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26 avril 2025
Santé
LA LONGUE MARCHE VERS L'INDÉPENDANCE PHARMACEUTIQUE
Pour produire la moitié de ses médicaments d'ici 2035, le Sénégal doit surmonter trois obstacles majeurs, dont les coûts de production, la taille limitée du marché et le manque de coordination entre chercheurs, selon Serigne Omar Ndiaye
Soucieux de promouvoir de manière dynamique l’accès de ses populations à une prise en charge médicale de meilleure qualité, le Sénégal développe une politique ardue de relance de son industrie pharmaceutique. Le pays prévoit de produire, d’ici 2035, la moitié des médicaments dont-il a besoin. Des actions sont mises en œuvre pour atteindre cet objectif. Pour le professeur Serigne Omar Ndiaye du laboratoire analytique et bromatologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’État doit d’abord travailler à mettre en place des grandes unités de recherche qui mutualiseront les compétences de différentes universités. Pour atteindre la souveraineté pharmaceutique, il soutient que le Sénégal devra orienter les industries existantes vers la qualité pour faire labelliser ses produits, ce qui est un gage de confiance. Entretien.
Dans quel état est l’industrie pharmaceutique au Sénégal ?
Il y a eu le plan de relance qui a été évalué, il n’y a pas longtemps. Et je pense qu’il y a une nouvelle dynamique avec les nouvelles autorités qui parlent surtout du développement de l’industrie pharmaceutique. C’est vrai qu’au Sénégal, souvent, on est très ambitieux au départ. Les idées sont très bonnes, mais on pèche surtout dans la mise en œuvre. Il ne suffit pas d’avoir de la volonté, des ambitions et des objectifs. Il faut aussi avoir des stratégies surtout de mises en œuvre efficaces. C’est cela notre difficulté. Vous avez certes des noms d’industries qui rencontrent des difficultés, des noms d’industries qui se battent pour exister. Dans tous les pays du monde, l’industrie est accompagnée soit par les États, soit par le secteur privé, ou soit par le partenariat public-privé. Il y a des facteurs qui impactent lourdement sur la rentabilité et la compétitivité de nos industries. Ce sont les facteurs de production. C’est aussi un système réglementaire adapté, agile et approprié. Il en est de même des politiques d’incitation pour ces industries-là. Au Sénégal, il est plus facile d’importer un médicament, de le vendre. Tout simplement parce que le produit fini que vous importez, il est dispensé de TVA alors que si vous devez importer les produits de fabrication, les machines, les intrants, les réactifs, les outils de conditionnement, pour la plupart, ces produits sont taxés. Et malheureusement, ça, c’est un coût énorme. Le transport de ces produits également coûte cher. Voilà ce qui me fait dire, sans être pessimiste, quand on parle de souveraineté, que ce n’est pas demain la veille.
Qu’est-ce qui justifie ce sentiment ?
On ne peut pas juste être souverain parce que nous produisons le produit A ou B en sachant que tout ce qu’il faut pour les produire, vous l’importez. Je préfère le terme résilience. Nous ne sommes plus dans un monde cloisonné. Le Sénégal n’est pas un géant en termes de marché pharmaceutique. Nous sommes une dizaine de millions. Si on a 4 à 5 industries, à terme, même si elles parviennent à produire, ça va être très difficile de tenir le coup dans le long terme. Pour être rentable, il faut du volume. Et ce volume-là, on ne l’a pas toujours.
Que préconisez-vous ?
Aujourd’hui, pourquoi ne pas orienter les industries sur des segments de produits pour éviter qu’on se marche dessus, pour pouvoir avoir également le marché de volume. Il y a tellement de politiques d’accompagnement comme le fait de réguler de manière intelligente et efficiente les importations par rapport à la production locale, ou des politiques d’agitation. Je pense que le plus important, c’est la qualité. Il n’y a que la qualité de ce produit-là qui permettra à l’industrie locale de conquérir le marché national, mais aussi d’aller à la conquête du marché sous-régional et pourquoi pas régional. Avec la mise en place de l’Agence africaine du médicament, ily a des comités techniques sur l’évaluation des produits médicaux, dont je suis membre, des comités sur l’évaluation des bonnes pratiques de fabrication qui évaluent les dossiers soumis par les fabricants. Si votre produit est labellisé par l’Agence africaine du médicament, c’est un gage de confiance, de qualité et vous pouvez donc aller conquérir le marché. Nos industries devront également se battre pour être conformes aux critères internationaux de qualité, pas de qualité à minima, mais aux critères internationaux de standard pour pouvoir aller conquérir au-delà du marché local, le marché international. Et l’autre facteur, ce sont souvent les compétences. Ily a des besoins en médicaments, en compétences qui n’étaient pas toujours là. Ça explique toutes ces réformes opérées pour mettre en place des formations et cela avec un rôle important qu’est en train de jouer la Delivery Unit, qui est une communauté de coordination du plan de relance de nos pharmacies, logée au niveau du ministère de la Santé et de l’action sociale ainsi que la mise en place de l’Agence de réglementation pharmaceutique.
Qu’en est-il du potentiel existant de chercheurs dans les universités ?
Je dis toujours que l’université a un potentiel qu’elle ne valorise pas suffisamment. C’est toute cette masse de chercheurs aguerris qui ne demandent qu’à être appuyés, qu’à être financés pour pouvoir mener des recherches qui vont adresser les questions essentielles de la population. L’université a une mission de formation, de recherche, mais aussi de service à la communauté. Et cela passe par la prise en charge de ces questions de société, de ces questions étatiques pour pouvoir les adresser efficacement. Donc, il faudra repenser le modèle universel.
Comment y arriver ?
