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25 novembre 2024
Politique
ENJEUX D’UN COUPLAGE
Le scénario d'un coup double impliquant les législatives et les territoriales est à double tranchant : il pourrait rebattre les cartes au profit du pouvoir, mais l'opposition risque de s'y opposer pour conserver ses bastions locaux
L’idée du couplage des élections territoriales et législatives serait une des propositions phares d’une partie de la société civile qui se penche sur l’édition d’un livre blanc sur le système électoral. Ce qui suggère la double dissolution de l’Assemblée et des collectivités territoriales. Diomaye et Sonko, qui ne sont pas majoritaire, ne cracheraient pas sur une telle perche. Mais l’opposition laisserait-elle les parcelles de pouvoir qui lui restent lui filer entre les mains ? En attendant, il y a le garde-fou de l’impossibilité d’une dissolution générale des collectivités.
La dissolution de l’Assemblée nationale est de plus en plus agitée. Et la saisine du Conseil constitutionnel par le chef de l’Etat irait dans ce sens. Mais une autre idée fait son chemin. Des voix rejoignent ainsi le Collectif des organisations de la société civile (Cosce) et prône un couplage des élections législatives avec les élections territoriales. Cette formule est entretenue par la frange qui estime que le régime doit avoir «une majorité aussi bien législative que territoriale», considérant qu’en l’état actuel, il y a une «cohabitation» avec le contrôle de plus de 500 communes et départements par Benno bokk yaakaar. D’autres, du côté de Pastef, soutiennent que le Président a, là, l’occasion de «rationaliser le calendrier électoral».
Macky Sall en 2023 : «11 élections en 11 ans, Ça n’a pas de sens et ça nous coûte cher»
En juin 2023, recevant le rapport issu des travaux du dialogue national qu’il avait lancé le 31 mai de la même année, le Président Macky Sall avait plaidé cette cause. «En 11 ans, j’ai organisé 11 élections au Sénégal. Ça n’a pas de sens et ça nous coûte cher. Il nous faut rationaliser tout cela», avait-il insisté. Et c’était aussi la position de certains responsables de la société civile. «Il faut arriver à organiser les élections à la même année pour avoir quatre années pleines pour travailler, les élections législatives et territoriales peuvent être couplées et organisées cette année», avait plaidé le directeur exécutif de l’Ong 3D, en mai dernier. Mais il faudra, au préalable, procéder à la dissolution des collectivités territoriales. Pas si évident !
Impossible dissolution générale
D’abord, même si l’organisation des deux élections participerait de la rationalisation, il est quasiment impossible de le faire. Parce que «la dissolution ne peut plus être faite par une mesure générale». Pour l’organisation de telles élections, il faudra installer trois urnes dont chacune sera réservée à un type d’élection : une pour le département, une pour les communes et une pour les Législatives. Ce qui allongerait, considérablement le temps de vote. Sans compter la confection des bulletins de vote ? A cela s’ajoute la question du parrainage qui constitue également une difficulté et non des moindres au regard des dispositions actuelles de la loi électorale. A ne pas perdre de vue que les acteurs lors du dialogue politique avaient décidé d’introduire une nouveauté pour le vote des maires à l’élection uninominale, c’est-à-dire l’élection du maire au suffrage universel direct. Ce qui voudrait dire que ces élections vont être complexes, si toutefois, le couplage est acté. Interrogé en 2021 par le quotidien EnQuête, Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’Ong 3D déclarait : «On ne saura pas qui veut être député, qui veut être maire surtout avec cette nouvelle donne d’élection uninominale des maires. La nature des deux élections n’étant pas la même, les objectifs et les enjeux non plus, il sera difficile à une pluralité de partis, pour des raisons de cohérence, de conclure une alliance au niveau national sur les listes de députés et de se combattre au niveau local ou les stratégies d’alliance ne sont pas les mêmes, compte tenu des réalités et vice versa».
Une perche pour Diomaye-Sonko
En proposant le couplage des Législatives et des Territoriales, la société civile, dont la grande majorité était contre en 2021, n’est-elle pas en train de tendre une bonne perche au pouvoir qui peut surfer sur sa popularité. Ainsi, a priori, le régime Pastef pourrait rebattre les cartes au niveau local. Ce qui suggère la double dissolution de l’Assemblée, contrôlée par Benno, et des collectivités territoriales dont plus de 500 sont entre les mains du régime sortant. Même si l’opposition, Yewwi askan wi notamment, règne sur certaines grandes villes. Abdoulaye Wade en 2001, après avoir installé des délégations spéciales, avait raflé presque toutes les collectivités aux Locales de 2002.
DIOMAYE PROCÈDE À DE NOUVELLES NOMINATIONS
Le conseil des ministres de ce mercredi 07 aout a été marqué par de nouvelles vastes nominations. Départ du gouverneur et du sous-Préfet de Dakar-Plateau, Mody Niang et les rappeurs Kilifeu et Nitt Doff casés comme Pca, Néné Fatoumata Tall perd le Fongip
Départ du gouverneur et du sous-Préfet de Dakar-Plateau, Mody Niang et les rappeurs Kilifeu et Nitt Doff casés comme Pca du Soleil, Néné Fatoumata Tall perd le Fongip
Le conseil des ministres de ce mercredi 07 aout a été marqué par de nouvelles vastes nominations. Au niveau de l’administration, le départ du célèbre Gouverneur de Dakar Al Hassan Sall a été acté, tandis que le célèbre Mody Niang a été casé comme PCA du Soleil. L’ancien ministre Néné Fatoumata Tall a perdu son juteux fauteuil du Fongip.
Au titre de la Primature :
· Madame Ndèye Khansou CAMARA, Magistrat, est nommée Directrice de l’Action normative, en remplacement de Monsieur Amadou NGOM ;
Au titre du Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines
·Monsieur Ibrahima GASSAMA, Docteur en géologie, est nommé Directeur Général des Mines et de la Géologie au Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines en remplacement de Madame Roseline Anna Coumba MBAYE ;
Au titre du Ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération :
· Madame Ndèye Fatou MBODJ, Comptable, est nommée Administrateur général du Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires, en remplacement de Madame Néné Fatoumata TALL.
Au titre du Ministère de la Formation professionnelle :
· Madame Adjaratou Bousso DIAGNE, Professeur de l’Enseignement secondaire, titulaire d’un MBA en Audit et Contrôle de gestion, matricule de solde n° 648 183/N, est nommée Inspecteur des Affaires administratives et financières au Ministère de la Formation professionnelle, en remplacement de Monsieur Amadou Bouré SENE.
