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22 avril 2025
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COLOBANE, LE MARCHÉ MYTHIQUE DE DAKAR QUI SE BAT POUR SA RÉPUTATION
On y trouve du tout. Des habits aux téléphones portables en passant par les fournitures scolaires et la friperie. L’histoire de ce marché est également rattachée aux cas de vols fréquents que subissent les clients
VOA Afrique |
Seydina Aba Gueye |
Publication 13/10/2023
La maquette de Colobane, le marché où l’on peut tout trouver comme tout perdre. C’est l’un des marchés les plus célèbres et les plus anciens de la capitale sénégalaise. On y trouve du tout. Des habits aux téléphones portables en passant par les fournitures scolaires et la friperie. L’histoire de ce marché est également rattachée aux cas de vols fréquents que subissent les clients. Les riverains eux, se battent contre les préjugés et la mauvaise réputation de leur quartier.
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SONKO RÉTABLIT DANS SES DROITS
Le tribunal de grande instance de Ziguinchor a annulé la radiation de l'opposant du fichier électoral, a déclaré ce jeudi soir, Me Étienne Ndione, l’un de ses avocats, à l'issue d'une audience marathon
avec Farid Akélé de SenePlus |
Publication 12/10/2023
Le tribunal de grande instance de Ziguinchor (sud) a annulé la radiation d’Ousmane Sonko du fichier électoral, a déclaré, jeudi, Me Étienne Ndione, l’un des avocats de l’opposant.
‘’Le juge a pris ses responsabilités en disant qu’Ousmane Sonko doit être réintégré, réinscrit par les services compétents du ministère de l’Intérieur’’, a dit Me Ndione à la presse.
"Le juge a fait montre d'un courage énorme. C'est une fierté. Tout le monde a été surpris et déçu par l'attitude de l'État du Sénégal qui après avoir nommé un juge, propose sa récusation en pleine audience. Comment est-ce que cela a pu se faire ? Est-ce que le juge a refusé de céder aux tentations ? Mais ce qu'il faut surtout retenir, c'est que c'est un vent de liberté et d'indépendance qui souffle dans les rangs des magistrats. Ce vent de liberté inspirera d'autres juges parce que j'ai dit, j'ai dit qu'il existe dans ce pays des juges fiers, des juges honnêtes, des juges indépendants, des juges courageux", a pour sa part réagi son collègue maître Ciré Clédor Ly.
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BATAILLE JUDICIAIRE SOUS TENSION À ZIGUINCHOR
Les avocats d'Ousmane Sonko ont contesté ce jeudi sa radiation des listes électorales devant la justice, suscitant des manifestations de ses partisans et des affrontements avec les forces de l'ordre
La situation politique au Sénégal est marquée par une intense bataille judiciaire concernant la candidature d'Ousmane Sonko, un opposant emprisonné et ancien maire de Ziguinchor. Sa radiation des listes électorales l'empêche de participer à l'élection présidentielle prévue en février 2024. Ses avocats ont contesté ce jeudi cette décision devant la justice, suscitant des manifestations de ses partisans et des affrontements avec les forces de l'ordre.
Ils soutiennent que la condamnation de leur client n'est pas définitive, car il a été arrêté depuis sa condamnation en juin. Les conseils du maire de Ziguinchor invoquent les textes en vigueur sur la contumace, qui stipulent que la personne condamnée par doit être rejugée une fois arrêtée. La contestation de sa radiation des listes électorales devant le tribunal représente une dernière chance pour Ousmane Sonko de pouvoir participer à l'élection présidentielle.
Cette affaire soulève des inquiétudes quant à la démocratie et à l'État de droit au Sénégal. Les partisans d'Ousmane Sonko estiment qu'il est victime d'une persécution politique visant à l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle. La décision de le condamner par contumace et de le radier des listes électorales soulève des questions sur l'indépendance de la justice et le respect des droits des opposants politiques.