Il faudra plus de cohérence dans l’organisation, mais également dans la recherche. Je trouve qu’il y a trop d’éclatements, trop de cloisonnements. Chacun est dans son laboratoire, dans son unité de recherche. Il faut encourager la mise en commun des intelligences à travers de grands centres de recherche, de grandes unités mixtes de recherche qui vont transcender les universités, des équipes qui peuvent mettre ensemble des Dakarois, des chercheurs de l’université de Ziguinchor, du Sine, de Bambey, de Saint-Louis. Il n’y a que ça qui pourra nous permettre de passer à l’échelle, particulièrement dans le domaine des médicaments qui nous concerne. Je dis souvent à mes collègues que si quelqu’un pense que chacun dans son laboratoire pourra arriver à un médicament, il se trompe lourdement. Ça fait 50 ans que nos anciens l’ont tenté et n’y sont pas arrivés. Donc, il va falloir qu’on mutualise nos efforts car dans le médicament, il y a plusieurs compétences qui interviennent pour pouvoir arriver à quelque chose. Il faut aussi encourager le partenariat public-privé au sein des universités. Il faut que les laboratoires universitaires collaborent davantage avec les industries pharmaceutiques pour pouvoir faire de l’innovation.
Quelle est le gage d’une industrie pharmaceutique durable ?
Pour une industrie pharmaceutique durable, l’innovation est incontournable. Ça ne se fera pas uniquement avec les génériques. C’est la chose la plus simple. Il n’y a que l’innovation qui permettra, à défaut même d’avoir du volume, d’avoir de la créativité, de pouvoir s’imposer sur le marché, puisque quelque chose de nouveau est proposé mais surtout, il vous appartient et que vous pouvez vendre partout dans le monde. Je pense que la valorisation des ressources de notre pharmacopée nous permettra de prendre un raccourci et d’offrir quelque chose à l’humanité. Quelque chose d’original, quelque chose qui permettra de booster la compétitivité et la rentabilité. Si vous regardez bien, pendant la COVID, c’est une start-up allemande qui a découvert le vaccin à l’immunisation. C’est juste un groupe de chercheurs et qui a été racheté après par un grand laboratoire qui occupe maintenant la première place dans les bourses mondiales. Ça, c’est un exemple de l’importance de l’innovation dans le développement de l’industrie pharmaceutique, dans le développement d’un pays.
La qualité des médicaments est-elle de mise au Sénégal ?
Effectivement, nous travaillons beaucoup sur la qualité des médicaments depuis bientôt une vingtaine d’années, tout ce qui est sciences connexes, mais aussi sur la qualité des aliments et l’alimentation. En 2007, on avait mené en collaboration avec le Programme de lutte contre la tuberculose, une étude sur la qualité des antituberculeux en termes de contenant, de contenu, mais aussi en termes de profil de libération. C’est important, puisque le produit peut être là, absorbé, mais ne se libère pas et donc n’est pas actif. On doit simuler ce qui se passe une fois qu’on prend le produit. Globalement, ces produits étaient de bonne qualité. Chaque année, on change de famille thérapeutique, on change de classe thérapeutique en tenant compte des informations, des retours que nous avons des utilisateurs que nous avons de la communauté. Nous avons des systèmes de surveillance de manière générale qui fonctionnent et la qualité est bien de mise dans les médicaments.
Les médicaments génériques sont-ils efficaces dans le traitement des pathologies ?
L’État a mis en place une politique d’activité aux médicaments génériques. À moins qu’on essaie des médicaments dont la qualité est surveillée. Ce n’est pas parce que c’est un générique que ce n’est pas de qualité. Ça fait partie aussi de la mauvaise information. Je pense qu’ensemble, dans un partenariat bien pensé, bien mené, nous pouvons tous participer à une mise en œuvre optimale de la politique pharmaceutique nationale. Le développement de l’industrie pharmaceutique permettra certainement d’aller vers plus de résilience afin d’éviter les nombreuses ruptures de médicaments qui peuvent également contribuer au recours aux médicaments des circuits illicites. Je pense qu’il y a plusieurs leviers sur lesquels il faudra appuyer ensemble de manière harmonisée, concertée, intelligente pour pouvoir arriver à régler ce problème. En tout cas, les solutions sont là. Les compétences sont là. Il faut juste une bonne stratégie de mise en œuvre pour atteindre les résultats escomptés.
De plus en plus, nous assistons à des retraits de lots de médicaments. Qu’est ce qui l’explique ?
Chaque pays a un système d’assurance qualité qui permet de s’assurer que le fabricant respecte les bonnes pratiques de fabrication et que le produit qu’il fabrique est de bonne qualité. Mais cela, ne nous empêche de vérifier. A cet effet, pour un produit, on va prélever dans différents endroits du pays pour voir sa conformité. Ce processus entre dans le cadre de la surveillance. Parfois, il peut arriver effectivement dans un endroit, pour le même lot, qu’on ait un défaut de qualité, mais qu’on ne l’ait pas pour le même lot ailleurs. Donc dans ces cas-là, on retire juste les produits qui sont stockés dans ces conditions car c’est un défaut de qualité qui n’est pas intrinsèquement lié au produit mais qui l’est un peu en relation avec les facteurs dépendants comme l’environnement, le stockage. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il est inconcevable qu’on puisse voir des médicaments vendus au vu et au su de tout le monde dans la rue, vendus sous des tentes, dans des boutiques. Rien que l’environnement de conservation des produits peut détériorer sa qualité. Et quand cette qualité se détériore, bonjour les dégâts. Il n’y a rien qui ne puisse pas survenir quand on consomme ces produits.
Des gens pensent que des médicaments gratuits pour le traitement de certaines pathologies ne sont pas de qualité ?
Au Sénégal, on parle maintenant de pré-élimination pour le paludisme. Si on en parle, cela veut dire quand même, qu’il y a une réussite dans le programme de lutte contre cette maladie. Et pour lutter contre le paludisme, effectivement, il y a l’aspect préventif avec les mesures de prévention, l’utilisation des moustiquaires imprégnées, la pulvérisation inter domiciliaires d’insecticides, la destruction des sites de larves. A côté, il y a les moyens également curatifs, thérapeutiques comme l’utilisation de médicaments. On a pu suivre la qualité de ces produits de la chloroquine jusqu’aux combinaisons à base d’anti-mécanismes actuellement utilisées. Ces produits se sont révélés de qualité. Il n’y a pas très longtemps, on a partagé, au sein de l’ARP, des résultats d’un programme de surveillance pour marquer la qualité des antipaludiques. On avait trouvé 100% de conformité. Et il y a trois ans, on avait fait le même travail, on était à 92% de conformité. Donc, avec ces trois années de surveillance, nous pouvons attester qu’il y a un changement dans la qualité de ces antipaludiques et on le voit à travers les résultats de pré-élimination du paludisme. Parce que maintenant, l’ensemble des stratégies mises en œuvre ont porté leurs fruits. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas de gratuité. Vous pouvez ne pas payer, mais sachez que quelqu’un a payé pour vous.
