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10 avril 2025
Société
par Jean Pierre Corréa
NDEER EN ACTIONS, POUR QUE LE 8 MARS NE SOIT PAS UNE FOLKLORIQUE SAINT VALENTIN
Il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles
Il est à redouter qu’encore cette année, le 8 mars soit une nouvelle fois une occasion ratée de remettre au milieu du village, la problématique récurrente des « Droits de la Femme », que l’on se plaît à célébrer au Sénégal sous le vocable forcément réducteur de « Journée de la Femme », fêtée avec le folklore qui sied aux traditionnelles gaudrioles avec lesquelles nous savons si bien dérouler notre sens aiguisé du futile et du vaporeux. Même sous des auspices proclamés de « Ruptures », nous n’échapperons pas aux cérémonies bruyantes et dissipées durant lesquelles des femmes de toutes organisations, drivées par le convenu et inévitable ministère de la Femme, sapées dans un dress-code grégaire et désuet, vont faire assaut des discours habituels vantant et relatant d’exceptionnels parcours de femmes, qui servent d’arbres à cacher la forêt dense qui enveloppe les tourments et les drames que vivent souvent la majorité d’entre elles.
Dans l’expression de mon métier, je plante ça et là, quelques « marronniers », et le 8 mars en fait partie, sauf qu’il me semble plus pertinent de proclamer mon amour pour les femmes, la veille, c’est-à-dire le 7 mars, date qui depuis 2015 marque Talaatay Ndeer, référence à la dignité conquise de haute lutte par ces femmes qui ont illuminé le sens aigu de la rébellion des Sénégalais, et que l’Association Ndeer en Actions a choisi pour célébrer les Femmes, en pointant ces faiblesses sociétales, qui comme des « cailloux dans nos babouches », nous empêchent d’avancer avec hardiesse et élégance sur les chemins qui balisent nos aspirations égalitaires.
Les engagements intelligents et dynamiques ayant pour vertus de s’agréger, la directrice du laboratoire genre de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), le professeur Fatou Sow Sarr diffuse cette conviction et accentue le plaidoyer pour l’intégration dans le calendrier républicain de la date du 7 mars pour célébrer la journée de la femme sénégalaise. Si la date du 8 mars est retenue, depuis 1977, à l’échelle internationale, en référence à la lutte des femmes ouvrières, elle estime « qu’il est temps pour le Sénégal de célébrer ces « Linguères » qui se sont immolées le 7 mars 1820 pour sauver l’honneur de leur patrie, et de consacrer la date du 7 mars au temps de la réflexion pour revisiter l’histoire des femmes de Talaatay Ndeer et faire du 8 mars un moment des festivités. Il est vrai que le brouhaha des tamas peut ne pas être propice à l’expression porteuse de changements audacieux et…urgents.
Hom-Deff : cela ne s’invente pas !
Loin des célébrations festives organisées par toutes sortes d’associations et groupements féminins, souvent issus d’entreprises ou d’institutions, cette date du 7 mars est épinglée dans le calendrier national par une association dénommée Ndeer en Actions, au sein de laquelle, c’est à souligner, des hommes et des femmes défendent, animés par leurs convictions, les principes qui sous-tendent la quête d’un certain égalitarisme entre hommes et femmes pour faire rimer femmes et démocratie. C’est d’ailleurs une singulière particularité de Ndeer en Actions, que d’accueillir en son sein l’Association des Hommes pour la Défense des Droits des Femmes et des Filles, Hom-Deff, comme pour dire « l’homme fait », ça ne s’invente pas, tout en décernant des « Diplômes de Reconnaissance » chaque année à des hommes qui ont par leurs actes, contribué à faire avancer la cause des femmes et des jeunes filles.
Mame Binta Cissé incarne dans un enthousiasme entraînant Ndeer en Actions. MBC est politique, d’essence et de nature. Parce que son environnement a toujours été politique, dans son sens premier et le plus noble, celui rattaché à la racine « polis » qui évoque la cité et donc ses citoyens.
Mame Binta Cissé est conquérante, au sens où elle aborde les problématiques qui lui tiennent à cœur, avec le goût du combat, et l’objectif de la victoire, à travers les résolutions des problèmes.
Les cercles de femmes, n’ont plus de secrets pour cette dame de Rufisque qui a toujours mis un point d'honneur à participer ou organiser la journée internationale des femmes, créant en outre l'association « Ndeer en actions » en 2015, avec pour mission de faire du 7 mars une journée nationale des femmes commémorant Talaatay Ndeer.
