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26 novembre 2024
Santé
NOMINATION CONTROVERSÉE À LA DIVISION DE LUTTE CONTRE LE SIDA
Le Réseau National des Associations de Personnes vivant avec le VIH (RNP+), a exprimé sa vive inquiétude suite à la récente nomination d’un agent économiste à la tête de la Division de lutte contre le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles.
Le Réseau National des Associations de Personnes vivant avec le VIH (RNP+), a exprimé sa vive inquiétude suite à la récente nomination d’un agent économiste à la tête de la Division de lutte contre le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles. Cette décision surprenante du ministère de la Santé et de l’Action Sociale a suscité des réactions au sein de la communauté des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Sénégal.
Le RNP+, organisation dédiée à l’amélioration de la qualité de vie des PVVIH et des groupes vulnérables, a souligné que la prise en charge efficace du VIH/SIDA nécessite une maîtrise approfondie des soins et des avancées scientifiques. « La prise en charge et l’accompagnement des PVVIH nécessitent une compréhension parfaite de la cascade des soins VIH, » selon le communiqué signé par Mme Soukeyna Ndiaye présidente du conseil d’administration.
Sous la direction précédente d’un médecin infectiologue de renommée internationale, la Division de lutte contre le SIDA avait fait des avancées significatives. La décentralisation des soins et une prise en charge effective des personnes infectées ont été des réalisations majeures. Le Sénégal s’était engagé sur la voie de l’atteinte des objectifs des 3*95 d’ici 2030, une initiative clé dans la lutte contre le VIH/SIDA.
Le RNP+ craint que cette nomination ne compromette les acquis précieux obtenus dans la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal. « Nous exhortons le Ministre de la Santé, Ibrahima Sy, à garantir le maintien des acquis dans la prise en charge du VIH/SIDA et à protéger les personnes touchées par cette maladie, » a ajouté le communiqué.
Le Réseau National des PVVIH a appelé le ministre de la Santé à faire preuve de responsabilité et à ne poser aucun acte qui pourrait nuire à la protection et à la prise en charge des PVVIH. « Nous rappelons au ministre son devoir de protéger cette couche vulnérable que nous représentons, » a insisté le communiqué du RNP+.
BAMBEY DEPOURVU DE BLOC OPERATOIRE
Les références au sein du service de la maternité et de la gynécologie dépassent les compétences de l’hôpital où des médecins restent impuissants face à l’urgence
Le district de Bambey qui polarise plus d’une trentaine de postes de santé connait un nombre très important de référence des femmes enceintes en situation d’urgence vers Diourbel. Une démarche qui rend difficile la prise en charge de la santé de la reproduction et contribue à l’augmentation des cas de décès maternels dans cette localité.
Le district sanitaire de Bambey est en nette évolution sur la prise en charge de la santé de la reproduction. Si, dans le cadre de la sensibilisation, l’adhésion aux différents programmes est acceptée par les populations malgré quelques réticences, les professionnels de la santé dans cette localité peinent dans l’offre de soins. Dans le domaine de la santé de la reproduction, rien que pour le district de Bambey, 100 à 150 accouchements peuvent être enregistré dans cette structure.
Cependant, les références au sein du service de la maternité et de la gynécologie dépassent les compétences de l’hôpital où des médecins restent impuissants face à l’urgence. Une situation qui est due à l’absence de bloc opératoire pour les soins obstétricaux et néonataux d’urgence. Selon le médecin-chef de service adjoint, Dr Marième Maty Dioum, toutes les références se font à Diourbel pour la prise en charge des urgences. «Nous n’avons pas de bloc opératoire pouvant prendre en charge des cas d’urgence en maternité dans le cadre de la prise en charge de la mère et de l’enfant. La seule alternative est de les référer». Pour Djibril Thiarré, superviseur de soin de santé primaire, «nous avons des difficultés par rapport à la prise en charge des urgences surtout celles chirurgicales. Nous effectuons énormément d'évacuations au niveau de l'hôpital régional de Diourbel par jour. Le nombre est incalculable. Parfois on peut même en faire 10 dans la journée. Ceci a causé certains devoirs parce qu'on est passé dans ses 3 dernières années avec au moins 6 décès maternels. Après la répartition, il y a eu une tendance baissière, vu les efforts qui ont été faits dans ce sens. Ceci n'est pas sans cause car Bambey à une population de 422128 habitants en 2024 et il mérite un hôpital de niveau 1. A défaut, au moins un bloc opératoire pour pouvoir prendre en charge les urgences chirurgicales au niveau du département de Bambey». Et d’ajouter : «nous avons une position centrale qui fait que même ceux qui sont aux alentours de Bambey viennent ici pour se soigner. Bambey est un carrefour qui mérite beaucoup d'attention. Pour le bloc le site est déjà identifié dans le centre de santé. On a tout planifié mais jusqu'à présent depuis deux ans rien n'a été fait».
