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27 novembre 2024
Société
par René Lake et Elhadji M. Mbaye
DE LA LÉGITIMITÉ DE LA SOCIÉTÉ CIVILE FACE AUX ÉLUS
EXCLUSIF SENEPLUS - Reconnaître la légitimité de la société civile en tant qu’acteur moral et social, sans chercher à la réduire ou la marginaliser. À son tour, elle doit comprendre que son rôle n’est pas de se substituer aux élus
René Lake et Elhadji M. Mbaye |
Publication 24/10/2024
Le débat sur la légitimité de la société civile, en opposition ou en complément à celle des élus, a traversé l’histoire politique du Sénégal depuis les indépendances. Depuis l’accession au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, le 24 mars 2024, survenue après de longs mois de combats menés concomitamment par des acteurs politiques et ceux de la société civile, la légitimité de ces derniers est au centre de l’actualité en raison de leur détermination dans la lutte pour le changement de régime et du traitement auquel ils font l’objet dans le champ politique.
La société civile sénégalaise a ainsi activement contribué à la sauvegarde des fondements démocratiques du Sénégal, à un moment où le pouvoir de Macky Sall cherchait délibérément à empêcher une alternance politique par la voie des urnes. Elle a, au même titre que d’autres acteurs politiques, mobilisé des ressources humaines, financières, intellectuelles, logistiques pour éviter le recul démocratique du pays.
Ainsi, depuis l'élection au premier tour, avec plus de 54 % des voix, du président Bassirou Diomaye Faye, cette légitimité se pose avec acuité, que ce soit de manière explicite ou de façon plus insidieuse dans l'espace public. Le risque est réel de voir des acteurs politiques s’octroyer cette victoire et oublier tout le processus et l’engagement de tous les acteurs, y compris ceux de la société civile (universitaires, journalistes, religieux, avocats, médecins, syndicalistes, artistes…) qui ont aussi apporté leur contribution à la victoire contre le régime de Macky Sall, sans compter les luttes démocratiques menées depuis de nombreuses décennies.
Le Sénégal avait besoin de changement, et l’appartenance à un parti politique n’était pas un critère de légitimité dans la lutte pour ce changement. Cette victoire n’est pas seulement celle des acteurs politiques, elle est celle de tous.
Face aux demandes répétées de la société civile pour le respect des engagements du candidat Diomaye, il est nécessaire de s’arrêter pour faire le point sur le rapport entre société civile et acteurs politiques, entre ceux qui sont élus ou nommés et ceux qui contribuent à l’action publique par d’autres moyens. La promotion du nouveau référentiel des politiques publiques qui appelle à la mobilisation de tous pour faire face aux problèmes dont souffre notre pays nécessite l’implication de toutes les forces vives de la nation, qu’elles soient politiques ou issues de la société civile. Mais pour cela, il est important de mieux préciser le rôle, la place, la légitimité de la société civile et les ponts qu’elle doit établir avec les acteurs politiques au service de la Nation.
L’objectif de cet article est d’abord de rappeler les fondements historiques, sociaux et politiques des deux pouvoirs, politiques (partis politiques) et civils (société civile), ensuite d’expliquer comment ils coexistent, se complètent et enfin peuvent parfois entrer en conflit lorsque l’intérêt général est menacé.
Certains acteurs politiques tentent d’aborder cette question sous l’angle de savoir si la légitimité des acteurs civils peut rivaliser avec celle conférée par les urnes. Ce sujet mérite une réflexion approfondie. Cependant, l'objectif de cet article n'est pas d'opposer de manière binaire ces deux formes de légitimité, mais plutôt de comprendre comment elles coexistent, se complètent et, parfois, entrent en conflit.
Cette réflexion propose une analyse détaillée de ces deux formes d’autorité, en tenant compte de leurs fondements, de leurs rôles respectifs face aux enjeux démocratiques contemporains.
Les fondements de la légitimité élective : une autorité issue du processus démocratique
La légitimité élective repose, de manière formelle, sur l’expression de la volonté populaire à travers le vote. Ce processus est central dans toute démocratie, car il permet de conférer une autorité politique aux élus, chargés de représenter l’intérêt général. Le mandat électif, obtenu par la voie des urnes, est perçu comme la validation ultime d’une autorité. Il est souvent présenté comme l’incarnation même du pouvoir démocratique. Pourtant, cette légitimité n’est pas sans limites ni contestations.
L'une des critiques les plus récurrentes est que la légitimité élective repose sur un moment précis — l’élection —, mais qu'elle peut rapidement s’éroder si l’élu échoue à transformer cette légitimité en action concrète au service de la population. Des exemples emblématiques, comme celui d’Abdoulaye Wade ou encore, plus récemment, de Macky Sall, illustrent comment une légitimité électorale solide peut être mise à mal par des scandales éthiques. Élus légitimement et avec un enthousiasme populaire incontestable, leur autorité s’est effondrée significativement du fait de leur gestion solitaire et parfois autocratique, qui a révélé les failles morales de leur administration respective. Ce type de situation pose une question cruciale : l'élection suffit-elle à garantir la légitimité ?
Dans de nombreux cas, les élus sont tentés de faire des compromis pour conserver leur position, ce qui peut les conduire à adopter des stratégies politiques déconnectées des attentes de leurs électeurs. Cela est particulièrement visible dans des systèmes politiques où la réélection devient un objectif en soi, souvent au détriment du bien commun. Ainsi, la légitimité élective peut parfois être en porte-à-faux avec l'intérêt collectif, surtout lorsque la survie politique devient prioritaire pour l’élu.
En outre, il faut aussi préciser qu’il y a une évolution historique de l’acteur politique. Des travaux dans le domaine de la science politique ont démontré que les acteurs politiques se sont professionnalisés au fil de l’histoire. Ainsi, la rationalité première de l’Acteur Politique Professionnel (APP) est d'abord d'accéder au pouvoir et ensuite de le conserver. Cette rationalité prime parfois sur l’intérêt collectif, en raison notamment des logiques en jeu dans la carrière professionnelle de l’APP.
Si la présidentielle permet, en cas d’élections justes, libres et transparentes, la désignation d’un homme ou d’une femme politique issu(e) des urnes, la manière dont les élections législatives sont organisées ne permet pas la représentation d’élus issus du peuple, élus par le peuple et pour le peuple. Les listes nationales des partis et des coalitions donnent l’opportunité à des femmes et des hommes politiques d’être représentés à l’Assemblée nationale, non pas parce qu’ils ont été choisis pour défendre les intérêts des populations, mais plutôt ceux des leaders politiques qui les ont nommés. Ils sont ainsi assujettis aux ordres de leurs partis et coalitions plutôt qu’à ceux des citoyens. Ils peuvent ainsi être élus, même sans que les gens qu’ils comptent représenter n’aient voté pour eux. Comment voulons-nous alors qu’ils défendent leurs intérêts ?