En parlant de quelqu’un, faites-vous référence à l’État ?
La gratuité est une politique de l’État qui décide que, pour des médicaments dont les traitements coûtent cher, il va s’investir dans la santé de la population. C’est une action qui participe au droit à la santé. Donc, l’État, par des mécanismes appropriés, va rendre le produit disponible. Et comme je l’ai dit, ce sont des produits qui sont achetés dans un système sécurisé de pré-qualification, que ce soit les antipaludiques, les antituberculeux, les antirétroviraux entre autres. Ce sont des produits qui sont achetés dans un système de garantie. Quoique la source soit assez sécurisée, au niveau national, le ministère de la Santé, à travers l’Agence de réglementation pharmaceutique, à travers sa décision du contrôle de la qualité, met en œuvre une politique de surveillance et de suivi de la qualité et de sa conscience dans le temps et dans l’espace. Ce qui nous permet, à la détection du moindre défaut de qualité, ce produit-là ne reste pas une journée de plus où on l’a trouvé. On ne dira pas qu’il n’y a jamais de médicaments de mauvaise qualité et ce n’est pas parce que vous avez votre permis de conduire que vous ne ferez jamais d’accident. Vous savez conduire, vous avez votre permis, mais parfois il peut arriver quand même que vous fassiez des chocs et c’est la même chose avec les médicaments.
Nous sommes à l’ère de l’infodémie surtout concernant l’efficacité des vaccins. Quelle conduite adoptée ?
La désinformation se propage plus vite même que la bonne information. D’où l’intérêt pour les autorités de régulation de mettre en place des systèmes de communication appropriés en partenariat avec les professionnels des médias, de la communication pour nous aider à juguler, à lutter contre le fléau de la désinformation, des médicaments de la rue. C’est une interpellation que je lance. Je pense que dans le service public que la presse fait, elle doit refuser de diffuser toute publicité mensongère avec les faux médecins, et faux pharmaciens, qui promeuvent des médicaments qu’on voit dans les médias. Je pense qu’on peut lutter efficacement à ce niveau-là. Les recherches que nous avons menées sur l’utilisation des médicaments de la rue montrent que parfois les populations ont recours à ces produits tout simplement parce qu’elles n’ont pas la bonne information. On leur fait croire que ces produits coûtent moins cher. Ce qui n’est pas vrai. On a mené des enquêtes, des travaux de recherche ont été réalisés sur ce fléau. Pour les besoins de la recherche, nous avons acheté ces produits proposés sur le marché illicite. Et on a remarqué que parfois, ils coûtaient même plus chers que ceux vendus en officine, parce que, vendu au détail, le produit impacte négativement sur la qualité. Il est conseillé de se rapprocher du pharmacien qui a des médicaments à moindre coût, de qualité et efficaces, que sont les génériques.
PAR Farid Bathily
DÉCLARÉ MORT À TORT, IL ÉCHAPPE DE PEU AU PRÉLÈVEMENT DE SES ORGANES
En octobre 2021, Anthony Hoover est déclaré mort après une overdose dans un hôpital du Kentucky. Alors que tout est prêt pour le prélèvement de ses organes, l'impensable se produit : le "défunt" se réveille
Déclaré mort, Anthony Hoover s’est réveillé alors que les médecins s’apprêtaient à lui prélever ses organes.
"Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais." Depuis trois ans, ce verset biblique est inscrit sur le siège d’Anthony Hoover chez lui. Il s’agit sans doute d’un marqueur de la vie de cet Américain de 36 ans encore appelé "TJ Hoover", depuis que celle-ci a basculé il y a trois ans sur la table d’opération de l’hôpital Baptist Health Hospital de Richmond dans le Kentucky.
Admis sur place totalement inconscient le 25 octobre 2021 à la suite d’une overdose de drogue, Anthony a été déclaré en état de mort cérébrale quatre jours plus tard, après un placement sous appareil respiratoire. Alors que les médecins s’apprêtaient à lui prélever ses organes en tant que donneur, le patient reprend vie.
"Il s’est réveillé", se souvient avoir entendu sa sœur Donna Rhorer de la part des médecins. "Il bougeait dans tous les sens, se débattait. Il s'agitait sur le lit. Et quand on s'est approchés, on pouvait voir qu'il avait des larmes qui coulaient. Il pleurait visiblement", témoigne Natasha Miller, chargée de la préservation d’organes à NPR.
Des signes avant-coureurs
La scène décrite comme "chaotique" par Miller provoque immédiatement le refus des chirurgiens de procéder à l'opération. Des signes avant-coureurs auraient pourtant dû alerter les personnes chargées du patient.
Selon le déroulé des évènements rapporté par Nyckoletta Martin, un autre chargé de la préservation d’organes sur place, Anthony Hoover s'était réveillé et avait manifesté des signes de conscience lors d'un cathétérisme cardiaque destiné à évaluer la viabilité de son cœur dans la perspective d’une transplantation.
Malgré cela, la procédure de don d'organes a suivi son cours. Sa sœur se souvient même l'avoir vu "ouvrir les yeux" lors de son transfert vers le bloc opératoire. "On nous a dit que ce n’étaient que des réflexes, juste une réaction normale", affirme-t-elle.
L’affaire révélée au grand public le mois dernier en marge d’une audience de la Commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants sur les organismes de prélèvement d'organes, fait désormais l’objet d’enquêtes des autorités fédérales et de l’État.
Un système sous pression ?
À en croire certains observateurs, elle remet au goût du jour la controverse sur le concept de "mort cérébrale". La loi américaine datant de 1980 la définit comme "l'arrêt total des fonctions du cerveau". Or, la science révèle aujourd’hui que l'hypothalamus de certains patients dits "morts" peut continuer de réguler la température de leurs corps ainsi que leurs hormones.
