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21 avril 2025
Société
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LE COUP DE SANG DE MACRON SUR L'AFRIQUE
Le président français a défendu ce lundi une "réorganisation" plutôt qu'un "recul" de Paris sur le continent. Il a évoqué l'ingratitude de certains dirigeants africains face à l'engagement militaire français sur leur sol. "On a oublié de nous dire merci"
Lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l'Élysée ce lundi, Emmanuel Macron a vigoureusement défendu la réorganisation de la présence française en Afrique, rejetant l'idée d'un "recul" français sur le continent.
"La France n'est pas en recul en Afrique, elle est simplement lucide, elle se réorganise", a déclaré le président français, critiquant au passage les analyses "avec les lunettes d'hier" de certains commentateurs.
Le chef de l'État a particulièrement insisté sur l'engagement militaire français contre le terrorisme depuis 2013, exprimant une certaine amertume quant au manque de reconnaissance : "On a oublié de nous dire merci, c'est pas grave, ça viendra avec le temps. L'ingratitude est une maladie non transmissible à l'homme", a-t-il lancé, visant les dirigeants africains qui "n'ont pas eu le courage vis-à-vis de leurs opinions publiques".
Évoquant les récents retraits militaires français, Macron a justifié ces décisions par les coups d'État survenus dans plusieurs pays. "Nous avons bien fait. On est parti parce qu'il y a eu des coups d'État [...] du moment où les gens ont dit que leur priorité n'était plus la lutte contre le terrorisme", a-t-il expliqué, soulignant que "la France n'y avait plus sa place" car elle refuse d'être "les supplétifs de putschistes".
Par Mohamed GUEYE
PASTEF FACE AU RISQUE DE FRAGILISER DIOMAYE
Il semble qu'une faction influente du parti au pouvoir cherche à encadrer la liberté décisionnelle du président, particulièrement sur les nominations, en lui imposant des limites à ne pas dépasser
Le tollé soulevé par la nomination de Mme Aoua Bocar Ly Tall au Conseil national de régulation de l’Audiovisuel (Cnra), au titre de représentante des «personnalités qualifiées du milieu des lettres» ne s’est pas encore estompé. On a vu plusieurs «influenceurs» et des militants autoproclamés de Pastef reprendre de la voix pour critiquer cette nomination. Sur les réseaux sociaux, plein d’anciens insulteurs sont en train de s’en donner à cœur joie et rappellent que la dame n’a jamais été un vrai soutien dans «le combat patriotique». Il y a même un «Collectif ses sections communales de Pastef/Les Patriotes» qui a pondu un communiqué à la suite de l’officialisation de cette nomination. Ledit communiqué «dénonce avec vigueur, la promotion des adversaires et ennemis du «Projet»», ainsi que, entre autres, «la promotion des alliés de circonstance, la négligence de la base et les difficultés à joindre les nouvelles autorités, le maintien des éléments du régime apériste dans des instances de décision… ». Même des cadres en vue du parti, comme Guy Marius Sagna ou Amadou Ba, n’ont pas hésité à prendre position dans cette affaire. En oubliant ou faisant mine d’oublier que le décret de nomination des nouveaux membres du Cnra décrète en son Article premier que les personnes nouvellement nommées, le sont pour une durée de 6 années, non renouvelables et non révocables (ce dernier mot à souligner). Ce qui n’a pas empêché plusieurs d’entre eux de s’égosiller.
Certains espéraient peut-être que, instruit par la polémique installée lors de la nomination de l’ancien directeur de la Sirn, M. Samba Ndiaye, comme Pca de la Snhlm, le président Diomaye Faye allait cette fois satisfaire sa base et donner satisfaction à ses ultras. Ils n’avaient certainement pas bien lu le décret de nomination. En plus, ils ne se soucient pas beaucoup de l’effet d’une reculade du chef de l’Etat sur l’opinion et du respect qui serait accordé à ses engagements.
Le plus drôle est de voir à quel point l’indignation de ces «patriotes de souche» est à géométrie variable. Les mêmes personnes qui s’offusquent du «maintien des éléments du régime apériste dans les instances de décision», sont restés à ce jour, étrangement muets de la nomination de personnes comme Lansana Gagny Sakho, ancien Dg de l’Onas, limogé par Macky Sall, avant de rejoindre les rangs de Pastef et se retrouver aujourd’hui Pca de l’Apix. Mieux encore, parmi les plus proches collaborateurs du chef de l’Etat, on trouve Oumar Samba Ba, au poste de Secrétaire général de la présidence de la République. Un poste déjà occupé sous la Présidence de Macky Sall. Il y aussi Mary Teuw Niane, le directeur de Cabinet, anciennement ministre de la République, puis Pca de Petrosen, au temps du même Macky Sall. Un autre proche de Macky, qu’il n’a quitté qu’à la veille de la Présidentielle, c’est Serigne Guèye Diop, pendant très longtemps ministre-conseiller à la présidence de la République, et devenu aujourd’hui ministre du Commerce. Cela, sans parler de la plus emblématique, Mimi Touré, très proche parmi les plus proches de Macky Sall, qu’elle a quitté sous le coup d’une frustration personnelle, pour une sucette dont elle aurait été privée, et qui est devenue une pasionaria de personnes qu’elle avait pourfendues sous tous les tons et devant des publics divers. Sa nomination en tant qu’Envoyée spéciale du président, poste qu’elle avait occupé sous Macky, n’avait suscité que l’ironie des opposants
Aucune de ces nominations, de ces personnes beaucoup plus marquées dans l’appareil apériste, n’a créé de l’émoi chez les partisans de Sonko et Diomaye. Et pour Samba Ndiaye, on a entendu le Premier ministre se défausser sur son chef. Est-ce cela qui avait justifié la sortie de Diomaye, à quelques jours des Législatives, pour rappeler que cette nomination était une prérogative sur laquelle il n’entendait pas déroger ? Cette sortie semble avoir porté ses fruits. Les frondeurs, en tête desquels on trouvait des gens qui, eux-mêmes, avaient bénéficié des largesses de décrets, comme Fadilou Keïta, Dg de la Cdc, ou Waly Diouf Bodian, Dg du Port de Dakar, ont préféré cette fois faire profil bas, laissant la place à de «simples militants». Cela, pour un résultat certainement similaire, à moins que Bassirou Diomaye ne revienne sur le décret tout entier, au grand dam de son autorité. Mais on peut augurer que cette situation n’est pas près de prendre fin. Elle laisse penser qu’il y a au sein de Pastef, une frange de personnes qui semblent décidées à montrer à Diomaye qu’il devrait tenir compte de leurs avis pour toute décision ou toute nomination à laquelle il voudrait s’adonner. Ces gens, qui restent actuellement dans l’ombre, voudraient montrer au chef de l’Etat qu’il n’aurait pas les coudées aussi franches qu’il le voudrait, dans la conduite des affaires de l’Etat, que pour certaines, il y aurait une ligne rouge qu’il ne devrait pas chercher à franchir. Ce qui laisse penser que si ces personnes prennent le risque de défier si ouvertement le président, c’est qu’elles se savent bénéficier d’appuis solides.
