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22 avril 2025
Société
TIGUERE-MATAM EN SOUFFRANCE
Les usagers de la route secondaire reliant le village de Tiguéré à la commune de Matam (nord) sont obligés d’utiliser une voie de contournement, du fait des dégâts causés par l’écoulement des eaux provenant des champs
Les usagers de la route secondaire reliant le village de Tiguéré à la commune de Matam (nord) sont obligés d’utiliser une voie de contournement, du fait des dégâts causés par l’écoulement des eaux provenant des champs, sur cette voie impraticable depuis quelques jours, a-t-on appris d’un habitant dudit village.
« Les véhicules de transport empruntent une autre voix, différente de celle qu’ils prenaient d’habitude, à cause des eaux de la crue qui l’occupent toujours », soutient Didi Aziz Bâ, qui emprunte fréquemment cette route pour se rendre à Matam, la capitale régionale.
Selon lui, cette route secondaire a été coupée et se trouve « depuis quelques jours inondée par des eaux provenant des champs », avec comme conséquence un trajet « devenu très difficile ».
La situation est devenue »très critique » pour les usagers, « obligés de descendre et de marcher sur l’eau avec de la boue », ou de trouver leur voie à travers les buissons, le temps que le véhicule sorte des eaux.
« Parfois même, les passagers marchent plusieurs centaines de mètres pour rejoindre la terre ferme et attendre la voiture restée embourbée », dit-il.
Sur une vidéo rendue publique, l’on voit des hommes et des femmes marcher à côté des eaux, sur une route bordée d’arbres, alors qu’un camion et un minicar piégés par les eaux restent embourbés.
Cette route secondaire entre Tiguéré et Matam est longue de sept kilomètres.
Au début des inondations liées au débordement du fleuve Sénégal, les populations étaient confrontées à la même situation.
Selon Didi Aziz Bâ, la route principale menant à Matam, via le pont de Diamel, reste toujours impraticable à cause des eaux toujours pas dégagées.
ENTRE ECLAT FESTIF ET INQUIETUDES ECONOMIQUES
A la veille de Noël, l’équipe de L’AS a parcouru les rues de Dakar pour découvrir les préparatifs.
A moins de 24 heures des fêtes de noël, Dakar se métamorphose et revêt un visage festif et coloré. la capitale sénégalaise, habituellement animée, s'illumine de décorations scintillantes et d'une atmosphère conviviale qui attire aussi bien les familles que les visiteurs.
A la veille de Noël, l’équipe de L’AS a parcouru les rues de Dakar pour découvrir les préparatifs. En passant de la place de l’Indépendance à la corniche ouest, les rues s'illuminent aux premières lueurs de décembre. Des lampions multicolores ornent les lampadaires, tandis que de scintillantes guirlandes s'étendent le long des boulevards. Les marchés, déjà en effervescence, se parent de sapins ornés, de couronnes festives et de crèches évoquant la naissance de Jésus. Dans les magasins, la musique de Noël emplit l'air, mêlant mélodies traditionnelles et chants d'enfants, insufflant au cœur des quartiers un esprit de fête irrésistible.
LES MAGASINS, UN VERITABLE PARADIS POUR LES CADEAUX
Dans les centres commerciaux et les boutiques de la ville, l'effervescence atteint son paroxysme. Les vitrines, savamment agencées, captivent l’attention des passants par des mises en scène évoquant la magie de Noël. Les parents, bras chargés de paquets, déambulent de magasin en magasin à la recherche du cadeau parfait pour leurs enfants. Peluches, jouets en bois, livres et vêtements aux couleurs éclatantes s’offrent à leurs yeux. Les visages des enfants trahissent leur impatience, leurs yeux brillants à la vue des jouets exposés. Cependant, les parents, souriants mais soucieux de leur budget, doivent jongler entre le désir de faire plaisir et les réalités économiques.
Dans l'une des boutiques animées du centre commercial de Dakar, Mamadou Sakho, 42 ans, père de deux enfants, se tient pensif devant une étagère remplie de jouets. «Noël est un moment sacré pour ma famille», confiet-il, les yeux rivés sur les peluches. «C'est l'occasion de célébrer ensemble et de faire plaisir à mes enfants. Mais cette année, l'inquiétude me ronge. » Il explique que son désir de rendre ce moment spécial se heurte aux préoccupations liées à l'augmentation des prix et à la conjoncture économique. «Les coûts de la vie grimpent, et il existe des besoins quotidiens à couvrir. Je veux acheter des cadeaux, mais je dois également penser à mes responsabilités».
À quelques mètres, Maïmouna Ndiaye, une femme dans la cinquantaine, fait une pause après avoir visité plusieurs magasins à la recherche de présents adaptés à son budget. «En choisissant des jouets, je pense aux rêves de mes enfants. J’aimerais leur offrir tout ce qu'ils désirent, mais je dois aussi gérer une réalité. Cette année, les moyens sont limités, et je ne veux pas créer de fausses attentes», explique-t-elle. Elle raconte avoir établi un budget strict pour les cadeaux de Noël et même consulté ses enfants pour connaître leurs véritables souhaits. «Nous avons convenu de choisir ensemble un ou deux cadeaux qui leur feraient vraiment plaisir, mais cela me met encore plus de pression.»
ESPOIR ET SOLIDARITE EN PERIODE DE FETE
Rencontré près d’un arrêt de bus, George Francis Coly pense que la magie de Noël dépasse de loin le simple échange de cadeaux. Il souhaite transmettre à ses enfants les valeurs de partage et de solidarité. « Malgré tout, nous essayons de préserver l'esprit de Noël en vivant des moments ensemble en famille. Nous avons prévu d'organiser un repas spécial et de rendre visite à des proches. Cela compte tout autant que les cadeaux.» Malgré la situation actuelle, l'émotion l'emporte souvent, et les rires fusent lorsque les enfants découvrent les surprises qui les attendent sous le sapin. lA SPIrItuAlItE Au cœur DE nOël Pour beaucoup de Sénégalais, Noël est aussi une période de réflexion spirituelle. Les églises se préparent à accueillir les fidèles pour les messes de minuit, renforçant ainsi les liens familiaux et communautaires. Les chants et les prières résonnent, rappelant l'importance de la célébration de la naissance de Jésus.
Par Mbagnick DIOP
IL AURAIT MIEUX FAIT DE SE TAIRE ET SE TERRER
Hier, les Sénégalais ont dû se frotter les oreilles et écarquiller les yeux pour percevoir la menace du sieur Macky Sall furieux d’être accusé de voleur.
Hier, les sénégalais ont dû se frotter les oreilles et écarquiller les yeux pour percevoir la menace du sieur Macky Sall furieux d’être accusé de voleur. Au motif que X, selon les termes de sa plainte, l’a accusé d’avoir provisionné un compte bancaire à hauteur d’un milliard de dollars, Macky Sall entend se libérer des mauvais souvenirs. X a sans doute relayé, à tort ou à raison, une information susceptible d’avilir l’image de Macky Sall dans un contexte économique et politique crucial. Un fait survenu au moment où nombre de sénégalais souhaitent d’ailleurs qu’il soit traduit devant une haute Cour de justice.
A vrai dire, Macky aurait mieux fait de se taire et se terrer plutôt que de jouer le parangon de vertus. N’a-t-il pas traduit Karim Wade devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite, en vertu de la sauvegarde des intérêts financiers de l’État ? Que n’a-t-on pas entendu au registre des accusations de malversation financière. Les centaines de milliards logés dans des paradis fiscaux, tel le Bahamas, les comptes sous-couverts d’hommes liges à Monaco et tuti quanti.
