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25 novembre 2024
Politique
par Ousseynou Nar Gueye
PREMIER MINISTRE SONKO, PARLER CONTRE LA FRANCE, C'EST PENSER TOUJOURS PAR RAPPORT À LA FRANCE
Le legs colonial est une dette inexpugnable dans la tête des "panafricanistes de gauche" qui nous dirigent désormais. Cela renvoie à l'image de la souris courant dans sa cage grillagée en forme de roue, qu'elle fait tourner, sans jamais elle-même avancer
Le legs colonial est finalement une dette inexpugnable, dans la tête des "panafricanistes de gauche" qui nous dirigent désormais au Sénégal. Surtout de l'un d'entre eux.
Fort bien. Sauf que, parler "contre" la France comme vous le faites, M. Sonko, c'est encore, pour vous, penser "par rapport" à la France. Et donc définir ce que vous êtes et ce que vous faites, "en fonction" de ce que vous serez sans doute tenté de nommer "l'Afrance", et de l'image que vous vous faites d'elle. Cela renvoie, sauf votre respect, à l'image de la souris qui court dans sa cage grillagée en forme de roue, qu'elle fait tourner, sans jamais elle-même avancer d'un pas.
C'est là, hélas, le triste manège inlassable, mais lassant, des "décoloniaux professionnels compulsifs", parmi lesquels je pense pouvoir vous compter, M. Sonko.
Monsieur le Premier ministre du Sénégal, vous saviez fort bien que cette année 2024 marque le 80ème anniversaire du terrible crime contre l'humanité, survenu au camp de Thiaroye. Pourquoi avez-vous laissé la France officielle "tirer la première", en ce mois de juillet 2024 finissant ? Comment avez-vous anticipé et qu'avez-vous prévu et annoncé en avance pour marquer cette date symbolique de commémoration incontournable pour décembre prochain ? Là est la question. Et la réponse vous fâchera sans aucun doute. Car elle tient en ceci : rien.
Ce qui est une avancée du point de vue d'un discours progressiste chez nos dirigeants, mais aussi un rétropédalage de votre part, par rapport à vos propos du temps de l'opposition, affirmant vouloir “criminaliser les actes homosexuels, une fois au pouvoir".
Dans la foulée, vous n'avez pas assumé le service après-vente de votre nouvelle position "médiane" sur l'homosexualité au Sénégal, huée par les étudiants de l'Ucad et pour laquelle un journaliste-activiste qui l'a commentée de manière certes véhémente, est aujourd'hui en prison, pour atteinte à une personne dépositaire d'une partie du pouvoir du chef de l'État, c'est-à-dire vous, M. Sonko. L'arsenal juridique sénégalais n'a point besoin d'être plus corsé encore, en matière de ce que la loi qualifie pudiquement "d'actes contre-nature", comme pour ne jamais nommer le mot et "la chose".
Dans cet ordre d'idées, j'en appelle à la clarification de la position de votre "GOS", Gouvernement Ousmane Sonko, sur la question de la sanctuarisation constitutionnelle de l'interdiction de la peine de mort, qui est effective au Sénégal. Car pourtant, en effet, tous les jours, des citoyens, des journalistes et des politiciens, sur les antennes de l'audiovisuel et dans les colonnes de journaux de notre pays, en appellent à ce que la peine de mort soit réinstaurée. Du temps où vous étiez opposant, vous aussi, M. Sonko, aviez "promis de faire revenir" la peine de mort. J'espère qu'il ne subsiste rien de cette idée mortifère, chez vous. Souhaiter à haute voix le retour de la peine de mort au Sénégal, ce n'est pas une opinion : c'est un acte inconstitutionnel. Il est du devoir de votre charge d'y mettre le holà, Monsieur le Premier ministre.
Ousseynou Nar Gueye éditorialiste (Tract.sn) et Communicant.
par Alioune Tine
DIRE ET NE PAS DIRE, L'IMPLICITE ET LE PRÉSUPPOSÉ
Les autorités doivent réexaminer leur communication, car il ya trop de couacs, trop de fronts, et des colères émergentes. L'impression d'impréparation aux fonctions éminentes d'exercice du pouvoir d'État est de plus en plus manifeste
Nous avons un contexte politique propice aux tensions, aux polémiques, aux malentendus, aux disputes, bref on assiste à un malaise ambiant, palpable.
L'État doit absolument veiller à retaurer la sérénité, à l'intercompréhension et de privilégier le dialogue aux polémiques inutiles. Les autorités de l'État devraient elles-mêmes prendre les initiatives idoines pour créer toutes les conditions requises pour qu'il soit mis un terme à une polémique inutile. Les questions de foi et de croyances mobilisent plus les émotions que la raison. Ce sont des débats passionnels qui peuvent vite déraper.