Au titre du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement:
· Monsieur Alassane NDAO, Titulaire d’un Diplôme d’Ingénieur polytechnicien en Génie civil, est nommé Président du Conseil d’Administration de l’Office national de l’Assainissement (ONAS) en remplacement de Monsieur Ibrahima AGNE ;
· Monsieur Cheikh BADIANE, Titulaire d’un Diplôme d’Etudes Supérieures en Études du Développement, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale des Eaux du Sénégal(SONES) en remplacement de Monsieur Pape Mael THIAM.
Au titre du Ministère de la Communication et des Télécommunications :
· Monsieur Mody NIANG, Enseignant à la retraite est nommé Président du Conseil d’administration de la Société Sénégalaise de Presse et de Publication - Le Soleil (SSPP Le Soleil), poste vacant.
Au titre du Ministère de l’Industrie et du Commerce :
· Madame Madeleine Suzane LO, Economiste, matricule de solde n° 666 369/Z, est nommée Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement du Ministère de l’Industrie et du Commerce.
Au titre du Ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires :
· Monsieur Papa Ndiamé SENE, spécialiste en Finances publiques, matricule de solde n° 625 106/B, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement du Ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, en remplacement de Monsieur Al Hassane DIOP.
· Monsieur Edouard NDECKY, Ingénieur des Travaux de Planification, matricule de solde n°618 687/H, est nommé Directeur des Infrastructures Portuaires au Ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, en remplacement de Monsieur Ousmane NDIAYE admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
· Monsieur Mamadou Aliou DIALLO, Docteur en Droit Public et Sciences politiques, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société des Infrastructures de Réparation navale (SIRN) en remplacement de Monsieur Amadou KA.
Au titre du Ministère de la Famille et des Solidarités:
· Madame Ndèye Marième SAMB, Docteur en Géographie et Aménagement de l’espace, est nommé Coordonnateur du Programme de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA), en remplacement de Monsieur Moussa SOW,
· Monsieur Baidy NIANG, Inspecteur du Trésor, matricule de solde n°616 256/H, est nommé Directeur Général du Fonds de Solidarité national au Ministère de la Famille et des Solidarités, en remplacement du Docteur Kalidou BA,
· Madame Mbossé BADIANE, Titulaire d’un Master 2 en Management du Développement local et Ingénierie sociale, matricule de solde n°715 210/J, est nommée Directrice de l’Evaluation des Programmes et Projets au Ministère de la Famille et des Solidarités, en remplacement de Madame Seynabou Diouf MBOUP.
Au titre du Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires:
·Monsieur Moussa TINE, Architecte diplômé d’Etat, est nommé Directeur général de la Construction et de l’Habitat au Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires, en remplacement de Monsieur Amadou THIAM, appelé à d’autres fonctions.
·Monsieur Cheikh Ibrahima DIEDHIOU, Professeur d’Enseignement secondaire, titulaire d’un Master 2 en Ingénierie du Développement territorial, matricule de solde n°652.509/K, est nommé Directeur de la Promotion des Pôles urbains au Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires, en remplacement de Madame Fatim TALL, appelée à d’autres fonctions.
Au titre du Ministère de la Santé et de l’Action sociale :
· Monsieur Seydina Ousmane BA, titulaire d’un Doctorat en Médecine, précédemment Chef du Service de la Médecine physique et de la Réadaptation fonctionnelle à l’hôpital principal de Dakar, est nommé Directeur du Centre national d’Appareillage orthopédique (CNAO), en remplacement de Monsieur Djibril BEYE.
· Monsieur Mouctar LY, titulaire d’un Doctorat en Médecine, matricule de solde n° 735.228/A, est nommé Directeur de l’Établissement public de Santé de niveau 1 «Roi BAUDOIN», en remplacement de Monsieur Cheikh Mbaye SECK.
· Monsieur Papa Madièye GUEYE, Professeur titulaire de Biochimie pharmaceutique, est nommé Président du Conseil de Réglementation de l’Agence sénégalaise de Réglementation pharmaceutique (ARP), en remplacement de Monsieur Sylvain Alphonse BOYER.
Au titre du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture :
· Monsieur Mor Talla GUEYE, Artiste-entrepreneur, est nommé Président du Conseil d’Administration du Fonds de Développement des Cultures urbaines (FDCU) au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en remplacement de Monsieur Moustapha DIENG, appelé à d’autres fonctions;
· Monsieur Babacar Wagane FAYE, Ingénieur-statisticien, précédemment Chef du Bureau des Méthodes à l’Agence nationale des Statistiques et de la Démographie (ANSD) est nommé Secrétaire général de l’Agence nationale pour la Promotion et l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, 7 en remplacement de Monsieur Abdoulaye DIATTA, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Landing Mbessane SECK, Artiste entrepreneur, est nommé Président du Conseil d’Administration du Grand Théâtre national au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en remplacement de Monsieur Ahmet NDIAYE, appelé à d’autres fonctions;
· Monsieur Mohamed Abdallah LY, Enseignant-chercheur, est nommé Directeur général du Musée des Civilisations noires au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en remplacement de Monsieur Hamady BOCOUM, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
· Monsieur Balla NDIAYE, Conseiller aux Affaires culturelles, matricule de solde n° 615 448/B, est nommé Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel SORANO au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en remplacement de Monsieur Abel MARONE, appelé à d’autres fonctions;
· Monsieur Médou Mané DIOP, Expert fiscal, mandataire judiciaire, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence nationale pour la Promotion et l’Emploi des Jeunes(ANPEJ) au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en remplacement de Monsieur Cheikh Tidiane DIOUF, appelé à d’autres fonctions ; Au titre du Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage :
· Monsieur Mamadou SYLLA, Docteur vétérinaire, matricule de solde n°690633/I, est nommé Directeur régional de l’Elevage et des Productions animales de Dakar au Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, poste vacant.
· Monsieur Amadou Alassane NDIAYE, Docteur vétérinaire, matricule de solde n°724378/E, est nommé Directeur régional de l’Elevage et des Productions animales de Sédhiou au Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, en remplacement de Monsieur Mamadou SYLLA, appelé à d’autresfonctions.
Au titre du Ministère du Tourisme et de l’Artisanat :
· Monsieur Doudou Gnagna DIOP, diplômé en hôtellerie, est nommé Président du Conseil d’administration de la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones touristiques du Sénégal (SAPCO), en remplacement de Monsieur Amadou Tidiane Diba.