Qui plus est, Macky Sall ne peut dire qu’il n’a pas eu écho d’une vidéo fracassante de son beau-frère, Adama Faye, qui a fait état d’un contentieux financier qui l’opposerait à Amadou Ba son ex ministre des Finances. Alors, plainte pour plainte Macky ne devrait pas donner l’impression que la révélation de son beau-frère le laisse de marbre.
De surcroît, il a transmis à son remplaçant un l’héritage économique et financier duquel résulte des scandales qui suscitent une indignation collective. Même les partenaires majeurs du Sénégal ont tenu à publier des communiqués qui confirment, sans ambages, la ruine économique et financière issue d’une gouvernance prétendument sobre et vertueuse.
On ne le dira jamais assez, Macky Sall ne peut soulager sa conscience par des faux fuyants. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un Président en fin de mandat ne s’est comporté comme lui.
A défaut de louer la tolérance de son remplaçant, il doit se garder de s’immiscer dans le jeu politique en espérant qu’il pourra rebondir et prendre sa revanche les Sénégalais qui l’ont désavoué en mars 2024.
VIDEO
LA MÉMOIRE DES TIRAILLEURS AU COEUR D'UNE POLÉMIQUE
Cheikh Oumar Diagne, ministre conseiller à la présidence, a déclenché le tollé en qualifiant de "traîtres" ces soldats africains de l'armée française. Un paradoxe saisissant alors que le pays commémore en grande pompe ce mois-ci, les 80 ans de Thiaroye 44
(SenePlus) - Le Sénégal se retrouve au cœur d'une vive polémique sur la mémoire des tirailleurs, quelques semaines seulement après avoir commémoré en grande pompe les 80 ans du massacre de Thiaroye.
L'étincelle est venue de Cheikh Oumar Diagne, ministre conseiller et directeur des Moyens généraux de la présidence de la République, qui a qualifié les tirailleurs de "traîtres qui se sont battus contre leurs frères pour des miettes" lors d'un entretien à Fafa TV le week-end dernier. Il a notamment affirmé qu'ils "étaient préoccupés par l'argent qui était à l'origine du massacre de Thiaroye".
Ces déclarations contrastent fortement avec l'hommage national rendu le 1er décembre dernier, où le président Diomaye Faye dirigeait personnellement les cérémonies du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, considéré comme l'une des pages les plus sombres de l'histoire coloniale française au Sénégal.
Face au tollé suscité par ses propos, particulièrement dans les médias, le ministre conseiller a tenté de s'expliquer via une longue publication sur les réseaux sociaux ce mardi 2' décembre 2024. Il y établit une distinction entre la commémoration du massacre, qu'il qualifie d'"acte lâche et ingrat perpétré par la France", et le rôle historique des tirailleurs eux-mêmes.
Remontant aux origines, il rappelle que le corps des tirailleurs fut "créé par décret de Napoleon 3 en 1857 sur demande de Louis Faidherbe qui était en manque d'effectifs dans les territoires à acquérir/maintenir." Une création qui, selon lui, pose question : "Comment pouvons-nous détester Faidherbe pour ce qu'il a fait et aimer son bras armé ?"
La controverse a rapidement pris une dimension politique. Le journaliste Ayoba du groupe Walfadjri a souligné la contradiction apparente : "Du coup, le président a honoré les traîtres, le 1er décembre ?" Son confrère Pape Alioune Sarr est allé plus loin, qualifiant ces propos de "deuxième loupé" après une précédente controverse sur les guides religieux, et s'interrogeant sur le maintien du ministre dans ses fonctions.
Dans sa tentative d'apaisement, Cheikh Oumar Diagne a présenté ses regrets aux personnes heurtées, tout en maintenant le fond de son analyse historique : "Nous avons tous des parents tirailleurs, nous prions pour eux et nous les respectons. Mais ils se battaient pour la France ; la France œuvrait pour exploiter les territoires et dominer les peuples. C'est cela la vérité."
Cette polémique intervient à un moment particulièrement sensible où le Sénégal s'efforce de réévaluer son histoire coloniale, entre reconnaissance des sacrifices des tirailleurs. Les récentes cérémonies de Thiaroye, marquant les 80 ans du massacre de ces soldats africains par l'armée française, avaient justement pour but d'honorer leur mémoire et de réclamer justice, rendant les propos du ministre d'autant plus controversés.
OUSMANE SONKO SORT LA CRAVACHE CONTRE LES DÉRIVES ROUTIÈRES
Le Premier ministre a annoncé un arsenal de mesures visant à lutter contre les accidents de la route. Une circulaire a été envoyée aux différentes structures concernées par la sécurité routière
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a annoncé un arsenal de mesures visant à lutter contre les accidents de la route. Une circulaire a été envoyée aux différentes structures concernées par la sécurité routière.
Par le biais d’une circulaire du 13 décembre 2024 et partagée sur les réseaux sociaux hier, lundi 23 décembre, le Premier ministre, Ousmane Sonko, après avoir annoncé des Etats généraux pour asseoir les consensus indispensables à la transformation rapide et intégrale du transport public au Sénégal, dit avoir validé des mesures conservatoires ciaprès, d'application immédiate, proposées lors de la réunion interministérielle sur la prévention et la sécurité routières, tenue le 08 août 2024. Il s’agit du renforcement du contrôle routier et des sanctions, le renforcement de la sécurité des deux-roues et de la protection des usagers et la libération des emprises et la préservation des infrastructures routières. S’agissant du renforcement du contrôle routier et des sanctions de comportements à risque, Ousmane Sonko annonce la réactivation des commissions régionales de retrait et de restitution des permis de conduire, la réélaboration et la transmission et à transmettre au ministère en charge des Transports terrestres un rapport mensuel des travaux des commissions régionales de retrait et de restitution des permis de conduire.
Instruction sera donnée aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) d'envoyer systématiquement les permis de conduire retirés des contrevenants à la commission régionale de retrait et de restitution des permis de conduire. Des sanctions prévues par le code de la route seront strictement appliquées en cas d’excès de vitesse, de dépassements dangereux sur la ligne continue, de surcharges de bagages. Il en de même des cars de transports mixtes, des surnombres et certaines non-conformités techniques relatives aux pneumatiques, au pare-brise, à la lunette arrière, aux rétroviseurs, aux foyers lumineux et à l'état général de la carrosserie très souvent défectueuse occasionnant un déséquilibre du véhicule. Pour le renforcement de la sécurité des deux-roues et de la protection des usagers, Ousmane Sonko dit donner des instructions à faire procéder à l'immatriculation obligatoire de toutes les deux-roues de cylindrée supérieure à 49 cc.
IMMATRICULATION DES DEUX-ROUES DANS UN DÉLAI DE TROIS MOIS
Il sera instaurer la gratuité de l'immatriculation des deux roues déjà dédouanées et disposant d'une carte grise conforme, à compter de la date de signature de la présente (circulaire) et ce, pendant trois (03) mois. Le texte précise que le coût de la plaque n'est pas concerné par ladite gratuité qui ne prend en compte que les frais de mutation aux impôts. Seront systématiquement sanctionnés, les comportements à risque des deux roues, notamment ceux relatifs à la circulation sur les trottoirs, au non-respect des stops, des feux tricolores et des sens giratoires et à la course-poursuite et au rodéo urbain. Des sanctions seront aussi appelées à la circulation en contre-sens et/ou en sens interdit, ainsi qu'à la traversée de terreplein, au non-port de casque. D’autres sanctions seront prises s’agissant du surnombre de passagers (interdiction de plus de 02 personnes sur une moto).
