. On ne peut dégager un avenir en s’imaginant que gouverner c’est passer son temps à dénoncer les autres et fixer sa propre histoire en dogme
La première génération de notre élite nationale, très largement promue grâce à une logique socioprofessionnelle initiée par la France, était essentiellement constituée à partir du mouvement syndical largement dominé par les enseignants et «les médecins africains». La deuxième génération est arrivée avec sa vague d’administrateurs civils, mettant en œuvre les politiques de développement exigées par l’aide bi-ou-multilatérale ou les organismes internationaux
Puis, elle s’est mise à faire de la politique. Avec la troisième génération constituée de techno-économistes, c’est la transnationalité qui devient signe et repère de l’excellence, tout en n’ayant pas les moyens d’investissements économiques et financiers des politiques qu’ils prônaient. Ce fut une période de « leurres et lueurs » durant laquelle l’élite dirigeante ne disposait que d’un pouvoir virtuel, avec des sens et des postures plus exogènes qu’endogènes. Une troisième alternance arrivée en mars 2024, propulse des inspecteurs des Impôts et des Domaines entrés en politique, opposants farouches puis vainqueurs de l’ancien régime, monopolise tous les débats, des plus graves aux plus futiles sur une scène politique qui ressemble de plus en plus à un vaudeville, une grande kermesse des vanités.
De ces vagues générationnelles il ressort que notre élite politique, depuis l’indépendance, a toujours été confrontée à des crises profondes qui ne sont pas seulement économiques puisqu’elles affectent y compris les ressources imaginaires de son identité, du fait qu’elles n’ont jamais disposé à proprement parler, des moyens de leurs promesses. Les crises sont souvent des moments de basculement. C’est le cas de notre vivre ensemble. Il est est en train d’être très dangereusement menacé. Des fragilités éclatent au grand jour, des innovations s’accélèrent, des mouvements de fond émergent soudain en surface. Sans doute sommes-nous à l’un de ces tournants. Dans de nombreux domaines, les évolutions s’exacerbent, et observateurs ou analystes s’accordent à reconnaître que l’hérésie est au fondement et à l’origine de ce nouvel ordre sociopolitique, économique, culturel, idéologique. C’est dans ce cadre, que notre commun vouloir de vivre ensemble est de plus en plus mis à l’épreuve. Il apparaît comme une remise en question radicale de sens et/ou postures jusque-là plus ou moins efficaces, dans l’espace social sénégalais. De ses effervescences surgissent individuellement ou en masse, des troupes, composées d’incendiaires bas de gamme. Ils jettent leur huile sur le feu, dont on finit par se demander s’il cela ne les réjouit pas. D’autre part, il y les incendiaires de luxe, qui, certains de leur importance, emblèmes médiatiques contestables, mais perçus irremplaçables projettent une réalité qu’ils divisent sciemment : les lumières pour leur camp, les ombres contre les autres, considérés comme un soufre dévastateur. C’est le côté fascinant et quelques fois horrible de la politique.
Les diverses réactions suscitées la semaine dernière par la sortie du Premier ministre devant ses hôtes-cracks qu’il invitait pour magnifier leurs performances scolaires en sont une preuve. « On n’acceptera plus que le voile soit interdit dans certaines écoles ». Ce week-end, tout s’est accumulé : l’arrivée légitime du nouveau régime aux affaires, l’implication présidentielle minimaliste, les phrases provocatrices, des attitudes frôlant l’arrogance du Premier ministre et une étrange atmosphère de cour où il semble qu’une solitude impérieuse dissimule quelque dessein, dont il n’arrive pas à se défaire parce qu’il tient plus à ce qu’il est qu’à ce qu’il accomplit ou non. Peut-être faut-il chercher à appréhender l’influence de ses obscurités et le poids de son histoire personnelle pour comprendre la foudre et la violence de cette personnalité qu’on dit brillante mais vindicative, où se glisse un récit d’offenses intimes et de frustrations personnelles ? Dans un article publié dans les colonnes de Sud Quotidien le 19 septembre 2019, suite à ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire Jeanne D’arc», Vieux Savané fait observer que « sur un effectif de plus de 1700 élèves, 23 d’entre elles sont d’origine libano-syrienne, d’obédience chiite, soutenue par le Hezbollah et l’Iran». Ces élèves, passant outre le règlement intérieur de l’institution, avaient décidé qu’elles ne partageraient plus le même table-banc avec des camarades garçons et n’iraient plus au cours de gymnastique pour cause de présence masculine. C’était la raison essentielle de leur renvoi.
Le Premier ministre ignorait-il qu’un accord avait été trouvé, qui réintégrait en classe les élèves voilées à condition de porter l’uniforme obligatoire assorti d’un voile qui ne le cacherait pas et suivre tout autant obligatoirement tous les cours. Cet accord, obtenu après un dialogue pour dégager toute confusion et toute manipulation, est la preuve du respect à la fois de la liberté religieuse, et d’un vivre-ensemble, malgré les différences. Comme pour dire que c’est à l’école qu’on apprend le vivre-ensemble, que la cohésion et le lien social vivent en son sein. Cet environnement, telle une éponge naturelle, absorbe le savoir-vivre et s’en nourrit inlassablement. Car la vie a toujours été assise sur les bancs scolaires, même si l’école est marquée par le temps, les époques, les crises, les générations, les controverses, les polémiques. C’est cette approche qui a rendu féconde notre école.
Que s’est-il donc passé entre 2019 et le week-end dernier pour que le pays tremble ou fait mine de trembler face au voile ? La « question du voile », qui fait tant s’agiter la société, témoigne à n’en plus douter de ce nouveau phénomène qu’est le délitement de notre vivre-ensemble, particularisme si sénégalais ! Les polémiques donnent à voir une inquiétude nouvelle sur le devenir collectif au sein d’un Sénégal lui-même incertain de son identité.
C’est quand une élite est au pouvoir que le peuple se rend compte que derrière l'apparence des conduites et des décisions se cache l’humus des caractères, la subjectivité souvent débridée et perturbée de certaines personnalités. Comment peut-on croire qu’en interdisant l’expression d’idées différentes, ou en « interdisant d’interdire », dans une brutalité atavique un certain port vestimentaire qu’on se mettra à l’abri du pire ? Depuis un certain temps, ce pays succombe à un singulier manichéisme qui sape les fondements de notre vivre-ensemble qui est son identité. On ne peut dégager un avenir en s’imaginant que gouverner c’est passer son temps à dénoncer les fautes des autres et fixer sa propre histoire en dogme. Malgré de nombreuses promesses, une grande frange de la population est au bord du gouffre à pauvreté, dans un Etat dans l’angoisse de ce qui l’attend, face à des identités imaginaires bâties à la hâte pour exiger une reconnaissance comme un dû, dans un climat de crispations et de méfiance qui rejoint, chez certains le sentiment d’une accélération de leur marginalisation.