A en croire le médecin-chef de district adjoint de Bambey, les décès maternels notés dans le district de Bambey étaient évitable, si la prise en charge était faite à temps. «Le cas de cette année, la maman a suivi toutes ces consultations. Elle était bien portante mais il y a eu une complication au moment de l’accouchement et il fallait référer. Elle est décédée en chemin. Si les conditions étaient réunies avec un bloc de soins obstétricaux d’urgence, on aurait pu la sauver», a-t-elle déclaré. Et de faire le plaidoyer pour l’implantation d’un bloc opératoire qui pourra prendre en charge les cas évoqués.
Pour sa part, la maitresse sage-femme du district de Bambey, Françoise Awa Gueye Kama, dira : «nous avons une population très jeune dans le district de Bambey. Les familles donnent en mariage leurs enfants très jeunes. On est souvent confronté à des grossesses à risque et dans ces cas, la référence est l’idéal. Nous sollicitons vraiment de nos autorités de la santé, l’implantation d’un bloc opératoire qui va non seulement soulager la population de Bambey en termes de coût mais aussi le personnel de Diourbel de cette charge de travail. Dans les autres postes de santé très reculés de la ville, les sage femmes préfèrent référer à Thiès qui est plus proche d’eux que Diourbel».
Rappelons que ces informations ont été obtenu dans le cadre d’une caravane presse organisée par l’Association des journalistes en santé population et développement, en collaboration avec la Direction de la santé de la mère et de l’enfant dans la région médicale de Diourbel qui polarise le district de Bambey, du 3 au 5 juillet dernier.
INAUGURATION D’UN NOUVEAU LABORATOIRE DE L’INSTITUT PASTEUR À TOUBA
Pour Dr. Amadou Sall, directeur de l’IPD, « la vocation de ce laboratoire, au-delà de fournir des services aux patients, est aussi de mener des activités de surveillance épidémiologique ».
L’Institut Pasteur de Dakar s’implante pour la première fois hors de la capitale sénégalaise. En effet, l’Institut a ouvert un tout nouveau laboratoire de biologie médicale à Touba.
La ville de Touba accueille ainsi son premier laboratoire de biologie médicale, logé au sein de l’Institut Pasteur. Inauguré hier à Touba Madiyana, ce laboratoire marque une étape significative pour l’Institut.
Cette nouvelle implantation a été saluée par divers intervenants, dont le gouverneur de la région, qui a souligné les gains de temps et les avantages médicaux en termes de prévention et de surveillance épidémiologique. Représentant le ministre de la Santé empêché, Ibrahima Fall a rappelé les objectifs sanitaires du gouvernement pour Touba, la capitale du mouridisme, qui pourrait devenir un hub sanitaire.
Selon Ibrahima Fall, le choix de Touba pour cette infrastructure est justifié par plusieurs raisons, notamment son poids démographique et sa position géographique, étant un carrefour pour les autres régions du pays. « L’ouverture de l’Institut Pasteur à Touba, avec ce laboratoire, est cruciale. Elle renforcera la surveillance épidémiologique des maladies transmissibles comme la rougeole et les méningites, tout en réduisant les délais des résultats d’analyse », a-t-il déclaré.
Le gouverneur a également souligné que cette initiative répond aux critères d’équité sociale et territoriale. La visite du laboratoire polyvalent a révélé qu’il réalise des analyses dans diverses spécialités de la biologie clinique, telles que la biochimie générale, l’immunologie et l’hormonologie, l’hématologie, etc.
Pour Dr. Amadou Sall, directeur de l’Institut Pasteur de Dakar, « la vocation de ce laboratoire, au-delà de fournir des services aux patients, est aussi de mener des activités de surveillance épidémiologique ». Touba, deuxième ville du Sénégal en termes de population, mérite une telle infrastructure. Il a rappelé que ce laboratoire collabore étroitement avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale, comme en témoigne la gestion de la pandémie de Covid-19.
« C’est dans ce cadre que nous avons créé, en plus du laboratoire d’analyse médicale, un laboratoire dédié à la santé publique. En matière de santé, la rapidité et la qualité sont essentielles, ce qui justifie notre implantation ici », a expliqué le directeur de l’Institut Pasteur.
