Le débat d’orientations budgétaire qui était prévu pour se tenir ce samedi l’Assemblée nationale avec le ministre des Finances et du Budget Cheikh Diba, a été annulé, suite à la décision prise par le chef du gouvernement Ousmane Sonko consistant à ne pas faire sa déclaration de politique générale (DPG) devant l’institution parlementaire, tant que cette dernière n’a pas réintégré dans son règlement intérieur les dispositions faisant mention du poste de Premier ministre supprimé en 2019 avec d’être rétabli, a appris l’APS de source officielle.
Cette décision a été prise lors de la réunion du bureau de l’Assemblée nationale qui clôt sa session unique 2023-2024.
Le Bureau de l’Assemblée nationale “a décidé souverainement de sursoir aujourd’hui au débat d’orientation budgétaire (DOB). C’est pourquoi, vous avez vu tout à l’heure, le ministre des Finances et son équipe se sont retirés”, a déclaré le président du groupe parlemenataire de Benno Bokk Yakaar, Abdou Mbow, ajoutant que la conférence des présidents a été informée de cette décision.
Selon lui, le bureau de l’Assemblée nationale qui se veut “conséquent” a refusé de recevoir le ministre des Finances dans la mesure où le chef du gouvernement, en l’occurrence Ousmane Sonko, “a refusé de se présenter devant la représentation nationale pour faire sa déclaration de politique générale”.
Le président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yakaar (BBY) a notamment déploré l’attitude du Premier ministre qui, selon lui, “a (…) réduit l’Assemblée nationale à sa plus simple expression”.
Le député du groupe parlementaire Yewwi askan wi, Guy Marius Sagna avait adressé une lettre ouverte au Premier ministre pour lui demander de ne pas venir à l’Assemblée nationale.
En réponse à cette correspondance, le chef du gouvernement a fait part de son “impatience à tenir cet exercice de présentation des grands axes des politiques publiques et de l’action du gouvernement”.
Il avait toutefois relevé que “l’article 55 de la constitution oblige le Premier ministre à faire sa DPG devant le parlement sans préciser les délais et la procédure qui relève du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Or, argue-t-il, “les dispositions du règlement intérieur qui fixaient les délais et la procédure de la DPG ainsi que les références au Premier ministre ont été abrogées de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale depuis 2019”, suite à la suppression du Premier ministre avant son rétablissement
OUSMANE SONKO DONNE UN ULTIMATUM JUSQU’AU 15 JUILLET
Correction du règlement intérieur de l’assemblée nationale pour permettre la déclaration de politique générale, Le débat sur la déclaration de politique générale du Premier ministre prend de nouvelles proportions
Le Premier ministre Ousmane Sonko a pris officiellement position dans le débat en cours relatif à sa déclaration de politique générale. Dans un texte en réponse à la lettre d’interpellation que le député Guy Marius Sagna lui a adressée, il a donné un ultimatum à l’Assemblée nationale allant jusqu’au 15 juillet pour « s’amender en réinscrivant dans le règlement intérieur l’ensemble des dispositions relatives au Premier ministre ». A défaut, il fera sa Dpg hors de l’hémicycle devant une assemblée constituée du peuple sénégalais.
Le débat sur la déclaration de politique générale du Premier ministre prend de nouvelles proportions. Aphone depuis le début de cette controverse, le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, par ailleurs principal concerné par ce débat a pris position. Dans un texte en réponse à la lettre d’interpellation que le député Guy Marius SAGNA, membre du groupe parlementaire Yewwi askan wi, lui avait adressée à propos de sa déclaration de politique générale, Ousmane Sonko a donné un ultimatum à l’Assemblée nationale allant jusqu’au 15 juillet pour « s’amender en réinscrivant dans le règlement intérieur l’ensemble des dispositions relatives au Premier ministre ». Passée cette date, le leader du parti Pastef menace de tenir sa Déclaration de Politique générale non pas à l’hémicycle mais devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d'un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. « Ce sera l’occasion d’un débat libre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure », a-t-il précisé.