La question revient alors à se demander qui, dans l’armature du pouvoir de Pastef, peut être crédité d’assez de pouvoir pour défier le président de la République et lui faire changer d’avis. D’où l’idée que les voies de communication entre les 2 chefs de l’Exécutif étatique et partisan ne seraient plus aussi dégagées que les gens voudraient en donner l’impression. Ce qui renvoie à la question iconoclaste. Si un jour Diomaye était mis en minorité et se sentait acculé et contraint à la démission de la tête de l’Etat, qu’adviendrait-il de tout ce monde qui cherche à le fragiliser ?
Par Hamidou ANNE
ÉTAT EN RUINE, DISIEZ-VOUS ?
L’Onu annonce le retrait du Sénégal de la liste des Pays les moins avancés. Nous sommes loin des fanfaronnades des nouveaux parvenus qui n’ont vu que ruine et désolation comme résultats d’un « système » qui échappe à leur vacuité intellectuelle
Par la résolution 79/230 de sa 79ème Assemblée générale, l’Onu annonce le retrait du Sénégal de la liste des Pays les moins avancés (Pma). L’aboutissement d’un long processus, qui a nécessité plusieurs rapports d’évaluations ; en 2018, en 2021 et en mars 2024. Donc, durant les soubresauts et les agitations de l’agenda politicien, des hauts fonctionnaires qu’un ignorant appelle «le système», travaillaient sérieusement pour l’Etat et au nom de l’intérêt général. Dans sa résolution, l’Ag de l’Onu annonce que le Conseil économique et social a souscrit à la recommandation du Comité des politiques de développement de retirer le Sénégal de la catégorie des pays les moins avancés.
En français facile, le Sénégal a fait des bonds de géant au plan économique.
Nous sommes bien loin des fanfaronnades des nouveaux parvenus qui n’ont vu que ruine et désolation comme résultats d’un «système» qui échappe à leur vacuité intellectuelle.
Le document nous informe également «qu’une période préparatoire de cinq ans était nécessaire pour tous les pays dont le reclassement avait été recommandé lors de l’examen triennal de 2024, afin qu’ils puissent se préparer efficacement à une transition sans heurt».
S’ouvre ainsi un quinquennat pour acter définitivement la transition du Sénégal de pays pauvre à pays à revenu intermédiaire. L’Onu enfin, déclare que «pour un pays, le fait d’être retiré de la catégorie des pays les moins avancés est un événement capital, qui signifie qu’il a bien progressé vers la réalisation d’au moins une partie de ses objectifs de développement».
Cette grande nouvelle célèbre surtout la bonne tenue d’un Etat ces douze dernières années.
Il y a eu d’abord l’élaboration et la mise en œuvre d’une vision autour de la transformation structurelle de l’économie, avec une société solidaire dans un Etat de Droit, moteur du Pse
Il y a surtout eu la vision d’un homme d’Etat, qui a incarné un leadership et s’est appuyé sur les excellentes ressources humaines de l’Administration du Sénégal pour bâtir un projet de société dont la finalité est la transformation radicale du visage du Sénégal.
Autour d’une vision du progrès, de vingt-sept projets et dix-sept réformes, et de la mise en exergue de six batailles sectorielles à remporter, les résultats sont tangibles, à tel point que la critique facile, parce qu’elle est lapidaire et à bas coût, visait plutôt «le bilan immatériel», antienne répétée par des roquets sans envergure pour au fond, ne rien dire.
Le Président Wade, avec lequel je n’étais pas en phase, avait eu raison d’appeler les Sénégalais au travail. C’est par l’effort continu, loin du bruit et des outrances des adultes qui vivent sur internet et des intrigants des salons feutrés du bord de mer que l’on transforme son pays. Un leader ne s’enferme pas dans des querelles d’épiciers et des chamailleries sur le sexe des anges ; il ne passe pas le plus clair de son temps à injurier ses adversaires et à menacer de les envoyer «pourrir en prison». Il devrait montrer moins d’aplomb dans l’invective que dans la déclinaison d’une vision sérieuse, qui surpasse le temps de ses mandats. Tenir un manche à balai pour écumer des ruelles sablonneuses ne peut être l’horizon indépassable du politique. S’y prêter de manière curieusement ostentatoire, dans une constance jouissive qui frise l’oisiveté, interroge : c’est avouer son incompréhensible inculture, sa navrante ignorance de notre Histoire, son impardonnable incompétence à comprendre cette Nation dont la responsabilité est d’être à l’avantgarde des mutations du monde.
Ce retrait du Sénégal de la liste des Pma est certes une excellente nouvelle. Néanmoins inquiétante, si l’on considère notre contexte. Il reste désormais à poursuivre le travail durant la période probatoire pour positionner définitivement notre pays sur la rampe de l’émergence. Par ailleurs, la décision de l’Onu appelle pour ma part trois lectures
En premier lieu, il s’agit de la sanction positive d’une politique mise en place pendant douze ans, avec hardiesse et courage pour transformer la structure de notre économie, sortir du mantra misérabiliste de réduction de la pauvreté pour aller vers une ambition de décollage économique dans l’inclusion sociale et les solidarités.
Ma deuxième lecture a trait au choix de rester dans un cadre démocratique qui consacre la pluralité des opinions. Il est courant désormais de lire d’intellectuels et de quelques divers littérateurs que la démocratie n’est pas propice au progrès économique.
Souvent, le modèle rwandais est agité en occultant de nombreux paramètres et, surtout, en banalisant l’enfer de l’autoritarisme pour ceux qui le vivent. Cette fausse vérité qui nourrit toutes les outrances et les coups d’Etat dans le Sahel a une responsabilité grave sur l’état de nos pays.