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UN NOUVEAU GOUVERNEMENT DE 39 MEMBRES
Macky Sall a mis en place mercredi une équipe gouvernementale marquée par des permutations, des retours et de nouvelles entrées. Sidiki Kaba est ministre de l’Intérieur, Antoine Diome hérite du portefeuille des Énergies, Aissata Tall Sall à la Justice
Le président de la République, Macky Sall, et le Premier ministre, Amadou Ba, ont constitué un gouvernement de 39 ministres, dont voici la liste :
Oumar Youm , ministre des Forces armées ;
Aïssata Tall Sall, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;
Ismaïla Madior Fall, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur ;
Sidiki Kaba, ministre de l’Intérieur ;
Mamadou Moustapha Ba, ministre des Finances et du Budget ;
Mansour Faye, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement ;
Samba Ndiobène Ka, ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire ;
Doudou Ka, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération ;
Cheikh Oumar Hann, ministre de l’Éducation nationale ;
Moussa Baldé, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ;
Mariama Sarr, ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion ;
Serigne Mbaye Thiam , ministre de l’Eau et de l’Assainissement ;
Fatou Diané , ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants ;
Marie Khémess Ngom Ndiaye, ministre de la Santé et de l’Action sociale
Oumar Sarr, ministre des Mines et de la Géologie ;
Antoine Diome, ministre du Pétrole et des Énergies ;
Antoine Mbengue, ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires ;
Alioune Ndoye, ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique ;
Pape Sagna Mbaye, ministre des Pêches et de l’Économie maritime ;
Samba Sy, ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions ;
Abdoulaye Seydou Sow, ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique ;
Abdou Karim Fofana, ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises, porte-parole du gouvernement ;
Moustapha Diop, ministre du Développement industriel et des Petites et moyennes industries ;
Thérése Faye Diouf, ministre du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Équipé sociale et territoriale ;
Victorine Ndeye, ministre de la Microfinance, de l’Économie sociale et solidaire ;
Modou Diagne Fada, ministre des Collectivités territoriales, de l’Aménagement et du Développement des territoires ;
Papa Malick Ndour, ministre de la Jeunesse, de l’Entrepreneuriat et de l’Emploi ;
Lat Diop, ministre des Sports ;
Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme et des Loisirs ;
Aliou Sow, ministre de la Culture et du Patrimoine historique ;
Moussa Bocar Thiam, ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique ;
Gallo Ba, ministre de la Fonction publique et de la Transformation du secteur public ;
Birame Faye, ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel ;
Daouda Dia, ministre de l’Élevage et des Productions animales
Ministres délégués :
Annette Seck, ministre auprès du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, chargée des Sénégalais de l’extérieur ;
El Hadji Momar Samb, ministre auprès du garde des Sceaux, ministre de la Justice, chargé de la Bonne gouvernance de la Promotion des droits humains ;
Saliou Sow, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, chargé de la Sécurité de proximité et de la Protection civile ;
Issakha Diop, ministre auprès du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, chargé de la Prévention et de la Gestion des inondations.
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ACCIDENT DE LA ROUTE, UN BILAN GLOBAL DRESSE
Près de 700 victimes d’accidents de la route résultant dans 90 % des cas de facteurs humains ont été recensées au Sénégal en 2022, a annoncé, mardi, à Dakar, le directeur exécutif de l’Association des assureurs du Sénégal, Mactar Faye.
Dakar, 10 oct (APS) – Près de 700 victimes d’accidents de la route résultant dans 90 % des cas de facteurs humains ont été recensées au Sénégal en 2022, a annoncé, mardi, à Dakar, le directeur exécutif de l’Association des assureurs du Sénégal, Mactar Faye.
‘’L’accident de Sikilo (région de Kolda) a été une alerte pour l’Etat, avec des mesures très importantes prises, dont l’interdiction pour les véhicules de transport de circuler entre régions, la nuit, de minuit à 5 heures du matin. Depuis lors, nous notons des résultats positifs’’, s’est-il réjoui lors de la célébration de la 18e Semaine nationale de la prévention routière.
Les acteurs des transports vont ‘’rassembler leurs énergies’’ pour ‘’trouver ensemble des réponses et arrêter le massacre sur les routes’’.
Le secrétaire exécutif de l’Association des assureurs du Sénégal, qui a été directeur de la prévention routière pendant plusieurs années, rappelle que la Semaine nationale de la prévention routière est un ‘’temps fort’’ de mobilisation nationale contre l’insécurité sur les routes.
Depuis 2003, a-t-il rappelé, elle est célébrée au Sénégal, avec une campagne de communication visant à ‘’informer et [à] orienter les usagers sur le type de comportement à avoir sur la route’’, a souligné Mactar Faye.
‘’C’est un moment de dialogue, d’échange et de partage sur les bonnes pratiques, les expériences, car la sécurité routière est un sujet fédérateur et sociétal, qui nous interpelle tous’’, a-t-il dit.
Le thème choisi cette année est : ‘’Quel plaidoyer pour une sécurité routière durable au Sénégal ?’’
Mactar Faye estime qu’il ne s’agit plus aujourd’hui de s’attarder sur les causes des accidents, mais plutôt de ‘’voir quelles solutions adopter pour les réduire au maximum’’. Il a ainsi plaidé pour la formation à travers l’éducation routière dans les programmes scolaires mais également la sensibilisation et la sanction en cas d’infractions.
‘’L’Etat essaie, depuis des années, de mettre en place un système de délivrance de permis de conduire à points, d’améliorer les infrastructures routières et le facteur technique en mettant en place un centre de visite technique moderne’’, a-t-il précisé.
‘’Pour cette édition, toutes les recommandations pertinentes qui sortiront de cette semaine seront versées dans les projections qui sont prévues dans la stratégie nationale de sécurité routière’’, a révélé Boubacar Diop, secrétaire général de l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER).
Réduire le nombre d’accidents de 50 %
Il précise que l’objectif de l’Etat est de réduire d’ici à 2030 le nombre d’accidents de 50 %. La Semaine nationale de la prévention routière sera l’occasion de mener sur le terrain des campagnes de sensibilisation, selon M. Diop.
Evoquant le nombre important d’accidents enregistrés chaque année sur les routes sénégalaises, le directeur de la Nouvelle Prévention routière du Sénégal, Mor Adji, souligne que la sécurité routière est plus que jamais un enjeu majeur pour le pays. ‘’C’est notre responsabilité à tous’’, a-t-il lancé.
