SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 décembre 2024
Société
L'ARCHÉOLOGIE SÉNÉGALAISE À LA RECONQUÊTE DE SON HISTOIRE
À Gorée, symbole du commerce triangulaire, des chercheurs locaux déconstruisent les récits dominants. Ils explorent les terres et les mers, à la recherche de preuves tangibles d'une histoire tue
(SenePlus) - Une équipe de chercheurs sénégalais s'attelle à réécrire l'histoire de la traite négrière, défiant les récits hérités de la colonisation. Leur terrain d'exploration : l'île de Gorée, symbole du commerce triangulaire des esclaves. Cette démarche s'inscrit dans une approche décoloniale, visant à rompre avec les pratiques et les grilles d'analyse héritées de l'époque coloniale.
Au cœur de ce mouvement, le professeur Ibrahima Thiaw, l'un des premiers archéologues sénégalais à s'être intéressé à la traite transatlantique des Noirs. Il dirige l'unité de recherche en ingénierie culturelle et en anthropologie (Urica) à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. "Certaines équipes continuant d'agir comme si nous étions toujours à l'époque coloniale", déplore-t-il, selon Le Monde.
L'Urica abrite des collections archéologiques uniques, mais aussi les défis de leur conservation. "Des collègues européens ont déterré des objets pour les étudier. Cela leur a permis de publier de prestigieux articles scientifiques. Et après, ils nous ont laissé des malles d'objets difficiles à conserver", explique le professeur Thiaw.
La démarche de ces chercheurs va au-delà de la simple étude des objets. Lamine Badji, docteur en archéologie, travaille sur des crânes de griots récupérés dans des baobabs. "L'objectif est de 'décoloniser' cette collection en reprenant son dans étude un prisme sénégalais, c'est-à-dire en veillant à respecter nos croyances et nos traditions", précise-t-il.
Le respect des êtres humains et les relations avec les communautés sont au cœur de cette approche. "Le corps n'est pas un objet mais une âme, et son histoire est liée à des vivants", souligne le professeur Thiaw. Il ajoute : "La dimension réparatrice de l'archéologie, qui permet de retisser le fil d'histoires familiales rompues par la séparation et l'exil, est trop négligée."
Les recherches menées sur l'île de Gorée ont déjà permis de remettre en question certains récits établis. "Nous avons principalement trouvé des objets européens de la vie quotidienne comme des encriers, des bouteilles d'alcool, ou des poids pour peser des objets précieux, qui datent du XVIIIe siècle", note M. Thiaw, contrastant avec les textes qui documentent une présence européenne dès le XVe siècle.
L'équipe du professeur Thiaw ne se limite pas aux fouilles terrestres. Depuis dix ans, ils explorent également les fonds marins au large de Gorée. Madicke Gueye, docteur en archéologie sous-marine, explique : "Le travail d'inventaire entrepris depuis dix ans nous a permis d'identifier 24 sites archéologiques sous-marins au large de Gorée. Il nous faut désormais pouvoir les dater".
Cependant, la conservation des objets remontés des profondeurs reste un défi majeur. "Nous avons perdu une bonne partie de cette collection, notamment tous les objets en bois", regrette Madicke Gueye. Les chercheurs militent pour l'ouverture d'un laboratoire de conservation adapté.
VIDEO
17 NOVEMBRE : UN RENDEZ-VOUS DE CLARIFICATION
Exclusif Seneplus - Ces élections anticipées sont un rendez-vous qui met aux prises le Pastef et tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays de Senghor à Macky Sall, d'après Alymana Bathily, éditorialiste de SenePlus.
Sociologue-philosophe de formation, militant politique et syndical de longue date, Alymana Bathily fait partie de ceux qui ont été séduits très tôt par cette nouvelle vague de politiciens patriotes, panafricanistes, souverainistes et anti impérialiste menée par Ousmane Sonko et ses camarades. Très vite, il a pris sa carte au Pastef et continue de soutenir le régime qui porte cette révolution intervenue le 24 mars dernier 2024 au Sénégal.
Dans cette entrevue accordée à SenePlus, Alymana Bathily apprécie les premiers pas du Pastef au pouvoir, bat en brèche certaines accusations ou une certaine perception dont est l’objet le régime. Aussi, le sociologue des médias expose les enjeux des législatives anticipées du 17 novembre ainsi que les ambitions claires du Pastef. S'agissant de la question de la mise en application du Pacte, Alymana tente de rassurer ceux qui s'inquiètent.
