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7 avril 2025
Santé
par Massamba Diouf
TROISIÈME VAGUE, ENTRE MUTATIONS, VARIANTS ET STRATÉGIE VACCINALE CHANCELANTE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Le contexte est aujourd’hui caractérisé par une saturation des CTE se traduisant par une rupture des ressources, mais surtout un burn-out des prestataires de soins et, pour les patients, une mortalité préoccupante
#SilenceDuTemps - Depuis le 23 février 2021 correspondant à quasiment un an de persistance de la Covid-19 au Sénégal, les services de santé du pays ont lancé une campagne de vaccination contre cette épidémie à Coronavirus. Une épidémie-pandémie qui a connu plusieurs vitesses autant dans ses aspects de prévention, de détection que ceux de thérapeutique. D’une manière générale, la prise en charge institutionnelle de la Covid-19 ou le management de cette crise a été relativement difficile, voire précarisée. De maladie « grave » au départ, avec en toile de fond, la stigmatisation, la peur et la crainte, la Covid-19 est en passe de devenir une banalité dans l’imaginaire populaire. Ces mêmes mutations ou transformations s’observent également dans la gestion des cas (confirmés, contacts ou suspects) qui mobilisaient alors beaucoup de ressources depuis l’alerte, l’accueil en hospitalier ou en extra hospitalier (réceptifs hôteliers) en passant par le transport particulier et jusqu’à l’aspersion intra-domiciliaire a posteriori. Aujourd’hui, moins d’efforts semblent être déployés pour la prise en charge des patients Covid-19. D’ailleurs, pour beaucoup, cette prise en charge n’est plus comme avant, en termes de confort et de commodité.
Au point de vue thérapeutique, le débat sur l’utilisation de telle molécule ou de tel protocole de traitement de patients n’est presque plus à l’ordre du jour. Place est plutôt faite à la vaccination et aux vaccins avec leurs corollaires à l’instar des variants, des cibles prioritaires, des manifestations indésirables, de l’immunité acquise...
La question de la vaccination survient dans un contexte particulier de 2e et 3e vagues ou poussée épidémique. Ce contexte est aujourd’hui caractérisé par une augmentation fulgurante des cas incidents, une saturation des CTE se traduisant par une rupture d’intrants et/ou de ressources, mais surtout un burn-out du côté des prestataires de soins et, pour les patients Covid, une mortalité de plus en plus préoccupante. Bien que certains lient cette mortalité élevée à la dangerosité du variant Delta, d’autres l’associent à divers déterminants structurels, conjoncturels et culturels d’autant plus que l’adhésion à la stratégie vaccinale par les populations est toujours perfectible. Si tant est que la nature, le type et le nombre de variants qui circulent dans notre pays ne sont toujours pas clairement élucidés, chercheurs, praticiens et autres spécialistes de ces questions, ne devraient-ils pas davantage s’orienter vers ces pistes pour aider à avoir une cartographie claire des variants au Sénégal ? N’est-il pas tout aussi pertinent de s’interroger sur l’apport des variants moins sévères sur le probable taux d’immunité acquise sans injection ? Tout cela ajusterait la stratégie de vaccination ou du moins, à coup sûr, certains de ses aspects.
Cette stratégie vaccinale pourtant était restreinte à une cible prioritaire comprenant les personnels de santé de première ligne, les personnes vivant avec des comorbidités et celles âgées de plus de 60 ans pour un total estimé par les services du MSAS à 3,5 millions de personnes à vacciner.
D’emblée, le Sénégal n’avait pas, à cette date-là (février 2021), les moyens de sa stratégie, car le pays n’avait réceptionné que 200 000 doses du vaccin chinois pour démarrer "en urgence" sa campagne de vaccination en attendant les vaccins de l'initiative Covax (324 000 doses d’AstraZeneca) qui sont loin de combler le gap restant. Au même moment, les autorités du pays annonçaient la finalisation de pourparlers pour disposer du Sputnik V, le vaccin russe et l'arrivée de 6,7 millions de doses d'autres fabricants. Entre temps, la cible a été élargie aux autres groupes de la population et les promesses d’acquisition tardant à être réalisées, si ce n’est quelques doses de Johnson & Johnson.
D’ailleurs, bon nombre de citoyens convaincus des bienfaits du vaccin ont reçu une première dose et sont en attente de leur 2e dose d’AstraZeneca. Le nombre de vaccins administrés à ce jour (16 août 2021) est de 1 109 720 personnes avec une seule dose pour certains. L’idéal aurait été de passer une commande satisfaisante et de préparer suffisamment les populations à l’administration de vaccins anti-Covid.
La première année de Covid au Sénégal, nous a-t-elle réellement appris l’importance et la nécessité de commencer par une communication simple, juste et accessible à l’endroit des populations pour espérer les convaincre, les persuader et gagner leur confiance avant toute stratégie de mise à l’échelle ? La communication à valence positive et attractive par exemple, ne devrait-elle pas être portée par des réseaux d’universitaires et/ou par un comité scientifique indépendant et travaillant étroitement avec des relais issus des différentes franges de la société ? Nous estimons que ces organes relativement crédibles, en disposant de données factuelles sur les produits vaccinaux et d’éléments de langage, peuvent jouer le rôle d’éclaireurs pour rompre ou amoindrir les contestations nées de représentations négatives liées à la vaccination. De tout temps, la riposte contre une épidémie, pour être couronnée de succès, se fait par et avec une implication, un engagement et une responsabilisation de la communauté d’amont en aval du processus.
Les méthodes d’Information-Éducation-Communication (IEC) ou d’Éducation Pour la Santé (EPS) ou encore de Communication pour un Changement de Comportement (CCC) d’alors doivent surtout être associées à une Communication sur les Risques et l’Engagement Communautaire (CREC) dans un contexte de doute et d’hésitation vaccinale comme celui que nous vivons actuellement. La désinformation, l’intoxication et les théories « complotistes » pouvant freiner ou annihiler les efforts consentis nécessitent d’être mieux contrôlées pour stimuler l’intention vaccinale et susciter une vaccination de masse. Une mobilisation de tous les segments de la population dans une approche intégratrice et inclusive ainsi qu’une volonté politique réelle rendant disponibles et accessibles les vaccins avec la continuité des autres mesures barrières, constitueraient les leviers essentiels pour optimiser la prévention afin de circonscrire et de limiter la propagation ou, du moins, réduire la mortalité liée à la Covid-19.
