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8 avril 2025
Société
LE CRI D'ALARME DE MOUSSA FAKI
Dans un courrier adressé aux chefs d'État africains, son président dénonce une paralysie généralisée. De la dépendance financière à l'inefficacité du Conseil de paix et de sécurité, il pointe les failles béantes de l'institution
(SenePlus) - Dans un document exclusif obtenu par Jeune Afrique, le président sortant de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, dresse un bilan sans concession de l'organisation panafricaine. Cette missive de trois pages, datée du 30 septembre et intitulée "Questions urgentes à résoudre", met en lumière les défis majeurs auxquels fait face l'institution à l'aube de son vingtième anniversaire.
Le constat est particulièrement sévère concernant le Conseil de paix et de sécurité (CPS), pilier censé garantir la stabilité du continent. Comme le souligne Faki Mahamat dans sa lettre, "le CPS a vu ses décisions et communiqués se succéder sans effets significatifs sur le réel politique et sur le terrain". Plus grave encore, il dénonce ouvertement que "les textes de base de l'Organisation ont été violés", remettant ainsi en question l'efficacité du dispositif actuel face aux changements anticonstitutionnels.
La dépendance financière de l'UA constitue un autre point critique abordé dans ce document. Le président de la Commission qualifie cette situation "d'insoutenable", expliquant qu'elle limite considérablement la marge de manœuvre de l'organisation, "restreignant toute velléité, si peu ambitieuse soit-elle, de la part de l'UA".
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) n'échappe pas non plus aux critiques. Faki Mahamat s'inquiète particulièrement de "la conception de partenariats stratégiques conduits sans aucun rôle significatif de l'UA, marginalisée devant la bilatéralisation des intérêts en jeu". Il pointe également du doigt "les déficiences patentes des chaînes de solidarité africaines" face aux menaces terroristes et aux catastrophes naturelles.
Selon Jeune Afrique, cette initiative du président sortant n'a pas suscité l'écho espéré au sein de l'institution. Un diplomate en poste à Addis-Abeba, cité par le magazine, va jusqu'à qualifier ce document de "pavé lancé dans la mare des chefs d'État et de gouvernement" et y voit surtout "l'aveu d'impuissance et de faiblesse de sa présidence".
Alors que l'UA vient d'intégrer le G20 en 2024, et que Moussa Faki Mahamat s'apprête à quitter ses fonctions le 15 février prochain, son appel à une "réflexion active" et à l'organisation d'une "retraite spéciale" pour aborder ces questions cruciales reste pour l'instant lettre morte. Les réunions proposées ont été systématiquement repoussées, illustrant paradoxalement l'immobilisme dénoncé dans sa missive.
Dans ce contexte tendu, certains au sein de l'institution semblent pressés de "tourner la page Faki", selon une expression qui circule dans les couloirs de l'UA, rapporte Jeune Afrique. Le président sortant conclut néanmoins sa lettre sur une note diplomatique, remerciant les dirigeants africains pour "leur confiance et leur soutien" et souhaitant "un plein succès" à son successeur.
PAR Pouye Ibra
PRIÈRE D’UN ENFANT TALIBÉ
Un sort scellé. Un destin brisé. Une vie en lambeaux. Une grande déchirure. Conscience violée. Je ne suis qu’un objet qui vole au gré du vent. Aucun regard. Aucun amour. Aucune haine même. Parce que je suis inexistant
Ô mon Dieu, pourquoi suis-je destiné à être cet être que tout le monde balaie du regard dans les rues ? Et surtout dans les rues de Dakar, où nous pullulons tels des rats d’égout. Ô bon Dieu, pourquoi tant de pitié envers l’être que je suis ? Pourquoi un tel évitement du regard des gens ? L’on me fuit et me poursuit. Je suis une proie facile. L’on me viole du regard. Toujours à la recherche de la pitance. En guenilles. La main tendue et dans le froid. Je grelotte. Je pleure. En effet, la pitié se lit sur le visage de bon nombre de passants. Je suis très fatigué, bon Dieu. Je pense à mes parents qui, emportés par une irresponsabilité sourde et faute de moyens voire d’une crise économique aigüe, m’ont abandonné dans les bras de quelqu’un qui se fait passer pour un maître coranique. Alors qu’il est un faux dévot. Ô Dieu, pourquoi cette vie de chien ? Même un chien a une vie plus confortable que la mienne. Personne, je pèse et soupèse mes mots, ne m’aime ! Aucun regard. Aucun amour. Aucune haine même. Parce que je suis inexistant. L’on fait semblant de me voir mais je suis invisible. Je ne compte pour personne. Ce qui importe pour mon maître coranique, c’est ce que je rapporte tous les soirs, à la fin d’une journée de marathon et de dur labeur. Seule la pitance l’intéresse. Ô sacrilège ! Ô désespoir ! Mon Dieu, pardonne à mes parents, à mon maître censé m’apprendre le Coran et à l’Etat parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font !
L’irresponsabilité de mes parents
Je devais être un élève ou disciple apprenant le Coran. Tels sont mes dessein et destin. Que nenni. Le maître coranique, à la voix mielleuse, habillé de jolis atours et d’un boubou blanc, fit croire à mes pauvres parents que j’étais destiné à l’apprentissage du Coran. En effet, il m’enleva de la tendresse familiale et fit de moi son esclave. Un destin brisé auquel je fais face tous les jours. Et pourtant, j’étais un bon élève avant que l’on m’arrachât à l’affection de mes parents. L’on me prédit un bel avenir mais mes parents n’y avaient peu ou pas cru. L’occasion s’offrit et l’on m’offrit à ce charlatan des mots. Ce charlatan qui fait du Coran son fonds de commerce. Je ne puis croire que c’est mon destin mais en l’alchimie de la condescendance et de la bonne parole qui a germé dans certains esprits malsains. En effet, le mot talibé découle du mot apprenti. Celui qui veut apprendre et a une soif de connaissance. C’est ce qu’on dit à mes parents que je ne condamne pas. Ils sont ce qu’ils sont. Et moi, l’objet de leur désir. Un être ne devant pas avoir droit au chapitre. Un être calfeutré dans un silence assourdissant et la mort dans l’âme. C’est fort de café ce que je veux dire : j’ai été vendu comme un vilain esclave.