Des intellectuels, d’une irresponsabilité totale, célèbrent des putschs au nom de l’illibéralisme ou pire, de l’anti-France. Le Sénégal progresse tout en maintenant un cadre démocratique imparfait mais solide. Pour se convaincre de la pertinence de notre choix, il faut jeter un coup d’œil aux valets russes du Mali, du Burkina Faso et du Niger… Le Sénégal a su éviter le chemin périlleux emprunté par nos voisins sahéliens. Il confirme encore que l’investissement privé, moteur de la croissance, a besoin de stabilité politique et de sécurité juridique. Le Sénégal offre tous les deux aspects, conformément au choix fait pour la démocratie, qui ne saurait tolérer l’insurrection comme mode de prise du pouvoir.
Enfin, ma dernière pensée va aux théoriciens d’un «Etat en ruine». Ceux-là qui ont eu la délicatesse de ne pas célébrer ni premier baril de pétrole ni premier mètre cube de gaz, encore moins la mise en service du Brt. Les mêmes, qui ont averti le monde sur le maquillage des comptes publics de la part de leur propre administration, voient tous les jours leur rhétorique démentie par les faits. Mais comme Sisyphe, ils ne se lassent pas de tenter de salir notre pays. L’aiment-ils au fond ?
Dernière preuve en date, le communiqué ahurissant de la ministre dont on pourrait dire qu’elle est étrangère aux affaires de son Département. Elle considère le communiqué apportant la bonne nouvelle de l’Onu comme des «allégations», pour tenter de discréditer son pays et de nier ses progrès économiques. Qui imagine le gouvernement cambodgien sortir un communiqué pour contredire l’Onu et nier une avancée économique reconnue par la seule organisation au monde à vocation universelle ? Ils ne nous auront rien épargné, et ce n’est que le début... Comme disent les soyeux Britanniques : «The show must go on.»
Post-Scriptum : J’ai une pensée pour Mamadou Moustapha Bâ, qui a servi notre pays avec talent, engagement et loyauté. Cet immense serviteur de l’Etat sénégalais aurait mérité d’apprendre cette bonne nouvelle. Avec ses collaborateurs, il a géré nos comptes publics avec une dextérité qui a bâti une économie sénégalaise post-Covid-19 résiliente et désormais conquérante.
Par Henriette Niang KANDE
REBATTRE LES CARTES DU PARTENARIAT
Avec la fermeture annoncée des bases militaires françaises au Sénégal et en Côte d’Ivoire un symbole fort de la présence historique de Paris en Afrique de l’Ouest s’efface
Une nouvelle ère de coopération après la fermeture de la base militaire
Avec la fermeture annoncée des bases militaires françaises au Sénégal et en Côte d’Ivoire un symbole fort de la présence historique de Paris en Afrique de l’Ouest s’efface. Mais cette reconfiguration pourrait aussi être l’occasion de redéfinir les relations entre la France et le continent africain, en adoptant une approche plus équilibrée et respectueuse des aspirations locales.
Vers une coopération sans tutelle
Pendant des décennies, la présence militaire française au Sénégal a été perçue comme un outil de contrôle autant que de partenariat. La base militaire française, drastiquement réduite par Abdoulaye Wade en 2010, qui à l’origine était perçue comme un garant de stabilité nationale et levier d’influence stratégique pour la France, a fait l’objet ces dernières années, de critiques pour sa connotation néocoloniale. Sa fermeture définitive marque un tournant symbolique, répondant à une volonté du nouveau régime sénégalais d’exercer sa souveraineté.
Dans ce contexte, la France doit repenser sa coopération. Plutôt que de se concentrer sur une approche militaro-sécuritaire, Paris pourrait élargir son champ d’action à des domaines plus inclusifs et constructifs. L’éducation, les infrastructures, la culture et la transition énergétique apparaissent comme des axes stratégiques pour renforcer les liens entre les deux parties.
Réinventer le “mindset” des élites françaises pour un partenariat durable
Avec le retrait définitif de la présence militaire française en terre sénégalaise, la France fait face à un défi majeur : refonder ses liens avec un pays qui a beaucoup changé.
Abandonner les réflexes paternalistes
Pendant des décennies, la politique de la France au Sénégal s’est appuyée sur une relation asymétrique, marquée par un paternalisme latent. C’était l’époque. Elle s’est longtemps perçue et jusqu’à une période très récente, comme la « Métropole », voire le guide de cet ancien territoire colonisé. Cette posture est devenue obsolète dans un pays où l’affirmation de la souveraineté nationale et la diversité des partenariats internationaux sont des réalités incontournables. La méthode elle, perçue comme paternaliste et déconnectée des réalités locales, alimente les ressentiments. Le changement de mentalité doit passer par une reconnaissance explicite de cette dynamique. Les élites françaises doivent se départir de l’idée que la France est indispensable à l’Afrique. Aujourd’hui, le discours qui s’entend de plus en plus, est qu’il est temps de traiter les pays africains comme des partenaires égaux et souverains, capables de prendre leurs propres décisions, même si celles-ci vont à l’encontre des intérêts français ou considérées comme telles. Deux exemples qui méritent d’être cités.
En mars 2022, à l’ONU, le Sénégal avait fait réagir des observateurs français par son positionnement lors d’une résolution intitulée « Agression contre l’Ukraine », dont le texte exigeait « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine et retire immédiatement, complètement et sans condition, toutes ses forces militaires » d’Ukraine. Le Sénégal (comme 11 autres pays africains) s’était abstenu.
En 2014, il avait adopté la même attitude, concernant la crise entre la Crimée et la Russie. Etait-ce une volonté de s’affirmer différemment sur la scène internationale ou un désir de calmer le jeu au niveau régional et local ? Voire. Quelques observateurs n’ont pas manqué de réagir, à l’image de Nicolas Henin (journaliste) , en postant sur son compte X : « Petit retournement du Sénégal, qui a finalement voté au Conseil des Droits de l’Homme en faveur d’une commission d’enquête internationale indépendante à la suite de l’agression de la Russie contre l’Ukraine », semblant ignorer que ce pays, même allié du bloc occidental et de la France en particulier, est resté dans sa logique d’adoption d’une stratégie de non-alignement depuis la guerre froide. Même s’il est arrivé que des répercussions économiques soient ressenties localement, il s’agit avant tout d’un conflit lointain qui se déroule hors du continent.