‘’C’est un combat quotidien sans relâche pour sauver des vies, pour éviter des accidents et améliorer la sécurité sur nos routes’’, a ajouté M. Adji.
La présidente de l’Association des assureurs du Sénégal, Oumou Niang Touré, estime que les solutions sont à rechercher auprès de toutes les parties concernées pour agir ensemble et arrêter le massacre sur les routes.
La 18e édition de la Semaine nationale de la prévention routière va permettre aux acteurs du secteur des transports d’échanger sur les bonnes pratiques et les solutions permettant de réduire les accidents de la route.
Diverses activités de sensibilisation sont prévues quotidiennement jusqu’au 14 octobre.
Une table ronde est également au menu des activités et va réunir des panélistes qui appartiennent à plusieurs disciplines et secteurs, comme la médecine, la sociologie, la police, la gendarmerie, les transporteurs et les assurances pour trouver les meilleures solutions et les proposer à l’Etat.
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JUAN BRANCO ÉVOQUE LA RÉPRESSION AU SÉNÉGAL ET LES PARALLÈLES EN FRANCE
L'avocat franco-espagnol parle de son arrestation au Sénégal et de son engagement pour défendre des mouvements citoyens, notamment Ousmane Sonko. Il parle des menaces subies en raison de son activisme
Juan Branco parle de son arrestation au Sénégal et de son engagement pour défendre des mouvements citoyens, notamment Ousmane Sonko. Il évoque les similitudes entre les répressions en France et au Sénégal, ainsi que les menaces qu'il subit en raison de son activisme.
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PATRICK CHAMOISEAU À COEUR OUVERT
Le célèbre écrivain partage sa perspective sur le bonheur, la création artistique et sa préoccupation pour la reconnaissance des peuples de la Caraïbe
Le célèbe écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau discute de sa vie en tant qu'écrivain, travailleur social et politique. Il aborde la nécessité de sublimer l'angoisse existentielle par l'art. Son engagement politique vise à faire reconnaître les peuples de la Caraïbe et des Amériques.
Il évoque son manifeste pour un projet global en 2000 avec Édouard Glissant et parle de son dernier texte, "Faire Pays, éloge de la responsabilisation", qui promet l'interdépendance.
Le prix Goncourt 1992 assume un parti pris résolument politique. Il l'explique à Barbara Jean-Elie dans A Coeur Ouvert.
Rendez-vous avec la star mondiale Youssou N’dour pour un retour à 360 degrés sur sa carrière hors du commun. De ses débuts dans la Medina de Dakar à sa rencontre avec Peter Gabriel, Sting ou Bono, jusqu’à la remise de ses prix honorifiques
Rendez-vous avec la star mondiale Youssou N’dour pour un retour à 360 degrés sur sa carrière hors du commun. De ses débuts dans la Medina de Dakar à sa rencontre avec Peter Gabriel, Sting ou Bono, jusqu’à la remise de ses prix honorifiques (Doctor Honoris Causa, Grammy Award) jusqu’à ses engagements humanitaires.
Dans cet épisode les stars Burna Boy et Omar Sy offrent les vidéos surprises
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ALY NGOUILLE NDIAYE OFFICIALISE SA CANDIDATURE
Le dissident du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République, et de Benno Bokk Yaakaar (BBY), la coalition de partis politiques de la majorité présidentielle, reconnaît qu’‘’il y a, dans notre pays, beaucoup de souffrances, d’injustices et de divisions
L’ex-ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, a fait une déclaration de candidature à l’élection présidentielle du 25 février prochain, samedi, à Dakar, en exprimant le souhait d’‘’être le président d’un Sénégal réconcilié’’ avec lui-même.
‘’J’ai décidé, s’il plait au Tout-Puissant, avec humilité et détermination, d’être candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024’’, a déclaré M. Ndiaye devant de nombreux militants et sympathisants.
Le dissident du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République, et de Benno Bokk Yaakaar (BBY), la coalition de partis politiques de la majorité présidentielle, reconnaît qu’‘’il y a, dans notre pays, beaucoup de souffrances, d’injustices et de divisions’’.
‘’En ces temps graves et porteurs d’inquiétudes multiformes, je veux être le président d’un Sénégal réconcilié’’ avec lui-même, a-t-il ajouté.
Compagnon du président de la République, Macky Sall, depuis l’accession de ce dernier au pouvoir en 2012, Aly Ngouille Ndiaye a exercé d’importantes fonctions ministérielles à ses côtés.
Il a dirigé le ministère de l’Intérieur avant d’être nommé à la tête de celui de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Sécurité alimentaire, le 17 septembre 2022.
‘’Les fonctions que j’ai successivement exercées m’ont permis très tôt d’identifier et de cibler les priorités des Sénégalais, à la tête desquelles se trouve le besoin de sécurité à toutes les échelles de leur vie’’, a souligné M. Ndiaye.