Pour gouverner un pays, il faut connaitre au minimum sa conscience historique et sa moralité communes. Parce qu’on ne peut réaménager une conscience collective, ceux qui nous gouvernent ne sauraient être ignorants du travail de la mémoire, du dialogue continué avec le passé qui est indissociable de notre vivre ensemble, de l’exercice de nos libertés (je ne parle pas de licence). Dans le cas contraire, ce sont la liberté, le civisme, la vérité qui sont perdants, pasteurisant ainsi, la démocratie gagnée suite à des luttes épiques face à des élites politiques de toutes sortes qui se sont accordé le droit de penser, de parler, d’écrire, de choisir et d’exclure, quelque fois dans un délire si ce n’est des hérésies et des partialités assumées avec bonne conscience, qui sont loin d’expliquer les coups de dés erratiques, prenant des préjugés favorables ou pas pour des vérités révélées donc absolues.
La polémique née depuis le week-end dernier doit nous faire savoir raison garder pour revenir à cette intelligence qui nous unit au lieu de nous confronter à cet ébranlement conjoint dans lequel nous pensons aujourd’hui, les rapports du privé au public, de l’individuel au collectif, du corps et des croyances de chacun, au corps social. Là est notre salut.
CSM, LA PRÉSENCE DU PRÉSIDENT EST COMME UNE FORME DE VIOLATION DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS
Pour Me Pape Djibril Kanté, "on a besoin d'un magistrat, juge ou d'un décideur qui doit être dans des conditions à ne pas être influencé, ni techniquement ni statutairement, une fois qu'il est sur le banc".
Maitre Pape Djibril Kanté est un avocat sénégalais établi au Canada, spécialiste en gestion des collectivités locales. Il est actif dans les débats politiques et s’intéresse aux questions liées aux droits humains et contractuels. Sympathisant du Pastef, il a travaillé pour la réussite du Projet porté par Ousmane Sonko, estimant que ce dernier est le mieux placé pour relever les défis du pays. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, il donne son avis sur les affaires judiciaires du pays, les contrats pétroliers, les nominations et les cent jours de Diomaye à la tête du pays.
Le Projet vendu aux Sénégalais par le Pastef n'est toujours pas prêt. Comment appréciez-vous cela ?
Techniquement ou dans une quelconque instance, je n'ai pas participé à la rédaction du Projet, même si je peux avoir, par des moyens détournés, fait des inputs, des avis que je peux partager, mais il faut comprendre que c'est un parti qui existe depuis 2014. Depuis, ils sont présents sur la scène politique. Ils déclinent leur vision, leurs discours dans tous les domaines quasiment. Le président Sonko était à l'Assemblée nationale et combien de fois n'a-t-il pas exposé sa vision ?
Donc, les Sénégalais ont largement eu le temps d'absorber et de digérer son discours, son programme, sa vision. Peut-être que c’est pour cela que les gens n'ont pas eu de difficultés à le choisir et ont eu le temps qui leur a permis de connaître réellement la personne et savoir vers où elle veut nous mener. Cela explique aussi quelque part malgré la diabolisation, une certaine fébrilité autour de lui, les attaques, etc.
Les gens ont su faire la part des choses entre ce qui l'est, ce qu'il veut pour le pays et comment il veut y aller. Maintenant, quand on arrive au pouvoir, c'est sûr qu'il y a des ajustements à faire.
Si on prend l'ancien régime qui est venu en 2012, c'était le "Yonou Yokuté". Mais une fois au pouvoir, il y a eu des ajustements à faire parce qu'on est dans le cadre d'une coalition et il y a une nouvelle réalité. On va redéfinir et recadrer un peu la vision globale, la mettre sur orbite avec des experts ou des éléments nouveaux qu’on va y intégrer ou d'autres éléments à élaguer.
Mais clairement, on est dans les temps d'une rédaction beaucoup plus affinée, pointue par rapport surtout aux nouvelles réalités qu'on va trouver dans le pays.
Globalement, les gens savent où ils vont. On n'est pas avec des gens qui découvrent avec une feuille blanche. Des gens qui ont attendu le jour de leur élection pour réfléchir sur quoi faire. Non ! Ces gens savent où ils vont.
D'abord, l’on sait qu’ils ont blanchi sous le harnais. Ils sont des experts dans leurs domaines. Ce sont des fonctionnaires qui ont eu une longue carrière, une grande connaissance de l'État. Ce qu'on ne sait pas souvent, c'est que bien qu'ils étaient dans l'opposition, notre pays est rempli de patriotes. On n’aurait jamais pu arriver à de tels résultats si l’on n’avait pas des patriotes à l'intérieur de l'État.
Vous pensez que c’est le temps approprié pour écrire ?
Le président et son équipe peuvent très bien prendre leur temps. Entre le "Yonou Yokouté" et le PSE, il y a du temps de formation. On n'aura pas besoin d'aller payer des milliards pour rédiger quoi que ce soit. Les gens ont le temps. Le seul souci, c'est qu'on n’a pas le temps de vulgariser ça parce que le pouvoir et les événements ont fait que les gens n'avaient pas le temps d'échanger des idées. On était dans une posture de légitime défense par rapport à des agressions multiples. À l'Assemblée nationale, il n’y avait pas de débat d’idées, ces dernières années, mais des échanges d'invectives. Dans le débat national, c'était des problèmes extrajudiciaires ou judiciaires. Mais rien qui nous renvoyait vers des débats sérieux, fondés sur les idées.
En somme, Sonko n'est pas quelqu'un qui n'est pas en mesure de livrer la marchandise, puisqu'il a écrit depuis des années des ouvrages où l’on peut aller puiser des informations. Le programme Pastef est tellement éloquent, étoffé qu'il suffit aux gens d'ouvrir leurs livres, les parcourir, voir ce qui est proposé aux Sénégalais pour être édifié.
Maintenant, comme je dis, dans tout programme, il y a des ajustements et dans ce pays tout est priorité.
On parle aussi de la renégociation des contrats pétroliers. En tant qu'expert est-ce une bonne idée ?
On parle de renégociation parce qu'il y a un préalable où les conditions de signatures ou les obligations de chacune des parties, selon beaucoup de Sénégalais, n'était pas très en faveur du pays. On estime qu'une certaine personnalité de l'ancien régime a donné la part trop belle, pour x raisons, à nos partenaires. Mais la renégociation, que cela soit dans le domaine pétrolier ou dans un autre, elle est possible. On nous avait dit que les partenaires risquaient de se retirer. Mais dans le cas des contrats pétroliers, la renégociation est quelque chose de très récurrent, parce que ça fluxifie. Les situations peuvent changer. Les partenaires peuvent réajuster leur prétention. Surtout que dans ce domaine, il se trouve manifestement que les anciens dirigeants du Sénégal n'avaient pas sauvegardé nos intérêts de la meilleure des façons.