La dimension de dépistage et de prise en charge démocratisée et décentralisée déjà amorcée devrait être poursuivie et élargie en permettant par exemple à tous les acteurs tels que les officines et les cabinets de soins dentaires de participer à l’effort de dépistage avec des TDR gratuits et des registres pour la traçabilité des données. Aussi, sera-t-il utile de renforcer les établissements d’accueil et de traitement des patients en intrants, d’en ouvrir de nouveaux et de les laisser à demeure même après cette troisième vague, car la Covid reste toujours énigmatique et n’en a pas encore fini avec ses surprises.
Épidémiologiste et agrégé en santé publique, Massamba Diouf est enseignant chercheur au Service de santé publique à l’Institut d’Odontologie et de stomatologie de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Chercheur à l’International Research Laboratory (IRL) « Environnement, Santé et Société » 3189 du CNRS, le Dr Diouf travaille sur la morbidité et les déterminants de la santé. Sur la Covid-19, il a participé à beaucoup de travaux de recherche à l’échelle nationale comme internationale, à des ateliers et à des webinaires entre autres.
VACCINATION CONTRE LA COVID, POURQUOI LES ENFANTS NE SONT PAS CONCERNÉS
Au Sénégal, les enfants ne sont pas vaccinés contre la Covid-19. Une décision préventive pour protéger les mômes contre toute forme de risque.
Au Sénégal, les enfants ne sont pas vaccinés contre la Covid-19. Une décision préventive pour protéger les mômes contre toute forme de risque.
Depuis le début de la pandémie, le coronavirus soulève de nombreuses questions autour de la contamination et de la contagiosité des enfants. Jugés moins à risque, ils ne sont pas concernés par la campagne de vaccination. Car si un vaccin fonctionne chez l'adulte, il n'est pas dit qu'il fonctionne de la même manière chez l'enfant.
Ce dernier a, en effet, selon le directeur de la Prévention du Sénégal, Docteur El Hadj Mamadou Ndiaye, un système immunitaire différent de celui d'un adulte. De l’avis du professeur en immunologie, Tandakha Dièye, les enfants font moins de Covid-19 partout dans le monde. La contamination, explique-t-il, est moins forte, car les enfants expriment très peu de récepteurs permettant au virus d’envahir les muqueuses.
De plus, soutient le Pr. Dièye, du fait des infections respiratoires répétées durant son jeune âge, l’enfant a naturellement habitué son système immunitaire à combattre ces types d’infection. Ce qui aboutit au développement d’une bonne mémoire immunitaire naturelle. Ces constats font que les enfants ne sont pas la cible prioritaire dans la lutte contre la pandémie, car moins affectés avec peu de risques de mourir de la Covid-19.
Fort de cela, explique l’expert en vaccination, l’urgence était portée sur les adultes, avec plusieurs essais vaccinaux chez les adultes conduisant à la mise au point de vaccins efficaces. ‘’La majorité de ces vaccins sont donc destinés aux adultes en priorité. Les réactions dues aux vaccins ont été documentées chez les grandes personnes et très peu chez les enfants. Voilà les raisons pour lesquelles les enfants ne sont pas vaccinés’’, précise-t-il.
Mais, à son avis, l’avènement des variants qui sont devenus de plus en plus contaminants, y compris chez les enfants, a tout changé. Les stratégies sont en train de changer dans la prise en charge des enfants aussi bien thérapeutique et préventive par la vaccination.
‘’Le vaccin Pfizer a montré une efficacité de 100 %, entre 12 et 15 ans’’
‘’Les enfants sont peu réceptifs et peu contaminants au virus. Mais, depuis l'avènement des variants et en particulier du variant Delta, la donne a changé. Car, ce variant, 60 fois plus contaminant, atteint très rapidement les enfants, ce qui explique les formes de Covid-19 répertoriées de plus en plus chez les enfants’’, fait-il savoir.
Avec la rapidité de la mise en place des essais vaccinaux, la priorité a été chez les adultes, du fait de leur forte contamination, de sorte que les réponses vaccinales sont plus documentées chez les adultes. Ce manque de données sur les réponses vaccinales de l’enfant a motivé la grande prudence notée sur la vaccination des enfants. Néanmoins, précise le professeur Tandakha Dièye, de plus en plus, des essais sont portés sur les enfants avec de bons résultats pour les enfants de 12 à 15 ans, surtout pour les vaccins ARN messagers que sont Pfizer et Moderna avec des résultats concluants.
‘’Aux USA, en France, au Canada, entre autres, il est recommandé de vacciner à partir de 12 ans. Il est même envisagé, en Israël, de commencer à vacciner les enfants à haut risque âgés de 5 ans’’, informe-t-il. Selon lui, avec la rentrée scolaire, dans les pays du Nord, le focus est de plus en plus porté chez la vaccination des enfants. Car non seulement ils transmettent très vite le virus, mais ils développent de plus en plus des formes comme chez les adultes.
Selon le vaccinologue, aujourd'hui, plusieurs essais sont en train d'être menés chez les 6 mois à 17 ans. ‘’Le vaccin Pfizer a montré une efficacité de 100 %, entre 12 et 15 ans, avec une robuste réponse anticorps. Le Sénégal devra recommencer la vaccination des enfants et adolescents entre 12 et 17 ans. Il faut vacciner son entourage et continuer à prodiguer le port du masque, le lavage des mains et de maintenir les mesures barrières, en attendant de disposer de vaccins pour ces enfants et adolescents’’.
CHANGEMENT DE STATUT DE LA PNA, L’INTERSYNDICALE SUTSAS-SAS-SAMES/PNA DIT NIET
Elle s’oppose donc catégoriquement à toute transformation institutionnelle hasardeuse et aventurière de la PNA, qui mettra en péril ses acquis
Le secteur de la santé est encore agité, ces derniers jours. L’Intersyndicale Sutsas-Sas-Sames/PNA n’est pas du tout d’accord du changement de statut de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) initié par les autorités du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Elle dénonce cette décision de la tutelle qui compte, à travers un comité mis en place, proposer un nouveau statut. Une décision que l’Intersyndicale n’accepte pas, au-delà de toutes les raisons qui peuvent motiver ce projet. L’Intersyndicale rejette vigoureusement le choix du statut d’association à but non-lucratives (ASBL) que le comité mis en place par la tutelle a annoncé. Qui, dénonce-t-elle ne garantit aucunement la pérennité de la structure et de sa mission de service public.