Mon maître coranique
Ô mon maître ! Lui-là, je le condamne fermement ! Il fit de moi ce qu’il voulut que je fusse. C’est-à-dire son objet. Sa chose. Son jouet. M’a-t-il appris quelque chose ? En effet, il a mis dans mon crâne, embué de contre-vérités, que quelques versets du livre saint. Lui-là, c’est faites ce que je dis mais ne dites pas ce que je fais. La chicotte est sa communication. Il est très économe de parole. Un sacré artiste, celui-là ! Et que dire de l’heure de la prière, il n’en fait pas trop son affaire. Pour lui, cela le dérange à tel point qu’il préfère aller dormir. Un de ses jeux favoris, c’est de nous réveiller en nous versant des sceaux d’eau froide sur le visage. Et tout en nous répétant d’aller à la quête de la pitance et de nous exiger le montant que nous devions ramener à la maison. A défaut de somme exigée, la chicotte fera sa mue. En rire ou en pleurer ? Telle est la vie dans la plupart des daras de ce Sénégal-là. Et moi, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cette chienne de vie ? Je ne peux le dire. J’ai du mal à trouver les mots parce qu’ils n’arrivent pas à sortir de ma gorge profonde. Un sort scellé. Un destin brisé. Une vie en lambeaux. Une grande déchirure. Conscience violée. Je ne suis qu’un objet qui vole au gré du vent.
Le rôle de l’Etat
L’Etat sénégalais dans toute sa splendeur. Cet Etat dans toute sa providence. Cet Etat protecteur. Qu’a-t-il fait pour parer à cette décrépitude de la société ? Une sans loi et encore moins investie dans l’amour du prochain. Rien et tout dans le vent ! Alors autant vaut la parole publique ? Elle n’est plus sacrée et surtout au Sénégal. Ce pays a failli à une de ses missions premières. Celle de protéger ses propres enfants. Mais à l’heure actuelle, l’on assiste à une résurgence de ce phénomène social. La pauvreté à tous les étages. A chaque coin, il existe des moi et des moi, en loques, la morve au nez, le visage si triste à réveiller un mort, et tendant la main et ne sachant même pas réciter un verset du Coran. Il est des moments où l’Etat semble oublier ce qui fait sa force de demain, sa jeunesse. Cette richesse qui coule de source que nous envie la vieille Europe. L’Etat, les talibés et la responsabilité des hommes ? Une drôle d‘histoire menée de main de maître par certains lobbys tapis à l’ombre. Et chacun y trouvant son compte. Mais bon Dieu, fais que ma situation change ! Me demande si je pourrais tenir face à cette dangereuse cavalcade parce que je suis las de vivre ainsi. Vivement que la vieille faucheuse vienne m’emporter et autant en emporte l’enfant talibé que je suis ! Né pour souffrir. Né pour ne plus compter dans ce bas-monde happé par la décadence d’une société. L’on parle in fine de Sénégal-50 et de son Agenda national de transformation, l’ère du président Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko. De zéro talibé dans les rues de Dakar et dans les grandes villes du Sénégal. Vivement la repentance de tous les acteurs ! Vivement que demain soit aujourd’hui. Vivement la fin de ce calvaire tuant à petit feu la société d’où pourrait surgir un jour une violente révolte embrasant tout sur son chemin. A ma muse doublée d’un bel esprit d’une matinée sur fond d’une conversation succulente posée sur les deux bords de la Méditerranée que t’est destinée cette supplique de l’enfant talibé pour réveiller le catharsis sommeillant en nous.
par Abdoul Aziz Diop
LE TESTAMENT POLITIQUE DE MAMADOU DIA
Le désarroi d'Ousmane Camara face aux insuffisances du Sénégal contemporain le pousse à une relecture radicale de l'indépendance. Mais les témoignages historiques, notamment ceux de Mamadou Dia, révèlent une réalité plus nuancée
Prenant la parole à l’occasion de la cérémonie de présentation du rapport significatif d’étape – « Introspection, rétrospection et prospection : 50 ans d’indépendance en Afrique de l’Ouest » –, initié et réalisé par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), l’ancien juge Ousmane Camara dit être « effrayé par ce qui est arrivé » au Sénégal pendant et après les événements de décembre 1962. L’ancien ministre dans les gouvernements des présidents Senghor et Diouf considère alors que « jusqu’à présent nous vivons la même chose ». Et Ousmane Camara d’ajouter qu’« en réalité, nous n’étions pas indépendants. Cette indépendance était un leurre. Tous nos problèmes découlent de cela ». C’est qu’à ses yeux, « Senghor et Dia n’étaient que des pions ». Cette sentence est d’un grand intérêt quoique confusément sévère et polémique. Son intérêt est tel qu’elle pousse son auteur à proposer au pays « la tenue d’états généraux de l’histoire du Sénégal ». Mais c’est là que tout se complique puisque « l’histoire, avertit le grand romancier Argentin Enesto Sabato, est faite d’oublis et de sophismes ».
Ce n’est qu’en 1979, cinq ans après sa libération de prison et trois ans après son amnistie, que l’instituteur Mamadou Dia - qui fut, pendant treize ans, le secrétaire général du Bloc démocratique sénégalais (BDS), sénateur, député à l’Assemblée nationale française, député du Sénégal, maire de Diourbel et président du Conseil du gouvernement du Sénégal –, céda à la pression d’amis et de jeunes pour apporter son témoignage sur l’histoire politique du Sénégal.
Déjà victime d’une « mesure de rétrogradation » dans sa carrière d’enseignant du fait de son hostilité manifeste aux autorités coloniales et de son refus des mots d’ordre du régime de Vichy, Dia donna à la création du BDS « le sens d’une protestation contre la politique de la SFIO, qui se traduisait par l’inféodation à un parti politique européen ». Pour, comme disait Senghor, « tuer le vieil homme sénégalais » plutôt tenté par le « parti de clients » et le « remaniement de l’idéal de jadis », Dia, animé d’une conviction profonde et d’un désintéressement absolu, suscita une véritable « autonomie de pensée et d’action » en récusant, dès la Libération, tout arrimage aux partis européens. Très tôt, Mamadou Dia cria son indignation contre les « effets regrettables des compromissions » qui firent de Dakar et de Thiès des villes d’occupation par suite de la mutation des bases de la Communauté en bases militaires punitives et d’agressions contre les peuples qui se révoltent. « Dès 1961, écrit Mamadou Dia dans ses Lettres d’un vieux militant (Compte d’auteur, 1991), il y a eu des négociations avec le gouvernement français pour l’évacuation totale des bases françaises ». « Dans le domaine monétaire, ajoute-t-il, nos négociations avaient prévu la création d’une zone monétaire dans la région, zone monétaire indépendante de la zone franc. » D’ores et déjà, il nous paraît impossible de ne pas nous interroger sur ce qui s’est passé par la suite au détour d’« états généraux de l’histoire du Sénégal ».