Pour justifier cette décision qui, si elle est exécutée marquera à jamais un tournant dans le fonctionnement des institutions démocratiques au Sénégal notamment les relations entre l’exécutif et le parlement, le Premier ministre Ousmane Sonko a évoqué un « souci constant de respect de la séparation des pouvoirs et du principe de légalité ». Auparavant, dans cette réponse à l’honorable député Guy Marius Sagna, le chef du gouvernement a tenu à lever toute équivoque en affirmant d’emblée que sa «déclaration de politique générale (DPG) est prête » mai aussi son « impatience à tenir cet exercice de présentation des grands axes des politiques publiques et de l’action du Gouvernement suivant les orientations du Président de la République ».
En effet, rappelant que l’’article 55 de la Constitution oblige le Premier ministre à faire sa DPG devant l’Assemblée nationale sans préciser les délais et la procédure qui relèvent du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale (loi organique n° 2002-20 du 15 mai 2002, modifiée), le chef du gouvernement a toutefois tenu à faire remarquer que « les dispositions du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui fixaient les délais et la procédure de la DPG, ainsi que toutes références au Premier ministre, ont été abrogées de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale depuis 2019, suite à la suppression du poste de Premier ministre (loi organique n° 2019-14) ».
« Le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale en vigueur ne tient pas compte du Premier ministre puisqu’il n’a pas été actualisé suite à la restauration du poste de Premier ministre par la loi n°2021-41 du 20 décembre 2021 portant révision de la Constitution », a-t-il indiqué avant de marteler. « En conséquence, dans un souci constant de respect de la séparation des pouvoirs et du principe de légalité, Je ne tiendrai ma DPG devant cette Assemblée qu'une fois que la majorité parlementaire se sera amendée en réinscrivant dans le règlement intérieur l’ensemble des dispositions relatives au Premier ministre ».
Par Fadel DIA
LA FRANCE SE RNISE... ET LES DIRIGEANTS D’AFRIQUE FRANCOPHONE REGARDENT AILLEURS !
Pourquoi donc nos dirigeants n’auraient-ils pas le droit d’élever la voix lorsqu’ils voient pointer à l’horizon l’arrivée à la tête du gouvernement de la France d’un parti qui a pour ADN le racisme, la xénophobie et l’islamophobie ?
Le Chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est invité dans la campagne électorale française et dans une déclaration publique relayée par la télévision, il dit être « préoccupé par les élections en France » et « espérer que les partis qui ne sont pas ceux de Le Pen remporteront les élections ». Ce sont des paroles nettes et claires et murement pesées, qui d’ailleurs ont été reprises et adaptées par son ministre des finances.
L’Allemagne est le premier partenaire économique de la France et son plus proche allié stratégique, son Chancelier ce n’est pas Nicolas Maduro, elle est dirigée par un gouvernement de coalition plus proche du centre que de l’extrême gauche, et tout cela n’a pas empêché Olaf Scholz de mettre les pieds dans le plat, tant la perspective de l’arrivée au pouvoir, en France, d’un parti d’extrême droite soulève des inquiétudes.
Si Olaf Scholz s’exprime, en revanche ses homologues d’Afrique francophone ne pipent mot. Aurait-il fait acte d’ingérence ? Pour ceux qui, parmi nos dirigeants, craignent d’en être suspectés, il a fourni une réponse qui pourrait leur servir d’alibi. « Ce sont les Français qui décideront » dit-il, en conclusion, en assurant que son gouvernement continuera à collaborer avec celui qu’ils auront élu !
Comme on dirait chez nous, quand la case de votre voisin brule, vous avez au moins le droit de crier :au feu !
Mais, à supposer que cela soit une ingérence, pourquoi n’aurions-nous pas le droit de nous ingérer, pour une fois, dans les affaires de la France, elle qui passe son temps à s’ingérer dans les nôtres ? Surtout lorsqu’on entend l’appel au secours lancé par la cinéaste franco sénégalaise Alice Diop qui considère qu’il s’agit pour elle et pour beaucoup d’autres afro-françaises d’une question « de vie et de mort » et qui dit se sentir comme une « grande brulée » saisie par la colère, la trahison et une profonde déception! Les autorités françaises se donnent le droit de juger et de jauger nos dirigeants, sans aucune logique, encensant Deby, déroulant le tapis rouge pour Nguema, mais vouant aux gémonies Goita, Traoré ou Tiani, alors que tous les quatre sont des putschistes qui ont accédé au pouvoir par la force des armes ! Elles se mêlent de notre mode de gouvernement, de la gestion de nos affaires, de nos choix de société et s’adjugent la prérogative de nous choisir nos amis. Pourquoi donc nos dirigeants n’auraient-ils pas le droit d’élever la voix lorsqu’ils voient pointer à l’horizon l’arrivée à la tête du gouvernement de la France d’un parti qui a pour ADN le racisme, la xénophobie et l’islamophobie ?