Elle s’oppose donc catégoriquement à toute transformation institutionnelle hasardeuse et aventurière de la PNA, qui mettra en péril ses acquis. L’Intersyndicale souligne qu’elle n’acceptera de ce comité aucun choix de statut imposé ou fait sans leur totale implication et la prise en compte de toutes les préoccupations des travailleurs. Elle juge que la PNA, actuellement établissement public de santé non-hospitalier, ancrée dans la réforme hospitalière de 1998, qui totalise une expérience de plus de 60 ans comme centrale d’achat et par ailleurs bras armé de l’État en matière d’approvisionnement en produits pharmaceutiques, ne nécessite, d’une part, qu’une dérogation au Code des marchés publics.
Ceci, soutiennent les syndicalistes, pour éviter les longues procédures de marchés qui constituent le principal obstacle à sa mission de service public. D’autre part, souligne-t-on, la mobilisation de ses ressources financières liées, entre autres, à la Couverture maladie universelle (CMU) et aux programmes prioritaires dont les déficits budgétaires sont souvent supportés par la PNA pour éviter des ruptures de produits.
Par ailleurs, l’Intersyndicale pense qu’une tentative de changement de statut, surtout dans le contexte de la pandémie à Covid-19 où le monde scrute encore les contrecoups et la relance économique dans un climat d’incertitude, serait une aventure risquée et qui peut mettre en danger sa mission de service public.
And Gueusseum s’insurge aussi
L'Asas Sutsas-SUDTM-Sat santé D-CNTS/Santé And Gueusseum s’insurge aussi contre la privatisation de la Pharmacie nationale d'approvisionnement (PNA) commencé avec le régime d’Abdoulaye Wade sous la bannière de la Convergence Sutsas-SAS. Elle soutient et prend en charge la lutte continue, avec la section Sutsas/PNA, ‘’contre la nouvelle tentative aventureuse, nouvelle trouvaille du ministère de la Santé et de l’Action sociale qui veut changer le statut de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA).
En effet, And Gueusseum considère que la PNA, grossiste répartiteur de médicaments et de produits essentiels, riche de soixante ans d'expérience, résiste et tient bon, malgré, d’une part, une absence de subvention d'exploitation depuis 2004 et, d’autre part, les lourdes créances de l'Etat sur ses comptes, mais surtout des procédures draconiennes du Code des marchés publics. Elle n'a donc nullement besoin d'un changement de statut’’, informe la centrale syndicale dans un communiqué reçu hier à ‘’EnQuête’’.
And Gueusseum interpelle l’opinion sur ce qui motive réellement cette ‘’aventure périlleuse’’ pour un établissement qui tire son statut d'établissement non-hospitalier de santé de la loi hospitalière de 1998. Et qui, selon eux, qui ‘’ne réalise pas de richesses’’ comme une entreprise classique, mais une personne morale devant équilibrer ses comptes. ‘’Ce qu'elle fait très bien jusqu'à date. C’est pourquoi And Gueusseum rappelle au ministre de la Santé et de l'Action sociale que la PNA ne demande qu'un accompagnement dans sa mission de service public par une subvention d'exploitation substantielle au prorata de ses charges aggravées par d'autres activités exigées par les nombreux programmes qu'elle couvre, un assouplissement des procédures d'acquisition de médicaments et le recouvrement de ses créances dues par l'Etat qui semblent irrécouvrables’’.
Aussi, And Gueusseum rappelle à l’Etat que la souveraineté sanitaire convoque tout autant que celle pharmaceutique, que la privatisation déguisée de la PNA ‘’ne saurait réaliser’’. La priorité est dans la mise en place d'une véritable industrie pharmaceutique, le développement de la pharmacopée et la lutte héroïque contre le médicament de la rue. La nationalisation de l'unité locale de fabrication de médicaments (Medis) en est, pour eux, ‘’un jalon important’’ dans ce contexte.
JOURNAL D’UNE CONFINÉE, PAR ANNIE JOUGA
NOSTALGIE D’ADO
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Je combats à ma manière un virus appelé C. Profitons de l’instant, du silence et de la lumière et tâchons d’avoir la mélancolie heureuse
#SilenceDuTemps - Depuis quelques jours, je pense à prendre des photos qui illustrent les petits faits relatés à travers mes chroniques, les lieux, les « choses » … Et pour cela, il me faut relire …19 pages ! Hum… Alors pas maintenant, me dis-je à chaque fois que j’y pense. Pourquoi des photos ? Mais pour me rassurer, vous rassurer que je ne rêve pas, que je ne raconte pas (trop) de sornettes et qui sait un jour …
Eh bien mon amie Geneviève de Marseille a aujourd’hui posté sa 30e chronique et plantée comme un timbre en début de lettre, une photo avec en prime la « petite histoire du Picon » racontée dans son site web. Pour les amateurs ou les curieux, goûtez- y ! C’est d’ailleurs assez drôle, car il y a comme une espèce de télépathie qui nous lie. En tout cas, nos angles de tir dans les chroniques se font des clins d’œil.
Elle me raconte que son ami lui avait dit il y a quelque temps de ne surtout pas mettre de photo et laisser l’imaginaire du lecteur voguer, ce qui rejoint la gentille querelle entre mes deux Charles. L’un voulant des illustrations (il est architecte), l’autre se délectant du style imagé, qui invite au voyage…surtout ne pas disperser l’esprit du lecteur.
J’ai évoqué sa manie de commencer sans les terminer différents livres le jour où elle-même pensait en reparler, se justifier sûrement ou peut-être annoncer : « enfin, je viens de finir tel livre … »
La relecture des chroniques gentiment proposée par nos conjoints et gentiment repoussée …
Les jours où c’est duuur, sont partagés aussi. Pas les mêmes jours, n’ayez crainte, sans que nous ne nous parlions d’ailleurs et une résistance bien sourde nous habite et nous fait dire qu’il n’est plus question d’abandonner, qu’il est préférable de ne même pas penser combien cette période durera, il faut y aller rek !
Hier soir j’étais bercée par la musique que Viou écoutait : Percy Sledge et son célèbre When a man love a woman, These arms of mine de Otis Redding, John Lee Hooker, Nina Simone, l’inimitable James Brown dans un terrifiant There was a time, Joan Baez In The Ghetto, Bony M. et encore Enrico Macias avec J’ai quitté mon pays … et même Nana Mouskouri, … je peux continuer ?