A la différence d’autres témoins de l’histoire, Dia accusa Senghor de son vivant, lui offrant ainsi la possibilité de répondre. « C’est bien aux mutations subies par l’homme Senghor que l’on doit les avatars du Sénégal de l’après indépendance », tranche Mamadou Dia dans les colonnes du mensuel d’expression et de combat Andë Sopi. Mais Dia ne se contente pas d’une accusation. Les témoignages de Senghor dans une interview accordée à Bara Diouf, fin 1978, lui font justice quand on lui jeta à la face l’action de son gouvernement contre la classe ouvrière, le Parti africain de l’indépendance (PAI), le pluralisme et la démocratie entre 1959 et 1960. Quid du « pion » ? Dia répond lui-même : « Oui, j’ai été toujours ami de la France, mais jamais son agent. » En 1959, Mamadou Dia adressa à De Gaulle « une vigoureuse lettre de protestation » - ce sont ses mots – et fit arrêter deux Français impliqués dans un complot contre la Guinée. Dia réagissait ainsi à un communiqué diffusé à l’époque par Radio-Conakry et dans lequel le président Ahmed Sékou Touré accusait le Sénégal preuves à l’appui. Dia agissait en ami de la France tout en se défendant d’en être l’agent ou le « pion ». C’est que « nulle part dans le bréviaire du politique, il n’est écrit l’incompatibilité entre le nationalisme en actes et l’amitié pour les autres peuples dont les dirigeants respectent votre personnalité et ne piétinent pas vos droits ». Dia s’efforça d’élargir le champ de la coopération du Sénégal avec le reste du monde. Il prôna aussi « une solidarité de condition avec le Tiers-monde » contre « la coopération extravertie », facteur de « servitude économique », perceptible à travers, entre autres, « le Programme général d’importation (PGI) selon lequel, sous prétexte d’économies des devises, les importations du Sénégal hors CEE sont soumises à licences ». L’élargissement des relations avec l’Afrique au sud du Sahara achoppa, lui, sur « le renversement de tendance ou l’ère de l’auto-colonisation ».
On connaît la suite qui révulse Ousmane Camara, le poussant à se demander : « pourquoi en 2011 nous n’avons ni eau ni électricité ? » Dia déplora aussi l’état d’arriération d’un pays qui fut « le fer de lance du développement de l’Afrique, à l’aube des indépendances nationales ». Nous devons commencer par le dire si nous voulons des « états généraux de l’histoire » pour l’action. Mamadou Dia y contribue à travers son œuvre « que l’on n’aura pas tort de lire comme un testament politique à l’adresse de la jeunesse d’Afrique ».
En image, au recto de la page vierge de mon recueil de chroniques (octobre, 2003), les mots du président Dia écrits par son épouse sous sa dictée et qu’il signa lui-même de sa main de patriarche des bonnes causes sénégalaises, africaines et mondiales.
PAR Frédéric Kwady Ndecky
VIGILANCE FACE À LA MONTEE DES DISCOURS ETHNICISTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces propos, qu’ils soient le fruit d’émotions mal maîtrisées ou de manipulations cyniques, sèment des graines de division qui, si elles ne sont pas extirpées rapidement, pourraient compromettre notre avenir commun
"Saytaane waxul dëgg waaye yàq nam xel" – Proverbe wolof (« Satan ne dit pas la vérité mais provoque le doute »)
Ne négocions jamais notre vivre ensemble !
Le Sénégal, pays d’équilibre et de résilience, a toujours su surmonter les épreuves pour préserver son unité et sa stabilité. Cependant, cette harmonie, fruit d’un héritage commun bâti au fil des décennies, est aujourd’hui mise à l’épreuve par la montée préoccupante des discours ethnicistes. Ces discours, comme le rappelle le proverbe wolof, ne disent pas forcément la vérité, mais sèment le doute et divisent. Ce doute, pernicieux et insidieux, menace de fragiliser notre cohésion sociale et d’alimenter des fractures qu’aucun citoyen responsable ne peut ignorer.
L’histoire politique et sociale du Sénégal témoigne d'une remarquable capacité à surmonter des crises profondes. La crise politique de 1988, marquée par des contestations post-électorales et des tensions prolongées, fut l’un des premiers épisodes de turbulences majeures qui ont secoué notre démocratie naissante. Quelques années plus tard, en 1993, l’assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel a plongé le pays dans une autre crise de grande ampleur, mettant à l’épreuve notre système politique et notre stabilité institutionnelle. Cependant, loin de sombrer dans la division, ces épreuves ont incité le Sénégal à prendre un tournant décisif. En renouant avec le dialogue national, en engageant des réformes profondes et en renforçant la transparence du processus électoral, le pays a non seulement surmonté ces crises, mais a aussi renforcé ses bases démocratiques. Ainsi, malgré la gravité de ces événements, le peuple sénégalais a fait preuve de retenue, de résilience et d’une profonde volonté de justice, permettant à notre pays de préserver sa stabilité.
Entre 2021 et 2023, le Sénégal a traversé une autre période de turbulence, marquée par des manifestations virulentes nourries par l’insatisfaction économique et des tensions politiques exacerbées. Des milliers de jeunes, frustrés par des défis sociaux et économiques, sont descendus dans les rues pour exprimer leur mécontentement. Ce contexte aurait pu dégénérer, mais fidèle à son héritage de dialogue, le Sénégal a su éviter le pire et amorcer un retour à la stabilité. Ces épisodes, bien que difficiles, illustrent notre capacité collective à protéger l’unité nationale et à surmonter les défis dans un esprit de paix. Ce sont ces valeurs que nous devons continuer à promouvoir et préserver sans compromis.
