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19 avril 2025
Société
LE RÉQUISITOIRE D'AMADOU SALL
"Personne ne l'a consulté, pas même les députés qui ont voté la levée de l'immunité de Farba Ngom", dénonce l'avocat à propos du rapport de la Centif. Des irrégularités qui, selon lui, établissent le caractère politique de l'affaire
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, El Hadj Amadou Sall, ancien ministre de la Justice sous la présidence d'Abdoulaye Wade, dresse un tableau préoccupant de la situation judiciaire au Sénégal. L'avocat, qui défend aujourd'hui plusieurs responsables politiques proches de l'ancien président Macky Sall, s'inquiète d'une dérive autoritaire du nouveau pouvoir.
Au cœur de ses préoccupations, l'affaire Farba Ngom cristallise les tensions. Ce député proche de l'ex-président Macky Sall a vu son immunité parlementaire levée le 24 janvier par l'Assemblée nationale, avec 130 voix sur 165. Une procédure que Me Sall qualifie de "véritable cabale" et d'"inadmissible instrumentalisation politique des institutions judiciaire et parlementaire pour liquider un adversaire politique."
L'avocat rappelle les propos tenus par l'actuel Premier ministre Ousmane Sonko durant la campagne électorale : "Il a publiquement et ouvertement menacé Farba Ngom, en affirmant qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu'il soit définitivement inéligible", relate Me Sall à Jeune Afrique. Une promesse qui, selon lui, trouve aujourd'hui sa concrétisation.
Les irrégularités de procédure relevées par l'ancien garde des Sceaux sont nombreuses. Il pointe notamment l'absence du fameux rapport de la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières) sur lequel reposerait l'accusation de blanchiment de 125 milliards de F CFA. "Personne ne l'a consulté, pas même les députés qui ont voté la levée de l'immunité de Farba Ngom", dénonce-t-il auprès du magazine panafricain.
Le climat politique semble particulièrement tendu. Me Sall, qui dirige le Collectif des avocats républicains, dénonce des "interdictions systématiques de sortie du territoire" frappant les responsables de l'ancienne administration. Des mesures qu'il qualifie d'"administratives, donc illégales puisqu'elles n'ont jamais été ordonnées par une autorité judiciaire", précise-t-il à JA.
Sa critique est particulièrement acerbe envers les nouvelles autorités : "Lorsqu'elles étaient dans l'opposition, elles maîtrisaient l'art de l'invective, de l'outrage, des excès et de la violence, tant verbale que physique. Aujourd'hui, aucune critique n'est permise", déclare-t-il au magazine. Plus grave encore selon lui : "Elles cherchent à réduire au silence tous ceux qui parlent un langage différent en les mettant au cachot. C'est devenu un substitut au débat d'idées."
Quant au Pool judiciaire financier (PJF), récemment mis en place et qui revendique le traitement de 91 dossiers, l'ancien ministre reste sceptique. Pour lui, l'efficacité de la lutte contre la corruption ne peut être garantie que "lorsque l'autorité politique n'intervient pas pour diriger les actions répressives contre des opposants et lorsque les juges exercent leur devoir en toute liberté et dans la totale indépendance." Dans le cas contraire, prévient-il dans les colonnes de Jeune Afrique, "l'instrumentalisation de la justice creusera la tombe des valeurs républicaines."
GABON, TROIS MARINS SÉNÉGALAIS ENLEVÉS PAR DES PIRATES
Les autorités gabonaises n'ont pas encore communiqué sur l'identité des assaillants ou leurs potentielles revendications.
iGFM - (Dakar) Le chalutier Amerger 7, appartenant à la société Amerger, a été pris pour cible par des assaillants.
Selon Les Échos, reprenant la presse gabonaise, l'attaque a eu lieu vers 21h, vendredi dernier, 31 janvier.
Trois membres de l'équipage ont été enlevés. Il s'agit du capitaine, d'un mécanicien et d'un matelot, liste le journal. La même source avance qu'ils sont tous de nationalité sénégalaise.
«Les recherches se poursuivent pour retrouver les trois marins. Les autorités gabonaises n'ont pas encore communiqué sur l'identité des assaillants ou leurs potentielles revendications. Les autorités sénégalaises n'ont pas encore réagi sur le sujet», souligne la source.
AHMED LAMINE ATHIE VEUT FAIRE DE LA HAW UN ACTEUR MAJEUR
Le nouveau directeur général de la Haute Autorité du Waqf (HAW), Ahmed Lamine Athie, a fait part, lundi, de son ambition de faire de cet instrument de la finance islamique un acteur majeur du financement des politiques sociales de l’Etat.
Le nouveau directeur général de la Haute Autorité du Waqf (HAW), Ahmed Lamine Athie, a fait part, lundi, de son ambition de faire de cet instrument de la finance islamique un acteur majeur du financement des politiques sociales de l’Etat. ‘’La mission d’investissement pour le développement des Waqfs publics sera au cœur de nos actions stratégiques, dans le seul but de soulager les couches vulnérables. Notre ambition est de positionner la HAW en tant qu’acteur majeur du financement des politiques sociales de l’État’’, a-t-il déclaré lors de son installation officielle à la tête de la Haute Autorité du Waqf.
Ahmed Lamine Athie a indiqué que cette vision s’inscrit ‘’parfaitement’’ dans la dynamique de la stratégie nationale de développement Sénégal 2050, notamment dans son axe 2 : capital humain de qualité et équité sociale. Ce volet, a-t-il expliqué vise, entre autres, ‘’à construire un système de protection sociale inclusif et efficient et à renforcer l’accès aux services sociaux de base’’. M. Athie s’est également engagé ‘’fermement’’ à promouvoir un ‘’environnement de travail sain et inclusif, basé sur l’équité, la participation de tous et une dynamique d’équipe performante’’.
‘’Nous sommes une administration de mission et notre défi quotidien sera axé sur la recherche de résultats en harmonie avec nos valeurs, nos missions et le respect du cadre juridique en vigueur’’, a-t-il souligné. Il a promis de travailler à fixer de nouveaux objectifs pour la HAW, à consolider les acquis, à améliorer et à booster les projets pertinents en cours.
En adoptant une approche inclusive et participative, nous veillerons à mettre en place un cadre de concertation dynamique, regroupant l’ensemble des acteurs de l’écosystème du Waqf, notamment les démembrements de l’État, les collectivités territoriales, les autorités religieuses, le secteur privé et la société civile’’, a fait savoir le nouveau directeur général de la Haute Autorité du Waqf. Racine Ba, le directeur général sortant, en poste depuis février 2021, a assuré avoir réalisé avec son équipe des ‘’avancées significatives’’
‘’Nous avons réussi à lever des fonds auprès de bailleurs prestigieux, tels que la Banque islamique de développement et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique. Parmi ces initiatives concluantes, je citerai la signature de l’accord de financement de 20 millions de dollars du waqf public immobilier « Daara moderne »’’, a-t-il répertorié.
AUTORITÉ PARENTALE, VERS UNE RÉVISION DU CODE DE LA FAMILLE ?
La députée Maréme Mbacké interpelle le ministre de la Justice sur l’exclusivité de l’autorité parentale accordée au père au Sénégal. Une situation qui pénalise de nombreuses mères divorcées.
Dans une interpellation adressée au ministre de la Justice, Ousmane Diagne, l’honorable députée Maréme Mbacké a soulevé un enjeu de taille concernant l’autorité parentale au Sénégal. Actuellement réservée exclusivement au père, cette disposition légale pose de réelles difficultés aux mères divorcées ayant la garde de leurs enfants, notamment en matière de déplacements à l’étranger.
De nombreuses femmes de la diaspora sénégalaise dénoncent une situation où certains pères, en refusant arbitrairement leur signature sur les documents de voyage, entravent les déplacements de leurs propres enfants. Une pratique qui, selon Maréme Mbacké, peut avoir de lourdes conséquences, en particulier pour les enfants vivant avec leur mère hors du pays.
Face à ce constat, la députée appelle à une révision du Code de la famille afin d’instaurer un partage plus équilibré de l’autorité parentale. « Sans remettre en cause le rôle du père en tant qu’autorité morale au sein de la famille, il est essentiel que les deux parents puissent donner leur consentement aux voyages de leurs enfants », plaide-t-elle.