En 2022, les réflexions portaient sur le comportement que devraient avoir les jeunes filles en milieu scolaire sur internet pour éviter les dérives et promouvoir l’égalité, en 2024 sur le rôle des hommes dans l’émancipation des jeunes filles et l’autonomisation des femmes en milieu urbain.
La session de réflexion de 2025, inspirée du principe qu’il faut « continuer le début et que ce n’est qu’un combat », proposait en ce mois de Ramadan un thème d’une grande acuité : « Femmes et Islam. Quelles réformes pour le Code de la Famille ? ».
Qu’il se soit agi de Madame Sophie Cissé, modératrice, ou d’Alassane Niang, spécialiste en Charia et législation islamique, ou d’El Hadj Mbaye Bassine, Imam de la Mosquée de Keury Souf, tous ont évoqué la Sacralité de la Femme en Islam, et précisé sa place de choix, que certains ont choisi justement de ne pas voir… Il est vrai que notre particularité, réside dans le fait que les Sénégalais, souvent, ne comprennent pas…ce qu’ils savent.
Les acquis ne sont jamais définitifs et requièrent pour être pérennes, vigilance, sagacité et…convictions citoyennes.
Alors, que ce soit le 7 ou le 8 mars, ce qui est en jeu n’a rien à voir avec « la Fête des Femmes », mais avec « Le Droit des Femmes », lequel dans ce monde où le masculinisme à la Trump et à la Poutine pousse à chahuter certaines avancées acquises de haute lutte, nécessite vision, élégance, combativité et convictions.
Des activistes et universitaires appellent à la révision du code de la famille au Sénégal. Il semble exister une unanimité sur la nécessité de réformer le code de la famille. Mais conservateurs et progressistes ne s'entendent pas sur comment réformer ni sur quoi réformer. Selon le présent code de la famille au Sénégal, qui a pris un peu de poussières, seul un homme peut être reconnu comme chef de famille, décidant de quasiment tout. De l'endroit où vit la famille, à comment ou quand établir des documents administratifs à ses enfants, l'homme est le chef suprême de la famille. Ces réticences racontent quelque chose qui ressemble à une forme de régression.
« Touches pas à mon voile » !
La plateforme nationale des femmes musulmanes "Ndeyi Askann Wi" a pris des positions fermes contre l’agenda du genre et les politiques qu’elles jugent contraires aux valeurs traditionnelles sénégalaises.
Face à ce qu’elles considèrent comme une « propagande déguisée », alternant les termes « violences faites aux femmes » et « violences basées sur le genre », les membres de la plateforme dénoncent une tentative de normalisation des idéologies qu’elles rejettent. Selon elles, ces concepts sont utilisés de manière intentionnelle pour créer des amalgames et faire passer des idées contraires aux normes morales et religieuses du Sénégal.
« Nous refusons la féminisation de la famille », ont-elles déclaré, rappelant que pour elles, la quintessence de la cellule familiale réside dans l’union entre un homme et une femme, conformément aux valeurs islamiques et humaines universelles.
La ministre de la Famille et des Solidarités a été directement interpellée, à la limite de la menace : « Si vous choisissez l’agenda du genre, nous n’hésiterons pas à vous faire face ».
C’est la grande force du patriarcat et de notre société sexiste, qui est de réussir à diviser l’humanité en deux moitiés, puis de morceler l’une des deux moitiés en plein de petits groupes pour être sûr que les choses ne changent pas. Diviser pour mieux régner, en somme, et cibler l’influence des lobbies féministes et des organisations internationales, accusées d’imposer des idéologies étrangères au Sénégal.
Chronique du viol ordinaire
S’il existe un domaine où il est plus indiqué d’être de Ndeer du 7 mars, plutôt que de la bamboula du 8 mars, c’est assurément celui du grand danger, et du grand mépris que notre société sexiste et patriarcale destine et inflige à nos jeunes filles, nos très jeunes filles, violées dans une indifférence coupable, par des tontons, des « édukateurs » ou des précepteurs religieux, sans véritables châtiments, malgré l’adoption de la loi criminalisant le viol et la pédophilie. Malgré ces mesures draconiennes, les viols, les uns plus odieux que les autres, font légion dans le pays.
L'Association des juristes sénégalaises (AJS) rapporte que "sur 331 victimes de viol recensées en 2022, 43% avaient entre 4 et 14 ans". Plus inquiétant encore, selon un rapport de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) cité par le journal du soir, le Centre de guidance infantile et familiale de Dakar a comptabilisé "97 cas de viols ou d'incestes sur mineures et 21 cas de viols suivis de grossesse, avec une moyenne d'âge de 11 ans" sur la seule période 2016-2017 dans la région de Dakar.
