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24 avril 2025
Sports
LE PRINTEMPS AFRICAIN AU QATAR
Une demi-finale, 8 victoires, la Selecao et les Bleus battus…Le Mondial Qatari qui a baissé ses rideaux hier, dimanche, a sans conteste été le plus abouti pour l’Afrique.
Le Mondial Qatari qui a baissé ses rideaux hier, dimanche, a sans conteste été le plus abouti pour l’Afrique. Pour la première fois, une équipe africaine a fait partie du top quatre mondial. Outre le Sénégal qui s’est hissé en 8e de finale, la belle éclaircie est venue de l’équipe du Maroc qui a réussi à briser le plafond de verre des quarts de finale et en échouant au pied du podium. Le parcours du Royaume chérifien, ajouté au record de 8 victoires glanées par les représentants de l’Afrique, est révélateur du nouveau cap franchi par le football africain. Comme il est aussi annonciateur d'une nouvelle ère à l’approche du Mondial à 48 où l’Afrique sera représentée par 10 équipes.
Depuis la première Coupe du monde en 1930, seulement trois équipes africaines ont réussi à atteindre le stade des quarts de finale : le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010. Au Qatar, l’Afrique a fait un bond significatif en se qualifiant pour le dernier carré. Même si le Maroc a fini par un échec au pied du podium, le parcours des Lions de l ‘Atlas à la Coupe du monde 2022 restera gravé dans les annales de l'histoire du football mondial. En éjectant l’Espagne en 8es de finale et le Portugal en quarts de finale, le Royaume chérifien a permis à l’Afrique de briser le plafond de verre en atteignant un niveau de compétition jamais atteint. Avec cette qualification historique pour les demi-finales, la plus belle page de l’histoire africaine a été écrite par la bande de Walid Regragui.
RECORD DE VICTOIRES POUR LES SELECTIONS AFRICAINES
En encaissant seulement un but en phase de groupes, le Maroc et la Tunisie ont égalé un record détenu par les équipes Marocaines et Camerounaises. Lors de Mexique 1986, les Lions de l'Atlas n'avaient encaissé qu'un but également en phase de groupes. Ce qui était le plus petit total jamais enregistré dans l'histoire de l'Afrique au Mondial. Idem pour le Cameroun en Espagne 1982. Il faut ajouter que depuis la première participation de l’Afrique à la Coupe du monde, seuls le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010 avaient échoué à franchir ce cap et accéder au top 8 du Mondial.
Cette performance marocaine constitue une éclaircie dans le long parcours des pays africains qui, on le sait, ont souvent été confinés dans les phases de poules avec au bout une élimination précoce. Au-delà de la performance du Maroc, les sélections africaines se sont offert un record de victoires lors du mondial qatari. Le succès des Lions indomptables du Cameroun face au Brésil (1-0) lors du dernier match de poule a également confirmé le bond des équipes africaines. Le Cameroun devient la première sélection africaine à battre la Seleção, quintuple vainqueur, lors d’un Mondial.
L’Afrique fait ainsi mieux qu’en 2002 et au Mondial 2010 avec quatre succès. Les équipes africaines établissent dans la même foulée leur record de victoires sur une phase finale. Dans les 8 victoires récoltées par l’Afrique en 2022, on note celle de la Tunisie devant la France (1-0), du Maroc devant la Belgique (2-0), l’Espagne (Tirs au but) et le Portugal (1-0), celle du Cameroun face au Brésil (1- 0), celle du Ghana devant la Corée du Sud (3-2), et le Sénégal, deuxième représentant du continent dans la phase des huitièmes a été sorti en huitième de finale par l'Angleterre devant, après avoir battu le Qatar ( 3- 1) et l’Equateur (2-1). Ce progrès d’ensemble a réellement propulsé le continent africain par rapport au Mondial de Japon et Corée du Sud de 2002, durant lequel le Sénégal avait réellement fait bouger les lignes en accrochant 2 victoires et une place de quart de finaliste. Huit ans plus tard, c’est le Ghana, auteur d’un parcours identique (2 victoires et une élimination en quart de finale face à l’Uruguay).
L’AFRIQUE FRANCHIT UN CAP
Avec les résultats enregistrés à Qatar 2022, le football africain a amorcé un virage et a connu une évolution positive. Ce qui démontre que l’Afrique avance et démontre qu'elle était en mesure de rivaliser et se mettre au niveau des grandes nations du football. Surtout si l’on sait que les joueurs africains dans la plupart des cas continuent, aujourd’hui, à faire les beaux jours des grands clubs européens en côtoyant les plus grands joueurs actuels. De plus en plus de joueurs africains, très compétitifs, jouent dans les meilleurs clubs du monde et sont même candidats au Ballon d’Or. « On pense que c'est une tendance qui va se confirmer En 2018, on avait entendu tous les griefs parce qu'il n'y avait pas d'équipe africaine en huitièmes de finale, là il y en a deux et il aurait pu y en avoir plus. Tout le monde jusqu'au dernier moment a joué pour se qualifier. Il y a une vraie évolution.(…).Les équipes africaines ont selon moi développé une vraie identité africaine. Je reste convaincu et persuadé que d'ici peu de temps, les équipes africaines auront un rôle vraiment important à jouer sur la scène mondiale», analysait l'entraîneur-adjoint du Sénégal Régis Bogaert dans le site de la FIFA.