Toutes ces réalités démontrent les limites de la représentation électorale comme unique légitimité au service de l’intérêt général.
La légitimité de la société civile : une autorité morale enracinée dans l'engagement éthique et l’expertise citoyenne
Contrairement à la légitimité élective, la société civile tire sa légitimité de sa capacité à incarner des valeurs morales, éthiques et des engagements qui transcendent les cycles électoraux. Cette légitimité n’est pas conférée par un vote, mais par l’expérience, l’expertise et l’engagement sur des questions au service de l’intérêt général. Les membres de la société civile ne cherchent pas une légitimité électorale, ils préfèrent défendre l’intérêt général à partir d’expertises spécifiques (artistiques, scientifiques, médiatiques, religieuses, sociétales…) et de valeurs universelles, adaptées au contexte national (les droits de l’homme, la liberté de la presse, l’état de droit, la bonne gouvernance, etc.).
La société civile regroupe une diversité d’acteurs — leaders religieux, syndicalistes, artistes, militants, intellectuels — qui incarnent ainsi des intérêts collectifs et ne sont pas nécessairement mus principalement par des ambitions personnelles. Leur légitimité repose sur un référentiel moral, non sur un mandat électif, et c’est précisément cette distinction qui leur confère une force incontestable. Ils transgressent les intérêts partisans des partis et coalitions politiques. Ces acteurs se situent en dehors des jeux de pouvoir traditionnels, et leur autorité se renforce d’autant plus qu’elle s’engage dans des combats porteurs de valeurs enracinées dans notre histoire.
Dans ce cadre, des figures telles que Serigne Cheikh Gaïnde Fatma ou Amadou Makhtar Mbow ont incarné cette légitimité morale. Leur engagement sur des questions politiques, sociales et culturelles a consolidé une autorité bien plus durable que celle des acteurs politiques. À travers le monde, des personnalités comme Nelson Mandela, avant même d’accéder à une légitimité élective, ont d'abord obtenu leur autorité par des combats moraux, incarnant des aspirations collectives. Au Sénégal, la liste pourrait être longue si l’on souhaitait mentionner des figures comme Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Ly, Babacar Niang, Tidiane Baïdy Ly, Seydou Cissoko, Aminata Sow Fall, Lamine Senghor, Seyni Niang, Eugénie Aw, Omar Blondin Diop, Mariama Bâ, Serigne Babacar Matouty Mbow, Makhtar Diack, Babacar Ndiaye, Mamadou Dia, Annette Mbaye d’Erneville, Mohamadou Billy Gueye, Charles Gueye, Babacar Touré, Waldiodio Ndiaye, Sidy Lamine Niass, Moussa Paye, Ousseynou Beye, etc.
Cette légitimité morale est d’autant plus précieuse qu’elle est ancrée dans les réalités du terrain. Contrairement aux élus, souvent perçus comme déconnectés des préoccupations quotidiennes des citoyens, les acteurs de la société civile sont au cœur des luttes sociales, économiques et culturelles. Leur influence dépasse les frontières électorales, car elle repose sur un engagement continu, souvent à long terme, en faveur de causes spécifiques. C’est ainsi qu’au niveau international, des personnalités, y compris très jeunes, comme Greta Thunberg, sans mandat électif, ont su s’imposer sur la scène internationale grâce à leur engagement moral pour des causes universelles, comme le climat. Loin des contraintes électorales, ces figures peuvent agir librement, en s'appuyant sur des valeurs partagées par la société.
Ainsi, l’expertise et la popularité ne suffisent pas à légitimer les acteurs de la société civile. La connexion avec les citoyens, leur écoute, leur confiance, leur plébiscite sont nécessaires pour renforcer la légitimité de la société civile. Même si celle-ci est très peu mobilisée, elle est capitale pour leur légitimité auprès des acteurs politiques, souvent intéressés par la collaboration que lorsqu’ils pensent pouvoir en tirer profit dans leur rationalité d’accéder et de conserver le pouvoir.
La société civile face au danger de la politisation : le risque d’une perte de légitimité
L’une des grandes questions que pose la légitimité de la société civile est celle de son entrée dans l’arène politique. Lorsque des personnalités issues de la société civile choisissent de se lancer en politique, elles peuvent perdre la légitimité morale qui les caractérise. L’exemple de Youssou Ndour au Sénégal est à cet égard édifiant. Leader populaire et reconnu pour ses engagements artistiques et sociaux, son entrée en politique n’a pas réussi à capitaliser sur sa popularité. Il a vu son image se diluer, ce qui soulève une problématique majeure : la société civile peut-elle maintenir son influence en s’engageant dans la compétition électorale ?
Cette question ne concerne pas uniquement Youssou Ndour. De nombreuses figures publiques à travers le monde ont connu des destins similaires. En France, Bernard Kouchner, après avoir été une figure éminente de la société civile en tant que fondateur de Médecins Sans Frontières, a vu son influence décliner en rejoignant le gouvernement. Aux États-Unis, des personnalités comme Michael Bloomberg ou Cornel West, en entrant en politique, ont également rencontré des difficultés à maintenir leur légitimité d'origine.
La société civile, en entrant en politique, adopte nécessairement les codes du pouvoir électoral, ce qui l’oblige à faire des compromis et parfois des compromissions. Or, c’est précisément ce qui érode sa légitimité morale. L’autorité de la société civile repose sur sa capacité à rester indépendante des logiques partisanes et électorales. Dès lors qu’elle entre dans le jeu politique, elle s’expose aux mêmes critiques que les élus : opportunisme, compromission, perte de valeurs, rationalité électorale…
Il faut cependant noter que dans certains cas, la politisation de figures de la société civile peut aussi être un moyen de renforcer leur influence, à condition qu’elles parviennent à maintenir leur intégrité morale et, le plus souvent, à refuser de s’insérer dans les jeux partisans. Sauf que, lorsqu’elles s’engagent dans l’arène politique, il leur est souvent difficile d'être indépendantes, car soumises à l’autorité des hommes politiques élus et à la contrainte de la solidarité partisane.
La société civile comme contre-pouvoir et partenaire dans la gouvernance démocratique
Malgré les risques liés à la politisation, la société civile demeure un partenaire privilégié de l’acteur politique dans tout système démocratique. Son rôle ne se limite pas à la critique des actions politiques ; elle est aussi un partenaire essentiel pour l’identification des problèmes publics, la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques. La société civile agit ainsi comme un régulateur, un acteur qui veille à ce que l’action politique soit conforme aux intérêts collectifs. Aujourd’hui, le paradigme dominant des politiques publiques est la gouvernance, en raison d’une part de la complexité des enjeux et défis auxquels les gouvernements sont confrontés, mais aussi de la nécessité d’impliquer d’autres acteurs, dont la société civile, dans la gestion des affaires publiques. La gouvernance démocratique est devenue une exigence aussi bien des citoyens que des partenaires techniques et financiers de nos États.