Face à ce drame, les nouvelles autorités sénégalaises, élues en mars, restent muettes. Malgré la signature du protocole de Maputo en 2004, qui prévoit l'autorisation de l'avortement dans les cas extrêmes, aucun gouvernement n'a osé légiférer sur la question, craignant les pressions religieuses.
Malgré tout ce pouvoir des hommes, il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles. Quel que soit le niveau de pouvoir des hommes qui détruisent l’avenir de ces jeunes filles, quels que soient la beauté d’une jeune fille et l’attrait de ses atours, il faut que les hommes du Sénégal sachent que : « Un HOMME ça s’empêche ». Et comment « ça s’empêche » ? En calmant sa braguette en pensant à sa mère, à sa sœur, à sa fille. Tout simplement.
Le 8 mars c’est tous les jours qu’il faut le célébrer en faisant du respect absolu des femmes, de leur liberté et de leur dignité un enjeu essentiel de civilisation. Le Professeur Fatou Sow nous enseigne que « Cela permettra de reconstituer l’histoire de nos sociétés traditionnelles, qui a été construite par des femmes. A travers cette approche, il sera possible de restaurer des valeurs qui sont nôtres et de booster l’estime de soi des femmes et leur obligation à participer à la construction du pays ».
Et surtout, cela nous éviterait de vivre comme des bêtes.
VIDEO
LE PATRON DU TRÉSOR SORT DU SILENCE
Amadou Tidiane Gaye a levé le voile sur l'intrusion qui a ciblé les systèmes informatiques de son administration. Si des ordinateurs et téléphones portables ont bien disparu, le haut fonctionnaire affirme que les données critiques restent intactes
Le mystère qui entourait l'intrusion dans les locaux du Trésor public sénégalais vient d'être partiellement levé. Face aux caméras de la RTS vendredi 7 mars 2025, le directeur général de la comptabilité publique et du Trésor, Amadou Tidiane Gaye, a livré sa version des faits concernant cet incident qui alimente les rumeurs depuis plusieurs jours.
"C'est une intrusion dans les locaux de la direction de l'informatique du Trésor qui est un bâtiment annexe au bâtiment principal situé à l'avenue Pompidou", a précisé d'emblée M. Gaye. L'incident s'est produit "exactement la nuit du dimanche", selon ses déclarations.
Le haut fonctionnaire a confirmé qu'il s'agissait bien d'un vol ciblant "des ordinateurs portables et des téléphones portables". Toutefois, il s'est voulu rassurant quant aux conséquences de cette effraction : "Les données financières et comptables du Trésor public ont été préservées et sauvegardées. Il n'y a eu aucune interruption dans l'exercice du service public au niveau du Trésor."
Face aux interrogations sur un possible lien avec la récente publication du rapport de la Cour des comptes, le directeur général s'est montré prudent : "On ne peut pas faire le lien a priori", a-t-il indiqué, précisant que "l'enquête en cours permettra de savoir exactement les motivations de ceux qui ont commis cet acte."
M. Gaye a également évoqué brièvement "l'affaire Tabaski", concernant une inspectrice du Trésor, tout en refusant de s'étendre sur ce dossier distinct "en cours de procédure judiciaire".
Pour rassurer les usagers, le responsable a détaillé les mesures de sécurité en place : "Nous avons mis en place un dispositif de sécurité qui concerne d'abord l'intégrité des données et la continuité du service avec ce que nous appelons un plan de continuité de l'activité." Il a ajouté que le Trésor dispose "d'un dispositif de sauvegarde permanente des données financières et comptables."
Une enquête de la police scientifique est actuellement en cours pour déterminer l'ampleur exacte du préjudice et identifier les auteurs de cette intrusion.
LA GUERRE DES COMPTABLES
Après le point de presse avorté du Syndicat unique des travailleurs, l'Amicale des inspecteurs récuse les accusations du président de l'Ordre national des experts-comptables et appelle ces derniers à balayer devant leur porte
La pilule ne passe toujours pas en travers la gorge des agents du Trésor public. Après le point de presse du Syndicat unique des travailleurs reporté à la dernière minute, avant-hier, c'est l'Amicale des inspecteurs qui est montée au créneau pour porter la réplique aux experts-comptables agréés et à leur président Mor Dieng. Dans la mise au point envoyée à ‘’EnQuête’’, hier, les inspecteurs dénoncent vigoureusement ce qu'ils qualifient comme un manque de respect. “... Nous tenons à exprimer notre profond désaccord avec ces affirmations infamantes et irresponsables (les accusations du président de l'Onecca, voir notre édition d'hier) totalement désaxées des véritables problématiques posées par le rapport de la Cour des comptes”, proteste l'amicale.