Concernant la libération des emprises, des opérations adéquates seront menées pour la libération durable des emprises des routes à grande circulation, les routes nationales, régionales et départementales, et leurs dépendances (voies, trottoirs, emprises, etc.) de toute occupation anarchique y compris les panneaux publicitaires érigés sur le réseau sans autorisation. Les ouvrages (ponts et passerelles) seront vidées des occupations anarchiques et des panneaux publicitaires érigés sur le réseau sans autorisation. Le Premier ministre indique dans la circulaire que les commissions régionales de retrait et de restitution des permis de conduire seront activées.
Les exutoires naturels des eaux pluviales seront libérés de toute occupation. Également, il sera procédé à la vérification de l'autorisation délivrée par l'AGEROUTE avant toute pose et dépose de conduite et d'occupation de l'emprise du réseau routier classé, il sera obligatoire de recourir, au préalable, à l'avis de l'AGEROUTE, gestionnaire du réseau routier, avant toute occupation des emprises des routes classées et avant toute délivrance, par les maitres d'ouvrages publics et privés, d'autorisation de construire. Relativement au contrôle à la circulation des gros porteurs, il sera procédé au contrôle du poids total, de la charge à l'essieu et du gabarit des véhicules lourds de transports de marchandises.
Les mesures de la feuille de route issue de la réunion des ministres chargés des Infrastructures de l'UEMOA, seront appliquées notamment celles relatives au respect de la tolérance globale de 15% sur les poids autorisés, au délestage de la surcharge au-delà de la tolérance de 15%, au respect de la hauteur de gabarit de 4,5m maximum et à l'obligation, pour les plateformes génératrices de plus de 100.000 tonnes de fret par an, de s'équiper en pèse-essieux et en portique de contrôle de gabarit. Tout camion chargé doit être conforme aux dispositions du règlement avant de quitter la plateforme. L'application des amendes prévues par le règlement 14 pour tout contrevenant sera strictement observée.
par Abdoul Aziz Diop
LES SILENCES FRAUDULEUX DE DIOMAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Comme pour les législatives, la rétention de l’information électorale par un coutumier de faits permet de prendre de court l’opposition obligée de se réinventer pour extirper du jeu les pratiques d’un magistère abonné à la vilenie
La condamnation délinquante de l’homme politique et éveilleur de conscience Moustapha Diakhaté à deux mois de prison ferme pour des chefs d’accusation inexistants dans toute la jurisprudence mondiale n’a d’autre explication que la dénonciation ferme de la dissimulation par le chef de l’État d’une information d’intérêt général obtenue du Conseil constitutionnel. Ladite information a la qualité essentielle qui est celle qui veut qu’elle soit rendue publique dès après sa réception pour mettre tous les citoyens et justiciables sénégalais au même niveau de préparation sur tout ce qui se rapporte à leur souveraineté intangible comme les avis de la juridiction supérieure sur les modalités pratiques de la tenue des élections.
Informé par avis du Conseil constitutionnel sur la tenue des dernières élections législatives anticipées, Bassirou D. D. Faye a attendu 64 jours avant de se conformer à l’avis du Conseil l’intimant d’informer les acteurs politiques et l’opinion du contenu dudit avis. L’acte frauduleux du chef de l’État visait à assurer frauduleusement à sa faction politique un privilège indu sur un bien commun qu’il jura de respecter et de faire respecter le 2 avril 2024 lors de sa prestation de serment.
C’est en récidiviste - bientôt multirécidiviste - que Bassirou D.D. Faye, nous apprend le journal LIiQuotidien daté du 23 décembre 2024, « aurait déjà consulté le Conseil constitutionnel » sur l’organisation d’élections locales anticipées en 2025 et aurait même obtenu des Sages « un avis favorable ».
Comme pour les législatives anticipées, maintenant derrière nous, la rétention frauduleuse de l’information électorale par un coutumier de faits frauduleux permet de prendre une fois encore de court l’opposition républicaine et démocratique obligée de se réinventer pour extirper du jeu politique les viles pratiques d’un magistère abonné à la vilenie dont nous répertoriâmes les anciennes méthodes délinquantes avant même que Bassirou D. D. Faye ne songe à faire de la politique en adhérant à un mouvement ou parti.
Rétro pour profanes
Il y a quelques années, quand le publiciste et criminologue sénégalais Souleymane Ndiaye parlait de la « mentalité délinquante des hommes politiques sénégalais ». L’assassinat impuni du juge Babacar Sèye, la tentative d’assassinat du jeune opposant Talla Sylla, les coups reçus dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale par la députée Aminata Mbengue Ndiaye, ceux assenés par le président du groupe parlementaire Libéral et Démocratique Doudou Wade au député de son propre camp Aliou Sow pour cause de désaccord sur la manière, le squat violent des commissions électorales du Parti démocratique sénégalais par les voyous de la « Génération du concret », les insultes – couronnées par la mise à sac des locaux des quotidiens l’As et 24 Heures Chrono - que l’ancien ministre Farba Senghor destinait, avant son limogeage, régulièrement aux rédactions de la presse privée, l’assimilation facile de toute critique à une déclaration de guerre émanant d’un ennemi à abattre, les menaces de mort régulièrement déposées dans les boîtes vocales de quelques abonnés impénitents conquièrent définitivement les faits sur les préjugés. Puis, le report des élections, au mépris du calendrier républicain, est venu se greffer à la kyrielle de délits.
Le report permet d’affiner une technique de fraude électorale ou d’en concocter une nouvelle. Le Camerounais Hilaire Kamga, auteur d’une étude sur « les techniques de la fraude électorale en Afrique » dénombre 32 artifices dans l’escarcelle des fraudeurs. « Interrogé, sur Radio France internationale (RFI), M. Kamga présente ainsi qu’il suit « les techniques de fraudes les plus courantes » en Afrique : « Disons que ça se modernise de plus en plus. Aujourd’hui, j’ai dénombré 32 types de fraudes. Par le passé, on avait le bourrage des urnes, les votants itinérants. Aujourd’hui, ces mécanismes existent toujours mais, désormais, il y a l’ordinateur qui a fait irruption dans le champ de l’organisation des élections. Lorsque les acteurs ne maîtrisent pas totalement l’ordinateur, qui est devenu la technique de fraude la plus utilisée, ils fraudent par l’utilisation des observateurs internationaux. C’est une fraude très pernicieuse, utilisée par des dictateurs en Afrique qui ont très souvent besoin de se donner une bonne image à l’extérieur. Ils organisent donc une fraude massive et, après, les observateurs internationaux arrivent comme des touristes et, du coup, ça donne une raison au détenteur du pouvoir. Même la communauté internationale est influencée aujourd’hui au niveau technique. C’est dire donc que les pays qui ont des intérêts avec certains dirigeants au pouvoir en Afrique ont tout à fait intérêt à voir la fraude se pérenniser. Nous pensons au cas des dirigeants français lors des élections au Tchad et en Centrafrique où on a utilisé des observateurs pour valider les fraudes massives dans ces pays. L’une des plus courantes, il faut le noter, est l’encre indélébile qui permet le vote multiple et cela, de manière permanente. Il y a aussi la fraude par les mauvaises commissions électorales qui, dans la plupart des cas, sont mises à la disposition du pouvoir en place qui les manipule très souvent ». Le report à la sénégalaise est la dernière née des méthodes de vol éprouvées.