L’Afrique qui ne compte que 5 contre les 13 places de l’Europe, les 9 de l’Amérique et le 5 de l’Asie, sera désormais représentée par neuf pays qualifiés d'office voire un dixième qui sortira d’un futur barrage intercontinental. Une opportunité pour le continent africain d'emmener ses meilleures équipes et sans doute de maximiser ses chances d’entrer dans le palmarès de la Coupe du monde que d’aucuns annoncent dans un avenir proche. Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, le parcours des Lions de l'Atlas est de bon augure en vue des prochaines échéances. Pourvu que le football africain tire les enseignements de cette Coupe du monde pour passer à un cap supérieur !
CAP SUR L’AMERIQUE AVEC UNE INNOVATION DE TAILLE
Après une édition resserrée dans le temps et l’espace au Qatar, la FIFA opte pour le plan large en 2026. Ce sera un Mondial à l’échelle du continent nord-américain, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, avec pour la première fois 48 équipes.
Après une édition resserrée dans le temps et l’espace au Qatar, la FIFA opte pour le plan large en 2026. Ce sera un Mondial à l’échelle du continent nord-américain, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, avec pour la première fois 48 équipes. Cerise sur le gâteau, il s’agira d’un format élargi qui permettra notamment à l’Afrique de compter sur pratiquement le double de représentants.
Après une première édition à 13 nations en 1930, puis 16 jusqu’en 1978, ensuite 24 jusqu’en 1994, cette nouvelle inflation concrétise la première grande réforme du président de la Fifa Gianni Infantino, adoptée en 2017 peu après son avènement. Au risque de poser des problèmes inédits en termes de format et de logistique, avec potentiellement un total de plus de 100 matches à programmer, au lieu des 64 rencontres habituelles depuis 1998.
Le tournoi dont le projet est aussi nommé « United 2026 », sera organisé conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique en juin - juillet 2026. Ainsi, la compétition, 23ème du genre, va réunir 48 pays au lieu de 32, avec les places accordées à l’Afrique qui passent de cinq (5) à neuf (9).
MULTIPLE PHOTOS
LA DERNIÈRE DANSE
Mbappé a dansé sur la piste des légendes. Messi a dansé sur la piste de l’émir. Et la dernière a été payante. Messi est peut être mauvais danseur pour un Argentin, mais ses derniers pas sur la scène suprême du Mondial valent le détour.
Mbappé a dansé sur la piste des légendes. Messi a dansé sur la piste de l’émir. Et la dernière a été payante.
Messi est peut être mauvais danseur pour un Argentin, mais ses derniers pas sur la scène suprême du Mondial valent le détour. Sans artifice, sans exubérance, mais de la mesure, de la classe et des pas enchaînés au bon tempo. Du Messi.
Auréolé d’un cape noir par l’émir qatari, il se dandine tenant dans ses mains le trophée qui l’a si longtemps fui et a même fait des caprices ce 18 décembre 2022 avant d’accepter son étreinte. Auparavant, elle a longtemps hésité aux clins d’œil ravageur d’un jeune séducteur à la fleur de l’âge, et qui a tout du gendre idéal, Kylian Mbappé.
Records, étoiles, folie
Le magnifique écrin de Lusail s’était paré d’ors et rempli d’humains pour accueillir ce duel des deux prétendants qui se sont longtemps côtoyés en club, à Paris, avant de se jauger à distance, entre les différents stades de Doha qu’ils ont illuminé pendant un mois. 5 buts et 3 passes décisives pour Messi. 5 buts et 2 passes pour Mbappé, au coup d’envoi d’une finale historique et unique. Alors que le monde attendait une configuration d’une rencontre fermée avec une Argentine repliée sur elle, c’est plutôt l’Albiceleste qui attaque dès la composition d’équipe avec la titularisation de Di Maria. L’ex parisien a fait vivre la misère aux occupants de son couloir, causé un penalty transformé par Messi et marqué le deuxième but avant de sortir en croyant que l’affaire était certainement pliée.
C’était sans compter avec la rage de Mbappé qui, au retour des vestiaires, a claqué un doublé pour remettre les pendules à l’heure de Paris et une dernière banderille pour répondre à nouveau à Messi en prolongation.
Par ce triplé, Mbappé a dansé sur la piste des légendes ultimes. D’abord répondant coup pour coup à Messi avant de le surclasser sur le match et sur le tableau du meilleur buteur du tournoi. Ensuite, ce fut au tour du roi Pelé de voir son record de buts (12) en Coupe du monde égalé. Puis Ronaldo, le Brésilien, se voyait rejoindre au sommet du meilleur buteur sur une édition (8 buts). Et enfin Zidane, dont le record du nombre de buts en finales de Mondial (3 buts) était rangé aux oubliettes. Mbappé a dansé avec les stars et n’était pas loin de se balader sur la dépouille de Messi, dont c’était la dernière représentation en Albiceleste.
Sur la séance des tirs-au-but, Messi et Mbappé ont encore réussi leurs essais avec sérénité, puis leurs lieutenants se sont chargés du reste. Ceux de Messi ont mieux dansé en synchro pour offrir à leur messie une sortie à sa hauteur. Immense.
CAN 2025, LE SENEGAL DEMENT
Le Sénégal n’est pas candidat à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 retirée à la Guinée, a annoncé, lundi, la Fédération sénégalaise de football (FSF).