Les camarades de Diomourou Dia en veulent particulièrement au président de l'Onecca qui les a présentés comme des comptables d'épicerie. Ils rappellent à l'Ordre des experts “qu’une autorité de la stature de leur président” est surtout “attendue sur des contributions de nature à enrichir le débat”. Selon l'Amicale des inspecteurs, la sortie du président de l'Onecca ne reflète, en réalité, qu’une profonde méconnaissance des finances publiques et de ses subtiles particularités. “Autrement, comment comprendre cette homélie nauséeuse d’abord soutenue par un de ses collègues lors d’un débat télévisé et ensuite confirmée par leur président. L’on déduit, dès lors, qu’il s’agit d’une sournoise stratégie de faux-fuyant pour éviter de s’appesantir sur les véritables problématiques que pose le rapport de la cour”, ont-ils fulminé.
De l'avis des inspecteurs du Trésor, les experts-comptables agréés devraient plutôt balayer devant leur porte avant de s'intéresser à celle de leurs voisins. “La charité commençant par soi, il est aujourd’hui évident que vous avez suffisamment de défis internes à relever, surtout dans le contexte de digitalisation des processus “métiers clients” et du nombre important d’entreprises actuellement redressées du fait d’une mauvaise application de la loi fiscale ou des normes comptables, alors que leurs états financiers sont certifiés par des 'cabinets d’experts’”, poursuivent M. Dia et Cie.
De nombreuses entreprises redressées malgré des comptes certifiés par les experts-comptables
Pour eux, les experts-comptables se méprennent complètement sur le professionnalisme des agents du Trésor qui mènent, depuis des années, des réformes en vue d’améliorer la transparence et l'efficacité de la gestion des finances publiques. “Vos collègues de l’ordre, dont les cabinets ont eu l’occasion de travailler avec l’administration du Trésor, dans le cadre de la réforme comptable, n’auront certainement pas la même appréciation des améliorations substantielles apportées par notre structure dans la tenue des comptes publics”, indiquent-ils dans la mise au point.
À en croire les inspecteurs du Trésor, le président de l'Onecca fait fausse route dans son analyse des conclusions de la Cour des comptes. À leur avis, ce rapport constitue principalement une invite aux acteurs des finances publiques “à mettre fin aux pratiques non orthodoxes de contournement du Trésor public à travers l’exécution de dépenses publiques hors de son circuit normal et en violation manifeste des règles de la comptabilité publique”.
Pour autant, les agents du Trésor se disent conscients des enjeux et défis, et expliquent s'être inscrits “dans une dynamique de réforme constructive et d'amélioration continue des finances publiques”. Lesquelles réformes portent pour l’essentiel sur certains aspects réglementaires et sur l’écosystème de la gestion publique soulevés par la Cour des comptes.
“À ce jour, elles nous ont valu la certification de l’essentiel de nos processus métiers à la norme internationale ISO-9001 version 2015 de plusieurs directions comptables et administratives du Trésor. Pionnière dans ce domaine, la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor est aujourd’hui la seule entité de l’Administration publique à avoir certifié autant de processus métiers, incluant tous les aspects du management stratégique et opérationnel, à une norme internationale de référence comme ISO”, fulminent-ils dans la note envoyée à ‘’EnQuête’’.
Les inspecteurs invitent, par ailleurs, “à recentrer le débat sur les véritables défis et enjeux de la gestion des finances publiques au Sénégal”. À en croire l'amicale, le problème, c'est plutôt “des pratiques généralisées de contournement des circuits budgétaires et des procédures du Trésor public” qu'eux-mêmes n'ont eu de cesse “de dénoncer dans les limites que leur impose leur obligation de réserve.
FUKUYAMA ALERTE SUR MUSK ET LE DÉCLIN DE LA CIVILISATION OCCIDENTALE
Le chercheur de Stanford décrit comment le rachat de Twitter participait d'une stratégie pour acquérir de l'influence politique. Cette transformation de X en "mégaphone MAGA" illustre, selon lui, une menace fondamentale pour la démocratie américaine
(SenePlus) - Dans un article publié en janvier 2025, Francis Fukuyama, chercheur émérite à l'Institut Freeman Spogli de l'Université Stanford, dresse un parallèle inquiétant entre Silvio Berlusconi et Elon Musk, qu'il qualifie d'"oligarque américain fait maison".
Fukuyama commence par rappeler son blog de 2021 intitulé "Silvio Berlusconi et le déclin de la civilisation occidentale", dans lequel il argumentait que l'ancien Premier ministre italien serait considéré par les historiens futurs comme "le principal méchant" responsable de l'effondrement de la civilisation occidentale.