Des questions émergent également quant au processus du don d'organes aux États-Unis. Alors que les services du ministère de la Santé estiment à 170 millions le nombre d’Américains inscrits à cet effet, moins de 1% répondent effectivement aux critères spécifiques de l’opération, selon l’organisation fédérale à but non lucratif, Donor Network West.
Cela entraîne 17 décès par jour en liste d'attente de greffe. Trois ans après cet incident, Anthony Hoover vit près de sa sœur. "TJ connaît des difficultés, notamment des problèmes de mémoire à court terme, de vision et d'équilibre. Mais il est assez robuste pour suivre une kinésithérapie plusieurs fois par semaine, et il a gardé son humour", décrit CNN qui lui a rendu visite.
LES PEDIATRES NOTENT UN TAUX ELEVE DE MORTALITE CHEZ LES ENFANTS
Les enfants sont touchés par beaucoup de pathologies. C’est dans ce sens que la société sénégalaise de pédiatrie (Soseped) a organisé un congrès pour parler de ces maladies.
Le congrès de la société sénégalaise de pédiatrie s’est ouvert hier. Ainsi plusieurs thèmes seront abordés à savoir la néonatalogie, l’endocrinologie, la diabétologie, le métabolisme, la pneumonie entre autres. Ainsi, les pédiatres constatent un taux élevé de mortalité chez les enfants.
Les enfants sont touchés par beaucoup de pathologies. C’est dans ce sens que la société sénégalaise de pédiatrie (Soseped) a organisé un congrès pour parler de ces maladies. Selon le président d’honneur de la Soseped, Pr Ousmane Ndiaye, ce congrès passe en revue beaucoup de pathologies, beaucoup de thématiques qui sont extrêmement importantes pour la survie d'un enfant. «Dans nos pays, souvent, il y a un retard de dépistage ou de diagnostic de ces pathologies. Et je pense que cette réunion qui permet de mutualiser les connaissances et les compétences permet de définir les voies et moyens de les dépister très tôt et de mettre en place des stratégies pour les prendre en charge très tôt afin d'éviter cette lourde mortalité », affirme-t-il. A l’en croire, en Afrique, se posent des problèmes de ressources humaines. «D'ailleurs, c'est le principal problème en ce qui concerne les médecins, mais surtout les pédiatres, Nous ne parvenons pas à couvrir tous les besoins au niveau du territoire national», regrette-t-il.
Pour sa part, la présidente de la Soseped Pr Ndèye Ramatoulaye Diagne estime que le congrès abordera la néonatologie, la pathologie infectieuse, mais également la gastroentérologie, la nutrition et des pathologies hématologiques. « Ces thèmes qui seront abordés au cours de ce congrès toucheront à toutes les spécialités de la pédiatrie. Mais le plus important, ce sera de renforcer le partenariat que nous avons avec ces sociétés savantes, et surtout de réfléchir ensemble à des pistes qui nous permettront de mettre en place un système de santé qui est pérenne, bien sûr, mais surtout des solutions adaptées à notre pratique, à notre pratique quotidienne et à nos réalités socioculturelles», soutient-elle. La mortalité néonatale, infantile, juvénile, reste encore élevée dans nos pays, renseigne-t-elle, dans les pays d'Afrique subsaharienne, également dans les pays du Maghreb. « Et il est important pour nous d’échanger pour voir comment est-ce qu'on peut mettre nos forces ensemble pour pouvoir proposer des solutions à nos populations, et surtout à ces populations pédiatriques qui nous sont très chères», déclare Pr Ndèye Ramatoulaye Diagne.
Revenant sur les solutions, elle est d’avis que les premières consistent à renforcer les réseaux à travers lesquels les formations sont organisées, que ce soit des formations théoriques, mais pratiques. «Ce qui nous est possible dans le cadre de ce partenariat, c'est de faire des échanges entre nos universités, entre nos structures hospitalières, pour toujours aller dans le sens de renforcer les compétences des pédiatres, aussi bien les pédiatres qui sont déjà en activité que ceux que nous formons»
Pour rappel, le congrès de l’association sénégalaise de pédiatrie est couplé à l’association des Pédiatres de Langue Française. Pour Pr Ousmane Ndiaye, c’est un grand rendez-vous « du donner et de recevoir, puisque nous recevons toutes les sociétés savantes d'Afrique subsaharienne, mais également du Maghreb et celles savantes d'Europe. Voilà, pour dire que c'est un congrès conjoint, c'est le 10e congrès de l'association, donc conjoint avec le congrès de l'Association des Pédiatres de Langue Française, cette association qui regroupe des pédiatres des sociétés savantes d'Afrique noire, d'Afrique subsaharienne, du Maghreb, mais également des sociétés savantes d'Europe».
LES PHARMACIENS VEULENT SOIGNER LES MAUX DES OFFICINES
La question de l’accès aux médicaments et celle des médicaments illégaux ont été, entre autres questions, au centre des Journées du médicament, organisées par le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, le week-end à Saly.
La question de l’accès aux médicaments et celle des médicaments illégaux ont été, entre autres questions, au centre des Journées du médicament, organisées par le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, le week-end à Saly.
Le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps) a clôturé, ce week-end à Pointe Sarène, la 4ème édition des Journées du médicament. Cette rencontre, présidée par Ibrahima Sy, ministre de la Santé et de l’action sociale, a permis aux acteurs de la santé d’échanger, de débattre et de dessiner ensemble les contours d’une évolution constructive du domaine pharmaceutique au Sénégal. D’ailleurs, cette année, le thème central était : «L’économie du médicament : le Sénégal face aux mutations du système sanitaire.»
Au terme de cette édition, Dr Serigne Ahmadou Bamba Ndour, président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps), est revenu largement sur la réglementation pharmaceutique, notamment l’inspection en officine et l’impact de la nouvelle loi 2023-06 sur l’exercice de leur métier. «Cette nouvelle législation vise à moderniser et à renforcer la régulation du secteur pharmaceutique, afin de répondre aux exigences de sécurité sanitaire, d’efficacité des traitements et de bonnes pratiques professionnelles adaptées aux réalités locales. Nous avons aussi examiné les implications de cette loi sur notre quotidien, notamment dans le cadre des inspections en officine, et plaidé pour une meilleure intégration des compétences des pharmaciens d’officine dans leurs missions de santé publique. Il est indispensable que nous redéfinissions ensemble nos rôles pour optimiser la prise en charge des patients, tout en garantissant l’accès à des médicaments sûrs et efficaces», a déclaré Dr Ndour.