Le Sénégal est un pays où le dialogue et les rapports sociaux entre les musulmans et les catholiques sont exemplaires. Les autorités politiques doivent les renforcer. D'ailleurs, il faut reconnaître que les autorités actuelles l'on fait.
La polémique actuelle est née des presupposés et malentendus liés aux contentieux sur la question du voile vidé en 2019, par le dialogue. Le malentendu actuel a pour source les déclarations "polémiques " du Premier ministre, perçues comme une "provocation" par nos frères chrétiens. Cette sortie peut être réglée par le dialogue et la concertation avec les protagonistes. Il faut le faire maintenant, l'initiative doit émaner de l'État. L'église est toujours disponible pour le dialogue et la paix civile. Les autorités de l'État doivent réexaminer leur communication,car il ya trop de couacs, trop d'incompréhensions, trop de fronts, et des colères émergentes. La désillusion frappe à la porte.
La révolution démocratique et sociale que nous avons vécue a mobilisé tous les segments de la société qui ont manifesté un immense désir de changement, exceptionnel sur toute la ligne et une confiance sans limites aux jeunes leaders politiques actuels et en tête Ousmane Sonko. Sans Sonko, Diomaye ne serait jamais président de la République, c'est tout le sens de Diomaye moy Sonko. C'est aussi l'émergence d'un hyper-Premier ministre, avec un hyper-pouvoir auquel Sonko, mais aussi les Sénégalais ne sont pas préparés. L'impression d'impréparation, d'inexperience, aux fonctions éminentes d'exercice du pouvoir d'État est de plus en plus manifeste. Notamment dans un contexte révolutionnaire complexe, avec un héritage politique, démocratique et dans le domaine de la gouvernance catastrophique. Que le gouvernement n'arrête pas de ressasser mais le peuple qui a chassé le régime de Macky Sall, en a déjà pris acte. Le contexte actuel exclut le management en surplomb, management du confinement gouvernemental, qui tient tous les citoyens à distance, qui communiquent peu ou pas du tout avec les citoyens et acteurs sociaux.
Dans cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a un rôle bien ingrat, il travaille énormément et reçoit tout les coups, il faut le reconnaître, et cela peut avoir un impact sur les affects. Il doit ouvrir des fenêtres d'opportunités de conversation avec les auteurs et citoyens en détresse.
Tout cela se comprend dans le contexte exceptionnel dans lequel, ils ont pris le pouvoir : de la prison au Palais.
Pour dire que tout ne fait que commencer, tout peut être amélioré avec les interactions sociales tous azimuts avec les citoyens et les acteurs sociauxen en détresse, tout peut être redressé. Comme je l'ai dit et répété, il faut mettre la société en mouvement.
Les attentes sont très fortes.
L'espoir suscité par ceux qui ont terrassé le régime de Macky Sall est encore là, mais on assiste à la naissance de doutes et d'une impression de désenchantement.
Il faut rapidement en prendre acte et rassurer les gens. Réviser la communication du gouvernement, restaurer la confiance et l'espoir.
Le titre est emprunté à Oswald Ducrot, philosophe et linguiste.
SONKO PRIS LES PIEDS… DANS LE VOILE
À chaque fois qu’il parle, le lendemain, c’est la sidération. Alors que cette question a été réglée en 2019 à la suite de conciliabules et de compromis, le Premier ministre a décidé de raviver un débat sensible, mais surtout inutile
Depuis sa nomination à la tête du gouvernement, Ousmane Sonko semble privilégier les séquences d’affrontement en se mettant en spectacle pour noyer les attentes qu’il a suscitées dans un brouillard de polémiques. Même si ses partisans assurent que sa déclaration sur le voile a été décontextualisé, le Premier ministre vient de raviver un débat réglé depuis 2019 après l’affaire Sainte Jeanne d’arc.
Que dire ? Depuis sa nomination à la tête du gouvernement en avril dernier, le Premier ministre a pris la parole publiquement très peu de fois : à chaque fois qu’il parle, le lendemain, c’est la sidération. Cette fois-ci, il vient de se prendre les pieds… dans le voile. Il a déclenché une polémique monumentale : elle conforte aussi l’impression d’un Premier ministre aux décisions erratiques, impulsives et souvent aux conséquences désastreuses. Alors que cette question a été réglée en 2019 à la suite de conciliabules et de compromis, le Premier ministre a décidé de raviver un débat sensible, mais surtout inutile.