Cependant, la montée des discours ethnicistes représente une menace nouvelle et insidieuse. Ces discours, souvent portés par des acteurs en quête d’intérêts politiciens ou par des opportunistes malintentionnés, jouent sur les peurs et les préjugés, opposant des communautés qui, depuis toujours, vivent ensemble. Ces propos, qu’ils soient le fruit d’émotions mal maîtrisées ou de manipulations cyniques, ne reflètent aucune vérité, mais sèment des graines de division qui, si elles ne sont pas extirpées rapidement, pourraient compromettre notre avenir commun. Nous devons les combattre avec fermeté et refuser qu’ils érodent les bases de notre vivre ensemble.
La Constitution sénégalaise, dans son préambule, affirme avec force que « le Sénégal est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Elle consacre l’égalité de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Ces principes fondamentaux constituent le socle de notre vivre ensemble. Mais aussi solides soient-ils, ces textes ne suffiront pas à garantir notre unité si nous, citoyens, ne prenons pas pleinement conscience de notre responsabilité. La vigilance collective est impérative. Chacun doit s’interroger : à qui profitent ces discours de haine ? Pourquoi laisser prospérer des idées qui mettent en péril cet héritage précieux que nos anciens ont bâti avec courage et détermination ?
Nous n'avons pas le droit de ternir le legs précieux de nos illustres aînés, hommes et femmes d'exception, porteurs de sagesse, de courage et de dignité, qui ont façonné le Sénégal tel que nous le connaissons aujourd'hui. Des figures politiques emblématiques, telles que Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia, Lamine Gueye, Waldiodio Ndiaye, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Majhemout Diop, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Landing Savané et bien d’autres – qu'ils aient exercé le pouvoir ou incarné l’opposition – ont joué un rôle fondamental dans la construction de l'État et la consolidation de la démocratie. Dans le domaine religieux, des leaders comme Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadj Malick Sy, Seydina Limamou Laye, Cheikh Al Islam Ibrahim Niasse (Baye Niasse), Monseigneur Hyacinthe Thiandoum, Monseigneur Théodore Adrien Sarr, et bien d’autres ont incarné l'unité nationale et œuvré sans relâche pour la paix sociale et le dialogue interreligieux. Des intellectuels et écrivains tels que Cheikh Anta Diop, Ousmane Sembène, Aminata Sow Fall, Mariama Bâ, entre autres, ont enrichi notre culture et affirmé notre identité. Ces figures, issues de divers horizons, ont bâti et nous ont légué une nation forte et solidaire. Leur héritage est un bien précieux que nous avons le devoir de préserver et de transmettre.
Le Sénégal ne peut se permettre de céder à ces dérives. Notre diversité culturelle, ethnique et religieuse a toujours été une richesse, jamais un obstacle. C’est cette diversité qui a permis à notre pays de rester un modèle en Afrique et dans le monde. En mars 2024, lorsque pour la première fois un opposant est arrivé au pouvoir dès le premier tour sans contestation, nous avons montré au monde ce que nous sommes capables d’accomplir lorsque nous restons unis. Cette avancée majeure dans notre processus de construction nationale et de consolidation démocratique, largement saluée par la communauté africaine et internationale, témoigne de la solidité de nos institutions et de la maturité de notre démocratie.
Ne laissons pas des discours irresponsables détruire ce que des générations ont bâti avec courage et détermination. Le Sénégal est notre bien commun, un héritage précieux que nous avons le devoir de transmettre intact, sinon renforcé, aux générations futures.
Unissons-nous pour défendre notre unité nationale.
Unissons-nous pour dire non aux discours de division et de haine.
Unissons-nous pour protéger notre vivre ensemble, car de lui dépendent notre stabilité et notre avenir.
Ne négocions jamais notre vivre ensemble !
A DAKAR, LES BOUTIQUES DE DROIT ONT RECENSE PLUS DE 90 CAS DE VIOL
La Fidh et ses trois organisations membres au Sénégal – la Lsdh, l’Ondh et la Raddho -, ainsi que, l’Ajs, demandent au gouvernement de prendre les dispositions législatives et judiciaires nécessaires pour une meilleure protection des femmes et des filles
La chargée de projets à l’Association des juristes sénégalaises, Mme Sène, a soutenu qu’en conclusion de la mission de plaidoyer qui a pris fin, hier, la Fidh (Fédération internationale des droits humains) et ses trois organisations membres au Sénégal – la Lsdh, l’Ondh et la Raddho -, ainsi que leur partenaire de longue date, l’Ajs (Association des Juristes du Sénégal) demandent au gouvernement de prendre les dispositions législatives et judiciaires nécessaires pour une meilleure protection des femmes et des filles victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques, économiques.
Elle l’invite également à mettre en place un dispositif efficace d’assistance juridique et judiciaire aux victimes. Ensuite, de prendre les mesures législatives nécessaires pour la mise en conformité des dispositions nationales aux engagements pris en 2004 par la ratification sans réserve le protocole dont l’article 14 prévoit l’accès à l’avortement médicalisé aux victimes de viol et d’inceste, ou lorsque la vie ou la santé de la mère ou du fœtus sont en danger. Enfin, de veiller à l’effectivité de l’application des peines prononcées à l’encontre des auteurs de faits de violences à l’égard des femmes et des filles.
La Fidh salue les militants et militantes « au courage remarquable » qui continuent leur combat malgré les nombreuses menaces et attaques à leur encontre. L’organisation pense qu’en 2025, il est urgent que le gouvernement s’exprime sur le sujet, garantisse le respect de l’État de droit et mène des actions concrètes pour la promotion et une meilleure protection des droits des femmes. « Le Sénégal le doit aux petites filles et aux femmes du pays. Il s’y est engagé il y a 20 ans. Je fais partie de l’association des juristes sénégalaises. Nous avons nos boutiques de droit qui nous servent de relais. Dans ces boutiques de droit implantées à Dakar, Sédhiou, Ziguinchor, Kébémer et Kaolack, nous avons recensé plus de 90 cas de viols », a-t-il fait savoir. Et rien qu’à Dakar, on note plus de 98 cas de viols.