D’autres défis, liés au marché parallèle et à la vente illicite de médicaments qui nuisent non seulement à la santé publique, mais aussi à la survie économique des officines légalement installées, ont été abordés. Il n’a pas fait dans la langue de bois. «Il est urgent de renforcer la lutte contre ces pratiques illégales qui compromettent la confiance dans notre profession. Il y a aussi le renchérissement du prix du médicament. Donc, vous conviendrez avec moi que l’officine traverse des difficultés et 40% des pharmacies sont actuellement en difficulté alors qu’on tend vers une souveraineté pharmaceutique», rappelle le président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps).
La cherté des médicaments était aussi au cœur des débats et à ce sujet, Dr Ahmadou Bamba Ndour est convaincu que les médicaments sont chers «parce que nous dépendons à 95% de l’étranger. Les médicaments ne sont pas produits ici au Sénégal, d’où le thème qu’on a choisi : «La relance de l’industrie pharmaceutique, la souveraineté pharmaceutique»». Dr Ndour va d’ailleurs expliquer : «Quand on aura atteint nos objectifs de produire au minimum 80% de nos officines ici localement, je pense qu’on aura la mainmise sur le coût du médicament. La matière première et l’électricité coûtent cher, et je pense qu’avec un bon accompagnement de nos autorités de tutelle, nous pourrons atteindre nos objectifs. Ce seront des médicaments plus accessibles, de qualité et de moindre coût. Et c’est de ça que l’on a besoin pour mettre ainsi fin à ces ruptures récurrentes que nous connaissons. Donc d’ici 2035, on a comme objectif la production de 50% de nos besoins ici. Je pense qu’on va y arriver avec l’appui de nos autorités», se dit convaincu Dr Ndour.
Le responsable des pharmaciens du Sénégal avertit : «Il y a deux semaines, on a déposé des plaintes contre des grossistes qui se sont installés de manière illégale et illicite à Touba, et nous comptons poursuivre ce mécanisme de dénonciation pour que ce marché parallèle qui porte atteinte à la santé de la population puisse définitivement disparaître de l’échiquier sanitaire sénégalais.»
En écho à ces défis, Ibrahima Sy, ministre de la Santé et de l’action sociale, qui présidait la cérémonie de clôture de ces 4èmes journées du médicament, s’est réjoui de la tenue de ces journées en déclarant que le médicament est un maillon important dans le dispositif de santé publique et aussi dans l’économie sénégalaise. «Ce que nous voulons, c’est que les Sénégalais puissent avoir accès à des médicaments de qualité et à moindre coût, et je pense que les Journées du médicament vont permettre de réfléchir sur toutes ces questions et d’avoir des solutions qui peuvent aider à satisfaire cette demande. Il faut dire que les médicaments, surtout la pharmacie, sont la priorité du gouvernement, parce qu’on a parlé de voir comment faire pour relancer la production locale, tout en gardant l’agenda de transformation de 2050.»
LE CRES SUGGERE UNE NOUVELLE APRROCHE DE LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE
L’économiste Abdoulaye Diagne, directeur du Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), a proposé, jeudi, à Dakar, que de nouvelles orientations soient données au programme de couverture maladie universelle (CMU)
Dakar, 24 oct (APS) – L’économiste Abdoulaye Diagne, directeur du Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), a proposé, jeudi, à Dakar, que de nouvelles orientations soient données au programme de couverture maladie universelle (CMU) mis en œuvre par l’État du Sénégal, l’adhésion obligatoire des citoyens par exemple à cette initiative de santé publique.
“Il faut que de nouvelles orientations soient données à la couverture maladie universelle, afin que l’accès aux soins de santé […] soit [garanti à] toutes les Sénégalaises et [à] tous les Sénégalais”, a soutenu M. Diagne.
Il intervenait à un débat sur le développement du capital humain au Sénégal, à l’initiative du CRES et du Consortium pour la recherche économique en Afrique, basé à Nairobi.
Les deux centres de recherche ont organisé cette rencontre à la suite de travaux consacrés au développement du capital humain.
Garantir une couverture maladie à tous les Sénégalais revient à “se saisir d’un certain nombre de résultats et de conclusions de recherches”, estime le directeur du CRES, un centre de recherche basé à Dakar.
Abdoulaye Diagne pense que le libre choix laissé aux populations d’adhérer au programme de CMU ou de ne pas le faire empêche l’enrôlement des personnes ne disposant pas d’une assurance maladie.
L’État doit faire en sorte que chaque citoyen puisse se soigner, a plaidé M. Diagne, suggérant que l’adhésion à l’initiative de couverture maladie universelle soit une obligation pour tout le monde.
“Nous avons noté une amélioration de la prise en charge des personnes bénéficiaires de la CMU”, a signalé Fanta Ndioba Sylla, chercheure au CRES.
Selon elle, le programme de couverture maladie universelle suscite peu d’engouement chez les personnes évoluant dans l’économie dite informelle, alors même que ces dernières sont la principale cible de ce programme de santé publique, a rappelé Mme Sylla.
L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE SÉNÉGALAISE VISE 50% DE PRODUCTION LOCALE D'ICI 2035
Les médicaments coûtent au Sénégal parce 95 % de ceux qui sont commercialisés dans le pays proviennent de l’étranger, a signalé Serigne Ahmadou Bamba Ndour.
L’industrie pharmaceutique sénégalaise aspire à produire, d’ici à 2035, la moitié des médicaments dont le pays a besoin, a-t-on appris, samedi, à Pointe Sarène, dans le département de Mbour (ouest), du président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, Serigne Ahmadou Bamba Ndour.
‘’Nous avons comme objectif majeur, d’ici à 2035, de produire 50 % de nos besoins en médicaments, ici, au Sénégal. Je pense qu’on va y arriver avec l’aide des autorités’’, a dit M. Ndour.