Une humilité face aux nouveaux équilibres géopolitiques
Les élites françaises doivent reconnaître que la puissance de la France au Sénégal a décliné. Partant de là, elle doit accepter des « nouvelles » alliances et ne pas considérer de telles décisions comme une trahison, mais un choix souverain dans un monde multipolaire. Adopter une posture humble face à cette réalité n’est pas un aveu de faiblesse, mais une preuve de maturité. Cela implique de ne plus percevoir les partenaires du Sénégal (la Chine, la Russie, la Turquie principalement), uniquement comme des concurrents alors que les « souverainistes » ou « panafricains » selon la terminologie donnent l’impression de plaider pour un «France dégage » en lieu et place d’autres puissances. La France pourrait explorer des synergies dans des projets tripartites, où chaque partenaire contribue avec ses forces spécifiques.
Reconnaître les manquements du passé
Toute relation n’est durable que si elle repose sur la confiance. Et pour regagner la confiance, la France doit reconnaître pleinement ses erreurs historiques. Les stigmates de la colonisation, les pratiques opaques de la Françafrique et les interventions militaires controversées continuent de peser lourdement sur sa perception, dans la grande majorité de la jeunesse. La restitution des œuvres d’art pillées, entamée mais encore incomplète, doit être accélérée et accompagnée d’une coopération renforcée avec les institutions culturelles. De même, la déclassification des archives liées à certaines périodes sensibles de l’histoire franco-sénégalaise serait un signal d’ouverture et de transparence. Mais cette reconnaissance doit aller au-delà des symboles pour se traduire dans des politiques concrètes. La mise en place de programmes éducatifs conjoints pourrait permettre de construire une vision partagée et équilibrée de l’histoire.
Le nouveau partenariat gagnant-gagnant : l’après fermeture de la base française
Avec la fermeture définitive de la base militaire française de Dakar, le Sénégal amorce une redéfinition stratégique de ses partenariats internationaux. Ce tournant marque une volonté claire d’affirmer sa souveraineté tout en s’inscrivant dans des collaborations équitables et mutuellement bénéfiques. Mais qu’apporte réellement le Sénégal dans ce nouveau modèle de partenariat ?
Une position géostratégique incontournable
Situé à l’extrémité occidentale de l’Afrique, le Sénégal bénéficie d’une position géographique privilégiée, offrant un accès direct à l’Atlantique et constituant une porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest. Sa stabilité politique, dans une région parfois troublée, renforce son attractivité. Cette situation géographique confère au pays un rôle clé dans la sécurité maritime et le contrôle des routes commerciales.
Un modèle de stabilité démocratique
Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal est perçu comme un modèle de démocratie en Afrique. Les trois alternances politiques et le respect des institutions, font du pays un partenaire fiable dans un monde où la stabilité politique est une denrée rare. Cette réputation renforce la capacité du Sénégal à jouer un rôle de médiateur dans les crises régionales et à promouvoir une gouvernance respectueuse des droits humains.
Des ressources naturelles en plein essor
La découverte récente de gisements de pétrole et de gaz place le Sénégal au cœur des enjeux énergétiques mondiaux. Ces ressources, encore sous-exploitées, constituent un atout majeur dans les nouveaux partenariats économiques, à condition qu’elles soient gérées de manière transparente et durable. Par ailleurs, le pays possède d’importantes réserves minières (phosphates, zircon) et une zone économique exclusive riche en ressources halieutiques, qui attirent des investisseurs désireux de tirer parti de cette manne
Un hub économique et régional en construction
Avec Dakar comme hub économique et logistique, le Sénégal se positionne comme un centre névralgique pour le commerce et les affaires en Afrique de l’Ouest. Des projets ambitieux, tels que la Zone économique spéciale de Diamniadio et l’expansion du port de Dakar, bien que très fortement concurrencée par Abidjan et Cotonou, renforcent cette vision. Le pays attire encore des entreprises étrangères cherchant à établir des bases dans une région dynamique, tout en bénéficiant d’infrastructures et d’un environnement d’affaires que l’on cherche à améliorer d’une manière constante.
Une jeunesse dynamique et engagée
Avec une population majoritairement jeune, le Sénégal offre un potentiel humain considérable. Cette jeunesse constitue une force de travail compétitive et un vivier d’innovation, particulièrement dans les secteurs technologiques, culturels et entrepreneuriaux. Les partenaires internationaux trouvent dans cette vitalité démographique un levier pour développer des initiatives durables et inclusives.
Vers un partenariat plus équilibré
La fermeture de la base française reflète une tendance plus large au Sénégal : celle d’un rejet des relations néocoloniales au profit d’un partenariat basé sur le respect mutuel. Cependant, la vraie influence désormais appartient aux entreprises privées qui créent la richesse et dont certaines sont plus puissantes que l’Etat sénégalais lui-même. En guise de comparaison, au Sénégal opèrent des entreprises françaises qui pèsent, dit-on, pour 25% des recettes fiscales et près de 10% des emplois formels. Elles sont en concurrence désormais avec des sociétés chinoises, turques, indiennes, marocaines...
La vraie exigence pour les politiques publiques sénégalaises est de promouvoir un secteur privé suffisamment fort qui pourra concurrencer le privé étranger au nom d’une compétition ouverte qui est la principale valeur d’une économie libérale. Bander les muscles est une chose, avoir les moyens de son ambition souverainiste en est une autre. Dans ce rendez-vous de la mondialisation où chaque nation vient avec son avantage comparatif, qu’offre le Sénégal ? Des entreprises assez puissantes pour remporter des parts de marché ailleurs dans le monde ? Un marché de consommateurs suffisamment riche pour attirer des industries et des marques de luxe ? Des ressources naturelles foisonnantes ?
Le risque est de vendre le souverainisme jusqu’à opérer de mauvais choix économiques comme celui du rétablissement du visa d’entrée au nom de la réciprocité. Le Sénégal est un pays touristique. Le secteur constitue la deuxième source de devises de notre économie. Rendre difficile les conditions d’entrée dans le pays, courir le risque de failles techniques comme ce fut le cas en 2013 et en 2015 (avec les bugs des machines, les voyageurs à destination payaient mais les pannes faisaient qu’ils n’obtenaient ni le visa, ni le remboursement de leurs frais. Le système électronique de visa ne marchant qu’une fois sur quatre), peut avoir un impact négatif sur le tourisme. Le discours souverainiste risque d’être vain s’il ne fait pas de l’économie, son moteur. Or, jusque-là, on reste sur des discours dénonçant l’influence politique française et qui relèvent d’une conception ancienne des relations internationales. L’urgence pour ces cinq prochaines années est de constituer un capital économique national pour avoir quelque chose à apporter dans la dynamique de co-construction que nous devons avoir avec le monde. Sinon le Sénégal continuera d’être un appendice, alors que le monde adopte une révolution extraordinaire avec la robotisation, l’Intelligence Artificielle et les énergies vertes.