Il a été investi candidat par une coalition, ‘’Aly Ngouille 2024’’. Le maire de Linguère (nord), âgé de 59 ans, dit placer sa candidature ‘’au-dessus des partis politiques et des clivages de toute nature’’.
L’emploi, l’autosuffisance alimentaire et la réforme des institutions judiciaires font partie de ses priorités, a-t-il dit.
Aly Ngouille Ndiaye a fait aussi la promesse de ‘’renforcer l’indépendance de la justice et d’établir une réelle séparation des pouvoirs’’, notamment ‘’entre l’exécutif et le judiciaire’’.
Sa déclaration de candidature a eu lieu en présence de représentants de l’ancien Premier ministre et candidat déclaré à l’élection présidentielle Mahammed Dionne.
M. Ndiaye a démissionné du gouvernement lorsque Macky Sall, président de Benno Bokk Yaakaar, a choisi Amadou Ba, le Premier ministre, comme candidat de ladite coalition.
L’ancien ministre, ingénieur en génie civil diplômé de l’École polytechnique de Thiès (ouest), expert financier et ancien directeur du crédit à la Banque de l’habitat du Sénégal, était candidat à la candidature de BBY.
MAME PENDA BA EN CONVERSATION AVEC FELWINE SARR
DU PROLONGEMENT DU POUVOIR ABSOLU AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Les institutions coercitives et idéologiques de la colonisation ont maintenu l'infériorité des colonisés et perduré au fil des générations, entravant les mouvements de décolonisation - Il est impératif de réformer ces institutions
Dans cet épisode de Chronique d’un Temps politique, engagée dans un dialogue avec l’écrivain et universitaire Felwine Sarr, la Professeure Ba explore l'histoire de l'État du Sénégal. Elle discute de la manière dont la communauté politique est organisée et fonctionne, tout en revenant sur l'histoire et la conception de l’État sénégalais, avec une attention particulière portée à ses origines coloniales.
La Professeure Mame Penda Ba, agrégée des facultés de droit et de sciences politiques, enseigne à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Elle occupe également le poste de directrice au laboratoire d’Analyse des Sociétés et Pouvoir Africain Diaspora, fondé en 2014. En plus de ses fonctions académiques, elle est rédactrice en chef de la Revue Globale Africa. Ses recherches se focalisent principalement sur la sociologie politique du religieux, les politiques publiques, et le genre.
Pouvoir tyrannique hérité de la colonisation
L'État, selon la Professeure Mame Penda Ba, n'est pas une entité statique ; il est en constante évolution et mondialisation, et son implantation et développement sont le fruit d'une longue histoire, particulièrement au Sénégal et en Afrique de l'Ouest. Elle insiste sur le fait que l'État doit être compris comme une structure dynamique et souligne que le moment colonial dans la construction de l'État sénégalais a été déterminant, un moment dont nous ne sommes pas totalement sortis.
À son avis, les principes, attributs et caractéristiques qui ont guidé la mise en place de cet État colonial persistent encore aujourd'hui. Pour comprendre l'État actuel, il est impératif de déconstruire et d'examiner en profondeur l'État colonial, qu'elle considère fascinant en tant qu'objet d'étude. Les sociologues, politologues et historiens institutionnels ont longtemps cru que l'État colonial était une structure inédite, ne correspondant ni aux métropoles ni aux colonies, et représentant une forme nouvelle et spécifique.
Cependant, des historiens montrent désormais une continuité significative entre l'État colonial et l'Ancien Régime français, voire européen. L'Ancien Régime, comme Mme Ba le note, était un modèle extrêmement hiérarchisé et violent, caractérisé par une élite dominante qui exerçait le pouvoir de manière seigneuriale, sans accorder de pouvoir ou de parole au tiers état. Elle trouve intéressant de noter que l'État colonial, en réalité, suit le modèle rejeté et renversé par les révolutions européennes, notamment la Révolution française.
Le modèle d'État de l'Ancien Régime, détruit dans les métropoles par les révolutions, a été transporté dans les colonies. Selon la Professeure Ba, il s'agit d'un modèle violent et hiérarchisé, où tous les pouvoirs étaient concentrés entre les mains du roi, dont l'autorité était incontestée et vue comme divine. De manière similaire, les administrateurs coloniaux détenaient tous les pouvoirs - judiciaires, exécutifs, législatifs - sans avoir de comptes à rendre, surtout pas aux sujets coloniaux. En fin de compte, Mme Ba conclut que notre histoire s'inscrit dans ce contexte et il est crucial de comprendre que l'État colonial était un État violent, tyrannique, injuste, et qui favorisait une petite élite au détriment de toutes les autres catégories sociales.
L’État colonial se prolonge après les indépendances
Dans sa conversation avec Felwine Sarr, la Professeure Ba souligne que les conséquences du type d'État hérité de la colonisation n'ont pas été pleinement explorées ou comprises. Selon elle, il est essentiel de nommer correctement les choses car cela représente non seulement un processus idéal mais également un processus politique. La professeure évoque que la terminologie utilisée pour parler des États, tels que les colonies, les fédérations, les associations ou les unions, ne reflète pas le fait qu'ils étaient en réalité des États d'Ancien Régime. À son avis, une révolution aurait été nécessaire pour véritablement se libérer de ce type d'État, une révolution similaire à celle qui a eu lieu en France.