LE SAMES DÉNONCE UN NÉPOTISME À OUTRANCE AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ
Les nominations "fantaisistes" et la prise en compte insuffisante des revendications des travailleurs de santé sont dénoncées par le syndicat qui exige une correction diligente de la part du ministre
Comme à l’accoutumée, le syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) est monté au créneau pour dénoncer les nominations de «camaraderie» du ministre de la Santé. Dans un communiqué, il déplore le fait que le ministre procède à des nominations basées sur la camaraderie.
Le Syndicat automne des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal est très remonté contre le ministre de la Santé à cause des nominations, dit-il, de camaraderie qu’il est en train d’opérer au sein du ministère. Le bureau exécutif national (Ben) du Sames rejette avec une extrême fermeté les récents actes de nominations effectués par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, au détriment du corps des médecins pharmaciens et chirurgiens-dentistes. Ainsi le bureau exécutif national rappelle au ministre en charge de la Santé que le fait de mettre un agent économiste à la tête d’une division technique de lutte contre le SIDA constitue une insulte grave à la communauté scientifique «malgré toutes les avancées obtenues dans ce domaine, sous la conduite d’un médecin infectiologue de renommée mondiale, ayant cumulé des décennies de recherche et d’enseignement dans le domaine, et aux états de service irréprochables».
Cependant, le BEN exige du ministre de la Santé Ibrahima Sy une réparation immédiate de ces impairs, «seul gage d’une poursuite correcte de collaboration entre lui et les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes». L’urgence dans le secteur de la Santé, selon le Sames, c’est de procéder à une prise en main sérieuse des revendications des travailleurs, «une correction diligente et sans faiblesse aucune des dérives notées dans la gestion des services de santé, mais non des nominations népotiques, à la limite fantaisistes», indique-t-il dans un communiqué.
Le syndicat invite le ministre de la Santé d’inscrire ses actes dans le sillage du «Jub Jubël Jubënti» et non dans des nominations avec des penchants de camaraderie. «Nous demandons aux camarades de se tenir prêts pour défendre la corporation et user de tous les moyens légitimes pour une satisfaction intégrale des préoccupations des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes», prévient le Sames.
« LA QUALITÉ DES EAUX DES LACS NE PRÉSENTENT AUCUN DANGER POUR LE SÉNÉGAL »
A l'occasion d'un atelier de bilan, Cheikh Tidiane Dièye s'est voulu rassurant sur la qualité des eaux des lacs, soumises à un strict suivi selon lui
Le ministre de l'hydraulique et de l'Assainissement a présidé hier l'atelier de restitution et de capitalisation de la participation du Sénégal au 10e Forum international de l'eau. Cheikh Tidiane Dièye en a profité pour rassurer les Sénégalais sur la qualité des eaux des lacs au Sénégal.
La qualité des eaux des lacs ne présente aucun danger pour le Sénégal. Cette assurance est du ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dièye. Il s'exprimait ainsi lors de l'atelier de restitution et de capitalisation de la participation du Sénégal au 10e Forum international. Il souligne qu'il y a un suivi permanent sur le lac. « La qualité de l'eau est suivie au quotidien. Des structures du ministère sont sur place et pas seulement sur le lac mais sur toutle tracé du fleuve. C'est pourquoi tout ce qui se passe bien en amont sur la Falémé et autres nous tient à cœur, et est une source majeure et constante de nos préoccupations. C'est pour rassurer les Sénégalais que la qualité de lac ne présente aucun danger pour le Sénégal et nous le garantissons puisque l'eau que nous buvons àDakar vient du lac de Guiers», affirme Cheikh Tidiane Dièye. Il promet d'ailleurs d'effectuer une visite dans les prochains jours pour voir les installations et les dispositifs de sécurité. «On veillera à ce que les efforts permettant de garantir la qualité de l'eau soient maintenus. Évidemment, nous veillerons aussi pour voir les pratiques autour, que ça soit des industriels et autres, des normes sont établies et cela, le gouvernement est en train de le suivre pour anticiper et faire en sorte qu'on reste dans les standards appropriés pour pouvoir continuer à utiliser cette eau pour la consommation domestique et pour l'agriculture», ajoute le ministre.