Depuis sa déclaration controversée, il récolte une volée de bois vert. Suffira-t-il pour ébranler le Premier ministre ? C’est une bonne question ! Mais, il ne risque absolument rien, car il est garant de la stabilité de l’Exécutif à deux têtes que le Sénégal expérimente depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye. Le Président a été élu au… nom de son Premier ministre. N’eut été cela, il aurait perdu sans doute son poste après ses déclarations tenues lors de sa conférence publique au Grand Théâtre au mois de juin dernier. Ce jourlà, le Premier ministre s’est amusé à régler ses comptes en public : sans mettre de gants, il s’est déchaîné sur le président du Conseil constitutionnel et d’autres juges, a menacé les médias…
La danse autour du vide
Après cet exercice, le Premier ministre s’est encore davantage senti pousser des ailes. Il venait de décrocher une licence d’impunité, ignorant les commentaires choqués de certaines personnes. Ensuite, il y a la conférence à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avec Mélenchon, le show à Colobane devant des marchands ambulants, stupéfaits par leur déguerpissement auquel il s’est dit étranger… Comment en est-on arrivé là ? Si Sonko se retrouve au cœur de la gestion du pouvoir avec un ordre politique décomposé qu’il a surtout provoqué, chacun pouvait imaginer que cette figure plutôt extravagante de la politique se contentera de remplir le traditionnel cahier des charges associé à sa fonction primatorale : avancer d’un pas prudent sur la corde raide des équilibres, imposer de nouvelles orientations politico-économiques sans trop heurter les convictions de ses partisans les plus zélés, ni froisser les sensibilités progressistes et conservatrices de la société. En contrepoint d’une conduite jugée cassante en public, d’un ascétisme qui jure avec la bonhomie et la retenue de ses prédécesseurs à la Primature. Si Yoro Dia affirme que «l’Etat ne peut pas anoblir Sonko», l’ancien candidat à la Présidentielle Boubacar Kamara renchérit en soutenant que «personne ne peut changer Sonko». Alors, le Premier ministre conduit sa destinée vers un mur. Sûr de son poids politique, il se comporte en élu, qui va bouleverser toute l’architecture politique et sociale du pays.
Séquencées comme dans un film, les scènes déroulées par Sonko sont tournées dans un sombre décor, mais surtout autour d’un grand vide… Va-til faire son mea-culpa devant la fronde généralisée des écoles privées catholiques ? Cela, néanmoins, est peu sûr. Comme dans plusieurs occurrences, il faudrait que la situation économique et sociale se dégrade sensiblement pour que la base affective qui soutient le Premier ministre commence à se détourner de lui. On pourrait alors, à ce moment, voir la capacité de Ousmane Sonko à brasser du vent.
SONKO POSE SON DIAGNOSTIC
« Aujourd’hui, nous avons trouvé un Etat en ruine et les Sénégalais en sauront quelque chose dans les jours à venir »
« Aujourd’hui, nous avons trouvé un Etat en ruine et les Sénégalais en sauront quelque chose dans les jours à venir». Tel est le verdict du Premier ministre Ousmane Sonko qui se prononçait sur la situation socio-économique du Sénégal avant-hier, samedi 03 août 2024, en marge de la Journée nationale de l’arbre à Dakar.
Le chef du gouvernement a donné le ton lors de la Journée nationale de l’arbre à Dakar, en plantant à titre symbolique un arbre dans la localité de Patte d’Oie avant-hier, samedi 3 août 2024. A l’occasion, le Premier ministre Ousmane Sonko a esquissé un premier bilan de la situation du Sénégal, plus de trois mois après l’arrivée au pouvoir de son gouvernement le 02 avril 2024. Sans ambages, il a fait savoir qu’« Aujourd’hui, nous avons trouvé un Etat en ruine et les Sénégalais en sauront quelque chose dans les jours à venir». Le Premier ministre a ainsi promis que le gouvernement dévoilerait bientôt l’état réel du pays et les vérités cachées. « C’est un dressage de l’état des lieux et quand nous aurons fini, pour ne pas dire que nous avons presque fini, nous dirons au Sénégal de manière transparente : voilà ce qu’on vous a caché, voilà la situation du pays et toutes les conséquences qui en découlent seront tirées». Cette transparence est, selon lui, essentielle pour restaurer la confiance des citoyens. Le Premier ministre Ousmane Sonko a par ailleurs insisté sur le fait que le silence actuel du gouvernement n’était pas un signe d’inaction mais le résultat d’un travail méthodique et sérieux. « Comme je l’ai dit l’autre jour, nous dirons aux Sénégalais ce qui se passe, notre silence ne doit pas être interprété autrement».