Il prenait part à la quatrième édition des Journées du médicament. ‘’L’économie du médicament : le Sénégal face aux mutations du système sanitaire’’ est le thème de cette rencontre du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal.
Les médicaments coûtent au Sénégal parce 95 % de ceux qui sont commercialisés dans le pays proviennent de l’étranger, a signalé Serigne Ahmadou Bamba Ndour, assurant : ‘’Avec un bon accompagnement [du ministère] de tutelle, nous atteindrons notre objectif.’’
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, a assuré les pharmaciens privés du soutien de l’État.
Le ministère travaille à ‘’l’accès de tous les Sénégalais à des médicaments de qualité et à moindre coût’’, a ajouté M. Sy en présidant la cérémonie de clôture des Journées du médicament.
‘’Les médicaments [sont une] priorité pour le gouvernement, qui table sur une relance de la production pharmaceutique locale’’, a souligné le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
‘’Plus nous produirons, mieux nous réduirons nos importations. Les médicaments coûteront moins cher aussi’’, a dit Ibrahima Sy.
UNE CONSOMMATION DE SEL AU-DELÀ DES NORMES DE L’OMS
Les chercheurs ont mis en lumière une consommation quotidienne pouvant atteindre plus de 600% de la dose recommandée, particulièrement dans les plats à base de riz
Le laboratoire de Chimie Analytique et Bromatologie de la Faculté de médecine et pharmacie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, a estimé qu’il y a une surconsommation de sel chez le Sénégalais, avec des apports sodés supérieurs à la valeur guide recommandée par l’Oms. Selon une étude réalisée à Dakar et Thiès, il est ressorti que les scénarii de consommation révèlent que ces populations consomment entre 8,81 et 32,34g de sel/jour, soit 176,2 à 646,8 % de la valeur guide de 5g de sel par jour recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Ce n’est plus un secret, le Sénégalais a une tradition de malbouffe. Soit, il consomme trop salé, trop sucré ou encore trop cuit et très huilé. Au Sénégal, selon les statistiques du ministère de la Santé et de l’action sociale, 29,8% des adultes sont des hypertendus connus. Parmi tous les facteurs alimentaires qui provoquent cette maladie, le sel et son incidence sur la pression sanguine sont de loin les mieux attestés.
En 2021, le laboratoire de Chimie Analytique et Bromatologie de la Faculté de médecine et pharmacie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est intéressée aux habitudes de consommation des Sénégalais dans deux régions. L’objectif de cette étude, selon le professeur Serigne Omar Sarr, était d’estimer les apports alimentaires en sel des populations sénégalaises sur la base de scénarii de consommation. « Les données analytiques relatives à la teneur en sel de plats à base de mil et de riz, les plus couramment consommés, sont corrélées avec celles relatives aux habitudes de consommation alimentaires disponibles. A cet effet, nous notons une surconsommation de sel chez le Sénégalais, avec des apports sodés supérieurs à la valeur guide recommandée par l’OMS » a-t-il fait comprendre.
L’enquête nationale STEPS sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles (Mnt), menée chez la population adulte au Sénégal, révèle des prévalences globales de l’obésité et du surpoids qui sont respectivement de 6,4% et 15,8%. Cette enquête rapporte également que 29,8% des adultes sénégalais sont des hypertendus connus.
Pour la dite étude, il est admis que le Sénégalais consomme trop de sel. A Dakar, l’étude rapporte que 98% des ménages consomment du riz au déjeuner et 46% le consomment aussi au diner, surtout au niveau des départements de Pikine et Guédiawaye. Parmi ces 46%, 23% prélèvent sur le repas de midi pour le diner. A Thiès, 86% des ménages consomment du riz au déjeuner et 11% le consomment aussi au diner. Il est considéré que ces 11% prélèvent sur le repas de midi. Dans ces scénarios, 23% des Dakarois et 11% des Thiessois consomment entre le déjeuner et le diner au moins une quantité minimale de sel comprise entre 2-fois (déjeuner et diner) la quantité de sel du plat qui en contient le moins, c’est-à-dire le riz au poisson rouge et 2-fois la quantité retrouvée dans le plat qui en contient le plus de riz au poisson blanc. « Afin de déterminer la quantité de sel consommée par les populations de Dakar et de Thiès, des scénarii ont été proposés en se basant sur les résultats d’études sur les habitudes de consommation des populations au Sénégal. Ils ont permis d’estimer une consommation journalière en sel variant de 8,18g à 32,34g pour ces populations. Il s’agit des valeurs minimale et maximale des scénarii dans ces deux villes. Ces valeurs sont environ 3 à 6,5 fois supérieures à la valeur recommandée par l’OMS ».
Rappelons que la quantité moyenne de sel ajoutée, consommée par jour par un sénégalais dans les ménages est estimée à 5g. Ceci montre que la quantité de sel apportée par les aliments est 2- à 5-fois supérieure à celle ajoutée à la cuisson des plats. Ainsi, selon leurs habitudes alimentaires, le Dakarois comme le Thiessois consomment, en moyenne, au moins 16,92g de sel par jour avec un minimum de 8,81g/j et un maximum de 32,34g/j. A cela, il faut ajouter la quantité de sel apportée par le petit déjeuner dans certains cas et les autres types de collation consommés dans la journée. « Paradoxalement, environ 87,9% des Sénégalais pensent ne consommer juste que la quantité de sel appropriée. Il s’avère donc nécessaire de mettre en place des actions d’information et de sensibilisation, sur le niveau de consommation de sel de la population sénégalaise », a fait savoir Pr Sarr.
DÉPISTAGE TARDIF DES CANCERS FÉMININS À TAMBACOUNDA, UN APPEL POUR PLUS DE MOYENS
Le docteur Boubacar Beydi Diarra plaide pour un renforcement des ressources humaines et matérielles pour améliorer la prise en charge des patientes.
Les cas de cancer du sein et du col de l’utérus sont souvent diagnostiqués lorsqu’ils atteignent “un stade très avancé”, a signalé, mercredi, le chef du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital régional de Tambacounda (est), Boubacar Beydi Diarra, relevant en même temps l’insuffisance des moyens mis à la disposition de cet établissement de santé pour le traitement des cancers.