Le satisfecit du ministre
Revenant par ailleurs sur la participation du Sénégal au 10e forum international de l'eau, le ministre indique que la participation du Sénégal a été remarquable sur tous les plans. «De la cérémonie d'ouverture aux rencontres bilatérales en passant par le Pavillon Sénégal, notre pays a réaffirmé son leadership et son ambition pour la promotion de l'accès universel à l'eau et à l'assainissement», indique le ministre. Il précise aussi que le Sénégal, en tant que nation engagée dans la préservation des ressources en eau, a pris part activement aux débats et aux échanges qui ont eu lieu à Bali. «Nous avons partagé nos expériences, nos défis et nos réussites dans la gestion de l'eau et l'accès aux services d'eau et d'assainissement, tout en apprenant des meilleures pratiques et des innovations développées par d'autres nations. Dans cette même perspective, le Sénégal a partagé les résultats de la mise en œuvre du «Blue Deal pour la sécurité de l'eau et de l'assainissement pour la paix et le développement», a dit Cheikh Tidiane Dièye.
DES AVANCEES ENREGISTREES DANS L’OFFRE DE SERVICES SANITAIRES A MBACKE
Le district sanitaire de Mbacké (centre) a enregistré “beaucoup d’avancées” en termes d’offre de services sanitaires, au point de se retrouver devant ceux de Bambey et Touba (centre) dans ce domaine
Mbacké, 4 juillet (APS) – Le district sanitaire de Mbacké (centre) a enregistré “beaucoup d’avancées” en termes d’offre de services sanitaires, au point de se retrouver devant ceux de Bambey et Touba (centre) dans ce domaine, a-t-on appris, jeudi, de la sage-femme Awa Ndiaye.
“Nous avons beaucoup d’avancées dans le district sanitaire de Mbacké. Lorsque nous présentons les données, nous sommes premiers devant les deux autres districts que compte la région, à savoir Bambey et Touba”, a déclaré Awa Ndiaye à l’occasion de la “caravane de presse” organisée à Diourbel par la direction de la santé de la mère et de l’enfant (DSME) et l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD).
“Les sages-femmes et les infirmières sont ‘capacités’ en santé de la reproduction. Concernant les indicateurs, le district sanitaire de Mbacké n’est pas en rade”, s’est-elle réjouie, ajoutant : “Par rapport au nombre de femmes ayant effectué quatre consultations prénatales entre janvier et mars 2024, nous en sommes à 42 %.”
Elle affirme que 49,92 % des femmes enceintes du district de Mbacké ont “reçu les Sp3, c’est-à-dire les médicaments contre le paludisme”. “En ce qui concerne ceux qui dorment sous une moustiquaire imprégnée, nous sommes à 56,2%.”
“Concernant les femmes qui ont été dépistées du VIH et de la syphilis, le taux est de 52,06 %”, a précisé la sage-femme du district sanitaire de Mbacké.
Elle signale que 46,2 % des femmes enceintes ont bénéficié de l’assistance d’un personnel qualifié lors de leur accouchement, que 53,5 % des enfants du district ont reçu un paquet de soins à la naissance.
“Ces résultats ont été obtenus grâce à la sensibilisation”
Mme Ndiaye note toutefois que “le nombre d’accouchées ayant effectué les trois consultations postnatales est au ralenti, à 15 %”. Cette situation nécessite que des stratégies soient mises en œuvre “pour booster les indicateurs” sur ce plan, a-t-elle dit.
Dans le domaine de la planification familiale, le district sanitaire de Mbacké “enregistre un taux de 12 %”. Et pour la nutrition (diarrhée, vomissements, supplémentation en vitamine A), “nous sommes à 95 %” d’enfants traités aux solutions de réhydratation orales (Sr/Zinc), a fait savoir la sage-femme.
“Nous avons des défis à relever mais nous sommes en train de faire des efforts. Auparavant, il y avait un problème d’accessibilité des autorités religieuses [et de] rupture des médicaments”, a-t-elle relevé.
“Ces résultats ont été obtenus grâce à la sensibilisation”, s’est réjouie la sage-femme du district sanitaire de Mbacké en précisant que “les accouchements à domicile sont rares, même avec la rétention des données”.
MBACKÉ DONNE LA LEÇON À TOUBA EN SANTÉ MATERNELLE
La ville sainte nécessite de revoir son message de sensibilisation pour promouvoir les dépistages et les méthodes contraceptives adaptées à ses réalités socioreligieuses
Le district sanitaire de Mbacké connait des indicateurs satisfaisants dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, contrairement à Touba qui empile des difficultés pour s’imposer dans la mise en place de stratégies comme pour la planification familiale. Selon les acteurs rencontrés sur place hier, jeudi 4 juillet 2024, dans le cadre d’une caravane presse, plusieurs facteurs entrent en jeux dont l’aspect religieux et coutumier mais aussi le fort taux d’analphabètes dans cette ville Sainte de Touba.