Abdoulaye Wade perpètre lui-même le report délictueux ou encourage une initiative similaire venant d’un de ses amis politiques. La dernière proposition de report – concernant les locales du 18 mai 2008 - est celle faite par la députée et maire de Dioubel, Aminata Tall. L’intéressée s’en explique dans les colonnes du quotidien L’As daté du vendredi 7 mars 2008 : « Ce n’est l’idée ni du président de la République, ni du gouvernement, encore moins de l’Assemblée nationale. C’est ma propre idée. Je l’ai mûrie, élaborée et soumise à mes collègues sous forme de proposition de loi ». Peu importe. L’esprit retors contente le chef revêche, qui dit vouloir renouer le dialogue avec son opposition décapitée par la rumeur et le report effectif d’élections aussi cruciales que les législatives initialement prévues en avril 2006. Organisé quatorze mois plus tard, le scrutin le moins couru depuis fort longtemps, se solda par un taux de participation de 33 % seulement selon le ministère de l’Intérieur et de 25 % selon l’opposition boycotteuse.
La proposition de loi pour la tenue des élections locales le 22 mars 2009 – au lieu du 18 mai 2008 - se couvre du voile hypocrite de l’égalité en droit de toutes les régions du Sénégal (anciennes et nouvelles). En plus de leur mentalité délinquante, les gens de la majorité présidentielle ignorent tout ou presque de la géographie. Couvrant un territoire d’une superficie de 1,2 million de kilomètres carrés (au moins deux fois la France), vingtième pays au monde par sa superficie, le Tchad est le cinquième plus grand pays d'Afrique après le Soudan, l'Algérie, le Congo-Kinshasa et la Libye. Depuis 2003, le Tchad est divisé en 18 régions administratives dirigées par des gouverneurs nommés par le gouvernement tchadien. Le Sénégal qui ambitionne de disposer au moins d’une vingtaine de régions est six fois plus petit que le pays des ancêtres Sao des Tchadiens d’aujourd’hui.
Face aux délinquants, les rares députés honnêtes doivent entreprendre une bataille juridique implacable en saisissant le Conseil constitutionnel. L’article 96 (alinéa 2) de la Constitution stipule, entre autres, que le Conseil constitutionnel « est compétent en dernier ressort dans le contentieux des inscriptions sur les listes électorales et des élections aux conseils des collectivités territoriales ». L’ancien président français Nicolas Sarkozy, monté au créneau pour rendre rétroactive la loi sur la « rétention de sûreté » des criminels dangereux, en dépit de la décision contraire du Conseil constitutionnel français, n’aurait pas non plus gain de cause chez nous. En effet, au Sénégal, « les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d'aucune voie de recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités exécutives ». Aucun député n’a le droit de s’arrêter tant qu’il n’a pas exploré toutes les voies de recours qui s’offrent à lui dans sa poursuite ininterrompue de l’intérêt général.
Tant qu’il y a des pays qui respectent le calendrier démocratique par souci d’équité et de clarté, notre pays doit s’en inspirer. L’exemple des Etats-Unis d’Amérique est à ce sujet révélateur. En conformité avec le système électoral, les citoyens américains élisent, tous les quatre ans, le mardi qui suit le premier lundi du mois de novembre, les « grands électeurs » qui ont pris l’engagement de voter, le lundi qui suit le second mercredi du mois de décembre, pour le candidat démocrate ou républicain à l’élection présidentielle. Le nouveau président élu prête serment devant le président de la Cour Suprême le 20 janvier après la proclamation officielle, le 6 janvier, par le Congrès, des résultats du vote des « grands électeurs ». Immuable !
Au Sénégal, les épisodes croustillants du report à deux reprises des élections législatives en disent long sur la nature du délit politique perpétré par le gardien même de la Constitution. La manœuvre se couvre du voile hypocrite du couplage de l’élection présidentielle du 25 février 2007 avec les législatives pour venir en aide aux sinistrés de la banlieue de Dakar. En effet, Wade justifia le couplage, aboli depuis 1993, de l’élection des députés avec l’élection présidentielle, en utilisant d’abord un argument politique, qui le contrarie. « Le succès, explique-t-il, de l’opération [d]’évacuation des populations et leur hébergement dans des zones salubres, et surtout par l’élimination de ces bidonvilles et la construction à leur place de cités modernes, suppose que l’Assemblée nationale décide de repousser les élections législatives prévues en 2006, pour qu’elles se tiennent en 2007, en même temps que l’élection présidentielle ».
« En Droit, rien ne s’oppose à ce que les élections législatives soient repoussées, comme cela a été fait deux fois en France, en 1918 et en 1940, en raison des circonstances difficiles de l’après-guerre. En 2002, l’Assemblée nationale française a adopté la même mesure, repoussant la date des élections législatives. Au Sénégal, les motifs de report sont surabondants. Les députés continueraient à assurer leur mandat pour encore moins d’un an. Donc, il n’y a pas péril en la demeure, bien au contraire », précise le président dans son adresse à la nation du 28 août 2005.
En France, « l’histoire [de la mesure dont parle Wade] commence le 19 septembre 1999, lorsque François Bayrou, alors président de l’Union pour la démocratie française (UDF), dénonce le "calendrier dingo" ». Ce calendrier, « fou », prévoyait l’élection des députés avant celle du président de la République. La même année, « sentant une manœuvre, Jacques Chirac se raidit et déclare, dans son traditionnel entretien du 14 juillet, que "les règles du jeu existent" et qu’il "ne faut pas les modifier" ». « Le 19 octobre, [Lionel Jospin] déclare ne pas avoir l’intention de se mêler du calendrier 2002, tout en jugeant une inversion "plus logique" ». L’analyste politique du quotidien L’Humanité, prenant en compte ces informations ajoute, pour sa part, qu’« au-delà de la manœuvre, cette inversion s’inscrit dans un contexte institutionnel marqué par un prévisible accroissement du poids de la fonction présidentielle avec le passage au quinquennat ».
Un an après la sortie, plutôt remarquée et non moins commentée, de M. Bayrou, les Français décidèrent, par référendum, de faire passer la durée du mandat du président de la République de 7 ans à 5 ans seulement. C’était le 24 septembre 2000, date à laquelle le leader du Mouvement des citoyens (MDC), Jean-Pierre Chevènement, agite une nouvelle fois l’idée de l’inversion du calendrier républicain pour permettre aux électrices et aux électeurs d’envoyer un locataire à l’Elysée avant de renouveler l’Assemblée nationale. De l’avis de M. Chevènement, l’inversion, « réduirait le risque de cohabitation ». Le report des élections législatives qui en résultait « (…) sera [surtout] déterminant pour savoir si le quinquennat ouvre sur un régime présidentiel majoritaire (...) ou si on va vers une sorte de retour au régime d’assemblée », soutenait-il.