Donc, on vient avec une nouvelle posture, de nouveaux arguments. Les partenaires techniques et financiers pétroliers savent où sont leurs intérêts. Est-ce qu'ils sont prêts à engager un bras de fer face à un pays où ils ont investi ? Comme on dit, il vaut mieux une bonne entente, une bonne négociation qu'un procès. Ils savent très bien ce qui est raisonnable sur le marché, quels sont les prix et les prétentions. On n'est pas là pour dire qu'on va tout casser, mais juste pour dire que vous venez exploiter nos ressources, voici ce qui est raisonnable comme prétention de notre part et qui est légitime et vous en avez pris trop.
Donc, il faut un rééquilibrage et c'est dans leurs intérêts, vu que de toute façon, on arrivera au terme de ces contrats. À un moment, si cela ne nous arrange pas, on va dire que le contrat est arrivé à son terme et on va chercher d'autres gens. Est-ce que ça les arrange ? Je ne le pense pas, parce qu'une fois qu'ils sont là et ont fait leurs investissements, on est censé aller vers des partenariats assez longs qu'on espère mutuellement satisfaisants. Chacun est parfois obligé de prendre sur soi, ajuster ses prétentions sans léser les autres. On ne dit pas qu'on va les chasser, léser, mais réajuster dans une logique de gagnant-gagnant. Les autres le savent et je pense même qu'ils sont dans l'optique d'ouvrir les négociations et d'acquiescer.
Tout dépend du domaine, mais je ne vois pas un partenaire avec tous les investissements consentis se braquer parce qu’on veut revoir certaines choses. Ce n'est pas toujours une question d'argent, mais d'image. Quelle est l'entreprise qui a envie d'aller dans un procès et une ronde de négociations où les médias internationaux vont savoir dans quelles conditions nébuleuses ont été signées telle et telle chose ? Ce n'est pas bon pour le business. Des fois, pour garder une bonne réputation, il vaut mieux lâcher du lest.
La réforme de la justice a été au cœur du Projet. Il y a eu les Assises de la justice et il a été question, au cours des discussions, de la présence du chef de l’État au Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Quel est votre avis sur la question ?
J'ai l'impression qu'on réduit la réforme de la justice à la présence du chef de l'État au Conseil supérieur de la magistrature. Alors que tant s'en faut. Aujourd'hui, je pense même que la première des réformes et l’une des plus fondamentales est la réforme du système judiciaire. Il faut une refonte totale du système judiciaire. Il faut réconcilier les populations à leur justice, les justiciables avec leur justice. Qu'il la connaisse et la définisse. C'est quoi, quelle justice, voulons-nous ? Comment voulons-nous qu'elle nous traite ? Par rapport à cela et tout ce que nous avons eu comme problèmes ces dernières années, la justice a eu une très grande responsabilité là-dedans. Malheureusement, la vérité est que le chef de l'État de l'époque, dans son agenda politique, a utilisé la justice pour arriver à ses fins. C'est vraiment vers la fin, quand il n'en pouvait plus, qu'il s'est retourné vers les conseillers (Conseil constitutionnel).
Il y a une refonte totale à faire pour une indépendance. Cette dernière ne se réduit pas au président qui peut donner des injonctions ou qui peut influer sur le cours de la justice. C'est une approche multisectorielle autant en prenant des mesures statutaires légales qui font que le président ne peut pas influer une fois qu'un juge est nommé sur le cours, processus de la justice. Je donne le cas où un juge est saisi d'un dossier et qu'il commence à le traiter, comme c'était le cas de la Crei, que le président ne puisse plus émettre un juge qui est déjà saisi tant que l'instance de son dossier n'est pas terminée. C'est une forme d'indépendance.
Le fait aussi que le juge ne puisse pas avoir la latitude d'interpréter de façon élastique les termes de la loi est une forme d'indépendance. Il faut comprendre que l'indépendance de la justice n'est pas pour le magistrat, c'est pour les justiciables, parce qu'à partir du moment où le justiciable est un peu à la merci, soit d'une interpellation instable large libérale de la loi dans tous les domaines, on est dans une insécurité juridique.
Donc, on a besoin d'un magistrat, juge ou d'un décideur qui doit être dans des conditions à ne pas être influencé, ni techniquement ni statutairement, une fois qu'il est sur le banc et qu'il agit, par qui que ce soit. Aussi, que son indépendance soit garantie de façon matérielle et financière. Je pense que c'est réglé. Mais aussi qu'on ne puisse pas influer sur sa carrière par crainte d'une décision qui peut être favorable ou pas aux politiques.
Donc, la présence du président en tant que tel au conseil n'est pas obligatoire, mais je peux comprendre que certains puissent concevoir qu'il le faut parce qu'on n'est pas à un niveau de maturité dans nos institutions qui font qu'on ne peut plus se passer de lui. Mais dans un système normal, il faut une séparation des pouvoirs Judiciaire, Exécutif et Législatif. Quelque part, pour moi, la présence physique du président la République est comme une forme de violation de cette séparation. Pour moi, une fois qu'il est nommé, il doit se retirer. Mais cela suppose aussi que l'institution judiciaire ait les reins assez solides, soit assez mature pour pouvoir se réguler de l'intérieur. Sinon, on va renvoyer une image qu'on dit tout le temps : la République des juges. Ça aussi, ça se règle par la loi.
En effet, il faut de la même façon que le président ou l'Exécutif ne s'immisce pas dans la fonction de la justice, il ne faut pas non plus donner un chèque en blanc aux juges pour qu'ils puissent faire tout et n'importe quoi. La loi, en ce moment, vient les encadrer. Eux, ils n'inventent pas la loi, ils l'appliquent. C'est à la loi d'être très claire, de mettre les balises, de dire ce qu'un juge peut faire et ne peut pas faire. Donc, il faut que les juges soient responsables. Les immunités des juridictions, une certaine confraternité donnent parfois l'impression d'être une caste, un groupe qui est au-dessus de la loi. Alors que ce n'est pas le cas. À partir du moment, n'importe où sur le spectre politique, les gens se disent "'nous ne sommes pas au-dessus de la loi et que c'est la loi qui est au-dessus de nous", je pense qu'on est protégé. C'est en ce moment qu'on pourra parler véritablement d'indépendance de la justice.
La régulation de certains propos sur les réseaux sociaux a été annoncée par le PM. Comment cela pourrait-il se faire ? Est-ce possible ?
Tout dépend de ce qu’on met dans le contenu. C'est clair qu'on ne peut pas laisser un domaine aussi important sans régulation. On est à l'ère des technologies et les réseaux sociaux font partie de la vie de tous les jours. Donc, c'est un pan de la vie de la société qu'on ne peut plus laisser en jachère avec un développement incontrôlé. C'est sûr qu'il faut réguler, mais qu'est-ce qu'on va réguler ? On peut réguler des activités économiques à travers les réseaux sociaux et Internet. Qu'est-ce qu'on veut faire ? Est-ce qu'on veut mieux encadrer la liberté d'expression qui est un droit fondamental, car il faut que les gens puissent s'exprimer ? Je pense qu'il n'y a pas de nouveautés. Les réseaux sociaux ne sont rien d'autre qu'un canal qui est accessible à tout le monde. Ce qui n'était pas le cas avant. À l'époque, pour qu'on puisse s'adresser à un public large, il fallait les médias classiques, la presse. Aujourd'hui, c'est éclaté. On quitte la société des médias pour une société de l'immédiateté. Donc, comme on dit, les gens ont leur "télé cii poche". Ils sont tous accessibles. Ça vient avec une certaine responsabilité. Je pense qu'on a des outils qui nous permettent de réglementer le tout. Il ne faut pas aller dans une extrême rigidité dans la régulation, mais c'est quelque chose qu'il faut qu'on ne puisse pas laisser faire.