Il aurait fallu, continue-t-elle, une philosophie de révolution, de refondation, et une nouvelle praxis pour démanteler complètement et remettre en question le modèle existant. Cependant, cette action n'a pas été entreprise. Les pères fondateurs de la nation ont probablement agi selon les moyens et le contexte de l'époque.
La professeure souligne que le modèle colonial était logique et efficace dans son action. Elle rappelle que le Sénégal avait des représentants à l'Assemblée nationale française dès 1848, ainsi que des écoles et d'autres institutions qui accompagnaient la soi-disant mission civilisatrice, mettant en avant les avantages de faire partie de cette civilisation.
Cependant, il est crucial de comprendre que le projet colonial était total et pernicieux, bien qu’intelligent dans son fonctionnement. La professeure cite des analystes marxistes qui ont démontré qu'il existe deux types d'actions et d'institutions dans toute colonisation : les institutions répressives, comme la police et l'armée, et les appareils idéologiques qui inculquent insidieusement aux colonisés leur infériorité naturelle et normale. Ces éléments idéologiques de la mission civilisatrice, après 350 ans de présence française au Sénégal, ont présenté le colonisateur comme un bienfaiteur, masquant et justifiant ainsi toute la violence physique et symbolique inhérente à la colonisation.
Au moment des indépendances, la population avait déjà subi divers degrés d'aliénation et de collaboration avec la métropole. Des relations profondément enracinées avaient été établies au fil des siècles, rendant difficile de rompre complètement avec un système si profondément ancré. Cela pourrait expliquer pourquoi, en particulier en Afrique francophone, l'option d'une décolonisation pacifique et négociée a été privilégiée plutôt que celle d'une révolution totale.
La séduction coloniale dans la postindépendance
La Professeure Ba fait remarquer que beaucoup des institutions postcoloniales sont issues, dans une large mesure, de la transposition et du mimétisme d'institutions qui ne sont pas nécessairement modernes. Elle insiste sur l'importance de comprendre cela.
Pour répondre à la question posée par Felwine Sarr sur la transformation des États, elle se réfère au travail de Frantz Fanon, qui propose une radicalité exigeante pour le colonisé qui aspire à l'émancipation. Il s'agit d'une nécessité impérative de conceptualiser vigoureusement et méticuleusement une contre-proposition à l'État colonial, un projet robuste et indépendant pour un nouvel État libre.
Elle souligne que cela implique de concevoir et de construire un nouveau projet de société, en prenant en compte divers aspects, tels que la paysannerie, la culture, l'éducation, etc. Parallèlement, elle mentionne d'autres penseurs, comme Cheikh Anta Diop, qui ont également formulé des propositions. Cependant, elle admet que ces idées sont difficiles à implémenter. La réalisation de ces propositions nécessite un courage politique considérable et une rupture significative avec la métropole.
La Professeure Ba note que les états et institutions sont composés d'individus qui ont leurs propres intérêts et qui ont établi des relations et formes de complicité qui rendent difficile la transition vers une posture plus radicale. Elle souligne également le coût élevé payé par ceux qui ont choisi de rejeter le modèle colonial, en citant des exemples comme la Guinée, Lumumba au Congo, ou encore l'UPC au Cameroun, où les enjeux sont littéralement des questions de vie ou de mort.
Elle suggère que le choix de nombreux pays postcoloniaux d’opter pour l'accommodation plutôt que la révolution a été motivé en partie par la rationalité de l'époque. Cependant, elle reconnaît que le coût de ce choix est toujours payé actuellement. Elle insinue qu'à l'époque, il pourrait y avoir eu des justifications rationnelles à opter pour un modèle d'accommodation plutôt que de poursuivre la révolution et la radicalité.
Un État volontariste pendant une courte période
La Professeure Ba analyse la période des années 1960 et 1970, jusqu'à la première crise pétrolière. Elle note qu’après le départ des administrateurs coloniaux, ces derniers furent remplacés par des administrateurs locaux. Cela évoque, selon elle, une observation de Frantz Fanon, selon laquelle le rêve des individus noirs aurait été de prendre la place de l’homme blanc et de coucher avec la femme blanche. Bien que ce point demeure largement inexploré, elle reconnaît que la première décennie postcoloniale était caractérisée par des ambitions développementalistes.
Dans cette phase, les États nouvellement indépendants étaient engagés dans la construction nationale, mettant en œuvre des projets de développement tels que la construction d'écoles, de routes, le développement économique, l'établissement de bureaucraties fonctionnelles et la fondation des premières universités. Il y avait un dynamisme et des projets politiques sérieux en cours, comme en témoignent des initiatives telles que le "socialisme singulier". Avec le soutien de la communauté internationale et l'accès à des ressources financières et à des prêts, ces États avaient l’ambition et l'envie de réaliser des changements significatifs.
Cependant, la Professeure Ba signale que cette période de volontarisme étatique et de petits épisodes démocratiques fut brève. Elle mentionne que ces moments d'optimisme et d'effervescence ont été suivis d'une fermeture rapide du champ civique et d'un glissement vers des régimes à parti unique.