Dans la même dynamique, Ousmane Sonko a également fait part de mesures correctives entreprises par son gouvernement pour éviter des situations insolubles et pour jeter les bases d’un futur stable. « Au même moment où nous faisons cet exercice, nous avons fait un travail très profond de rattrapage sur un certain nombre de choses qui, si elles n’avaient pas été corrigées, auraient pu nous conduire tout droit vers la catastrophe». Pour autant, a-t-il expliqué, son gouvernement travaille à établir des fondations solides pour une gouvernance efficace et durable : « En même temps, nous avons travaillé à jeter les bases des fondamentaux qui nous permettent, sur le plan de la gouvernance, de réduire le train de vie de l’État et de prendre des mesures pour commencer à soulager les Sénégalais par rapport au coût de la vie». Ousmane Sonko a aussi mis en avant les efforts du gouvernement pour attirer des investisseurs et des partenaires internationaux, tout en assurant que les actions entreprises visent exclusivement à servir les intérêts du peuple sénégalais. «Nous sommes en train juste de réinitialiser le logiciel qui n’était pas bon, de remettre les fondations pour pouvoir mettre des briques et avoir un bâtiment solide», a-t-il dit dans une sorte de métaphore architecturale. Le Premier ministre et président de Pastef-Les Patriotes a souligné par ailleurs la nécessité de rester concentré sur les objectifs fixés, malgré les critiques. Aussi a-t-il rappelé que ceux qui critiquent « ont déjà montré ce dont ils étaient capables, tant pour ce qu’ils ont réussi que pour ce qu’ils ont échoué » et que « l’histoire en garde un souvenir encore très frais». Raison suffisante pour encourager à son avis les jeunes à rester concentrés sur le cap établi, à soutenir les leaders en place et à ne pas chercher à profiter du pouvoir pour un enrichissement personnel.
Et de conclure : «Nous ne cherchons pas à profiter du pouvoir, et nous ne tolérerons aucun acte d’enrichissement personnel dans cette gouvernance. Nous sommes là pour servir, pour rendre service à ceux qui le méritent».
« L’opérationnalisation du programme fera l’objet d’une présentation globale dans les toutes prochaines semaines »
Quid du Projet que le nouveau parti au pouvoir, en l’occurrence Pastef-Les Patriotes, compte décliner à la tête de l’Etat ? Face à la presse, Ousmane Sonko a expliqué que le projet élaboré par son parti durant la campagne électorale, bientôt présenté aux Sénégalais et aux partenaires internationaux, nécessitait une mise en état opérationnel. Selon le président de Pastef, ce travail est presque achevé et le programme sera dévoilé dans les semaines à venir. Il a précisé que « l’opérationnalisation du programme fera l’objet d’une présentation globale dans les toutes prochaines semaines aux Sénégalais et à nos partenaires partout dans le monde». Sonko ajoutera que le Sénégal suscite désormais « tous les intérêts et toutes les convoitises ». Selon lui, ce mérite revient au peuple sénégalais, et non aux hommes politiques. Pour Sonko, ce peuple mérite que ses dirigeants se sacrifient pour le servir, en assurant une gouvernance vertueuse et axée sur les intérêts des Sénégalais. Le Premier ministre a enfin insisté sur l’importance de jouir pleinement de tout ce qui appartient au peuple et d’assurer une distribution équitable des ressources pour faire éclore le potentiel et les talents, tout en réduisant le chômage et créant des emplois.
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VISAS SCHENGEN, UNE ODYSSÉE KAFKAÏENNE
Sociétés privées, intermédiaires douteux, chancelleries... tous se partagent le gâteau Schengen, évalué à plus de 50 millions d'euros par an, rien que pour l'Afrique
Dans les coulisses de la forteresse Europe, se joue chaque jour un drame silencieux : la quête du précieux sésame Schengen. Pour des milliers d'Africains, ce visa est devenu le Saint Graal moderne, aussi insaisissable que convoité.
Imaginez un labyrinthe bureaucratique où chaque tournant cache un nouveau piège. D'abord, le casse-tête des rendez-vous. Tels des billets pour un concert de rock star, ils s'arrachent à prix d'or sur un marché noir florissant. Ensuite, le parcours d'obstacles financiers : frais de dossier, frais de service, frais de traitement...
Et que dire de cette loterie où même les gagnants peuvent se retrouver perdants ? Tel ce chef d'entreprise togolais, pourtant habitué des voyages d'affaires, soudain privé d'accès à l'Eldorado européen sur un simple refus administratif.