La caravane sur la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, des adolescents et jeunes (Srmnia), organisée par le Réseau des journalistes en santé, population et développement, en partenariat avec la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant (Dsme), était hier, jeudi 4 juillet, dans les localités de Mbacké et Touba. Dans ces deux localités du département de Mbacké, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile connait des disparités. Si le district de Mbacké a pu s’imposer dans cette lutte, ce n’est pas facile pour Touba où la plupart de ces indicateurs restent bas.
Dans cette cité religieuse, fief du Mouridisme, Thioro Faye Mbacké, responsable Santé de la reproduction du district sanitaire de Touba, a fait savoir qu’il y a un retard dans les Consultations prénatales (Cpn) qui doivent passer de quatre à huit séances, durant la période de grossesse. «Nous continuons à enregistrer des retards dans la prise en charge des grossesses. Des femmes arrivent dans nos structures tardivement mais la fréquentation dans les structures de santé est rassurante à Touba», a fait savoir Mme Mbacké. Et d’ajouter : «dans le district de Touba, nous avons une bonne couverture sanitaire. Dans chaque quartier où village, il y a une structure de santé. Au total, il y a 42 structures de santé à Touba dont 29 postes de santé, 6 centres de santé et 3 hôpitaux. Mais, vu le poids démographique de Touba, c’est toujours insuffisant».
Si à Touba les acteurs de la santé, accompagnés des relais communautaires, ont pu relever le taux d’audience dans les structures de santé, ils peinent à le faire dans la planification familiale (Pf) où le taux reste très bas. «Nous avions beaucoup de difficultés liées aux problèmes de compréhension, des rumeurs sur l’utilisation des méthodes de planifications familiale. Nous avons pu relever le gap avec les acteurs communautaires, les relais et les Bajenu Gox. Mais, il y a toujours du chemin à faire. Nous sommes dans une cité religieuse, il faut revoir le discours, les termes et essayer de le contextualiser afin d’amener les familles à y adhérer», a-t-elle avancé.
Pour Mme Mbacké, hormis l’aspect religieux, Touba a un taux élevé d’analphabètes. La majorité de la population fréquente l’école coranique. «Les choses commencent à bouger. Les familles scolarisent leurs enfants et des couples jeunes s’intéressent à ces pratiques de la Pf, qui les permettent non seulement d’avoir une bonne santé mais aussi celle de leurs enfants. Aujourd’hui, j’appelle au renforcement de la sensibilisation avec les acteurs communautaires, les journalistes au niveau local pour qu’on puisse bénéficier des supports de Pf adaptés à nos réalités pour réussir cette stratégie».
Au district sanitaire de Mbacké, Awa Ndiaye, sage-femme responsable de la Santé de la reproduction, fait part de plusieurs avancées. Selon elle, le district de Mbacké est champion dans les acquis au niveau régional. Des avancées qui ont été possibles grâce à l’appui de la Dsme et de la formation continue des sages-femmes et les infirmières dans les questions de la Santé de la reproduction.
Parmi les indicateurs, le district sanitaire de Mbacké, par rapport aux nombres de femmes ayant effectué 4 consultations prénatales entre janvier et mars 2024, se positionne à 42%. Pour le nombre de femmes enceintes qui ont reçu leurs trois doses de comprimés pour la lutte contre le paludisme, il est à 49,92%. Pour celles qui dorment sous moustiquaires imprégnées, à 56,2%. Pour les femmes qui ont été dépistées du VIH et de la syphilis, le taux est de 52,06%.
En ce qui concerne les accouchements assistés par un personnel qualifié, Mbacké est actuellement à 46,2%. S’agissant du nombre d’enfants ayant bénéficié d’un paquet de soins à la naissance, le district est à 53,5%. Pour le nombre d’accouchées ayant été effectuées, les 3 consultations post natales, est en ralenti car nous sommes à 15%. Pour la planification familiale nous sommes à 12%. «Nous avons des défis mais nous sommes en train de faire des efforts. Auparavant, il y avait l’inaccessibilité des autorités religieuses, la rupture des médicaments ; mais ce n’est plus le cas», a avancé Awa Ndiaye.