CASAMANCE, COMMENT LE TOURISME A SURVÉCU AU CONFLIT
Pendant un long moment, la région qui a connu une insécurité précaire à cause du conflit armé avait du mal à voir l’ombre d’un touriste. Au fil du temps, la donne a changé avec le calme qui est revenu.
Pendant un long moment, la Casamance qui a connu une insécurité précaire à cause du conflit armé avait du mal à voir l’ombre d’un touriste. Au fil du temps, la donne a changé avec le calme qui est revenu.
En 1992, le conflit armé qui a démarré dès l’aube des années 1980 a plongé tout le sud du Sénégal dans une insécurité sans fin. Cette situation a mis en péril le secteur touristique qui a enregistré une vague de départs immédiats de touristes présents dans la zone. Avec les braquages incessants qui survenaient à tout moment sur l’axe Cap Skirring-Ziguinchor, la situation s’est envenimée. Les porteurs d’armes, supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), pouvaient surgir à n’importe quelle heure pour s’en prendre aux populations.
À cause de l’insécurité qui y prévalait du fait de la crise armée, la Casamance était estampillée zone rouge et sensible. Aussi, la mort par “accident” d’un groupe de touristes dans les années 2000, non loin de Katakalousse, à quelques kilomètres de la station touristique de Cap Skirring, a amplifié les départs. Pendant ce temps, les réceptifs peinaient à se relever. L’insécurité fut fatale au tourisme local, occasionnant la fermeture des hôtels et l’arrêt des services offerts. Quelques années plus tard, en 2021, les manifestations politiques sont venues s’ajouter aux conséquences du conflit armé déjà désastreuses.
Le tourisme tourne, à nouveau, au ralenti. Dans ce contexte, peu de touristes viennent en Casamance pour les vacances. Donc, dans cette partie du Sénégal, le tourisme était à terre. Aujourd’hui, le sud du pays, y compris la zone touristique de Cap Skirring, commence à renouer avec la sécurité. Au mois d’octobre, la ville a accueilli son premier vol international en provenance de Bruxelles et Paris. À bord, une centaine de touristes. La particularité : il y avait beaucoup d’enfants. La vie reprend paisiblement dans la localité. Le tourisme retrouve sa place de choix avec des complexes hôteliers qui font le plein, surtout avec l’ouverture de la présente saison. Les fréquentations reprennent ainsi de plus belle. Même les campements implantés dans des localités éloignées y trouvent leur compte.
Gérant d’un campement dans les îles de la Basse-Casamance, Agolène Gomis se réjouit de la sécurité qui prévaut dans le département d’Oussouye et le reste de la Casamance. Contacté par “Le Soleil”, le jeune promoteur touristique affirme que “la sécurité favorise un bon climat des affaires”. Actuellement, rassure-t-il, les choses marchent très bien. “Il fut un temps, on ne recevait pratiquement pas de touristes à cause de l’insécurité. Nous vivions une situation très compliquée. Nous avions du mal à nous en sortir financièrement. En revanche, tout cela est derrière nous. On rend grâce à Dieu parce que les choses évoluent positivement.
Mon campement est plein depuis deux mois et la clientèle continue à frapper à nos portes”, jubile Agolène. Entrepreneur touristique depuis 10 ans, le fils de Sifoca, dans la commune de Diembéring, indique que nul ne peut investir dans une zone où règne l’insécurité. L’insécurité et la Casamance, c’est une histoire de plusieurs décennies qui a mis à genou le tourisme local. Cependant, les choses semblent revenir à la normale avec des retombées économiques profitables à ceux qui osent se lancer dans le secteur.
PAR Aoua Bocar LY-Tall
JE N’AI JAMAIS TRAITÉ LES MILITANT-E- DE PASTEF DE TERRORISTES
EXCLUSIF SENEPLUS - En parcourant récemment les commentaires d'un de mes posts sur Cheikh Anta Diop, je suis tombée sur l'origine de cette vieille accusation. C’est à croire que presser de condamner et de salir, certaines personnes lisent mal
Je n’avais jamais su pourquoi certaines personnes m’accusaient d’avoir traité les militant-e-s de Pastef de terroristes. Avant, je le mettais simplement sur le compte d’une campagne de salissage dans les réseaux sociaux que les gens subissent de nos jours ici et sous d’autres cieux. Je ne l’ai compris que le 23 janvier 2025. Au chevet de ma grande-sœur malade et hospitalisée, je me suis mise à lire un peu de tout sur mon téléphone portable. Entre autres, je suis entrée dans ma page Facebook et visité les commentaires de mon post du 29 décembre 2024 annonçant le 101ème anniversaire de naissance de mon Maitre à penser Cheikh Anta Diop. Il y avait 760 commentaires. D’aucuns soulignaient sa grandeur ou son érudition, d’autres exprimaient leur enthousiasme face à ma nomination au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) à titre de représentante des personnalités qualifiées du milieu des lettres, d’autres formulaient des félicitations, des encouragements et des prières, certains me dénigraient et/ou m’invitaient à démissionner du poste. Bien entendu, certains me défendaient contre leurs propos.
C’est au cours de cette lecture que j’ai découvert le post d’un certain Diallo Diallo, datant de deux (2) semaines. Il l’illustrait par un texte daté du 6 mars 2021 et me posait la question : « C’était votre publication ? Non ? » C’est alors que j’ai compris la source de l’accusation d’avoir taxé les militant-e-s de Pastef de terroristes. C’est à croire que presser de condamner et de salir, certaines personnes lisent mal. Ce post commence pourtant de façon claire. Comme titre, j’écris* : « Alerte ! Alerte ! Le Sénégal en danger de l’envahissement par des terroristes. » À ce que je sache, ceux qui envahissent un pays, viennent de l’extérieur ? Non ? Donc, s’ils viennent de l’extérieur, ce ne sont pas des sénégalais-e-s.
