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23 avril 2025
Politique
LE RÉVEIL DE LA MÉMOIRE
Déterminé à reprendre la main sur son histoire longtemps dominée par la version française, le Sénégal multiplie désormais les actes pour imposer sa lecture du drame de Thiaroye. La commémoration du 1er décembre 2024 à Dakar pourrait marquer un tournant
(SenePlus) - Dans un tournant décisif des relations franco-sénégalaises, le massacre de Thiaroye resurgit comme un enjeu majeur, mettant en lumière la nouvelle approche affirmée du Sénégal face à son ancien colonisateur. L'attribution récente par la France de la mention "Morts pour la France" à six tirailleurs africains tués en 1944, révélée par Le Monde le 27 juillet 2024, a suscité une réaction forte de Dakar, signalant un changement profond sur ce sujet sensible entre les deux nations.
Ousmane Sonko, Premier ministre, a saisi l'occasion pour affirmer la position sénégalaise : "Je tiens à rappeler à la France qu'elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d'histoire tragique." Cette prise de position illustre la volonté du Dakar de reprendre le contrôle de son narratif historique, longtemps dominé par la perspective française.
Le nouveau gouvernement sénégalais, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye et Sonko, élu sur une promesse panafricaniste, a clairement indiqué son intention de faire de Thiaroye un symbole de sa politique de « rupture » avec l'ancienne puissance coloniale. Un proche de la présidence sénégalaise confie ainsi au Monde : "Si le président vient [aux commémorations], c'est pour faire un discours fort sur Thiaroye et le colonialisme, pas pour rester assis aux côtés d'autres présidents africains."
Cette posture du Sénégal place la France dans une position délicate. L'Élysée, soucieux de préserver ses relations avec Dakar tout en reconnaissant les erreurs du passé, se trouve contraint de recalibrer sa approche. Un interlocuteur proche des dossiers mémoriels au sein du gouvernement français admet auprès du journal Le Monde que "La volonté d'attribuer ces mentions était connue de Dakar. Cela serait une faute politique que de réagir [aux déclarations d'Ousmane Sonko]."
Le Sénégal ne se contente plus de gestes symboliques. Il exige une révision complète de la narration historique, l'accès total aux archives, des réparations concrètes, et la réhabilitation des tirailleurs survivants injustement condamnés. Comme le souligne un observateur sénégalais proche du pouvoir : "Cette affaire concerne le Sénégal et toutes les ex-colonies françaises en Afrique. Il y a un besoin de vérité et de justice."
Cette nouvelle dynamique a des implications profondes pour les relations France-Sénégal. D'une part, elle offre une opportunité de refondation sur des bases plus équitables et transparentes. D'autre part, elle met la France au défi de confronter pleinement son passé colonial, au-delà des gestes symboliques.
La commémoration prévue le 1er décembre 2024 à Dakar pourrait ainsi marquer un tournant décisif. Les autorités sénégalaises envisagent, à en croire des sources du Monde, d'en faire un événement panafricain majeur, en invitant des représentants d'autres pays africains, notamment ceux en rupture avec Paris comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. La présence éventuelle d'Emmanuel Macron à cet événement, pour lequel Dakar aurait donné un "accord de principe", pourrait être l'occasion d'un discours fort sur le colonialisme et Thiaroye.
Cependant, le chemin vers une véritable réconciliation reste semé d'embûches. L'historienne Armelle Mabon, qui travaille depuis plus d'une décennie sur ce dossier, souligne dans son témoignage au journal Le Monde, l'importance cruciale de l'accès aux archives pour établir la vérité : « Sans l'accès total aux archives, il est impossible de statuer sur le nombre exact de victimes et leur localisation."
Pour la France, l’enjeu est de taille. Il s'agit non seulement de reconnaître les erreurs du passé, mais aussi de repenser essentiellement sa relation avec le continent africain. La manière dont Paris répondra aux demandes du Sénégal concernant Thiaroye pourrait bien définir l'avenir de ses relations non seulement avec Dakar et le reste du continent.
DISSOUDRE L'ASSEMBLÉE NATIONALE, UNE ÉQUATION À MULTIPLES INCONNUES
Bouleverser le calendrier parlementaire en cours pour renouveler dans l'urgence les élus pourrait coûter des millions aux finances publiques, au moment même où le pays est qualifié d'"en ruines" par le Premier ministre
(SenePlus) - Plus de deux mois après son investiture, le nouveau président de la République Bassirou Diomaye Faye semble déterminé à gouverner avec les coudées franches. Mais pour cela, il souhaiterait disposer d'une majorité parlementaire qui lui fait défaut actuellement. Ce qui expliquerait sa volonté, selon certaines sources proches du pouvoir, de solliciter la dissolution de l'Assemblée nationale. Une option prévue par la Constitution mais qui soulève aujourd'hui de vifs débats.
En effet, comme le rapporte le site d'information Dakaractu, l'article 87 de la loi fondamentale stipule qu'après deux ans de législature, le chef de l'État peut prononcer la dissolution par décret, après avis du Premier ministre et du président de l'Assemblée. Mais selon Cheikh Oumar Sy, ancien député interrogé par Dakaractu, le timing pose problème. "Le président avait toute latitude depuis juin pour saisir le Conseil constitutionnel mais maintenant, le débat sur la déclaration de politique générale s'est imposé", relève-t-il.
Autre voix dissonante, Samba Dang, député de l'opposition Yewwi Askan Wi, préfère se conformer à la loi qui régit la procédure en cours de saisine du Conseil. Néanmoins, en tant qu'observateur averti, il estime qu'il faut "respecter la clameur populaire" qui a porté le président au pouvoir.
Mais les choses ne sont pas si simples. Car comme le souligne Cheikh Oumar Sy, "le pays est en ruines" dixit le Premier ministre lui-même. Organiser des élections avant le vote du budget risquerait donc de grever davantage les finances de l'État. Mieux vaudrait, selon l'ancien député, achever la session parlementaire entamée.
D'autres voix s'élèvent aussi pour appeler à éviter la précipitation et favoriser la concertation. Ainsi pour Sanou Dione, député non-inscrit cité par Dakaractu, la saisine du Conseil par le chef de l'État "peut éviter les conflits".
Quelle issue à ce débat qui soulève des interrogations sur l'opportunité économique et politique d'un tel scénario ? L'avis des « sages » du Conseil constitutionnel, attendu prochainement, sera déterminant. Et devra résoudre l'équation délicate d'un équilibre entre volonté présidentielle et continuité de l'action parlementaire, dans l'intérêt supérieur du pays.
par Guy Marius Sagna
DITES-MOI QUE JE RÊVE
Est-ce bien Abdou Mbow qui a écrit hier qu’il était « soucieux d’une gestion transparente des deniers publics (.. .) », lui le président du groupe parlementaire dont les membres refusent de rendre compte de plus de 40 milliards de l’Assemblée ?
Dites-moi que je rêve! Est-ce bien le député Abdou Mbow qui a écrit hier qu’il était « soucieux d’une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles (.. .) » lui le Président du groupe parlementaire BBY dont les membres refusent de rendre compte depuis deux ans de la gestion de plus de 40 milliards de francs CFA de l’Assemblée nationale ?