Plus encore que Olaf Scholz, les dirigeants de ce qu’on appelait naguère le pré carré français ont le devoir de manifester leur inquiétude. Parce que l’histoire nous a imposé des relations particulières avec la France, qui est souvent notre premier partenaire économique, dont la langue est la seule qui est enseignée dans nos écoles, qui contrôle notre monnaie et notre tissu industriel ... En régime de cohabitation la réalité du pouvoir est entre les mains du Premier Ministre, a rappelé Marine Le Pen à Emmanuel Macron, et si cette fonction est exercée par le RN, cela ne pourrait que contribuer à détériorer nos relations avec la France, que nous voulons rééquilibrées, respectueuses de notre indépendance, de notre culture et de la dignité de nos compatriotes qui vivent sur son sol Le programme du RN est fait « à 100% de leurres… d’arnaques et de vieilles ficelles » et il a pour axe principal, le seul qui est resté inamovible, la lutte contre l’immigration, assimilée à la délinquance, avec pour corrélations la suppression du droit du sol et du regroupement familial et l’instauration de la préférence nationale, mesure xénophobe et anti constitutionnelle. Cela pourrait signifier que nos concitoyens, et en particulier les étudiants, auraient encore plus de mal que d’habitude pour entrer en France, alors que les Français ont porte ouverte, et gratuite, chez nous et que le rejet, discrétionnaire du visa Schengen a couté 36 milliards de francs CFA aux Africains en 2023 !
Cela pourrait signifier que nos compatriotes qui vivent et travaillent en France pourraient être condamnés à se passer de leurs familles, que leurs enfants n’auraient pas droit, à leur naissance, à la nationalité française, même s’ils ont choisi de faire leur vie dans ce pays.
Cela pourrait signifier que Mati Diop, autre réalisatrice franco sénégalaise, classée par Vanity Fair en 2019 parmi les cinquante Français les plus influents du monde, ne pourrait jamais occuper en France les fonctions de ministre de la Défense ou des Affaires étrangères, quels que soient ses talents et ses engagements politiques. Que Fatoumata Kébé, astrophysicienne de renommée internationale, classée également, en 2018, parmi les Françaises les plus influentes du monde, ne pourrait jamais exercer des responsabilités dans un service stratégique ou diriger, par exemple, une centrale nucléaire, au seul motif que ses parents sont d’origine malienne !
On notera au passage que la préférence nationale ne concerne ni le football, ni le basket, ni le judo entre autres domaines où la France s’est le plus distinguée.
Le RN n’est pas encore au pouvoir que déjà le pire se libère au cours de la campagne électorale. En quelques jours on a vu se propager dans les médias des chansons antiracistes, des soirées xénophobes sont organisées dans des bars, on a jeté de l’eau de Javel sur des migrants à Calais, une aide infirmière d’origine africaine est qualifiée de bonobo et sommée de « regagner sa niche » par une militante RN, fonctionnaire au ministère de la Justice, un apprenti boulanger d’origine ivoirienne a vu son logement incendié, un journaliste français d’origine maghrébine, officiant sur une chaine de télévision publique, a reçu des lettres de menaces à son domicile, s’est vu traiter de bicot et intimer l’ordre de « rentrer chez lui ! »
Comme le dit le Chancelier allemand, ce n’est pas à nous de choisir les dirigeants de la France, mais il est de la responsabilité de nos dirigeants de rappeler à ceux qui ont ce privilège que nous ne sommes pas prêts à tout accepter !