Les Etats des majors des différents partis politiques sont en ordre de bataille pour les législatives du anticipés du 17 novembre 2024, un scrutin en mode rock'n'roll étant donné le temps très court donné aux partis politiques et aux coalitions pour s’organiser. Répondant aux questions de SenePlus, Alymana Bathily, un militant du parti au pouvoir expose les enjeux de ce rendez-vous démocratique dans contexte dd e bouillonnement de l’espace politique. Pour lui, il s’agit très clairement d’un rendez-vous de clarification de l’espace politique.
D’un côté, il y a le Pastef qui est un parti anti impérialiste, souverainiste, patriote et panafricaniste qui a décidé d’ailleurs d’aller en solo sans la coalition au pouvoir afin de mieux se jauger. D’autre part, il y a tous les autres acteurs qui ont été dans l’espace politique depuis les indépendances pour certains et qui sont comptables de l’état actuel du pays.
Malgré les coalitions et les inter coalitions qui se forment au sein de l’opposition, Alymana Bathily, l'invité se Seneplus pense que le Pastef n’a rien à craindre en dépit du brouillement auquel l’on assiste dans l’espace politique avec l’avènement des collations et d’intercoalitions, les retrouvailles des frères et sœurs politiques qui s’étaient séparés des années durant. Cas du Parti socialiste (PS) et du Parti démocratique sénégalais 'PDS) de Me Abdoulaye Wade.
Sur un autre plan, à ceux qui s’impatientent quant à la non-application du Pacte de bonne gouvernance, Alymana Bathily prêche la patience. Selon lui ; le pouvoir tente de prendre ses marques et doit surtout s’occuper des dossiers bien plus urgents que la mise en application du pacte. De ce point de vue, il ne sert à rien de tirer des conclusions hâtives laissant penser que le candidat Diomaye n'avait signé le pacte que pour des raisons électoralistes.
Le sociologue de médias tente de rassurer ceux qui ont des inquiétudes et qui pensent que le président Diomaye Faye pourrait avoir tourné le dos au Pacte national de bonne gouvernance signé par 13 des 19 candidats à la dernière présidentielle, dont le candidat Bassirou Diomaye Faye.
Ces élections anticipées, pour le chroniqueur de SenePlus, sont un rendez-vous qui met aux prises le pastef et tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays de Senghor à Macky Sall et les Sénégalais sauront juger.
Suivez la lecture d’Alymana Bathily dans cette entrevue.
VIDEO
DAKAR DEM DIKK EN PÉRIL
Un effectif pléthorique de 3141 employés pour une masse salariale mensuelle dépassant les 151 millions de francs CFA. Des contrats douteux et des surfacturations qui plombent les comptes. C'est le tableau alarmant dressé par le nouveau DG Assane Mbengue
Assane Mbengue, le nouveau directeur général de Dakar Dem Dikk (DDD), vient de dresser un tableau saisissant de la situation financière de la société de transport urbain. Ses révélations mettent en lumière une gestion passée pour le moins chaotique.
Au cœur de cette tempête financière, M. Mbengue pointe du doigt des contrats douteux et des surfacturations qui ont plombé les comptes de l'entreprise pendant des années. Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Le DG dévoile un effectif pléthorique de 2814 CDI et 327 prestataires, engendrant une masse salariale mensuelle astronomique de 151 131 440 francs CFA.
Des contrôles inopinés ont révélé que 25% des receveurs sont impliqués dans des irrégularités de versements, portant un coup supplémentaire à la trésorerie déjà exsangue de DDD.
Face à ce constat alarmant, Assane Mbengue propose deux pistes de sortie de crise : un accompagnement de l'État pour épurer les dettes ou une restructuration interne, impliquant un plan social. Cependant, le nouveau DG ne cache pas les défis qui l'attendent, notamment la forte syndicalisation et la politisation de l'entreprise, héritage des méthodes de recrutement passées.
Malgré ce tableau sombre, M. Mbengue se veut optimiste. Il annonce déjà une augmentation des recettes et l'apurement en cours de certaines dettes. Le nouveau capitaine de Dakar Dem Dikk compte sur l'engagement du personnel pour redresser la barre de ce navire en difficulté.
VIDEO
LE FANTÔME DE SÉKOU TOURÉ HANTE LA GUINÉE
Quarante ans après sa mort, le premier président guinéen divise toujours son pays. Héros de l'indépendance pour certains, dictateur sanguinaire pour d'autres, son héritage fait l'objet d'une âpre bataille mémorielle
Quarante ans après sa mort, Ahmed Sékou Touré divise toujours la Guinée. Le premier président du pays, artisan de l'indépendance en 1958, connaît une résurrection controversée dans l'imaginaire collectif.