Le gouvernement doit rendre compte. Il rend compte et va continuer de rendre compte et dans cette perspective va vous répondre. Mais monsieur le Président du groupe parlementaire BBY à quand le compte rendu de l’Assemblée nationale ?
Le groupe parlementaire BBY est-il atteint de daltonisme politique pour ne jamais voir les articles 30 et 31 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale (RIAN) du Sénégal ?
L’article 30 du règlement intérieur de l’assemblée nationale (RIAN) du l’Assemblée nationale du Sénégal dispose que « l’assemblée nationale élit en son sein, au début de chaque législature et à la session ordinaire unique de l’année, une Commission de Comptabilité et de Contrôle composée de vingt membres dont les attributions sont définis à l’article 31 ci-après. »
L’article 31 du RIAN dit:
« La Commission de Comptabilité et de Contrôle est chargée du contrôle, de la comptabilité et de la gestion des crédits inscrits au budget de l’Assemblée nationale. À cet effet, un rapport écrit portant notamment sur l’état des crédits et la situation des dépenses engagées doit lui être fourni par les questeurs à la fin de chaque trimestre. La Commission est habilitée à prendre connaissance des documents comptables correspondants.
La Commission de Comptabilité et de Contrôle dépose un rapport trimestriel et le compte annuel sur le bureau de l’Assemblée nationale. Celui-ci doit en communiquer le contenu aux membres de la Conférence des présidents.
La Commission de Comptabilité et de Contrôle, après rapprochement des comptes du trésorier avec la comptabilité tenue par les services de la Questure, rend compte à l’Assemblée, par écrit, au début de chaque session budgétaire, de l’exécution du mandat de contrôle qui lui est confié.
Le compte définitif de chaque gestion est adressé par le président de l’Assemblée nationale au président de la Cour des Comptes. »
Monsieur le président du groupe parlementaire BBY où sont les huit (08) rapports trimestriels et les deux (02) rapports annuels rendant compte de la gestion des fonds de l’Assemblée nationale du Sénégal depuis au moins septembre 2022?
Pendant que le gouvernement du président de la république Bassirou Diomaye Diakhar Faye et du premier ministre Ousmane Sonko fait du JUB JUBAL JUBBANTI, l’Assemblée nationale BBY fait du DËNG, DËNGAL.
Une autre Assemblée nationale est nécessaire.
Une autre Assemblée nationale est possible.
UNE JUSTICE EN PLEINE MÉTAMORPHOSE
Fodé Ndiaye, président du CELMAD, offre une perspective éclairante sur la révolution judiciaire en cours au Sénégal. Il souligne l'importance d'une approche équilibrée, conjuguant héritage culturel et modernisation technologique
(SenePlus) - Le Sénégal s'apprête à entreprendre une réforme en profondeur de son système judiciaire. Cette initiative, portée par les récentes Assises de la Justice, vise à redéfinir les contours d'une justice plus proche des citoyens, plus efficace et plus en phase avec les réalités du 21ème siècle.
Fodé Ndiaye, président du Centre d'Excellence pour le Leadership et le Management pour le Développement de l'Afrique (CELMAD), apporte un éclairage précieux sur ces propositions de réforme. "La justice joue un rôle crucial dans le leadership, la gouvernance et la gestion de notre pays", affirme-t-il. "C'est pourquoi les Assises de la Justice ne sauraient ignorer le point de vue des citoyens, aussi naïf soit-il."
Une vision holistique pour une justice réinventée
Au cœur de cette réforme se trouve la volonté de repenser la justice dans son ensemble. M. Ndiaye souligne l'importance d'une "vision de transformation sociétale, éthique, équitable, inclusive, structurelle et durable". Cette approche holistique implique non seulement des changements institutionnels, mais aussi une réflexion profonde sur la place de la justice dans la société sénégalaise.
"Il est crucial de décliner de manière plus explicite la vision et les institutions devant sous-tendre cette réforme avant de convoquer des assises", explique M. Ndiaye. Cette réflexion préalable permettrait d'éviter de réduire les réformes à de simples ajustements techniques.
L'éthique et la déontologie : Pierres angulaires de la réforme
Un aspect fondamental soulevé par M. Ndiaye est l'importance de l'éthique et de la déontologie dans la fonte du système judiciaire. "Quelle que soit la qualité des institutions, elles sont dirigées par des êtres humains", rappelle-t-il. "Il en résulte l'importance de l'éthique, de la déontologie, du leadership, de la gouvernance et du management des femmes et des hommes faisant fonctionner ces institutions."
Cette insistance sur les valeurs morales et professionnelles vise à garantir l'intégrité et l'indépendance de la justice, au-delà des structures formelles.
Une Justice ancrée dans la culture sénégalaise
L'une des propositions les plus audacieuses est de repenser la justice sénégalaise en puisant dans les racines culturelles et historiques du pays. M. Ndiaye préconise "une réappropriation historique et culturelle" de la justice. Il suggère que le futur Conseil Supérieur de la Justice, en collaboration avec les universités, les think tanks, les ONG et les citoyens, réfléchisse à "une nouvelle vision plus adaptée de notre justice, en faisant de la recherche sur notre histoire, notre culture , notre anthropologie par rapport à la justice."
Cette approche novatrice pourrait permettre de créer un système judiciaire unique, véritablement sénégalais, qui concilie traditions ancestrales et exigences de la modernité.
Des innovations institutionnelles majeures
Parmi les propositions phares figure la création d'une Cour Constitutionnelle, remplaçant l'actuel Conseil Constitutionnel. Cette nouvelle institution "comprendrait des membres non-juristes, pourrait s'auto-saisir et être directement saisie par des citoyens dont les droits constitutionnels fondamentaux seraient violés", explique M. Ndiaye.
Une autre innovation majeure serait la création d'un Conseil Supérieur de la Justice, remplaçant à la fois le Conseil Supérieur de la Magistrature et la Haute Autorité de la Justice proposée. Ce nouvel organe aurait des fonctions élargies, incluant un rôle de conseil et de proposition de réformes régulières.
La digitalisation : Un défi et une opportunité
La modernisation de la justice passe également par sa numérisation. "La politique de numérisation de la justice doit s'accompagner de mesures idoines afin que l'écart numérique ne se traduise pas par des inégalités des citoyens par rapport à la justice", prévient M. Ndiaye. Cette transformation numérique promet d'améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice, tout en posant de nouveaux défis en termes d'équité et d'accès.
Un appel à l'action
En conclusion, M. Ndiaye insiste sur la nécessité d'un "plan précis de mise en œuvre et de suivi-évaluation" pour ces réformes ambitieuses. Il appelle également à "examiner et incorporer des réformes apportées à d'autres expériences judiciaires que la France", soulignant l'importance d'une approche diversifiée et adaptée aux réalités sénégalaises.