Ces morceaux-là que nous écoutions adolescents, que nous dansions les soirs où nous avions la permission pendant les vacances d’aller en boom organisée dans les quartiers de Dakar et pour tout vous dire en fait, moi je n’y allais que parce que j’étais la caution de la mère Mich’ imposée par Pap’Téo pour la surveiller, pensait-il ! Que de souvenirs…
J’aurais aimé faire tapisserie le moment où arrivait la série de Formidable ! Avec non pas une lumière tamisée, mais nuit noire totale (nous étions en général dans des cours de maison Sicap), danser sans grand enthousiasme avec quelqu’un qui a les mains moites, ou la chemise mouillée, ayant tant transpiré ou tout simplement qui ne te dit rien du tout … durant 15/20 mn, un vrai calvaire. Bon, j’ai changé entre temps et apprécié par la suite et sans rien subir de ces moments-là !
Ces musiques me résonnent aux oreilles provoquant une grande nostalgie. Alors, merci à l’ami Tidiane confiné à Toulouse à l’insu de son plein gré, d’avoir réveillé mes souvenirs d’ado’ ! En nous faisant les réécouter. J’imagine qu’il prépare depuis là-bas une super boom d’anti-C. à Ngaparou et comme au bon vieux temps !
Jour 24
Je me mets à table pour écrire. Il est 18 h 00 et c’est bien la première fois, sachant que j’ai un rendez-vous Skype avec les membres du CA du Collège à …19h 00 ! Question d’avancer un peu dans mon devoir quotidien.
Je me rends compte en fait que cela ne marche pas vraiment. Je n’arrive pas à coucher grand-chose sinon ces quelques explications. En fait, j’ai pris la (mauvaise) habitude de l’urgence qui vous bouscule et vous force à vous mettre sur les rails ! Ah, sûrement quelques réminiscences (réflexes) de mes « charrettes d’architecte ».
Mais je dois faire des efforts, ne serait-ce que pour ceux qui sont deux heures avant moi et semble-t-il, attendent ce morceau de vie, sans me mettre trop de pression, me disent-ils. Parce qu’ils m’aiment bien et moi je viens les embêter avec mes petits matin, midi, soir que j’impose au quotidien.
Et la liste s’allonge, tous les jours en discutant çà et là, en écoutant les amis parler de leur quotidien de confinés et en racontant les miens, j’entends souvent un « et si tu me l’envoyais ta chronique… » intéressé.
Et il y a aussi ceux qui sont acteurs comme l’ami des « Formidables » qui malgré les 2 h de décalage a lu aussitôt envoyée, hélas tardivement, le jour 23. Moi qui pensais la lui servir au petit déjeuner !
Il s’est invité, a bonifié mon souvenir en le mélangeant à son souvenir de DJ à Kaolack. Doté d‘une stratégie inouïe : une longue série de Jerk genre Get Ready, épuisant les danseurs les moins vigilants et partis à la recherche d’endroits plus frais, question de faire sécher leurs chemises… la série des « slow Formidable » est alors envoyée et fringant DJ et sa clique surgissent tel Zorro …, vous imaginez la suite !
Paraît-il que j’ai déjà un et même plusieurs éditeurs, un archiviste … enfin plein de gens qui me prennent très au sérieux. Moi je m’amuse, je combats à ma manière un virus appelé C. et avec des mots aussi.
À moins qu’ils ne veuillent déjà se faire de l’argent ! Ah quelle affaire, on en reparlera de toute façon …
J’ai reçu une très belle vidéo qui nous invite à nous inspirer du peintre américain Edward Hopper qui dit de son travail : « Ce n’est pas les gens que je voulais peindre, c’était le rayon de soleil sur le côté de la maison … » C’est le peintre de la solitude, sourd et confronté à la crise de 29 : « il montre des gens seuls plongés dans leurs pensées, qui font des choses qu’on ne voit pas, mais dans leur solitude, cela crée une attente, des scènes résolument optimistes. En fait, ses personnages sont empreints d’une âme, d’une beauté révélée par une sublime luminosité ».
Profitons de l’instant, du silence et de la lumière et tâchons d’avoir la mélancolie heureuse.
Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle est administratrice.
Dakar, 4 sept (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait état samedi de 57 nouvelles infections au coronavirus et 9 décès supplémentaires dus à cette maladie au cours des dernières 24 heures.
Sur 2307 tests virologiques effectués, 57 sont revenus positifs, un total correspondant à un taux de positivité de 2,47%, selon le directeur de la Prévention, docteur El Hadj Mamadou Ndiaye.
Les nouveaux cas répertoriés comprennent 5 cas contacts et 52 issus de la transmission communautaire, a-t-il précisé au cours du point quotidien consacré à l’évolution de la maladie à coronavirus au Sénégal.
Quinze de ces nouvelles infections dont on ignore l’origine de la contamination ont été enregistrées dans la région de Dakar, les 37 restantes ont été répertoriées dans les autres régions du pays, a ajouté docteur Ndiaye.
Selon le bulletin épidémiologique du jour, 369 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, 30 cas graves étant pris en charge actuellement dans les services de réanimation.
Il signale 9 décès supplémentaires portant à 1794 le nombre de personnes ayant perdu la vie des suites du Covid-19, 63 461 patients ayant guéri de la maladie, sur un total de 73 104 cas confirmés.
Il résulte de ces statistiques que 7848 patients sont encore sous traitement dans les centres de santé ou à domicile.
Le ministère de la Santé informe par ailleurs que depuis le début de la campagne de vaccination, fin février dernier, 1.174.214 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin au Sénégal.
LA CME SE REBIFFE ET INTERPELLE LE CHEF DE L’ETAT
Ils étaient nombreux, médecins, professeurs, techniciens de santé à prendre part à la rencontre organisée par la commission médicale de l’établissement Aristide Le Dantec
La commission médicale de l’établissement (Cme) de l’hôpital Aristide Le Dantec a fait hier, jeudi 2 septembre un diagnostic sans complaisance des maux qui gangrènent la structure. En conférence de presse, les acteurs ont dénoncé la vétusté du bâtiment mais aussi du matériel qui rendent difficiles la pratique de leur profession.
Ils étaient nombreux, médecins, professeurs, techniciens de santé à prendre part à la rencontre organisée par la commission médicale de l’établissement Aristide Le Dantec. Dans les locaux dudit hôpital, les partisans du professeur Alain Ndoye urologue ont avancé : «le soutien apporté par le ministère de la santé et de l’action sociale est insuffisant pour régler les problèmes auxquels l’hôpital est confronté et l’impact escompté du travail réalisé depuis un an est largement en deçà de nos expériences».
Pour la Cme, l’obsolescence des bâtiments de l’hôpital est arrivée à un niveau ayant conduit à des démolitions, des délocalisations et des fermetures de services phares. «Les travaux entrepris par la direction, malgré tous les aléas occasionnés, n’ont pas résolu les problèmes d’étanchéité, d’adduction d’eau, et de sécurisation du réseau électrique entre autres», a renseigné Dr Lamine Guèye.