Le débat porta ensuite sur l’avenir même des institutions de la Ve République lorsque les partisans du maintien en l’état et ceux de la modification du calendrier républicain se manifestèrent. Pour Michel Rocard, Raymond Barre, Valéry Giscard d’Estaing et François Bayrou, « en replaçant l’élection présidentielle avant celle des députés, on remet (…) la République sur ses pieds ». Se ralliant à leur point de vue, le Premier ministre Lionel Jospin décide de soumettre la question au Parlement vers la fin de l’année 2000. Ceux qui y voyaient une « atteinte occasionnelle à la Constitution » reprochaient aux députés de prolonger eux-mêmes leur mandat de deux mois pour que le Président soit élu avant eux. Se voulant un « héritier de la tradition de séparation et d'équilibre des pouvoirs, du courant républicain, libéral et indépendant », l’ex-patron de Démocratie libérale (DL), Alain Madelin, précisa qu’il y a en France « une tradition républicaine, une vertu républicaine, qui veulent que l'on mette le calendrier politique à l'abri des manipulations de circonstance ». Faire suivre l’élection présidentielle par les élections législatives apparaissait, à ses yeux, comme « un risque d'absorber la majorité législative par la majorité présidentielle, et donc de renforcer la confusion des pouvoirs au risque d'aggraver le mal français ». S’agissant de l’atteinte à la Constitution, M. Madelin rappelle, citant Montesquieu, qu’« on ne doit toucher aux lois qu'avec des mains tremblantes ». « Car, faisait remarquer l’un des nombreux amis français du président sénégalais Abdoulaye Wade, le Président se doit d'être respectueux de la diversité (…), garant de l'unité de la nation, du respect de l'État de Droit, et de la cohésion sociale, gardien des institutions et des grands principes de la République ». Le Français ne semble pas avoir dit cela au Sénégalais au moins une fois.
Dans une autre adresse à la Nation, le président Wade justifie, le couplage, en février 2007, des élections législatives avec l’élection présidentielle en déclarant notamment qu’« en 2002, l’Assemblée nationale française a adopté la même mesure, repoussant la date des élections législatives ». Bien que l’information soit inexacte - la mesure ayant été adoptée par l’Assemblée nationale française au début de l’année 2001 - le chef de l’État trouve dans le cas d’espèce un bon exemple à méditer. L’erreur est révélatrice de l’improvisation. S’y ajoute que l’exemple est mauvais indépendamment du côté où se situe celui qui le prend. Si Maître Wade se situait du côté opposé à celui des adversaires de la modification du calendrier électoral français (présidentielle avant législatives), il ferait suivre la remise en jeu de son propre mandat (de sept ans au lieu de cinq), en démissionnant, par le renouvellement du personnel (élu pour cinq ans) de l’Hémicycle de la Place Soweto. S’il se trouvait du côté des adversaires de la modification du calendrier républicain de la France (législatives avant présidentielle), il respecterait scrupuleusement, comme annoncé par ailleurs, le calendrier électoral de son pays. S’y ajoute qu’il se garderait, en tenant compte des développements de son ami Alain Madelin, de porter atteinte occasionnellement à « sa » Constitution pour faire prospérer le forcing, énième du genre.
L’économie de 7 milliards de nos francs pour soulager les détresses, consécutives aux inondations, ne convainquit vraiment personne dans les rangs de l’opposition et bien au-delà. D’ailleurs quelques mois plus tard, Abdoulaye Wade déclara avoir reçu 6 milliards de nos francs d’un ami dont il ne précisa pas l’identité. Le coordonnateur du Forum civil, Mouhamed Mbodj, s’en étonna au nom aussi de l’antenne sénégalaise de Transparency International. Wade dit ensuite en avoir fait cadeau au Trésor public. L'argent - comme chacun le sait maintenant - ne profita jamais à la tirelire de l'Etat. Des sources concordantes accusent Karim Wade d’en avoir disposé comme bon lui semble.
L’exemple français de report des législatives révèle aussi que les adversaires de la modification du calendrier électoral ont finalement remporté les deux élections : Jacques Chirac, réélu avec plus de 80 % des suffrages, s’appuie, deux mois plus tard, sur une majorité confortable de droite pour gouverner. Les manœuvriers - les socialistes français en tête - passent dans l’opposition. C’est bien ce qui risquait d’arriver aux « libéraux » sénégalais qui, eux, couplent ou reportent une élection pour frauder.
L’ancien Premier ministre Idrissa Seck, mis en accusation par la majorité à laquelle il a appartenu, jeté en prison, puis libéré sans procès, désapprouva, depuis sa cellule, l’idée du couplage des élections. Un grand reporter soutint même que le président Wade n’organiserait pas d’élections. Djibo Kâ lui aurait même soufflé l’idée (saugrenue) de se maintenir au pouvoir par « voie référendaire ».
L’épilogue, auquel correspond la tenue effective de l’élection présidentielle le 25 février 2007 sans les législatives, montre qu’Abdoulaye Wade voulait surmonter une difficulté qu’il créa lui-même. Elu pour 5 ans le 19 mars 2000, Wade ajouta deux ans à son mandat, oubliant la durée normale de cinq ans de la législature. Et pour éviter que les élections législatives ne se tiennent avant la présidentielle, il imposa leur report à deux reprises, aidé en cela par l’Assemblée nationale et, plus tard, par le Conseil d’Etat. A l’arrivée, Wade obtint plus que ce qu’il attendait de sa manœuvre excessive : sa réélection dans des conditions qui ne satisfont pas ses principaux adversaires et la mort de l’Assemblée nationale. Après le scrutin du 3 juin 2007, aucun grand parti d’opposition ne siégea à l’Assemblée nationale pour cause de boycott des élections législatives. Wade s’appuie alors sur un effectif de 133 députés – l’Assemblée nationale en compte 150 - pour faire ce qu’il veut. La déclaration de guerre à la société paraît ainsi si manifeste que chacun de nous se voit obligé de céder à la tentation de la désobéissance civile, voire de l’insurrection, pour recouvrer sa dignité de citoyen.
Plus ça change, plus c’est c’est pareil
Le président de l'ONG « Nouveaux droits de l'homme, au Cameroun », Hilaire Kamga, dont la brillante étude avait été consacrée aux « techniques de la fraude électorale en Afrique », peut mettre à jour son répertoire en y inscrivant l’anticipation cachée dont le président sénégalais - grand promeneur aérien devant l’Éternel - est passé maître en concoctant, croit savoir LiiQuotidien, des élections locales anticipées qui lui permettraient de conserver la très mince réserve de voix grâce à laquelle son clan s’est emparé, le mode de scrutin aidant, des 131 sièges - 133 sièges pour Wade lors des Législatives de juin 2007 boycottées par l’opposition républicaine - de l’Assemblée nationale à la suite du scrutin du 17 novembre 2024.
La « mentalité délinquante des hommes politiques sénégalais » ne souffre de la moindre ride depuis que le criminologue Souleymane Ndiaye en a fait état, il y a plusieurs années maintenant, à Walf FM. Les pics de mars 2021 et juin 2023 feront parler d’eux pendant longtemps encore. Le lifting du visage de la fraude électorale dont Bassirou D.D. Faye est le nouvel artisan nous renseigne sur ce que nous savions déjà : « Plus ça change, plus c’est pareil. » Mais le profane Diomaye peut toujours compter sur moins profane pour se faire remonter les bretelles dans tous les domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle du Sénégal en cas d’entorses au gentlemen's agreement dont sont créditées toutes les vraies démocraties.
Abdoul Aziz Diop est essayiste, auteur, entre autres, de « Une succession en démocratie : Les Sénégalais face à l’inattendu », (L’Harmattan, Coll. Pensée africaine, 2009).