Maréme Mbacké interpelle ainsi le ministre de la Justice : le gouvernement envisage-t-il une réforme pour remédier à cette situation ? Quelles mesures concrètes pourraient être prises pour garantir une plus grande équité entre les parents et protéger les intérêts des enfants concernés ?
Autant de questions qui relancent le débat sur l’évolution des droits parentaux au Sénégal.
LES PARENTS PAUVRES
Souvent présentées comme les mauvais et les méchants, les hommes de main de politiciens sans foi ni loi, les forces de défense et de sécurité prennent de plus en plus la parole et laissent paraitre leur galère et leur amertume
Souvent présentées comme les mauvais et les méchants, les hommes de main de politiciens sans foi ni loi, les forces de défense et de sécurité prennent de plus en plus la parole et laissent paraitre leur galère et leur amertume.
Elles ont eu le rôle le plus ingrat. Risquant leurs vies de jour comme de nuit, exposant leurs familles pour, à l'arrivée, ne récolter que mépris et injures, indexées d'être les complices des pourfendeurs de la démocratie. Elles, ce sont les forces de défense et de sécurité, celles-là qui ont été en première ligne durant toute la crise qui a secoué le pays, entre 2021 et 2024. À la faveur de l'émission de la RFM dénommée ‘’FDS’’ (Focus sur la défense et la sécurité), l'un de ses plus grands chefs, le commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle Masserigne Faye, a brisé le silence, pour revenir sur les sacrifices énormes consentis durant ces périodes troubles. “Beaucoup critiquent la police et les FDS en général sans les connaitre. Si on n'avait pas fait ce qu'on a fait, le Sénégal serait aujourd'hui à terre. On ne peut pas tout dire sur la place publique. Même pour vous accorder cet entretien, il m'a fallu l'autorisation du directeur général. Ce que je peux vous assurer, c'est que si on n'avait pas cette posture, le Sénégal serait aujourd'hui comme le Mali, comme la RDC”, témoigne avec des trémolos dans la voix celui qui a commandé le groupe opérationnel de Dakar, de 2020 à 2024.
Aujourd'hui, c'est eux que l'on présente comme les méchants de l'histoire. Ceux qui ne méritent pas le pardon de la République, qui doivent rendre compte de leurs actes contre ce que l'on appelle pompeusement “le peuple”. Dans cette catégorie, on retrouve pourtant des insulteurs publics notoires qui n'ont rien à envier à Amath Suzanne Camara envoyé en prison - à juste raison - sous le régime du président Bassirou Diomaye Faye, de présumés pilleurs et pyromanes de biens privés comme publics ou de gens qui ont été accusés de les financer. Eux ont droit non seulement au pardon, mais aussi à la “réparation” et aux honneurs de la République. Les plus chanceux sont devenus des députés ou nommés à des postes de responsabilité ; la grande masse aura droit à une indemnisation. L'État ayant déjà annoncé autour de cinq milliards F CFA pour les indemniser ainsi que des financements (voir encadré).
“Si les FDS n'avaient pas fait ce qu'ils ont fait, le pays serait aujourd'hui à terre”
Si ce n'était que les victimes, ceux qui ont injustement été arrêtés et torturés, cela aurait pu se comprendre. Mais sur quelle base on va s'appuyer pour déterminer les victimes, alors même qu'aucun tribunal ne s'est prononcé sur leur culpabilité ou non ? Est-ce que tous ceux qui ont été arrêtés dans le cadre de ces événements sont d’innocentes victimes d'arrestations arbitraires ? Quid de toutes ces personnes dont les biens ont été détruits durant la crise, de ceux qui ont failli ôter la vie à des éléments des forces de défense et de sécurité qui ne faisaient que défendre la République ?
Autant de questions qui viennent mettre un bémol dans cette initiative du gouvernement qui a tendance à considérer tout détenu arrêté dans le cadre des manifestations comme une victime. A contrario, ceux qui les ont envoyés en prison -magistrats et FDS - sont des complices. Qui, dans ces conditions, accepterait, la prochaine fois que des situations similaires se présenteront, de défendre l'État ? Qu'adviendrait-il si, dans quelques années, les mêmes jeunes, mécontents de la gestion des autorités, descendaient à nouveau en masse dans la rue pour réclamer la chute du régime actuel ?
En vérité, il y a eu certes pas mal de dérives du côté des forces de défense et de sécurité. Mais il y en a également eu du côté des manifestants. Des policiers et des gendarmes ont failli y laisser leurs vies. D'autres ont exposé leurs familles, pour que la République reste debout. Et le témoignage du commissaire Masserigne Faye en lève une partie du voile sur les risques énormes qui guettaient ce pays.
Selon lui, le jour où on a brûlé des infrastructures à l'université Cheikh Anta Diop, des gens étaient sortis pour aller mettre le feu à la Daf (Direction de l'automatisation des fichiers) et à la DGE (Direction générale des Élections). “Ils sont venus jusqu'à la rue 3. Mes éléments m'ont appelé pour me dire qu'il y a une foule importante et leur capacité ne leur permettrait pas de tenir 30 minutes. Il faut du renfort”, a-t-il rapporté.
La notion de victime et de coupable galvaudée
Tout de suite, il s'est déployé avec les renforts et a vu une foule immense et déterminée. “Je me suis dit que si on les attaque de face, on n'en sortirait pas. J'ai demandé à mon lieutenant de gérer cette position, je vais faire le tour pour qu'on les ceinture. Je les ai pris par derrière, du côté de marché Gueule tapée. Il y a eu deux fronts ; une attaque par-devant et une autre par-derrière. Ils ont paniqué et ont pris les rues transversales pour sortir de la zone. On les a chassés jusque vers la dibiterie Le Mboté, mais ils avaient mis le feu partout. J'ai dû prendre des bouteilles d'eau exposées à la devanture d'une boutique pour éteindre le feu qui menaçait la DGE et la Daf. D'ailleurs, j'y suis retourné plus tard pour présenter mes excuses au boutiquier. J'ai voulu lui donner un peu d'argent, mais il ne l'a pas pris”. La Daf et la DGE ont ainsi été sauvées. Des manifestants arrêtés. L'État a pu continuer la mise en œuvre de son calendrier pour l'organisation des élections.
Aujourd'hui, les manifestants sont honorés. Les policiers et les gendarmes voués aux gémonies. Comment vivent-ils de telles critiques ? Le commissaire Faye rétorque : “Les critiques ne peuvent manquer quand on est devant. Mais nous, on agit par devoir. Ce qu'on a fait, si on ne l'avait pas fait, le Sénégal serait comme le Mali, comme le Congo. Il faut que les Sénégalais soient conscients que notre plus grande richesse, c'est la paix. Ne bradons pas cette richesse pour des futilités. Ce qui nous unit est beaucoup plus fort. Les gens doivent comprendre que les forces de police sont apolitiques, qu'ils se gardent de les inviter dans la chose politique”, renchérit-il, tout en soulignant qu'il était prêt au sacrifice suprême pour la défense de la République. “Je le disais souvent aux hommes. S'il faut qu'une personne meure pour que le Sénégal reste, que ça soit moi. Tenons la baraque, ne laissons pas ce pays sombrer”, rapporte l'ancien chef de la Brigade d'intervention polyvalente (Bip), celui qui a mené de main de maitre l'arrestation d’Hissène Habré à Dakar.
Cela dit, des éléments des FDS ont aussi été accusés de tortures, de violence inouïe et injustifiée sur des manifestants, sans parler des nombreux morts qu'il faudra élucider par des enquêtes indépendantes.
Mais l'un des grands griefs portés contre les FDS, c'est de n'avoir rien fait contre les gros bras qui les accompagnaient sur le terrain. D'ailleurs, à l'époque, cela avait soulevé un vrai malaise au sein des forces de défense et de sécurité. Certains officiers étant contre l'implication de nervis dans la gestion des manifestations.