Cette réforme de la justice sénégalaise s’annonce comme un chantier titanesque, mais potentiellement transformateur. Elle pourrait non seulement moderniser le système judiciaire, mais aussi redéfinir la relation entre les citoyens et leur justice, créant ainsi un modèle unique en Afrique et dans le monde. Le Sénégal se trouve à un moment charnière de son histoire judiciaire, avec l'opportunité de créer une justice véritablement au service de son peuple et de ses valeurs.
Par Oumar Diaw SECK
SORANO TRAHIT SENGHOR
Pour la première fois de son histoire, l'Ensemble lyrique de Sorano s'est laissé entraîner sur la pente de l'occidentalisation. Il a repris des œuvres contemporaines en y intégrant des instruments modernes, rompant avec sa vocation originelle
Aussi bien que dans la politique, la culture peut vivre aussi la haute trahison. Tel est le cas de ce que le temple de la culture qu’est la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano a vécu ce jeudi 1er août 2024. Sur imposition du Directeur général de Sorano, El Hadj Ousmane Barro Dione avec la complicité de Ousmane Faye, manager de Oumar Pène, de Baboulaye Cissokho, directeur artistique par intérim (l’Ensemble), malgré la réticence de beaucoup d’artistes, l’Ensemble lyrique traditionnel a produit l’album « Senegal sunu réew » de 15 titres sorti, ce jeudi 1er août 2024, avec la prestation sur scène de l’Ensemble lyrique avec des guitaristes, clavistes et avec d’autres instruments occidentaux. L’album est constitué de reprises de Oumar Pène, Baaba Maal, Abdoulaye Mboup, Thione Seck, Mahawa Kouyaté, Khady Diouf, Kiné Lam entre autres. Cette production musicale et la prestation scénique constituent une haute trahison de l’esprit de Sorano et de la mission de l’Ensemble lyrique. Depuis 1966, tous les directeurs généraux et les artistes de Sorano ont respecté et développé l’âme, l’orientation et la mission sacerdotale de l’Ensemble lyrique traditionnel qui consiste exclusivement à la valorisation du patrimoine musical traditionnel du Sénégal. Et aussi la promotion et la vulgarisation des instruments traditionnels. Jamais d’instruments musicaux occidentaux-modernes à l’Ensemble lyrique traditionnel depuis son existence en 1966 tant dans la production que dans les prestations scéniques. Khalam, riti, balafon, djembé, sabar, kora, bougeur entre autres instruments traditionnels se sont toujours côtoyés pour produire des chefs-d’œuvre, de belles musiques.
Au moment où l’ère du souverainisme culturel c’est-à-dire la sauvegarde du patrimoine culturel est d’actualité, on assiste à une tentative d’agression de notre patrimoine immatériel par la nouvelle direction générale de Sorano.
Maurice Sédar Senghor, Pathé Gueye, Ousmane Diakhaté, Sahite Sarr Samb, Massamba Gueye, Abdoulaye Koundoul, tous ces directeurs généraux ont respecté et consolidé la mission de Sorano. Sauf Ousmane Barro Dione qui est en train de trahir l’esprit de Sorano. Et pourtant, il y a eu toujours des productions d’albums de Sorano avec des chanteurs comme El Hadj Faye, Thione Seck, Moussa Ngom et d’auteurs compositeurs comme Boucounta Ndiaye, mais toujours avec nos instruments traditionnels
Créé en 1965 par le poèteprésident Léopold Sédar Senghor, lancé en 1966 lors du premier Festival mondial des Arts nègres (Fesman 1), ainsi que le Ballet national La Linguère La Linguère et la troupe dramatique nationale, l’Ensemble lyrique traditionnel s’est assigné comme mission sacerdotale consistant à la valorisation du patrimoine musical traditionnel et oral du Sénégal. On a assisté froid dans le dos, avec cette production « soupe kandj » mi-figue-miraisin à la déviation de l’Ensemble lyrique traditionnel Daniel Sorano. Les nouvelles autorités en charge de la culture et l’opinion doivent prendre conscience de l’impérieuse nécessité de sauver Sorano pour la préservation de notre patrimoine immatériel traditionnel inestimable et aussi d’épargner Sorano des dérives culturelles et des déviances artistiques. Sauvons Sorano.
Oumar Diaw Seck est directeur artistique de l’Ensemble instrumental de l’Afrique de l’Ouest (USA), promoteur de la musique traditionnelle africaine aux Etats-Unis d’Amérique. oumardiawseck@gmail.com
LE TCHAD À L’ÉCOLE DU SÉNÉGAL
À l'occasion d'une visite à Dakar, la ministre tchadienne s'inspire du modèle sénégalais et obtient le soutien de son homologue dans sa quête de diriger l'ASECNA
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Monsieur Malick Ndiaye, a reçu, hier mardi, la ministre des Transports et de l’Aviation civile du Tchad, Madame Fatime Goukouni Weddeye. Accompagnée d’une forte délégation, dont le Ministre des Affaires étrangères du Tchad, Monsieur Abderaman, et l’ancien ambassadeur, Adoum Younousmi, Madame Fatime Goukouni Weddeye, qui effectue actuellement une visite au Sénégal pour solliciter le soutien de Dakar à la candidature du Tchad au poste de directeur général de l’ASECNA, a déclaré qu’elle est venue pour “s’inspirer” de la politique nationale des transports du Sénégal. Dans son discours, elle a salué les efforts du Sénégal dans la modernisation de ses infrastructures et de son système de transport.
“Nous voulons développer un partenariat d’échange et de partage d’expérience avec le Sénégal, qui a bâti un système de transport moderne à travers son aéroport international (AIBD), son TER, son BRT et sa compagnie aérienne Air Sénégal”, a expliqué Madame Fatime Goukouni Weddeye. “Nous voulons nous inspirer des textes et des procédures du Sénégal. Nous voulons savoir ce qui se fait ici dans le domaine des transports”, a-t-elle conclu.
Prenant la parole, le Ministre Malick Ndiaye, dans un discours aux accents panafricanistes, a exprimé à sa collègue tchadienne sa satisfaction et ses remerciements pour l’intérêt que son pays porte au système de transport sénégalais. “Le Tchad est un pays frère du Sénégal et peut compter sur l’expérience, l’expertise, la volonté et la générosité du Sénégal pour bâtir son système de transport”, a-t-il déclaré. “Le Sénégal mettra à la disposition du Tchad ses différents experts dans le domaine du transport”, a-t-il ajouté. C’est dans ce sens qu’il a invité sa collègue à faire venir au Sénégal une mission d’experts pour s’imprégner des bonnes pratiques en matière de transport.
“Les États africains doivent, entre eux, être en mesure de partager leurs expériences en matière de transport. Plus nous sommes unis, plus nous sommes forts”, a-t-il estimé. “L’Afrique, malgré sa diversité culturelle, constitue un même peuple”, a-t-il affirmé. Le ministre n’a pas manqué de souligner les projets de désenclavement du gouvernement du Sénégal. Pour lui, le désenclavement reste un grand défi pour les gouvernements africains. Mais ce défi est réalisable, selon les deux jeunes ministres, qui estiment que grâce à leur jeunesse et leur dynamisme, ils réussiront à réaliser les projets de leurs gouvernements.