Sur le fonctionnement de la structure hospitalière, les acteurs ont avancé la rupture en réactif. «Une situation quasi permanente ainsi que l’indisponibilité récurrente des éléments d’aide au diagnostic qui rendent difficile et aléatoire le diagnostic des praticiens et entravent sérieusement la mission de soin dévolue à cet hôpital», a renseigné Dr Gueye.
La prise en charge des urgences demeure aussi une préoccupation ainsi que ce qu’ils appellent «le sous-équipement» noté dans les différents services. Sur ces points, docteur Guèye porte-parole du jour de la Cme a soutenu : «la mise à la disposition d’examen à visée diagnostique ou de traitement sans attendre le règlement du patient n’est toujours pas effective, malgré les directives du ministère de tutelle sur la gestion des urgences. Sur l’équipement, le bloc opératoire central, le matériel date de la coopération Sénégal-Japon de 1994 et les boites chirurgicales de plus de 15 ans».
Pour ces blouses blanches, ces manquements contribuent grandement à la fuite des cerveaux et à une frustration insoupçonnée du personnel. «Dans ce contexte, la prise en charge des patients est devenue un exercice hasardeux voire périlleux et la santé des sénégalais d’aujourd’hui et de demain est plus que jamais mise en danger», a laissé entendre Dr Guèye.
ACTIONS ENTREPRISES
Devant ce constat et consciente des conséquences de ces dysfonctionnement, la Cme s’est dit, il y a un an, avoir proposé un plan de sortie de crise, à travers la remise d’un mémorandum au conseil d’administration, à la direction de l’HALD et au ministère de la santé et de l’action sociale, en date du 17 septembre 2020. «Ce mémorandum a proposé des solutions articulées autour de cinq axes à savoir le fonctionnement, infrastructures, équipements, urgences et projet d’établissement. Une réunion de travail a été tenue au Msas entre le Cme, le Msas et le Pca de l’hôpital en date du 12 décembre 2020.
Seuls des promesses et engagements ont été donnés concernant les équipements, le fonctionnement et le projet d’établissement, qui en définitive, est la seule solution structurelle aux problèmes de l’HALD», ont-ils avancé. Face à ce qu’ils appellent le mutisme de leurs dirigeants, la Cme interpelle solennellement le Président de la République sur le cas urgent de l’hôpital afin qu’une solution structurelle soit appliquée.
PLAIDOYER POUR L’APPLICATION DES LOIS
Le responsable du projet Power to Youth (PTY) de l’ONG Amref Health Africa Sénégal, Solange Mbaye Diouf, milite pour l’application effective des lois criminalisant le viol et les mutilations génitales des femmes.
Diourbel, 2 sept (APS) - Le responsable du projet Power to Youth (PTY) de l’ONG Amref Health Africa Sénégal, Solange Mbaye Diouf, milite pour l’application effective des lois criminalisant le viol et les mutilations génitales des femmes.
"Nous nous attendions à ce qu’il y ait une application effective de la loi criminalisant le viol et de la loi sur les mutualisations génitales", a-t-elle dit jeudi à Diourbel, au cours d’une réunion de présentation du projet Power to Youth.
"Il faut un recul en termes de pourcentage par rapport aux violences faites aux femmes et aux filles mais par rapport aussi aux pratiques néfastes" telles que les mutilations génitales féminines, a-t-elle dit.
Cette rencontre a permis d’aborder "les problématiques les plus récurrentes" au niveau de la région de Diourbel, relativement aux objectifs de ce projet, en rapport avec les autorités sanitaires, les acteurs sociaux et les acteurs étatiques concernés.
Le projet Power to Youth, prévu pour une durée de 5 ans, intervient dans les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Fatick et Matam.
Selon Solange Mbaye Diouf, "les statistiques montrent que les grossesses précoces, les mariages d’enfants, les mariages précoces, les violences sont des problèmes vraiment récurrents dans la région de Diourbel".
A l’en croire, ce sont des domaines dans lesquels il faut intervenir afin de pouvoir apporter des solutions aux préoccupations des populations locales.
Dans cette optique, le projet Power to Youth vise spécifiquement à "renforcer la participation significative des jeunes dans les instances de prise de décision", a expliqué Mme Diouf.
Elle plaide par ailleurs pour la révision des codes des collectivités territoriales "pour rayer les dispositions discriminatoires qui freinent la participation significative des jeunes dans les instances de décision".
texte collectif
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LES IMPACTS DE LA COVID-19 SUR LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Avec la pandémie, les femmes se sentent plus malheureuses. 89,1% des chefs de famille estiment que les liens familiaux dans leur ménage se sont détériorés. Les secteurs en avance sur la digitalisation ont mieux résisté
#SilenceDuTemps - La Covid-19 est intervenue comme un tsunami planétaire avec son cortège de surprises, ses élans d’envahissement, son rythme accéléré, sa nocivité ravageuse, son lot de personnes infectées et un nombre considérables de morts. La pandémie a fortement secoué voire mis à plat le système de santé, réinterrogé le dispositif de santé, d’approvisionnement en médicaments, en matériels médicaux d’une part, et le système de protection sociale d’autre part de la plupart des pays du monde dont le Sénégal. Elle a très vite dépassé la position du point d’alerte, tellement les coups reçus par tous les secteurs socioéconomiques ont été foudroyants et bien souvent fatidiques.
Dans cet article, les impacts de la Covid-19 sur la société sénégalaise sont résumés en s’appuyant sur les résultats des enquêtes réalisées par le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales (LARTES-IFAN) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. En premier lieu, la situation socio-économique du Sénégal juste avant la pandémie à la Covid-19 est présentée grâce aux données de l’étude du LARTES-IFAN dans le cadre du Baromètre Jàngandoo sur 16 000 ménages représentatifs à l’échelle départementale et collectées entre avril et juillet 2019 (Fall et al., 2021a et LARTES-IFAN, 2019). Cela a permis d’évoquer le contexte socio-économique avant l’irruption de la Covid-19 et la couverture de la protection sociale au sein des ménages grâce aux données recueillies lors de l’enquête ménage réalisée par le LARTES en 2019.
En second lieu, la situation sanitaire au Sénégal au moment où intervient la pandémie est déclinée au moyen des données de l’enquête nationale sur les facteurs de risques des maladies non transmissibles « STEPS 2015 » effectuée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD, 2015).