Le recours aux nervis : la tache noire
Fortement critiqué pour le rôle qu'il a eu à jouer durant les manifestations politiques, Masserigne Faye est pourtant très respecté dans le système des Nations Unies, pour le rôle décisif qu'il a eu à jouer dans le maintien de l'ordre dans des zones chaudes comme Kidal, Gao et Tombouctou au Mali, mais aussi au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo où il commandait plusieurs forces. Il est réputé comme un homme profondément croyant. Sa plus grande satisfaction, c'est d'avoir su préserver ses hommes durant la crise. Il en rend grâce au bon Dieu. “Quand on a trois mille hommes à commander, ce n'est pas évident. Tous les jours, je me levais à l'aube pour prier Dieu de garder sains et saufs les éléments. Ma grande satisfaction, c'est de n'avoir enregistré aucune perte en vie humaine. Nous avons eu peur pour deux éléments qui ont été roués de pierres, mais grâce à Dieu, il y a eu plus de peur que de mal”.
Aux jeunes générations des FDS qui ont tendance à recourir aux médias et surtout aux activistes pour vilipender l'image de la police ou de la gendarmerie, il demande d'utiliser les canaux internes pour faire passer leurs messages. Ce qu'il a eu à faire, c'est plus par patriotisme, a-t-il tenu à expliquer. “J'aurais pu choisir de rester aux Nations Unies où on me payait six fois ce que je gagne au Sénégal, où on me payait 60 000 euros par an, rien que pour l'éducation de mes enfants. D'autres ont fait des sacrifices bien plus importants. C'est facile de critiquer les gens sans les connaitre, s'est-il défendu. C'est d'autant plus facile que ceux qui sont attaqués de toutes parts ne peuvent répondre aux attaques et critiques. Pour vous accorder cet entretien, il a fallu l'autorisation du DG”.
Qui va honorer les policiers et les gendarmes qui ont permis au Sénégal de ne pas sombrer dans le chaos ?
En 43 ans de police, le commissaire Masserigne, qui est au seuil de sa carrière (il devait partir à la retraite, mais avait bénéficié d'une prolongation qui va bientôt arriver à terme) jouit d'un grand respect auprès de ses pairs. Il a aussi beaucoup contribué à la réputation des forces sénégalaises au sein des missions de la paix au Mali et au Congo, notamment en y faisant intégrer les forces d'élite sénégalaises du GIGN. Les attaques sont loin de l'ébranler. “Quand on est animé de bonne foi et de droiture, on ne peut avoir peur. Comme on dit : le feu est ennemi de l'encens. Mais le fait qu'il le brûle le fait sentir encore plus, au bonheur de tout le monde. Quand on raconte des inepties et des contrevérités sur toi, cela ne peut vous affecter. C'est juste qu'on est devant et quand on est devant, forcément, on est exposé aux critiques. Les gens vont inventer des choses pour te démoraliser, parce qu'ils savent que c'est toi qui les empêches de tourner en rond. C'est pourquoi un chef ne doit pas avoir peur des critiques. Celui qui rechigne de faire ce qu'il a à faire de peur d'être critiqué ne mérite pas d'être chef. Pour ma part, rien ne peut m'ébranler. Je n'ai peur que de Dieu”, souligne l'ancien commandant du groupe opérationnel de Dakar.
SAMUEL SARR RÉCLAME UNE ADMINISTRATION PROVISOIRE POUR WEST AFRICAN ENERGY
Incarcéré depuis novembre pour un présumé abus de biens sociaux de 8,7 milliards FCFA, l'ancien ministre de l'Énergie refuse de céder sa place à la tête de WAE.
Arrêté et placé sous mandat de dépôt depuis plusieurs mois avant d’être éjecté de la Direction générale de la société West African Energy (WAE), Samuel Sarr n’a toujours pas abdiqué. Il ne compte pas se laisser défénestrer aussi facilement. Ses avocats ont saisi le Tribunal de commerce de Dakar pour demander le placement la société West Africa Energy (WAE) sous administration provisoire. Avec comme Motif: ne pas plomber le projet de centrale électrique conduit par cette entreprise.
Actionnaire de ladite société malgré son placement sous mandat de dépôt pour abus de biens sociaux présumé portant sur 8,7 milliards de FCFA, Samuel Sarr a réussi à enrôler un autre actionnaire, et pas des moindres, dans son combat. En effet, selon Libération, Harouna Dia, un autre actionnaire de la société, aurait rejoint la procédure qu’il a initiée devant le Tribunal de commerce.
Le journal de souligner que le couple Sarr-Dia fait face aux autres actionnaires, Moustapha Ndiaye, Abdoulaye Dia et Khadim Ba. Ils sont tous attendus devant le tribunal le 10 février.
Incarcéré depuis novembre dernier, Samuel Sarr a introduit une demande de liberté provisoire. Le parquet a émis un avis défavorable. Le juge du deuxième cabinet, chargé du dossier, doit trancher.
LA FAMILLE D'OUSMANE SONKO SOUS MENACE
Un ingénieur informatique de 31 ans, s’est introduit dans la maison familiale du Premier ministre Ousmane Sonko à Ziguinchor, dimanche 1er février 2025 avec menaces et invectives.
Un ingénieur informatique de 31 ans, s’est introduit dans la maison familiale du Premier ministre Ousmane Sonko à Ziguinchor, dimanche 1er février 2025.
AH. Ndiaye, un ingénieur informatique de 31 ans, s’est introduit dans la maison familiale du Premier ministre Ousmane Sonko à Ziguinchor, dimanche 1er février. Dans un état d’ébriété avancé, il a proféré des injures et menacé de mort les habitants et le voisinage avant d’être intercepté par la police.
Selon L'Observateur repris par PressAfrik, l’individu s’est d’abord rendu à la boutique située en face de la maison, où il a attendu le retour du boutiquier avant de l’invectiver et de le menacer, prétendant être armé. Puis, il a traversé la rue pour s’introduire dans la maison de la mère d’Ousmane Sonko, Khady Ngom, où il a redoublé de violence verbale. Alerté par le raffut, le voisinage s’est mobilisé pour protéger la famille du Premier ministre, tandis que des jeunes du quartier ont formé un bouclier humain autour de la demeure.
Face à la montée de tension, AH. Ndiaye a pris la fuite avant l’arrivée de la police. Il a été intercepté plus tard sur la route de Bignona, au volant d’un 4x4 appartenant à son employeur, la société Ecotra. Selon une source proche de l’enquête, il était toujours en état d’ébriété au moment de son arrestation.
Si ses intentions restent à préciser, AH. Ndiaye aurait accusé Ousmane Sonko " d’être responsable de la faillite de son entreprise en raison d’un redressement fiscal." Cependant, aucun élément concret ne vient pour l’instant étayer cette déclaration, souligne le journal. De plus, son éventuelle possession d’une arme, qu’il aurait mentionnée lors de son altercation avec le boutiquier, est en cours de vérification.
Placé en cellule de dégrisement au commissariat central de Ziguinchor, il devrait être entendu aujourd’hui. Le procureur a été saisi de l’affaire.
OUSMANE SONKO ATTENDU A FASS TOURÉ CE LUNDI
Le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, va procéder ce lundi 3 février 2025 au lancement officiel de la phase 2 du projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural. La cérémonie se tiendra à 9 heures à Fass Touré
Le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, va procéder ce lundi 3 février 2025 au lancement officiel de la phase 2 du projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural. La cérémonie se tiendra à 9 heures à Fass Touré, dans l’arrondissement de Darou Mousty, département de Kébémer, région de Louga.
Ce projet ambitieux vise à garantir l’accès à de l’eau en quantité, en qualité et à bas coût pour des millions de Sénégalais, en particulier dans les zones rurales.
L’accès à l’eau potable reste une priorité majeure pour le Gouvernement du Sénégal. À travers ce projet, des forages seront réalisés dans toutes les régions du pays, à l’exception de la capitale.
En plus de la construction de châteaux d’eau, plusieurs kilomètres de réseaux de distribution seront étendus, et des branchements sociaux ainsi que d’autres infrastructures hydrauliques seront installées.
Ces mesures visent à fournir de l’eau en quantité, en qualité, et à bas coût, conformément aux engagements pris par le Président de la République, Monsieur Bassirou Diomaye Faye.
L’objectif principal de ce projet est de garantir un meilleur accès à l’eau potable pour environ deux millions de Sénégalais vivant dans les zones rurales.