LE LAÏCAT DÉNONCE LES PROPOS MALADROITS DE SONKO
Pour l'instance de défense de la laïcité au Sénégal, le règlement intérieur des établissements d'enseignement privé catholique n'affecte ni la neutralité de l'enseignement dispensé, ni la liberté de conscience des élèves, ni leurs convictions religieuses
Dans le communiqué reçu ce dimanche 4 août 2024 et publié ci-dessous, le Conseil national du Laïcat est monté au créneau pour défendre les écoles privées catholiques, récemment prises pour cible par le Premier ministre Ousmane Sonko. Ce dernier avait en effet tenu des propos véhéments fin juillet, menaçant de ne "plus tolérer" les établissements qui refuseraient les filles voilées. Une sortie qualifiée d'"indélicate" et de "nature à heurter les sensibilités" par l'instance de défense de la laïcité.
Le Conseil national du Laïcat a tenu à rappeler le rôle historique des écoles catholiques dans l'éducation des Sénégalais depuis plus de deux siècles, ainsi que leur attachement aux valeurs de pluralisme prônées par la République. Il affirme son soutien à ces institutions engagées dans la promotion du vivre-ensemble.
Sur la question du voile soulevée, l'instance souligne qu'elle doit être circonscrite au règlement intérieur des établissements, librement accepté par les parents et élèves. Elle dénonce par ailleurs l'amalgame sur le projet éducatif de ces écoles, qui accueillent près de 120 000 élèves tous horizons confondus.
"Communiqué du Conseil national du Laïcat
L’école privée catholique au Sénégal
Un cadre d’accueil et de promotion du vivre ensemble
1- Le mardi 30 juillet 2024, le Premier ministre de la République du Sénégal, qui recevait les lauréats du Concours général, après que Son Excellence, Monsieur le président de la République les a honorés, a avancé les propos ci-après : « Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. Au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d'interdire le port du voile ». Se voulant plus clair, il a ajouté : « Gare à ces institutions qui refuseront d'accepter une fille simplement parce qu'elle est voilée ».
2- Les menaces à peine voilées contenues dans ces déclarations donnent une tonalité particulière à une question qui, au demeurant, n'est pas nouvelle. En 2019, ce débat avait été soulevé. Les solides arguments apportés à l'époque par le Conseil national du laïcat avaient contribué à ramener les gens à la raison.
3- Le fait nouveau réside, cette fois-ci, en cela qu'une plus haute autorité étatique s'en est fait l'écho en prononçant un verdict sans appel contre des établissements scolaires, point « contumax », mais jugés sans ménagement et jetés à la vindicte populaire.
4- Le Conseil national du Laïcat marque son indignation face à de telles déclarations qu’il juge maladroites. Ces propos indélicats de la part du chef du gouvernement de la République laïque et démocratique qu’est le Sénégal sont de nature à heurter la sensibilité des sénégalais épris de justice et de vérité, plus particulièrement des citoyens à part entière de foi catholique légitimement interpelés par les menaces proférées, sans ambages, contre des établissements privés catholiques.
5- Les allusions que comportent les déclarations du Premier ministre tendent hasardeusement à faire croire qu’être catholique c’est avoir la culture occidentale pour laquelle, du reste, l’Église n’a pas de préjugés. Elles créent, par ailleurs, un problème là où il n’y a qu’illusion de problème. De fait, les écoles privées catholiques sont entièrement dépendantes de la province Ecclésiastique de Dakar, qui rassemble les sept (7) diocèses du pays et elles respectent les lois et règlements régissant notre Nation.
6- Il faut s’en réjouir, le Sénégal est un pays où coexistent, en harmonie, depuis fort longtemps, des cultures diversifiées bien avant l’avènement des religions abrahamiques que nous avons accueillies. Cette coexistence pacifique d’une pluralité de cultures et de croyances, la pratique du « cousinage à plaisanterie » et les différents mécanismes de solidarité vécus au quotidien ou à l’occasion de grandes solennités, peuvent être regardés comme les manifestations du « commun vouloir de vivre en commun ».
7- Il est, dès lors, un impérieux devoir pour les pouvoirs publics de préserver et de faire respecter ces équilibres, en favorisant l’expression de cette diversité adossée à la construction d’un espace d’égalité et de réciprocité.
8- L’enseignement privé catholique, en ce qui le concerne, fort du message évangélique d’hospitalité et d’accueil de la pluralité culturelle et religieuse, inscrit en lettres d’or dans son projet éducatif le respect de l’autre. Il se veut, ainsi, chevillé à la Constitution du Sénégal qui, en son article 8, septième et huitième tirets, consacre respectivement le droit à l'éducation et le droit de savoir lire et écrire pour chaque citoyen sénégalais.