Malgré tout, elle souligne qu'il y avait une sorte de quasi-État providence en place à cette époque, avec des programmes visant à démocratiser l'éducation et à fournir un accès ouvert et gratuit à la santé. Des initiatives comme la mise en place progressive de la sécurité sociale, des efforts pour promouvoir l'éducation, la médicalisation par l'État, et des tentatives d'industrialisation étaient manifestes.
Cette période d'effervescence a été interrompue assez rapidement, mentionnant également que l'agriculture avait été subventionnée au début, soulignant ainsi les tentatives diverses et complexes d'établissement et de développement dans les nouveaux États postcoloniaux.
De l’impossible État-nation postcolonial
La Professeure Ba identifie ce qu'elle considère comme des erreurs historiques commises par les dirigeants africains. Elle explique qu'ils ont adopté le modèle de l'État-nation, un produit d'un processus historique long et complexe en Europe, comme si c'était un modèle naturel et facilement transposable en Afrique. Ce modèle européen a émergé à la suite de guerres prolongées et violentes, tant externes qu'internes, et un processus d'homogénéisation autour de la langue et de la culture quotidienne qui a pris des siècles.
Selon la Professeure Ba, les dirigeants africains ont tenté d'implanter ce modèle d'État-nation en une ou deux décennies dans des régions extrêmement diverses et plurielles en termes de culture et de communauté. Ce faisant, ils ont tenté d'effacer ces différences pour construire des identités nationales unifiées, telles que le citoyen ivoirien, sénégalais, béninois, ou camerounais, sans reconnaître la diversité inhérente à ces territoires.
Selon elle, il aurait été plus approprié de conceptualiser ces États comme multinationaux et de réfléchir à la cohabitation au sein de cette diversité. Elle note que les processus d'homogénéisation entraînent inévitablement des perdants et des gagnants, et que les perdants finissent par exprimer leurs revendications, parfois de manière brutale. Elle cite des exemples comme le Nord du Mali et le Sud du Sénégal, où les conflits, enracinés dans ces dynamiques, ont persisté pendant des années.
En parlant de la devise du Sénégal, "Un peuple, un but, une foi", la Professeure Ba se demande quel peuple est représenté, qui a défini ce "but", et qui a été inclus dans ces conversations fondatrices. Elle souligne que les nations sont des communautés imaginées, souvent conceptualisées par les élites sans la participation active des peuples, sauf peut-être après des crises, des révolutions ou des moments de refondation.
Selon elle, une perspective à court terme et une focalisation sur l'immédiat nous empêchent de comprendre la puissance des dynamiques à long terme. La Professeure Ba conclut en observant que les changements significatifs en Afrique ne résultent pas nécessairement des actions des gouvernants ou du contexte international, mais sont souvent impulsés par les citoyens et les sociétés. Ces derniers, affirme-t-elle, influencent de plus en plus les gouvernements, que ce soit au niveau local ou national, reflétant ainsi le dynamisme et la complexité des sociétés africaines contemporaines.
Les rapports entre pouvoir et société
La Professeure Ba aborde l'inadéquation persistante de la forme étatique, faisant référence aux erreurs historiques qu'elle a mentionnées précédemment. Selon elle, bien que l'État colonial ait dévalué et écarté certaines institutions traditionnelles et zones de pouvoir significatives, ces entités n'ont pas disparu ; elles ont plutôt opéré en arrière-plan. Ces structures continuent d'influencer la société, en dépit des tentatives de l'État colonial de les rendre invisibles et sans pouvoir.
Le cas du Sénégal est particulièrement révélateur à cet égard. En dépit de la puissance militaire et idéologique de l'État colonial, ce dernier finit par rencontrer une résistance, illustrée par une société qui devient silencieuse, refuse de communiquer, de partager et de respecter les ordres, sauf sous la contrainte extrême, comme l'emprisonnement ou la violence physique. Dans ce contexte, l'administration coloniale se retrouve contrainte de faire appel aux autorités traditionnelles qu'elle avait initialement dévalorisées et délégitimées, pour servir de médiateurs.
Ces pouvoirs intermédiaires jouent un rôle crucial, offrant du sens et facilitant la cohésion au sein de sociétés diverses. Au Sénégal, cela explique pourquoi le pouvoir religieux a acquis une importance considérable, surtout pendant les deux guerres mondiales. Par exemple, des révoltes ont éclaté en Casamance lorsqu'on a exigé des paysans qu'ils cèdent leur récolte de riz, déclenchant des mouvements comme celui d’Aline Sitoe Diatta.
La Professeure Ba illustre également comment, dans la région du Bassin arachidier, la colonisation a réussi à imposer une monoculture de l'arachide, souvent par la médiation des chefs religieux et traditionnels. Ces derniers, dans le processus d'accommodation réciproque, ont joué un rôle crucial dans le renforcement spirituel, moral et idéologique de leurs communautés face à la domination coloniale.