Dakar, 19 déc (APS) - Le Sénégal n’est pas candidat à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 retirée à la Guinée, a annoncé, lundi, la Fédération sénégalaise de football (FSF).
En septembre dernier, la Confédération africaine de football (CAF) a retiré l’organisation de la CAN à la Guinée en raison du ‘’manque d'infrastructures et d’équipements adaptés'' pour abriter cette compétition continentale.
Plusieurs médias étrangers ont publié, vendredi dernier, une liste de pays candidats à l’organisation de la compétition dans laquelle figure le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Zambie, le Maroc et une candidature conjointe du Nigeria et du Bénin.
La FSF a sorti un communiqué pour démentir cette information.
Elle précise que ‘’les autorités sportives du Sénégal se focalisent pour le moment sur la construction et la réhabilitation d’infrastructures sportives à travers le pays afin de pouvoir accueillir dans un futur proche une grande compétition continentale.’’
Le 7 décembre dernier, le ministre des Sports Yankhoba Diatara avait annoncé que le Sénégal est candidat à l’organisation de la CAN 2027 et non à celle de 2025.
La CAF annoncera, le 10 février prochain, le nom du pays hôte de la CAN 2025.
À ROSARIA, LA FIERTÉ D'ÊTRE LA TERRE DE DES MESSI ET DI MARIA, CHAMPIONS ET BUTEURS
Nulle part sans doute plus qu'à Rosario, pépinière historique de cracks du football argentin, la joie du 3e titre n'a été chantée, pleurée, fêtée dimanche, avec l'extase en plus d'avoir deux de ses fils, Messi et Di Maria, à la fois champions et buteurs
"C'est fou, il n'y a pas de mots pour l'expliquer. Messi est de Rosario, Di Maria est de Rosario, ils ont marqué les buts aujourd'hui et ils nous ont donné la Coupe ! Vivre ici, ça n'a pas de prix", lançait Emiliano Gamara, employé de restauration de 31 ans, revenu spécialement d'Irlande, où il travaille, pour regarder le match en famille.
Comme beaucoup d'autres villes d'Argentine, Rosario, à 300 km de Buenos Aires, 3e ville du pays avec 1 million d'habitants, a été tout au long de dimanche un flux de maillot ciel et blanc vers les divers écrans géants ou, dans ce cas, un bar.
Mais ici, c'est spécial. Si l'Argentine considère dans le monde qu'elle un relation spéciale avec le football, Rosario considère en Argentine qu'elle une relation encore plus spéciale avec ce sport.
C'est qu'entre Kily Gonzalez, Javier Mascherano, Gabriel Batistuta, Giovani Lo Celso, les "Rosarinos" et "Santafesinos" sont légion au panthéon de l'Albiceleste, qu'ils soient nés ou aient éclos dans ce grand port sur les rives du Parana ou dans sa province, Santa Fe.
- Quand les rivaux éternels s'enlacent -
Idem pour les entraîneurs emblématiques : Cesar Luis Menotti, coach du sacre 1978, Marcelo Bielsa, Mauricio Pochettino... Et Lionel Scaloni lui-même, entraîneur désormais champion du monde originaire de Pujato, un village à 35 km de Rosario.
"Cette équipe le mérite ! C'est fou, surtout pour Messi, qui n'a jamais baissé les bras et fait tant d'efforts. C'est un grand", déclarait à l'AFP Martin Reina, 23 ans, s'effondrant en larmes dans le bar traditionnel El Cairo.
Messi, qui du haut d'une fresque géante (70 m) dévoilée fin 2021 sur un pan de gratte-ciel semblait veiller sur les dizaines de milliers de "Rosarinos" réunis pour festoyer autour du Monument au drapeau, l'équivalent de l'Obélisque de Buenos Aires.
Messi est parti enfant de Rosario, -un premier contrat à 13 ans à Barcelone- après être passé par les équipes de jeunes de Newell's Old Boys, l'un des deux grands clubs historiques de la ville, depuis l'âge de 7 ans.
Angel Di Maria, lui, est issu du grand rival de Newell's, Rosario Central, où il a débuté à 17 ans en 1re division. Avant, "Fideo" ("Spaghetti", surnom affectueux lié à sa longue et mince silhouette) avait fait ses débuts sur le terrain pelé du Club Atletico El Torito, au nord de la ville.
L'amour de l'Albiceleste, en plus de la liesse du sacre mondial, a offert à Rosario l'émouvant spectacle de voir les supporters de deux clubs rivaux, au relations souvent violentes par le passé, s'unir dans une même marée ciel et blanc.
Fan acharné de Rosario Central, Ariel Chinazzo, 19 ans, avoue avoir pleuré lorsqu'il a appris que le milieu Giovani Lo Celso, un ancien de "Central" et parfait associé de Messi sur le terrain, ne jouerait pas le Mondial, insuffisamment remis de blessure.
"Mais je l'aime, Messi. Peu importe qu'il soit de Newell's, nous sommes tous Argentins !", lançait-il dans l’euphorie de la victoire.
"Cette sélection unit tout le monde. On voit des supporters de Central et Newell s'étreindre et chanter. C'est la plus belle chose qui soit. Tout le monde chante et pousse ensemble derrière la sélection", s'émerveillait Nahuel Cantero, un comédien de 21 ans.