Au Titre du Ministère de l’Intérieur:
· Monsieur Ousmane KANE, Administrateur civil, matricule de solde 604 137/E, précédemment Gouverneur de la Région de Kaolack, est nommé Gouverneur de la Région de Dakar en remplacement de Monsieur Al Hassan SALL, appelé à d’autres fonctions.
· Monsieur Al Hassan SALL, Administrateur civil, matricule de solde 604 141/L, précédemment Gouverneur de la Région de Dakar, est nommé Gouverneur de la Région de Saint Louis en remplacement de Monsieur Alioune Badara SAMBE, appelé à d’autres fonctions. ·
Monsieur Mouhamadou Moctar WATT, Administrateur civil, matricule de solde 519 025/J, précédemment Gouverneur de la Région de Matam, est nommé Gouverneur de la Région de Kaolack en remplacement de Monsieur Ousmane KANE, appelé à d’autres fonctions.
· Monsieur Saer NDAO, Administrateur civil, matricule de solde 517 932/C, précédemment Gouverneur de la Région de Kolda, est nommé Gouverneur de la Région de Thiès en remplacement de Monsieur Oumar Mamadou BALDE, appelé à d’autres fonctions.
· Monsieur Diadia DIA, Administrateur civil, matricule de solde 616324/F, précédemment Préfet du département de Saint-Louis, est nommée Gouverneur de la Région de Sédhiou en remplacement de Monsieur Serigne Babacar KANE, appelé à d’autres fonctions.
· Madame Ngoné CISSÉ, Administrateur civil, matricule de solde 661 356/C, précédemment Préfet du département de Guinguinéo, est nommé Gouverneur de la Région de Fatick en remplacement de Madame Seynabou GUEYE, appelée à d’autres fonctions.
· Monsieur Saïd DIA, Administrateur civil, matricule de solde 515 927/E, précédemment préfet du Département de Guédiawaye, est nommé Gouverneur de la Région de Matam en remplacement de Monsieur Mouhamadou Moctar WATT, appelé à d’autres fonctions.
· Monsieur Moustapha DIAW, Administrateur civil, matricule de solde 511 569/E, précédemment Préfet du Département de Kaffrine, est nommé Gouverneur de la Région de Kaffrine en remplacement de Monsieur El Hadji Bouya AMAR, appelé à d’autres fonctions.
· Monsieur Moustapha NDIAYE, Administrateur civil, matricule de solde 514 686/D, précédemment Préfet du Département de Pikine, est nommé Gouverneur de la Région de Kolda en remplacement de Monsieur Saer NDAO, appelé à d’autres fonctions.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL ENCORE SUR LA ROUTE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Le président aurait demandé l'avis du Conseil Constitutionnel sur la dissolution du parlement, une démarche qui fait débat. Au cœur de la controverse : l'interprétation de la Constitution et du règlement intérieur de l'Assemblée
La météo politique annonce des pluies diluviennes qui pourraient inonder les couloirs de la présente législature sous la forme d’une dissolution annoncée. Le Conseil Constitutionnel aurait été sollicité par le président de la République pour donner un avis juridique. Bassirou Diomaye Faye veut être éclairé pour s’entourer de toutes les garanties avant de conduire à l’échafaud la présente législature à l’échafaud. Seulement voilà, au niveau du corpus judiciaire, on soutient que ledit Conseil Constitutionnel n’a aucune compétence sur la dissolution de l’Assemblée nationale sauf dans des situations exceptionnelles prévues par l’art 52 de la Constitution.
En ce début de semaine, Dakar et le reste du pays commencent à s’installer définitivement dans la saison des pluies. Août a toujours été un mois pluvial. La météo est scrutée quotidiennement par les citadins comme les ruraux. Sur le plan politique aussi, une autre météo est scrutée. Celle qui annonce une probable tempête sur la législature en cours issue des législatives de juillet 2022. Depuis que le président Bassirou Diomaye Faye s’est installé au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, après son élection dès le premier tour avec 54% des suffrages exprimés le 25 mars 2024, l’on refait les comptes politiques du côté des tenants du pouvoir. Les réformes promises au bon peuple butent sur le fait que, Place Soweto, la majorité parlementaire est détenue par la coalition défaite lors de la dernière élection présidentielle. Autrement dit la majorité présidentielle et la majorité parlementaire ne s’accordent pas ! Plutôt que de travailler à un compromis, le nouveau pouvoir, à travers le Premier ministre Ousmane Sonko, a voulu imposer un rapport de forces. Il a notamment exigé la mise à jour préalable du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dans le sens d’y intégrer les dispositions relatives au Premier ministre — supprimées en même temps que la fonction elle-même au lendemain de la présidentielle de 2019 — avant qu’il vienne faire sa Déclaration de Politique générale (DPG) dans l’hémicycle. Une exigence qui a eu pour effet de braquer les députés de la majorité parlementaire qui appartiennent, on l’a dit, au régime défait le 24 mars dernier. Pour montrer leur mécontentement, ils ont refusé d’accueillir le ministre des Finances pour son débat d’orientation budgétaire. Un conflit latent pour la résolution duquel le président de la République a rencontré le titulaire du perchoir pour une sortie de crise. Une sortie qui passait par un dialogue pour un nouveau Règlement intérieur fruit d’un compromis de toutes les forces politiques de l’Assemblée nationale lors d’un conclave à Saly tenu le mois dernier.
Malgré ce cessez-le-feu, pourtant, chaque camp fourbit ses armes de destruction politique pour la lutte finale. Sur ce registre, il a été annoncé en début de semaine que le président Bassirou Diomaye Faye aurait saisi le Conseil Constitutionnel pour avis sur la question de la dissolution de l’Assemblée nationale. La confirmation officielle est attendue. Elle ne viendra pas de sitôt, mais il n’empêche cette question de la dissolution fait débat. Selon l’ancien député Alioune Souaré, la saisine annoncée du Conseil Constitutionnel par le président de la République ne peut être que consultative, voire personnelle. « Parce que le Conseil Constitutionnel n’a aucune compétence à intervenir dans la procédure de dissolution de l’Assemblée nationale sauf dans les conditions prévues par l’article 52 de la Constitution qui parle d’une situation d’exception qui peut déboucher sur des pouvoirs d’exception accordés au président de la République. Situation d’exception peut se comprendre comme une menace de l’indépendance de la République ou de guerre » indique l’ancien parlementaire. Selon ce dernier, la saisine du Conseil Constitutionnel par le président Diomaye Faye sur la dissolution de l’Assemblée nationale ne peut être faite qu’à titre personnel. Notre interlocuteur de convoquer la jurisprudence Kéba Mbaye qui avait fait comprendre à l’époque au président Abdou Diouf que, s’agissant d’un certain nombre d’interpellations, le Conseil Constitutionnel n’agissait qu’à titre consultatif. Alioune Souaré renforce son argumentaire en expliquant qu’il n’y a nulle trace du Conseil Constitutionnel au niveau de l’article 87 de la Constitution qui parle de dissolution. Selon cet article 87, « Le Président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du Premier ministre et celui du Président de l’Assemblée nationale, prononcer, par décret, la dissolution de l’Assemblée nationale. Toutefois, la dissolution ne peut intervenir durant les deux premières années de législature. Le décret de dissolution fixe la date du scrutin pour l’élection des députés. Le scrutin a lieu soixante jours au moins et quatre-vingt dix jours au plus après la date de publication dudit décret. L’Assemblée nationale dissoute ne peut se réunir. Toutefois, le mandat des députés n’expire qu’à la date de la proclamation de l’élection des membres de la nouvelle Assemblée nationale ».