Dans ce domaine, l'une des principales forces de la société civile réside dans sa capacité à incarner une vision à long terme, au-delà des impératifs électoraux, à mobiliser son expertise et à s’exprimer et défendre l’intérêt général. Là où les élus sont souvent limités par des objectifs de résultats immédiats, ou confrontés au hiatus entre leurs promesses électorales et leurs réalisations liées aux contraintes de leur réélection, les acteurs de la société civile peuvent se concentrer sur des enjeux structurels, des réformes profondes et une vision globale des transformations nécessaires et des mesures qui peuvent paraître impopulaires mais au service de l’intérêt général. Cela en fait une source précieuse de propositions intellectuelles et de mobilisation autour des grands débats publics.
Toutefois, pour que cette relation soit constructive, il est nécessaire que les deux sphères — société civile et politique — se respectent mutuellement et soient conscientes des attributs de l’une et de l’autre. Les élus doivent reconnaître la légitimité de la société civile en tant qu’acteur moral et social sans chercher à la réduire ou à la marginaliser, mais aussi reconnaître sa contribution au service de l’intérêt général. Parallèlement, la société civile doit comprendre que son rôle n’est pas de se substituer aux élus, mais d’accompagner et d’orienter l’action publique, tout en restant dans une position critique, indépendante et constructive. Dans le management des politiques publiques, elle doit jouer un rôle de veille et de rappel des priorités des citoyens, de surveillant du processus décisionnel, d’acteur dans la mise en œuvre de politiques, là où les compétences de l’État sont limitées, et de chargée du suivi et de l’évaluation des engagements pris par les femmes et hommes politiques.
Les dangers de la remise en question de la légitimité civile : un signe avant-coureur de l’autoritarisme
Lorsque les régimes politiques cherchent à saper la légitimité de la société civile, ils s’engagent généralement sur une voie dangereuse, celle de l’autoritarisme. L’histoire a montré que l’attaque contre la société civile est souvent l’un des premiers signes d’une dérive autocratique. Des régimes comme ceux de Robert Mugabe, Donald Trump ou encore Abdoulaye Wade et Macky Sall, ont tous cherché à affaiblir les contre-pouvoirs civils, qu’il s’agisse de la presse, des intellectuels, des syndicats, des artistes ou des associations.
Cette dynamique est récurrente et doit servir d’alerte pour les démocraties modernes. Toute tentative de détruire ou de marginaliser la société civile doit être perçue comme une attaque directe contre la démocratie elle-même et l’intérêt général qu’elle incarne. La société civile est la garante d’un équilibre nécessaire entre pouvoir et contre-pouvoir, entre légitimité élective et morale, entre intérêt partisan et intérêt général. La démocratie ne peut s’épanouir pleinement que lorsque ces deux sphères collaborent, tout en respectant leurs rôles respectifs.
En clair, la légitimité de la société civile, bien qu’elle ne repose pas sur des élections, est tout aussi cruciale que celle conférée par les urnes. Elle joue un rôle de contre-pouvoir, de vigie, mais aussi de partenaire dans l’élaboration des politiques publiques. En garantissant un équilibre entre la légitimité élective et celle morale de la société civile, les systèmes démocratiques modernes peuvent espérer répondre aux aspirations de leurs citoyens de manière plus juste et plus durable.
Ce dialogue entre ces deux formes de légitimité est essentiel pour la stabilité des institutions et la pérennité des régimes démocratiques.
Le 24 mars 2024 doit marquer un tournant historique, permettant au Sénégal de s’engager sur cette voie de collaboration entre les politiques et les différents segments de la société, qui souhaitent ardemment que cette troisième alternance réussisse et permette à notre cher pays de s’engager résolument sur le chemin de l’éradication de la pauvreté endémique, de la souveraineté, de l’équité et de la justice.
Les deux auteurs sont membres du Groupe de réflexion et d’action pour la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit, Sursaut Citoyen.
- René Lake est journaliste et analyste politique.
- Elhadji Mamadou Mbaye est enseignant-chercheur en sciences politiques à l’UGB.
SAISIE DE 240 KG DE CHANVRE INDIEN PAR LA GENDARMERIE
La brigade polyvalente de la gendarmerie de Nianing, dans le département de Mbour (ouest), a saisi, jeudi, six sacs de chanvre indien d’un poids total estimé à 240 kilogrammes, a appris l’APS de sources sécuritaires.
La brigade polyvalente de la gendarmerie de Nianing, dans le département de Mbour (ouest), a saisi, jeudi, six sacs de chanvre indien d’un poids total estimé à 240 kilogrammes, a appris l’APS de sources sécuritaires.
Cette saisie, réalisée vers 11 h 30, a été rendue possible grâce à une information reçue par les gendarmes. Celle-ci faisait état d'”un probable débarquement de chanvre à Pointe Sarène”.
L’exploitation de cette information a “permis à la brigade polyvalente de Nianing de procéder à la saisie de six sacs de chanvre indien estimé à 240 kg”.
Les sacs avaient été “abandonnés à cinq kilomètres au large de Mbodjène”.
“Les malfaiteurs ayant senti la présence des gendarmes ont préféré libérer le produit en mer avant de prendre la fuite”, a ajouté la même source.
Elle indique que “cette opération vient s’ajouter à la saisie de 155 kilogrammes de chanvre indien à Thiadiaye, le 2 octobre dernier, et de 154 kilogrammes à Somone, le 1ᵉʳ septembre passé”.
Au total, ce sont 549 kilogrammes de chanvre indien qui ont été “saisis en l’espace de deux mois en provenance de la mer”.
Une enquête a été ouverte pour retrouver les mises en cause.
LES RENDEMENTS DE L’ARACHIDE PAS AU RENDEZ-VOUS A TAÏBA NIASSENE
Les producteurs agricoles de la commune de Taïba Niassène (Kaolack) affiliés au Cadre local de concertation des organisations de producteurs (CLCOP) indiquent que les rendements d’arachide attendus cette année ne sont pas à la hauteur des attentes
Les producteurs agricoles de la commune de Taïba Niassène (Kaolack) affiliés au Cadre local de concertation des organisations de producteurs (CLCOP) indiquent que les rendements d’arachide attendus cette année ne sont pas à la hauteur des attentes, malgré l’accompagnement dont ils ont bénéficié auprès des services de l’Etat et la bonne pluviométrie qui a suscité l’espoir de bonnes récoltes pour cette spéculation.
‘’Il y a eu, cette année, une abondance de pluies venues au bon moment, même si nous avons relevé une pause pluviométrique. Nous avons reçu les engrais à temps et en grande quantité grâce à l’appui de l’Etat’’, témoigne Amath Diakhaté Niass, président du CLCOP de cette commune du département de Nioro du Rip.