"Ce mois de décembre, la +Séleccion+ nous a donné sept jours --autant que les matches disputés au Mondial-- pour célébrer, être tous unis sans distinction", dit-il.
Car rassembler les "Lépreux" de Newell's et les "Voyous" de Rosario, comme ils se surnomment élégamment, est un autre des aboutissements de ce sacre mondial.
DIBU MARTINEZ, L'AUTRE HÉROS DE L'ARGENTINE
Dans un match échevelé mais achevé au bout de la nuit (3-3 a.p.), le gardien de l'Albiceleste a offert le sacre à son équipe avec une parade cruciale aux tirs au but, synonyme de troisième étoile de l'Argentine
L'autre héros de la finale, c'est Emiliano Martinez ! Dans un match échevelé mais achevé au bout de la nuit (3-3 a.p.), le gardien de l'Albiceleste a offert le sacre à son équipe avec une parade cruciale aux tirs au but, synonyme de troisième étoile de l'Argentine.
Lors de l'ultime tentative victorieuse (4-2 t.a.b.), celle de son défenseur Gonzalo Montiel, le portier d'Aston Villa s'est effondré sur la pelouse, bras en croix, restant de longues secondes sans paraître comprendre, avant d'être enlacé par Paulo Dybala.
Difficile de dire qu'un portier a fait un excellent match lorsqu'il a encaissé trois buts. Mais il était écrit que cette rencontre allait s'achever aux tirs au but et que "Dibu" Martinez (30 ans) en serait la principale tête d'affiche.
Sur les trois buts qu'il encaisse, le gardien ne peut pas faire grand chose: il y a deux penalties parfaitement tirés par Kylian Mbappé (80e et 118e) et une frappe puissante de l'attaquant français (81e).
Mais ensuite, "Dibu" était sur son terrain: celui du mental.
"Je suis froid dans ma tête et je ne me concentre que sur le fait d'arrêter le ballon adverse", avait-il prévenu samedi en conférence de presse.
- Trajectoire heurtée -
Il s'est détendu sur sa droite sur la tentative de Kingsley Coman, puis il a regardé passer avec soulagement la frappe d'Aurélien Tchouaméni au ras de son poteau droit.
Et on l'a vu, son drapeau argentin teint dans les cheveux, dansant avec rage et délectation, en dodelinant des épaules, avant de célébrer avec Léandro Paredes qui venait de réussir sa tentative.
A quoi pensait Emiliano "Dibu" Martinez lorsque cette finale haletante s'est achevée par cette séance de tirs au but, l'un de ses exercices favoris ?
A la trajectoire heurtée d'un gamin d'origine modeste contraint de quitter sa famille très tôt ? Aux nombreux sacrifices qu'il a dû consentir avant d'atteindre le Graal d'un titre mondial au Qatar ?
"C'est difficile de ne pas penser aux difficultés que j'ai vécues avant d'arriver jusque-là", disait-il samedi. "Je suis un battant, et je me suis battu toute ma vie."
- "Une bête, un phénomène", selon Messi -
A 12 ans, il quitte sa famille pour tenter sa chance à Independiente. À 18 ans, en 2010, il traverse l'Atlantique pour signer à Arsenal... mais met près d'une décennie à faire son trou outre-Manche. Il multiplie les prêts dans des clubs de seconde zone, toujours en Angleterre, hormis un détour d'un an (2017-2018) à Getafe, et ne deviendra gardien N.1 qu'à 28 ans, en fin de saison 2019-2020 à Arsenal, avant son transfert à Aston Villa.
En sélection, même chose: appelé pour compléter le banc en 2011 pour deux matches amicaux, Martinez n'est plus convoqué pendant huit ans... Et ce n'est qu'en juin 2021 qu'il dispute ses premières minutes dans les cages de l'Albiceleste, lors des qualifications pour la Coupe du monde.
Son statut de gardien N°1, il l'a confirmé plus tard, lors du sacre en Copa America, en 2021. Une image a notamment fait le tour du monde: en demi-finale contre la Colombie, l'Argentine est poussée aux tirs au but (1-1). Martinez multiplie alors les provocations pour déstabiliser les tireurs et conclut la séance avec deux arrêts pour hisser l'Argentine en finale.
"Dibu" finira Gant d'or du tournoi et, vu son état second, gagnera une réputation de spécialiste des tirs au but. "La première chose que j'ai faite après ça, c'est d'appeler ma psychologue pour me calmer", avait-il raconté quelques mois plus tard.
Dans ce Mondial-2022, rompu à l'exercice, il avait déjà stoppé les deux premiers tirs au but des Pays-Bas en quarts. "Je lui ai dit que c'était une bête, que c'était un phénomène", avait alors glissé son capitaine Lionel Messi.
Un phénomène, et un champion du monde.
MESSI, UN GÉNIE DU FOOTBALL AU PANTHÉON
Génie virevoltant à la personnalité discrète, faisant de l'exploit une routine, l'Argentin a rejoint dimanche l'Olympe du football en remportant enfin la Coupe du monde, ce qui lui vaut de prétendre au statut de plus grand footballeur de l'histoire
Divin Messi! Génie virevoltant à la personnalité discrète, faisant de l'exploit une routine, l'Argentin a rejoint dimanche l'Olympe du football en remportant enfin la Coupe du monde, ce qui lui vaut de prétendre au statut de plus grand footballeur de l'histoire.