Début de législature et début de mandat
Le débat se situe donc après les deux premières années de législature, à quel moment le président de la République peut-il dissoudre l’Assemblée nationale ? Pour y répondre, il faut tenir compte du début de la législature et du mandat des députés. Selon Alioune Souaré, la Constitution est muette concernant le début de la législature. C’est l’article 51 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui règle la question du début de la législature. « Le député est couvert par l’immunité à compter du début de son mandat qui prend effet dès la proclamation des résultats de l’élection législative par le Conseil Constitutionnel » selon l’art 51. C’est le 11 août 2022 que le Conseil Constitutionnel a proclamé les résultats de l’élection qui s’est déroulée en juillet. Donc à partir du dimanche 11 août 2024, la présente législature va boucler ses deux années d’existence. Rien ne pourra s’opposer dès lors à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye selon les tenants de la thèse du début de législature. La Constitution est muette également concernant le début du mandat. Sur ce point, notre interlocuteur convoque encore le règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui stipule en son article 9 que « au début de la législature, le plus âgé des membres présents, sachant lire et écrire la langue officielle, assure la présidence » lors de la séance pour l’élection du président de l’Assemblée nationale et du Bureau. Amadou Mame Diop a été élu le 12 septembre 2022 comme président de l’Assemblée nationale. En vertu de quoi, la dissolution de l’Assemblée nationale ne pourrait qu’intervenir que vers le 12 septembre 2024 selon les tenants de la thèse du début de mandat. Est-ce pour sortir de cet imbroglio juridique relatif à la date de dissolution que le président de la République a sollicité l’avis du Conseil Constitutionnel ? Lui seul pourrait répondre à cette question.
DIOMAYE ET SONKO FACE À TROIS EQUATIONS PARTICULIÈREMENT COMPLEXES
Les inondations chroniques, le chômage endémique des jeunes et l'émigration clandestine constituent un triptyque de problèmes apparemment insolubles
Au Sénégal, il y a trois équations qu’aucun régime n’a pu résoudre jusque-là. Il s’agit de celles liées aux inondations, à l’emploi des jeunes et à l’émigration clandestine. Les nouvelles autorités détiennent-elles les solutions de ces équations ?
L’émigration clandestine ou le choix entre la réussite et la mort...
Le phénomène de l’émigration vers les pays développés, particulièrement ceux de l’Europe, remonte à très longtemps au Sénégal. Le Sénégalais a toujours été guidé par le souci d’aller chercher fortune. Dans les années 60 et 70, des dizaines de milliers de nos compatriotes ont migré vers l’Afrique centrale, particulièrement le Gabon, qui étaient alors des pays à la recherche de main d’œuvre qualifiée et où, aussi, le commerce était à développer dans des pays vierges de tout.
Dans le même temps, de fortes légions de Sénégalais s’établissaient en France où ils arrivaient par bateaux et débarquaient au port de Marseille. Au lendemain des Trente glorieuses ayant suivi la Second guerre mondiale, les usines de la Métropole étaient à la recherche de main d’œuvre et les travailleurs africains, notamment sénégalais, étaient les bienvenus. Des milliers d’entre eux travaillaient dans les services de nettoiement. Il faut dire qu’à l’époque, les ressortissants des anciennes colonies étaient exemptés de visas d’entrée en France. Tout de même, les Sénégalais, eux, devaient obtenir des visas de sortie de leur pays, ce qui n’était pas une mince affaire.
Par la suite, face à l’automatisation et la robotisation, c’est-à-dire au développement technologique, les chaines de montage d’automobiles en particulier n’avaient plus besoin d’ouvrier peu qualifiés, le travail à la chaîne n’étant plus ce qu’il était. Après la crise économique consécutive au choc pétrolier de 1973, les Etats européens ont entrepris de fermer leurs frontières et d’instaurer des visas. Ce, afin de lutter contre les flux migratoires devenus un véritable casse-tête pour eux.
Dans les années 90, afin de contourner ces barrages migratoires, les Africains en général, et nos compatriotes en particulier, ont choisi d’emprunter les pirogues pour rejoindre l’Eldorado européen. Depuis, le phénomène a pris de l’ampleur. Chaque année, des milliers de milliers se noient dans l’océan en tentant de traverser la Méditerranée ou en prenant la route migratoire de l’Atlantique. Des centaines de nos compatriotes ont péri en tentant ces traversées dangereuses à bord de frêles pirogues surchargées. Malgré les accords signés avec la France et l’Espagne, notamment, pour promouvoir une immigration légale et maîtrisée, le régime du président Abdoulaye Wade n’a pas pu venir à bout de ce phénomène. L’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, en 2012, n’a pas non plus réduit le flux migratoire malgré les promesses de création de 500.000 emplois.
Au finish, ce sont des milliers de personnes, adultes, jeunes, hommes et femmes en quête d’une vie meilleure, qui ont perdu la vie en mer. L’État, en tant que garant de la sécurité des personnes et de leurs biens, n’a pas joué pleinement son rôle aussi bien dans la surveillance des zones d’embarquement que dans la mise en œuvre d’une bonne politique de l’emploi pour stopper l’hémorragie.