ULTIMATUM DU 15 JUILLET À L’ASSEMBLÉE, MADIAMBAL DIAGNE CRIE AU COUP D'ÉTAT
L’administrateur du Groupe Avenir Communication a réagi à la demande d’Ousmane Sonko demandant à l’Assemblée nationale de réintégrer les dispositions relatives au Premier ministre dans son règlement intérieur.
Après l’ultimatum d’Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale de réintégrer les dispositions relatives au Premier ministre dans son règlement intérieur avant le 15 juillet, faute de quoi il prononcerait sa déclaration de politique générale devant un jury populaire, le journaliste Madiambal Diagne soupçonne Ousmane Sonko d’orchestrer « un coup d’état ».
Une déclaration qui met le journaliste Madiambal Diagne dans tous ses états.
«Ousmane Sonko annonce son coup d’État pour le 15 juillet 2024. Il a osé écrire : En cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, je tiendrai ma Déclaration de Politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. Ce sera l’occasion d’un débat libre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure », a écrit l’administrateur du Groupe Avenir Communication sur X.
par Cheikhou Ndoye
COMMENT RÉUSSIR UNE RUPTURE INNOVANTE ET INCLUSIVE BUREAU ÉCONOMIQUE DE L’AMBASSADE DU SÉNÉGAL AUX USA
La défense active des intérêts, la mobilisation de la diaspora sont nécessaires pour doter le pays d'une représentation économique plus efficace
Entre une continuité dans une politique politicienne d’un parti au pouvoir et une rupture innovante et inclusive, quel nécessaire devrait être fait pour vitaliser le bureau économique de l’ambassade du Sénégal aux États-Unis d’Amérique et lui permettre de réussir sa mission ? Pour le Sénégalais que je suis, vivant depuis plus de trente (30) ans aux États-Unis et plus particulièrement dans la région métropolitaine du DMV (Washington DC, Maryland, Virginia), je reste convaincu que le bureau économique de l’ambassade doit être profondément enraciné dans la promotion des intérêts économiques du Sénégal. Il doit aussi nouer des connexions et des partenariats précieux et innovants au sein des communautés locales des cinquante-deux (52) États de l’Union, sans oublier les autorités sénatoriales et celles du Congrès.
Promouvoir et renforcer les relations économiques
Les États-Unis d’Amérique, en tant que première puissance mondiale, avec une économie dynamique et des industries diversifiées, peuvent constituer un partenaire commercial robuste et exaltant. Pour tirer parti de cet environnement, le bureau économique de l’ambassade du Sénégal devrait se concentrer sur le renforcement des relations économiques et de coopération dans les secteurs de l’investissement et de l’exportation. En collaborant activement avec les entreprises locales, les chambres de commerce, les agences et institutions de développement économique et financière. Le bureau économique doit identifier des synergies et des opportunités de collaboration bénéfique tant pour le Sénégal que pour ses partenaires de la sous-région ouest-africaine.
Diffuser des informations sur le Sénégal
La région métropolitaine de Washington DC est réputée être une zone d’influence et de « lobbying » pour l’État fédéral américain, le Sénat et le Congrès, mais aussi pour les institutions de Bretton Woods. Le bureau économique doit exploiter, de manière intelligente et ciblée, divers canaux pour diffuser des informations précises et convaincantes sur les opportunités d’investissement au Sénégal. Des efforts de sensibilisation ciblés, notamment des sorties médiatiques, des événements culturels sur le Sénégal ainsi que des séminaires éducatifs. Toute cette communication mettra en exergue la teranga (l’hospitalité) sénégalaise, la gouvernance démocratique et inclusive de notre système politique sans oublier sa stabilité économique. En mettant en avant les attributs positifs du Sénégal, le bureau doit viser à créer une perception favorable qui renforcerait l’attractivité du pays pour l’investissement des partenariats commerciaux.