Cette initiative représente une avancée significative dans la politique de développement rural et de réduction des inégalités d’accès à des services de base.
Elle s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale du Sénégal visant à améliorer les conditions de vie des populations rurales et à soutenir un développement durable et équitable à travers tout le pays.
Ce lundi 3 février 2025, le Premier Ministre, Monsieur @SonkoOfficiel, procèdera au lancement de la phase 2 du projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural. Ce sera à Fass Touré, dans l’arrondissement de Darou Mousty, département de Kebemer, Louga.
L’accès à l’eau potable étant une priorité pour le gouvernement, ce projet a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des populations en milieu rural, en assurant un approvisionnement fiable en eau.
Selon les autorités, la phase 2 de ce projet couvrira toutes les régions du pays, à l’exception de Dakar, et touchera ainsi plus de 2 millions de personnes. Les travaux incluent la réalisation de nouveaux forages, la construction de châteaux d’eau, l’extension de réseaux de distribution sur plusieurs kilomètres et l’installation de branchements sociaux, parmi d’autres infrastructures hydrauliques.
Le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, avait fait de l’accès à l’eau potable une promesse essentielle de son mandat. Le Premier ministre Ousmane Sonko va concrétiser cette promesse, avec des actes tangibles, en collaboration avec les acteurs locaux et nationaux, pour assurer le bien-être de la population.
HANN EN QUETE DE RENAISSANCE
Le parc forestier et zoologique de Hann, un sanctuaire de la biodiversité situé en plein cœur de Dakar, la capitale sénégalaise, accueille au quotidien un public divers d’enfants et d’adultes venus d’horizons divers pour y mener des activités de loisirs
Le parc forestier et zoologique de Hann, un sanctuaire de la biodiversité situé en plein cœur de Dakar, la capitale sénégalaise, accueille au quotidien un public divers d’enfants et d’adultes venus d’horizons divers pour y mener des activités de loisirs, sportives, récréatives ou de ballades au milieu des écosystèmes.
Une enquête sur la fréquentation des usagers du parc, menée en septembre 2024 par deux étudiantes stagiaires de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (l’ISEP) de Bignona, révèle que les enfants de 0 à 18 ans qui fréquentent le parc représentent 13, 45%.
La tranche d’âge de 18 à 64 ans constitue 81, 82% des visiteurs et les plus de 64 ans représentent 4,73%, indique un document dont l’APS a obtenu copie auprès de la direction des parcs forestier et zoologique de Hann.
L’étude précise que 26% de ces visiteurs viennent au parc pour faire des ballades, 21% pour visiter le zoo, 15% pour contempler la nature, 14% en quête de tranquillité, 9% pour faire du sport, 8% pour pique-niquer, 5% pour visiter le jardin botanique. Les campeurs font 2%.
Ces données illustrent bien la place et l’importance qu’occupe cet écosystème dans la vie des populations. Il assure ainsi une fonction récréative mais aussi écologique, et surtout de conservation de la biodiversité floristique et faunique.
Il remplit également une vocation socio-éducative, culturelle et économique.
Créé en 1903, sous la forme d’un jardin public relevant du service de l’agriculture par le gouverneur d’Afrique occidentale française (AOF), Martial Henri Merlin, cet écosystème a été classé parc forestier et zoologique, le 29 août 1941.
Après la période coloniale, l’Etat du Sénégal a confié à partir de 1974, la conservation de la richesse floristique et faunique du parc forestier et zoologique à la Direction des eaux, forêts, chasses et de la conservation des sols, qui mettra en place dans cette dynamique, la Direction des parcs forestier et zoologique de Hann.
Le parc s’étend sur une superficie de 50 hectares, sur un périmètre bien sécurisé contre la pression foncière et l’urbanisation galopante à Dakar, avec une clôture en mur.
Le parc forestier et zoologique de Hann est constitué d’un zoo, d’une formation forestière naturelle, d’un plan d’eau (lac) qui joue un rôle important dans la rétention des eaux pluviales et l’atténuation de risques d’inondation dans la zone. Il sert aussi de cadre de vie à des oiseaux d’eau.
Le parc abrite également un Centre d’éducation environnementale avec un jardin ethnobotanique éducatif qui sert de cadre de recherche scientifique aux institutions et organismes comme l’UCAD, l’ISRA/DRPF, l’IRD, l’EISMV, dans l’amélioration des connaissances sur les végétaux et de la faune. Des écoles de formation y envoient aussi leurs élèves et étudiants pour des stages de formation.
Le jardin ethnobotanique joue ainsi un rôle très important dans la valorisation des plantes.
La Direction des parcs forestier et zoologique, a d’autre part, autorisé des partenaires privés à s’installer dans le parc pour offrir des services attractifs (aires de jeux, ballades, détente) aux visiteurs, sur la base de protocoles signés.
Aujourd’hui, le parc est confronté à une mortalité élevée d’espèces forestières, une baisse des effectifs et vieillissement des animaux en captivité du zoo, à des problèmes d’inondation et dégradation de ses installations et équipements.
Des problèmes qui ont poussé la Direction des parcs forestier et zoologique de Hann à initier des politiques de sauvegarde des écosystèmes tout en s’ouvrant vers des partenaires privés pour améliorer l’attractivité et l’animation interne, dans un contexte marqué par une insuffisance chronique du budget de fonctionnement alloué par l’Etat.
Le parc zoologique, un des grands points d’attraction, s’étend sur 7 hectares dont 4 aménagés. Il abrite 237 animaux en captivité dans de bonnes conditions sécuritaires.
Les pensionnaires en captivité sont composés entre autres de lions, de crocodiles, de chimpanzés, d’hyènes tachetées et rayées, de typhons de séba, d’antilopes, phacochères, des singes (…). Ces animaux à nourrir et soigner sont répartis dans des cages, volières et enclos, séparés par des allées en pavé pour faciliter les déplacements des visiteurs, à l’intérieur du zoo.
L’axe principal qui relie l’entrée principale du zoo au bâtiment abritant le service administratif des agents du parc, situé au fond du parc zoologique, est aménagé de part et d’autre, avec des plantes, des fleurs, des bancs publics et un jet d’eau au niveau d’un rond-point.
Sur la partie droite de cet axe, se trouve après l’entrée du zoo, la mare aux crocodiles. Des cages abritant deux hyènes rayées, des singes rouges, des babouins viennent meubler un décor qui rappelle la jungle. Tout à fait au fond du zoo, près du bâtiment administratif, se trouvent les lions dans des cages bien sécurisées, sous la vigilance des gardes.
Major Amacoumba Mbodj, responsable du parc zoologique de Hann .
Sur place, le major Amacoumba Mbodj, responsable du parc zoologique de Hann, supervise en compagnie de ses hommes, la préparation de la ration alimentaire des singes. Le menu du jour est composé de fruits, de pains de farine et légumes.
‘’S’agissant de l’alimentation des six lions du zoo dont quatre mâles et deux femelles, nous avons un fournisseur qui nous livre des ânes et des chevaux bien portants, qu’on abat pour l’alimentation des carnivores », a expliqué le responsable du zoo de Hann.
»Auparavant, un diagnostic est fait sur la qualité de la viande avant de la donner aux lions’’, a-t-il précisé, debout à côté de la cage en grille métallique renforcée des lions.
Présentant +Matar+, nom donné à un des deux lions, il a souligné qu’il est l’unique survivant d’une lionne venue du Maroc et qui avait mis bas quatre lionceaux dont les trois sont morts. ’’Ce lion assez connu des visiteurs a aujourd’hui 15 ans et 17 ans pour le plus âgé du groupe des félins’’, a-t-il indiqué.
Le major a souligné qu’un lion dans la nature peut vivre jusqu’à 22 ans au minimum, si les conditions sont réunies. ‘’En captivité, leur espérance de vie, peut dépasser 22 ans. Ici, le lion le plus vieux a 17 ans’’, a-t-il ajouté.
Concernant toujours l’alimentation des carnivores, il a signalé l’existence d’un cheptel de quatre hyènes tachetées et rayées et d’un vautour sauvage, à alimenter avec de la viande. ‘’Chez les crocodiles, on ajoute parfois de la volaille’’, a-t-il ajouté.