Les accouchements à domicile, un phénomène rare
De plus en plus les accouchements à domicile se font rares dans les régions. Dans les districts sanitaires de Mbacké et Touba, il y a peu ou presque pas de cas enregistrés par mois. Selon les acteurs de la santé, les accouchements à domicile sont rares, même avec la rétention des données. Pour Touba, ils représentent 0,5% par rapport à toute la population. «Les accouchements à domicile ne sont pas très importants à Touba. Mais notre souhait, c’est d’avoir 100% d’accouchements dans les hôpitaux. Il y a des structures privées qui parviennent à accueillir des accouchements, mais on ne parvient pas à les recenser. C’est pourquoi, nous faisons de la sensibilisation à ces structures privées qui ne sont pas vraiment dans les normes de se conformer. Pour celles qui sont en normes, elles sont enrôlées au niveau des districts où elles travaillent avec les districts,» a renseigné Mme Mbacké.
LA MOYENNE D’ÂGE D’UN PATIENT DIALYSÉ AU SÉNÉGAL SE SITUE ENTRE 35 ET 40 ANS
"Il y a 1500 malades qui sont traités au Sénégal, mais il faut savoir que chaque année, il y au moins 1000 Sénégalais qui vont détruire leurs reins et avoir besoin de dialyse’’, a révélé Pr Niang.
La moyenne d’âge d’un patient dialysé au Sénégal se situe entre 35 et 40 ans, a affirmé le président de la Société sénégalaise de néphrologie, Professeur Abdou Niang, appelant au dépistage précoce de cette maladie qui touche une population jeune et active.
‘’Il nous faut faire tout pour diminuer le nombre de malades qui arrivent en hémodialyse, c’est le dépistage et la prévention. La moyenne d’âge d’un patient dialysé au Sénégal est entre 35 et 40 ans, alors qu’en France il est de 70 ans’’, a révélé le professeur Niang.
Il intervenait, jeudi, à l’ouverture du 3e Cours international de dialyse, organisé par la Société sénégalaise de néphrologie en collaboration avec des sociétés savantes, dont la Société africaine de néphrologie et la Société internationale de dialyse péritonéale.
Selon lui, ‘’les populations en dialyse sont très jeunes. C’est la partie de la population jeune et active qui est touchée. Nous devons trouver les moyens de les traiter’’.
Le néphrologue sénégalais relève que ‘’sur les 850 mille personnes souffrant de maladies rénales au Sénégal’’, la moitié d’entre elles ‘’ne savent pas’’ qu’elles sont atteintes de cette maladie.
Il estime qu’‘’il va falloir éduquer cette population à se dépister tôt’’, une démarche qui ‘’permettra de réduire le nombre de malades qui va arriver en dialyse’’.
1000 personnes sans accès à la dialyse
Pour le président de la Société sénégalaise de néphrologie, ‘’les personnes qui sont en dialyse ne sont que la partie visible de l’iceberg’’. ‘’Aujourd’hui, il y a 1500 malades qui sont traités en dialyse au Sénégal, mais il faut savoir que chaque année, il y au moins 1000 Sénégalais qui vont détruire leurs reins et avoir besoin de dialyse’’, a-t-il révélé.
‘’Avec nos ressources limitées, ces malades n’auront pas accès à la dialyse. C’est très cher. L’Etat du Sénégal dépense 6 milliards de francs CFA par an pour soigner 1500 malades. Si on avait les moyens, on aurait soigné les 1000 autres’’, a-t-il indiqué.
C’est pourquoi il pense qu’‘’il faudra développer des techniques de prise en charge moins chères telles que la dialyse péritonéale comparée à l’hémodialyse, et aller vers la transplantation’’.
‘’La transplantation a des avantages. Après deux ans, elle coûte moins cher que de maintenir le patient en dialyse’’, fait-il remarquer.
Venue représenter le ministre de la Santé et de l’Action sociale, la directrice des établissements de santé, Dr Fatou Mbaye Sylla, a vanté les avancées du Sénégal dans la lutte contre la maladie rénale.
‘’Le Sénégal, depuis près de deux décennies, a beaucoup investi dans la lutte contre la maladie rénale avec des avancées significatives dans ce domaine, même si un grand chemin reste à faire’’, a-t-il rappelé.
‘’De 2 centres de dialyse, 3 néphrologues et 50 malades dialysés chroniques en 2005, nous sommes au début de l’année 2024 à 28 centres publics d’hémodialyse répartis dans les 14 régions du Sénégal et 5 unités de dialyse péritonéale prenant en charge plus de 1500 patients et plus de 50 néphrologues’’.