Dix-huit cas de cancer du col de l’utérus et huit cas de cancer du sein ont été diagnostiqués dans cet hôpital relevant du service public en 2023 et 2024, a-t-il signalé à l’occasion de la campagne Octobre rose, dédiée à la sensibilisation et à la mobilisation contre les cancers féminins.
L’année dernière, 10 cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués à l’hôpital régional de Tambacounda, contre huit cette année, a-t-il signalé dans un entretien avec l’APS.
Concernant le cancer du sein, cinq cas ont été dénombrés l’année dernière, contre trois cas cette année, selon M. Diarra.
Ce médecin, chef du service de gynécologie-obstétrique dudit hôpital, signale que les cas de cancer sont souvent diagnostiqués lorsqu’ils atteignent un “stade très avancé”.
“Malheureusement, les personnes porteuses de ces cancers arrivent à l’hôpital à un stade très avancé de la maladie”, a-t-il observé.
Boubacar Beydi Diarra rappelle que le cancer du col de l’utérus “ne survient pas du jour au lendemain”. “C’est un long processus”, a expliqué M. Diarra, relevant “le caractère trompeur” des statistiques par rapport à la prévalence réelle des cancers.
“Ces données sont trompeuses, car s’il y a des patients qui arrivent ici tardivement, cela veut dire qu’il y a peut-être des cas de cancer en dormance, des cas qui seront diagnostiqués plus tard, à un stade avancé” de la maladie, a-t-il expliqué.
Le gynécologue-obstétricien a noté un engouement des femmes pour le dépistage du cancer du sein au cours de la campagne Octobre rose.
Les femmes viennent en nombre se faire dépister, selon Boubacar Beydi Diarra. “On doit leur dire que le dépistage ne se fait pas seulement durant la campagne Octobre rose. Ça se fait pendant toute l’année.”
L’hôpital régional de Tambacounda dispose de certains outils nécessaires pour le dépistage des cancers féminins, selon M. Diarra. “Pour le dépistage du cancer du col, nous avons tous les outils nécessaires, à l’exception des tests HPV”, a-t-il signalé.
Concernant le cancer du sein, les tests sont envoyés à Dakar en vue d’analyses permettant d’indiquer leurs résultats, selon le médecin.
“Les cas de cancer confirmés à Tambacounda sont transférés à Dakar, où il y a toutes les compétences nécessaires à leur prise en charge”, a-t-il dit, réclamant le renforcement des ressources humaines et du matériel nécessaire pour le traitement des cancers féminins à Tambacounda.
“Comme beaucoup d’autres régions médicales, nous n’avons pas d’anatomopathologistes, c’est-à-dire des médecins qui confirment le diagnostic. Nous sommes obligés d’envoyer les prélèvements à Dakar”, a expliqué le gynécologue-obstétricien.
DERRIÈRE LE FOLKLORE D’OCTOBRE ROSE, DES PATIENTS LUTTENT DANS UN SYSTEME DE SANTE EN CRISE
Alors que la campagne 'Octobre rose' bat son plein avec son lot d'activités festives, les oncologues font face à une situation alarmante. : plateaux techniques défaillants, ruptures de médicaments et listes d'attente interminables
Le format actuel de la campagne «Octobre rose» est décrié par des praticiens de la santé qui parlent d’un folklore à la place d’une vraie intervention de santé publique. Une campagne qui ne montre pas la réalité dans les structures sanitaires où les médecins font face à une surcharge de travail, avec des plateaux techniques mal équipés, des centres très insuffisants, des radiothérapies fréquemment en panne. Last but not least des ruptures de médicaments et beaucoup de malades sur liste d’attente pendant que les cas ne cessent d’augmenter. L’oncologue, Dr Kanta Kâ dénonce…
Depuis quelques années et à l’instar de la communauté internationale, des associations de lutte contre le cancer mènent des activités de communication, de sensibilisation et de dépistage du cancer du sein. Ce, tout au long du mois d’octobre dans le cadre de la campagne dénommée «Octobre rose».
Démarrées le 01er octobre au Sénégal avec une randonnée pédestre, les festivités se poursuivent avec surtout des journées de dépistage à la Lisca (Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer) et dans certaines localités cibles au niveau régional. Le dépistage reste l’activité cléf de la campagne pour une détection précoce des cas. Les acteurs sensibilisent également sur cette maladie sournoise et très coûteuse car nécessitant beaucoup de moyens financiers, mais surtout un accompagnement psychologique. Interpellés sur l’importance de la campagne dénommée «Octobre rose», des praticiens de la santé y voient un caractère plutôt folklorique à la place d’une vraie intervention de santé publique. Parce que l’activité bat son plein au moment où les malades souffrent de la longue liste d’attente dans des structures où les moyens de diagnostic ne sont presque pas disponibles.
L’oncologue et radiothérapeute au Chu Dalal Jamm de Guédiawaye, Dr Kanta Kâ, fait une analyse effrayante de la situation. «En ce mois d’Octobre Rose, il est temps de regarder la réalité en face. Derrière les festivités, des patients luttent dans un système de santé en crise. Les outils sont inadaptés, les médicaments essentiels manquent et l’accès aux soins est un parcours du combattant», a-t-elle martelé, dénonçant ainsi le folklore dans un système où la réalité est impitoyable. Déjà, dit-elle les services de diagnostiques sont démunis. «L’IRM n’existe qu’à Dakar et Touba, et hors de portée pour la plupart», dit-elle.
Pour le cas de Touba, Dr indique que l’IRM fonctionne, mais que la demande reste très forte. En radiothérapie, elle s’indigne du fait que «seul un centre privé, inabordable pour la majorité, fonctionne correctement». Sans compter «les pannes à Dalal Jamm qui sont aussi fréquentes et les efforts du Dr Maimouna Mané à Touba ne suffisent pas à combler les manques», a souligné Dr Kâ qui se demande «Comment peut-on espérer mieux avec seulement deux services mal équipés pour 18 millions de personnes ? Et on s’étonne encore de l’existence de listes d’attente interminables ? Que faisons-nous ? Nous prétendons sensibiliser et dépister, tout en sachant que les listes d’attente ne cessent de s’allonger», s’est offusqué l’oncologue.