Maintenant, si ça renvoie un peu aux intervenants qui ont des propos extrêmes ou jugés offensants, c’est déjà pris en compte par la loi. Que cela soit par les réseaux sociaux ou la presse classique, ça va être sous le coup de la loi. Les gens doivent respecter la liberté d'expression, quelque chose à laquelle je crois fortement.
On sent aussi de plus en plus des voix discordantes du Pastef qui fustigent certaines nominations et/ou absence de nominations ? Risque-t-on de voir des membres fondateurs se révolter contre le tandem Diomaye-Sonko ?
Pourquoi les gens devraient être frustrés parce qu'ils ne sont pas nommés ? Le président de la République, de par ses fonctions, habilitations et pouvoirs, nomme qui il veut. D'abord, on nomme une personne en qui on a confiance. Ensuite, le président vient juste de démarrer ses activités. Comment est-ce que tout le monde peut être nommé tout de suite à une place déterminée ? Non ! On le laisse dérouler. Il ne doit rien à personne. Ce sont les Sénégalais qui l'ont élu. Qu'on lui laisse le temps de choisir son équipe. Il a un État, une machine lourde. Ce n'est pas un balayage qui se fait automatiquement. Même aux USA où on connaît le système d'administration, il y a un phénomène de balayage. Ça se fait selon un tempo qui est bien déterminé.
Par ailleurs, je peux comprendre que certaines personnes aient des ambitions. Je n'ai rien contre. Mais on ne peut pas s’en prendre à un président qui a beaucoup de choses à faire par ailleurs, qui doit prendre son temps pour savoir où il met les pieds, où il va. Ce sont des emplois fonctionnels et non de la fonction publique qui sont régis par un statut. Donc, il va les recruter parce qu'il a confiance en eux, parce qu'ils croient au projet et veulent travailler à sa réussite. Donc, laissons-lui le temps de faire le bon choix. Certainement, il y a des gens qui pensent qu'ils peuvent le faire, qui remplissent les critères. Encore faut-il qu'on lui laisse ce temps de courtoisie pour qu'il puisse savoir quoi faire. Il n'y a aucune pression, aucun dû. Il nomme qui il veut, quand il veut. De la même manière, il va les révoquer, habilité quand il veut, comme il veut sans aucune justification. Le président n'a de comptes à rendre à qui que ce soit à ce niveau.
Comment appréciez-vous les 100 jours de Diomaye à la tête du régime ?
Moi, je ne suis pas dans le fétichisme des chiffres. Cela ne veut rien dire. On est à l'échelle d'un mandat de cinq ans. Cent jours, c'est le quart d'une année. Même un exercice, c'est sur 12 mois. Donc, à la limite, on va dire que pour un an, on va essayer de faire un bilan de la première étape. Trois mois sur un mandat de cinq ans, c'est extrêmement prématuré. Là on commence à voir certaines têtes qui émergent parce qu'il vient de finir de mettre en place son équipe. On n'a pas le temps d'évaluer objectivement ce qu'il fait, ce qu'il n'a pas fait. C'est sûr qu'il y a des décisions qui sont attendues. Il y en a certaines qui n'ont pas une incidence financière forte, mais qui sont attendues parce que justement on sort d'un traumatisme.
Les gens ont une attente forte de changement dans la magistrature parce que les gens pensent, et à raison, parce que la justice a fait du mal, que certaines têtes devraient disparaître et que des comptes doivent être rendus par les gens de l'ancien régime, parce qu'ils ont géré un pays et ils doivent rendre compte. Les populations ont exprimé ce besoin de façon très forte à travers les résultats de l'élection.
Oui, on prend le temps, mais il faut prendre le temps de bien faire les choses sur des questions judiciaires parce qu'on ne peut pas tomber dans les travers du passé où on a orienté des poursuites à la va-vite. On ne respectait pas les procédures sur des gens et finalement on se retrouvait devant des impasses. Je pense que trois mois, honnêtement, c'est peu, très tôt pour évaluer quoi que ce soit.
Si je vous dis que tout est bon alors qu'on est dans une conjoncture qui fait que finalement, ça va orienter les choses autrement. Je pense qu'un pays c'est un gros navire et ce n'est pas lors des premiers milles marins qu'on va dire il prend la bonne direction, alors qu'on est en phase de pousser et puis il faut accompagner, leur donner un temps. Ce n'est pas raisonnable ni crédible de commencer à encenser le président ou le critiquer fortement parce que cela ne repose sur rien.
LES DÉFIS DE PAPE ALÉ NIANG
EXCLUSIF SENEPLUS - Représentation inéquitable des langues et des communautés, agenda orienté par le pouvoir, la RTS, un héritage de l'ère coloniale, peine à se défaire de ses vieux démons
La RTS, initialement ORTS, est à l’origine un avatar françafricain de l’Office Radiodiffusion Télévision Française (ORTF) comme toutes les radiotélévisions des anciennes colonies françaises d’Afrique. Elle a été conçue comme un instrument de contrôle et de domination des populations, au service des pouvoirs néocoloniaux.
Sa raison d’être, est non pas le peuple comme son slogan le proclame, mais la défense et l’illustration du pouvoir en place, et particulièrement de la personne et de l’institution du président de la République. Elle fait peu de place aux Sénégalais ordinaires et aux « nouvelles » qui les affectent et excluent carrément les citoyens ordinaires en particulier les ruraux, les femmes, les enfants et les minorités ethniques.
M. Pape Alé Niang qui vient d’en être nommé Directeur Général, par décret discrétionnaire du président de la République, pourra-t-il faire de la RTS un véritable média de service public ?
Un média dont la mission première sera d’informer véritablement les Sénégalais, dans leurs langues, d’assurer leur représentation médiatique dans leur diversité et de permettre l’expression de leurs cultures ? Un média ouvert sur l’Afrique et le monde. Informer véritablement.
Rien Tous Les Soirs, le sobriquet colle encore à la RTS
C’est que la radiotélévision nationale actuelle n’informe pas véritablement les Sénégalais. Elle fait plutôt de la propagande politique, si ce n’est de la promotion institutionnelle et de l’annonce évènementielle.
Regardez les contenus qu’elle diffuse deux fois par jour à travers ses bulletins d’information à la radio et son « journal parlé » en wolof et en français à la télévision. Il s’agit essentiellement d’une mise en son et images des activités du président de la République, du gouvernement et des autres institutions de l’Etat.