Pour la prise en charge sanitaire des animaux, il a renseigné que la Direction des parcs forestier et zoologique, a recruté un docteur vétérinaire spécialisé en santé animale. ‘’Un agent technique d’élevage qui s’occupe de l’alimentation et un budget pour l’alimentation des animaux, ont été également mis en place par les autorités’’, a-t-il ajouté.
Les pensionnaires ont une alimentation très variée. Des rations équilibrées et complètes sont distribuées régulièrement pour les maintenir dans un état satisfaisant d’animaux en captivité. Des oligo-éléments et des avitaminoses sont ajoutés à l’alimentation pour parer à une carence éventuelle.
Des opérations de déparasitage et de vaccination sont régulièrement menées. Les cages et les enclos sont quotidiennement aseptisés et l’ensemble du parc est souvent traité pour lutter contre les insectes vecteurs de maladies.
Le zoo reçoit également des dons alimentaires de cuisses et caisses de poulets, des carcasses de moutons, de bovins, de la viande, des poissons, du foie importé, pains, des fruits, légumes et autres produits consommables par les animaux, indique un document.
Toutefois, le major Amacoumba Mbodj, n’a pas manqué de déplorer les conditions de captivité des animaux, particulièrement des lions dans des cages carrelées. ‘’Les carreaux occasionnent souvent des blessures aux ongles des lions’’, a-t-il déploré.
Des lions en captivité dans une cage carrelée
Il a rappelé que les lions vivaient jusqu’en 2021 dans deux fosses aménagées, à cet effet, un milieu plus proche de leur mode de vie dans la nature. »Mais il se trouve que depuis cette année, les félins ont été transférés, des fosses aux cages carrelées, à la suite de fortes pluies diluviennes enregistrées, entrainant une inondation des fosses causée par le débordement du plan d’eau du parc », a-t-il expliqué.
Il a assuré que les nouvelles autorités du parc sont en train d’œuvrer pour libérer, les fosses aux lions des eaux pluviales, avec l’appui d’un partenaire privé qui est venu inspecter les lieux, la semaine dernière. »Dès 2025, il est prévu un réaménagement du parc’’, a-t-il indiqué, ajoutant que ‘’le partenaire propose un plan d’aménagement du zoo, une réhabilitation des enclos et équipements vétustes en plus d’un repeuplement du zoo’’.
Il a rapporté que des visiteurs se plaignent souvent du fait qu’ils trouvent tout le temps, les mêmes espèces d’animaux dans le zoo. Ces animaux, dit-il, ont été pour la plupart abandonnés et récupérés à bas âge par le zoo.
En ce qui concerne le repeuplement du zoo, le major a expliqué que les responsables du parc ne peuvent pas prendre le risque d’introduire de nouvelles espèces, si les enclos ne sont pas bien réaménagés.
Il renseigne toutefois qu’un projet est en place pour un repeuplement du zoo où plusieurs cages sont vides, n’ayant plus de pensionnaires.
Par ailleurs, il a relevé qu’avec le temps les installations du zoo sont devenues vétustes. ‘’Des murs tombent et il nous faut refaire les grilles de sécurité, faire un réaménagement du zoo avant d’introduire de nouvelles espèces. Au courant de cette année, nous voulons en priorité, récupérer les fosses aux lions’’, a-t-il insisté.
Le responsable du parc zoologique a souligné l’importance du rôle éducatif du zoo visité régulièrement par des écoliers venus de partout au Sénégal. ‘’Les visiteurs viennent de tout le Sénégal, particulièrement des écoles françaises et coraniques. Ces derniers bénéficient d’une réduction de 50% des prix appliqués sur le billet ’’, a-t-il indiqué.
Selon des statistiques obtenues auprès de la Direction des parcs forestier et zoologique de Hann, le zoo a enregistré sur la période de février à septembre 2024 : 52 906 visiteurs avec réduction (élèves), 6. 484 visiteurs enfants, 14. 819 visiteurs adultes.
Les recettes d’entrée enregistrées par le parc zoologique de Hann sur cette même période s’élèvent à 12 000 000 francs CFA.
Cependant, le parc n’a pas enregistré de recettes d’entrée durant le 4-ème trimestre (octobre-décembre) de l’année 2024, car le stock de billets d’entrée est épuisé. Une situation qui n’a pas encore évolué et qui fait perdre des millions de francs CFA au Trésor public où toutes les recettes d’entrée du parc sont intégralement versées.
42% des enquêtés souhaitent un repeuplement du zoo de Hann
Au vu des nombreux défis, le lieutenant-colonel, Ndeury Diaw, directeur des parcs forestier et zoologique de Hann, a indiqué que des actions de sauvegarde des installations sont prévues, notamment la réhabilitation en priorité des fosses aux lions pour remettre ces félins dans leur cadre de vie.
Il a expliqué qu’un retour des lions dans leur habitat originel permettra de récupérer des cages pour augmenter l’espace de captivité des primates (singes).
Concernant les animaux sauvages herbivores, il a informé que le parc n’a pas de problème d’espace pour ces pensionnaires. »Ce qu’il faut faire pour ces animaux, c’est de réduire leur mortalité, en traitant le sol pour qu’il y ait moins de parasites », a-t-il expliqué.
L’ingénieur des eaux et forêts, a indiqué que l’autre action prioritaire prévue pour le zoo, porte sur son repeuplement. Il a expliqué qu’il ‘’ne peut se faire qu’à travers de nouvelles acquisitions d’espèces rares provenant de réserves naturelles privées et par la reproduction, tout en travaillant à améliorer les conditions de captivité’’.
Il a avoué que le parc zoologique est confronté à une baisse de ses pensionnaires en captivité. »Les animaux qui étaient là ont vieilli. Ils naissent grandissent et meurent. Malheureusement, les pertes enregistrées n’ont pas été remplacées. Ce qui a entrainé une diminution des pensionnaires’’, a-t-il expliqué.
‘’Mais malgré tout, a-t-il dit, il ne sert à rien de repeupler le parc zoologique sans au préalable améliorer les conditions de détention des pensionnaires’’.
Pour la sauvegarde du parc forestier et zoologique, le lieutenant-colonel pense qu’il faut renouveler les équipements vétustes du zoo, et lutter contre l’agression naturelle causée par le débordement du lac, en 2021.
Situé vers la partie est du parc, dans une zone de dépression, le plan d’eau s’est formé à l’intérieur, suite à l’obstruction du réseau d’évacuation des eaux pluviales accentuée par la construction d’habitations dans la zone tampon.
Le parc forestier, situé dans la zone de captage, a une richesse floristique composée de 317 espèces (Index seminum, 2001) provenant des différentes zones phytogéographiques. Il est constitué essentiellement d’une forêt classée qui a enregistré en 2021 une inondation. Ce phénomène naturel avait à l’époque fait tomber une partie du mur de clôture sous la forte pression des eaux pluviales.
‘’Aujourd’hui, encore des écosystèmes endommagés du parc forestier par cette inondation ne sont pas encore récupérés. La menace pèse toujours sur l’état de ces écosystèmes forestiers où nous constatons une forte mortalité d’arbres, causée par la longue stagnation des eaux’’, a alerté le lieutenant-colonel.
Le lieutenant-colonel Ndeury Diaw, directeur des parcs forestier et zoologique de Hann
Il a indiqué que des efforts ont été faits par la Direction depuis deux ans dans la lutte contre l’inondation des écosystèmes forestiers. ‘’Ils ont permis de réhabiliter le réseau de drainage des eaux pluviales du parc forestier, avec un chenal de plus de 100 mètres réalisé l’année passée, pour évacuer le surplus d’eaux du lac vers la mer’’, a-t-il indiqué.
‘’Il sera complété par un pavage, une augmentation de la capacité de rétention du lac pour éviter des débordements pouvant impacter d’autres parties du parc’’, a-t-il ajouté. Selon lui, »plus, le lac aura la capacité de maintenir l’eau, moins il y aura de l’eau dans les autres parties du parc ».
Un sous financement des activités de conservation de la biodiversité
Le lieutenant-colonel a indiqué que le parc est confronté à ces trois grands défis qu’il va falloir résorber.