Défendre la position du Sénégal
La région du DMV est un carrefour de la diplomatie internationale et du commerce, ce qui en fait une plateforme idéale pour défendre les intérêts du Sénégal sur la scène mondiale. Le bureau économique doit s’engager activement avec les décideurs politiques du pays, les groupes de réflexion locaux ainsi les ressources humaines de la diaspora sénégalaise en Amérique du Nord, pour expliquer et défendre la position stratégique du Sénégal en tant que porte d’entrée du continent africain. En effet, avec l’océan Atlantique, qui est en fait une frontière entre le Sénégal et les États-Unis d’Amérique, le bureau économique doit exploiter cette donnée naturelle pour en faire une destination privilégiée pour le tourisme et l’investissement étranger. Grâce à des partenariats stratégiques et des campagnes de plaidoyer, le bureau doit promouvoir des politiques et des initiatives qui soutiennent l’agenda innovant et transformationnel du nouveau régime en place.
Mobiliser la diaspora sénégalaise
Avec une importante communauté de la diaspora sénégalaise aux États-Unis, le bureau économique devrait travailler à mettre en exergue l’importance d’engager et d’autonomiser les membres de la diaspora en tant qu’acteurs du développement du Sénégal. À travers des événements ciblés de sensibilisation , des opportunités de « lobbying » et des programmes de renforcement des capacités, le bureau doit favoriser un sentiment d’appartenance et encourager les membres de la diaspora à participer activement à des projets communs et des initiatives qui peuvent promouvoir les intérêts économiques du Sénégal. En exploitant les talents et les ressources de la diaspora, le bureau doit pouvoir renforcer les liens entre le Sénégal et sa diaspora tout en favorisant une croissance économique inclusive.
En somme, ma vision pour un bureau économique réussi, repose sur un engagement proactif, une communication stratégique et des partenariats significatifs qui favorisent la réalisation de la mission qui lui est confiée. En adoptant cette vision et en exploitant les atouts du pays d’accueil, le bureau pourrait aider à positionner le Sénégal comme une destination dynamique et attrayante pour l’investissement, le commerce et les opportunités de partenariat international.
ZAHRA IYANE THIAM CONTRE L'IDÉE DE TENIR LA DPG HORS DE L'ASSEMBLÉE
« En refusant de vous soumettre à cette obligation, vous ébranlez les fondements mêmes de notre démocratie », a dit l'ancienne ministre et membre de la coalition BBY.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a répondu à l’interpellation du Député Guy Marius Sagna concernant sa Déclaration de Politique Générale (DPG), suscitant des réactions critiques de la part de divers acteurs politiques.
Zahra Iyane Thiam, ancienne Ministre et membre de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), a exprimé ses réserves vis-à-vis des justifications avancées par le Premier ministre. « J’ai lu avec attention votre réponse concernant l’interpellation du Député Guy Marius Sagna au sujet de votre Déclaration de Politique Générale. Cependant, je ne peux m’empêcher de relever plusieurs éléments problématiques à mes yeux dans vos justifications », a déclaré Mme Thiam.
Dans sa lettre ouverte adressée au Premier ministre, Zahra IyaneThiam critique le report de la présentation de la DPG malgré l'affirmation de sa préparation imminente. « Si tel est le cas, pourquoi ne pas respecter l’esprit de l’article 55 de la Constitution en la présentant immédiatement ? Votre impatience déclarée contraste fortement avec votre inaction », a-t-elle souligné.
Elle a également remis en question l'interprétation restrictive du Premier ministre concernant les délais de présentation de la DPG, estimant que cela pourrait être perçu comme une tentative de gagner du temps plutôt que de respecter l'intention constitutionnelle de transparence et de responsabilité.
Mme Thiam a critiqué la justification du Premier ministre selon laquelle les dispositions relatives à la DPG avaient été abrogées après la suppression du poste de Premier ministre en 2019, soulignant que depuis la restauration de ce poste en 2021, les députés de la coalition avaient eu largement le temps de proposer une mise à jour du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. « Leur passivité à cet égard et l’invocation de cet argument aujourd’hui suggèrent une volonté de contourner vos obligations plutôt qu’une véritable contrainte légale », a-t-elle affirmé.
Enfin, Zahra Iyane Thiam a mis en garde contre les conséquences de l'argument de la séparation des pouvoirs invoqué par le Premier ministre pour refuser de présenter la DPG devant l'Assemblée nationale. « En refusant de vous soumettre à cette obligation, vous ébranlez les fondements mêmes de notre démocratie », a-t-elle averti.