Par Henriette Niang KANDE
LA KERMESSE DES VANITÉS
Depuis peu, ce pays succombe à un singulier manichéisme qui sape les fondements de notre vivre-ensemble. On ne peut dégager un avenir en s’imaginant que gouverner c’est passer son temps à dénoncer les autres et fixer sa propre histoire en dogme
La première génération de notre élite nationale, très largement promue grâce à une logique socioprofessionnelle initiée par la France, était essentiellement constituée à partir du mouvement syndical largement dominé par les enseignants et «les médecins africains». La deuxième génération est arrivée avec sa vague d’administrateurs civils, mettant en œuvre les politiques de développement exigées par l’aide bi-ou-multilatérale ou les organismes internationaux
Puis, elle s’est mise à faire de la politique. Avec la troisième génération constituée de techno-économistes, c’est la transnationalité qui devient signe et repère de l’excellence, tout en n’ayant pas les moyens d’investissements économiques et financiers des politiques qu’ils prônaient. Ce fut une période de « leurres et lueurs » durant laquelle l’élite dirigeante ne disposait que d’un pouvoir virtuel, avec des sens et des postures plus exogènes qu’endogènes. Une troisième alternance arrivée en mars 2024, propulse des inspecteurs des Impôts et des Domaines entrés en politique, opposants farouches puis vainqueurs de l’ancien régime, monopolise tous les débats, des plus graves aux plus futiles sur une scène politique qui ressemble de plus en plus à un vaudeville, une grande kermesse des vanités.
De ces vagues générationnelles il ressort que notre élite politique, depuis l’indépendance, a toujours été confrontée à des crises profondes qui ne sont pas seulement économiques puisqu’elles affectent y compris les ressources imaginaires de son identité, du fait qu’elles n’ont jamais disposé à proprement parler, des moyens de leurs promesses. Les crises sont souvent des moments de basculement. C’est le cas de notre vivre ensemble. Il est est en train d’être très dangereusement menacé. Des fragilités éclatent au grand jour, des innovations s’accélèrent, des mouvements de fond émergent soudain en surface. Sans doute sommes-nous à l’un de ces tournants. Dans de nombreux domaines, les évolutions s’exacerbent, et observateurs ou analystes s’accordent à reconnaître que l’hérésie est au fondement et à l’origine de ce nouvel ordre sociopolitique, économique, culturel, idéologique. C’est dans ce cadre, que notre commun vouloir de vivre ensemble est de plus en plus mis à l’épreuve. Il apparaît comme une remise en question radicale de sens et/ou postures jusque-là plus ou moins efficaces, dans l’espace social sénégalais. De ses effervescences surgissent individuellement ou en masse, des troupes, composées d’incendiaires bas de gamme. Ils jettent leur huile sur le feu, dont on finit par se demander s’il cela ne les réjouit pas. D’autre part, il y les incendiaires de luxe, qui, certains de leur importance, emblèmes médiatiques contestables, mais perçus irremplaçables projettent une réalité qu’ils divisent sciemment : les lumières pour leur camp, les ombres contre les autres, considérés comme un soufre dévastateur. C’est le côté fascinant et quelques fois horrible de la politique.
Les diverses réactions suscitées la semaine dernière par la sortie du Premier ministre devant ses hôtes-cracks qu’il invitait pour magnifier leurs performances scolaires en sont une preuve. « On n’acceptera plus que le voile soit interdit dans certaines écoles ». Ce week-end, tout s’est accumulé : l’arrivée légitime du nouveau régime aux affaires, l’implication présidentielle minimaliste, les phrases provocatrices, des attitudes frôlant l’arrogance du Premier ministre et une étrange atmosphère de cour où il semble qu’une solitude impérieuse dissimule quelque dessein, dont il n’arrive pas à se défaire parce qu’il tient plus à ce qu’il est qu’à ce qu’il accomplit ou non. Peut-être faut-il chercher à appréhender l’influence de ses obscurités et le poids de son histoire personnelle pour comprendre la foudre et la violence de cette personnalité qu’on dit brillante mais vindicative, où se glisse un récit d’offenses intimes et de frustrations personnelles ? Dans un article publié dans les colonnes de Sud Quotidien le 19 septembre 2019, suite à ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire Jeanne D’arc», Vieux Savané fait observer que « sur un effectif de plus de 1700 élèves, 23 d’entre elles sont d’origine libano-syrienne, d’obédience chiite, soutenue par le Hezbollah et l’Iran». Ces élèves, passant outre le règlement intérieur de l’institution, avaient décidé qu’elles ne partageraient plus le même table-banc avec des camarades garçons et n’iraient plus au cours de gymnastique pour cause de présence masculine. C’était la raison essentielle de leur renvoi.
Le Premier ministre ignorait-il qu’un accord avait été trouvé, qui réintégrait en classe les élèves voilées à condition de porter l’uniforme obligatoire assorti d’un voile qui ne le cacherait pas et suivre tout autant obligatoirement tous les cours. Cet accord, obtenu après un dialogue pour dégager toute confusion et toute manipulation, est la preuve du respect à la fois de la liberté religieuse, et d’un vivre-ensemble, malgré les différences. Comme pour dire que c’est à l’école qu’on apprend le vivre-ensemble, que la cohésion et le lien social vivent en son sein. Cet environnement, telle une éponge naturelle, absorbe le savoir-vivre et s’en nourrit inlassablement. Car la vie a toujours été assise sur les bancs scolaires, même si l’école est marquée par le temps, les époques, les crises, les générations, les controverses, les polémiques. C’est cette approche qui a rendu féconde notre école.
Que s’est-il donc passé entre 2019 et le week-end dernier pour que le pays tremble ou fait mine de trembler face au voile ? La « question du voile », qui fait tant s’agiter la société, témoigne à n’en plus douter de ce nouveau phénomène qu’est le délitement de notre vivre-ensemble, particularisme si sénégalais ! Les polémiques donnent à voir une inquiétude nouvelle sur le devenir collectif au sein d’un Sénégal lui-même incertain de son identité.
C’est quand une élite est au pouvoir que le peuple se rend compte que derrière l'apparence des conduites et des décisions se cache l’humus des caractères, la subjectivité souvent débridée et perturbée de certaines personnalités. Comment peut-on croire qu’en interdisant l’expression d’idées différentes, ou en « interdisant d’interdire », dans une brutalité atavique un certain port vestimentaire qu’on se mettra à l’abri du pire ? Depuis un certain temps, ce pays succombe à un singulier manichéisme qui sape les fondements de notre vivre-ensemble qui est son identité. On ne peut dégager un avenir en s’imaginant que gouverner c’est passer son temps à dénoncer les fautes des autres et fixer sa propre histoire en dogme. Malgré de nombreuses promesses, une grande frange de la population est au bord du gouffre à pauvreté, dans un Etat dans l’angoisse de ce qui l’attend, face à des identités imaginaires bâties à la hâte pour exiger une reconnaissance comme un dû, dans un climat de crispations et de méfiance qui rejoint, chez certains le sentiment d’une accélération de leur marginalisation.