Va-t-on déshabiller Paul pour habiller Sergueï, comme on le constate dans certains « pays souverainistes », avec la forte présence militaire de la Russie, à travers la milice privée Wagner ?
Le discours du président Bassirou Diomaye Faye, prononcé le 31 décembre 2024, marque un moment charnière dans l’histoire contemporaine du Sénégal. L’adresse, empreinte de solennité, s’est voulue être un pont entre des aspirations populaires et des actions concrètes, dessinant une vision claire pour un Sénégal uni, souverain et prospère. Le chef de l’Etat a annoncé la fin de la présence militaire française dès 2025, soulignant une volonté de renforcer la souveraineté nationale. Cette décision s’inscrit dans une refonte stratégique de la défense, tout en affirmant une diplomatie active, ouverte et engagée pour les causes justes à l’échelle mondiale.
La présence et l’outil militaire français au Sénégal
A son accession à l’indépendance en 1960, le Sénégal a maintenu avec la France, une relation particulière, notamment par le biais de la présence militaire française sur son sol. Cette collaboration s’inscrivait dans le cadre des accords de défense signés lors de l’indépendance, qui visaient à répondre à des objectifs stratégiques et politiques. Ils étaient censés assurer la stabilité politique et la sécurité dans une région ouest-africaine fragile. La France, soucieuse de conserver une influence dans ses anciennes colonies, considérait le Sénégal comme un point stratégique pour ses opérations en Afrique. Dakar, en particulier, avec son port en eau profonde et sa position géographique, était idéale pour établir une base militaire capable de projeter des forces dans la région. Cette présence était initialement perçue comme un gage de sécurité contre d’éventuelles menaces extérieures et un soutien logistique dans ses propres capacités militaires. Seulement, au fil des années, les fondements et l’évolution de cette présence ont été différemment perçus par les différents présidents sénégalais successifs avant Bassirou Diomaye Faye, selon leurs priorités et leurs sensibilités.
Les positions des présidents sénégalais
Léopold Sédar Senghor (1960- 1980), premier président du Sénégal, a vu dans la présence militaire française un levier de modernisation et une garantie de stabilité. Convaincu de l’importance d’une collaboration étroite avec la France, il considérait que l’autonomie politique du Sénégal ne devait pas s’accompagner d’une rupture brutale avec l’ancien colonisateur. Ainsi, la base militaire française de Dakar a été maintenue comme un symbole de cette relation privilégiée. Avec Abdou Diouf (1981- 2000), la perception évolue.
Dans un contexte de décolonisation avancée et de montée des revendications nationalistes en Afrique, Diouf adopte une approche plus pragmatique. Il conserve les accords de défense, mais travaille à renforcer les capacités militaires nationales pour réduire la dépendance vis-à-vis de la France. Sa politique a visé à équilibrer la coopération avec d’autres partenaires internationaux, tout en maintenant une relation cordiale avec Paris. C’est Abdoulaye Wade (2000- 2012) qui marque véritablement une rupture symbolique. Critique à l’égard de l’influence française en Afrique, Wade demande la fermeture de la base militaire française à Dakar en 2010. Cette décision s’inscrivait dans sa volonté de renforcer la souveraineté nationale et de repositionner le Sénégal sur la scène internationale.
Toutefois, cette fermeture n’a pas équivalu à la fin de la coopération militaire : des missions conjointes et des formations avaient continuées d’être menées. Sous Macky Sall (2012- 2024), la relation militaire avec la France a été plus coopérative que conflictuelle. Dans un contexte marqué par la montée des menaces terroristes au Sahel, Macky Sall s’est appuyé sur la France pour renforcer la sécurité régionale, tout en poursuivant le développement des forces armées sénégalaises. La coopération s’est diversifiée, s’étendant aux opérations internationales et au soutien logistique. Sous sa présidence, la présence militaire et la coopération sécuritaire avec la France ont été cruciales pour protéger le Sénégal contre les menaces croissantes venant de la région du Sahel, marquée par une instabilité croissante due à la montée en puissance des groupes tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et Boko Haram. Malgré la fermeture en 2010, par Abdoulaye Wade de la base militaire française, le Sénégal est resté un élément-clé pour les opérations dans le Sahel, notamment lors de l’initiative Barkhane. Les forces françaises ont utilisé Dakar comme point de transit stratégique pour leurs missions régionales. L’une des pierres angulaires de cette coopération a été le partage d’informations stratégiques. Le Sénégal, pays relativement stable dans une région de plus en plus fragile, est devenu un acteur clé dans la collecte et le traitement des renseignements sur les activités terroristes dans le Sahel. Cette collaboration a permis d’anticiper et de prévenir d’éventuelles infiltrations de groupes armés au Sénégal.
Une stratégie française en mutation
Si les chefs de l’Etat ont eu des visions et des positions différentes quant à la présence militaire française sur le sol sénégalais, la réduction progressive des forces françaises au Sénégal et plus largement en Afrique a commencé à être envisagée dans l’hexagone, dès les années 1990. Avec la chute du Mur de Berlin en novembre 1989 entraînant avec elle celle du Bloc de l’Est, l’Afrique, à ses yeux avait perdu une partie de son importance sur le terrain de la rivalité Est-Ouest. A cela, se sont ajoutées des pressions internes de plus en plus fortes pour réduire ses dépenses militaires et les revendications croissantes d’autonome de pays africains.