‘’Pour résorber ces défis, la direction des parcs forestier et zoologique, sous la tutelle de la Direction des eaux et forêts, a jugé nécessaire d’élaborer un projet appelé Projet de renforcement et d’amélioration de la qualité des services du parc d’un coût de 1,3 milliard de franc CFA ’’, a déclaré le lieutenant-colonel, Ndeury Diaw.
‘’Ce projet d’une durée de cinq ans s’articule autour de piliers comme : la rénovation, réhabilitation, amélioration des installations techniques vétustes et hors d’usage du parc zoologique’’, a-t-il précisé.
Il a ajouté que la direction des parcs forestier et zoologique est à »la recherche de partenaires » pour financer ce projet. ‘’Mais en attendant, l’Etat a pris l’engagement de mettre des fonds à notre disposition pour 2024-2025 dans le cadre du Budget consolidé d’investissement (BCI)’’, a-t-il signalé.
‘’Nous allons donc, avec le BCI procéder en fonction de la priorité du moment procéder à la réhabilitation des deux fosses aux lions occupées par des eaux pluviales depuis 2021’’, a-t-il annoncé.
Le lieutenant-colonel a invité les autorités centrales à accompagner la direction des parcs forestier et zoologique dans sa politique de conservation. ‘’Nous avons la volonté, mais il faut que l’Etat nous accompagne en mettant les moyens qu’il faut pour la préservation de la biodiversité. Il va falloir faire un effort. La conservation n’a pas de prix mais à un coût. Il va falloir que l’Etat supporte en mettant le minimum de moyen nécessaire, surtout pour les animaux sauvages du zoo’’, a-t-il lancé.
»Aux populations, nous demandons de s’intéresser au parc, c’est comme ça qu’on va faire vivre le parc dans son ensemble. J’invite les populations à s’impliquer spontanément pour résoudre les problèmes du parc’’, a-t-il ajouté.
Il a indiqué en outre que le parc dispose d’un budget de fonctionnement modeste provenant de l’Etat. ‘’Le seul site du parc qui génère des recettes reste le parc zoologique à partir des billets d’entrée et il se trouve que toutes ces recettes sont versées au Trésor public. Donc, le parc n’a pas la possibilité de créer des ressources financières et de les réutiliser’’, a-t-il déploré.
Le parc s’ouvre vers des partenaires privés pour améliorer son attractivité
Le parc forestier et zoologique de Hann, ne compte que sur l’appui de l’Etat pour prendre en charge tous les besoins de conservation. Une réalité qui a poussé, la direction à s’ouvrir aux partenaires privés pour les inciter à investir dans des services de divertissement, en vue de renforcer l’attractivité et le rayonnement du parc.
Il a annoncé que les protocoles liant la direction des parcs aux privés seront évalués pour plus d’impact positif. Selon lui, ‘’si on a jugé utile d’introduire certains partenaires, c’est pour uniquement augmenter l’attractivité du parc’’.
‘’Nous allons évaluer tous ces protocoles et revoir le type de collaboration, dans le but de les amener à mieux contribuer à l’attractivité du parc, et donc attirer plus de visiteurs’’, a-t-il encore souligné.
Il a souligné que les gens pensent souvent que le parc, c’est uniquement le zoo alors qu’il y a d’autres services offerts comme le bois sacré, un lieu cultuel où les chanteurs viennent tourner régulièrement des clips, une zone de pique-nique, rebaptisée +képar-gui,+ ou encore un reptilarium, le premier en Afrique de l’Ouest.
Une enquête sur la perception des usagers du parc menée par les deux étudiantes stagiaires de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (l’ISEP) de Bignona, révèle également que 42% des enquêtés ont émis le souhait d’un repeuplement du zoo, 21% l’amélioration de la propreté, 9% l’aménagement du parc.
Sept pour cent sont pour la mise en place d’une grande boutique, 4% la réhabilitation des pistes, 4% la confection de bancs publics et de tables, 3% la formation des guides, 3% l’installation des panneaux d’indication, 3% la mise en place d’un bon restaurant, 2% l’installation d’un multiservice et 3% l’augmentation du nombre de toilettes publiques, ajoute la même source.
LE CERCLE VICIEUX DU VOL DE BÉTAIL
Les éleveurs vivent dans la peur, confrontés à des voleurs qui agissent en toute impunité. Ce fléau, qui alimente un commerce illégal de viande dangereuse pour la santé publique, déstabilise l'économie locale et pousse les jeunes à l'exode
Au Sénégal, le vol de bétail est à l’origine de pertes annuelles estimées à 2 milliards de francs Cfa. Pourtant, l’Assemblée nationale avait voté en 2017 une loi pour renforcer la répression par la criminalisation. Plusieurs années après, faute d’une application dudit texte, le phénomène continue au grand dam des éleveurs qui sont dépossédés de leurs biens. Le vol de bétail qui alimente la commercialisation incontrôlée de viande destinée à la consommation nourrit également la criminalité dans la sous-région minée par une insécurité grandissante.
A Dinguiraye, une localité en plein bassin arachidier, dans la région de Kaolack, le « louma » ou marché hebdomadaire se tient tous les dimanches.
Le 25 janvier 2025, peu après 13 heures, les éleveurs y sont malgré la chaleur qui commence à s’installer dans le Saloum (région centre du Sénégal). Ils se regroupent à l’ombre d’un arbre. La sécurité de leur cheptel est source d’inquiétudes. Le vol de bétail est leur préoccupation majeure.
En présence de la délégation du Fonds alimentaire mondial (Fao) et du président national du comité de lutte contre le vol de bétail, Aboubacar Bitéye, les éleveurs veulent tous se faire entendre. Chacun tient à raconter sa mésaventure. Des animaux perdus dont les auteurs du forfait pourtant connus, sont libres, c’est le quotidien de plus d’un.
Parmi eux, Aliou Bâ, un jeune éleveur qui, dans la nuit du 2 janvier 2025, a vu son troupeau pris par des voisins dont il est convaincu de leur culpabilité. « Un individu de mon village est venu aux alentours de 22 heures avec deux complices inconnus et a volé une trentaine de bœufs, d’une valeur estimée à 20 millions de francs CFA ». En plus du témoignage d’un proche du présumé coupable, et les réquisitions téléphoniques, le mis en cause était en liberté au moment de notre passage. Nous avons été informés qu’après avoir eu écho de sa mésaventure, les hautes autorités du pays, ont pris en charge le dossier et le présumé coupable, est actuellement aux mains de la justice.
Dans la cohue du marché de Dinguiraye, au milieu d’un brouhaha plus marqué par le beuglement des vaches, Arame Diop, une dame d’une soixantaine d’années, cherche, elle aussi à prendre la parole. On lui a dérobé une douzaine de chèvres, un investissement avec lequel elle comptait s’occuper sa progéniture orpheline de père. « Les voleurs se réfugient dans la forêt et prennent nos animaux. Nous les connaissons, mais ils ne sont jamais condamnés après être appréhendés. On m’a pris 12 chèvres. Elles sont jusqu’à présent introuvables. Avec mes économies, j’essaie de me mettre à l’élevage, mais on me prend tout. Je suis veuve et mon bétail me permet de survivre», se désole-t-elle
Dans le Saloum, le refrain est partout le même. A Missirah Wadène, dans la région de Kaffrine, l’élevage y est un moyen d’intégration au-delà de l’apport économique comme en atteste la présence des communautés maures et maliennes qui sont fortement présentes dans la ville.
Le marché hebdomadaire qui s’y tient tous les jeudis, est un lieu de rencontre sous-régionale
A Missirah Wadène, l’élevage fait « bouillir la marmite ». Le marché hebdomadaire est une occasion de faire des affaires, mais les vols ne manquent pas là aussi. Même la volaille n’y échappe pas. « En pleine couvage, on les sort les poules de leurs abris », déplore Alima Dicko, une mauritanienne.