Pour gouverner un pays, il faut connaitre au minimum sa conscience historique et sa moralité communes. Parce qu’on ne peut réaménager une conscience collective, ceux qui nous gouvernent ne sauraient être ignorants du travail de la mémoire, du dialogue continué avec le passé qui est indissociable de notre vivre ensemble, de l’exercice de nos libertés (je ne parle pas de licence). Dans le cas contraire, ce sont la liberté, le civisme, la vérité qui sont perdants, pasteurisant ainsi, la démocratie gagnée suite à des luttes épiques face à des élites politiques de toutes sortes qui se sont accordé le droit de penser, de parler, d’écrire, de choisir et d’exclure, quelque fois dans un délire si ce n’est des hérésies et des partialités assumées avec bonne conscience, qui sont loin d’expliquer les coups de dés erratiques, prenant des préjugés favorables ou pas pour des vérités révélées donc absolues.
La polémique née depuis le week-end dernier doit nous faire savoir raison garder pour revenir à cette intelligence qui nous unit au lieu de nous confronter à cet ébranlement conjoint dans lequel nous pensons aujourd’hui, les rapports du privé au public, de l’individuel au collectif, du corps et des croyances de chacun, au corps social. Là est notre salut.
CSM, LA PRÉSENCE DU PRÉSIDENT EST COMME UNE FORME DE VIOLATION DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS
Pour Me Pape Djibril Kanté, "on a besoin d'un magistrat, juge ou d'un décideur qui doit être dans des conditions à ne pas être influencé, ni techniquement ni statutairement, une fois qu'il est sur le banc".
Maitre Pape Djibril Kanté est un avocat sénégalais établi au Canada, spécialiste en gestion des collectivités locales. Il est actif dans les débats politiques et s’intéresse aux questions liées aux droits humains et contractuels. Sympathisant du Pastef, il a travaillé pour la réussite du Projet porté par Ousmane Sonko, estimant que ce dernier est le mieux placé pour relever les défis du pays. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, il donne son avis sur les affaires judiciaires du pays, les contrats pétroliers, les nominations et les cent jours de Diomaye à la tête du pays.
Le Projet vendu aux Sénégalais par le Pastef n'est toujours pas prêt. Comment appréciez-vous cela ?
Techniquement ou dans une quelconque instance, je n'ai pas participé à la rédaction du Projet, même si je peux avoir, par des moyens détournés, fait des inputs, des avis que je peux partager, mais il faut comprendre que c'est un parti qui existe depuis 2014. Depuis, ils sont présents sur la scène politique. Ils déclinent leur vision, leurs discours dans tous les domaines quasiment. Le président Sonko était à l'Assemblée nationale et combien de fois n'a-t-il pas exposé sa vision ?
Donc, les Sénégalais ont largement eu le temps d'absorber et de digérer son discours, son programme, sa vision. Peut-être que c’est pour cela que les gens n'ont pas eu de difficultés à le choisir et ont eu le temps qui leur a permis de connaître réellement la personne et savoir vers où elle veut nous mener. Cela explique aussi quelque part malgré la diabolisation, une certaine fébrilité autour de lui, les attaques, etc.
Les gens ont su faire la part des choses entre ce qui l'est, ce qu'il veut pour le pays et comment il veut y aller. Maintenant, quand on arrive au pouvoir, c'est sûr qu'il y a des ajustements à faire.
Si on prend l'ancien régime qui est venu en 2012, c'était le "Yonou Yokuté". Mais une fois au pouvoir, il y a eu des ajustements à faire parce qu'on est dans le cadre d'une coalition et il y a une nouvelle réalité. On va redéfinir et recadrer un peu la vision globale, la mettre sur orbite avec des experts ou des éléments nouveaux qu’on va y intégrer ou d'autres éléments à élaguer.
Mais clairement, on est dans les temps d'une rédaction beaucoup plus affinée, pointue par rapport surtout aux nouvelles réalités qu'on va trouver dans le pays.
Globalement, les gens savent où ils vont. On n'est pas avec des gens qui découvrent avec une feuille blanche. Des gens qui ont attendu le jour de leur élection pour réfléchir sur quoi faire. Non ! Ces gens savent où ils vont.
D'abord, l’on sait qu’ils ont blanchi sous le harnais. Ils sont des experts dans leurs domaines. Ce sont des fonctionnaires qui ont eu une longue carrière, une grande connaissance de l'État. Ce qu'on ne sait pas souvent, c'est que bien qu'ils étaient dans l'opposition, notre pays est rempli de patriotes. On n’aurait jamais pu arriver à de tels résultats si l’on n’avait pas des patriotes à l'intérieur de l'État.
Vous pensez que c’est le temps approprié pour écrire ?
Le président et son équipe peuvent très bien prendre leur temps. Entre le "Yonou Yokouté" et le PSE, il y a du temps de formation. On n'aura pas besoin d'aller payer des milliards pour rédiger quoi que ce soit. Les gens ont le temps. Le seul souci, c'est qu'on n’a pas le temps de vulgariser ça parce que le pouvoir et les événements ont fait que les gens n'avaient pas le temps d'échanger des idées. On était dans une posture de légitime défense par rapport à des agressions multiples. À l'Assemblée nationale, il n’y avait pas de débat d’idées, ces dernières années, mais des échanges d'invectives. Dans le débat national, c'était des problèmes extrajudiciaires ou judiciaires. Mais rien qui nous renvoyait vers des débats sérieux, fondés sur les idées.
En somme, Sonko n'est pas quelqu'un qui n'est pas en mesure de livrer la marchandise, puisqu'il a écrit depuis des années des ouvrages où l’on peut aller puiser des informations. Le programme Pastef est tellement éloquent, étoffé qu'il suffit aux gens d'ouvrir leurs livres, les parcourir, voir ce qui est proposé aux Sénégalais pour être édifié.
Maintenant, comme je dis, dans tout programme, il y a des ajustements et dans ce pays tout est priorité.
On parle aussi de la renégociation des contrats pétroliers. En tant qu'expert est-ce une bonne idée ?
On parle de renégociation parce qu'il y a un préalable où les conditions de signatures ou les obligations de chacune des parties, selon beaucoup de Sénégalais, n'était pas très en faveur du pays. On estime qu'une certaine personnalité de l'ancien régime a donné la part trop belle, pour x raisons, à nos partenaires. Mais la renégociation, que cela soit dans le domaine pétrolier ou dans un autre, elle est possible. On nous avait dit que les partenaires risquaient de se retirer. Mais dans le cas des contrats pétroliers, la renégociation est quelque chose de très récurrent, parce que ça fluxifie. Les situations peuvent changer. Les partenaires peuvent réajuster leur prétention. Surtout que dans ce domaine, il se trouve manifestement que les anciens dirigeants du Sénégal n'avaient pas sauvegardé nos intérêts de la meilleure des façons.