Malgré tout, il indique que ‘’les rendements attendus dans la production de l’arachide ne sont pas au rendez-vous’’ dans cette zone du bassin arachidier. ‘’Pour dire vrai, il y a des problèmes dans la production arachidière’’, concède-t-il.
Il décrie la qualité des graines d’arachide reçues par les producteurs. Il pointe aussi la mauvaise qualité des semences de maïs hybride qui sont importées sans que les conditions de conservation ne soient respectées.
Il estime qu’”acheter un sachet de semences à 150 mille francs CFA sans pour autant avoir les rendements escomptés n’est pas rentable’’.
Selon lui, ‘’l’Etat doit exiger des vendeurs de semences’’ qu’ils fassent des prélèvements pour ‘’des tests de germination’’. ‘’Si le taux de germination dépasse 88%, ils peuvent vendre. Le cas échéant, qu’ils sachent que ce n’est plus un bon produit à vendre aux producteurs’’, suggère-t-il.
Le président du CLCOP de Taïba Niassène dit ne pas comprendre qu’on oblige les producteurs à se soumettre à une assurance agricole comme condition d’accès au crédit.
D’après M. Niass, ‘’toutes les conditions ne sont pas réunies pour une bonne campagne agricole”, alors que ”ni l’assurance encore moins la banque agricole n’ont rien dit pour rassurer le producteur qui ne sait pas quoi faire’’.
Devant une telle situation, il estime que l’Etat doit prendre ses responsabilités, prévenant que ‘’les producteurs ne pourront pas s’acquitter de leurs dettes cette année’’.
‘’Gouverner, c’est prévoir’’, a rappelé Amath Diakhaté Niass, tout en invitant les autorités à trouver une solution à cette situation, afin de lever l’inquiétude des producteurs.
Evoquant les avantages du maïs blanc, il indique que cette spéculation est d’une qualité supérieure aux autres types de maïs. Selon lui, elle résiste aux mycotoxines comme l’aflatoxine et l’ochratoxine. ‘’En plus, ce maïs blanc a les mêmes fonctions culinaires que le riz’’, fait-il remarquer.
Il plaide pour que les encadreurs agricoles puissent mener le travail d’hybridation au Sénégal, au lieu de recourir à des produits semenciers hybrides importés.
Pour permettre à l’agriculture sénégalaise de pouvoir jouer pleinement son rôle, il invite les pouvoirs publics à travailler à la maîtrise de l’eau, à revoir ‘’sincèrement’’ le capital semencier et faire en sorte que les engrais 6-20-10, 15-15-15 et 15-10-10, soient renouvelés à travers la mise en place de nouvelles formules.
L’accompagnement bienveillant de l’Etat
L’accompagnement de l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage lors de la présente campagne agricole, est ‘’inédite’’, juge Moustapha Thiam, président de la Société des coopératives agricoles de Taïba Niassène. C’est même une ‘’aubaine’’ pour les producteurs, déclare-t-il.
‘’Cette année, l’Etat nous a donné 1000 tonnes de maïs hybride avec des semences, de l’engrais et de l’urée à des prix subventionnés. Ce qui constitue une aubaine pour nous, puisque, sur le marché, le kilogramme de semences est vendu à 5000 francs CFA, alors que nous l’avons acheté à 2000 francs CFA’’, dit-il.
Il informe que la Société des coopératives de Taïba Niassène a reçu gratuitement de l’Etat 1000 tonnes de phosphates, ainsi que des produits phytosanitaires pour la protection des cultures.
‘’Nous saluons très sincèrement l’approche du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, qui a permis de mettre en place, à temps et en quantité suffisante, les intrants agricoles’’, a-t-il poursuivi.
Pour éviter la situation de cette année, les producteurs de Taïba Niassène disent vouloir opter désormais pour une diversification des spéculations avec l’introduction des espèces culturales 28 206 et 73 133.
Ils confient que des équipes de l’ISRA et de la Direction de la protection des végétaux (DPV) sont venues dans leur localité pour effectuer des prélèvements de sol pour des tests en laboratoire.
Ils rappellent néanmoins que les semences 28 206 et 73 133 ‘’sont vieillissantes, parce que datant de plusieurs dizaines d’années maintenant’’. Compte tenu de cette situation, dit-il, ‘’l’Etat doit aider l’ISRA à pouvoir produire des semences de prébase accessibles à tous les producteurs’’.
‘’En d’autres termes, il faut travailler au renouvellement du capital semencier avec des espèces certifiées pour booster la productivité agricole’’, plaide Moustapha Thiam.
Il n’en demeure pas moins selon lui que les semences de prébase de l’ISRA pour l’arachide coque coûtent ‘’excessivement’’ cher, puisqu’étant vendues à 6 000 francs CFA le kilogramme.
La productrice et transformatrice de produits agricoles, Faty Omar Niass, indique en revanche que les productions de maïs et de mil ont répondu aux attentes des producteurs locaux.
‘’Ici, dans le cadre de la diversification culturale, nous avons opté principalement pour le mil avec trois variétés, notamment +souna 3+, +thialack 2+ et +sunugaal+. Pour toutes ces variétés, nous espérons atteindre notre objectif avec de très bons rendements’’, déclare-t-elle.
Elle soutient que la souveraineté alimentaire du Sénégal passe ‘’inéluctablement’’ par une bonne productivité de mil, de maïs et d’autres produits céréaliers.
Faty Omar Niass, productrice et transformatrice de produits agricoles
SONKO-BA, LE DÉBAT DE LA DISCORDE
Malgré l'opposition du CNRA au nom de l'égalité de traitement des candidats, les deux hommes maintiennent ce face-à-face de 90 minutes, prévu à l'EAO : debout derrière leur pupitre, sans notes ni documents
(SenePlus) - L'annonce d'un débat télévisé historique entre le Premier ministre actuel Ousmane Sonko et son prédécesseur Amadou Ba enflamme la scène politique sénégalaise, même si le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) tente d'y mettre un frein. Cette confrontation, prévue initialement pour les 28 ou 29 octobre, pourrait marquer un tournant dans la pratique démocratique du pays.
L'initiative revient à Cheikh Omar Diallo, fondateur de l'École d'art oratoire et de leadership (EAO) de Dakar et ancien conseiller d'Abdoulaye Wade. Le format proposé se veut sobre et rigoureux : 90 minutes d'échange dans les locaux de l'EAO, les deux candidats debout derrière leur pupitre, sans documents ni supports, uniquement munis de "quatre feuilles vierges, un stylo et une bouteille d'eau", selon les informations rapportées par Jeune Afrique (JA) mercredi 23 octobre.