Les malfrats adoptent maintenant la ruse de se faire passer pour des clients le jour du marché pour tromper la vigilance des éleveurs. Pour préserver l’activité économique de sa commune, le maire de la ville, Moustapha Ndong, a mis en place des comités de surveillance. « A mon arrivée à la municipalité, le marché était peu fréquenté. Les éleveurs craignaient le vol de bétail qui s’opérait en plein jour. Depuis qu’on a installé des comités de vigilance, l’intensité a diminué », se réjouit-il même s’il reconnaît par ailleurs, la persistance du problème. Une vingtaine de camions débarque chaque jeudi à Missirah Wadéne. Le président de l’association de la communauté mauritanienne, Abdoulaye Dicko, plaide pour plus de soutiens aux comités de surveillance qui « manquent de tout », à son avis. Pour soutenir ces jeunes qui assurent la sécurité du cheptel, dit Abdoulaye Dicko, « il a été décidé que chaque camion qui arrive à Missirah Wadéne, verse une somme de 15 000 francs aux comités, les éleveurs locaux quant à eux, déboursent 10.000 francs le mois ».
A Ndiédieng, le vol de bétail pousse les jeunes à l’exode rural
Le marché à bétail de Mbirkilane a été est construit sur les fonds de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). L’infrastructure est bâtie sur une superficie de quatre hectares. Des milliers de bovins et de petits ruminants y sont débarqués chaque dimanche selon les agents vétérinaires, le jour de marché. Ici, des hommes enturbannés, jeunes et vieux n’ont cure de la poussière ou du soleil au zénith qui impose sa loi. Le seul espoir que nourrissent ces éleveurs est de faire de bonnes affaires. Le président du foirail, Amadou Seydou Ba, déplore l’insuffisance des sanctions, une des causes de la récidive. « L’application de la loi criminalisant le vol de bétail est la seule solution au problème », soutient-il. Le président des éleveurs de Mbirkilane, Demba Bâ, appelle à une forte réaction de l’Etat.
Ndramé Escale pas éloigné de Keur Madiabel, est au bout d’une piste latéritique de plusieurs kilomètres. Les éleveurs n’y dorment que d’un seul œil. Le vol de bétail, et la proximité de la Gambie, créent une psychose chez les habitants. Le maire de la localité, Hamidou Diop, déplore les pertes d’investissements. « Des éleveurs qui ont contracté prêts bancaires pour investir dans l’élevage ont tout perdu. Ce qui est très regrettable. La proximité de la commune avec la Gambie facilite le recel ». Selon Hamidou Diop, « l’identification du bétail permettra de renforcer la lutte contre le vol ». Le président des éleveurs de Ndramé Escale, quant à lui, déplore le manque de vigilance des éleveurs. Non loin de Ndramé Escale, Ndiédieng aussi est en proie au vol de bétail. Le maire Abdoul Aziz Mbodj, déplore l’exode massif des jeunes de la commune qui s’explique par leur désœuvrement après la saison des pluies. « Ndiedieng est une zone agro-sylvo-pastorale. C’est une zone d’agriculture et d’élevage. Après l’hivernage, la plupart des gens réinvestissaient leurs ressources tirées de l’agriculture, dans l’élevage. Maintenant, du fait de l’ampleur du phénomène, certains hésitent à investir dans le bétail », se désole-t-il. C’est pourquoi, une fois l’activité agricole terminée, une grande partie de jeunes quitte notre commune, pour aller vers d’autres horizons », ajoute-t-il. Le vol de bétail a un impact négatif dans les finances de la municipalité.
Risques de zoonoses : les dangers de l’abattage clandestin du bétail volé
Un autre élément essentiel dans la lutte contre le vol de bétail est de combattre les abattages clandestins. « La finalité de tout bétail volé est d’intégrer, de manière générale, le circuit des abattages clandestins, échappant ainsi à tout contrôle vétérinaire officiel. Il est donc impératif de prendre des mesures à cet égard, car c’est une question de santé publique »,recommande docteur Ibrahima Thiam, spécialiste en production animale à la Fao
Les zoonoses, ces maladies transmissibles de l’animal à l’homme, sont favorisées parla vente de cette viande qui échappe au contrôle du personnel vétérinaire.
« La tuberculose bovine est une pathologie liée à la consommation de viande provenant d’animaux qui n’ont pas été abattus dans des conditions contrôlées. Elle est transmissible du bovin à l’homme. Elle peut être diagnostiquée à l’abattoir. Il est impossible de détecter cette maladie sur un animal apparemment en bonne santé, d’où l’importance de l’inspection vétérinaire à l’abattoir », prévient-t-il. Comme zoonose, il a aussi, « le charbon bactérien qui peut entraîner une mortalité rapide en 24 à 48 heures. Les personnes peuvent contracter cette maladie lors du dépeçage de l’animal. Le virus peut persister dans le sol pendant jusqu’à 25 ans ». Selon le chef du service départemental de l’élevage et des productions animales de Mbirkilane, Samba Thioye, « La lutte contre le vol de bétail est très importante pour la santé humaine. Quand un animal est volé, il peut transmettre des zoonoses car, l’animal n’est pas identifié, ni inspecté et pas contrôlé ». Il rappelle également le rôle des éleveurs dans la lutte contre le vol de bétail. « Il reste encore beaucoup de choses à faire. Parce que pour un animal volé, normalement, l’éleveur doit se rendre au service technique. Il doit faire la déclaration de perte en dressant les marques particulières de l’animal. Et une fois fait, ce dossier doit être déposé à la gendarmerie. Et chacun des acteurs recevra une copie, une fois l’animal retrouvé, il est vraiment très facile à identifier », affirme t-il.
Ces manquements qui plombent la lutte
Il est important de souligner que le problème du vol de bétail est avant tout un problème local. Les voleurs sont issus des communautés elles-mêmes », note le docteur Ibrahima Thiam, spécialiste en production animale de la Fao qui partage les dénonciations des victimes de vols qui soutiennent identifier les auteurs. Il trouve en outre, qu’il est essentiel de placer les communautés au cœur de la stratégie de lutte contre le vol de bétail créant dans chacune des 557 communes du Sénégal, des comités communaux et locaux de prévention et de lutte contre le vol de bétail. Cela permettrait dit-il, « non seulement de lancer des alertes rapides, mais aussi, grâce à un réseautage, notamment en utilisant les technologies de l’information et de la communication de retrouver tout bétail volé ». Conscient de l’importance de l’implication de la population, Aboubacar Bitéye a mis en place, l’association nationale de lutte contre le vol de bétail, une entité agrée par l’Etat du Sénégal. Son objectif est « un maillage du territoire ». Les comités sont constitués de 10 membres. Au-delà de la surveillance sur le terrain, l’association de Aboubacar Bitèye a mis en place un groupe WhatsApp pour l’échange d’informations. Dans cette plateforme, en moyenne dix (10) cas de vol sont dénombrés par jour. Samba Ndiaye, le secrétaire général de l’association dans la commune de Missirah Wadéne, déplore le manque de moyens mais aussi la non coopération de certains chefs de villages.
Le maire de Ndiédieng, Abdoul Aziz Mbodj trouve toutefois que les populations doivent aider ces comités dans la dénonciation des personnes suspectes mais ajoute-t-il, « On ne doit pas permettre aux comités de lutte de s’arroger des prérogatives qui ne sont pas les leurs ou bien que les populations ne les respectent pas. Il faudra former les acteurs pour qu’ils comprennent leurs droits et leurs prérogatives. Qu’ils ne se transforment pas en forces de défense et de sécurité en s’adonnant à des actes qui seraient de nature à atteindre à la dignité de la personne qu’elle soit voleur ou criminel ». Cela permettra d’éviter, « des chaînes de sanctions populaires ». Le sous-préfet de Ndiedieng, Abdoulaye Diop, abonde dans le même sens.
« Nous sommes confrontés à un problème de dénonciation. Les gens savent généralement ceux qui font ces choses-là, mais ne les dénoncent jamais. C’est ça qui rend en fait difficile la lutte. L’État a pris toutes les dispositions pour lutter contre le vol de bétail. Il nous a dotés de numéros de téléphone, où on peut nous appeler sans que les gens ne sachent qui en est l’auteur. Toutes les conditions sont réunies pour en tout cas favoriser cette dénonciationlà ». Pour lui, « des liens de parenté justifient cette absence de dénonciation, plutôt que la peur de représailles ».
Les acteurs souhaitent l’évaluation de la loi criminalisant le vol de bétail
Il est essentiel de plaider pour une évaluation des aspects législatifs et réglementaires relatifs à la criminalisation du vol de bétail », requiert Dr Ibrahima Thiam. Le maire de Ndiedieng, Abdoul Aziz Mbodj, fait la même plaidoirie.