D'un côté, une jeunesse en quête de héros panafricains s'empare de son image. De l'autre, les familles des victimes de son régime luttent pour que ses crimes ne sombrent pas dans l'oubli. Entre les deux, le pouvoir actuel orchestre une réhabilitation officielle du "père de la nation".
À Conakry, la bataille fait rage. Tandis que l'aéroport arbore désormais le nom de Sékou Touré, les charniers de son époque disparaissent peu à peu du paysage urbain. Le camp Boiro, symbole de la répression, reste fermé au public.
Cette guerre des mémoires dépasse les frontières guinéennes. Elle résonne dans toute l'Afrique de l'Ouest, où les régimes militaires se multiplient et où le sentiment anti-occidental grandit.
Ainsi, 40 ans après sa disparition, Sékou Touré continue de façonner l'avenir de son pays, pour le meilleur et pour le pire.
VIDEO
LES GBAGBOS, UN DIVORCE QUI ÉBRANLE LA CÔTE D'IVOIRE
Laurent et Simone Gbagbo, autrefois unis dans la lutte, se déchirent aujourd'hui sous les yeux de toute une nation. À un an de la présidentielle, leur séparation tumultueuse pourrait bien redessiner le paysage politique ivoirien
À l'approche de la présidentielle ivoirienne de 2025, un drame familial aux allures de feuilleton politique tient le pays en haleine. Laurent et Simone Gbagbo, figures emblématiques de la scène politique ivoirienne, voient leur divorce se muer en bataille rangée sur la place publique.
Tandis que Nandia Bamba, nouvelle épouse de Laurent, s'apprête à lancer une offensive juridique pour déposséder Simone du nom Gbagbo, les ambitions politiques des ex-conjoints s'entrechoquent. Cette guerre des roses, loin d'être anodine, révèle les fissures d'une opposition en quête de renouveau.
Dans les rues d'Abidjan, on murmure que ce divorce à l'ivoirienne pourrait bien sonner le verre d'une ère politique. À 79 et 75 ans respectivement, Laurent et Simone Gbagbo font figure de dinosaures dans un pays où la jeunesse bouillonne. Leur lutte intestine, aussi passionnante soit-elle pour les amateurs de drames politiques, pourrait bien être le dernier acte d'une pièce dont le rideau tarde à tomber.
Alors que leurs partis respectifs peinent à s'imposer face aux mastodontes du paysage politique ivoirien, une question demeure : cette saga familiale sera-t-elle l'épilogue ou le prélude d'un nouveau chapitre de l'histoire politique de la Côte d'Ivoire ?
VIDEO
EN AFRIQUE, LE DESTIN PEU ENVIABLE DES EX-PRÉSIDENTS
Ils ont régné sur des pays, maintenant ils errent ou croupissent. L'après-pouvoir en Afrique n'a rien d'un long fleuve tranquille. De la prison à l'exil, en passant par la résidence surveillée, les chemins sont multiples
Dans le théâtre politique africain, le rideau ne tombe jamais vraiment pour les anciens chefs d'État. Une enquête révèle le destin tumultueux de ces hommes qui ont tenu les rênes du pouvoir.
De la cellule au salon doré, en passant par l'exil forcé, le parcours post-présidentiel emprunte des chemins sinueux. Charles Taylor, ancien dirigeant libérien, compte les jours dans une prison anglaise, tandis qu'Omar el-Béchir du Soudan reste sous haute surveillance à Khartoum.
Pour d'autres, comme Mohamed Bazoum du Niger ou Ali Bongo du Gabon, le palais présidentiel s'est mué en cage dorée. Résidence surveillée : une retraite politique sous contrainte.
L'exil, ultime échappatoire pour certains, devient une seconde nature. De Yahya Jammeh en Guinée équatoriale à Alpha Condé en Turquie, la géographie de la disgrâce s'étend sur plusieurs continents.
Cette valse des destins présidentiels illustre la précarité du pouvoir en Afrique. Entre coups d'État, poursuites judiciaires et transitions houlières, le fauteuil présidentiel ressemble de plus en plus à un siège éjectable.