Elle a conclu en appelant le Premier ministre à respecter les institutions et les procédures légales en tenant la DPG devant l’Assemblée nationale, conformément à la Constitution. « Les citoyens que nous sommes attendent que vous vous conformiez à vos obligations constitutionnelles sans plus attendre », a-t-elle ajouté.
PROJET SÉNÉGAL ENDETTEMENT
L'Etat continue sa course aux emprunts à un rythme soutenu. Entre Eurobonds, emprunts obligataires et autres prêts, plus de 1000 milliards de francs CFA ont été accumulés en quelques mois, suscitant des interrogations sur l'usage réel de ces fonds
Tandis que les commentaires vont bon train sur les besoins en financement du pays, le gouvernement vient encore de lever un emprunt obligataire de plus de 265 milliards. Une somme qui s’ajoute au millier de milliards emprunté par l’Etat depuis le mois d’avril dernier. Sans que l’on sache à quoi devrait servir ce fonds. En tout cas, la course aux emprunts ne cesse pas, malgré le départ de Macky Sall.
Un communiqué de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm) informe, hier, l’opinion de la levée, par l’Etat du Sénégal, de 3 emprunts obligataires, d’un montant global de 265 milliards de Francs Cfa, de maturité variable, allant entre 5 et 10 ans, ces 3 tranches d’emprunts sont également d’intérêts différents. Le premier emprunt, qui va de 2024 à 2029, est de 6, 45%, comme d’ailleurs le troisième, qui va de 2024 à 2034, pour un taux d’intérêt de 6, 65%, tandis que le second va rapporter 6, 25% aux institutions qui se sont engagées auprès du Sénégal.
Le communiqué de la Bourse régionale d’Abidjan a justifié d’indiquer que ces montants empruntés serviraient à «financer des investissements prévus dans le Budget 2024» ; ce qui permet au Directeur général Félix Edoh Kossi Amenounvè de se réjouir que «ces emprunts marquent un retour très remarqué de l’Etat du Sénégal à la Brvm». Au moment où le pétrole commence à couler à flots, on ne peut que se réjouir de la forte réputation, encore plus établie, de ce pays. On peut d’ailleurs se demander à quel moment le Sénégal, l’un des poids lourds du marché financier régional, a jamais été absent de la Brvm ces dix dernières années. On sait qu’avant de quitter le pouvoir, le président de la République Macky Sall, à travers ses différents chefs de gouvernement, s’était lancé dans un train de mobilisation de l’emprunt sur le plan international, et en particulier sous-régional. Cela se faisait quasiment à des montants de 50 à 100 milliards de francs Cfa en moyenne par trimestre.
Il y a eu, en vrac et sans aucun ordre préétabli, 30 milliards en septembre 2022, 50 milliards par appel public à épargne, pour un taux d’intérêt de 6, 30% par an pendant 10 ans, de 2015 à 2025. Il y a eu en octobre 2023, un emprunt de 120 milliards de Cfa, sous l’intermédiation d’Invictus Capital Finance. En fait, tous les cabinets d’intermédiation de la zone Uemoa ont eu chacun leur part auprès des autorités sénégalaises sur les opérations financières qu’elles réalisaient régulièrement.
C’était d’ailleurs la rengaine dans les salons de Dakar sur la «soutenabilité de la dette», de la part de ceux qui trouvaient que les politiciens enfonçaient le pays dans la fange inextricable de la dette, qui ne servait qu’à hypothéquer l’avenir de la jeunesse, et surtout brader «nos richesses juste à peine découvertes». Certains se disaient que les choses iraient mieux sur ce plan, avec le changement de régime. Une fois les dirigeants de Pastef au pouvoir, le pays serait définitivement débarrassé du Plan Sénégal Endettement (Pse) de Macky Sall (sic).
Il n’a pas fallu longtemps pour se rendre compte que les choses ne bougent pas aussi vite qu’on l’aurait souhaité.
Il a fallu que le site américain Bloomberg annonce que le gouvernement a levé un Eurobond de 450 milliards de francs Cfa pour que l’information soit confirmée officiellement. Malheureusement, rien n’a été dit sur les conditions de cet emprunt, qui ont été plus draconiennes que ceux opérés par des pays africains comme le Kenya, la Côte d’Ivoire ou le Bénin, que l’on ne pourrait présenter comme des poids lourds de la finance par rapport au Sénégal.