9- C’est ainsi que, depuis plus de deux (2) siècles, l’Église catholique s’investit et investit dans l’éducation des sénégalais et des étrangers résidant au Sénégal, notamment en milieu rural, sans aucune distinction de race, de religion, de sexe, de culture ou d’ethnie.
10- Manifestement et sans aucun conteste, les valeurs chrétiennes qui fondent le projet éducatif des institutions privées catholiques, dans le respect des principes constitutionnels d'égalité, de liberté, de respect mutuel, en somme, du vivre-ensemble, convainquent à suffisance les sénégalais de tous bords, de toutes conditions et de toutes confessions religieuses.
11- Aussi, pendant que certains élèves étudient encore dans des abris provisoires dans le public, 119 868 élèves sont-ils inscrits dans les écoles d'enseignement privé catholique, du CI à la terminale (compte non tenu du préscolaire), dont 33 664 de confession catholique, soit seulement 28,08%. L'Église a toujours collaboré avec l'État du Sénégal dans la prise en charge de la question délicate de l'éducation nationale. Elle ne saurait pour autant remettre en cause les principes qui sous-tendent son projet éducatif inspiré des valeurs évangéliques.
12- Au demeurant, le règlement intérieur des établissements de l'enseignement privé catholique n'affecte ni la neutralité de l'enseignement dispensé, ni la liberté de conscience des élèves, ni leurs convictions religieuses. Mieux, il garantit l'organisation scolaire et du projet éducatif propre de l'établissement sans violer pour autant son obligation d'accueillir les enfants en dehors de toute distinction d'origine, d'opinion ou de croyance.
13- En conséquence, les institutions privées catholiques ne sauraient tolérer, au nom de quelque conviction ou croyance, les attitudes et comportements contraires aux principes et à l'esprit de son projet éducatif. Elles demeurent fermes contre les comportements qui sont en porte-à-faux avec les règles de discipline générale et qui sont préjudiciables au vivre ensemble et au bon fonctionnement de tout établissement.
14-C'est le cas, en guise d'exemple, d'élèves s'interdisant de s'asseoir à côté de leurs camarades de sexe opposé en classe ou dans la cour de récréation, refusant de faire la gymnastique dans la tenue de l'école, pour des convictions religieuses, se regroupant et s'isolant dans la cour de récréation pour les mêmes raisons et refusant le port strict de l'uniforme de l'école. (Cf. lettre ouverte du Conseil national du laïcat en 2019).
15- Le Conseil national du Laïcat soutient, à cet égard, les institutions privées catholiques et les encourage à demeurer respectueuses des dispositions de la loi n°91-22 du 30 janvier 1991 portant orientation de l’Éducation nationale, modifiée, qui indique : « Au sein des établissements publics et privés d’enseignement, dans le respect du principe de la laïcité de l’État, une éducation religieuse optionnelle peut être proposée. Les parents choisissent librement d’inscrire ou non leurs enfants à cet enseignement ».
16-Sous ce prisme, ceux qui ne souhaitent pas respecter le règlement intérieur des établissements privés catholiques doivent s'en prendre à eux-mêmes pour leurs attitudes et comportements d'auto ségrégation et d'auto exclusion; toutes postures en inadéquation avec l'esprit de famille et d'ouverture, du vivre ensemble que promeuvent l'école catholique et le Sénégal. Il revient donc aux parents et aux élèves, qui ont librement choisi ces établissements, de se conformer aux exigences du règlement intérieur et aux objectifs du projet éducatif qui les inspire.
17- La question agitée du voile n'est, sous ce rapport, qu'une conséquence de l'exigence du respect d'une règle générale découlant du principe du vivre ensemble dans une égale dignité et dans le respect de la diversité culturelle et religieuse au sein des établissements d'enseignement privé catholique. Elle doit être circonscrite strictement dans le cadre d'un règlement intérieur auquel les élèves et leurs parents adhèrent en toute connaissance de cause.
18- Toute autre interprétation n'est que conjecture, tant l'Église catholique, connue pour sa pastorale, poursuit, au-delà de son projet éducatif, son œuvre en participant de manière active au développement social et économique du pays. Il en est ainsi particulièrement dans les domaines de la santé et du développement du capital humain, où on note le même dynamisme d'actions caritatives destinées à toutes les couches sociales, sans distinction de religion ou d'origine. Autant d'initiatives qui accompagnent fort heureusement les politiques publiques dans ces sous-secteurs.