Donc, on vient avec une nouvelle posture, de nouveaux arguments. Les partenaires techniques et financiers pétroliers savent où sont leurs intérêts. Est-ce qu'ils sont prêts à engager un bras de fer face à un pays où ils ont investi ? Comme on dit, il vaut mieux une bonne entente, une bonne négociation qu'un procès. Ils savent très bien ce qui est raisonnable sur le marché, quels sont les prix et les prétentions. On n'est pas là pour dire qu'on va tout casser, mais juste pour dire que vous venez exploiter nos ressources, voici ce qui est raisonnable comme prétention de notre part et qui est légitime et vous en avez pris trop.
Donc, il faut un rééquilibrage et c'est dans leurs intérêts, vu que de toute façon, on arrivera au terme de ces contrats. À un moment, si cela ne nous arrange pas, on va dire que le contrat est arrivé à son terme et on va chercher d'autres gens. Est-ce que ça les arrange ? Je ne le pense pas, parce qu'une fois qu'ils sont là et ont fait leurs investissements, on est censé aller vers des partenariats assez longs qu'on espère mutuellement satisfaisants. Chacun est parfois obligé de prendre sur soi, ajuster ses prétentions sans léser les autres. On ne dit pas qu'on va les chasser, léser, mais réajuster dans une logique de gagnant-gagnant. Les autres le savent et je pense même qu'ils sont dans l'optique d'ouvrir les négociations et d'acquiescer.
Tout dépend du domaine, mais je ne vois pas un partenaire avec tous les investissements consentis se braquer parce qu’on veut revoir certaines choses. Ce n'est pas toujours une question d'argent, mais d'image. Quelle est l'entreprise qui a envie d'aller dans un procès et une ronde de négociations où les médias internationaux vont savoir dans quelles conditions nébuleuses ont été signées telle et telle chose ? Ce n'est pas bon pour le business. Des fois, pour garder une bonne réputation, il vaut mieux lâcher du lest.
La réforme de la justice a été au cœur du Projet. Il y a eu les Assises de la justice et il a été question, au cours des discussions, de la présence du chef de l’État au Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Quel est votre avis sur la question ?
J'ai l'impression qu'on réduit la réforme de la justice à la présence du chef de l'État au Conseil supérieur de la magistrature. Alors que tant s'en faut. Aujourd'hui, je pense même que la première des réformes et l’une des plus fondamentales est la réforme du système judiciaire. Il faut une refonte totale du système judiciaire. Il faut réconcilier les populations à leur justice, les justiciables avec leur justice. Qu'il la connaisse et la définisse. C'est quoi, quelle justice, voulons-nous ? Comment voulons-nous qu'elle nous traite ? Par rapport à cela et tout ce que nous avons eu comme problèmes ces dernières années, la justice a eu une très grande responsabilité là-dedans. Malheureusement, la vérité est que le chef de l'État de l'époque, dans son agenda politique, a utilisé la justice pour arriver à ses fins. C'est vraiment vers la fin, quand il n'en pouvait plus, qu'il s'est retourné vers les conseillers (Conseil constitutionnel).
Il y a une refonte totale à faire pour une indépendance. Cette dernière ne se réduit pas au président qui peut donner des injonctions ou qui peut influer sur le cours de la justice. C'est une approche multisectorielle autant en prenant des mesures statutaires légales qui font que le président ne peut pas influer une fois qu'un juge est nommé sur le cours, processus de la justice. Je donne le cas où un juge est saisi d'un dossier et qu'il commence à le traiter, comme c'était le cas de la Crei, que le président ne puisse plus émettre un juge qui est déjà saisi tant que l'instance de son dossier n'est pas terminée. C'est une forme d'indépendance.
Le fait aussi que le juge ne puisse pas avoir la latitude d'interpréter de façon élastique les termes de la loi est une forme d'indépendance. Il faut comprendre que l'indépendance de la justice n'est pas pour le magistrat, c'est pour les justiciables, parce qu'à partir du moment où le justiciable est un peu à la merci, soit d'une interpellation instable large libérale de la loi dans tous les domaines, on est dans une insécurité juridique.
Donc, on a besoin d'un magistrat, juge ou d'un décideur qui doit être dans des conditions à ne pas être influencé, ni techniquement ni statutairement, une fois qu'il est sur le banc et qu'il agit, par qui que ce soit. Aussi, que son indépendance soit garantie de façon matérielle et financière. Je pense que c'est réglé. Mais aussi qu'on ne puisse pas influer sur sa carrière par crainte d'une décision qui peut être favorable ou pas aux politiques.
Donc, la présence du président en tant que tel au conseil n'est pas obligatoire, mais je peux comprendre que certains puissent concevoir qu'il le faut parce qu'on n'est pas à un niveau de maturité dans nos institutions qui font qu'on ne peut plus se passer de lui. Mais dans un système normal, il faut une séparation des pouvoirs Judiciaire, Exécutif et Législatif. Quelque part, pour moi, la présence physique du président la République est comme une forme de violation de cette séparation. Pour moi, une fois qu'il est nommé, il doit se retirer. Mais cela suppose aussi que l'institution judiciaire ait les reins assez solides, soit assez mature pour pouvoir se réguler de l'intérieur. Sinon, on va renvoyer une image qu'on dit tout le temps : la République des juges. Ça aussi, ça se règle par la loi.
En effet, il faut de la même façon que le président ou l'Exécutif ne s'immisce pas dans la fonction de la justice, il ne faut pas non plus donner un chèque en blanc aux juges pour qu'ils puissent faire tout et n'importe quoi. La loi, en ce moment, vient les encadrer. Eux, ils n'inventent pas la loi, ils l'appliquent. C'est à la loi d'être très claire, de mettre les balises, de dire ce qu'un juge peut faire et ne peut pas faire. Donc, il faut que les juges soient responsables. Les immunités des juridictions, une certaine confraternité donnent parfois l'impression d'être une caste, un groupe qui est au-dessus de la loi. Alors que ce n'est pas le cas. À partir du moment, n'importe où sur le spectre politique, les gens se disent "'nous ne sommes pas au-dessus de la loi et que c'est la loi qui est au-dessus de nous", je pense qu'on est protégé. C'est en ce moment qu'on pourra parler véritablement d'indépendance de la justice.
La régulation de certains propos sur les réseaux sociaux a été annoncée par le PM. Comment cela pourrait-il se faire ? Est-ce possible ?
Tout dépend de ce qu’on met dans le contenu. C'est clair qu'on ne peut pas laisser un domaine aussi important sans régulation. On est à l'ère des technologies et les réseaux sociaux font partie de la vie de tous les jours. Donc, c'est un pan de la vie de la société qu'on ne peut plus laisser en jachère avec un développement incontrôlé. C'est sûr qu'il faut réguler, mais qu'est-ce qu'on va réguler ? On peut réguler des activités économiques à travers les réseaux sociaux et Internet. Qu'est-ce qu'on veut faire ? Est-ce qu'on veut mieux encadrer la liberté d'expression qui est un droit fondamental, car il faut que les gens puissent s'exprimer ? Je pense qu'il n'y a pas de nouveautés. Les réseaux sociaux ne sont rien d'autre qu'un canal qui est accessible à tout le monde. Ce qui n'était pas le cas avant. À l'époque, pour qu'on puisse s'adresser à un public large, il fallait les médias classiques, la presse. Aujourd'hui, c'est éclaté. On quitte la société des médias pour une société de l'immédiateté. Donc, comme on dit, les gens ont leur "télé cii poche". Ils sont tous accessibles. Ça vient avec une certaine responsabilité. Je pense qu'on a des outils qui nous permettent de réglementer le tout. Il ne faut pas aller dans une extrême rigidité dans la régulation, mais c'est quelque chose qu'il faut qu'on ne puisse pas laisser faire.