La controverse s'est intensifiée avec l'intervention du CNRA, dont le président Mamadou Oumar Ndiaye justifie son opposition : "Un des principes cardinaux de la loi, c'est l'égalité de traitement entre les candidats à quelque élection que ce soit. Organiser un débat uniquement entre deux d'entre eux romprait cet équilibre."
Malgré cette position, les deux protagonistes maintiennent leur volonté de débattre. Amadou Ba a ainsi officialisé son accord via Facebook ce jeudi : "J'accepte l'invitation de M. Sonko à un débat public. Nous discutons des rapports évoqués et de sujets cruciaux comme l'économie, les libertés et les ressources naturelles, pour confronter nos idées au service du peuple."
La réponse d'Ousmane Sonko ne s'est pas fait attendre, non sans une pointe d'ironie : "Je suis étonné qu'il ait attendu des rumeurs d'interdiction du débat par le CNRA pour donner une réponse somme toute timorée", avant d'ajouter que "les stigmates de mauvaise gestion de l'ancien Premier ministre seront aussi criants que les rayures d'un zèbre."
Le groupe E-Media, via sa chaîne ITV, s'est quant à lui positionné comme diffuseur principal, s'engageant à mettre "à disposition de tous les médias et plateformes son signal pour une diffusion intégrale et accessible à tous", selon son directeur général Alassane Samba Diop.
La question reste maintenant de savoir si le CNRA peut effectivement empêcher la tenue de ce débat si les deux candidats décident de passer outre son avis. Pour Sonko, "les éventuelles lacunes du code électoral ou de la loi sur le CNRA avec des dispositions obsolètes [...] ne sauraient constituer un obstacle à sa tenue."
LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR MET EN SERVICE UN NUMÉRO VERT POUR SIGNALER LES DÉPARTS DE MIGRANTS
Ce service gratuit, annoncé par le Comité interministériel contre la migration irrégulière (CILMI), permettra aux citoyens de signaler des activités suspectes liées à des départs potentiels, comme des groupes de personnes se préparant à embarquer.
Dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique va mettre en service, à compter du samedi 26 octobre 2024, à 08 heures, le numéro vert suivant : 800 00 10 15 pour signaler tout projet de départ.
Dans un communiqué publié ce jeudi, le Comité interministériel contre la migration irrégulière (CILMI) indique ce numéro à appel gratuit permettra aux lanceurs d’alerte et autres citoyens à “Signaler tout groupe de personnes laissant penser à de potentiels candidats à l’émigration irrégulière ; Signaler une pirogue prenant départ avec beaucoup de personnes à bord (hommes & femmes) ; Informer d’un projet connu de voyage de jeunes par pirogue ; Informer de l’achat de denrées alimentaires et de carburant pouvant laisser penser à un ravitaillement pour une grande pirogue en préparation de voyage; Signaler la présence inhabituelle de groupes de personnes inconnues dans votre localité”.
Le document souligne également que “les appels sont strictement confidentiels” et que l’identité de l’appelant ne sera jamais dévoilée
ALIOUNE BADARA MBACKÉ ARRÊTÉ POUR VIOLENCES CONJUGALES
Accusé par son ex-épouse, Dieynaba Sangharé Ndiaye, de violences physiques, le médecin-chef de Matam, a été arrêté en compagnie de son chauffeur et de son vigile. La plainte, appuyée par un certificat médical, a conduit à leur placement en garde à vue
L’affaire fait grand bruit depuis quelques jours. Alioune Badara Mbacké, accusé par son ex épouse, Diénaba Sangharé Ndiaye, de l’avoir roué de coups, a été finalement arrêté.
Sous la pression croissante, la police a finalement procédé à l'arrestation d'Alioune Badara Mbacké. Mais le médecin-chef de Matam ne sera pas le seul à faire face à la Justice. Il a été arrêté en même temps que son chauffeur et son vigile, tous deux cités dans la plainte déposée par Dieynaba Sangharé Ndiaye, renseigne L’Observateur.
Le journal informe que la plainte a été appuyée par un certificat médical attestant d'une Incapacité temporaire de travail (Itt) de 10 jours. Et l'ordre d'arrestation est venu du Procureur du Tribunal de grande instance de Matam, qui a exigé que le médecin-chef et ses complices présumés soient placés en garde à vue pour les besoins de l'enquête.
Après son face-à-face avec les enquêteurs du commissariat central, la mesure a été notifiée à Alioune Badara Mbacké. Son chauffeur et son vigile ont également été placés en garde à vue pour complicité. Sauf revirement de dernière minute, les trois mis en cause seront présentés, ce jeudi, au procureur de la République de Matam.
BP ET KOSMOS ENERGY CRITIQUÉS PAR LES PÊCHEURS DE SAINT-LOUIS POUR LA CONSTRUCTION D'UN SEUL RÉCIF ARTIFICIEL
Les pêcheurs artisanaux exigent un programme de compensation juste, incluant une indemnisation et des alternatives de pêche durable, pour préserver les ressources marines et soutenir les familles dépendant de cette activité.
Les pêcheurs artisanaux de Saint-Louis ont exprimé leur indignation contre la décision de BP et ses partenaires dont Kosmos Energy, de construire un récif artificiel à la place des six promis, annonce un communiqué reçu à l’APS.
Selon les pêcheurs, ”cette décision constitue une violation flagrante des engagements pris par BP et Kosmos Energy lors des précédentes négociations”.
”Ces récifs devaient servir à compenser l’impact écologique massif des activités d’exploitation gazière du projet GTA sur nos côtes, déjà lourdement affectées par la dégradation de nos écosystèmes marins et l’accaparement de Diattara le plus grand récif naturel de Saint-Louis ainsi que la survie de milliers de familles qui dépendent de cette activité”, ont-ils déploré.
Notant que ces récifs sont essentiels pour la préservation des ressources, ils exigent ‘’la mise en place d’un programme de compensation juste et préalable, incluant une indemnisation et l’accès à des alternatives de pêche durable’’.
Les sociétés BP, Petrosen et Kosmos Energy ont annoncé récemment avoir attribué à la société STAPEM Offshore et à d’autres spécialistes de la surveillance écologique un contrat en vue de la construction d’un récif artificiel destiné à améliorer la biodiversité marine et à protéger la pêche artisanale au large de Saint-Louis (nord)
L’attribution du contrat est le signe d’un ‘’engagement environnemental et social’’ de ces sociétés ‘’envers les communautés de Saint-Louis et les associations de pêche artisanale’’, explique un communiqué transmis à l’APS.
Selon le document, ”la conception proposée du récif artificiel est soumise à l’approbation des autorités [sénégalaises] et des organisations de pêche’’.
La société STAPEM Offshore est attributaire du contrat en même temps que d’autres structures spécialisées dans la surveillance écologique, dont ARC Marine.