Au terme d'une finale à rallonge contre la France (3-3, 4 tirs au but à 2), l'ombre du petit attaquant s'est encore allongée. Voilà Lionel Messi (35 ans) parmi les légendes du football, ces champions du monde enviés et adulés, ce que des héros comme Johan Cruyff, Michel Platini ou Ferenc Puskas n'ont jamais réussi à être.
Avec ce 41e trophée de sa longue et fructueuse carrière, le plus prestigieux, Messi se pose tout en haut de la pyramide des monstres du ballon rond, à hauteur de son compatriote Diego Maradona, sacré en 1986.
Et s'il y a match avec le "Roi" Pelé, seul joueur triple champion du monde, mais qui n'a jamais joué dans un club européen, le palmarès majestueux de l'Argentin risque d'être difficilement égalé...
Même Cristiano Ronaldo, quintuple Ballon d'Or, se retrouve distancé: à 37 ans, le Portugais ne sera probablement jamais champion du monde et s'est incliné devant son éternel rival, "un joueur incroyable, magique, top", avait-il résumé en novembre.
En Argentine, le sacre de l'Albiceleste a déclenché des scènes d'extase. Jusqu'à dimanche, les supporters jugeaient Messi immense mais il n'y avait qu'un seul "Dios", Diego Maradona, le "Pibe de Oro". La troisième étoile va tout changer.
"Maintenant, je sais quel joueur occupera ma place dans le football, et son nom est Lionel Messi", avait prophétisé Maradona en 2010.
- Désillusions oubliées -
D'ailleurs, Messi a beaucoup plus gagné que Maradona et Pelé. Sept Ballons d'Or, quatre Ligues des champions, une avalanche de championnats et de coupes avec Barcelone puis avec le Paris SG, une Copa America en 2021 et donc ce Mondial.
Il est le capitaine de la sélection argentine, son meilleur buteur (98 buts), celui qui en a le plus porté le maillot (172 sélections).
Oubliées, les désillusions de 2014 (défaite en finale) ou 2018 (échec contre la France en huitièmes). Effacée, sa brève retraite internationale en 2016, après une troisième défaite en finale de la Copa América.
Désormais polythéiste, l'Argentine vénérera à jamais le gamin de Rosario, entré au firmament avec la troisième étoile de l'Albiceleste, 36 ans après l'épopée maradonienne de 1986.
Messi est né un an après, en 1987, à Rosario, dans le nord du pays. Quand la planète a découvert ce gamin aux cheveux longs, elle s'est émue du destin du petit gaucher qui, selon l'histoire consacrée, a quitté l'Argentine à 13 ans pour trouver à Barcelone un club qui finance son traitement médical pour régler ses problèmes de croissance.
Lancé en équipe première du Barça en 2004, l'attaquant a quitté le club en 2021, devenu le joueur le plus titré du club en cumulant les records: meilleur buteur de l'histoire du Barça, meilleur buteur de l'histoire de la Liga espagnole, recordman du nombre de buts sur une année civile (91 en 2012)...
- "Il est trop fort" -
Joueur d'exception, Messi a développé des qualités innées qui font la différence: vitesse, vision, dribbles dévastateurs et finition chirurgicale.
"Aucun système défensif ne l'arrête, aucun entraîneur. Il est trop fort", a résumé un jour Pep Guardiola, son ex-mentor au Barça.
Au Qatar, Messi a ajouté une arme à sa panoplie: une touche d'agressivité dans l'attitude, qui plaît tant en Argentine.
On l'a vu afficher un visage méconnu de chambreur, vindicatif et colérique après la victoire de l'Albiceleste en quarts face aux Pays-Bas, avec son désormais fameux "Qué miras, bobo ? (Qu'est-ce que tu regardes, abruti ?, NDLR)", adressé au Néerlandais Wout Weghorst, auteur d'un doublé, lors de son interview en direct.
Malgré tout, Messi n'aura jamais l'aura quasi mystique qui entoure Maradona. Mais il ne la recherche pas.
Les prises de paroles de l'attaquant du PSG restent rares et sans relief. Ses nombreux tatouages sont la seule excentricité de ce père de famille à la vie rangée.
Goût du jeu, timidité touchante et sourire enfantin ont d'ailleurs valu à l'Argentin des opinions très positives, à l'opposé du "bling-bling" de Cristiano Ronaldo, une image seulement ternie par une condamnation pour fraude fiscale en 2017.
Malgré tout, Messi a su conserver un statut de gendre idéal, en couple avec Antonella, une amie d'enfance, et papa de Thiago, Mateo et Ciro.
L'aîné des trois bambins mesure d'ailleurs la stature de son père, comme l'a raconté un jour Messi, tout sourire: "Chaque fois que je pars de la maison, (Thiago) se fâche et me demande: +Papa, tu pars encore faire des buts?+".
SYMPHONIE INACHEVÉE ET RÊVE ENVOLÉ POUR MBAPPÉ
Le prodige de Bondy a réveillé et tenu à bout de bras une équipe de France longtemps asphyxiée par l'Albiceleste et ses supporters, mais il n'a pu que s'incliner à l'issue d'une séance de tirs au but où il n'a pas flanché
Les rêves de Kylian Mbappé en Coupe du monde, son "obsession", la compétition de ses "rêves", se sont évanouis dans la nuit de Doha malgré le triplé éblouissant du génie français en finale (3-3, 4-2 tab), une symphonie inachevée face à l'Argentine du "roi" Lionel Messi.