VIDEO
BIYA MALADE, LA FRANCE PANIQUE
L'absence prolongée du président camerounais alimente toutes les spéculations. Pendant ce temps, Paris s'agite en coulisses. L’ère post-Biya se prépare dans l’ombre, entre ambitions locales et intérêts internationaux
Paul Biya, le patriarche nonagénaire à la tête du Cameroun depuis 1982, semble vaciller. Son absence prolongée de la scène publique alimente les rumeurs les plus folles, tandis que le pouvoir tente de museler les médias.
À Paris, c'est la panique. Le Quai d'Orsay voit en Biya le dernier rempart de la Françafrique dans la région. La crainte d'une succession chaotique hante les couloirs de l'Élysée, où l'on redoute de voir le Cameroun glisser dans l'orbite russe.
En coulisses, une course contre la montre s'engage. La France déploie ses réseaux, multipliant les rencontres avec les successeurs potentiels. Franck Biya, fils du président, semble tenir la corde, mais d'autres prétendants s'activent dans l'ombre.
Pendant ce temps, le peuple camerounais retient son souffle. Après quatre décennies de règne sans partage, l'heure du changement approche. Mais quelle forme prendra-t-il ? Entre les ambitions des clans rivaux et les manœuvres des puissances étrangères, l’avenir du Cameroun reste incertain.
VIDEO
ISLAM ET RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, LE MALENTENDU COLONIAL
Derrière les polémiques sur l'Islam en France se cache une histoire oubliée. Celle d'une République coloniale qui a façonné sa relation avec les musulmans bien avant les débats actuels
Au cœur des débats sur l'identité nationale française se cache une histoire oubliée : celle de la colonisation. L'idée répandue selon laquelle l'Islam serait incompatible avec les valeurs républicaines n'est pas née d'hier, mais puise ses racines dans l'Algérie française du 19ème siècle.
Sous couvert de "mission civilisatrice", la France a créé un système à deux vitesses en Algérie. D'un côté, les colons jouissaient de tous les droits citoyens. De l'autre, les "indigènes musulmans", pourtant apparemment français, étaient privés de citoyenneté pleine et entière.
Cette ségrégation, justifiée par des arguments culturels et religieux, masquait une réalité plus crue : la peur du "grand remplacement" avant l'heure. Accorder l'égalité aux Algériens aurait signifié leur donner le contrôle politique de l'Algérie, alors département français.
Paradoxalement, c'est au nom de la laïcité que l'on refusait aux musulmans l'accès à la citoyenneté, tout en contrôlant étroitement leur culte. Le terme « musulman » est devenu une catégorie juridique, désignant moins une appartenance religieuse qu'un statut social inférieur.
Ce passé colonial, longtemps occulté, ressurgit aujourd'hui dans les débats sur l'Islam en France. Il nourrit à la fois les discours d'exclusion et la méfiance de certains envers l'universalisme républicain.
L'AFRIQUE, NOUVEAU TERRAIN DE JEU DE L'INFLUENCE RUSSE
Des "sociologues" aux faux airs d'espions aux campagnes de désinformation massives, Moscou déploie un arsenal impressionnant pour séduire le continent. Il se présente comme le défenseur des peuples africains face au néocolonialisme
(SenePlus) - Dans un grand format publié du 19 au 25 septembre 2024, l'Obs lève le voile sur la stratégie d'influence russe en Afrique. Une enquête approfondie qui révèle l'ampleur et la sophistication des méthodes employées par Moscou pour étendre son emprise sur le continent.
Au cœur de cette offensive silencieuse, des personnages comme Maksim Shugaley incarnent la complexité de l'approche russe. Présenté comme un simple « sociologue », cet agent d'influence parcourt l'Afrique, réalisant des « sondages » aux conclusions invariablement favorables à la Russie. "Ses 'sondages' à la méthodologie douteuse ont systématiquement retenu que les populations des pays 'étudiés' soutiennent les partenariats avec la Russie et sont hostiles à la présence des Occidentaux, à commencer par la France", rapporte l'Obs.
Mais Shugaley n'est que la partie émergée de l'iceberg. Depuis 2018, la Russie a multiplié ses interventions sur le continent. De la République centrafricaine au Niger, en passant par la Libye et le Mali, chaque crise est une opportunité pour Moscou d'avancer ses pions. Les gains sont considérables : "neutralité de nombreux pays africains sur la question ukrainienne, nouveaux débouchés économiques (armement, hydrocarbures, agriculture), remplacement de l'armée française évacuée du Sahel par les miliciens de Wagner", énumère le magazine.