SERIGNE MATAR CISSÉ, L’ARTISAN DE LA MER
Sur les rives de l'Atlantique, à Soumbédioune, l’artiste transforme des déchets marins en œuvres d'art saisissantes. Depuis 1973, il se consacre à un retour aux sources, prônant le respect des traditions et la préservation de l'environnement.
À Soumbédioune, sur les rives de l’Atlantique, l’artiste Serigne Matar Cissé, connu sous le nom de Blacky, transforme les déchets rejetés par la mer en œuvres d’art saisissantes. Depuis 1973, il prône un retour aux sources et encourage les jeunes à respecter leurs aînés, tout en sensibilisant la communauté à l’importance de la préservation de l’environnement. À travers sa passion et son engagement, Blacky incarne une vision inspirante où créativité et écologie se rencontrent.
Il a des objets qui ne le quittent jamais : son chapeau, ses lunettes et sa pipe. Pour accéder à l’antre de l’artiste, il faut escalader les grosses pierres qui bordent la mer. Non loin de Magic Land, la mer semble murmurer des histoires de créativité et de résilience. Au bord de cette plage, depuis 1973, vit un artiste au parcours singulier : Serigne Matar Cissé, affectueusement connu sous le nom de Blacky.
Lorsque l’on croise Blacky, on pourrait d’abord penser qu’il souffre de problèmes de santé, une impression qui s’efface aussitôt dès qu’on engage la conversation avec lui. Véritable monument de la culture locale et bibliothèque vivante de connaissances, il incarne la fusion entre l’art et l’engagement écologique. Son accoutrement : une écharpe aux couleurs du drapeau national soigneusement enroulée autour de la tête, un manteau rouge flamboyant et un pantalon noir. Des chapelets apparaissent autour de son cou, ajoutant une touche spirituelle à son allure.
Cet homme, à la taille moyenne et au sourire chaleureux, est un véritable symbole de la culture locale. Pas de lit, ni rien qui puisse indiquer qu’une personne loge sur les lieux. Tout est noir. C’est étonnant ! Mais pour lui, c’est une « chambre d’hôtel ». Son choix d’y habiter n’est pas lié au hasard. Se considérant comme un incompris, Serigne Matar Cissé vit dans son propre monde, qu’il dénomme « le cimetière des arts ».
Il est entouré de colliers, de gris-gris, de sachets plastiques, de bouts de bois, de grosses pierres ou encore de morceaux de valises. Pour lui, tout est bon pour donner vie à un nouvel univers. Un monde rempli de personnages qui prennent vie et communiquent.
Blacky n’est pas un artiste comme les autres. Chaque jour, il arpente le rivage, scrutant le sable à la recherche de trésors oubliés : des déchets rejetés par les vagues, vestiges d’une société de consommation souvent indifférente. Ces objets, des plastiques usés aux morceaux de verre coloré, deviennent les matériaux de ses œuvres.
Pour lui, chaque déchet a une histoire à raconter et, à travers ses créations, il cherche à témoigner de la beauté cachée dans ce que d’autres considèrent comme des débris. Il fait de l’art abstrait au bord de la mer. Contrairement à son environnement, Serigne Matar Cissé est « normal ». Délaissé par une société qui ignore son talent, ce natif de la Médina a trouvé refuge au bord de cette plage.
« Je suis venu m’installer sur ces lieux parce que je ne me retrouve plus dans cette société sénégalaise. Et je ne regrette vraiment pas d’y être venu, je sais que je suis incompris par la société. Beaucoup de gens me prennent pour un fou. Oui, je le suis, mais à ma façon », explique-t-il d’un air serein et dans un bon français. « J’ai choisi la mer parce qu’elle est ma confidente, jamais elle ne me trahirait », ajoute-t-il d’un air convaincu.
Matar Cissé n’a pas de téléphone pour communiquer. Le déracinement et la perte des valeurs sont les messages qu’il lance à travers ses œuvres. Son habitation est un véritable musée à ciel ouvert, où l’imagination flambe au contact de la réalité. Ces œuvres évoquent des émotions profondes et encouragent à la réflexion. Blacky ne se contente pas de créer ; il prône également un retour aux sources, rappelant aux jeunes l’importance des valeurs traditionnelles et du respect des aînés. Pour lui, la jeunesse doit se reconnecter avec ses racines et apprendre à honorer ceux qui ont construit le monde d’aujourd’hui.
« Joe Ouakam, son idole »
Né en 1956, Matar a passé son « temps boy » (enfance) à la Médina, quartier populaire de Dakar. Pipe, barbe blanche, ouverture d’esprit, Matar épouse les traits de son idole et ami d’enfance, Joe Ouakam. Certes, ce dernier n’est plus de ce bas-monde, mais pour lui, son âme reste et inspire des générations. C’est avec un cœur rempli de bonheur que Matar se rappelle leur amour commun pour la culture, le cinéma en particulier. Mais pour lui, le cinéma d’aujourd’hui est très différent de celui d’hier.
Nostalgique du cinéma des anciens, l’artiste invite les jeunes à retourner aux sources. Il a joué dans de nombreuses pièces théâtrales. Celle qui l’a le plus marqué est « Waajur » (parent en langue wolof). « À travers cette pièce, j’ai voulu montrer l’importance des parents dans la vie d’une personne. Quand ils sont là, il faut profiter d’eux », conseille-t-il. Un message qu’il a compris quand les siens sont partis à jamais. Vivant parfaitement son panafricanisme et son esprit « révolutionnaire », son surnom colle parfaitement à son teint d’un noir d’ébène.
Ce sont les femmes restauratrices sur la plage qui lui donnent à manger, gratuitement. Son repas préféré est le mafé, un plat à base de pâte d’arachide, que déguste souvent cet homme à la fois père et chef de famille. « J’ai une vingtaine d’enfants. Je suis un polygame et j’ai connu beaucoup de divorces », déclare l’artiste au chapeau beige-noir. « Durant ma jeunesse, beaucoup de filles me faisaient la cour. J’étais tout le temps sur mon trente et un », poursuit-il dans un grand éclat de rire. Un rire qui semble traduire un certain optimisme. En effet, sa relève d’artiste est bien assurée au sein même de sa famille, car une de ses filles fait du théâtre. Même s’il ne vit pas avec ses enfants, certains parmi ces derniers passent de temps en temps lui rendre visite dans son « cimetière des arts ».
« L’art doit servir à éveiller les consciences »
Blacky croit fermement que l’art doit servir à éveiller les consciences. À travers ces interactions, il transmet non seulement des compétences artistiques, mais aussi un message puissant : la nature doit être respectée, et chacun a un rôle à jouer dans sa préservation.
En dépit des températures fraîches que connaît la région de Dakar, il affirme que cela ne le dérange guère, étant donné qu’il vit au bord de la mer. Sa chaleur humaine est palpable, et son ouverture au débat témoigne de son désir d’échanger et de partager. Dans des conditions de vie modestes, Blacky fait preuve d’une sagesse rare, nous révélant qu’il trouve la paix tant intérieure qu’extérieure.
Interrogé sur sa manière de gérer ses problèmes de santé, il répond avec sérénité : « Je me remets à Dieu ». C’est cette foi inébranlable qui nourrit son art abstrait, fait de déchets recyclés, tout en lui permettant d’affronter les défis de la vie avec un esprit positif. Blacky ne se contente pas de créer ; il inspire, encourage les jeunes à valoriser leurs racines et à respecter leurs aînés, tout en prônant une conscience écologique. Dans chaque œuvre qu’il réalise, il encapsule non seulement une vision artistique, mais aussi un message puissant de résilience et de respect pour la nature et la culture.