Elle conclut en soulignant comment, dans ce contexte, la diffusion de l'islam et des confréries islamiques au Sénégal a été particulièrement notable durant la période coloniale, utilisant la "paix coloniale" pour étendre leur influence. Cette période a également été témoin d'un effort concerté pour préserver l'identité, l'histoire, la langue, et d'autres aspects culturels des communautés, malgré les pressions économiques et politiques de la colonisation.
Le pouvoir religieux confrérique comme co-production coloniale
Dans ce passage, la Professeure Ba continue d'analyser la complexité des dynamiques coloniales au Sénégal, en soulignant le processus de coproduction qui a façonné le modèle étatique du pays depuis environ 1856. Elle argumente que cet état, tel que nous le connaissons aujourd'hui, résulte d'une collaboration et d'une négociation entre les autorités coloniales et les autorités religieuses locales.
Selon la Professeure Ba, l'État colonial, en l'absence d'autorités politiques locales légitimes, s'appuie sur les autorités religieuses comme substituts pour exercer son pouvoir. Ces autorités religieuses, tout en étant instrumentalisées par les colonisateurs, trouvent également des opportunités dans cette relation.
Elles utilisent la « paix coloniale », une période où les conflits internes entre royaumes locaux sont réduits, pour diffuser leur influence religieuse et résister à l'intérieur du système colonial.
Elle explique que le modèle colonial, tout en étant initialement étranger et imposé, commence à faire sens et à être intégré dans la société locale grâce à l'engagement et à la participation de groupes tels que les confréries religieuses. Ces groupes, tout en facilitant le fonctionnement de l'État colonial, s'approprient et adaptent les structures et les processus de cet État pour répondre à leurs propres objectifs et visions.
La Professeure Ba insiste sur le fait qu'il est crucial de comprendre la dimension économique de ces dynamiques. Dans le contexte colonial, les intérêts économiques sont prédominants, et les autorités religieuses locales comprennent et naviguent habilement dans ces eaux, collaborant avec l'État colonial lorsque cela sert leurs intérêts.
En conséquence, le modèle colonial sénégalais évolue et se transforme progressivement en une entité qui fait sens pour ceux qui y vivent, en intégrant des éléments appropriés et modifiés du colonialisme avec les visions et objectifs des communautés locales.
Pour une théorie de la refondation institutionnelle
Dans ce segment, la Professeure Ba souligne l'importance de la réflexion et de la théorisation autour de la notion de "refondation" à un moment critique de l'histoire : les indépendances. Elle suggère qu'il est nécessaire d'examiner et de penser profondément à la crise que représentait le moment colonial, qui était une période à la fois profonde, nouvelle et radicale. Elle exprime le besoin d’une réévaluation intellectuelle et théorique profonde sur l'état post-colonial et la refondation de la société après la domination coloniale.
Elle mentionne que le colonialisme a surpris, dominé et humilié les populations locales, et insiste sur l'importance de lire et d'engager un dialogue avec les travaux d'intellectuels africains significatifs tels que Fabien Eboussi Boulaga, Cheikh Anta Diop, Mamadou Dia, et Senghor. Selon elle, il est crucial de se familiariser avec leurs réflexions et visions, car elles offrent des perspectives diverses et profondes sur la situation politique, le panafricanisme, et l'avenir du continent.
En considérant que "mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde", elle souligne l'importance cruciale de nommer et d'identifier correctement les crises et les défis auxquels les sociétés africaines sont confrontées, car cela est fondamental pour comprendre, centrer et répondre adéquatement à ces problèmes. La Professeure Ba appelle à une réflexion profonde et à ne pas répéter les erreurs du passé, invitant à une réflexion collective et critique sur la situation actuelle et sur les voies possibles de refondation et de reconstruction.
L’urgence de la refondation
La professeure Mame Penda Ba articule clairement que l'importance de réfléchir aux réformes et transformations nécessaires dans les États africains est cruciale. Selon elle, il est indispensable d'aborder ces réformes avec un profond sens de refondation et d’innovation, tout en évitant de reproduire les erreurs passées. Elle mentionne les Assises nationales du Sénégal, ayant eu lieu entre 2008 et 2010, comme un moment significatif et inspirant pour le continent.
Madame Ba souligne que ce processus inclusif de consultation populaire sur la Constitution du pays est un exemple lumineux de démarche démocratique ouverte et participative. Elle met en relief que tous les citoyens étaient sollicités à réfléchir et s'exprimer sur le projet commun de la société, indépendamment de leur âge.
La professeure Ba indique que l'initiative visait à créer un dialogue national autour de la notion de « bien-vivre » ou de « décence », qui transcende les cadres institutionnels et politiques pour englober l'ensemble de la société, les interactions humaines, et même les relations internationales.
La notion de "bien-vivre" ou de "décence" doit être, d’après elle, le phare guidant la réflexion sur les institutions politiques et sociales. Cela signifie repenser non seulement qui doit gouverner, mais également la manière de gouverner. Mame Penda Ba insiste sur le fait qu'il faut adopter une approche qui dépasse la simple démocratie électorale et procédurière pour envisager les finalités qui se cachent derrière ces procédures.