Malgré le déploiement d’un dispositif Frontex pour stopper les départs à partir des côtes africaines, chaque année, par beau temps, c’est-à-dire en été comme ces jours-ci, des dizaines de pirogues s’élancent vers les côtes européennes notamment celles de l’ile italienne de Lampedusa ou de l’archipel des Canaries, en Espagne. Les deux précédents régimes ayant échoué à mettre fin au phénomène de l’émigration clandestine, le pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, élu entre autres promesses sur celle de mettre fin à cette émigration clandestine qui ravage notre jeunesse, est donc dos au mur. Il doit créer des milliers d’emplois pour fixer tous ces jeunes despérados en quête d’un illusoire Eldorado européen, au Sénégal. Le duo Diomaye Sonko est donc très attendu pour enfin trouver une solution définitive à ce phénomène.
Les inondations, plus de 1000 milliards dans les eaux...
Il est devenu rare au Sénégal de passer un hivernage sans que les populations ne soient confrontées au problème des inondations. Tout est parti des années 1990 lorsque, suite à de fortes pluies, des centaines de familles habitant le plus souvent dans des cuvettes ou des zones non aedificandi, se sont retrouvées dans les eaux. Depuis lors, les inondations se répètent chaque année avec leur lot de dégâts matériels et parfois même humains sans que les autorités puissent mettre un terme à ce fléau. Des quartiers entiers ont d’ailleurs été pris par les eaux et le régime du président Abdoulaye Wade avait été obligé de construire des quartiers de recasement pour les sinistrés. En plus des zones non aedificandi et des cuvettes, il y a également l’absence d’un système de canalisation dans certains quartiers, ce qui favorise la stagnation des eaux de pluie. Quoi qu’il en soit, le phénomène est loin d’être totalement résolu. Et ce n’est pas faute, pour les différents régimes, d’avoir essayé. En effet, aussi bien celui du président Wade que celui de Macky Sall y ont injecté plusieurs centaines de milliards de francs pour la construction de logements de recasement des familles impactées sans compter les travaux d’assainissement réalisés pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie. Des mesures qui ont soulagé plusieurs personnes et quartiers à Dakar et dans l’intérieur du pays mais qui n’ont pas pu venir à bout du phénomène.
En 2012, le Président Macky Sall décide résolument d’en finir avec les inondations. Il lance le fameux Programme Décennal de Lutte contre les Inondations pour un montant total de 717 milliards de francs. Mais les résultats produits étaient très en deçà des attentes, selon des enquêtes menées. Si on y ajoute les centaines d’autres milliards que Wade a financés, cela fait plus de 1000 milliards investis alors qu’à Dakar comme dans d’autres localités du pays, les populations continuent de souffrir des inondations à chaque fois qu’il pleut. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a récemment annoncé que des moyens et des ressources seront trouvés pour un règlement définitif de ce fléau et a promis que les 717 milliards officiellement injectés par le régime sortant pour lutter contre les inondations feront l’objet d’un audit approfondi.
L’emploi des jeunes, bourreau des précédents régimes...
De tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance de notre pays, en 1960, aucun ne peut se prévaloir d’avoir apporté une solution à la lancinante question de l’emploi. Cet échec résulte de l’absence d’une politique d’industrialisation, de relance du secteur primaire mais également de renforcement du secteur privé. De ce fait, la plupart des jeunes n’ont d’autre choix que le commerce informel ou l’émigration. Quant aux diplômés, l’espoir de trouver un emploi est mince pour eux s’ils n’appartiennent pas au parti au pouvoir. Pourtant que de promesses faites aux jeunes par les politiques surtout en périodes de campagnes électorales. Par exemple, en 2000, lors de campagne, dans chaque localité où il arrivait, le candidat Abdoulaye Wade demandait à ceux qui n’avaient pas de travail de lever la main. Après quoi, aux milliers de bras qui se levaient, il disait que leur problème de chômage prendrait fin le jour où il accèderait au pouvoir. Les chômeurs qui levaient alors les bras ont vieilli depuis sans avoir trouvé le moindre emploi… Durant tout son mandat, le problème est resté entier et Wade lui-même a reconnu avoir échoué en matière d’emplois. Son successeur Macky Sall n’a pas fait mieux à part d’avoir augmenté le nombre d’Agences censées financer des jeunes porteurs de projets. Dès lors, il était tout à fait normal qu’il ait subi les foudres de cette jeunesse s’estimant abusée par ses promesses électorales de création de 500.000 emplois. Des promesses électorales qui, on le sait, n’engagent que ceux qui y croient. En tout cas, cette jeunesse a payé un lourd tribut dans sa lutte pour « dégager » le président Macky Sall avec plus de 80 morts, un millier de personnes emprisonnées et des dégâts matériels estimés à des dizaines de milliards de francs. L’accession au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et la nomination de son mentor Ousmane Sonko comme un Premier ministre sonnent comme un défi à relever pour résoudre définitivement la très complexe équation du chômage des jeunes.
Par Guy Marius Sagna
GMS ET LES TROUS DE MÉMOIRE D'A. MBOW
Dites-moi que je rêve! Est-ce bien le député Abdou Mbow qui a écrit hier qu'il était « soucieux d'une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles (…) »
Dites-moi que je rêve! Est-ce bien le député Abdou Mbow qui a écrit hier qu'il était « soucieux d'une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles (…) », lui le Président du groupe parlementaire BBY dont les membres refusent de rendre compte depuis deux ans de la gestion de plus de 40 milliards de francs CFA de l'Assemblée nationale ?
Le gouvernement doit rendre compte. Il rend compte et va continuer de rendre compte et dans cette perspective va vous répondre. Mais monsieur le Président du groupe parlementaire BBY à quand le compte rendu de l'Assemblée nationale ?
Le groupe parlementaire BBY est-il atteint de daltonisme politique pour ne jamais voir les articles 30 et 31 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale (RIAN) du Sénégal ?
L'article 30 du règlement intérieur de l'assemblée nationale (RIAN) du l'Assemblée nationale du Sénégal dispose que « l’assemblée nationale élit en son sein, au début de chaque législature et à la session ordinaire unique de l'année, une Commission de Comptabilité et de Contrôle composée de vingt membres dont les attributions sont définis à l'article 31 ci-après. »
L'article 31 du RIAN dit:
« La Commission de Comptabilité et de Contrôle est chargée du contrôle, de la comptabilité et de la gestion des crédits inscrits au budget de l'Assemblée nationale. À cet effet, un rapport écrit portant notamment sur l'état des crédits et la situation des dépenses engagées doit lui être fourni par les questeurs à la fin de chaque trimestre. La Commission est habilitée à prendre connaissance des documents comptables correspondants.