"Berlusconi était l'inventeur de la forme moderne d'oligarchie, dans laquelle un individu riche utilise son argent pour accéder au pouvoir politique par l'achat de médias, puis utilise sa fonction politique pour protéger ses intérêts économiques", écrit Fukuyama.
Cette stratégie, qui a empêché l'Italie de réformer ses institutions après la Guerre froide, a ensuite été adoptée par des oligarques dans toute l'Europe de l'Est et l'ancienne Union soviétique, comme Igor Kolomoisky et Rinat Akhmetov en Ukraine, ou Andrej Babiš en République tchèque. "Ces oligarques ont menacé la démocratie de manière fondamentale, en exerçant une influence politique excessive et en favorisant la corruption", souligne l'auteur.
Musk : le Berlusconi américain
"Eh bien, devinez quoi, nous avons maintenant notre propre oligarque américain dans le moule de Berlusconi : Elon Musk", affirme Fukuyama. Il explique que l'achat de Twitter (devenu X) pour 44 milliards de dollars n'était pas motivé par des raisons économiques ou par la défense de la liberté d'expression comme Musk le prétendait.
"Il voulait acheter de l'influence politique, ce qu'il a fait en abondance. X est passé d'une plateforme légèrement à gauche du centre à un mégaphone MAGA, que Musk utilise plusieurs fois par jour pour diffuser ses opinions politiques", écrit le chercheur.
Fukuyama souligne que cette influence médiatique, conjuguée aux 250 millions de dollars que Musk a donnés à la campagne de Trump, a largement contribué à l'élection de ce dernier. En retour, Trump lui a offert des rôles politiques comme co-directeur du DOGE et conseiller polyvalent, créant d'énormes conflits d'intérêts étant donné l'importance du gouvernement fédéral pour Tesla et SpaceX.
Un partenariat fragile
Le politologue prédit que le partenariat Trump-Musk n'est pas "fait au paradis". "Deux egos aussi importants auraient du mal à partager la vedette, et il y a des preuves que Trump se lasse déjà de la présence de Musk à Mar-a-Lago", note-t-il.
Si Musk suivait véritablement le chemin de Berlusconi, il chercherait à entrer lui-même en politique. "Il ferait un successeur bien plus plausible à Trump que n'importe lequel des enfants de Trump", estime Fukuyama, tout en rappelant que le président élu a déjà souligné que Musk ne peut pas briguer la présidence puisqu'il n'est pas né aux États-Unis. "Mais il y a beaucoup d'autres fonctions publiques auxquelles il pourrait aspirer, et je ne l'exclurais pas de la politique américaine même s'il est éjecté de l'orbite de Trump."
Les médias sociaux comme acteurs politiques
Fukuyama s'inquiète des implications à long terme de cette situation. "Les médias sociaux remplacent rapidement les médias traditionnels comme principale source d'information pour les Américains. Personne ne devrait prétendre qu'ils sont des places publiques neutres ; ce sont des acteurs politiques qui peuvent influencer l'issue des élections."
Le problème fondamental, selon lui, est qu'ils sont "trop grands et trop puissants". Contrairement aux trois grands réseaux de télévision d'antan, dont l'influence politique était limitée par la FCC et des normes de neutralité médiatique, "aucune contrainte de ce type n'existe aujourd'hui pour les grandes plateformes en ligne".
Fukuyama conclut en plaidant pour une réduction de ce pouvoir par la prolifération de "middlewares" qui supprimeraient essentiellement leur pouvoir éditorial. Il rappelle qu'en 2020, son groupe d'étude à Stanford avait comparé les grandes plateformes internet à "une arme chargée posée sur la table devant nous", en espérant qu'aucun mauvais acteur ne s'en emparerait. "Ce scénario est celui qui s'est maintenant déroulé avec Twitter et Elon Musk. Réduire l'échelle et le pouvoir des plateformes reste donc très important, mais la réforme est bloquée car la plateforme brandit maintenant une très grosse arme."
AXIAN PRÉPARE SON OFFENSIVE CONTRE ORANGE ET WAVE
Le groupe malgache, qui a pris le contrôle total de l'opérateur Yas (ex-Free Sénégal), prépare des acquisitions stratégiques. La bataille pour conquérir le marché sénégalais des services financiers mobiles s'annonce féroce
(SenePlus) - Face à la concurrence sur le marché sénégalais des services financiers mobiles, le groupe malgache Axian Télécom met en place une stratégie ambitieuse pour redresser ses activités fintech dans le pays. Selon Jeune Afrique, l'entreprise dirigée par Hassanein Hiridjee cherche à se démarquer par des acquisitions stratégiques et des services ciblés pour s'imposer face aux géants du secteur.