L’arsenal déployé par la Russie est impressionnant. L'African Initiative, une agence de presse créée en septembre 2023, joue un rôle central dans cette stratégie. Selon l'Obs, cette structure "publie des contenus en russe, anglais, français et arabe, gère des chaînes Telegram, organise des voyages de presse en Russie, mais aussi dans les territoires ukrainiens occupés, avec des journalistes africains". En parallèle, les Maisons russes, inspirées des Alliances françaises, se multiplient sur le continent.
Sur les réseaux sociaux, les fermes à trolls russes excellent dans la diffusion de fake news et de théories du complot anti-occidentales. L'Obs cite notamment "la diffusion de théories du complot suggérant que les sociétés pharmaceutiques américaines mènent des expériences biologiques en Afrique sous prétexte de vaccination".
Le narratif russe est immuable : Moscou se présente comme le défenseur des peuples africains face au néocolonialisme. Ce discours trouve un écho favorable auprès d'une jeunesse en quête de nouveaux modèles. "La critique anti-occidentale rencontre une tendance politique de fond en Afrique souvent qualifiée de néo-souverainiste", explique au magazine Maxime Audinet, chercheur à l'Institut de Recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem).
L'influence russe ne se limite pas au domaine informationnel. Après la mort d'Evgueni Prigojine, le Kremlin a repris en main ses partenariats militaires. L'Africa Corps, nouvelle entité contrôlée par le ministère de la Défense russe, a absorbé une partie de Wagner. "Présente dans cinq pays, la formation est placée sous le contrôle direct du vice-ministre de la Défense et du service de renseignement militaire russe, le GRU", détaille l 'Obs.
Les conséquences de cette stratégie sont potentiellement déstabilisatrices. Le magazine cite une note du Centre d'études stratégiques de l'Afrique selon laquelle la Russie aurait contribué à "saper la démocratie dans au moins dix-neuf pays". Si rien ne prouve un soutien direct aux récents coups d’État au Sahel, les experts présentés par l’Obs notent une intensification des narratifs pro-russes avant chaque putsch.
Face à cette offensive, l’Occident tente de réagir. La France, notamment, a créé un nouveau Commandement pour l'Afrique intégrant la lutte contre la désinformation. Mais le retard est considérable. "Moscou à pris beaucoup d'avance", constate l'Obs.
Plus inquiétant encore, l'Afrique ne serait qu'un laboratoire. Le « savoir-faire » acquis sur le continent serait en train d'être exporté vers d'autres régions, comme l'Asie centrale. L'Obs rapporte notamment les récents rapprochements entre Moscou et les talibans afghans, illustrant l'expansion de cette stratégie d'influence au-delà des frontières africaines.
En conclusion, ce grand format de l'Obs dresse un tableau alarmant de l'influence russe en Afrique. Dans ce nouveau « Grand Jeu » géopolitique, Moscou semble avoir pris une longueur d'avance, redessinant les équilibres de pouvoir sur le continent et au-delà. Une réalité qui pose de sérieux défis à l’Occident et qui pourrait bien redéfinir les contours de la géopolitique mondiale dans les années à venir.
VIDEO
EDWY PLÉNEL SECOUE LES CONSCIENCES
Le fondateur de Mediapart livre un éditorial percutant. "Les mots me manquent", confesse-t-il, face à l'ampleur des tragédies qui frappent le monde. Avec "l'illimitisme" qui gangrène la société, il brandit l'égalité comme ultime rempart
Dans un éditorial poignant sur l'émission Backseat, Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, livre une réflexion profonde sur l'état du monde actuel. Intitulée "Les mots me manquent", cette chronique inaugure sa participation hebdomadaire à l'émission.
Plenel dresse un tableau sombre des crises qui secouent notre époque. De Gaza à Kiev, en passant par les violences sexuelles et les inégalités économiques, il pointe du doigt l'impuissance du langage face à l'horreur et à l'injustice.
Le journaliste fustige l'usage de rhétoriques trompeuses et l'indifférence grandissante face aux souffrances humaines. Il dénonce également la montée de ce qu'il nomme "l'illimitisme" : une absence de retenue dans les sphères politique, économique et écologique.
Face à ces défis, Plenel brandit l'égalité comme boussole morale universelle. Il appelle chacun à "s'empêcher", à faire preuve de prudence et d'écoute, et à considérer l'autre dans toutes nos actions.
Dans un monde où "la nuit gagne", le fondateur de Mediapart exhorte ses auditeurs à devenir des "bougies dans le noir", illuminant le chemin vers plus d'humanité et de justice.