Le plus extraordinaire est que, comme dit lors de la passation de services entre les présidents Macky Sall et Diomaye Faye, l’actuel pouvoir n’a pas hérité de poches vides. Macky Sall lui aurait laissé plus de 320 milliards dans ses comptes à la Bceao. Auxquels s’ajoutent plus de 150 milliards de Cfa en bonds et obligations assimilables au Trésor. Tout cela n’exclut pas d’autres versements venant de sources diverses comme la Banque africaine de développement (Bad), entre autres. Aujourd’hui, si l’on se base sur les chiffres annoncés, l’Etat aurait sous lui une cagnotte de plus de 1000 milliards de Cfa, accumulée en moins de 3 mois. Sans pour autant dire ce qu’il voudrait en faire.
Dans une conjoncture économique et sociale assez morose, l’opinion a le sentiment que la situation du pays ne s’améliore pas, alors que le Fonds monétaire international (Fmi), le gendarme de nos finances, s’est permis de venir à Dakar pour déclarer que le Sénégal s’est permis d’emprunter plus que ses besoins actuels, et s’est mis en situation de sur-financement. Une situation d’autant plus grave que les fonctionnaires du Fmi affirment que certaines de ces opérations d’endettement se seraient déroulées à leur insu. On pourrait se demander alors comment ces montants colossaux que le gouvernement a pu lever sur les marchés financiers, pourraient se retrouver dans le circuit monétaire.
Pour le moment, le Tableau des opérations financières de l’Etat (Tofe), tel que repris dans le dernier bulletin statistique trimestriel pour le Premier trimestre 2024, ne donne aucune indication de trace de ces milliards qui semblent encore mirifiques.
Ainsi, aussi bien les «dépôts transférables que d’autres dépôts inclus dans la masse monétaire ne montrent d’évolution positive». Pire, les «actifs extérieurs nets» auprès de la Banque centrale ou des banques commerciales ne montrent qu’une évolution négative, en glissement annuel depuis le dernier trimestre 2023. Aucun des banquiers interrogés n’a encore pu indiquer au journal Le Quotidien l’endroit où se planque la cagnotte que l’Etat accumule à l’international. Seul un économiste a pu fournir pour explication le fait que le Bulletin statistique a sans doute été élaboré avant les dernières opérations de l’Etat. Mais si c’est le cas, on finira par le savoir rapidement. Ou alors, ne serait-ce que de la poudre aux yeux que le pays continue alors de s’endetter sans en avoir besoin ?
BENNO ANNONCE UNE LOI VISANT À RETIRER AU PRÉSIDENT LES PRÉROGATIVES DE DISSOUTRE L'ASSEMBLÉE
Cette action est enclenchée, selon Abdou Mbow, face à une volonté délibérée d'Ousmane Sonko de se soustraire à la règle constitutionnelle de responsabilité du gouvernement devant le parlement
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar Abdou Mbow, a annoncé, vendredi à Dakar, lors d’un point de presse, avoir enclenché une réflexion de réforme visant à supprimer les articles qui permettent au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale.
« Je voudrais terminer par dire que tout à l’heure nous avons vu que Monsieur le Premier ministre Ousmane Sonko a fait un texte pour répondre à son député par rapport à lettre qui lui avait été adressée. Mais face à une volonté délibérée à se soustraire de la règle constitutionnelle de responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale, le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar que je préside a enclenché une réflexion de réforme tendant à supprimer les articles qui permettent au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale mais aussi l’Assemblée nationale qui va déposer une motion de censure devant le gouvernement. Et ceci va régler définitivement la séparation étanche des pouvoirs », a-t-il fait savoir.
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar a tenu ces propos suite à la sortie des députés de la coalition Yewi Askan wi sur l’improbable déclaration de politique générale du premier ministre Ousmane Sonko.
« Nous députés du Sénégal considérerons toute dérobade comme une forfaiture et en tirerons toutes les conséquences de droit, je dis bien nous allons en tirer toutes les conséquences de droit et appelons le président de l’Assemblée nationale a engagé sans délai une clarification de la situation avec le pouvoir exécutif afin d’obtenir communication de la date fixée pour la déclaration de politique générale », a déclaré Abdou Mbow.