Le prodige de Bondy a réveillé et tenu à bout de bras une équipe de France longtemps asphyxiée par l'Albiceleste et ses supporters, mais il n'a pu que s'incliner à l'issue d'une séance de tirs au but où il n'a pas flanché.
La tristesse du N.10 tricolore n'a d'égale que son talent hors norme, son sang froid de vieux briscard, malgré la jeunesse de ses 23 ans. Il a encore repoussé toutes les limites et ébloui le monde, même si le revers collectif le relègue dans l'ombre de l'histoire, pour une fois.
"Vous êtes pas contents ? Triplé !" La formule impertinente de l'attaquant supersonique, dans un reportage sur Canal+ en 2018, a résonné très fort dans les oreilles de l'Albiceleste, sonnée par ses fulgurances. Mais le soliste s'est heurté à Messi, et ses furieux "hinchas" survoltés en tribunes, et c'est lui qui repart abasourdi.
- Deux buts en 97 secondes -
Au ralenti pendant 80 minutes, le Français est sorti de sa boîte comme un beau diable pour redonner vie aux Français avec un triplé qui assoit sa jeune légende, sans pourtant autant lui offrir ce qu'il était venu chercher à Doha: une deuxième étoile mondiale, deux jours avant son 24e anniversaire.
Les Bleus étaient menés de deux buts à la pause, mais il a réduit le score avec un premier penalty (2-1, 80e) obtenu par l'épatant remplaçant Randal Kolo Muani, venu comme lui de Bondy.
Il a remonté le ballon rageusement jusqu'au rond central avant de l'expédier de nouveau, 97 secondes plus tard selon le statisticien Opta, dans les filets de l'impuissant Emiliano Martinez (2-2, 81e) après un service de son ami Marcus Thuram, autre entrant.
Comme un grand, Mbappé a ensuite obtenu un nouveau penalty sur un tir contré de la main par Gonzalo Montiel. Il l'a transformé à la 118e minute, offrant une séance de tirs au but assez inespérée aux Français.
En patron, il s'est avancé en premier et a marqué, comme pour effacer son échec en huitièmes de finale de l'Euro en 2021 contre la Suisse, un boulet qu'il a longtemps traîné.
S'il a été brillant, les projecteurs se sont finalement braqués sur Lionel Messi, son collègue au PSG et concurrent pour le Ballon d'Or, trophée qu'il n'a jamais autant convoité mais qui pourrait, encore une fois, lui échapper au profit de la "Pulga".
La révélation du Mondial-2018 pensait pouvoir rééditer l'exploit de son illustre prédécesseur brésilien Pelé, sacré en 1958 puis en 1962, deux trophées d'affilée qui ont écrit sa légende, même s'il a terminé son deuxième tournoi blessé.
- "Etre le premier partout" -
Il referme finalement sa seconde Coupe du monde avec un sentiment de frustration et de gâchis. Ses huit buts en sept matches, ses accélérations dévastatrices et son insatiable appétit n'auront pas suffi aux Bleus.
Le sélectionneur polonais Czeslaw Michniewicz, battu par un doublé de Mbappé en huitièmes (3-1), avait prédit qu'il prendrait "la relève" des monstres sacrés du football mondial comme Cristiano Ronaldo, Robert Lewandowski et Messi. Il faudra patienter encore un peu, ce qui n'est pas la qualité première de l'attaquant du Paris Saint-Germain.
"J'ai toujours voulu être le premier partout, en équipe de France comme en club", reconnaissait le N.10 tricolore en mars, à quelques mois de la Coupe du monde.
Les temps de passage du crack rappellent toutefois ceux de Pelé. Depuis l'Amérique du Sud, "O Rei" se retrouve en Kylian et lui adresse régulièrement des louanges. Mais "le Roi restera toujours le Roi", répond Mbappé, humble face à la légende et ses douze buts en Coupe du monde.
Le Français en compte désormais autant, une maigre consolation.
MESSI AU FIRMAMENT
Une finale de légende pour un joueur de légende: l'Argentine de Lionel Messi a remporté dimanche la Coupe du monde de football en battant aux tirs au but la France (3-3), au terme de ce qui restera peut-être la plus grande finale de tous les temps
Une finale de légende pour un joueur de légende: l'Argentine de Lionel Messi a remporté dimanche la Coupe du monde de football en battant aux tirs au but la France (3-3), au terme de ce qui restera peut-être la plus grande finale de tous les temps.
Mais à quoi cela tient-il? Car Messi, l'un des meilleurs joueurs de tous les temps, si ce n'est le meilleur, a pu croire que la malédiction qui le poursuit dans le Mondial, allait connaître un nouvel épisode.
Alors que les Argentins menaient 2 à 0 grâce à son pénalty et un but de son lieutenant préféré Angel Di Maria (23e, 36e), et dominaient les champions sortants de la tête et des épaules, l'autre star sur la pelouse, Kylian Mbappé a ramené son équipe à hauteur en quelques secondes (80e, 81e). Puis Messi a vu le Français réussir son deuxième pénalty de la soirée (118e) alors que l'Argentin venait de redonner l'avantage aux siens et haranguait son public (109e).