En 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France procède à une réorganisation de ses bases militaires. Si au Sénégal cette décision a été motivée par la volonté politique de Abdoulaye Wade, ailleurs, elle s’inscrivait dans une stratégie plus large visant à concentrer les ressources militaires françaises sur d’autres bases comme celles de Djibouti, de Libreville au Gabon et de Ndjaména au Tchad. En Afrique de l’Ouest, bien qu’ayant réduit ses bases permanentes, des opérations à l’image de Serval, en 2013, ont montré que Paris est restée engagée dans la région. Mais les observateurs ont souligné un changement de doctrine : la France a privilégié ces interventions ciblées et temporaires en partenariat avec les armées locales. A partir de 2021, face à une montée des sentiments anti-français (lire article « Frapp France Dégage ») et aux aspirations des populations à davantage de souveraineté, marquant un changement de ton par rapport à la politique traditionnelle de la « Françafrique », la France a annoncé une réduction significative de son dispositif militaire dans le Sahel, pour ne plus être perçue comme elle l’a été pendant longtemps, comme le « gendarme » de l’Afrique. En 2022, Emmanuel Macron va dérouler une nouvelle stratégie pour la présence française en Afrique, axée sur la coopération plutôt que sur le maintien des troupes permanentes.
Fin du monopole français, émergence d’un multilatéralisme africain
Créé en 2014, le G5 Sahel est une organisation regroupant cinq pays sahéliens : le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad. Son objectif principal était de coordonner les efforts pour répondre aux défis sécuritaires et de développement dans cette région durement frappée par le terrorisme, l’insécurité transfrontalière et les crises humanitaires. Toutefois, le Sénégal, bien qu’à proximité géographique du Sahel, n’en est pas membre. Cette absence repose sur plusieurs considérations.
Une question géographique et sécuritaire
Le G5 Sahel rassemble des pays directement situés dans la bande sahélienne et confrontés à des menaces terroristes élevées. Ces nations partagent des frontières poreuses où opèrent des groupes armés comme AlQaïda au Maghreb islamique (AQMI) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). En comparaison, le Sénégal, situé sur la côte atlantique, est géographiquement éloigné des épicentres de ces conflits. Bien que vigilant face à la montée du terrorisme, le pays n’a pas été confronté à des attaques significatives sur son sol, contrairement à ses voisins sahéliens. Par conséquent, son inclusion dans le G5 Sahel n’était pas une priorité immédiate.
Un choix stratégique différent
Plutôt que de rejoindre le G5 Sahel, le Sénégal a concentré ses efforts sur d’autres cadres de coopération régionale, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali). Membre actif de la CEDEAO, le Sénégal participe aux initiatives de maintien de la paix et de stabilisation dans la région ouest-africaine. Cette stratégie lui permet d’éviter une association trop étroite avec les crises sahéliennes tout en jouant un rôle significatif sur le plan régional. Le 18 mars 2022, au cours d’une cérémonie sobre mais solennelle, le Général de division Usman Abdoumumuni Yusuf a passé le flambeau au Général de brigade sénégalais Moctar Diop. Avant le 8 décembre 2023, date de la conclusion du départ de la Minusma du Mali, c’est un Général-Major sénégalais, Mamadou Gaye, qui avait remplacé le Hollandais Johannes Kees Matthijssen.
Une volonté de préserver sa stabilité
Le Sénégal cultive une image de stabilité politique et de modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. Participer directement au G5 Sahel, une organisation fortement associée à des zones de crise aiguë, aurait pu brouiller cette image. De plus, le régime de Macky Sall, à la création du G5 en 2014, a préféré concentrer ses efforts sur des approches préventives pour lutter contre la radicalisation. Si la fermeture définitive annoncée de la base française au Sénégal par le président de la République dans son discours du 31 décembre clôt un cycle de près de six décennies de présence militaire hexagonale sur le sol sénégalais, un profane peut dire que cela ne change rien qui ne relève pas du symbole. La guerre désormais n’a pratiquement plus besoin de présence au sol. Les drones peuvent jeter des projectiles sur un territoire alors qu’ils sont contrôlés à des milliers de kilomètres. L’attaque iranienne sur Israël, les frappes ukrainiennes dans la région de Koursk ont montré au monde, des drones qui traversent des pays afin de toucher leur cible. La guerre est technologique, de même que le renseignement. Ce que le Président ne dit pas en revanche, c’est quelle politique de défense le Sénégal met-il en œuvre à la suite de cette décision de faire partir les troupes françaises. On objectera que cela relève du « secret-défense ». Des questions demeurent. Qui produira les armes et les équipements militaires des soldats sénégalais ? Ou seront sont formés les officiers sénégalais si ce n’est pour beaucoup et jusqu’ présent à Saint-Cyr ou Melun ? Nos officiers les plus brillants s’enorgueillissent d’avoir fait leurs armes à l’École de Guerre en France ou à Westpoint et Paris nous appuie encore, en termes de renseignement, de surveillance des frontières dans la guerre contre le terrorisme dans la bande sahélienne. Va-t-on déshabiller Paul pour habiller Sergueï, comme on le constate dans certains « pays souverainistes », avec la forte présence militaire de la Russie, à travers la milice privée Wagner ? Ce serait le comble du comble, puisqu’une souveraineté revendiquée et assumée, ne saurait être sous tutelle.
ZIGUINCHOR SOUS LA MENACE DES ORDURES MENAGERES
C’est un véritable désastre écologique qui guette la ville de Ziguinchor en ce moment après la fermeture de la décharge de Mamatoro qui a pris feu la semaine dernière.
C’est un véritable désastre écologique qui guette la ville de Ziguinchor en ce moment après la fermeture de la décharge de Mamatoro qui a pris feu la semaine dernière. Ziguinchor et ses populations sont sous la menace des ordures. Le rythme des évacuations des déchets solides a considérablement baissé ces derniers jours dans la commune imprimant ainsi les risques d’une catastrophe écologique.
Réceptacle des déchets ménagers collectés dans la commune de Ziguinchor, cette décharge de Mamatoro située dans le village du même nom dans la commune d’Enampor fait souvent face à des incendies saisonniers et courants. Aujourd’hui se pose la problématique de l’évacuation des ordures dans la commune de Ziguinchor. Ou déverser toutes ces ordures ménagères collectées dans la ville de Ziguinchor ? Cette question taraude en ce moment tous les esprits. Le manque d’espace dans une commune presque étouffée accentue les difficultés mais aussi exacerbe l’impossibilité de trouver un site. Des sites sont certes identifiés hors du périmètre communal mais toutes les démarches entreprises dans les autres communes voisines n’ont pas encore abouti. Aussi bien l’Unité de Coordination et de Gestion des déchets solides (UCG) que la Municipalité de Ziguinchor, ces différentes parties se heurtent à la réticence des populations de ces communes voisines qui rechignent à abriter une décharge d’ordures.