Loin d’être un simple artiste, Serigne Matar Cissé est un visionnaire, un rêveur éveillé qui utilise son talent pour catalyser le changement. Avec chaque sculpture, il nous rappelle que l’art peut transcender les barrières et inviter à une prise de conscience collective. Depuis cette plage qu’il a choisie comme maison, Blacky continue de tracer son chemin, un déchet à la fois, redonnant vie à des matériaux oubliés tout en honorant les valeurs essentielles de la vie.
CASAMANCE, L’HUÎTRE NE NOURRIT PAS ENCORE LES FEMMES
Malgré le potentiel ostréicole de la région, les contraintes logistiques et financières freinent son développement. La FAO et l’État du Sénégal travaillent à moderniser la filière à travers un programme de mise aux normes sanitaires et phytosanitaires.
En Casamance, des milliers de femmes s’activent dans la cueillette d’huîtres. Mais les gains restent modestes. Pour booster la filière et valoriser le travail conchyliculteur (élevage des coquillages), la Fao accompagne l’État du Sénégal dans un programme de mise aux normes sanitaires et phytosanitaires. Ce dossier a été réalisé lors d’un voyage de presse organisé par la Fao à Sédhiou et à Ziguinchor, du 15 au 20 décembre 2024.
Elles sont armées de couteaux et de coupe-coupe. Les pieds nus, elles s’avancent dans l’eau. D’un pas assuré, malgré le sol argileux, elles s’enfoncent dans la mangrove, tout en entonnant une chanson en Mandingue. Elles plongent leurs mains dans l’eau. Au bout de quelques minutes, elles viennent reverser les huîtres dans un panier à fibres de rônier avant de repartir vers la mangrove. Obligés de céder momentanément leur lieu de repos, quelques oiseaux de mer regardent le spectacle du haut du ciel. Ce geste, les femmes du village de Diao Insa Ba (commune de Bemet Bidjini, arrondissement de Djibabouya, département de Sédhiou) le répètent depuis des années. La cueillette des huître fait partie de leur quotidien. Cependant, l’activité ne leur rapporte pas grand-chose. « Nous vendons le pot d’huîtres transformées à 500 FCfa. Au maximum, nous gagnons entre 4000 et 6000 FCfa après chaque récolte », explique Aminata Mané. La commercialisation constitue la principale contrainte pour ces femmes. Faute d’acheteurs, la récolte d’huîtres est essentiellement destinée à la consommation des ménages du village. « Nous voulons aussi être accompagnées dans la formation et l’acquisition d’équipements », ajoute Adama Dabo.
Sur ce cite, l’exploitation de l’huître se fait encore de façon artisanale et elle semble à ses balbutiements. Pendant longtemps, les responsables du ministère de la Pêche ont pensé qu’il n’y avait pas d’huîtres à Sédhiou. C’est seulement en 2022 que ce site a été découvert. L’objectif est d’ériger un bassin d’ostréiculture sur ce site pour booster le potentiel. « Si les moyens suivent, je compte démarrer ce projet en 2025 », indique Abdoulaye Diallo, chef de service régionale de l’Agence nationale d’aquaculture (Ana) à Sédhiou. Au bord de l’eau est accostée une vieille pirogue à rames. Dans cette partie où s’entrecroisent le fleuve Casamance et son affluent le Soungrougrou, la mangrove devient plus dense à mesure qu’on remonte vers Ziguinchor.
Passer de la cueillette à l’ostréiculture Contrairement à Diao Insa Ba où les femmes cueillent directement les huîtres de la mangrove, à Ouronck (près de Katakalousse), l’activité est plus développée. C’est l’un des plus importants sites d’exploitation d’huîtres en Casamance. C’est ici qu’est implanté le seul bassin de dégorgement de la région de Ziguinchor. On est carrément dans l’ostréiculture, c’est-à-dire l’élevage d’huîtres. Le potentiel est nettement plus important. Dans ces bolongs du fleuve Casamance qui polarise 21 îles (14 dans la commune de Kafountine et 7 dans la commune de Djembering), l’huître est disponible en abondance, mais c’est tout un défi que d’aller le récolter. « Nous empruntons une pirogue à rames.
En plus des risques que cela comporte, nous ne pouvons pas atteindre certaines zones » renseigne Maïmouna Gomis, présidente du Gie Sotiba de Ouronck. Lors de notre passage, mardi 17 décembre, nous empruntons une pirogue à moteur pour rejoindre la mangrove. Au vrombissement du moteur, la pirogue s’élance, traçant une éphémère ligne sur l’eau. « C’est ici », lance Maïmouna. La pirogue s’ajuste vers le feuillage touffu. Pendant la récolte, les femmes plongent dans l’eau qui leur arrive à la poitrine, mais en cette période de haute marée, nous restons tous à bord. Maïmouna soulève une branche. « Vous voyez les huîtres ! », s’exclame-t-elle. De l’autre côté, on aperçoit Essaout derrière une ligne compacte de mangrove. Nous nous approchons des guirlandes et des coupelles. Ces équipements ont été installés par l’Agence nationale d’aquaculture afin de permettre aux naissains (les petites huîtres) de s’accrocher. Une fois qu’ils auront atteint une certaine taille, les femmes viennent les recueillir et les mettre dans les pochons pour le grossissement. « Au début, la collecte se faisait de façon artisanale dans les mangroves.
En installant des coupelles, on crée des conditions favorables pour permettre à l’huître de s’accrocher et cela facilite le détroquage », explique Mariama Faye. Les femmes ont également bénéficié d’un renforcement de capacités sur les méthodes de grossissement. Après la récolte, les huîtres sont mises dans le bassin de dégorgement pendant deux à trois jours avant la commercialisation. Contraintes D’après Mariama Faye, les femmes ont compris l’intérêt des infrastructures d’élevage d’huîtres. Mais ces infrastructures ne sont pas aussi accessibles à la majorité des Gie. Par exemple, il n’y a qu’un seul centre de dégorgement dans toute la région de Ziguinchor. Et ces femmes n’ont pas les moyens (camion frigorifique) pour transporter les huîtres vers ce site de traitement. Plus globalement, les ostréiculteurs de la Casamance sont confrontés à un manque de moyens. « Nous n’avons qu’une seule pirogue à rames et pas assez de gilets de sauvetage ; ce qui limite nos déplacements. Nous avons vraiment besoin d’être aidées », plaide Maïmouna Gomis. Le constat est similaire à Tobor, non loin de Ziguinchor. Sur ce site, les femmes travaillent dans des conditions difficiles pour un gain négligeable.
L’exploitation de l’huître est une vraie corvée. « Nous faisons le conditionnement de l’huître dans des bocaux dans nos maisons. Si l’on pouvait nous aider à avoir un endroit répondant aux normes d’hygiène avec les équipements nécessaires, nous pourrions augmenter notre production », plaide Mariama Diédhiou, présidente de la fédération Youlaye (huître en diola) de Tobor. L’autre écueil, c’est le manque de financement, parce que les infrastructures pour l’ostréiculture coûtent cher. Depuis 2021 l’Ong Aceas accompagne les femmes d’Ouronck (Katakalousse), notamment dans la confection, l’installation et le nettoyage de guirlandes et la valorisation de l’huître. Selon Mariama Badji, une des formatrices, cet accompagnement a permis une augmentation de la production d’huîtres sur ce site. « Depuis qu’on a commencé à former les femmes, elles ont non seulement amélioré la technique de collecte et de transformation de l’huître, mais aussi l’hygiène », dit-elle. À son avis, le potentiel ostréicole est là, mais les femmes manquent de moyens pour la cueillette. « Elles n’ont même pas de pirogues à moteur », constate Mariama Badji.