La Commission de Comptabilité et de Contrôle dépose un rapport trimestriel et le compte annuel sur le bureau de l'Assemblée nationale. Celui-ci doit en communiquer le contenu aux membres de la Conférence des Présidents.
La Commission de Comptabilité et de Contrôle, après rapprochement des comptes du trésorier avec la comptabilité tenue par les services de la Questure, rend compte à l'Assemblée, par écrit, au début de chaque session budgétaire, de l'exécution du mandat de contrôle qui lui est confié.
Le compte définitif de chaque gestion est adressé par le Président de l'Assemblée nationale au Président de la Cour des Comptes. »
Monsieur le Président du groupe parlementaire BBY où sont les huit (08) rapports trimestriels et les deux (02) rapports annuels rendant compte de la gestion des fonds de l'Assemblée nationale du Sénégal depuis au moins septembre 2022?
Pendant que le gouvernement du président de la république Bassirou Diomaye Diakhar Faye et du premier ministre Ousmane Sonko fait du JUB JUBAL JUBBANTI, l'Assemblée nationale BBY fait du DËNG, DËNGAL.
Une autre Assemblée nationale est nécessaire. Une autre Assemblée nationale est possible.
LE RÉVEIL DE LA MÉMOIRE
Déterminé à reprendre la main sur son histoire longtemps dominée par la version française, le Sénégal multiplie désormais les actes pour imposer sa lecture du drame de Thiaroye. La commémoration du 1er décembre 2024 à Dakar pourrait marquer un tournant
(SenePlus) - Dans un tournant décisif des relations franco-sénégalaises, le massacre de Thiaroye resurgit comme un enjeu majeur, mettant en lumière la nouvelle approche affirmée du Sénégal face à son ancien colonisateur. L'attribution récente par la France de la mention "Morts pour la France" à six tirailleurs africains tués en 1944, révélée par Le Monde le 27 juillet 2024, a suscité une réaction forte de Dakar, signalant un changement profond sur ce sujet sensible entre les deux nations.
Ousmane Sonko, Premier ministre, a saisi l'occasion pour affirmer la position sénégalaise : "Je tiens à rappeler à la France qu'elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d'histoire tragique." Cette prise de position illustre la volonté du Dakar de reprendre le contrôle de son narratif historique, longtemps dominé par la perspective française.
Le nouveau gouvernement sénégalais, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye et Sonko, élu sur une promesse panafricaniste, a clairement indiqué son intention de faire de Thiaroye un symbole de sa politique de « rupture » avec l'ancienne puissance coloniale. Un proche de la présidence sénégalaise confie ainsi au Monde : "Si le président vient [aux commémorations], c'est pour faire un discours fort sur Thiaroye et le colonialisme, pas pour rester assis aux côtés d'autres présidents africains."
Cette posture du Sénégal place la France dans une position délicate. L'Élysée, soucieux de préserver ses relations avec Dakar tout en reconnaissant les erreurs du passé, se trouve contraint de recalibrer sa approche. Un interlocuteur proche des dossiers mémoriels au sein du gouvernement français admet auprès du journal Le Monde que "La volonté d'attribuer ces mentions était connue de Dakar. Cela serait une faute politique que de réagir [aux déclarations d'Ousmane Sonko]."
Le Sénégal ne se contente plus de gestes symboliques. Il exige une révision complète de la narration historique, l'accès total aux archives, des réparations concrètes, et la réhabilitation des tirailleurs survivants injustement condamnés. Comme le souligne un observateur sénégalais proche du pouvoir : "Cette affaire concerne le Sénégal et toutes les ex-colonies françaises en Afrique. Il y a un besoin de vérité et de justice."
Cette nouvelle dynamique a des implications profondes pour les relations France-Sénégal. D'une part, elle offre une opportunité de refondation sur des bases plus équitables et transparentes. D'autre part, elle met la France au défi de confronter pleinement son passé colonial, au-delà des gestes symboliques.
La commémoration prévue le 1er décembre 2024 à Dakar pourrait ainsi marquer un tournant décisif. Les autorités sénégalaises envisagent, à en croire des sources du Monde, d'en faire un événement panafricain majeur, en invitant des représentants d'autres pays africains, notamment ceux en rupture avec Paris comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. La présence éventuelle d'Emmanuel Macron à cet événement, pour lequel Dakar aurait donné un "accord de principe", pourrait être l'occasion d'un discours fort sur le colonialisme et Thiaroye.
Cependant, le chemin vers une véritable réconciliation reste semé d'embûches. L'historienne Armelle Mabon, qui travaille depuis plus d'une décennie sur ce dossier, souligne dans son témoignage au journal Le Monde, l'importance cruciale de l'accès aux archives pour établir la vérité : « Sans l'accès total aux archives, il est impossible de statuer sur le nombre exact de victimes et leur localisation."
Pour la France, l’enjeu est de taille. Il s'agit non seulement de reconnaître les erreurs du passé, mais aussi de repenser essentiellement sa relation avec le continent africain. La manière dont Paris répondra aux demandes du Sénégal concernant Thiaroye pourrait bien définir l'avenir de ses relations non seulement avec Dakar et le reste du continent.
DISSOUDRE L'ASSEMBLÉE NATIONALE, UNE ÉQUATION À MULTIPLES INCONNUES
Bouleverser le calendrier parlementaire en cours pour renouveler dans l'urgence les élus pourrait coûter des millions aux finances publiques, au moment même où le pays est qualifié d'"en ruines" par le Premier ministre
(SenePlus) - Plus de deux mois après son investiture, le nouveau président de la République Bassirou Diomaye Faye semble déterminé à gouverner avec les coudées franches. Mais pour cela, il souhaiterait disposer d'une majorité parlementaire qui lui fait défaut actuellement. Ce qui expliquerait sa volonté, selon certaines sources proches du pouvoir, de solliciter la dissolution de l'Assemblée nationale. Une option prévue par la Constitution mais qui soulève aujourd'hui de vifs débats.
En effet, comme le rapporte le site d'information Dakaractu, l'article 87 de la loi fondamentale stipule qu'après deux ans de législature, le chef de l'État peut prononcer la dissolution par décret, après avis du Premier ministre et du président de l'Assemblée. Mais selon Cheikh Oumar Sy, ancien député interrogé par Dakaractu, le timing pose problème. "Le président avait toute latitude depuis juin pour saisir le Conseil constitutionnel mais maintenant, le débat sur la déclaration de politique générale s'est imposé", relève-t-il.