Mieux, j’ajoute : « Il était invraisemblable en effet que la violence des destructions et des meurtres soient le fait de la jeunesse sénégalaise (jeunes, enfants & étudiant-e-s-) de façon concomitante dans plusieurs villes du Sénégal …» Je poursuis : « L’avis de monsieur Sékou Sangharé, un panafricaniste guinéen nous explique l’infiltration des terroristes dans ces manifestations de jeunes au Sénégal.» Je termine par : « Lisez l’alerte et restons vigilant-e-s ! Tout le reste du texte vient de monsieur Sangharé qui explique : « La stratégie des terroristes présents au Sénégal se déroule en 4 phases. » Puis, il détaille : - 1, -2, -3, - 4 en allant à chaque fois à la ligne. Ensuite, il apporte d’autres précisions avec ce sous titres : « Qui sont ces terroristes ? » (Cf.: https://afriqueconfidentielle.com/continent/senegal/le-panafricaniste-sekou-sanghare-alerte-sur-un-complot-terroriste-visant-le-senegal/) C’est dire que contrairement à ce qu’on a prétendu, j’ai même disculpé la jeunesse sénégalaise dont les militant-e-s du Pastef comme on peut le lire ici sur ma publication au complet sur Facebook (Cf. : https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=4030942573597346&id=100000449281317&_rdr) Et, si certains n’avaient pas compris ou n’était pas d’accord avec le point de vue de M. Sangharé, quelqu’un du pseudonyme anticonformiste Aln a appelé ses amis (Nouha DjitteCheikh Mbaye Malamine Fall Ronaa Gueye ) et leur a dit : «Venez voir la publication entière. Cette dame n'a fait que partager.Je crois que l'acharnement est infondé. J'ai suivi ces publications de 2021 à 2024 mais c'est une panafricaniste pure.» C’est en effet ce qu’on connait de moi. Je salue son honnêteté.
D’ailleurs, comment pourrais-je taxer les "Pastéfiens" de terroristes alors que j’y compte beaucoup de gens qui me sont très chers. Il y a parmi eux mes propres jeunes sœurs et enfants, des neveux, des nièces dont j’ai contribué à former certains politiquement dans le RND alors qu’ils/elles étaient des adolescent-e-s et nous suivaient partout où nous allions rencontrer Cheikh Anta (chez lui, dans son bureau, aux meetings et procès du RND, etc.). Aussi, parmi les gens du Pastef, j’ai des collègues pour lesquel-les j’ai le plus grand respect, de l’estime, voire de l’admiration ainsi que de grand-e-s ami-e-s de longue date. Pour n’en citer qu’un seul, je peux parler de mon cousin S.E.M Amadou Tidiane Wone. Au-delà de notre parenté, j’ai eu à collaborer avec lui au Canada quand il y était ambassadeur du Sénégal. Ce, autour de la valorisation de patrimoine historique de l’Afrique que j’y menais, plus précisément autour des Manuscrits de Toumbouctou. De même, j’ai partagé avec lui des plateaux de télévision dans le cadre des Ziarras Omariennes. Militant actif ou sympathisant ouvert du Pastef, il est aujourd’hui ministre-conseiller du président Bassirou Diomaye Faye. Comme pour tant d’autres militant-e-s du Pastef que je connais bien, jamais, il ne me frôlerait l’esprit que cet homme, intelligence et culture par excellence, soit un terroriste ou lié à une formation politique terroriste. Jamais !
Dre Aoua Bocar LYyTall est sociologue/analyste, membre de MESURe et de la Plateforme Aar suñu Eleksion.
*N.B. : je cite tel que j’ai écrit exactement dans le post c’est-à-dire avec beaucoup de majuscules pour mettre en exergue des mots et des propos importants.
par Oumou Wane
NI ETHNIE NI STATUT AU DESSUS DES LOIS
Manipuler le Fouta en faisant croire que les nouveaux dirigeants sont contre les pulaars, c’est insulter notre intelligence. L’appartenance ethnique de Farba Ngom est une pure excursion hors-sujet dans cette affaire
Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes toujours en démocratie. Alors pourquoi ce battage médiatique, dès lors qu’il s’agit, dans le cadre d'une enquête préliminaire, de permettre à un député d'être entendu par la Justice, comme n'importe quel autre citoyen d’ailleurs, afin de pouvoir répondre aux questions des enquêteurs et confirmer ainsi son innocence ou sa culpabilité ?
En effet, qu’y a-t-il de choquant à ce qu’un parlementaire, en l’occurrence le député Farba Ngom, soit amené à répondre à des suspicions devant la justice, tant que toutes les étapes de la procédure ont été respectées ?
Rappelons les simples faits. Le garde des Sceaux, maître Ousmane Diagne, saisi par le Parquet financier, a écrit à l’Assemblée nationale pour demander la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, dans le cadre d’une enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux dont la valeur est estimée provisoirement à plus de 125 milliards de Francs CFA. Suite à cette demande, c’est lors de la séance plénière de ce vendredi 24 janvier 2025, que l'immunité parlementaire du député et proche de l’ex-président Macky Sall, a été levée.
Pourquoi donc tout ce tintamarre ethnico-politico-médiatique puisque, quoi qu’il arrive Farba Ngom va pouvoir répondre devant la justice et on saura un jour peut-être s’il est coupable ou non des graves accusations portées contre lui ?
Je me permets ici, avec tout le respect que je dois à sa fonction, de dire à maître Aïssata Tall Sall, qu’il ne s’agit pas d’ethnie dans cette affaire. En affirmant que « Farba Ngom est prêt à affronter la vie et la mort », eu égard à son éducation dans le Fouta, où dit-elle, « nous n’avons pas peur, nous, de la mort », elle déplace le sujet sur le terrain de la discrimination, comme si notre ethnie à chacun, ne fait pas de nous des Sénégalais à part entière.
Comme beaucoup de mes compatriotes, je crois que j’ai peur de la mort ! De la sale mort injuste qui fauche beaucoup trop de citoyens sénégalais. Se faire écraser sur le macadam en conduisant sa moto Jakarta pour gagner sa vie, mourir sur une charrette sur le chemin du dispensaire en pleine brousse en donnant naissance, partir à la fleur de l’âge dans un règlement de compte ou une manifestation… Et je ne parle pas des maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires et le diabète qui déciment nos populations et contre lesquelles, nous n’avons pas d’immunité.
L’immunité protège les parlementaires de toute mesure coercitive les privant de leur liberté, sauf crime, délit flagrant ou condamnation définitive, ce qui n'empêche pas une mise en examen. L’immunité n’a donc pas une valeur absolue.