Si l’État mobilise ses ressources, les ressources juridiques, pour combattre ce phénomène, alors qu’il persiste, ma première proposition, c’est qu’il faudra évoluer. On doit faire l’évaluation de la loi. Il y a une loi qui est là, qui a criminalisé le vol de bétail ». Abdoul Aziz Mbodj de poursuivre, « la loi pénale, en vérité, son objectif, c’est la persuasion. L’objectif principal de la loi pénale, c’est la persuasion. Si cette loi ne persuade pas, parce que le phénomène persiste, il faut s’arrêter et évoluer ». Dr Astou Fall, la coordonnatrice de la Cellule de Lutte contre le vol de bétail (Clcvb), au ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage reconnaît les difficultés dans l’application de ladite loi. « Le constat que nous avons fait comme tout le monde, c’est que l’application de cette loi pose problème. Ceci est peut-être dû à l’insuffisance des ressources judiciaires et sécuritaires pour enquêter sur le vol de bétail. En général, au Sénégal, les forces de l’ordre et les institutions judiciaires manquent souvent de moyens. Il y a des moyens financiers, logistiques et humains pour enquêter sur les cas de vol de bétail surtout dans les zones reculées ».
L’absence de dénonciation plombe aussi la répression dit-elle. « Il y a aussi le manque de dénonciation par les victimes parce que les éleveurs et les agriculteurs touchés parle vol de bétail, hésitent parfois à signaler les cas en raison de la méfiance envers le système judiciaire. Ils sont un peu dubitatifs envers le système judiciaire disant que si on envoie le dossier à la justice, le voleur va revenir tout le temps.
Les procédures judiciaires peuvent coûter excessivement cher. Ça peut être une autre raison. Il a aussi des mécanismes de justice traditionnelle privilégiés par les victimes ». La loi criminalisant le vol de bétail a été votée à l’Assemblée nationale le 22 mai 2017. Cette loi avait pour objectif de réduire, voire d’éradiquer définitivement le vol de bétail. Les peines encourues avec cette loi c’est 5 à 10 ans de prison ferme avec la non négociation de sursis, ni de remise de peine.
Conséquences du vol de bétail
2 milliards de pertes par an
Au Sénégal, annuellement, 3,2 millions de $, soit 2 milliards francs Cfa par an sont perdus par les éleveurs a cause du vol de bétail, soit en moyenne 22 000 a 30 000 têtes de bétail. Ce vol de bétail sévit aussi dans la sous-région. Au Mali, par exemple, entre 2019 et 2022, le nombre d’animaux volés a été estimé à 887 250 têtes de bovins et 446 000 petits ruminants. Au Burkina Faso, les estimations sont 8 millions de têtes volées entre 2017. Selon la Fao, en termes d’économie illicite, le vol de bétail (22%) constitue en Afrique de l’Ouest, le 3eme fléau après le trafic d’armes (56%) et l’enlèvement contre rançon (39%) et devant le commerce illicite (20%) et le commerce illicite de pétrole (20%).
Il est renforcé par l’insécurité qui sévit dans la région, les failles sécuritaires aux frontières permettant une traversée hors points officiels et en dehors de tout contrôle des forces de défense et de sécurité, des agents des postes vétérinaires frontaliers, le changement climatique qui paupérise certains éleveurs, la nature extensive des systèmes d’élevage dominant avec une faible surveillance du bétail (divagation). Comme causes, la Fao indexe également, la mobilité nationale et transfrontalière comme la transhumance et le nomadisme qui favorisent les vols et les razzias dans ces zones où la présence de l’Etat est quasi inexistante.
Le problème est accentué par l’inefficacité des méthodes actuelles d’identification du bétail avec l’absence de méthodes efficaces de traçabilité du bétail. Il a aussi la possibilité d’écouler le bétail volé à travers des réseaux criminels d’abattages clandestins hors abattoirs à Dakar, dans les régions et même les villages les plus reculés du Sénégal. La faiblesse du personnel vétérinaire et para-vétérinaire au Sénégal qui est en général 1 agent technique d’élevage pour un arrondissement, soit 2 à 3 communes. Parmi les problèmes, il a aussi les absences ou les faiblesses organisationnelles interétatiques qui auraient permis de mieux coordonner la lutte entre les pays.
L’absence de structures dédiées totalement à la lutte contre le vol de bétail dans les pays concernés de l’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal est le seul pays qui dispose d’une Cellule dédiée mais sans moyens et la faiblesse de l’application des cadres juridiques et institutionnelles sont d’autres causes.
DR ASTOU FALL, COORDONNATRICE DE LA CELLULE DE LUTTE CONTRE LE VOL DE BÉTAIL (CLCVB), MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE, DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ET DE L'ÉLEVAGE « L'État a mis en place plusieurs initiatives pour lutter contre le vol de bétail »
« L’État a mis en place plusieurs initiatives pour lutter contre le vol de bétail comme la création de brigades spécialisées qui sont des unités de gendarmerie rurales. L’État a déployé des brigades de gendarmerie dans les zones rurales touchées parle vol de bétail, comme le Ferlo, le Fouta, la région Tamba. Le ministère de l’Élevage est en train de mettre en place le système national d’identification du bétail, un programme national d’identification du bétail », dit-elle. Ces mesures restent encore à généraliser, « mais sont en phase de démarrage », ajoute-t-elle. Selon toujours Astou Fall, « la réponse sera aussi de créer des coopératives transfrontalières et des projets visant à l’identification et la traçabilité du bétail ». L’Etat développe également, « un projet de planification qui vise à réduire les pertes liées au vol de bétail, d’améliorer la gestion des troupes pour faciliter l’intégration des produits d’alimentation sur les marchés internationaux de la traçabilité ». La coordonnatrice de la cellule de lutte contre le vol de bétail annonce aussi, « un plan de gestion des ressources animales qui vise à renforcer le contrôle des mouvements des troupeaux, notamment dans les zones transfrontalières, en utilisant des outils de technologie avec un intérêt pour la géolocalisation »
LA FAO ET LE SENEGAL MUTUALISENT LEURS EFFORTS POUR DES REPONSES ADEQUATES
La Fao compte accompagner l’Etat du Sénégal parla mise en place d’une coalition sous-régionale de prévention et de lutte contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest pour prendre en charge la dimension transfrontalière et sous-régionale du fléau et le partage d’informations dans un court terme.
Il a aussi la mise en avant des communautés au cœur de la lutte contre le vol de bétail, par la mise en place/renforcement/appuis des comités locaux et nationaux de lutte contre le vol de bétail sur tous les maillons de chaînes de valeur, pour mettre en œuvre les actions de sensibilisation, de plaidoyer et de communication. La nécessité d’une solution adaptée pour l’Afrique de l’Ouest dans un contexte de systèmes d’élevage pluriels notamment par le recours aux innovations technologiques (puces, colliers, drones, bolus …) qui sont des opportunités pour réduire le vol de bétail. On note également, la nécessité d’œuvrer à l’harmonisation entre États des systèmes nationaux d’identification et de traçabilité du bétail pour faciliter le suivi au-delà des frontières à moyen et long terme. Comme solutions, il est aussi préconisé, l’élaboration et la mise en œuvre concertée d’un programme régional sur l’identification et la traçabilité du bétail en Afrique de l’Ouest. La réponse contre le vol de bétail est aussi le renforcement des cadres juridiques liés à la prévention et à la lutte contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest. La FAO prévoit aussi un plaidoyer envers les décideurs surla nécessité de la mise en place de financements dédiés à la problématique de lutte contre le vol de bétail, notamment la création d’un fonds sous-régional dédié à la prévention et lutte contre le vol de bétail.
.L’élevage joue un rôle central dans l’économie des pays de l’Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, l’élevage contribue à hauteur de 4% du PIB nationale et 22% du PIB du Secteur primaire avec des effectifs, en 2023, estimés a plus de 4,5 millions de bovins, plus de 9,8 millions d’ovins, environ 6 millions de caprins, 1,6 millions d’équidés et 946 543 porcins.
C’est une activité pratiquée par environ 800 000 ménages et plus de 1,3 million d’individus.