En troisième lieu, les impacts de la Covid-19 sont analysés selon différents secteurs. Tout d’abord, ses impacts sur la société sénégalaise sont résumés en s’appuyant sur les résultats des deux enquêtes conduites par le LARTES-IFAN. La première enquête en collaboration avec l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI) portant sur l’impact de la Covid-19 sur 3 003 femmes rurales en 2020 (Fall et al., 2021b ; LARTES-IFPRI, 2020) ; et la deuxième concernant l’impact de la pandémie sur la famille sur un échantillon de 700 ménages en 2021 dans quatre régions (LARTES, 2021) soutenue par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ensuite, les impacts de la Covid-19 sur les acteurs culturels sont discutés en se basant sur les données enregistrées lors de l’enquête réalisée par le LARTES-IFAN en 2021 avec le Musée des Civilisations Noires et le Musée Théodore Monod de l’IFAN sur l’impact de la Covid-19 sur 441 acteurs culturels (LARTES et al., 2021). Enfin, les impacts de la Covid-19 sur les petites et moyennes entreprises (PME) sont démontrés grâce aux renseignements tirés de l’étude du LARTES-IFAN menée en partenariat avec Lux Dev avec le soutien de l’Union européenne sur 200 PME dans les cinq régions Sud et Est (LARTES, 2021b). De même, les ajustements favorables entraînés par cette pandémie sont décrits. En conclusion, des pistes d’actions sont proposées.
- La situation socio-économique du Sénégal avant les premiers cas de Covid-19 -
Des conditions de vie précaires ont caractérisé la situation au Sénégal avant la Covid-19 comme le révèle l’enquête sur 16 000 ménages représentatifs à l’échelle départementale (Fall et al., 2021a et LARTES-IFAN, 2019). Le contexte était d’ores et déjà marqué par des disparités géographiques encore fortes (Dakar, la capitale regroupe 31% de la population du pays) ; des établissements humains multipolarisés et des régions nouvelles peu habitées (la région de Kédougou est habitée par 1% de la population sénégalaise). Les mêmes données montrent que la dynamique collective était définie par une grande taille des ménages (plus de 9 personnes en moyenne), dirigés par les chefs de ménage âgés entre 40-59 ans et un quart des chefs de ménage sont des femmes.
En outre, la précarité des ménages persistait en considérant que 34% des ménages sont locataires, hébergés ou vivent dans un habitat bricolé ; 60% des ménages ne disposent pas de sol en ciment, un quart n’a pas de mur du bâtiment principal en matériaux définitifs ; près de 2/3 des toits des habitations ne sont pas en béton. De même, une bonne partie des ménages (40%) n’ont pas accès à l’électricité ; une grande majorité (79%) n’ont pas de toilettes modernes et /ou n’ont pas de réfrigérateur (70%).
Cependant, entre 2016 et 2019, le niveau de vie des Sénégalais était en meilleure progression que le cadre de vie (Figure 1 à voir en illustration de ce texte). Les données ménages de Jàngandoo montrent que même si en 2019 près du tiers des ménages (32,7% en 2019 contre 42,7% en 2016, présente un niveau de vie « faible » (soit une réduction de la pauvreté de 10 points), le pays connut un léger élargissement des classes moyennes (45,1% en 2019 et 43,8 % en 2016) et surtout un accroissement significatif de près de 10 points entre 2016 et 2019 de ménages ayant un niveau de vie « élevés » (22,2% en 2019 contre 13,5% en 2016).
Cette situation révèle l’intérêt de privilégier l’approche communautaire dans la gouvernance. En effet, les citoyens sont fortement associés à la fois dans différentes communautés d’appartenance religieuse, coutumière, associative, familiale, professionnelle, laissant ainsi régenter une part importante de leur vie par la régulation exercée en groupes socioculturels et socio-économiques. Il s’y ajoute une économie fortement dominée par le secteur dit informel ainsi que le relève le Recensement Général des Entreprises au Sénégal (ANSD, 2016) avec 97% de PME contre seulement 3% de grandes entreprises qui cependant contrôlent 83% des investissements.
- La situation sanitaire au Sénégal au moment où intervient la Covid-19 -
Sur le plan de la santé, lorsqu’intervient la Covid-19, les maladies infectieuses étaient à la baisse, tandis que les maladies métaboliques connaissaient un accroissement exponentiel. Selon les données de l’enquête STEPS 2015 produite par l’ANSD (2015), 42% des décès étaient liés aux maladies non infectieuses. Les mêmes données indiquent que 45% des femmes et 27% des hommes étaient touchés par l’hypertension artérielle. Cette situation indexe les modes alimentaires de consommation ainsi que la détérioration de l’environnement (pollution atmosphérique et hygiène de vie). Ces données montrent également que l’exposition aux comorbidités est forte. Parallèlement, malgré les efforts de l’État, seuls 16,9%[1]des ménages bénéficient d’une couverture sociale tout programme confondu selon l’enquête ménage réalisée par le LARTES-IFAN en 2019 (LARTES, 2019). On retrouve là l’urgence d’étendre rapidement, tant pour le nombre de personnes couvertes que la qualité des prestations, le système de protection sociale.
Si on s’intéresse aux différents programmes de couverture sociale (Figure 3 en illustration de ce texte), la bourse de sécurité sociale est la couverture prépondérante à hauteur de 62.4%, suivi de la Couverture Maladie universelle (CMU) qui recueille 20.7%, tandis que les Instituts de Prévoyance Maladie (IPM) centrés sur les employés assurent 7.9% ; les assurances privées pour 5.5 % et les gratuités de soins de santé pour 2.3%. Les autres couvertures restent résiduelles de l’ordre de 1.2%.
- Les principaux résultats des études sur les impacts de la Covid-19 sur la société sénégalaise -
Le LARTES a réalisé en collaboration avec l’IFPRI une étude sur l’impact de la Covid-19 sur 3 003 femmes rurales en 2020. Avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, une autre étude sur l’impact de la Covid-19 sur la famille autour de 700 ménages en 2021 a été menée sur quatre régions (Dakar (Ouest), Diourbel (au centre), Tambacounda (Est) et Ziguinchor (Sud).
Les résultats de ces études mettent en exergue trois facteurs majeurs que sont :
- L’évolution de l’indicateur de faim qui est passée du simple au triple dans les deux zones rurales des régions d’étude que sont Kolda (Sud) et Kaolack (Centre) ;
- La baisse du bien-être émotionnel des femmes : autrement dit, avec la Covid-19 les femmes se sentent de plus en plus malheureuses (figure 5) ;
- La détérioration des liens familiaux pendant la Covid-19 dans la mesure où 89,1% des chefs de ménage estiment que les liens familiaux dans leur ménage se sont détériorés avec la Covid-19 dont 48,8% de manière « forte »..