Mais après quatre échecs, cette fois, c'était le soir de celui qui ravit les amoureux du ballon rond depuis si longtemps. Obtenu aux tirs au but face à une équipe qui refusait de perdre mais a vu Kingsley Coman et Aurélien Tchouaméni rater leurs tentatives à cette terrible épreuve.
Cette troisième étoile pour l'Albiceleste, après celles des équipes menées par Daniel Passarella (1978) puis par Diego Maradona (1986) portera la marque de Messi, favori pour être désigné meilleur joueur du tournoi, pour le plus grand bonheur de ses millions de supporteurs dans le monde entier. A moins que Mbappé, auteur d'un triplé en finale, une première depuis Geoff Hust (1966), n'obtienne ce lot de piètre consolation.
Sainte Trinité
Avant ce sacre, l'enfant de Rosario, 35 ans, avait tout gagné en clubs, avec le FC Barcelone surtout. Mais avec sa sélection, il se contentait d'une Copa America (2021). Remporté à sa cinquième tentative, ce titre mondial le fait rejoindre dans la légende Maradona, "el pibe de Oro", couronné en 1986. Il égale aussi Pelé, avec douze buts en cinq éditions de la compétition reine du football. Un trio qui ressemble fort à une Sainte Trinité pour les amoureux du ballon rond.
Messi a fait quelque chose que n'ont réussi aucun de ses deux aînés, ni personne d'autre: il a marqué en poules puis dans chacun des quatre matches à élimination directe... Dont deux fois en finale...
Pour la France, qui était tenante du titre, cette dernière marche était donc celle de trop.
Résilients, les Bleus avaient jusqu'alors surmonté de nombreux vents contraires: des forfaits en cascades de cadres, Paul Pogba, N'Golo Kanté, Presnel Kimpembe, Karim Benzema, puis un virus qui a touché l'effectif la semaine de la demi-finale et de la finale. Admirables combattants, ils ont encore cru tordre le bras au mauvais sort dimanche.
Mais la France ne deviendra pas la troisième nation à conserver le plus grand des trophées du football, comme l'avaient fait l'Italie (1934 et 1938) puis le Brésil du "roi" Pelé (1958 et 1962). Celui-ci reste aussi le seul à avoir emporté deux titres avant de fêter ses 24 ans, ce que ne réussira donc pas Kylian Mbappé.
- Polémiques -
Conclue sous les yeux d'Elon Musk, cette Coupe du monde fut un tournoi à nul autre pareil, un Mondial de la démesure, nécessitant entre 200 et 300 milliards d'euros d'investissements selon les estimations. Sept des huit stades ont été bâtis pour l'occasion, le dernier entièrement rénové.
C'est aussi le premier Mondial organisé dans un endroit aussi petit, grand comme la région parisienne, avec tous les stades dans un périmètre de 70 kilomètres.
Il est venu interrompre les saisons de football professionnel, tenu aux confins de l'automne et de l'hiver pour éviter les températures estivales insupportables de ce petit émirat gazier.
Les organisateurs ont été en butte à de nombreuses polémiques.
Il y eut d'abord les accusations de corruption pour obtenir en 2010 l'organisation de la compétition aux dépens des Etats-Unis, à la surprise générale. Des enquêtes judiciaires sont en cours dans plusieurs pays.
Le Qatar a également été critiqué sur la question des droits humains, notamment le traitement réservé aux travailleurs migrants d'Asie du Sud et d'Afrique employés dans les chantiers, la sécurité et les services.
Le Qatar dément que des milliers aient trouvé la mort sur les chantiers du Mondial, avançant le chiffre d'un total de 414 décès dans des accidents du travail (principalement hors Mondial) entre 2014 et 2020.
Dans un entretien à l'AFP, le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT) Gilbert F. Houngbo a expliqué que le bilan exact ne serait jamais connu: "Je pense que le public a besoin de savoir la vérité et, parfois, cette vérité est de dire que, sincèrement, il n'y a pas d'information crédible."
- Gigantisme -
Il a toutefois regretté un "deux poids, deux mesures" dans les critiques, assuré que "le Qatar (avait) mieux fait dans ce domaine que d'autres pays" et loué un "travail très positif" pour améliorer les droits sociaux à la faveur du tournoi.
Autre sujet de polémique en Occident, les droits LGBT+ dans un pays très conservateur où homosexualité et relations sexuelles hors mariage sont illégales.
Les atteintes à l'environnement consubstantielles à un tel tournoi, avec notamment l'empreinte carbone des infrastructures nécessaires, ont également été pointées du doigt.
En termes de gigantisme, le prochain Mondial s'annonce encore plus démesuré, avec trois pays organisateurs, États-Unis, Mexique et Canada, seize villes distantes de milliers de kilomètres, quatre fuseaux horaires...
Et 48 équipes y participeront, contre 32 aujourd'hui, soit potentiellement plus de cent matchs (contre 64 actuellement).