Ces structures sont associées à cette initiative en tant que sous-traitants, selon le communiqué.
‘’Cette initiative de récif artificiel est conçue pour améliorer la biodiversité marine et offrir des opportunités [en faveur des] communautés de pêche artisanale’’, explique le texte.
‘’En soutenant la création de ce récif artificiel, nous visons à améliorer la biodiversité marine, tout en offrant de nouvelles opportunités aux communautés locales de pêche artisanale dont les moyens de subsistance dépendent de la vitalité de l’écosystème côtier’’, a affirmé dans le communiqué Jean-Marc Gerber, le directeur général de STAPEM Offshore.
Il a ajouté que ce projet permet aux entreprises concernées de recourir à leur expertise en ingénierie marine et à leurs solutions pour promouvoir la durabilité environnementale et aider à améliorer les habitats naturels.
Tom Birbeck, le président-directeur général et fondateur d’ARC Marine, a salué la contribution de l’entreprise qu’il dirige à ‘’ce projet pionnier’’. ‘’Nous nous réjouissons de travailler avec toutes les parties prenantes pour réaliser ce projet pionnier et offrir des impacts positifs pour les communautés locales et au-delà’’, a-t-il affirmé.
BP, une société britannique, et Kosmos Energy, une entreprise de droit américain, mettent en œuvre le projet Grand Tortue Ahmeyim d’exploitation d’un gisement de gaz naturel découvert en 2015 en Mauritanie et au Sénégal.
La Société mauritanienne des hydrocarbures et Petrosen, la Société des pétroles du Sénégal, prennent part à l’exploitation de ce gisement
Par Ibou FALL
DIOMAYE FAYE SE FAIT REMARQUER PAR SA TENUE DE CAMOUFLAGE...
Le défilé militaire face aux catastrophes reste identique. Cette mise en scène guerrière face aux catastrophes trahit une conception dépassée de l'action politique. C'est le révélateur d'une gouvernance confondant l'apparence et l'efficacité
Un chef de l’Etat qui s’affuble d’un camouflage pour ne pas passer inaperçu, il faut avoir vécu jusqu’en 2024 pour revoir ça. Certes, le costume et la mise en scène rappellent l’attirail du bedonnant Macky Sall dix ans auparavant, qui saute alors depuis son piédestal jusqu’à une défaillante station de traitement des eaux avec, dans la garnison héroïque et vengeresse, l’inévitable Mimi Touré. Un spectacle affligeant que l’on ne pense pas revoir de sitôt. Hélas…
Ça ne prend pas tous les mêmes, mais ça recommence
Au moins, on ne mourra pas idiot : c’est pain béni, de notre vivant, d’avoir la chance insigne de savourer également le spectacle touchant du svelte président Bassirou Diomaye Faye en camouflage de commando, manches retroussées, chapeau de brousse sur la tête et rangers aux pieds, le pas décidé, s’apprêtant à affronter ces maudites eaux qui troublent son magistère en semant la désolation dans l’Est.
Un inévitable lâcher des eaux nous apprend-on doctement du côté de l’Omvs, pour éviter que les ouvrages ne cèdent sous le poids du trop-plein d’eau. Le pourquoi du comment sera sans doute réservé à plus tard, après que les ministres et chefs d’Etat de l’organisation auront papoté au sujet du sexe des anges engendrés par la décrue du fleuve Sénégal.
Mieux vaut tard que jamais, dit le sage… Là, en effet, ce n’est plus le temps de verser une larme et se faire du mouron concernant nos pauvres concitoyens qui voient les eaux en furie dévaster leur vie. Le temps, déjà perdu, est désormais à l’action.
Retour à la case départ.
C’est en avril 2024, dès leur accession au pouvoir, que le nouveau régime doit labourer l’arrière-pays, ce Sénégal des profondeurs qui vote pour un quasi inconnu au CV rachitique. Par gratitude et en reconnaissance : dire merci et, en même temps, s’enquérir des urgences de ce peuple exaspéré mais patient, qui sait changer de direction quand le guide qu’il se choisit prend la mauvaise pente. Il ne manquera sans doute pas, au cours de ces tournées d’information, un compatriote au langage assez direct pour leur expliquer les aléas des hivernages et les urgences de l’heure.
Il n’en sera rien…
Le président nouvellement élu préfère prendre l’avion et visiter le gratin planétaire, poser avec les grands du monde, ressasser des antiennes sur l’avenir de l’humanité. Quant aux Sénégalais qui attendent un, euh, projet de société censé les mettre à l’abri de la misère, ils peuvent attendre les bienfaits de l’horizon 2050, les pieds dans l’eau, le pantalon retroussé et le baluchon sur la tête.
Là, le président Bassirou Diomaye Faye leur fait l’honneur de les regarder de haut, les survoler, après la promesse d’un budget de huit milliards de nos pauvres francs Cfa à propos desquels personne ne sait trop quelles plaies ces numéraires sous-développés vont panser. Bien sûr, sur place, le sauveur sublime ne manque pas d’annoncer une décision forte pour marquer sa détermination. Ce sont les orpailleurs qui écopent pour l’occasion
Pendant ce temps, Ousmane Sonko, le «meilleur Premier ministre de tous les temps» selon son admirateur de président, organise sa quête à Dakar Arena en direction des Législatives. Apparemment, il ne doit pas rester grand-chose des fonds politiques, ou même des autres tiroirs où ça peut racler les deniers publics sans histoire, puisque le président du parti Pastef, téméraire tête de liste de la coalition du même nom, s’oblige à réclamer une dîme à ses inconditionnels, via Kopar Express
J’oubliais : en avril 2024, quand Macky Sall leur remet de mauvaise grâce les clés de la maison Sénégal, ils trouvent des comptes falsifiés et un pays en ruine.
Qu’à cela ne tienne : aux yeux de Ousmane Sonko, l’occasion est trop belle pour présenter sa version de l’histoire des événements de 2021 à 2024. Bien sûr, il est surtout question de son génie politique et sa vista stratégique qui installeront Pastef aux commandes de la République. Bien entendu, ses disciples boivent du petit lait : «Ousmane Mou Sèll Mi» est un visionnaire qui voit les emmerdes arriver au grand galop, prévoit les chausse-trappes, anticipe les complots et pousse le patriotisme jusqu’à renoncer à la présidence de la République pour laisser passer son second, qu’il surnomme «Serigne Ngoundou».
Le Patriote Suprême pousse le génie jusqu’à tomber sciemment dans le piège de Sweet Beauté. Rassurez-vous, c’est fait exprès… Ses condamnations pour «corruption de jeunesse» et diffamation sont programmées, histoire de divertir la tyrannie en place qui ne fera pas attention au placide Bassirou Diomaye Faye, déjà en prison.