Néanmoins, des changements notoires ont été relevés, car la crise de la Covid-19 a renforcé les échanges entre les générations. La présence accrue des membres du ménage durant le semi-confinement a favorisé la réalisation d’activités communes. On note un changement positif dans toutes les régions dans la réalisation d’activités communes. Notons que la tendance à la baisse dans la réalisation d’activités communes est plus observée à Dakar (capitale et à l’ouest) et à Ziguinchor (Sud).
Du point de vue de la répartition des tâches au sein du ménage entre les hommes et les femmes, il n’y a pas eu de changements majeurs. Cependant, les hommes se sont investis davantage dans les tâches réservées aux femmes que l’inverse.
En outre, la quasi-totalité des ménages a fait face à des contraintes financières. Le fait de passer plus de temps ensemble n’a pas favorisé une meilleure communication au sein des couples. Des dégradations sont assez marquées à Dakar et à Ziguinchor et les améliorations sont marginales.
- Les impacts de la Covid-19 sur les acteurs culturels ne sont pas en reste -
Une autre étude du LARTES réalisée en 2021 avec le Musée des Civilisations Noires et le Musée Théodore Monod de l’IFAN sur l’impact de la Covid-19 sur 441 acteurs culturels montre que la pandémie a engendré un manque à gagner pour l’écrasante majorité des acteurs culturels : 95,9% d’entre eux déclarent avoir subi des pertes suite à la pandémie. (voir figure 7 en illustration de ce texte)
- Les impacts négatifs et massifs de la Covid-19 sur les PME -
Le LARTES-IFAN en collaboration avec Lux Dev avec le soutien de l’Union européenne a réalisé une évaluation sur 200 petites et moyennes entreprises (PME) dans les cinq régions Sud et Est du Sénégal : Ziguinchor, Sédhiou, Kolda, Kédougou et Tambacounda en avril-mai 20221. Il apparaît que la Covid-19 plombe les entreprises. Effectivement, l’enquête révèle que les pertes subies (92.7% [2]) par les entreprises en raison de la pandémie de COVID-19 s’avèrent importantes compte tenu du fait que la quasi-totalité d’entre elles sont de petite taille. Face à la crise sanitaire, plusieurs entreprises rencontrent une baisse d’activité qui se traduit par des pertes de revenus. La situation liée à la pandémie entraîne souvent des difficultés conduisant à une cessation complète de l’activité (faillite, liquidation, etc.).
- De quelques ajustements favorables entraînés par la Covid-19 -
L’un des impacts de la Covid-19 sur le mode de travail est le recours au télétravail qui a maintenu beaucoup d’entreprises et de structures publiques en activité. Les secteurs qui étaient en avance sur la digitalisation ont mieux résisté à la pandémie. Le télétravail a maintenu les entreprises en activité. Des niches favorables se sont développées dans le domaine de la cosmétique, de la fabrication et de la vente de masques, des produits chimiques, etc.
Le domaine du transport a également subi des ajustements favorables avec le développement des formes de transport rapides causées par la Covid-19. Les populations font régulièrement recours aux convoyeurs (Tiak Tiak, Car rapide Prestige, Yobante, etc.) notamment pendant les périodes de limitation des déplacements. Cela a entraîné une prolifération des deux roues (jakarta) et des calèches (transport de bagages). Néanmoins, il est utile de surveiller les externalités négatives de ces innovations sociales qui se traduisent par davantage d’accidents, la sédentarité des personnes gestionnaires de l’économie domestique, entre autres, la restriction des loisirs entraînée par l’amplification de l’espace de travail dans la sphère domestique, etc.
- Pistes d’actions -
L’heure est venue d’évaluer la riposte, de soutenir l’emploi et les secteurs sociaux que sont la santé, l’éducation, la protection sociale, le transport, les acteurs culturels, etc.
Sur le plan de la communication, une évaluation de la campagne médiatique au grand public devient incontournable tout en mettant en avant la communication de proximité ainsi que l’acceptation sociale des vaccins anti Covid-19.
Sur le plan de l’engagement communautaire et professionnel, il nous faut évaluer l’implication des leaders religieux et communautaires selon l’évolution de la pandémie. Les bouleversements familiaux observés sont plus durables et leurs portées futures méritent une grande attention.
La protection du monde du travail et l’accroissement de la création d’emploi constituent des stratégies inévitables pour le secteur entrepreneurial et du travail. De même, la mise en place des fonds dédiés aux PME soutiendra ces initiatives.
La Covid-19 a appris aux décideurs l’urgence de développer des stratégies globales de santé publique en favorisant des investissements structurants pour les secteurs sociaux. Le soutien exceptionnel aux personnels de santé s’avère indispensable afin de compenser de manière significative les nombreux efforts et coûts induits par la pandémie.
Pr Abdou Salam Fall est socio-anthroplogue, Directeur de recherche titulaire des Universités en Sociologie, Coordinateur du Laboratoire de Recherche sur les Transformations Économiques et Sociales (LARTES-IFAN). Riche d’une expérience de plus de trois décennies en études de développement, il dirige depuis 15 ans la formation doctorale « Sciences Sociales appliquées au Développement ». Il a publié de nombreux articles et une quinzaine de livres au sein de maisons d’éditions internationales.
Dr. Rokhaya Cissé est sociologue, Chargée de recherche titulaire, chercheure à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire (IFAN-CAD). Elle étudie les manifestations des faits sociaux à partir de deux composantes : la qualité du capital humain (éducation, santé, genre, protection de l’enfant, pauvreté et vulnérabilités) et les changements sociaux à partir de l’analyse de la gouvernance et l’élaboration d’outils dans l’accompagnement à la prise de décision.
Dr Soufianou Moussa est démographe, économiste et économètre, chargé de recherche titulaire à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Il est diplômé de l’Université Paris Descartes où il a obtenu un Doctorat en Démographie et Sciences sociales. Ses intérêts de recherche portent essentiellement sur la qualité de l’éducation, la pauvreté, les statistiques et l’évaluation des interventions de développement.
Dr Moustapha Seye est chargé de recherche titulaire à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Il porte un intérêt particulier à la gouvernance environnementale, à la sociologie du genre, de l’alimentation, aux questions de l’enfance, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de cash transfert et de résilience des communautés au Sénégal et dans la sous-région.
[2] LARTES: Impact de la COVID-19 sur les PME (200 PME), 2021
Références documentaires
ANSD, 2016, Recensement Général des Entreprises au Sénégal.