Qui déclare que cette situation a fait que les praticiens en nombre insuffisant font aujourd’hui face à une charge de travail incroyable, et avec des centres mal équipés. «L’anatomopathologie est rare et mal équipée avec des résultats qui prennent des mois. Les oncologues médicaux, marginalisés et peu nombreux, peinent à offrir des soins adaptés. Quant aux chirurgiens, épuisés par un surmenage constant, ils finissent par devenir amers et parfois même discourtois, malgré leurs efforts pour maintenir le cap», a-t-elle fait savoir. Pour dire que, pendant qu’on est dans le folklore pendant 30 jours, la réalité est tout autre.
A côté des cas qui ne cessent d’augmenter, le médecin dénonce la situation dans laquelle travaillent ses collègues toujours «débordés» du fait de leur surcharge de travail, des ruptures de produits anticancéreux, des radiothérapies «surutilisées et fréquemment en panne» du fait de la forte demande. Sans compter la longue liste d’attente de malades déjà inscrites. Et donc plus chanceuses aux patientes démunies qui arrivent à l’hôpital à un stade très avancé de la maladie. Docteur Kâ ne mâche pas ses mots. La stratégie menée dans le cadre d’Octobre rose ne semble pas être la bonne pour la lutte contre le cancer. Il indique que «chaque membre de la population porte une part de responsabilité dans le malheur de ces malades, et chacun rendra des comptes devant Dieu. Nous nous montrons préoccupés, ou du moins faisons semblant, mais nous en paierons tout le prix. Nous sommes les premiers à incarner cette hypocrisie. La conscience est pire que l’enfer et vous paierez tous, vous les 18 millions de fautifs».
Dr Kanta Kâ indique que «tous sont coupables» de ce folklore qui est loin de la réalité dans laquelle vivent les patientes et les médecins qui évoluent dans un sytème de santé en crise.
SPEAK UP AFRICA ENGAGE LA RÉFLEXION SUR LA SANTÉ EN AFRIQUE
Depuis une dizaine d’années, Speak Up Africa rassemble des décideurs politiques et des acteurs clés engagés pour bâtir une Afrique plus saine et prospère
Depuis une dizaine d’années, Speak Up Africa rassemble des décideurs politiques et des acteurs clés engagés pour bâtir une Afrique plus saine et prospère. Hier, mardi 22 octobre, les acteurs ont franchi une nouvelle étape avec la journée Speak Up Africa pour discuter des défis sanitaires en Afrique. Une rencontre qui entre dans le cadre de leur mission d’amélioration de la santé publique.
Si le problème des ressources humaines de qualité se pose dans la mise en œuvre des programmes de santé, celui du financement reste aussi crucial. Au Sénégal, le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas), venu présider la cérémonie de lancement la journée Speak Up Africa a tenu à relever: « la plupart des pays africains n'ont pas toujours atteint les objectifs fixés dans la Régulation d'Afrique de 2001 sur laquelle les gouvernements s'étaient mis d'accord pour l'allocation de 15% de leur budget à la santé. Ce constat met à lumière l'importance d'une action collective concertée pour surmonter ces défis financiers et souligne que seule une collaboration étroite entre les différentes parties permettra de répondre efficacement aux besoins croissants en matière de santé ».
Pour Serigne Mbaye, l'engagement des syndicats africains montre la voie à suivre pour offrir un avenir assuré aux populations. « Mon espoir est que ces émissions se concluent par des solutions durables qui transformeront concrètement nos systèmes de santé et renforceront nos capacités collectives à améliorer la vie de millions de personnes. Cette Assemblée n'est pas une simple rencontre, c'est un bataillon à l'action, à la mobilisation. Nous devons repenser nos modèles de financement de la santé en explorant des partenariats public-privé innovants. Nous devons investir massivement dans la formation de nos jeunes. Nous devons exploiter des technologies émergentes pour étendre la portée de nos services de santé, notamment dans les zones écologiques», a-t-il fait savoir.
Et d’ajouter: « nous devons également renforcer la coopération régionale pour mutualiser nos ressources et nos expertises. Nous devons développer des programmes de prévention et d'éducation à la santé adaptés à nos contextes culturels, en même temps que nos communautés locales. Nous devons créer un réseau panafricain de recherche en santé pour stimuler l'innovation locale et développer des solutions adaptées à notre dispositif. Mon espoir est que de ces discussions émergeront des solutions concrètes, audacieuses et durables. Des solutions qui non seulement transformeront nos systèmes de santé, mais redéfiniront également notre approche du développement panafricain ».
Du côté de Speak up frica, la secrétaire exécutive Yacine Djibo a fait entendre : « nous savons que les solutions aux défis sont celles africaines. Ce sont des solutions que nous avons tous et on souhaiterait ensemble, avec vous, pouvoir engager toutes les parties prenantes dans un partenariat et dans un collectif. Hier, nous étions à une activité, et un des messages forts était qu'il était important que les Africains et les organisations africaines se mettent ensemble et travaillent dans le cadre d'un projet commun. Et c'est vraiment tout l'esprit de ce que nous souhaitons avoir dans nos vies à travers cette journée ».
Pour atteindre les objectifs de la journée et amener une synergie d’action, Serigne Mbaye, secrétaire général du Msas, a renseigné que pour l'État, ces efforts nécessitent une coordination entre les différents secteurs, notamment les décideurs, la société civile et le secteur privé. « L'Afrique reste la région du monde où les enjeux de santé sont les plus importants et les plus critiques. Elle apprête seulement 1,3% des proportionnalités de la santé, alors qu'elle porte à elle seulement 25% de la charge mondiale de maladies. Le continent n'a pas encore achevé sa croissance épidémiologique, mais il doit rendre un double défi. D'une part, il doit éradiquer les maladies endémiques, telles que le paludisme et les maladies tropicales négligées. D'autre part, il doit également lutter contre le développement de maladies chroniques comme le cancer, le diabète. Et à toutes ces maladies qui s'ajoutent sur les nouvelles infections émergentes et infectieuses comme la Covid19 ».