Les préoccupations environnementales et celles sanitaires sont passées par là. Mais les conséquences commencent déjà à se ressentir dans la commune de Ziguinchor. Les rotations de camions de ramassage d’ordure ont considérablement diminué. Et les opérations de collecte ont chuté à 15% comparé au rythme normal. Déjà, dans certains coins des rues, les ordures sont entassées sur des sacs en attendant leur évacuation. L’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides assure difficilement l’évacuation de ces déchets. Une source proche de cette structure exprime tout son pessimisme : « Si la situation perdure et si nous ne parvenons pas à trouver un site dans une semaine, ce sera la catastrophe. C’est la ville de Ziguinchor qui va se transformer en dépotoir d’ordures dans tous les coins de rue», déplore la même source qui parle d’une urgence. Ziguinchor avait vécu une situation similaire en 2017 lorsque la Municipalité d’Enampor avait décidé de fermer la décharge de Mamatoro aux autorités municipales de Ziguinchor après un différend aux relents politiques.
En 2022, l’actuel Premier Ministre Ousmane Sonko alors maire de Ziguinchor avait visité la décharge de Mamatoro pour donner un coup d’accélérateur aux travaux de construction du centre de regroupement et de commercialisation des déchets, réalisés par la commune de Ziguinchor en collaboration avec le PRODEMUD.
La situation risque d’être plus dramatique pour l’actuelle équipe municipale et surtout le maire qui fait face à une vague de critiques. Et si la gestion des ordures vient s’y ajouter, la cote de popularité et l’image du Maire Djibril Sonko n’en seront plus qu’écorchées. D’ailleurs, nos tentatives de joindre les autorités municipales sont restées toutes vaines. A cette décharge fermée, il faut aussi ajouter la problématique d’évacuation des boues de vidange La question des vidanges des fosses septiques se pose avec acuité en ce moment dans la ville de Ziguinchor. Une ville qui souffre d’un réel problème d’assainissement. Aujourd’hui, la question devient plus lancinante au point que la situation frôle « l’impensable ». Les prix de vidange de fosse dans la ville ont quadruplé au grand dam des populations qui s’expliquent difficilement une telle hausse. La vidange qui s’effectuait à vingt-cinq mille fra CFA (25.000 francs Cfa) passe désormais à cent mille francs (100.000 francs CFA ). S’il est difficile de cerner la situation au niveau des autorités municipales, les camionneurs de vidange expulsés de la décharge de Mamatoro dans la commune d’Enampor où ils avaient l’habitude de déverser les boues de vidange se rabattent maintenant vers Bignona à une trentaine de kilomètres de Ziguinchor. Aujourd’hui, la situation reste très préoccupante dans la commune de Ziguinchor qui est sous la menace d’un désastre écologique avec un risque patent de voir des ordures un peu partout dans la ville de Ziguinchor. Et si une solution urgente n’est pas trouvée, les conséquences environnementales et sanitaires risquent de plonger les populations dans un véritable désastre écologique. L’alerte est sonnée.
LE PRESIDENT BASSIROU DIOMAYE FAYE APPELLE A UNE BONNE GESTION DU CADRE DE VIE
Sous la présidence effective du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, la 8e édition de la journée nationale « Setal sunu Reew », s’est déroulée à la cité Comico, sise à Yeumbeul Nord.
Bada MBATHIE (KEUR-MASSAR, Correspondant) |
Publication 06/01/2025
Sous la présidence effective du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, la 8e édition de la journée nationale « Setal sunu Reew », s’est déroulée à la cité Comico, sise à Yeumbeul Nord. Aux côtés des citoyens, les Forces de défense et de sécurité (Fds) ont marqué de leur présence cette journée d’investissement humain afin de travailler en synergie pour un cadre de vie plus sain.
La 8e édition de la journée nationale « Setal sunu reew », présidée par le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, s’est tenue, samedi, à Yeumbeul Nord. Cette journée de mobilisation citoyenne, coïncidant avec le début du nouvel an, était placée sous le thème « Setal sa gokh, aar sa yaram » : aux côtés des citoyens, les forces armées s’engagent ». À cet effet, le chef de l’Etat a chaleureusement remercié l’armée nationale qui s’engage à œuvrer non seulement pour un Sénégal propre, mais aussi, à travers le concept de « Armée-Nation », mène des activités de don de sang, de soutien aux populations dans les domaines de l’éducation, de la santé, entre autres.
En plus des autorités administratives, des élus locaux, des populations de Yeumbeul, l’activité a vu la participation des autorités étatiques dont le ministre des forces armées, le général Birame Diop. Dans son allocution, le président Bassirou Diomaye Faye a appelé les populations à perpétuer cette activité salutaire du don de soi. « La santé commence d’abord par une bonne gestion de l’environnement. Elle est au début et à la fin de toute chose. Il n’y a pas de santé dans un environnement malsain, car, un esprit sain n’évolue que dans un corps sain qui, lui-même, doit se déployer dans un environnement sain », a fait savoir le président de la République. Selon le président, le défi reste la pérennisation, au-delà de son bail à la tête de l’Etat.
« Nous devons perpétuer ces activités pendant toute la durée de notre mandat et au-delà même. Ceux qui prendront le témoin pourront continuer sur cette lancée pour qu’on inscrive définitivement dans notre Adn l’instinct de rendre propre, mais surtout, celui de ne pas salir. Nous sommes tous tenus de faire de façon permanente le don de soi pour la patrie pour mieux faire nation et encore pour mieux former un peuple », a laissé entendre le cinquième président de la République. Le chef de l’état a vivement encouragé les Sénégalais à participer massivement au concours national récompensant les quartiers les plus propres. D’après lui, cette initiative vise à promouvoir des pratiques durables pour un Sénégal plus sain et agréable à vivre.
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LE CNRA ACCUEILLE AOUA BOCAR LY TALL DANS LA CONTROVERSE
L'universitaire dévoile les dessous d'une controverse qui dépasse sa simple personne. Dans une mise au point sans concession, elle expose les rivalités et les frustrations qui agitent la diaspora militante de Pastef
Dans une sortie médiatique attendue, Aoua Bocar Ly Tall a brisé le silence sur sa récente nomination au Conseil National de Régulation de l'Audiovisuel (CNRA). Face aux critiques ayant suivi l'annonce de sa désignation, la nouvelle membre de l'institution maintient une posture sereine, mettant en avant le soutien massif reçu de la part de nombreux compatriotes.