Autre voix dissonante, Samba Dang, député de l'opposition Yewwi Askan Wi, préfère se conformer à la loi qui régit la procédure en cours de saisine du Conseil. Néanmoins, en tant qu'observateur averti, il estime qu'il faut "respecter la clameur populaire" qui a porté le président au pouvoir.
Mais les choses ne sont pas si simples. Car comme le souligne Cheikh Oumar Sy, "le pays est en ruines" dixit le Premier ministre lui-même. Organiser des élections avant le vote du budget risquerait donc de grever davantage les finances de l'État. Mieux vaudrait, selon l'ancien député, achever la session parlementaire entamée.
D'autres voix s'élèvent aussi pour appeler à éviter la précipitation et favoriser la concertation. Ainsi pour Sanou Dione, député non-inscrit cité par Dakaractu, la saisine du Conseil par le chef de l'État "peut éviter les conflits".
Quelle issue à ce débat qui soulève des interrogations sur l'opportunité économique et politique d'un tel scénario ? L'avis des « sages » du Conseil constitutionnel, attendu prochainement, sera déterminant. Et devra résoudre l'équation délicate d'un équilibre entre volonté présidentielle et continuité de l'action parlementaire, dans l'intérêt supérieur du pays.
par Guy Marius Sagna
DITES-MOI QUE JE RÊVE
Est-ce bien Abdou Mbow qui a écrit hier qu’il était « soucieux d’une gestion transparente des deniers publics (.. .) », lui le président du groupe parlementaire dont les membres refusent de rendre compte de plus de 40 milliards de l’Assemblée ?
Dites-moi que je rêve! Est-ce bien le député Abdou Mbow qui a écrit hier qu’il était « soucieux d’une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles (.. .) » lui le Président du groupe parlementaire BBY dont les membres refusent de rendre compte depuis deux ans de la gestion de plus de 40 milliards de francs CFA de l’Assemblée nationale ?
Le gouvernement doit rendre compte. Il rend compte et va continuer de rendre compte et dans cette perspective va vous répondre. Mais monsieur le Président du groupe parlementaire BBY à quand le compte rendu de l’Assemblée nationale ?
Le groupe parlementaire BBY est-il atteint de daltonisme politique pour ne jamais voir les articles 30 et 31 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale (RIAN) du Sénégal ?
L’article 30 du règlement intérieur de l’assemblée nationale (RIAN) du l’Assemblée nationale du Sénégal dispose que « l’assemblée nationale élit en son sein, au début de chaque législature et à la session ordinaire unique de l’année, une Commission de Comptabilité et de Contrôle composée de vingt membres dont les attributions sont définis à l’article 31 ci-après. »
L’article 31 du RIAN dit:
« La Commission de Comptabilité et de Contrôle est chargée du contrôle, de la comptabilité et de la gestion des crédits inscrits au budget de l’Assemblée nationale. À cet effet, un rapport écrit portant notamment sur l’état des crédits et la situation des dépenses engagées doit lui être fourni par les questeurs à la fin de chaque trimestre. La Commission est habilitée à prendre connaissance des documents comptables correspondants.
La Commission de Comptabilité et de Contrôle dépose un rapport trimestriel et le compte annuel sur le bureau de l’Assemblée nationale. Celui-ci doit en communiquer le contenu aux membres de la Conférence des présidents.
La Commission de Comptabilité et de Contrôle, après rapprochement des comptes du trésorier avec la comptabilité tenue par les services de la Questure, rend compte à l’Assemblée, par écrit, au début de chaque session budgétaire, de l’exécution du mandat de contrôle qui lui est confié.
Le compte définitif de chaque gestion est adressé par le président de l’Assemblée nationale au président de la Cour des Comptes. »
Monsieur le président du groupe parlementaire BBY où sont les huit (08) rapports trimestriels et les deux (02) rapports annuels rendant compte de la gestion des fonds de l’Assemblée nationale du Sénégal depuis au moins septembre 2022?
Pendant que le gouvernement du président de la république Bassirou Diomaye Diakhar Faye et du premier ministre Ousmane Sonko fait du JUB JUBAL JUBBANTI, l’Assemblée nationale BBY fait du DËNG, DËNGAL.
Une autre Assemblée nationale est nécessaire.
Une autre Assemblée nationale est possible.
UNE JUSTICE EN PLEINE MÉTAMORPHOSE
Fodé Ndiaye, président du CELMAD, offre une perspective éclairante sur la révolution judiciaire en cours au Sénégal. Il souligne l'importance d'une approche équilibrée, conjuguant héritage culturel et modernisation technologique
(SenePlus) - Le Sénégal s'apprête à entreprendre une réforme en profondeur de son système judiciaire. Cette initiative, portée par les récentes Assises de la Justice, vise à redéfinir les contours d'une justice plus proche des citoyens, plus efficace et plus en phase avec les réalités du 21ème siècle.
Fodé Ndiaye, président du Centre d'Excellence pour le Leadership et le Management pour le Développement de l'Afrique (CELMAD), apporte un éclairage précieux sur ces propositions de réforme. "La justice joue un rôle crucial dans le leadership, la gouvernance et la gestion de notre pays", affirme-t-il. "C'est pourquoi les Assises de la Justice ne sauraient ignorer le point de vue des citoyens, aussi naïf soit-il."
Une vision holistique pour une justice réinventée
Au cœur de cette réforme se trouve la volonté de repenser la justice dans son ensemble. M. Ndiaye souligne l'importance d'une "vision de transformation sociétale, éthique, équitable, inclusive, structurelle et durable". Cette approche holistique implique non seulement des changements institutionnels, mais aussi une réflexion profonde sur la place de la justice dans la société sénégalaise.
"Il est crucial de décliner de manière plus explicite la vision et les institutions devant sous-tendre cette réforme avant de convoquer des assises", explique M. Ndiaye. Cette réflexion préalable permettrait d'éviter de réduire les réformes à de simples ajustements techniques.
L'éthique et la déontologie : Pierres angulaires de la réforme
Un aspect fondamental soulevé par M. Ndiaye est l'importance de l'éthique et de la déontologie dans la fonte du système judiciaire. "Quelle que soit la qualité des institutions, elles sont dirigées par des êtres humains", rappelle-t-il. "Il en résulte l'importance de l'éthique, de la déontologie, du leadership, de la gouvernance et du management des femmes et des hommes faisant fonctionner ces institutions."
Cette insistance sur les valeurs morales et professionnelles vise à garantir l'intégrité et l'indépendance de la justice, au-delà des structures formelles.