En revanche, elle sert à protéger le parlementaire si le fondement des poursuites est politique. Certains, qui étaient hier au pouvoir dénoncent une « chasse aux sorcières » ou « une commande politique » dans cette levée d’immunité, mais il pourrait s’agir tout autant de lutte contre la corruption et d’actions en faveur de la transparence et la bonne gouvernance.
Si je ne me trompe, ce signalement de la Centif date de 2023 donc bien avant l’arrivée du nouveau régime au pouvoir. Manipuler les populations du Fouta aujourd’hui en leur faisant croire que les nouveaux dirigeants du pays sont contre les pulaars, c’est vraiment insulter notre intelligence. Je connais peu de pulaars prêts à mourir aujourd’hui pour défendre la cause de Farba Ngom. Les dignes fils du Fouta, justement en vertu de leur naissance, de leur éducation et de leurs valeurs et éthique, n’auront jamais, dans leur immense majorité, à répondre devant la justice pour infirmer ou confirmer des accusations aussi graves, tels que des faits de blanchiment de capitaux, de détournements de fonds publics ou autres, qui tombent sous le coup de la loi.
L’appartenance ethnique de Farba Ngom est donc, dans cette affaire, une pure excursion hors-sujet, à dessein pour créer une affaire dans l’affaire jusqu’à ce que l’on n’y comprenne plus rien !
Nous voulons un nouvel élan pour demain ? Commençons par changer nos schémas de pensée.
Nul ne saurait se placer au-dessus des principes fondamentaux de la Justice.
Oumou Wane est présidente Citizen Media Group – africa7.
DESENCLAVEMENT DES ILES, L’APPEL DU MAIRE DE KAFOUNTINE
Le maire de la commune de Kafountine, David Diatta, demande le désenclavement des îles Karones pour libérer leur potentiel économique, culturel et environnemental méconnu.
Le maire de la commune de Kafountine, David Diatta, demande le désenclavement des îles Karones pour libérer leur potentiel économique, culturel et environnemental méconnu.
Le problème fondamental des îles Karones reste de toute évidence leur enclavement. C’est le cri du cœur de tous les insulaires. «C’est cet enclavement qui fait qu’aujourd’hui tout le potentiel économique, culturel et environnemental n’est pas vu», s’est désolé David Diatta. Pour surmonter cet obstacle, le maire de Kafountine, commune dont relève l’ensemble des îles Karones, appelle au désenclavement à la fois entre les îles elles-mêmes et entre les îles et la terre ferme. «Aujourd’hui, il faut vraiment le désenclavement physique, notamment l’accès, les voies. Déjà, entre Kassel et le reste des îles Karones, il y a un fleuve de moins d’un kilomètre. La solution, c’est de régler la route Kassel-Kouba, en passant par Hillol», a plaidé l’élu local.
L’autre problème réside dans la connectivité interne entre les îles. Là, David Diatta propose d’aménager les sites d’embarquement et de débarquement de ces îles pour mettre en place un système de transport fluvial avec des pirogues modernes sécurisées pour le transport des personnes et des biens. «Il est inadmissible aujourd’hui que sur une distance de 19 km, un insulaire fasse 48 heures pour trouver par exemple un extrait de naissance à Kafountine. Il est obligé de venir passer la nuit, régler son besoin et retourner le lendemain. Donc il perd au moins 48 heures sur une distance de 30 minutes si tout allait bien», regrette le maire.
A son avis, le désenclavement des îles va permettre de valoriser leur potentiel touristique sous-exploité.
En effet, Kafountine est la commune qui compte le plus d’îles au Sénégal. Cependant, ces sites paradisiaques sont malheureusement peu connus à cause de leur enclavement. L’on dénombre à ce jour 14 îles habitées, en plus de celles inhabitées mais qui servent de rizières aux Karoninqués.
Au-delà du désenclavement physique, le désenclavement numérique des îles est aussi un autre plaidoyer que pose le maire de Kafountine sur la table des autorités étatiques. Les infrastructures numériques constituent un autre enjeu à relever dans ces contrées où le réseau téléphonique et l’internet restent aléatoires. «Aujourd’hui, même le réseau téléphonique fait défaut et cela pose un problème sécuritaire. S’il y a une urgence, par exemple un malade qu’il faut évacuer d’urgence, pour contacter le district sanitaire ou le poste de santé de Kafountine, le problème du réseau téléphonique se pose», confie M. Diatta, qui appelle à rendre beaucoup plus visible les îles et valoriser leur potentiel économique, notamment touristique, agricole, environnemental, culturel, écologique. Le président de la jeunesse de Kouba, Toussaint Sambou, interpelle les autorités étatiques : «Notre village, Kouba, ainsi que les îles Karones sont de véritables paradis souvent oubliés. Il est crucial de plaider en faveur de leur désenclavement pour améliorer leur accessibilité et ainsi favoriser le développement économique, social, éducatif de notre communauté, et offrir un meilleur avenir à nos enfants.»
LES ILES KARONE, UN TRESOR CACHE
Situées en Basse-Casamance et enclavées - Les îles Karones sont réputées, entre autres, pour leur enclavement. L’île magnifique, propre et vivante de Kouba, perdue dans l’embouchure du fleuve Casamance, ne fait pas exception
Les insulaires de Kouba, dans les îles Karones, crient au désenclavement de leurs localités. La pirogue reste l’unique moyen pour accéder à ces contrées reculées de la Basse-Casamance pourtant dotées de beaucoup de potentiel sous-exploité. Aujourd’hui, la construction d’un pont est vivement souhaitée par les Karoninqués.