Toutefois le parlementaire n’exclut pas d’utiliser « toutes les ressources légales et constitutionnelles sans aucune faiblesse pour répondre au mépris par le mépris, la défiance par la défiance par la défiance ».
LA RÉPONSE D'OUSMANE SONKO AU SUJET DE SA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE
Le Premier ministre a exprimé, vendredi, son impatience et sa détermination à présenter sa DPG d’ici le 15 juillet 2024, même en l’absence de mise à jour des procédures parlementaires nécessaires.
Le Premier ministre a exprimé, vendredi, son impatience et sa détermination à présenter sa DPG d’ici le 15 juillet 2024, même en l’absence de mise à jour des procédures parlementaires nécessaires.
Face à la situation actuelle, Sonko envisage une alternative : « En cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, je tiendrai ma Déclaration de Politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. Ce sera l’occasion d’un débat libre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure. »
« Ma déclaration de politique générale (DPG) est prête, et je vous réitère toute mon impatience à tenir cet exercice de présentation des grands axes des politiques publiques et de l’action du Gouvernement suivant les orientations du Président de la République », a affirmé le Premier ministre.
Il rappelle que l’article 55 de la Constitution oblige le Premier ministre à faire sa DPG devant l’Assemblée nationale, bien que les délais et la procédure soient déterminés par le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale (loi organique n° 2002-20 du 15 mai 2002, modifiée).
Cependant, les dispositions du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui fixaient les délais et la procédure de la DPG ont été abrogées en 2019 après la suppression du poste de Premier ministre (loi organique n° 2019-14).
Malgré la restauration du poste en 2021 (loi n°2021-41), le Règlement intérieur n’a pas été mis à jour pour réintégrer ces dispositions. Sonko souligne l’importance de cette mise à jour pour respecter la séparation des pouvoirs et le principe de légalité.
« En conséquence, dans un souci constant de respect de la séparation des pouvoirs et du principe de légalité, je ne tiendrai ma DPG devant cette Assemblée qu’une fois que la majorité parlementaire se sera amendée en réinscrivant dans le règlement intérieur l’ensemble des dispositions relatives au Premier ministre », a-t-il ajouté.
AMINATA TOURÉ APPELLE À LA DISSOLUTION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
L'ancienne cheffe du gouvernement s'interroge sur la pertinence pour le Premier ministre de présenter une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qu'elle considère comme n'ayant plus aucune légitimité
Aminata Touré, ancienne cheffe du gouvernement, s'est récemment exprimée sur la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko. Pour elle, un tel exercice devant l'actuelle Assemblée nationale n'a pas de sens, et elle appelle à sa dissolution. Dans une tribune publiée sur ses plateformes numériques, elle a partagé ses réflexions sur la situation politique actuelle.
Selon Touré, l'Assemblée nationale actuelle ne reflète pas la volonté populaire exprimée lors des élections du 24 mars dernier. Elle souligne que le candidat de la Coalition Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba, bien qu'artificiellement majoritaire à l'Assemblée nationale, a été battu dès le premier tour, ne récoltant que 35 % des suffrages.
Elle s'interroge donc sur la pertinence pour le Premier ministre de présenter une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qu'elle considère comme n'ayant plus aucune légitimité. Touré rappelle que les Sénégalais ont exprimé leur volonté de changement en élisant Bassirou Diomaye Faye avec 54 % des voix.
Elle conclut en appelant à une dissolution de l'Assemblée nationale dès le 31 juillet, suivie de l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale. Ce n'est qu'alors, selon elle, que la DPG du Premier ministre aurait du sens, car il présenterait alors la vision et les perspectives de son gouvernement à des députés légitimement élus pour les cinq prochaines années.
Aminata Touré insiste sur le fait que pour que la démocratie sénégalaise fonctionne correctement, ses institutions doivent véritablement représenter la volonté du peuple. Elle reste ferme sur la nécessité d'une réforme immédiate pour aligner les structures politiques avec les aspirations des citoyens.