Une Justice ancrée dans la culture sénégalaise
L'une des propositions les plus audacieuses est de repenser la justice sénégalaise en puisant dans les racines culturelles et historiques du pays. M. Ndiaye préconise "une réappropriation historique et culturelle" de la justice. Il suggère que le futur Conseil Supérieur de la Justice, en collaboration avec les universités, les think tanks, les ONG et les citoyens, réfléchisse à "une nouvelle vision plus adaptée de notre justice, en faisant de la recherche sur notre histoire, notre culture , notre anthropologie par rapport à la justice."
Cette approche novatrice pourrait permettre de créer un système judiciaire unique, véritablement sénégalais, qui concilie traditions ancestrales et exigences de la modernité.
Des innovations institutionnelles majeures
Parmi les propositions phares figure la création d'une Cour Constitutionnelle, remplaçant l'actuel Conseil Constitutionnel. Cette nouvelle institution "comprendrait des membres non-juristes, pourrait s'auto-saisir et être directement saisie par des citoyens dont les droits constitutionnels fondamentaux seraient violés", explique M. Ndiaye.
Une autre innovation majeure serait la création d'un Conseil Supérieur de la Justice, remplaçant à la fois le Conseil Supérieur de la Magistrature et la Haute Autorité de la Justice proposée. Ce nouvel organe aurait des fonctions élargies, incluant un rôle de conseil et de proposition de réformes régulières.
La digitalisation : Un défi et une opportunité
La modernisation de la justice passe également par sa numérisation. "La politique de numérisation de la justice doit s'accompagner de mesures idoines afin que l'écart numérique ne se traduise pas par des inégalités des citoyens par rapport à la justice", prévient M. Ndiaye. Cette transformation numérique promet d'améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice, tout en posant de nouveaux défis en termes d'équité et d'accès.
Un appel à l'action
En conclusion, M. Ndiaye insiste sur la nécessité d'un "plan précis de mise en œuvre et de suivi-évaluation" pour ces réformes ambitieuses. Il appelle également à "examiner et incorporer des réformes apportées à d'autres expériences judiciaires que la France", soulignant l'importance d'une approche diversifiée et adaptée aux réalités sénégalaises.
Cette réforme de la justice sénégalaise s’annonce comme un chantier titanesque, mais potentiellement transformateur. Elle pourrait non seulement moderniser le système judiciaire, mais aussi redéfinir la relation entre les citoyens et leur justice, créant ainsi un modèle unique en Afrique et dans le monde. Le Sénégal se trouve à un moment charnière de son histoire judiciaire, avec l'opportunité de créer une justice véritablement au service de son peuple et de ses valeurs.
Par Oumar Diaw SECK
SORANO TRAHIT SENGHOR
Pour la première fois de son histoire, l'Ensemble lyrique de Sorano s'est laissé entraîner sur la pente de l'occidentalisation. Il a repris des œuvres contemporaines en y intégrant des instruments modernes, rompant avec sa vocation originelle
Aussi bien que dans la politique, la culture peut vivre aussi la haute trahison. Tel est le cas de ce que le temple de la culture qu’est la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano a vécu ce jeudi 1er août 2024. Sur imposition du Directeur général de Sorano, El Hadj Ousmane Barro Dione avec la complicité de Ousmane Faye, manager de Oumar Pène, de Baboulaye Cissokho, directeur artistique par intérim (l’Ensemble), malgré la réticence de beaucoup d’artistes, l’Ensemble lyrique traditionnel a produit l’album « Senegal sunu réew » de 15 titres sorti, ce jeudi 1er août 2024, avec la prestation sur scène de l’Ensemble lyrique avec des guitaristes, clavistes et avec d’autres instruments occidentaux. L’album est constitué de reprises de Oumar Pène, Baaba Maal, Abdoulaye Mboup, Thione Seck, Mahawa Kouyaté, Khady Diouf, Kiné Lam entre autres. Cette production musicale et la prestation scénique constituent une haute trahison de l’esprit de Sorano et de la mission de l’Ensemble lyrique. Depuis 1966, tous les directeurs généraux et les artistes de Sorano ont respecté et développé l’âme, l’orientation et la mission sacerdotale de l’Ensemble lyrique traditionnel qui consiste exclusivement à la valorisation du patrimoine musical traditionnel du Sénégal. Et aussi la promotion et la vulgarisation des instruments traditionnels. Jamais d’instruments musicaux occidentaux-modernes à l’Ensemble lyrique traditionnel depuis son existence en 1966 tant dans la production que dans les prestations scéniques. Khalam, riti, balafon, djembé, sabar, kora, bougeur entre autres instruments traditionnels se sont toujours côtoyés pour produire des chefs-d’œuvre, de belles musiques.
Au moment où l’ère du souverainisme culturel c’est-à-dire la sauvegarde du patrimoine culturel est d’actualité, on assiste à une tentative d’agression de notre patrimoine immatériel par la nouvelle direction générale de Sorano.
Maurice Sédar Senghor, Pathé Gueye, Ousmane Diakhaté, Sahite Sarr Samb, Massamba Gueye, Abdoulaye Koundoul, tous ces directeurs généraux ont respecté et consolidé la mission de Sorano. Sauf Ousmane Barro Dione qui est en train de trahir l’esprit de Sorano. Et pourtant, il y a eu toujours des productions d’albums de Sorano avec des chanteurs comme El Hadj Faye, Thione Seck, Moussa Ngom et d’auteurs compositeurs comme Boucounta Ndiaye, mais toujours avec nos instruments traditionnels
Créé en 1965 par le poèteprésident Léopold Sédar Senghor, lancé en 1966 lors du premier Festival mondial des Arts nègres (Fesman 1), ainsi que le Ballet national La Linguère La Linguère et la troupe dramatique nationale, l’Ensemble lyrique traditionnel s’est assigné comme mission sacerdotale consistant à la valorisation du patrimoine musical traditionnel et oral du Sénégal. On a assisté froid dans le dos, avec cette production « soupe kandj » mi-figue-miraisin à la déviation de l’Ensemble lyrique traditionnel Daniel Sorano. Les nouvelles autorités en charge de la culture et l’opinion doivent prendre conscience de l’impérieuse nécessité de sauver Sorano pour la préservation de notre patrimoine immatériel traditionnel inestimable et aussi d’épargner Sorano des dérives culturelles et des déviances artistiques. Sauvons Sorano.
Oumar Diaw Seck est directeur artistique de l’Ensemble instrumental de l’Afrique de l’Ouest (USA), promoteur de la musique traditionnelle africaine aux Etats-Unis d’Amérique. oumardiawseck@gmail.com