Maintenant, si ça renvoie un peu aux intervenants qui ont des propos extrêmes ou jugés offensants, c’est déjà pris en compte par la loi. Que cela soit par les réseaux sociaux ou la presse classique, ça va être sous le coup de la loi. Les gens doivent respecter la liberté d'expression, quelque chose à laquelle je crois fortement.
On sent aussi de plus en plus des voix discordantes du Pastef qui fustigent certaines nominations et/ou absence de nominations ? Risque-t-on de voir des membres fondateurs se révolter contre le tandem Diomaye-Sonko ?
Pourquoi les gens devraient être frustrés parce qu'ils ne sont pas nommés ? Le président de la République, de par ses fonctions, habilitations et pouvoirs, nomme qui il veut. D'abord, on nomme une personne en qui on a confiance. Ensuite, le président vient juste de démarrer ses activités. Comment est-ce que tout le monde peut être nommé tout de suite à une place déterminée ? Non ! On le laisse dérouler. Il ne doit rien à personne. Ce sont les Sénégalais qui l'ont élu. Qu'on lui laisse le temps de choisir son équipe. Il a un État, une machine lourde. Ce n'est pas un balayage qui se fait automatiquement. Même aux USA où on connaît le système d'administration, il y a un phénomène de balayage. Ça se fait selon un tempo qui est bien déterminé.
Par ailleurs, je peux comprendre que certaines personnes aient des ambitions. Je n'ai rien contre. Mais on ne peut pas s’en prendre à un président qui a beaucoup de choses à faire par ailleurs, qui doit prendre son temps pour savoir où il met les pieds, où il va. Ce sont des emplois fonctionnels et non de la fonction publique qui sont régis par un statut. Donc, il va les recruter parce qu'il a confiance en eux, parce qu'ils croient au projet et veulent travailler à sa réussite. Donc, laissons-lui le temps de faire le bon choix. Certainement, il y a des gens qui pensent qu'ils peuvent le faire, qui remplissent les critères. Encore faut-il qu'on lui laisse ce temps de courtoisie pour qu'il puisse savoir quoi faire. Il n'y a aucune pression, aucun dû. Il nomme qui il veut, quand il veut. De la même manière, il va les révoquer, habilité quand il veut, comme il veut sans aucune justification. Le président n'a de comptes à rendre à qui que ce soit à ce niveau.
Comment appréciez-vous les 100 jours de Diomaye à la tête du régime ?
Moi, je ne suis pas dans le fétichisme des chiffres. Cela ne veut rien dire. On est à l'échelle d'un mandat de cinq ans. Cent jours, c'est le quart d'une année. Même un exercice, c'est sur 12 mois. Donc, à la limite, on va dire que pour un an, on va essayer de faire un bilan de la première étape. Trois mois sur un mandat de cinq ans, c'est extrêmement prématuré. Là on commence à voir certaines têtes qui émergent parce qu'il vient de finir de mettre en place son équipe. On n'a pas le temps d'évaluer objectivement ce qu'il fait, ce qu'il n'a pas fait. C'est sûr qu'il y a des décisions qui sont attendues. Il y en a certaines qui n'ont pas une incidence financière forte, mais qui sont attendues parce que justement on sort d'un traumatisme.
Les gens ont une attente forte de changement dans la magistrature parce que les gens pensent, et à raison, parce que la justice a fait du mal, que certaines têtes devraient disparaître et que des comptes doivent être rendus par les gens de l'ancien régime, parce qu'ils ont géré un pays et ils doivent rendre compte. Les populations ont exprimé ce besoin de façon très forte à travers les résultats de l'élection.
Oui, on prend le temps, mais il faut prendre le temps de bien faire les choses sur des questions judiciaires parce qu'on ne peut pas tomber dans les travers du passé où on a orienté des poursuites à la va-vite. On ne respectait pas les procédures sur des gens et finalement on se retrouvait devant des impasses. Je pense que trois mois, honnêtement, c'est peu, très tôt pour évaluer quoi que ce soit.
Si je vous dis que tout est bon alors qu'on est dans une conjoncture qui fait que finalement, ça va orienter les choses autrement. Je pense qu'un pays c'est un gros navire et ce n'est pas lors des premiers milles marins qu'on va dire il prend la bonne direction, alors qu'on est en phase de pousser et puis il faut accompagner, leur donner un temps. Ce n'est pas raisonnable ni crédible de commencer à encenser le président ou le critiquer fortement parce que cela ne repose sur rien.
LES DÉFIS DE PAPE ALÉ NIANG
EXCLUSIF SENEPLUS - Représentation inéquitable des langues et des communautés, agenda orienté par le pouvoir, la RTS, un héritage de l'ère coloniale, peine à se défaire de ses vieux démons
La RTS, initialement ORTS, est à l’origine un avatar françafricain de l’Office Radiodiffusion Télévision Française (ORTF) comme toutes les radiotélévisions des anciennes colonies françaises d’Afrique. Elle a été conçue comme un instrument de contrôle et de domination des populations, au service des pouvoirs néocoloniaux.
Sa raison d’être, est non pas le peuple comme son slogan le proclame, mais la défense et l’illustration du pouvoir en place, et particulièrement de la personne et de l’institution du président de la République. Elle fait peu de place aux Sénégalais ordinaires et aux « nouvelles » qui les affectent et excluent carrément les citoyens ordinaires en particulier les ruraux, les femmes, les enfants et les minorités ethniques.
M. Pape Alé Niang qui vient d’en être nommé Directeur Général, par décret discrétionnaire du président de la République, pourra-t-il faire de la RTS un véritable média de service public ?
Un média dont la mission première sera d’informer véritablement les Sénégalais, dans leurs langues, d’assurer leur représentation médiatique dans leur diversité et de permettre l’expression de leurs cultures ? Un média ouvert sur l’Afrique et le monde. Informer véritablement.
Rien Tous Les Soirs, le sobriquet colle encore à la RTS
C’est que la radiotélévision nationale actuelle n’informe pas véritablement les Sénégalais. Elle fait plutôt de la propagande politique, si ce n’est de la promotion institutionnelle et de l’annonce évènementielle.
Regardez les contenus qu’elle diffuse deux fois par jour à travers ses bulletins d’information à la radio et son « journal parlé » en wolof et en français à la télévision. Il s’agit essentiellement d’une mise en son et images des activités du président de la République, du gouvernement et des autres institutions de l’Etat.
On couvre ainsi toujours longuement la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres depuis la traversée des jardins du palais présidentiel par les ministres jusqu’à leur installation autour de la table, en s’attardant sur chacun d’entre eux, sur leurs tenues vestimentaires jusque sur leurs expressions de visage.