L’enjeu d’une classification des sites de production
Pour accompagner le développement de la filière huître au Sénégal, la Fao a lancé un programme de mise aux normes sanitaires et phytosanitaires afin de promouvoir la sécurité sanitaire des coquillages et leur accès aux marchés régionaux et internationaux. Il est doté d’un budget de 854.518 dollars (environ 530 millions de FCfa). Il comprend un volet de surveillance sanitaire des zones de production. Chaque mois, des techniciens effectuent des prélèvements sur les 50 sites identifiés sur le plan national. Les échantillons sont ensuite envoyés au laboratoire national d’analyse et de contrôle à Dakar pour effectuer des analyses microbiologiques et chimiques. Le protocole de prélèvement consiste d’abord à faire une inspection du littoral pour recueillir les données physico-chimiques avant de passer au prélèvement proprement dit.
« Il faut mettre l’échantillon dans de bonnes conditions dans des carboglaces et des isolants et les acheminer à Dakar dans les 24h », explique Mariama Faye, cheffe du service régional de l’Ana à Ziguinchor et point focal dans le projet. À la fin de l’étude, les sites seront classés sur une échelle de A à D, suivant le seuil de précision. Si un site est classé A, cela veut dire que le produit ne présente aucun risque sanitaire et qu’on peut récolter et commercialiser directement les huîtres. Si le site est de classe B, il faut dégorger les huîtres avant de les commercialiser. Pour les sites classés C, il faut, en plus du dégorgement, épurer les huîtres (dans un centre d’épuration) avant de les commercialiser. Enfin, les sites classés D sont inexploitables, parce que présentant un niveau élevé de contamination.
Selon Abdallah Thiam, consultant sécurité et santé des aliments à la Fao et coordonnateur adjoint du projet, il y a un potentiel ostréicole important dans plusieurs zones du Sénégal. « Avec les prélèvements que nous effectuons sur les sites, nous cherchons à savoir si les produits sont contaminés par d’autres germes microbiologiques ou s’ils ont des contaminants chimiques. À la fin du plan de surveillance que l’on est en train de mettre en œuvre, il y aura une classification des sites permettant de déterminer si, en plus du dégorgement, il est nécessaire de procéder à une purification avec la mise en place d’un centre d’épuration », explique-t-il. Selon Dr Mamadou Ndiaye, expert au bureau sous-régional de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest et coordonnateur du projet, le taux d’exécution est estimé à 65-70%. « Normalement, le projet doit finir en mars 2025, mais nous avons sollicité une prolongation de quelques mois en espérant que, d’ici à la fin 2025, on pourra arriver à l’ensemble des résultats prévus », dit-il.
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LE SÉNÉGAL RÉVEILLE SES TALENTS
Le choix passé d'un logiciel étranger coûteux au détriment de l'expertise locale sert désormais d'anti-modèle pour le gouvernement. Cette leçon d'histoire récente guide aujourd'hui une politique ambitieuse de soutien à l'innovation nationale
En dénonçant les erreurs du passé en matière de choix technologiques, le Premier ministre Ousmane Sonko a placé l'expertise locale au cœur de sa vision pour le développement du Sénégal. Lors de la finale du Gov'athon ce lundi 23 décembre 2024, il a partagé une expérience personnelle révélatrice des enjeux de souveraineté technologique.
"Il y a une vingtaine d'années, quand je venais d'arriver dans l'administration fiscale", a raconté le Premier ministre, "des Sénégalais avaient conçu pour la douane un progiciel appelé système Gaindé". Ce projet, développé localement "avec l'expertise sénégalaise", avait été vendu à un prix très compétitif et avait permis d'importantes améliorations dans la collecte des recettes douanières.
Mais quelques années plus tard, la direction des impôts a fait un choix différent : "recourir à un prestataire étranger d'Amérique du Nord qui nous a vendu un logiciel qui coûtait certainement dix fois plus cher et dont nous n'avions même pas les clés". Cette décision s'est révélée encore plus coûteuse avec le temps, nécessitant "d'avenant en avenant beaucoup plus d'argent encore, à chaque fois il fallait payer quelques milliards de plus".
Pour le chef du gouvernement, cet exemple illustre "les mauvais choix qui ne découlent pas d'une rationalité qui intègre les questions de souveraineté et de sécurité". Il plaide au contraire pour "l'encouragement que l'État doit apporter à la recherche locale, à la recherche nationale et à l'éclosion, petit à petit, de petites structures qui vont aller progressivement vers la conquête certainement du continent et du monde".
Cette vision semble déjà porter ses fruits. Dans le cadre du Gov'athon, plusieurs projets présentés par de jeunes talents sénégalais ont démontré leur potentiel international. Le Premier ministre a notamment cité un outil de gestion scolaire comparable à une solution étrangère récemment présentée au président de la République : "Les idées sont là, les compétences sont là, il faut juste accompagner, encadrer et c'est ce que nous allons faire".
Pour soutenir cette dynamique, le gouvernement a annoncé une prime de 3 millions FCFA pour chacun des neuf finalistes non primés du concours. "Le secteur de la recherche et de l'innovation sera un secteur au-devant des priorités de l'État du Sénégal", a promis Ousmane Sonko, insistant sur le fait que "avoir la possibilité de développer ses propres outils est une question de souveraineté et donc de sécurité nationale".
En conclusion de cette première édition du Gov'athon, qualifiée de "meilleure initiative gouvernementale" depuis l'installation du nouveau gouvernement, le Premier ministre a réaffirmé sa confiance dans la jeunesse sénégalaise : "C'est vous en réalité le projet dont on parle. Ce n'est pas le président Bassirou Diomaye Faye, ce n'est pas son Premier ministre, ce n'est pas le gouvernement, c'est vous".
DU NOUVEAU DANS L'AFFAIRE FRANÇOIS MANKABOU
Selon son avocat, il aurait été pisté par un proche d’un responsable politique avant son arrestation. Me Kabou dénonce des zones d’ombre autour de cette affaire et pointe des lenteurs dans l’enquête.
C’est Me Kabou qui donne l’information sur sa page Facebook. Selon lui, Francois ManKabou, du nom de cet ancien garde du corps arrêté en juin 2022 dans un contexte de tensions politiques préélectorale et décédé en juillet 2022 en détention dans un hôpital, a été pisté par un proche d’un responsable de l’ancien régime, des jour avant son arrestation.
“Dans l’affaire François ManKabou, quelqu’un de très proche d’un homme politique l’a pisté des jours avant son arrestation. Cette même personne a annoncé le décès de Monsieur ManKabou à ses proches se faisant passer pour un infirmier dans un premier temps et ensuite ambulancier de l’hôpital principal”, a affirmé Me Kabou.
Avant d’ajouter: “Nous avons réussi à remonter les appels jusqu’à avoir le numéro de téléphone de la personne. Une plainte a été déposée auprès de la cybercriminalité contre cette dernière, des proches entendus et jusqu’à présent RIEN. Celles et ceux qui parlaient de vidéo, je vous informe que Monsieur François Mankabou a été très précis dans son descriptif des faits et jusqu’à son lit d’hôpital. On ne joue pas avec la vie des gens. La vie humaine est sacrée”.