Présent dans cinq pays africains sous les marques Yas pour les services télécoms et Mixx by Yas pour les activités fintech, Axian Télécom a l'intention de poursuivre son expansion. D'après JA, alors que ses opérations à Madagascar, aux Comores, en Tanzanie et au Togo sont majoritairement rentables, le groupe dirigé depuis août 2024 par Hassan Jaber concentre désormais ses efforts sur le redressement de ses activités financières au Sénégal.
Le marché sénégalais est actuellement dominé par deux acteurs majeurs : Orange, via sa filiale locale Sonatel, et la start-up américaine Wave. Face à cette concurrence, Axian prépare une nouvelle offensive. Comme l'explique à Aau magazine Erwan Gelebart, responsable Open Innovation & fintech du groupe Axian, rencontré à Barcelone lors du Mobile World Congress : « Un bilan a été établi, une nouvelle stratégie a été mise en place et de nouveaux services sont à développer ».
Présent au Sénégal depuis 2019 où il détenait 40% de Free Sénégal, le groupe malgache a renforcé sa présence en 2023 en acquérant 40% supplémentaires, prenant ainsi le contrôle de l'opérateur. Rebaptisé Yas, celui-ci propose désormais divers services financiers via son application Mixx by Yas et se trouve actuellement en phase de réinvestissement.
« En parallèle à nos opérations grand public, nous travaillons à une offre dédiée aux TPE avec des services adaptés à leurs besoins », précise Erwan Gelebart à Jeune Afrique, soulignant l'importance des très petites entreprises dans l'économie africaine.
Conscient de la difficulté à concurrencer directement Orange et Wave sur le mobile money traditionnel, Axian mise sur d'autres produits financiers et services pour percer sur le marché sénégalais. Dans cette optique, JA rapporte que la branche fintech du groupe malgache travaille sur une nouvelle transaction lui permettant de consolider ses opérations en Afrique de l'Ouest francophone, particulièrement au Sénégal.
Selon Erwan Gelebart, Axian recherche « les start-up avec un chiffre d'affaires de quelques millions de dollars, proches du seuil de rentabilité et dont les fondamentaux économiques sont solides ». L'investissement prévu serait de « quelques dizaines de millions de dollars », avec actuellement trois dossiers à l'étude.
La branche fintech du groupe mise notamment sur le segment BtoB avec son service FlexPay, destiné aux entreprises structurées pour simplifier leurs opérations financières avec employés, fournisseurs et partenaires.
Un autre axe important de développement est la carte Mastercard prépayée, rattachée au portefeuille électronique des clients de Mixx by Yas. Ce service, selon Jeune Afrique, permet de réaliser des achats en ligne, de voyager et d'effectuer des transactions dans plus de 210 pays à travers le monde.
« La carte Mastercard a été un gros pari et les premiers résultats sont encourageants », affirme Erwan Gelebart. « L'un de nos enjeux pour 2025 est de réussir à changer de dimension sur l'adoption de l'application », ajoute-t-il, évoquant des campagnes ciblées, des promotions et des offres de cashback pour atteindre cet objectif.
En parallèle, Axian travaille également à renforcer la gouvernance de sa branche fintech, notamment via l'arrivée d'administrateurs indépendants, et à structurer ses équipes pour soutenir cette croissance.
AIBD, LE SYTAS S’OPPOSE AUX LICENCIEMENTS ET PROPOSE DES ALTERNATIVES
Le Syndicat des Travailleurs des Aéroports du Sénégal rejette fermement le plan social annoncé par l’Aéroport International Blaise Diagne, dénonçant une décision arbitraire aux lourdes conséquences pour les employés.
Le Syndicat des Travailleurs des Aéroports du Sénégal (SYTAS) rejette catégoriquement le plan social annoncé par la direction générale de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD SA) à l’issue d’un séminaire tenu à Saly Portudal du 26 au 28 février 2025. Réuni en congrès extraordinaire, le SYTAS dénonce une décision arbitraire de l’État du Sénégal et affirme son engagement à défendre les intérêts des travailleurs concernés par ces licenciements massifs.
Conscient des difficultés financières rencontrées par l’AIBD SA, le SYTAS se dit ouvert à des négociations avec la direction générale afin de trouver des solutions alternatives permettant de maintenir l’outil de travail et de préserver les emplois. Le syndicat désapprouve fermement la décision de licenciement et exprime son désaccord avec les justifications avancées par les autorités.