Elle a souligné que ‘’le Sénégal est entré dans le cercle des pays ayant réalisé une transplantation rénale sur son territoire en novembre 2023, après la mise en place d’un instrument de régulation, le Conseil national de don et de transplantation (CNDT)’’.
L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE NÉCESSITE UN ÉCOSYSTEME RÉGLEMENTAIRE
Un bon écosystème réglementaire est nécessaire au développement d’une industrie pharmaceutique, affirme Yérim Mbagnick Diop, responsable de Delivery unit (DU), l’unité de gestion du projet de relance de l’industrie pharmaceutique locale
Un bon écosystème réglementaire est nécessaire au développement d’une industrie pharmaceutique, affirme Yérim Mbagnick Diop, responsable de Delivery unit (DU), l’unité de gestion du projet de relance de l’industrie pharmaceutique locale.
“Pour développer l’industrie pharmaceutique, il faut également un environnement réglementaire et un écosystème réglementaire aligné aux standards internationaux”, a déclaré M. Diop, pharmacien et professeur de chimie analytique, dans un entretien accordé à l’APS.
Fabriquer des médicaments au Sénégal implique aussi le respect des standards internationaux pour avoir des débouchés, compte tenu de l’étroitesse du marché intérieur qui ne favorise pas la rentabilité d’une industrie pharmaceutique, dit-il.
“Un médicament, si nous le fabriquons au Sénégal pour 18 millions de Sénégalais, ce n’est pas rentable, et il ne va pas être compétitif. Il faut trouver un marché à l’étranger et pour cela, il faut que nos médicaments, nos produits de santé répondent aux qualités et standards internationaux pour qu’on puisse les vendre”, a expliqué le professeur Diop.
Pour réussir à vendre les médicaments à l’international, “il faut assurer leur qualité”, insiste le pharmacien.
“Pour produire un médicament, il y a beaucoup de choses à avoir au niveau de l’écosystème pharmaceutique, au niveau de l’environnement des affaires”, a-t-il ajouté.
“C’est le rôle de l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique qui, nous l’espérons, aura sa déclaration officielle du niveau de maturité 3, délivrée par l’Organisation mondiale de la Santé, qui garantit la qualité du médicament au niveau mondial”, a-t-il indiqué.
Cette déclaration est en fait “une certification, un quitus qui permet de vendre au niveau international”, a-t-il précisé.
Le responsable de Delivery Unit (DU) rappelle que “le Sénégal est un pays pionnier” en la matière, car ayant accueilli, “il y a 70 ans”, des industries comme Pfizer, Sipoa, etc. Ces industries ont par la suite “fermé boutique pour partir”.
“Il y a eu un diagnostic pour savoir pourquoi ils sont partis. Était-ce lié à l’environnement des affaires par rapport à la compétitivité ?”, s’est-il interrogé.
Yérim Mbagnick Diop recommande, entre autres propositions, d'”adresser la question de l’environnement des affaires qui touche à l’accès à l’énergie, aux aspects de recherche-développement, aux ressources humaines, à l’innovation par rapport aux mesures incitatives fiscales, ou non fiscales”.
“Le Sénégal se situe dans la région ouest, qui regroupe 15 pays de la Cédéao, et chaque pays a ses ambitions de souveraineté. Il faut que le Sénégal offre le meilleur cadre pour attirer les investisseurs dans ce domaine”, a préconisé le responsable de Delivery Unit.
À son avis, “toutes ces questions-là, il faut les adresser pour arriver à cette souveraineté”.
350 MILLIARDS DE FCFA POUR RELANCER DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
Le plan arrêté pour la relance de l’industrie pharmaceutique au Sénégal va nécessiter un budget de 350 milliards de francs CFA, dont 200 sont déjà mobilisés
Le plan arrêté pour la relance de l’industrie pharmaceutique au Sénégal va nécessiter un budget de 350 milliards de francs CFA, dont 200 sont déjà mobilisés, a-t-on appris du responsable de l’unité de gestion du projet de relance de l’industrie pharmaceutique locale, le professeur Professeur Yérim Mbagnick Diop.
“Le budget du plan de relance de l’industrie pharmaceutique, c’est quelque 350 milliards de francs CFA pour les projets publics et privés, et les 200 milliards sont déjà mobilisés”, a-t-il indiqué dans un entretien avec l’APS.