19- Au regard de ce qui précède, le Conseil national du Laïcat, fidèle à ses valeurs de paix et de fraternité, et au nom de l'intérêt supérieur de la Nation, invite toutes les forces vives de notre pays, surtout les pouvoirs publics, à consolider le vivre ensemble, en vue d'asseoir la stabilité sociale durable du Sénégal, facteur clé d'un développement économique et social inclusif. Aussi, rappelle-t-il la nécessité de respecter le règlement intérieur des écoles catholiques qui proscrit tout prosélytisme à l'école.
20- Le Conseil national du Laïcat reste ouvert à toute forme de dialogue qui met en avant le vivre ensemble, la stabilité et la paix dans ce pays.
Vive l'école sénégalaise ! Vive le vivre Ensemble ! Vive le Sénégal !"
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ABDOU MBOW SONNE LA CHARGE CONTRE LE NOUVEAU POUVOIR
Quatre mois après l'alternance, le Sénégal est-il sur la bonne voie ? Pas selon le député qui a livré un réquisitoire implacable contre le gouvernement de Diomaye. Il évoque l'absence de vision et une "chasse aux sorcières" de la part des autorités
Ce dimanche 4 août 2024, le député Abdou Mbow, figure de proue de l'Alliance pour la République (APR) et président du groupe parlementaire d'opposition Benno Bokk Yakaar (BBY) à l'Assemblée nationale, a livré un réquisitoire cinglant contre le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye lors de son passage dans l'émission "Grand Jury" de la RFM.
Mbow n'a pas mâché ses mots, qualifiant les premiers mois du nouveau régime de "tâtonnement incessant". Il a pointé du doigt l'absence de vision claire et de cap défini, illustrée selon lui par le refus persistant du Premier ministre Ousmane Sonko de présenter sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale.
Le député a par déclaré ce qu'il considère ailleurs comme une "chasse aux sorcières" contre les anciens dirigeants, s'inquiétant des "arrestations arbitraires" et des menaces pesant sur l'indépendance de la magistrature. Il a notamment fustigé les récentes déclarations du président Faye concernant la nomination des magistrats, les jugeant « dangereux » et contraires à la tradition républicaine.
Sur le plan économique et social, Mbow a dressé un tableau alarmant, évoquant des difficultés pour les entreprises, une pression fiscale croissante, et une recrudescence de l'émigration clandestine. Il a ainsi remis en question la capacité du nouveau pouvoir à tenir ses promesses électorales.
Malgré les défections au sein de son parti, l'APR, Abdou Mbow a réaffirmé la force et la mobilisation de l'opposition, se disant prêt à affronter de futures échéances électorales pour "rectifier ce qui s'est fait le 24 mars passé" .
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LES CLÉS DE LA REDDITION DES COMPTES
L'avocat Pape Djibril Kante préconise dans un premier temps la négociation et les remboursements en cas de bonne foi, sans exclure les poursuites judiciaires en cas de malversations graves. Il souligne aussi l'impératif d'une communication claire
Dans une intervention remarquée lors de l'émission "Objection" sur Sud FM ce dimanche 4 août 2024, Me Pape Djibril Kante, avocat sénégalo-canadien spécialiste en droit des affaires, a mis en lumière l'importance et les mécanismes de la reddition des comptes au Sénégal.
"La reddition des comptes n'est pas un épouvantail, mais un processus normal et nécessaire de bonne gouvernance", a affirmé un emblème Me Kanté. Selon lui, ce processus implique une vérification systématique de l'utilisation des deniers publics, une pratique qui devrait être routinière plutôt qu'exceptionnelle.
L'avocat a détaillé les étapes clés de ce processus : "Il faut d'abord identifier les comptes concernés, qu'ils soient publics ou privés. Ensuite, des experts doivent examiner ces comptes, établir des bilans et demander des justifications aux gestionnaires. " Me Kanté a insisté sur le rôle crucial des corps de contrôle dans cette démarche.
Face aux craintes de "chasse aux sorcières", l'avocat a plaidé pour une approche équilibrée : "La négociation doit être privilégiée dans un premier temps. Si les personnes concernées sont de bonne foi et prêtes à collaborer, on peut envisager des remboursements ou des arrangements." Toutefois, il n'a pas écarté la possibilité de poursuites judiciaires en cas de mauvaise volonté manifeste ou de malversations graves.