On couvre ainsi toujours longuement la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres depuis la traversée des jardins du palais présidentiel par les ministres jusqu’à leur installation autour de la table, en s’attardant sur chacun d’entre eux, sur leurs tenues vestimentaires jusque sur leurs expressions de visage.
Selon Jacques Habib Sy, c’est « le président Senghor (qui) avait inauguré ce type de couverture journalistique en voulant imprimer dans la perception collective, le mouvement d’une nation en voie de construction et d’un président de la République au service de la nation à tout moment »[1].
Quoi qu’il en soit, la valeur informationnelle d’une telle couverture est nulle, on en conviendra. Tout comme l’est celle de ces audiences du président de la République et ces cérémonies de présentation de lettres de créances.
Que dire de ces comptes rendus de séminaires et de colloques dans les décors feutrés d’hôtels de luxe ? Il y a aussi ces cérémonies de signature de conventions et de remise de dons, tribunes de promotion de première classe d’organisations internationales et d’ONG.
Quid de ces manifestations religieuses des différentes « tarikhas » musulmanes et de l’Eglise catholique couvertes longuement alors qu’on pourrait laisser leur couverture aux nombreuses radios et télévisions privées ?
Déterminer l’agenda public
Une autre information est pourtant possible : elle part de l’actualité, concerne les événements courants ou accidentels qui surviennent tous les jours et affectent les citoyens ordinaires.
Que n’a-t-on pas ouvert le JT par exemple sur cette spectaculaire érosion côtière observée récemment à Djifer, ou sur cette hécatombe d’oiseaux observée sur les rives de la Falémé, indicateur probable d’un empoisonnement des eaux par des produits chimiques rejetés par les exploitations aurifères en amont ?
Ou encore sur un de ces naufrages récurrents de pirogues de candidats à « l’émigration clandestine » ?
Une hiérarchisation adéquate de la programmation permettrait de traiter ces informations de manière à en faire, non pas des « faits divers » mais de véritables « nouvelles », dignes de l’attention des citoyens téléspectateurs et auditeurs et des pouvoirs publics.
On inscrirait ainsi dans l’agenda national de manière plus marquée des sujets tels que l’avancée de la mer, le réchauffement climatique, l’exploitation minière, la dégradation de l’environnement, l’émigration de masse des jeunes etc.
N’est-il pas de la mission des médias, notamment des médias de service public, de déterminer régulièrement l’agenda public, en mettant en avant les sujets dont la conversation des citoyens s’empare et qui sont portés ainsi à l’attention des pouvoirs publics ?
Malgré le slogan « Encore, plus proche de vous » et la création de stations régionales (RTS3 pour Tambacounda et Kedougou, RTS4 pour Ziguinchor, Sédhiou et Kolda et RTS5 pour Matam), la RTS est encore loin de « refléter le pluralisme et la diversité de notre pays […] sur les plans politique, culturel et social’’ souhaité par son nouveau directeur général.
C’est ainsi que des associations communautaires dénoncent depuis longtemps « le temps d’antenne ‘insuffisant’ réservé aux autres langues par rapport à celui accordé au wolof » et le fait qu’une « langue, en l’occurrence le wolof, est mise au-dessus des cinq autres langues nationales » et revendiquent « l’égal accès aux médias de toutes les langues de notre pays », mettant en garde même contre « un chemin qui mènera tôt ou tard à des tensions communautaires ».
En fait la « télévision nationale » devrait être le support privilégié de la promotion harmonieuse et du dialogue de toutes les langues nationales.
On pourrait s’inspirer ici de la Société Suisse de Radio et de Télévision (SSR) qui diffuse ses émissions de radio et de télévision dans les quatre régions linguistiques du pays (le français, l’italien, l’allemand et le romanche) tout en en assurant leurs transmissions dans l’ensemble du pays.
La RTS pourrait émuler cette bonne pratique suisse, en accordant l’autonomie à ses stations régionales qui disposent déjà de studios et en les dotant de capacités de production et de diffusion pour couvrir l’ensemble du pays.
Couvrir l’Afrique à partir du Sénégal
L’Afrique et les pays voisins du Sénégal, ne sont pas des sujets d’information privilégiés et ne sont couverts le plus souvent qu’à travers les télévisions françaises et occidentales.
Il est pourtant possible d’en assurer une couverture professionnelle avec des productions innovantes et à moindre coût, grâce à une organisation adéquate et en tirant profit des nombreux outils numériques disponibles, de WhatsApp aux logiciels de traduction basés sur l’IA.
Obtenir une interview d’une personnalité au Niger par un journaliste local par WhatsApp, commander une vidéo de deux minutes d’un événement à Nairobi, produire même des documentaires télé et des podcasts audio aux quatre coins du contient … La RTS pourrait ainsi devenir une radiotélévision continentale à peu de frais.
L’engagement de M. Pape Alé Niang
M. Pape s’est engagé dès l’entame de son mandat à « rétablir les liens entre la RTS et le peuple sénégalais ». Il a déjà procédé à l’ouverture de la télévision aux oppositions politiques et à la société civile dans sa diversité. Pourra-t-il adopter la ligne éditoriale que nous préconisons ici ?
Pourra-t-il obtenir le budget autrement plus important que les quelques milliards qui sont affectés présentement à la RTS pour mettre en œuvre un programme ambitieux et novateur ?
[1] Jacques Habib Sy Crise de l’audiovisuel au Sénégal, Dakar, 2003.
ABDOU MBOW ADRESSE DES QUESTIONS ÉCRITES À CHEIKH TIDIANE DIÈYE
Le député estime que c’est dans le souci d’une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles d’attribution des marchés publics.
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar Abdou Mbow a adressé au ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, une série de questions suite au limogeage du directeur général de l’office national de l’assainissement trois mois après sa nomination.
« Le limogeage précocement inattendu de Monsieur Cheikh Dieng de son poste de Directeur général de l’Office national de 1’Assainissement du Sénégal (ONAS), après trois (03) mois de service, a suscité un grand étonnement et de multiples interrogations. En l’absence d’une précision des motifs qui sous-tendent cette décision, plusieurs raisons non officielles ont été avancées », a-t-il souligné.
Le député estime que c’est dans le souci d’une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles d’attribution des marchés publics.
« Est-ce que vous avez pris une décision pour suspendre la procédure de passation des marchés attribués provisoirement aux entreprises Tawfekh Taysir et Delgas et de privilégier en lieu et place une entente directe avec des entreprises de votre choix ? Si oui, cette décision est-elle conforme au Code des Marchés publics ? ; Y a-t-il des actes de surfacturation décelés dans le cadre de l’attribution provisoire de ces marchés par l’ONAS ? Pouvez-vous m’édifier sur les allégations de l’ex Directeur général de I’ONAS, M. Cheikh Dieng, selon lesquelles certaines entreprises se contentent, dans le cadre de la procédure d’attribution des marchés, de proposer des prix fortement minorés pour éliminer toute concurrence, sous le couvert d’un «moins disant » déguisé ? ; Est-ce que les entreprises que vous voulez choisir par entente directe, selon M. Dieng, ont déjà, par le passé, exécuté des marchés de manière satisfaisante dans le respect strict de leurs engagements ? », a notamment demandé le parlementaire.