ARGENTINE-FRANCE, FINALE POUR UNE TROISIÈME ÉTOILE
Deux fois sacrées, l'Argentine et la France briguent dimanche une troisième étoile planétaire en finale du Mondial-2022, un sommet entre l'astre Lionel Messi et la comète Kylian Mbappé pour refermer en apothéose un tournoi atypique et décrié au Qatar
AFP |
Antoine Maignan et Jérémy Talbot |
Publication 18/12/2022
Dans la galaxie du football, c'est un moment d'histoire. Comme un passage de relais, l'Argentin aux sept Ballons d'Or veut remporter à 35 ans le seul trophée qui lui manque, quand le prodige français vise un second sacre d'affilée avant ses 24 ans, comme le Brésilien Pelé en 1962.
Avant ce choc en hautes sphères, la journée de samedi a permis à la Croatie de Luka Modric de décrocher la 3e place (2-1), mettant fin à l'épopée du Maroc. "On est heureux au final, on est dans les quatre meilleures équipes du monde", a cependant commenté Walid Regragui, sélectionneur de la première équipe africaine à avoir atteint le dernier carré d'un Mondial.
A Doha, avant même cette "petite finale", les regards étaient déjà tournés vers l'affrontement de dimanche entre l'Argentine et la France.
Euphorique, l'Albiceleste voit affluer des milliers de fans dans l'émirat, dont beaucoup cherchent encore un billet, entre inquiétude et colère. La France, elle, s'inquiète pour ses champions du monde, rattrapés par un mystérieux virus qui a mis sur le flanc, tour à tour, cinq titulaires potentiels.
Tous les Bleus ont cependant participé au début de l'entraînement de veille de match, samedi. Mais dans quel état ? Kingsley Coman, Ibrahima Konaté et Raphaël Varane étaient encore souffrants et ménagés vendredi...
"On prend un maximum de précautions", a affirmé Didier Deschamps, sans en dire beaucoup plus sur cette maladie, que l'encadrement se refuse à nommer.
- "Cocktail parfait" -
Dans la douceur du mois de décembre au Qatar, la fièvre va se propager dimanche dans les travées du stade Lusail. L'enceinte flambant neuve de près de 90.000 places symbolise la démesure de l'émirat gazier, premier pays hôte moyen-oriental du Mondial, visé par de nombreuses polémiques extra-sportives.
"Ces moments resteront dans l'histoire et dans nos têtes", assure Lionel Scaloni. Pour le plus jeune sélectionneur du Mondial, 44 ans, "l'important, c'est le chemin que nous avons parcouru, le plaisir que nous avons pris".
Le vainqueur français de 1998, Youri Djorkaeff, savoure: "Il y a tous les ingrédients. Les fans argentins sont incroyables et puis il y a la grinta, la qualité, le coeur, l'effort, le panache des Bleus... Quand on prend les deux équipes et qu'on les met dans un +shaker+, on obtient le cocktail parfait."
Le "cocktail" est sans alcool - la vente est strictement encadrée au Qatar -, mais pas sans saveur: à lui seul, le duel Mbappé-Messi fait saliver les amateurs de foot, de sport, d'histoire et de statistiques.
Les deux superstars, qui font équipe sous bannière qatarie au Paris SG, se partagent la tête du classement des buteurs du Mondial avant la finale, avec cinq unités.
Le vainqueur filera droit vers le Ballon d'Or, le premier pour Mbappé ou un huitième pour Messi, idole planétaire soutenue dimanche par une immense majorité de supporters.
"C'est un peuple de passionnés, ils sont à fond derrière leur équipe. Ça dégage une ambiance de fête, positive", mais "nos adversaires seront sur le terrain, pas en tribunes", rétorque Deschamps, capitaine de la première étoile en 1998, et sélectionneur de la deuxième en 2018 en Russie.
- "Dernière chance" -
Eliminés dès les huitièmes de l'Euro en 2021, privés au Qatar d'une demi-douzaine de cadres blessés, dont Karim Benzema, et désormais amoindris par ce virus, les Bleus sont des rescapés avant de retrouver l'Argentine, qu'elle a battue 4-3 en huitièmes de l'édition 2018.
"Il faut être prêt à souffrir, à faire les efforts, à se surpasser malgré la fatigue, malgré l'enchaînement, malgré les circonstances", lance le capitaine Hugo Lloris, en quête d'un deuxième titre comme capitaine, prouesse inédite.
Dans l'adversité a émergé un guide, Antoine Griezmann, ex-attaquant réinventé en "petit prince" du milieu, prêt à tous les sacrifices et à toutes les souffrances pour ses partenaires de longue date, qu'ils soient sur la pelouse - Varane, Lloris ou Olivier Giroud -, ou en tribunes - N'Golo Kanté et Paul Pogba sont attendus aux côtés d'Emmanuel Macron.
En face, c'est la "Messimania". Pour présider à la table des légendes argentines, avec à ses côtés feu Diego Maradona, sacré en 1986, "La Pulga" n'a besoin que de cet ultime trophée: "Il sait que c'est sa dernière chance", souligne Pablo Zabaleta, son partenaire au Mondial-2014.
Contrairement à sa première finale perdue cette année-là après prolongation contre l'Allemagne (1-0), Messi semble entouré au Qatar d'une colonie de guerriers, de Leandro Paredes à Nicolas Otamendi, en passant par Julian Alvarez, révélation offensive avec quatre buts, comme Giroud.
Connaîtra-t-il la gloire du "Pibe de Oro"? Ou sortira-t-il entre larmes et solitude, comme Cristiano Ronaldo, l'autre légende de son siècle? "Leo" Messi détient une partie de la réponse. La France et Mbappé ont l'autre.