Ses ruses de sioux portent leurs fruits : le 24 mars 2024, 54% de l’électorat sénégalais plébiscitent son bras gauche.
C’est le moment aussi que choisit Bougane Guèye Dany pour se signaler à l’attention de ses futurs électeurs : au prix de sa liberté et au péril de sa vie, il ira porter son aide aux sinistrés du Sénégal oriental. Bien entendu, les Forces de l’ordre ne l’entendent pas de cette oreille, surtout quand leurs patrons reçoivent des ordres d’en haut. Ça finit par une arrestation musclée, une garde-à-vue et un mandat de dépôt. La comparution devant les juges en flagrants délits est fixée à la semaine prochaine, le 30 octobre, précisément. Pour l’heure, Bougane Guèye Dany attend en prison à Tambacounda que la Justice se prononce sur son refus d’obtempérer aux ordres des gendarmes.
Les vitupérations des leaders de la Coalition «Samm sa kaddu», Barthélemy Dias en tête, n’y feront rien. Enfin, pas tous. On apprend que Déthié Fall, troisième sur leur liste nationale, en bon politicien africain, bavarde nuitamment avec Ousmane Sonko. Un peu comme son mentor de l’époque, Idrissa Seck, alors chef de l’opposition, qui négocie le fromage du Cese en catimini avec Macky Sall, pendant que ses ouailles crachent le feu sur le régime.
Un jour lointain, quand le suicidaire manitou de «Gueum sa bopp» sera du camp des vainqueurs, il ne faudra pas s’étonner de le voir rassembler ses ouailles à Dakar Arena pour leur expliquer le génie politique qui dort alors en lui et inspire cette manière téméraire mais stratégique de se jeter volontairement en prison ; ce qui serait, selon ses prédécesseurs, «le raccourci pour le Palais».
C’est le moment que choisit Amadou Ba pour sortir du bois. Devant la presse, à la Maison du Parti socialiste -légitime retour à la maison-mère- , le candidat arrivé deuxième à la Présidentielle de mars 2024 remet les points sur les «i». Selon lui, malgré son silence depuis la dernière présidentielle, on sait à présent «qui a trahi qui»… L’occasion est trop belle pour ne pas se laver à grande eau : il ne meurt pas de faim, à n’en pas douter, mais ce n’est pas un crime quand on n’a rien à se reprocher. Ça tombe bien, le Premier ministre Ousmane Sonko, qui l’accuse de tous les péchés d’Israël dont une falsification des comptes et une fortune inexplicable, le défie : un débat public pour solde de tout compte.
Perso, je ne crois pas une seconde que ce débat aura lieu. Mais le hic ne viendra pas de Amadou Ba : ses lieutenants le disent favorable au duel, en tout lieu, à tout moment. La douche froide viendra du Cnra : sous la férule de son nouveau président, Mamadou Oumar Ndiaye, qui déclare n’avoir pas l’intention de jouer les gendarmes, l’organe de régulation fait tout de même la police de circonlocution…
Problème : personne n’exige qu’il soit médiatisé. Si ça se tient en plein air, devant une foule de curieux, loin des télévisions et des radios, en quoi le Cnra est-il concerné ? La parade rappelle les esquives de Ousmane Sonko lorsque la Justice le convoque dans l’affaire Adji Sarr, ou Mame Mbaye Niang : il a toujours un ami qui ne lui veut que du bien pour bondir de nulle part et l’empêcher de déférer aux convocations.
Et même lorsqu’en sa qualité de Premier ministre, Ousmane Sonko doit affronter les représentants du peuple pour sa Déclaration de politique générale, c’est depuis les rangs des députés que jaillit la lumière : Guy Marius Sagna, avec sa verve coutumière, lui présente l’excuse du Règlement intérieur pour sortir du traquenard par une porte dérobée, avant que le président de la République soi-même ne dissolve le parlement.
Tout ça nous rappelle les années de braises, avec le pic de la présidentielle de 1988, lorsque l’opposant Wade et ses ouailles dont l’actuel président du Cnra, réclament un face-à-face avec le Président Diouf. Les Socialistes, qui ne misent pas trop sur le canasson qui leur sert de poulain, multiplient les prétextes pour éviter le massacre en direct…
Bref, il n’est pas question de tenir ce face-à-face auquel Barthélemy Dias veut resquiller en précisant que seul l’usage du français, la langue officielle, sera toléré… C’est un coup en bas de la syntaxe ?
LES PECHEURS ARTISANAUX EN COLERE CONTRE BP POUR NON-RESPECT DE SES ENGAGEMENTS
Suite à la sortie d’un communiqué de BP confirmant et annonçant la signature d’un contrat pour le développement d’un récif artificiel unique au large de Saint-Louis, en lieu et place des six récifs initialement promis, les pêcheurs artisanaux dénoncent
Suite à la sortie d’un communiqué de BP confirmant et annonçant la signature d’un contrat pour le développement d’un récif artificiel unique au large de Saint-Louis, en lieu et place des six récifs initialement promis, les pêcheurs artisanaux de SaintLouis, parés de brassards et foulards rouges ont tenu un sit-in pour dénoncer fermement cette décision qui selon eux, «constitue une violation flagrante des engagements pris par Bp et Kosmos Energy lors des précédentes négociations»
Pour ces acteurs de la pêche, ces récifs devraient servir à compenser l’impact écologique massif des activités d’exploitation gazière du projet GTA sur les côtes Saintlouisiennes, déjà lourdement affectées par la dégradation des écosystèmes marines et l’accaparement de « Diatara «, le plus grand récif naturel de Saint-Louis.
Pour les amis de Mamadou Sarr, président de la commission Environnement et gestion des ressources de l’association des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis, la réduction à un seul récif artificiel met en danger l’avenir de la pêche artisanale dans la vieille ville, ainsi que la survie des milliers de familles qui dépendent de cette activité. « Le communiqué qui est l’objet de notre rencontre nous a surpris parce que le 13 août passé, nous avons eu une rencontre avec BP et le préfet du département. On avait discuté sur un certain nombre de points dont l’aménagement de six récifs artificiels au bénéfice des pêcheurs artisanaux. Mais, grande a été notre surprise de voir dans le communiqué que BP a signé un contrat pour ne mettre en place qu’un seul récif. Ce qui nous a pris de cours, c’est la raison de notre sortie pour parler à l’opinion publique pour les sensibiliser pour que nul n’en ignore « a d’emblée déclaré Mamadou Sarr qui précise que c’est toujours la même rengaine, le même problème entre les pêcheurs et BP.