DES ÉLUS AMÉRICAINS RÉCLAMENT LE DÉRÉFÉRENCEMENT DE CUBA DE LA LISTE DU TERRORISME
Alors que Cuba est de nouveau visée par des sanctions américaines, 46 élus du Congrès exhortent Joe Biden à annuler la désignation de l'île comme "État soutenant le terrorisme", jugeant la décision de Trump infondée et contre-productive
(SenePlus) - Dans une lettre datée du 31 juillet, 46 membres de la Chambre des représentants ont exhorté le président Joe Biden à revenir sur la décision de son prédécesseur Donald Trump de réinscrire Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme.
Selon les informations publiées sur le site de la Représentation diplomatique de Cuba à l'étranger, les élus du Congrès soulignent dans leur courrier l'importance du rôle joué par La Havane dans le processus de paix en Colombie. "Nous craignons que la désignation de Cuba comme État soutenant le terrorisme ne rende difficile l'identification d'autres pays garants des négociations", déclarent-ils.
En effet, Cuba a servi de pays hôte aux pourparlers entre le gouvernement colombien et l'Armée de libération nationale (ELN). Comme le soulignent les signataires de la lettre, l'île a rempli ses engagements de façon "pleinement soutenue" par la Norvège, autre garant des négociations.
Ils font également référence à la demande récurrente du gouvernement colombien de retirer Cuba de cette liste, en reconnaissance de "son rôle essentiel dans les pourparlers de paix". Pourtant, Joe Biden n'a pas donné suite à cette requête pour le moment.
Réinscrit sur cette liste controversée quelques jours avant de quitter la Maison Blanche, Cuba fait l'objet d'un renforcement du blocus américain du fait de sa désignation comme "État soutenant le terrorisme". Cette mesure prise sous prétexte du refus cubain d'extrader des membres de l'ELN nie le rôle positif joué par l'île dans le processus de paix, selon les élus signataires.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Cuba figure sur cette liste unilatérale créée en 1982 sous Ronald Reagan. Barack Obama l'en avait retiré en 2015, reconnaissant le caractère infondé de cette inscription. Les autorités cubaines dénoncent pour leur part être victimes, et non à l'origine, d'actes terroristes souvent ourdis depuis le sol étasunien.
LE CONSTAT D'UN ETAT EN RUINES
Le Premier ministre Ousmane Sonko, s’est engagé samedi à Dakar à d’informer dans les ‘’jours à venir’’ les Sénégalais de ‘’façon transparente’’ de l’état dans lequel les nouvelles autorités ont trouvé le pays et des conséquences devant en être tirées.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, s’est engagé samedi à Dakar à d’informer dans les ‘’jours à venir’’ les Sénégalais de ‘’façon transparente’’ de l’état dans lequel les nouvelles autorités ont trouvé le pays et des conséquences devant en être tirées.
‘’Nous avons trouvé un Etat en ruine et les Sénégalais en saurons quelque chose dans les jours à venir. Nous dirons aux sénégalais ce qui se passe’’, a-t-il déclaré après avoir planté un manguier sous l’échangeur de la Patte d’Oie dans le cadre de la célébration dimanche de la Journée nationale de l’arbre.
‘’Quand on aura fini de faire l’état des lieux, ce que nous avons quasiment fini de faire, nous dirons aux Sénégalais, de façon transparente : voilà ce qu’on vous a caché, voilà la situation du pays et toutes les conséquences qui vont en être tirées’’, a assuré le chef du gouvernement.
Il a insisté sur le fait que le pouvoir installé après l’investiture de Bassirou Diomaye Faye pour un mandat de cinq ans à la tête du pays avait démarré un travail très profond de rattrapage sur un certain nombre choses.
Le pays aurait pu être conduit vers la catastrophe si tout cela n’avait pas été corrigé, a laissé entendre Ousmane Sonko en ajoutant que tout cela sera bientôt expliqué aux Sénégalais.
S’agissant des projections, le Premier ministre a martelé que l’opérationnalisation du programme de gouvernance du pays fera l’objet d’une présentation globale dans les toutes prochaines semaines aux sénégalais et aux partenaires du pays.
GUY MARIUS SAGNA ADRESSE 24 QUESTIONS ÉCRITES AU GOUVERNEMENT
Les interpellations du parlementaire concerne la signature d’un protocole pour la construction de 9000 logements, dans le cadre d'une collaboration avec des entreprises chinoises. Il s'interroge sur l'implication des entreprises sénégalaises
Le député, Guy Marius Sagna, a adressé 24 questions écrites au gouvernement du Sénégal. En effet, le parlementaire dit apprendre la signature le 31 juillet 2024 d’un protocole pour la construction de 9000 logements à livrer aux senegalais dans 48 mois à un prix défiant toute concurrence pour participer à la baisse du coût du loyer.
Selon lui, la signature du protocole d’accord (MOU) a eu lieu entre la SICAP S A et le Groupement JIANGSU ZHENHUAI CONSTRUCTION GROUP / JIANGSU CHINA AFRICA INVESTMENT AND DEVELOPMENT. Il faut dire que cet accord, selon les autorités, marque le début d’une collaboration stratégique pour la réalisation de divers projets sous le modèle EPC+F dans le cadre du programme de développement immobilier pour les cinq prochaines années.
Le député, Guy Marius Sagna, soutient et et encourage la volonté du gouvernement du Sénégal de mettre à la disposition du peuple souverain des maisons aux prix accessibles. Cependant, il a une interrogation : n’y avait-il pas d’entreprise sénégalaise pouvant réaliser ce projet de 9000 logements ? Si non, combien d’entreprises sénégalaises des BTP vont être impliquées dans ce projet ? En quoi ce projet va bénéficier aux entreprises sénégalaises du BTP ? Si aucune entreprise sénégalaise du BTP ne pouvait réaliser ces 9000 logements en 48 mois, comment ce projet va-t-il améliorer les capacités des entreprises sénégalaises ?
par Ibrahima Traoré
RÉPONSE À L'ABBÉ ANDRIEN LATYR NDIAYE
Le voile n’a nullement besoin de notre approbation pour exister. Comme vous, nous pensons que notre société gagnerait à permettre que tous les segments, toutes les sensibilités aient droit au chapitre
*"La douceur n'a jamais accompagné une chose sans l'embellir, et elle n'a jamais été ôtée d'une chose sans l'enlaidir."* Hadith
Cher Abbé André Latyr Ndiaye,
La bienséance exige que je vous traite avec déférence eu égard à votre rang et à ce que vous représentez pour l’église et la communauté chrétienne pour laquelle nous n’avons que respect et considération. C’est vrai que notre culture et notre éducation nous inculquent la conception du rapport que nous devons avoir avec vous. Celle-ci nous impose de vous traiter avec une certaine révérence. Permettez-moi cher Abbé, le temps d’une réponse, de différer ce principe car le citoyen que je suis ne peut pas et ne doit pas faire l’économie d’une réflexion sur le sujet qui fait l’objet de nos débats. Votre sortie est une invite à prendre position par rapport à un sujet d’une importance capitale car questionnant un des fondements du vivre-ensemble. Une telle invitation ne doit pas rester lettre morte : elle se doit d’être honorée. Ainsi, je vous prie d’avance d’excuser mon impertinence si tant est que mes propos puissent passer pour telle. Cependant, je tâcherai de m’exprimer de la manière la plus respectueuse qui soit.