Pour éviter ces suppressions d’emplois, le SYTAS suggère plusieurs mesures, notamment : Le redéploiement du personnel vers les aéroports de Saint-Louis et de Ziguinchor dès leur réouverture. La relance des projets structurants tels que le Centre de Maintenance Aéronautique et le projet Aéroville, générateurs d’emplois. La valorisation du patrimoine foncier de l’AIBD SA à Dakar, hérité de la fusion avec les Aéroports du Sénégal (ADS).
S’appuyant sur l’Article 23 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui garantit à toute personne le droit au travail et à la protection contre le chômage, le SYTAS estime que les justifications des autorités ne sont pas fondées et que des solutions viables existent pour éviter ce « drame social ».
Le syndicat exhorte les autorités à entamer des discussions afin de trouver une alternative à ces licenciements, qui menacent de plonger de nombreuses familles dans la précarité.
VERS LA LEVÉE PROCHAINE DE LA SUSPENSION DES BOURSES FAMILIALES
Le gouvernement avait annoncé la suspension temporaire des bourses, afin de procéder à l’évaluation de ce programme d’aides pécuniaires de 35 000 francs accordées aux ménages les plus pauvres.
Dakar, 7 mars (APS) – Le conseiller technique numéro un du ministère de la Famille et des Solidarités, Oumar Samb, a annoncé, vendredi, que la suspension temporaire du programme de bourses familiales va bientôt être levée.
‘’La suspension sera bientôt levée et les équipes du ministère travaillent activement pour assurer une sélection plus objective et équitable’’, a-t-il dit au cours d’une émission sur RSI, la radio publique.
Le gouvernement avait annoncé la suspension temporaire des bourses familiales, afin de procéder à l’évaluation de ce programme d’aides pécuniaires de 35 000 francs accordées aux ménages les plus pauvres.
‘’C’est un programme que nous avons suspendu temporairement pour faire l’évaluation. Beaucoup de personnes estiment qu’il y a des ajustements à apporter dans la manière de sélectionner les bénéficiaires. Nous sommes en train de revoir le Régime National Unique, qui est l’outil permettant de choisir les ayants droit’’, a déclaré Oumar Samb lors de cette même émission radio.
Cette mesure de suspension temporaire obéit, selon lui, à la volonté du gouvernement d’améliorer le programme de bourses nationales dans le sens ‘’d’augmenter le nombre de bénéficiaires à 8 et 9 millions de Sénégalais’’.
‘’Nous voulons renforcer et relever le plateau, c’est-à-dire augmenter le nombre de bénéficiaires. Cela apportera des résultats positifs, car ces populations en ont réellement besoin’’, a fait savoir le conseiller technique numéro un du ministère de la Famille et des Solidarités.
Mais, auparavant, ‘’il est impératif d’évaluer tout le programme, même s’il est excellent, afin de garantir son efficacité’’, a-t-il ajouté, précisant que ‘’la suspension sera bientôt levée’’.
LE CENTRE DE STOCKAGE DE PRODUIT HORTICOLES A LOUGA
Le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, a présidé la cérémonie d’inauguration du centre de stockage de produits horticoles de Potou, une infrastructure d’une valeur de 193 millions de francs CFA construite dans ce village maraicher de la région ...
Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, a présidé la cérémonie d’inauguration du centre de stockage de produits horticoles de Potou, une infrastructure d’une valeur de 193 millions de francs CFA construite dans ce village maraîcher de la région de Louga (nord).
Le Projet d’appui au développement de l’entrepreneuriat féminin et de l’emploi des jeunes (PADEF-EJ) est à l’origine de la construction de ce centre destiné à la conservation de la production maraîchère locale.
“C’est un modèle d’intégration des femmes à l’économie locale. En facilitant la conservation et le stockage des produits horticoles, nous réduisons les pertes de récoltes et permettons aux producteurs de mieux valoriser leur production”, a dit Mabouba Diagne en parlant de l’utilité de l’ouvrage.
Il a présidé la cérémonie d’inauguration de l’ouvrage, jeudi, au nom de la ministre de la Femme et des Solidarités, Maïmouna Dièye.
“Cette infrastructure d’une valeur de 193 millions de francs CFA sera utilisée pour la conservation et le stockage des produits horticoles, notamment l’oignon, et l’amélioration des conditions de travail des maraîchers”, a affirmé le coordonnateur du PADEF-EJ, Mame Thierno Guèye.
Le centre construit dans cette zone propice au maraîchage et pourvoyeuse d’importantes quantités de produits horticoles pour le pays s’étend sur trois hectares.
Son magasin de stockage peut contenir 10 000 tonnes de légumes, selon M. Guèye.
Mabouba Diagne a présidé la cérémonie d’inauguration du centre de stockage de produits horticoles de Potou.
Il comprend un bâtiment administratif, deux aires de stockage, un hangar, un logement et d’autres commodités.