Les îles Karones sont réputées, entre autres, pour leur enclavement. L’île magnifique, propre et vivante de Kouba, perdue dans l’embouchure du fleuve Casamance, ne fait pas exception. Ce coin reculé du Sénégal en Basse-Casamance n’est accessible qu’avec une pirogue. Si l’on vient de Kafountine-commune dont dépend Kouba, il faut passer par le village de Kassel, prendre une pirogue, traverser une végétation verdoyante de mangrove à travers des bolongs débouchant sur le fleuve Casamance et atteindre l’île de Hillol. De là, les motos tricycles ou les motos Jakarta, seuls moyens de locomotion, vous conduiront à Kouba en traversant bien entendu le village de Hillol. La piste qui mène à Kouba, longue de plus de 10 km, est chaotique, étroite, sablonneuse par endroits ou boueuse, selon la saison. S’y ajoute le phénomène naturel des marées qui dictent leur loi. La malchance, c’est quand on arrive pendant la marée basse où l’eau de mer se retire des bolongs pour se jeter dans le fleuve. «Quand la marée est basse, les passagers sont obligés de descendre de la pirogue qui ne peut pas avancer jusqu’à l’embarcadère. Et donc on retrousse son pagne ou son pantalon et on marche dans l’eau jusqu’à la sortie ou jusqu’à atteindre la pirogue. On n’a pas d’autre choix pendant la marée basse», confient les habitués de ce trajet.
La pêche, le maraîchage, la récolte du vin et la fameuse activité de conduite de Jakarta ou de tricycle sont les principales activités qui s’offrent à la jeunesse de Kouba privée de perspectives plus joyeuses.
«Notre souci principal dans les îles, c’est l’enclavement. On a vraiment besoin que la localité soit désenclavée pour nous rapprocher de la terre continentale, mais également pour faciliter l’accessibilité. Vous avez vu les conditions dans lesquelles vous avez voyagé, l’accès est difficile alors qu’il y a beaucoup de potentiels dans nos terroirs. Il est vrai que nous sommes des insulaires, mais nous avons une superficie de 9 km2. Nous avons des ressources forestières, mais aussi halieutiques. Le problème d’enclavement fait qu’on ne peut pas exploiter convenablement toutes ces ressources», a développé Tous-saint Sambou, président de la jeunesse de Kouba et de l’association «Kouba Kambeng» qui réunit la population locale et de la diaspora. Les infrastructures sociales de base ne manquent pas à Kouba. Son école a été rénovée et l’île est dotée d’un poste de santé avec une maternité équipée. Case de santé à l’origine, le poste de santé qui polarise les populations de toutes les îles Karones est dépassé par la demande au fil du temps. «Les locaux sont devenus exigus. Nous voulons une extension pour que cela réponde aux normes d’un poste de santé», a plaidé M. Sambou. Aussi la maternité, «très bien équipée», n’a pas de sage-femme. «On peine à trouver une sage-femme. Il y a l’échographie ici, mais les femmes sont toujours référées à Kafountine ou ailleurs pour les consultations prénatales ou les accouchements», se désole Toussaint Sambou. L’autre manquement pour les insulaires, c’est de s’approvisionner en produits de grande consommation. «Nous avons une boutique villageoise.
Malheureusement, elle ne fonctionne pas. Nous demandons à ce que la boutique soit réactivée pour qu’elle puisse constituer un poumon économique et éviter aux gens les déplacements jusqu’à Kafoun-tine ou ailleurs pour s’approvisionner», sollicite le président de la jeunesse de Kouba.
Les insulaires réclament un pont
La mobilité au niveau de la traversée Hillol-Kassel ne pose pas problème. Deux passeurs se relaient quotidiennement. Leur descente dépend de la disponibilité des clients. Ils servent du petit matin jusqu’à 19 heures, et même au de-là en cas de commande ou d’urgence. «Même si une seule personne se présente, on peut l’amener, la disponibilité ne pose pas problème. Par contre, il y avait une digue au niveau du petit bolong, un peu avant d’atteindre le fleuve. Malheureuse-ment, elle s’est détériorée. On n’a pas pu la réfectionner. Du coup, quand la marée est basse, on est obligés de patauger, et ceux qui ont des motos calculent la marée. Ils ne peuvent traverser qu’en marée haute. Ce qui constitue une difficulté majeure», a témoigné Toussaint Sambou. Il poursuit : «A défaut de la digue, et nous l’avons toujours sollicitée d’ailleurs, nous réclamons la construction d’un pont. C’est ce qui peut désenclaver la zone véritablement. Même si ce n’est pas un pont où peuvent passer des véhicules, mais un pont comme dans les îles du Saloum, à Joal par exemple. Il y a des endroits beaucoup plus proches où on peut construire ce pont sans difficulté. L’espace de la mangrove-là, la traversée n’est pas profonde. Donc ils peuvent construire une route jusqu’à l’étendue du fleuve et puis construire un pont pour la traversée.» Celle-ci coûte 200 francs Cfa par personne. Le prix de la moto est de 1000 francs Cfa.
Besoin d’une unité de transformation de produits locaux
Les femmes du village ont bénéficié d’une formation en transformation des produits locaux. Cependant, elles sont confrontées à des problèmes de production et même d’unité de production. «Nous avons la formation, mais nous n’avons pas d’unité de transformation pour faire la pratique de ce qu’on nous a appris. Nous venons de commencer, mais nous manquons de matériels de transformation. Nous n’avons pas de gaz, pas de fourneaux. Nous sommes obligées d’emprunter le gaz et nous remboursons aux propriétaires, quel que soit le temps que nous l’avons utilisé», a expliqué Marceline Sambou. Le financement aussi fait défaut pour passer sérieusement à la pratique. «Nous sommes bloquées dans notre élan par le manque de matériels, d’unité et de financement», a insisté la présidente des femmes du village de Kouba. Avant de bénéficier de cette formation, les femmes œuvraient dans la culture maraîchère. Mais là aussi, les problèmes ne manquent pas. Le surplus de production qui devait être vendu pourrit le plus souvent à cause de l’enclavement de l’île. «Nous consommons une partie, mais nous perdons beaucoup de produits qui pourrissent. Nous ne pouvons pas consommer tout ce que nous produisons et nous n’avons pas encore de moyens pour acheminer les produits ailleurs pour les vendre. La zone est enclavée. Notre principal marché d’écoulement des produits, c’est à Kafountine, c’est là-bas qu’il y a un grand marché. Vous avez vous-même constaté l’état de la route. Et c’est encore pire pendant l’hivernage, tu ne sais même pas comment faire pour sortir d’ici. A partir des mois de juin, juillet et août, nous prenons juste le risque d’aller satisfaire nos besoins et revenir. La route est un problème majeur pour nous. Sinon, il y a tout ici. Notre problème, c’est le déplacement», persiste Mme Sambou.