Mon cher Abbé, je pense sincèrement que votre lettre empreinte de prétention et de pédanterie, est une démonstration éclatante d’une certaine arrogance déguisée en sagesse. Vous brandissez des maximes latines et des citations érudites comme des boucliers, espérant peut-être dissimuler derrière ce vernis de culture votre incapacité à comprendre pour ne pas dire votre refus d’être à la hauteur des véritables enjeux de notre temps.
Vous commencez par rappeler l'adage latin "qui bene amat, bene castigat", mais j'aimerais vous inviter à considérer un autre principe cher aux humanistes de la Renaissance : "In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas" (Dans les choses nécessaires, l'unité ; dans les choses douteuses, la liberté ; en toutes choses, la charité). Cette maxime souligne l'importance de l'amour et de la tolérance dans tous les aspects de notre vie, y compris dans le discours politique.
Vous évoquez la politesse comme une clé en or, mais oubliez que celle-ci n’ouvre que les portes qui sont dans les dispositions. En pareille circonstance la tentation de parler sous l’effet de la colère est grande, la passion peut supplanter le reste mais nous savons que vous êtes assez sage et éclairé pour ne reconsidérer que ce qui doit l'être.
Mon cher Abbé, vous citez Bismarck et Montaigne sur la politesse, de grandes figures historiques connues pour leur pragmatisme et leur sagacité. Cependant, l'histoire nous enseigne également que la politesse ne doit jamais être un masque pour l'injustice. Le discours politique, bien que nécessitant une certaine forme, ne doit pas sacrifier la vérité et la justice sur l'autel de la politesse.
Votre référence à l’éducation catholique et son ouverture d’esprit est louable, mais permettez-moi de rappeler que cette même ouverture doit s’étendre à toutes les formes de diversité, y compris religieuse. L'Évangile selon Matthieu (5:9) nous enseigne : "Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu." La paix, chère Abbé, réside dans l'acceptation et la célébration des différences, et non dans la contrainte de l'uniformité.
Nous musulmans savons que certains de nous pouvent faire preuve de régression et de simplisme sur certains aspects et c’est en cela que nous trouvons salutaire tout discours ou critique qui nous permet de réinterroger nos paradigmes et nos pratiques à la lumière d’une démarche exigeante et objective. Cependant, votre Église, que vous érigez en bastion de vertu et Dieu sait qu’elle a beaucoup apporté à la civilisation et à l’humanisme, ne saurait effacer des siècles d’obscurantisme et de domination culturelle si bien que personne n'a à avoir une condescendante. Le voile, symbole de foi et de respect pour beaucoup, n’a nullement besoin de notre approbation pour exister. Votre attitude semble être celle qui manifeste une peur déguisée en mépris.
Vous évoquez la nécessité de dialogue et de respect des institutions. À ce propos, je me permets de rappeler les paroles de Martin Luther King Jr. : "La vraie paix n'est pas simplement l'absence de tension ; c'est la présence de justice." Le dialogue doit être ouvert et sincère, mais il doit aussi être fondé sur un respect mutuel et une véritable recherche de justice.
Mon cher Abbé, nous devons attendre de vous que vous travaillez à faire de telle sorte que vos écoles soient capables de s’adapter à la diversité qui compose notre nation car votre grande culture et votre fine intelligence font de vous une des personnalités les plus outillées pour cette mission. Oui, mon cher Abbé, Dieu vous a donné des bienfaits sur le plan intellectuel et culturel et cela exige de vous certaines missions au premier rang desquels celle-ci.
Mon cher Abbé, de grâce évitons tout discours qui peut être clivant, évitons d’importer un problème franco-français dans notre pays le Sénégal qui est un exemple de vivre-ensemble et de fraternité entre chrétiens et musulmans.
Mon cher Abbé, vous faites mention du livre de l'Ecclésiaste, un texte riche en sagesse, mais n'oublions pas les paroles de l'apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (3:28) : "Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme ; car tous, vous êtes un en Jésus-Christ." Cette affirmation radicale de l'égalité et de l'unité humaine doit nous guider dans nos actions et nos politiques.
Mon cher Abbé, vous critiquez l'emploi du pronom "on", le qualifiant d'indéfini. Cependant, il est parfois utilisé pour représenter une communauté ou un groupe, ce qui peut être un acte d'humilité plutôt que de lâcheté. L’amoureux des lettres que vous êtes si je m’en fie au niveau de langue et au style de votre lettre, n’êtes pas sans savoir que le moi est haïssable en littérature. En sus, en politique, comme en rhétorique, chaque mot porte un poids, et le choix d’un pronom indéfini peut parfois servir à être plus dans l’humilité que de rester dans une certaine imprécision.
Mon cher Abbé, enfin, vous terminez sur une note de mise en garde contre les déclarations de guerre et les rhétoriques belliqueuses. Merci pour ces sages conseils, nous sommes en total accord avec vous. La politique doit être l'art de la conciliation et de la recherche du bien commun même si
Victor Hugo nous rappelle que : « La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées.
Mon cher Abbé, comme vous, nous pensons que notre société gagnerait à permettre que tous les segments, toutes les sensibilités aient droit au chapitre. Aucune voix ne doit être étouffée car il y va de la vitalité de l’équilibre de notre société. Nous pensons également qu’une vraie démocratie ne veut pas dire la dictature de la majorité mais le respect des minorités et c’est dans ce cadre que je pense qu’il appartient à chaque musulman d’être le défenseur et le garant des chrétiens. D’ailleurs, nous avons la chance de ne pas faire de distinction entre musulmans et chrétiens et c’est une obligation à nous tous (à vous, à Ousmane Sonko et à nous autres) de préserver cela.
Ils ont beau cheminé ensemble, tout oppose le président Diomaye et son Premier ministre Sonko en matière de communication. Une accumulation d’erreurs peut déteindre sur l’image du régime et par conséquent sur le chef de l’État
Ils ont beau cheminé ensemble, tout oppose le président de la République et son Premier ministre en style de communication. Très effacé, Bassirou Diomaye Faye fait figure d’un dirigeant posé et calme. Tandis que son Premier ministre, harangueur de foules attitré, s’en sort plutôt difficilement avec des discours qui suscitent souvent la polémique. toutefois, selon des spécialistes que L’As a interrogés, une accumulation d’erreurs peut déteindre sur l’image du régime et par conséquent sur le chef de l’État.