Pour lui, BP n’a aucun respect, aucune considération envers les pêcheurs. « BP ne respecte pas les communautés, et tous les points d’accord obtenus avec les autorités ne sont pas suivis par Bp, ils font ce qu’ils veulent sans impliquer personne, sans concertation avec les milliers de familles de pêcheurs impactés par l’exploitation du gaz. BP ne peut pas venir au Sénégal et violer nos règlements, ça ne passera pas « assène Mamadou Sarr qui appelle le ministre de l’Energie à réagir et appeler BP à la table de la négociation et à respecter ses engagements. Il dénonce l’absence d’un point focal à Saint-Louis du ministère de l’énergie et des Mines Les pêcheurs promettent de retourner à Diatara (zone de pêche située au niveau de la plateforme) pour continuer leur activité. Ndeye Meissa Diéye, mareyeuse et membre de l’association des pêcheurs artisanaux de SaintLouis quant à elle a été plus catégorique. Elle indique que c’est le dernier avertissement pour BP et menace de passer à la vitesse supérieure la prochaine fois. Les pêcheurs artisanaux de Saint-Louis exigent la mise en place d’un programme de compensation juste et équitable, incluant une indemnisation pour les pertes de revenus et l’accès des alternatives de pêche durable.
Des pancartes avec des slogans comme « Libérez Diatara - GTA tue la pêche - BP Kosmos Hors la loi - Pêche en danger « « Exigeons le respect des engagements, six récifs artificiels « étaient brandis au cours de ce rassemblement organisé par l’association des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis.
LE GÉNÉRAL SECK MONTE CRÉNEAU CONTRE LA PARUTION DU LIVRE DE SÉVERINE AWENENGO DALBERTO SUR LA CASAMANCE
L'ancien chef d'État-major dénonce avec cet ouvrage qu'il considère comme une menace pour l'intégrité territoriale du pays
L’ancien chef d’Etat-major Général des Armées du Sénégal et ancien ambassadeur du Sénégal aux États-Unis, le Général Mamadou Mansour Seck se dit « scandalisé » de la parution du livre controversé dénommé « L’idée d’une Casamance autonome-Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal ». L’ouvrage écrit par l’historienne, chargée de recherches au CNRS à l'Institut des mondes africains (Imaf), Séverine Awenengo Dalberto, et publié aux Editions Karthala, devrait être présenté au public ce samedi 26 octobre 2024. Toutefois, face à la polémique qu’elle a suscitée depuis cette annonce, la maison d’édition a décidé d’annuler la cérémonie de dédicace.
Parler de l’autonomie de la Casamance ! Voilà un sujet qui fait sortir le Général Mamadou Mansour Seck de ses gonds. L’ancien Chef d’Etat-major Général des Armées du Sénégal et ancien ambassadeur du Sénégal aux États Unis, connu pour son courage sur des sujets relatifs à la sécurité et à la démocratie, est monté au créneau pour marquer sa totale désapprobation concernant la parution du livre « L’idée d’une Casamance autonome-Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal ».
« Les Sénégalais ne devraient jamais accepter sur leur territoire que quelqu’un puisse parler actuellement et officiellement d’une autonomie d’une région quelle qu’elle soit et qui appartient au Sénégal et qui est reconnue par la communauté internationale », tonne -t-il. Lui qui se dit « scandalisé » par la sortie de l’ouvrage écrit par Séverine Awenengo Dalberto, historienne, chargée de recherches au CNRS à l’Institut des mondes africains (Imaf) et publié aux Editions Karthala, affirme que « dans le cas où on pense le problème de la Casamance sous cette forme-là, se pose la question de la Corse ». « La Corse, bien que soit le pays de Napoléon, on parle d’autonomie et peut-être d’indépendance parce que dès qu’il y ait une différence physique puisque c’est une île, la Casamance, malgré la Gambie, est quand même d’un seul tenant du même pays qui a eu des difficultés à gauche et à droite », a déclaré le Général Mamadou Mansour Seck.
Les Éditions Karthala annulent la séance de dédicace
Depuis l’annonce de la cérémonie de dédicace prévue le samedi 26 octobre 2024, les réactions se multiplient sur les réseaux sociaux. Pour cause, certains estiment que le livre touche l’intégrité du Sénégal et « défend des thèses dangereusement révisionnistes qui n’ont d’autre objectif que d’exacerber les tensions déjà existantes dans la région de la Casamance ». C’est pourquoi, « face à un risque de voir son déroulement perturbé, il a été décidé de l’annuler », informent les Editions Karthala dans un communiqué dont nous avons reçu copie hier, mercredi 23 octobre. « Les éditions Karthala regrettent profondément l’instrumentalisation politique d’un ouvrage scientifique par des personnes qui n’ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu. Ce livre est le fruit de vingt ans de recherches rigoureuses menées par une historienne de renom, reconnue par ses pairs au sein de la communauté académique », rapporte la note. Toujours dans le communiqué, la maison d’édition revient sur le contenu du livre. « L’idée de la Casamance autonome porte sur la période 1875-1970 et s’appuie sur une vaste documentation composée d’archives publiques et privées ainsi que d’entretiens. L’ouvrage n’a nullement pour objectif de défendre des thèses séparatistes mais d’en restituer les origines historiques complexes », a-t-elle précisé. Mieux, dira-t-elle : « Il est crucial de préciser que la publication de cet ouvrage, prévue depuis de très nombreux mois, est totalement indépendante de la situation politique actuelle au Sénégal. Les éditions Karthala invitent chacun à lire cet ouvrage afin de se forger une opinion éclairée sur le sujet ».
L’APR dénonce le mutisme du président de la République
Dans un communiqué rendu public, l’Alliance pour la République (Apr) dénonce le mutisme du Président de la République Bassirou Diomaye Faye à propos de la parution du livre sur l’autonomie de la Casamance. « La cérémonie de présentation et de dédicace du livre l’Idée de la Casamance autonome, Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal, prévue à Dakar, le 26 octobre 2024 a réveillé un traumatisme que les Sénégalais croyaient avoir dépassé. Ce livre, que certains qualifient de pamphlet irrédentiste, défend des thèses dangereusement révisionnistes qui n’ont d’autre objectif que d’exacerber les tensions déjà existantes dans la région de la Casamance. Le mutisme des nouvelles autorités sur la question est particulièrement troublant. En effet, pourquoi, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, garant de l’unité nationale garde-t-il un silence, qui de plus en plus, résonne comme un soutien tacite à ces thèses mettant en péril l’unité nationale ? Pourquoi le Premier ministre Ousmane Sonko, qui se dit défenseur de la justice et de l’unité nationale n’a-t-il pas publiquement condamné ce livre ?”, s’est interrogé l’Apr. Le parti de l’ancien Président de la République Macky Sall n’a pas manqué de « dénoncer avec force, ce silence assourdissant des nouvelles autorités qui semblent cautionner ces idées sous couvert d’une complicité passive et estime, que dans ce cas précis, ne rien dire revient à encourager indirectement des idées qui s’inscrivent en faux contre l’intégrité de la République et qui mettent en péril la cohésion nationale ».