Elle plaide également en faveur d'une participation plus large et plus équitable dans le discours public. Pour Madame Ba, il est essentiel d'inclure les voix souvent marginalisées, comme celles des femmes, des jeunes filles, des marchands ambulants, des personnes handicapées et des populations rurales. La professeure encourage vivement à tirer des leçons des expériences passées et à valoriser ces enseignements dans le processus de refondation et de réforme. Elle souligne l'importance de ne pas toujours chercher à innover ou découvrir, mais plutôt à apprendre de ce qui a déjà été expérimenté et mis en œuvre.
En résumé sur cette question, les propos de la professeure Mame Penda Ba appellent à une réflexion profonde et inclusive sur la refondation et la réforme des États africains, en mettant l'accent sur les leçons apprises du passé et en intégrant activement les voix des groupes souvent exclus du discours public.
Capitaliser sur les Assises nationales
Selon la professeure Mame Penda Ba, les Assises nationales du Sénégal et le travail de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) représentent une avancée significative, bien que non exemptes de critiques. Elle les perçoit comme une amélioration notable par rapport aux anciennes méthodes de rédaction et de mise en œuvre des textes législatifs.
Madame Ba met en avant la nécessité d'affiner, de prendre soin et de renforcer ces processus et contenus, soulignant qu'il y a des éléments importants dans le contenu même si des améliorations sont nécessaires.
Elle regrette notamment que la voix des femmes n'ait pas été suffisamment entendue, et d’autres groupes ont également été négligés dans ces discussions, selon elle. La professeure Ba souligne qu'un élément crucial a été mis sur la table, mais déplore que l'ensemble de la classe politique sénégalaise, indépendamment de son affiliation, ait montré une incapacité à réaliser pleinement les promesses énoncées pendant cette période.
Elle exprime également son inquiétude quant à la perte de l'espoir vital qui s'est manifesté lorsque certains leaders politiques, comme les présidents ivoirien et guinéen, ont décidé de se représenter. Selon elle, ces actes retirent à leurs citoyens, et plus largement à leurs pays, l'espoir d'un avenir meilleur, quelque chose qu'elle considère comme inexcusable. L'érosion de cet espoir, selon Madame Ba, constitue une violation profonde et dévastatrice.
Est également évoqué la frustration et le désespoir palpable chez les jeunes, particulièrement lors des manifestations. Elle interprète cette colère et ce désespoir comme une réaction à la perte de l'espoir et à un sentiment de stagnation, où les jeunes ont l'impression d'être retenus par des combats qui ne sont pas les leurs. Elle souligne que les véritables batailles à mener concernent l'amélioration de la qualité de vie, la participation active des voix africaines dans les débats internationaux, et la réflexion sur les systèmes de santé, d'éducation, et sur le type de société que les citoyens souhaitent construire.
Selon Madame Ba, le débat institutionnel actuel empêche d'avoir des discussions profondes et significatives sur des questions sociales vitales comme l'éducation, la santé, l'économie, la coexistence pacifique et la prospérité partagée. Elle exprime le sentiment d'un retour en arrière et d'une stagnation qui, à son avis, entrave le progrès et crée un vide dans lequel les citoyens se sentent coincés. La professeure perçoit dans la colère des jeunes une volonté fervente de rompre avec cette stagnation, manifestant un désir profond de mouvement, d'action et de dynamisme.
Une crise porteuse d’opportunités
La professeure Mame Penda Ba suggère qu'il est crucial d'envisager les situations actuelles dans une perspective dynamique. Elle est en accord avec le Professeur Felwine Sarr qui exprime l'idée que, bien que nous puissions avoir l'impression de stagner, il se pourrait que nous soyons à la fin d'un cycle, avec une crise indiquant un possible renouveau démocratique à venir.
Selon elle, les demandes démocratiques actuelles sont bien plus fortes qu'elles ne l'étaient il y a 10 ou 12 ans. Mme Ba partage la perspective que de nouveaux types de citoyens sénégalais émergent, avec des exigences et une volonté de changement plus prononcées. Elle estime que les sociétés sont en avance sur les États, les gouvernements, les élites, ainsi que sur les universitaires et chercheurs.
À Felwine Sarr qui critique la tendance de certains universitaires à se considérer déconnectés de la société, alors qu’ils font intégralement partie d'une société intégrée, parlant les langues nationales et étant en phase avec les problèmes rencontrés par les Sénégalais, Mame Penda Ba réagit en exprimant son aspiration à une sociologie approfondie des jeunes, observant un manque de recherches détaillées sur les jeunes et sur des sujets comme la magistrature au cours des 25 dernières années. Elle souligne le besoin de travaux sociologiques et anthropologiques qui explorent en profondeur la Justice, les magistrats et les juges au Sénégal, ainsi que leur formation, socialisation, cooptation et intégration dans la société.
Enfin, la professeure Ba et l’économiste Sarr s’accordent sur le besoin de théories politiques, d'épistémologies et de philosophies politiques nouvelles. Ils appellent à la production et à la mise à disposition de nouvelles formes de connaissances pour le corps social, afin de permettre une refonte et une reconsidération de la situation actuelle, suggérant que le domaine politique a aussi un rôle crucial à jouer dans cette période de refondation.