L'invité de Baye Omar Gueye a également souligné l'importance de la transparence dans ce processus : "Il faut communiquer clairement avec la population à chaque étape, expliquer les procédures et les délais. La justice ne doit pas être expéditive, mais elle doit être efficace et visible. "
Abordant la question des contrats et conventions, l'avocat a estimé que la reddition des comptes pourrait mener à des renégociations, notamment dans les secteurs minier et pétrolier. "C'est l'occasion de rééquilibrer les intérêts du Sénégal et d'assurer que nos ressources profitent réellement à la population", at-il déclaré.
Enfin, Me Kante a insisté sur la nécessité d'une réforme judiciaire pour garantir l'impartialité et l'efficacité de ce processus. "Une justice indépendante et bien équipée est essentielle pour mener à bien cette reddition des comptes", at-il conclu.
DIOMAYE À TOUBA POUR LE LANCEMENT DE LA JOURNÉE DE L'ARBRE
Dans une ambiance solennelle, le chef de l'Etat va planter symboliquement le premier arbre avant d'aborder l'importance du reboisement pour le développement du pays
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye est arrivé aux environs de 11h 45 mn à Touba pour présider la cérémonie officielle de lancement de la 41ème édition de la Journée nationale de l’arbre, un événement qui marque également le démarrage de la campagne nationale de reboisement, a constaté l’APS.
Le président Faye est arrivé en compagnie de plusieurs personnalités de l’Etat sur le site de Touba héliport, situé en face de la résidence Cheikhoul Khadim et qui abrite la cérémonie officielle de lancement de cet évènement, a constaté l’APS.
L’arbre parrain, le manguier que le président Faye va symboliquement planter est déjà positionné près de la tribune officielle aménagée de même que le pupitre où il va prononcer son allocution.
Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, maitre d’œuvre de cette journée d’investissement humain consacrée au reboisement, est arrivé un peu plus tôt sur le site de l’héliport, en compagnie de plusieurs responsables de son département.
Des personnalités et dignitaires religieux à l’image du porte-parole du Khalife général des mourides, Serigne Bass Abdou Khadre Mbacké, de Serigne Abdou Latif Mbacké, et Serigne Dame Soda Fall, porte-parole du Khalife général des Baye Fall, entre autres, ont déjà pris place sous la tente aménagée pour la cérémonie.
Plusieurs agents du service des eaux et forêts, des agents de la Société nationale de gestion intégrée des déchets (SONAGED) sont mobilisés pour la réussite de la journée.
Coté sécurité, un impressionnant dispositif composé d’éléments de la gendarmerie nationale, est positionné aux alentours du site. Le service sécurité de la présidence de la République est en place.
Des barrières sont érigées autour du site où les entrées sont filtrées par la sécurité. Seuls les détenteurs de cartons d’invitation ou badges peuvent accéder au lieu de l’évènement.
‘’Rôle du reboisement dans la souveraineté alimentaire et le développement économique’’, est le thème de cette 41-ème édition de la journée nationale de l’arbre
La Journée nationale de l’Arbre instituée par décret présidentiel en 1983 vise à sensibiliser la population sénégalaise sur l’importance de l’arbre pour son environnement et l’amélioration de ses conditions de vie, à travers des causeries, des démonstrations pratiques des techniques de plantations, de films documentaires, de visites de chantiers de reboisement.
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LE SERMENT DES IRRÉDUCTIBLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsque des voix citoyennes se rassemblent, l'espoir de changement renaît. À travers son objectif, Joe Gaye Ramaka immortalise "Sursaut Citoyen", ce creuset d'une société civile déterminée à préserver la démocratie sénégalaise
Au Sénégal, la démocratie est un bien précieux mais fragilisé. Face à la dérive autoritaire du régime de l'ex-président Macky Sall, un vent de résistance civique s'est levé. "Sursaut Citoyen", ce creuset transcendant les clivages, réunit des personnalités influentes telles que Mamadou Ndoye, René Lake, Penda Mbow, Ass Mademba Ndiaye, Mamadou Lamine Loum, Alioune Tine, Mame Mame Adama Gueye, ou encore Thiaba Camara autour d'un objecti f: la préservation des valeurs démocratiques.
Dans ce documentaire de 14 minutes, le célèbre réalisateur Joe Gaye Ramaka ausculte les entrailles de ce mouvement cathartique. Des coulisses de l'élaboration du "Pacte de bonne gouvernance démocratique" aux soubresauts de la dernière présidentielle, le cinéaste nous plonge dans l'âpre lutte pour faire entendre la voix du peuple.
Au-delà du simple documentaire, cette œuvre représente une ode à la résilience d'un peuple qui, portant haut les recommandations des Assises nationales et les conclusions du rapport de la Commission nationale de réforme des institutions, exige la concrétisation du Pacte de bonne gouvernance démocratique.