"J'ai reçu une pluie de félicitations et des marques de confiance où les gens me disent 'Dre Aoua Bocar Ly, vous méritez cette nomination, voire plus mérite'", déclare-t-elle. Elle évoque notamment les messages d'encouragement offrant sa capacité à contribuer à la revalorisation de l'institution.
La controverse autour de sa nomination trouve selon elle, son origine dans les critiques d'un militant actif de Pastef, propriétaire d'Afrolec. D'après Ly Tall, ces critiques seraient motivées par la frustration de ce dernier de n'avoir pas été nommé à un poste, alors que d'autres militants du parti au Canada ont été promus.
Universitaire et analyste, Aoua Bocar Ly Tall rappelle son engagement passé pour le pays, notamment sa défense du président face aux critiques internationales. Elle souligne avoir publié un article, repris par onze journaux, en réponse aux commentaires d'une franco-tunisienne sur la polygamie du chef de l'État.
"J'ai tous les atouts, les connaissances et les compétences qu'il faut, ainsi que la personnalité et les valeurs nécessaires pour ce poste", affirme-t-elle. Se disant en phase avec l'orientation panafricaniste et souverainiste du gouvernement actuel, elle exprime sa gratitude envers le président de la République et le Premier ministre, tout en réaffirmant sa détermination à servir le Sénégal dans ses nouvelles fonctions.
L'ORIGINE DU COVID, UNE ENQUÊTE SANS FIN
Cinq ans après son apparition, l'origine du SARS-CoV-2 défie toujours les scientifiques. La transmission animale et la fuite de laboratoire restent les deux pistes principales d'un débat passionné
(SenePlus) - D'après un article publié dans Le Monde, cinq ans après l'apparition des premiers cas de Covid-19 à Wuhan, l'origine exacte du SARS-CoV-2 demeure une énigme scientifique majeure. Deux hypothèses principales persistent : une transmission par le biais d'animaux sauvages ou une fuite accidentelle d'un laboratoire.
Comme le rapporte le quotidien, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a encore récemment, le 30 décembre 2024, renouvelé sa demande de transparence auprès des autorités chinoises. Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, maintient que les deux hypothèses principales "restent sur la table".
Les seules certitudes scientifiques concernent l'origine chauve-souris du virus. Selon Le Monde, deux virus proches ont été identifiés : "RaTG13, identifié en 2013 dans la grotte minière de Mojiang" et "Banal-52, prélevé au Laos en 2020", ce dernier présentant une similarité génétique de 96,85% avec le SARS-CoV-2.
Une avancée significative dans l'hypothèse du marché a été réalisée par la chercheuse française Florence Débarre, qui a découvert en 2023 des données génomiques confirmant la présence d'animaux potentiellement vecteurs sur le marché de Huanan. Toutefois, comme le souligne le journal français, ces données "ne permettent pas d'affirmer qu'ils étaient contaminés spécifiquement par le SARS-CoV-2".
Concernant l'hypothèse de la fuite de laboratoire, le journal rapporte l'existence du projet Defuse, révélé par le groupe Drastic en 2021. Ce projet, non financé, prévoyait des expériences de "gain de fonction" à l'Institut de virologie de Wuhan (WIV). Jeremy Farrar, actuel directeur scientifique de l'OMS, qualifiait en privé la situation de "Wild West".
Le Monde cite également une étude récente du chercheur allemand Andreas Martin Lisewski, publiée le 17 décembre, révélant que "la seule séquence connue analogue au site de furine du SARS-CoV-2 provient d'un virus MERS artificiel".
Jean-Claude Manuguerra, virologue à l'Institut Pasteur et membre du groupe SAGO de l'OMS, résume la situation : "Les données métagénomiques du marché font pencher la balance, mais elles ne sont pas de nature à confirmer l'origine zoonotique. Quant à la fuite de laboratoire, nous ne disposons d'aucune donnée qui nous permette d'évaluer cette hypothèse."
L'article souligne que les services de renseignement américains restent divisés sur la question, le FBI et le ministère de l'énergie penchant pour la thèse de l'accident de laboratoire, tandis que d'autres agences privilégient l'hypothèse zoonotique.
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AES : GARE AU SYNDROME DE LA GUINÉE DE SÉKOU !
Non seulement l’AES a le devoir de réussir dans un élan souverainiste et panafricaniste, mais doit se garder de répéter l’aventure de Sékou Touré qui a déçu les espérances en lui placées par les Africains, estime l’universitaire Maboula Soumahoro
AfricaGlobe Tv |
Fred Atayodi |
Publication 05/01/2025
L’angliciste franco-ivoirienne Maboula Soumahoro, en marge du symposium Condition Report tenu à Dakar du 18 au 21 décembre, a répondu à bâtons rompus aux questions d’AfricaGlobe TV. Parmi les sujets abordés, l’aventure de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui a claqué la porte à la CEDEAO, accusée d’avoir commis des erreurs évidentes à la suite des coups d’État survenus dans ces trois pays.
Si Maboula Soumahoro se montre très enthousiaste et en phase avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qui ont décidé de prendre leur destin en main, de parachever leur indépendance totale, de s’éloigner de la CEDEAO et surtout de s’affranchir du joug colonial de la France, la chercheuse exprime une attente claire : elle espère absolument que ces trois pays réussiront de manière exemplaire et inspirante. Elle souhaite qu’ils obtiennent des résultats concrets et ouvrent la voie à un avenir meilleur dans leur élan souverainiste et indépendantiste.
Cependant, Maboula met en garde contre tout échec des dirigeants Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahmane Tiani (Niger), un échec qui pourrait rappeler, à bien des égards, la Guinée de Sékou Touré.
Leader panafricaniste et anti-impérialiste guinéen, Ahmed Sékou Touré a, dès 1958, exigé l’indépendance vis-à-vis de la France. Cependant, il n’a pas pu réaliser tout ce qui était attendu de lui par les Guinéens et les Africains, en partie à cause de la répression exercée par la France de De Gaulle. Par exemple, la France a saboté la monnaie guinéenne, une réaction aux ambitions audacieuses de Sékou Touré. Pendant ce temps, la majorité des anciennes colonies africaines avaient choisi de rester dans la communauté française.
Globalement, Maboula Soumahoro, enseignante de culture et civilisation anglaises, spécialiste de la diaspora noire africaine et maître de conférences à l’Université de Tours (France), estime qu’« il est toujours bon, normal de claquer la porte à la France ».