Au sein du parti Pastef, l’un a été le patron de l’autre. Mais le dernier a été élu président de la République et le premier est devenu son Premier ministre. Et depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Trois mois après l’exercice du pouvoir, une différence de style de communication commence à être décelée. Bassirou Diomaye Faye paraît parfait dans ses habits de président de la République en dépit de quelques impairs. Le président de la République se pose en rassembleur et calme dans sa communication. Toutefois, il est à remarquer que souvent, ses discours sont improvisés. C’est l’exemple à Touba, lors de la Journée nationale de l’arbre où il a tenu un discours sans aucun document écrit. Précédemment, lors des premières journées de «Set Setal», il avait également fait des déclarations sans se référer sur des documents écrits. Une fréquence qui semble se révéler comme un choix.
Selon le journaliste et formateur à l'Institut supérieur des sciences de l'information et de la communication à l'Institut supérieur des sciences de l'information et de la communication (Issic),Ibrahima Bakhoum, le Président a choisi d’être «soft». C’est pourquoi, faitsavoir, lors de son déplacement à Touba, le chef de l’Etat s’est passé d’un discours écrit. Car ce qui l’intéressait, c’est par l’image, montrer l’importance de planter un arbre et d’encourager les citoyens à le faire.
Une analyse que semble confirmer l’Enseignant-chercheur en Communication des organisations au Centre d’études des Sciences et techniques de l’information, Sahit Gaye. Selon lui, même si le Président improvise, l'on sent derrière de l'authenticité et de la mesure. «La communication dépasse le verbal, elle englobe aussi le non-verbal, c'est-à-dire les gestes, les attitudes et les comportements. À ce jour, le comportement du Président (à la mosquée en aidant l'imam, ou avec Aminata Mbengue Ndiaye) participe à rendre invisibles certains impairs», a indiqué le Spécialiste en communication de crise qui note quand même que trois mois, c'est trop tôt pour tirer un bilan.
Toutefois, le choix de l’improvisation n’est pas sans conséquence. Puisque certains qualifient le Président Diomaye Faye de quelqu’un qui éprouve des difficultés en français. Toutefois, à en croire Ibrahima Bakhoum, si le Président manque d’éloquence, il ne peut prendre le risque d’improviser et prendre le risque de passer à côté. «Tout le monde a besoin de coaching surtout quand on a la responsabilité d’être l’ambassadeur de son pays à l’étranger. Il est critiqué non du point de vue du niveau de langue mais en termes de communication, c’est-à-dire de savoir où se trouvent les codes, le langage et l’opportunité», a insisté le formateur à l’Issic.
« Le président Abdoulaye Wade faisait tout le contraire de Diomaye en termes de communication »
Il faut noter qu’à l’étranger, après ses discours à Abidjan et à Bissau, qui ont suscité des moqueries sur la toile, le chef de l’Etat semble se raviser sur la forme de sa communication à l’international. Lors de ses deux déplacements à Paris, le Président Bassirou Diomaye Faye qui a participé à des sommets internationaux a tenu des discours écrits et préparés par ses conseillers. Un revirement compréhensible, de l’avis d’Ibrahima Bakhoum. «Si le Président Diomaye n’a pas l’habitude de haranguer les foules et du débat contradictoire, il vaut mieux, notamment à l’étranger où il s’adresse à des gens qui ne parlent pas wolof etc., écrire et s’assurer ce qu’il dit : un texte préparé», a souligné le Journaliste.
Sous ce rapport, constate-t-il, le président Abdoulaye Wade faisait tout le contraire de Diomaye en termes de communication. «Généralement, Abdoulaye Wade faisait ses discours en wolof au niveau national mais à l’étranger, il faisait des discours scientifiques même s’il n’écrivait pas. C’est aussi normal parce qu’il est un professeur d’Université et un avocat. Donc, il a l’habitude», a noté le journaliste.
Ibrahima Bakhoum : « le problème d’Ousmane Sonko, c’est psychologique ; il voit encore des adversaires et pense qu’il faut les détruire »
A la différence de Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko, quant à lui, semble toujours chercher ses marques. Il cumule des erreurs qui font souvent polémique. Selon Ibrahima Bakhou, Ousmane Sonko, dans sa communication, montre qu’il n’est pas encore dans la tête d’un gouvernant. «Il est toujours dans la peau d’un opposant. Le problème d’Ousmane Sonko, c’est psychologique, il voit encore des adversaires et pense qu’il faut les détruire. Il est toujours dans son combat d’opposant. Au pouvoir, il ne peut pas continuer à être toujours sur la défensive», a relevé le journaliste qui note que la manière de communication d’Ousmane Sonko montre qu'il est sur la défensive.
En communication, d’après Sahit Gaye, il y a une relation qui est établie avec le public et le contenu. A partir de cet instant, dit-il, la communication d'un Premier ministre devrait être inclusive. «Pour le Premier ministre, le problème se trouve au niveau du ressenti du public et de la sensibilité de certains sujets. Avec son ethos, il a l'habitude d'attaquer et de cogner, il doit faire sa mue et transcender les clivages pour construire ses discours autour du ''Projet'' de société», a souligné l’Enseignant-chercheur
Le discours d’Ousmane Sonko renseigne, selon Ibrahima Bakhoum, sur l’état d’esprit de quelqu’un qui n’a pas encore une confiance. «Il a besoin de montrer qu’il a raison et qu’il est inaccessible du point de vue des attaques de l’adversaire. En le faisant, progressivement, il fait une violence là où il n’y a rien, autrement dit une sorte de rappel des troupes où il n’y pas combat », fait remarquer le formateur qui pense que le Premier ministre doit se recadrer un peu.
En tant que Premier ministre, Ousmane Sonko peut, explique Sahit Gaye, certes aborder des sujets de controverses mais en prenant en compte que sa communication doit être d'intérêt général avec beaucoup de pédagogie. «Actuellement, sa communication devrait s'orienter vers la pédagogie d'autant plus que les urgences sont ailleurs. Pour un Premier ministre, l'improvisation est toujours à éviter et certains sujets sont à aborder avec tact», a signalé le spécialiste en Communication de crise.
Sahit Gaye : « les erreurs communicationnelles parasitent les actions sur le terrain »
Une accumulation d’erreurs de la part du Premier ministre peut se répercuter sur l’image du régime en place et sur le président de la République, a indiqué le journaliste et formateur à l’Issic. Car Ousmane Sonko a fait figure d’un leader charismatique et a été un élément central pour l’avènement de la troisième alternance. Donc, s’il perd du charisme du fait d’erreurs, forcément cela va déteindre sur le président de la République d’une manière ou d’une autre, dit-il.
A en croire, Sahit Gaye, les premiers mois d'un quinquennat sont toujours des marqueurs. «Les erreurs communicationnelles parasitent les actions sur le terrain. D'ailleurs à chaque fois qu'il y a une polémique sur un sujet, le gouvernement passe à côté de forts moments de communication sur des décisions ou des réalisations. L'accumulation des erreurs brouillent le message et donne l'impression d'un tâtonnement et à la longue, elle peut rendre inaudible le message», a martelé l’Enseignant-chercheur.