“Le Sénégal veut aller plus loin et être souverain. Nous allons proposer à l’État, aux décideurs de dire que […] d’ici décembre 2025, nous n’allons plus […] importer” une centaine de molécules, mesure qui sera mise en œuvre de concert avec la Pharmacie nationale d’approvisionnement par exemple”, a déclaré le professeur Diop.
“C’est une affirmation engageante, s’ils [les industriels] savent que sur les 100 molécules, ils peuvent produire et avoir un retour d’investissements. C’est la prochaine étape sur laquelle nous sommes en train de travailler avec la PNA qui entre temps a changé de statut. C’est important parce que la Pharmacie nationale a tout le marché public, les hôpitaux, il a un rôle à jouer”, a-t-il expliqué.
“On voudrait que sur les besoins de la PNA, on s’affirme. Cela peut permettre à l’existant qui est en train de battre de l’aile, de reprendre un souffle sur les médicaments essentiels”, a ajouté le professeur Diop.
Le responsable de l’unité de gestion du projet de relance de l’industrie pharmaceutique locale, communément appelé Delivery Unit (DU), a rappelé qu’en janvier 2024 déjà, le ministère de la Santé avait sorti un arrêté, appelé “arrêté de la corrélation”, pour réduire les importations de produits pouvant être fabriqués localement, à condition que le fabricant puisse satisfaire la demande locale.
“Quand nos industriels du médicament vont fabriquer [des produits], il va falloir au moins qu’ils aient le marché sénégalais, qu’ils soient compétitifs. C’est difficile d’être compétitif devant un Indien qui a des matières premières”, a-t-il relevé en guise d’exemple.
Selon cet enseignant-chercheur à la faculté de médecine de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, “des mesures incitatives, notamment fiscales et même [en matière de] foncier” doivent être prises pour aider les industries à s’implanter.
“Dans le projet des Zones économiques spéciales (ZES), il y avait la création d’un parc pharmaceutique. C’est également intéressant pour la relance de l’industrie pharmaceutique”, a-t-il rappelé, ajoutant : “Ce qui est constant et important, c’est l’engagement et la volonté politique manifeste de l’État à aller vers la souveraineté pharmaceutique”.
Produire localement 20 % de nos médicaments en 2025
S’agissant des objectifs assignés au plan de relance arrêté, il a fait savoir qu’il a été convenu d’aller d’abord vers la production de “50% de nos médicaments en 2035, et en 2025 avoir 20 % de nos propres produits”.
“C’est-à-dire qu’en 2025, il faut que dans ce que nous consommons comme médicaments ou produits de santé, les 20 % soient produits localement. Il y a un objectif intermédiaire en 2030, avec 30 % de la production de 10 médicaments au moins à partir de nos plantes. Il y a de la matière”, a-t-il dit.
Pour ce faire, il a suggéré la mise en place de certains “mécanismes et leviers. Il faut se baser sur l’existant si on leur assigne de produire certaines molécules. Le problème, c’est le marché, mais le savoir-faire est là. Il faut juste réguler le marché”, a-t-il dit, avant d’évoquer la question de l’accessibilité financière du médicament.
“Nous espérons que la proximité du médicament avec son lieu de production va rendre accessibles les coûts des médicaments”, a déclaré le professeur Diop.
“Nous devons aller vers la géo-diversification avec nos voisins. C’est-à-dire que quand le Sénégal va produire des vaccins, la Côte d’Ivoire, par exemple, va produire un autre médicament, et c’est une répartition des tâches. Chacun va se charger d’une aire thérapeutique”, a expliqué le responsable de la Delivery Unit.
Selon lui, il revient aux responsables du plan de relance de mettre également en œuvre “ce dialogue inter-État, car en 2050, l’Afrique sera le plus gros marché avec 2,5 milliards d’habitants”, une raison de plus pour que les gouvernants s’arment pour produire leurs propres médicaments”.
Il note qu’au Sénégal, en dehors des autres industries, “il y a au moins six projets privés qui sont en cours” de mise en œuvre, sur les vaccins, les médicaments, les dispositifs médicaux, entre autres.
Le professeur Diop annonce que le Sénégal attend d’ici la fin de l’année 2024, la déclaration officielle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) confirmant que le pays a atteint le “niveau maturité 3” en matière de production pharmaceutique.
Ce quitus “va impliquer qu’il n’y ait plus de médicaments de la rue. On ne peut vouloir développer une industrie pharmaceutique et laisser les médicaments de la rue. C’est une condition pour sécuriser le marché”, a-t-il prévenu.