ANSD. (2015). Enquête STEPS 2015.
FALL, A. S., CISSÉ, R., MOUSSA, S., LÔ C. (2021). Résultats prémilitaires de Jàngandoo 2019. Policy Brief.
FALL, A. S., SÈYE, M., LÔ C., Leport, A., Peterman, A., Hidrobo, M. (2021). Les femmes rurales sénégalaises à l’épreuve de la Covid-19, Revue Recherches & Educations. Numéro Epistémologies du Sud et santé.
Le Fonds monétaire international (FMI) a accordé au Sénégal des ressources supplémentaires afin qu’il puisse maitriser les impacts de la pandémie Covid-19. Mais le gouvernement compte réserver une bonne partie de cette enveloppe au système sanitaire et à la lutte contre cette maladie à coronavirus.
En réunion du conseil des ministres hier, le chef de l’Etat s’est félicité de la décision du Fonds Monétaire International (FMI), d’approuver l’allocation générale des droits de tirage spéciaux (DTS) en faveur des pays africains. Et la part du Sénégal est arrêtée à 246,7 milliards de FCFA, suite à l’accord conclu au titre de la facilité de crédits de confirmation. Ainsi, Le Chef de l’Etat a indiqué que ces ressources exceptionnelles seront consacrées, en priorité, au financement de lutte contre la pandémie de Covid-19; et au renforcement global et à la résilience du système de santé.
Le président Sall soutient également qu’une part sera réservé au soutien des ménages, à travers le maintien de leur pouvoir d’achat et les mesures durables de stabilisation des prix des produits de grande consommation (sucre, huile, farine etc.). Macky Sall demande le contrôle des activités des Cabinets médicaux et Cliniques privés
Par ailleurs, le Président de la République a invité hier le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en relation avec les Ministres en charge des Finances et de l’Economie, à assurer un suivi particulier des projets d’implantation au Sénégal, d’une industrie pharmaceutique de classe internationale. Non sans se réjouir du choix de notre pays comme partenaire de la firme BioNtech, pour produire le vaccin anti Covid-19 en Afrique, à l’occasion de la 4ème Conférence du Compact avec l’Afrique qui s’est tenue à Berlin, le 27 août 2021.
Le Président de la République indique que cette décision consacre la reconnaissance de l’expertise de l’Institut Pasteur de Dakar et de nos efforts dans la lutte contre la pandémie Covid-19. Le Président de la République a en outre insisté sur l’urgence de la relance effective de MEDIS Sénégal, mais également de réfléchir au changement de statut de la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA), dont le rôle est central, dans la performance du système sanitaire.
Le Chef de l’Etat exhorte notamment, le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, à veiller au renforcement opérationnel des unités de dialyse, ainsi que des dispositifs de traitement de l’insuffisance rénale. En définitive, il a demandé au Ministre de la Santé et de l’Action sociale, à asseoir un meilleur contrôle des activités des Cabinets médicaux et Cliniques privés.
PROLIFERATION DES CHARLATANS DANS LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Le secteur de la médecine traditionnelle est infesté de charlatans qui participent à ternir son image. A l’occasion de la Journée africaine de la médecine traditionnelle célébrée hier au Sénégal, les acteurs ont préconisé l’assainissement du secteur.
L’absence d’un cadre juridique a entraîné de multiples problèmes dans le secteur de la médecine traditionnelle. Faute d’un cadre juridique, les charlatans ont infesté le milieu, menant tranquillement leurs activités, sans faire l’objet de poursuites judiciaires. Ce vide juridique donne des urticaires aux acteurs du milieu qui exigent l’institution d’une loi portant assainissement du secteur.
Selon le président de l’inter ordre, Dr Amath Niang, la médecine traditionnelle telle que prescrite au Sénégal plonge les populations dans un sentiment de doute du fait du manque d’organisation et de l’absence de réglementation. «Il faut nécessairement assainir le milieu pour une meilleure visibilité des intervenants. On doit savoir qui fait quoi, qui est qui et comment il est organisé. Beaucoup de personnes semblent être revêtues de compétences pour guérir par des remèdes d’ordre traditionnel. Ce que je ne saurais renier ou remettre en cause, mais ma rigueur scientifique m’oblige à m’interroger sur les procédés ayant conduit à de tels résultats», souligne-t-il avant de préciser que la médecine traditionnelle est un patrimoine propre aux Africains.
«Lui accorder une attention requise peut nous procurer une nette amélioration de l’espérance de vie de nos populations. Personne ne doute de l’attachement de nos populations à cette médecine et leur orientation vers certains praticiens. Il est de notre responsabilité de pouvoir surveiller, contrôler cette activité en définissant les critères d’appartenance à cette médecine, ainsi que la profession d’exercice de cet art», dit-il.
A cet effet, Dr Amath Niang propose une formation diplomante pour professionnaliser le secteur. «Ce patrimoine riche doit être exploité en introduisant des modules de formation diplomante avec la possibilité d’une spécialisation soutenue par des générations d’universitaires qui assureront la pérennité de cette branche académique», plaide-t-il.
Considérant que la pandémie de Covid a révélé la nécessité, surtout pour les pays en voie de développement, de trouver des mécanismes qui seraient des alternatives à la dépendance pharmaceutique, Dr Niang affirme : «Notre environnement est tout à fait approprié pour nous permettre de nous soigner par nous-mêmes et pour nous». Par conséquent, il trouve pertinente l’idée d’aller vers la restructuration et la création d’un cadre réglementaire du secteur de la médecine traditionnelle.
Epousant la même thèse, le secrétaire général de la Fédération des tradipraticiens, Abdoulaye Ndir, plaide fortement pour l’assainissement du secteur. «On veut bien assainir notre secteur, mais s’il n’existe pas de cadre juridique, on ne pourra pas y arriver. On doit discuter du projet de loi, avancer sur la question afin de définir qui est qui», affirme-t-il avant d’accuser les autorités d’avoir une part de responsabilité sur la prolifération des charlatans. «Il est certes vrai que c’est l’Assemblée Nationale qui vote les lois, mais si vous ne nous rencontrez pas afin de nous associer à cette lutte, on ne pourra pas donner assez de garanties à l’institution pour qu’elle vote la loi», indique-t-il.
A défaut d’un fondement, insiste Abdoulaye Ndir, on ne pourra pas traduire les charlatans. On peut bien les traquer, mais sur quelles bases ? Nous n’en avons pas encore. Il faut que vous nous dotiez d’outils pour pouvoir lutter contre eux», clame le secrétaire général de la Fédération des tradipraticiens.