Il a été construit par le PADEF-EJ en vue de la promotion des filières agricoles et horticoles, avec le soutien de la mairie de Léona et de l’AGETIP, l’Agence d’exécution des travaux d’intérêt public contre le sous-emploi, ce qui fait dire à Mame Thierno Guèye que “c’est le fruit d’un travail collectif”.
Bodièle Sow, la présidente d’une coopérative de femmes s’activant dans l’horticulture à Potou, a fait part de sa grande satisfaction envers les autorités municipales de Léona et les dirigeants du Projet d’appui au développement de l’entrepreneuriat féminin et de l’emploi des jeunes.
“Nous sommes très fières et heureuses que ce projet réponde enfin à l’une de nos préoccupations majeures […] Ce centre va non seulement améliorer nos conditions de travail, mais aussi accroître la compétitivité de nos produits sur le marché national”, a dit Mme Sow.
Elle souhaite que l’état de la route reliant le centre à la principale voie de communication de la zone soit amélioré.
“C’est bien plus qu’une simple infrastructure de stockage. C’est un véritable levier d’amélioration des conditions de travail des femmes et des jeunes de la région” de Louga, a souligné Bodièle Sow.
LES PREMIERES RESTITUTIONS D'EMPRISES MILITAIRES FRANCAISES AU SENEGAL
La France a remis vendredi 7 mars au Sénégal les installations et logements des quartiers Maréchal et Saint-Exupéry, marquant une première étape dans le processus de restitution des emprises militaires françaises dans le pays, conformément aux engagements
La France a remis vendredi 7 mars au Sénégal les installations et logements des quartiers Maréchal et Saint-Exupéry, marquant une première étape dans le processus de restitution des emprises militaires françaises dans le pays, conformément aux engagements bilatéraux, a appris APA de source officielle.
« Conformément à la décision de la commission conjointe du 28 février 2025 » et au traité de coopération militaire signé entre Paris et Dakar en 2012, la partie française a procédé à cette restitution, indique un communiqué de l’ambassade de France au Sénégal.
Ces installations, situées à proximité du parc de Hann et non loin du port de Dakar, « étaient prêtes à être restituées depuis l’été 2024 ».
Le retrait progressif des Eléments français au Sénégal (EFS) se poursuivra « selon le calendrier conjointement agréé », précise le texte. Selon certaines sources, le départ des cinq emprises militaires françaises du Sénégal devrait être achevé fin septembre 2025.
La décision de restitution a été entérinée lors d’une réunion de la commission conjointe franco-sénégalaise, tenue le 28 février sous la présidence du Général Abdou Latif Kamara, directeur de l’Institut de Défense du Sénégal, en présence de l’ambassadrice de France, Mme Christine Fages, et du commandant des EFS, le Général Yves Aunis, rappelle la diplomatie française.
Outre l’examen du calendrier de restitution, cette commission a « lancé les travaux de rénovation du partenariat bilatéral de défense et de sécurité » et devrait se réunir régulièrement dans les prochains mois.
Cette évolution s’inscrit dans la lignée des déclarations du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, qui avait affirmé en novembre 2024, qu’il « n’y aura bientôt plus de soldats français au Sénégal », réaffirmant son engagement à faire du pays une République « souveraine ».
UN ACCIDENT SUR LA RN1 A TAMBA FAIT 14 BLESSES DONT SEPT EN ETAT CRITIQUE
Un accident de la circulation s'est produit ce vendredi 07 mars sur la route nationale numéro 1, entre Sinthiou Malème et Koussanar, dans le département de Tambacounda. Un mini-car en provenance de Dakar et à destination de Manda Douane s'est renversé...
Un accident de la circulation s'est produit ce vendredi 07 mars 2025 sur la route nationale numéro 1, entre Sinthiou Malème et Koussanar, dans le département de Tambacounda. Un mini-car en provenance de Dakar et à destination de Manda Douane s'est renversé, faisant 15 blessés, dont six grièvement touchés.
Un grave accident de la circulation a eu lieu ce vendredi matin 07 mars 2025 aux alentours de 8 h 50 sur la route nationale numéro 1 (RN1), entre Sinthiou Malème et Koussanar, dans le département de Tambacounda.
Un mini-car en provenance de Dakar et en direction de Manda Douane s'est renversé sur la chaussée, provoquant un bilan de 14 blessés, dont sept en état grave. Les victimes ont été rapidement évacuées à l’hôpital régional de Tambacounda pour une prise en charge médicale.
La gendarmerie a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l’accident. Cet énième drame relance une fois de plus la question de la sécurité routière sur cet axe très fréquenté.