Selon Jacques Habib Sy, c’est « le président Senghor (qui) avait inauguré ce type de couverture journalistique en voulant imprimer dans la perception collective, le mouvement d’une nation en voie de construction et d’un président de la République au service de la nation à tout moment »[1].
Quoi qu’il en soit, la valeur informationnelle d’une telle couverture est nulle, on en conviendra. Tout comme l’est celle de ces audiences du président de la République et ces cérémonies de présentation de lettres de créances.
Que dire de ces comptes rendus de séminaires et de colloques dans les décors feutrés d’hôtels de luxe ? Il y a aussi ces cérémonies de signature de conventions et de remise de dons, tribunes de promotion de première classe d’organisations internationales et d’ONG.
Quid de ces manifestations religieuses des différentes « tarikhas » musulmanes et de l’Eglise catholique couvertes longuement alors qu’on pourrait laisser leur couverture aux nombreuses radios et télévisions privées ?
Déterminer l’agenda public
Une autre information est pourtant possible : elle part de l’actualité, concerne les événements courants ou accidentels qui surviennent tous les jours et affectent les citoyens ordinaires.
Que n’a-t-on pas ouvert le JT par exemple sur cette spectaculaire érosion côtière observée récemment à Djifer, ou sur cette hécatombe d’oiseaux observée sur les rives de la Falémé, indicateur probable d’un empoisonnement des eaux par des produits chimiques rejetés par les exploitations aurifères en amont ?
Ou encore sur un de ces naufrages récurrents de pirogues de candidats à « l’émigration clandestine » ?
Une hiérarchisation adéquate de la programmation permettrait de traiter ces informations de manière à en faire, non pas des « faits divers » mais de véritables « nouvelles », dignes de l’attention des citoyens téléspectateurs et auditeurs et des pouvoirs publics.
On inscrirait ainsi dans l’agenda national de manière plus marquée des sujets tels que l’avancée de la mer, le réchauffement climatique, l’exploitation minière, la dégradation de l’environnement, l’émigration de masse des jeunes etc.
N’est-il pas de la mission des médias, notamment des médias de service public, de déterminer régulièrement l’agenda public, en mettant en avant les sujets dont la conversation des citoyens s’empare et qui sont portés ainsi à l’attention des pouvoirs publics ?
Malgré le slogan « Encore, plus proche de vous » et la création de stations régionales (RTS3 pour Tambacounda et Kedougou, RTS4 pour Ziguinchor, Sédhiou et Kolda et RTS5 pour Matam), la RTS est encore loin de « refléter le pluralisme et la diversité de notre pays […] sur les plans politique, culturel et social’’ souhaité par son nouveau directeur général.
C’est ainsi que des associations communautaires dénoncent depuis longtemps « le temps d’antenne ‘insuffisant’ réservé aux autres langues par rapport à celui accordé au wolof » et le fait qu’une « langue, en l’occurrence le wolof, est mise au-dessus des cinq autres langues nationales » et revendiquent « l’égal accès aux médias de toutes les langues de notre pays », mettant en garde même contre « un chemin qui mènera tôt ou tard à des tensions communautaires ».
En fait la « télévision nationale » devrait être le support privilégié de la promotion harmonieuse et du dialogue de toutes les langues nationales.
On pourrait s’inspirer ici de la Société Suisse de Radio et de Télévision (SSR) qui diffuse ses émissions de radio et de télévision dans les quatre régions linguistiques du pays (le français, l’italien, l’allemand et le romanche) tout en en assurant leurs transmissions dans l’ensemble du pays.
La RTS pourrait émuler cette bonne pratique suisse, en accordant l’autonomie à ses stations régionales qui disposent déjà de studios et en les dotant de capacités de production et de diffusion pour couvrir l’ensemble du pays.
Couvrir l’Afrique à partir du Sénégal
L’Afrique et les pays voisins du Sénégal, ne sont pas des sujets d’information privilégiés et ne sont couverts le plus souvent qu’à travers les télévisions françaises et occidentales.
Il est pourtant possible d’en assurer une couverture professionnelle avec des productions innovantes et à moindre coût, grâce à une organisation adéquate et en tirant profit des nombreux outils numériques disponibles, de WhatsApp aux logiciels de traduction basés sur l’IA.
Obtenir une interview d’une personnalité au Niger par un journaliste local par WhatsApp, commander une vidéo de deux minutes d’un événement à Nairobi, produire même des documentaires télé et des podcasts audio aux quatre coins du contient … La RTS pourrait ainsi devenir une radiotélévision continentale à peu de frais.
L’engagement de M. Pape Alé Niang
M. Pape s’est engagé dès l’entame de son mandat à « rétablir les liens entre la RTS et le peuple sénégalais ». Il a déjà procédé à l’ouverture de la télévision aux oppositions politiques et à la société civile dans sa diversité. Pourra-t-il adopter la ligne éditoriale que nous préconisons ici ?
Pourra-t-il obtenir le budget autrement plus important que les quelques milliards qui sont affectés présentement à la RTS pour mettre en œuvre un programme ambitieux et novateur ?
[1] Jacques Habib Sy Crise de l’audiovisuel au Sénégal, Dakar, 2003.
ABDOU MBOW ADRESSE DES QUESTIONS ÉCRITES À CHEIKH TIDIANE DIÈYE
Le député estime que c’est dans le souci d’une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles d’attribution des marchés publics.
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar Abdou Mbow a adressé au ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, une série de questions suite au limogeage du directeur général de l’office national de l’assainissement trois mois après sa nomination.
« Le limogeage précocement inattendu de Monsieur Cheikh Dieng de son poste de Directeur général de l’Office national de 1’Assainissement du Sénégal (ONAS), après trois (03) mois de service, a suscité un grand étonnement et de multiples interrogations. En l’absence d’une précision des motifs qui sous-tendent cette décision, plusieurs raisons non officielles ont été avancées », a-t-il souligné.
Le député estime que c’est dans le souci d’une gestion transparente de nos deniers publics et du respect strict des règles d’attribution des marchés publics.
« Est-ce que vous avez pris une décision pour suspendre la procédure de passation des marchés attribués provisoirement aux entreprises Tawfekh Taysir et Delgas et de privilégier en lieu et place une entente directe avec des entreprises de votre choix ? Si oui, cette décision est-elle conforme au Code des Marchés publics ? ; Y a-t-il des actes de surfacturation décelés dans le cadre de l’attribution provisoire de ces marchés par l’ONAS ? Pouvez-vous m’édifier sur les allégations de l’ex Directeur général de I’ONAS, M. Cheikh Dieng, selon lesquelles certaines entreprises se contentent, dans le cadre de la procédure d’attribution des marchés, de proposer des prix fortement minorés pour éliminer toute concurrence, sous le couvert d’un «moins disant » déguisé ? ; Est-ce que les entreprises que vous voulez choisir par entente directe, selon M. Dieng, ont déjà, par le passé, exécuté des marchés de manière satisfaisante dans le respect strict de leurs engagements ? », a notamment demandé le parlementaire.