VIDEOCOVID-19, GOUVERNANCE ET DROITS HUMAINS AU SENEGAL ET EN AFRIQUE DE L'OUEST
A qui profite les mesures d'exception prises contre la pandémie ? Qui en pâtit le plus ? Comment interpréter les protestations partout sur le continent ? Webinaire modéré par Rama Sala Dieng avec Oumoul Khairy Coulibaly, Ousmane Aly Diallo & Hady Ba
Ce numéro du webinaire sur Gouvernance, droits humains et Covid-19 offre une approche comparative des mesures d'urgence et leur impact.
Il est impossible de parler de gouvernance et de justice sans analyser l’architecture qui permet ou non le respect de l’état de droit, la séparation des pouvoirs et la situation des institutions de la république. Qu’advient-il de cette séparation supposée lors d’une pandémie qui peut requérir un renforcement des pouvoirs de l'exécutif face au pouvoir judiciaire et le parlement? C’est dans ce contexte que nous analysons les mesures politiques exceptionnelles tels que l’état d’urgence et la gestion de la crise sanitaire; qui s'ajoutent aux actes politiques de tous les jours. Il est d’autant plus opportun d’examiner les conséquences de ces mesures que se profile la menace de l'autoritarisme, en particulier avec la surveillance physique et biométrique accrue par la pandémie, le floutage de la stricte séparation des pouvoirs alors que l’exécutif s’arroge des droits hors normes au nom de la gestion de la catastrophe sanitaire, alors qu’encore les effets du premier état d’urgence de mars restent à évaluer, quant à leur efficacité et leur adéquation. Dans un tel contexte, qu’advient-il de l'accès à des services tels que l'éducation (dans un cadre sain) et la santé (qui même en temps normal laisse à désirer ?)? Qu’en est-il de la brutalité policière, les menaces contre les droits humains et les espaces civiques, la gestion des données personnelles ? Comment interpréter les protestations citoyennes un peu partout en Afrique de l’Ouest à l’égard des mesures prises par les dirigeants ?
Au-delà de ces questions qui s’intéressent à la vie démocratique de la nation sénégalaise et d’autres en Afrique de l’Ouest, qu’en est-il de leur impact sur les relations ou inégalités existantes entre hommes et femmes, jeunes et vieux, mais surtout quel impact sur les populations les plus vulnérables, pauvres, handicapées ? Les populations rurales face à celle des villes, les populations incarcérées, les prisonniers, les marginaux, les travailleuses du sexe, etc. Notre approche féministe intersectionnelle nous incite à aller au delà des questions faciles pour nous intéresser aux relations de pouvoir et d'inégalités. Vers quel sens se creusent-elles ? Qui bénéficie le plus de telles mesures ? Qui en pâtit le plus ?
Pour le premier d’une série de webinaires, le focus porte sur les questions de gouvernance, justice et droits humains à l’épreuve de la pandémie Covid-19 analysée à la faveur d’une approche comparative des mesures d’urgence prises en Afrique de l’Ouest, avec une perspective féministe intersectionnelle d’où la diversité des profils des panélistes.Panélistes: Dr. Oumoul Khairy Coulibaly, ENEA et IPAR (sociologue sur les aspects sociaux, genre et anthropologiques ), Dr. Ousmane Aly Diallo (Amnesty West Africa sur les aspects droits humains), et Dr. Hady Ba (Fastef) sur les aspects politiques publiquesModératrice: Dr. Rama Salla Dieng (CAS, Université d’Édimbourg)
Biographie des panélistes
Oumoul Khaïry COULIBALY est docteure en socio-anthropologie et Maîtresse de Conférences Assimilée à l’École Supérieure d'Économie Appliquée (ESEA) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Dr. COULIBALY est spécialiste des questions de genre et des méthodes participatifs, des outils à partir desquels elle interroge différentes problématiques dont l’autonomisation des femmes rurales, de gouvernance foncière et participation politique, des migrations et des violences basées sur le genre.
Elle est par ailleurs chercheure associée au Think Tank Initiative Prospective Agricole Rurale (IPAR) pour qui elle coordonne actuellement le programme Genre et Foncier, soutenu par le Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI) du Canada.
Dr. COULIBALY est aussi membre fondateur du laboratoire d’études et de recherche sur Genre, Environnement, Changement Climatique et Migrations (GERM) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Maitre de Conférence Titulaire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Dr Hady BA sert au Département de Philosophie de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Éducation et de la Formation (Fastef ex École Normale Supérieure) où il enseigne essentiellement la philosophie des sciences, la logique et la philosophie de l’esprit.
M. Ba est philosophe de formation et docteur en Sciences Cognitives de L’EHESS. Il a notamment mené dans le cadre du projet CAHORS (Cotation, Analyse, Hiérarchisation et Ontologies pour le Renseignement et la Sécurité) des recherches destinées à aider au développement d’outils logiciels d’analyse automatique de texte afin de détecter et d’anticiper les crises à partir de l’information collectable sur le web en source ouverte. M. Ba a par ailleurs été consultant en intelligence économique notamment au sein du cabinet Antogo et est membre fondateur du Think Tank Ipode dont il a été le premier Directeur Général puis directeur scientifique.
Ousmane Aly Diallo est PhD en science politique de la Balsillie School of International Affairs, université Wilfrid Laurier (Canada). Depuis novembre 2019, il est chercheur au bureau régional d’Annesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du centre (WCARO) WCARO sur le Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) et le Senegal.
Organisatrice et Modératrice
Dr Rama Salla Dieng est une universitaire et écrivaine sénégalaise. Elle est actuellement maitresse de conférence en Développement International et études africaines à l'Université d'Edimbourg. Elle a un doctorat et un MSc en Développement international de la SOAS (financé par la Fondation Mo Ibrahim), Université de Londres, un double master en coopération internationale et Gestion des risques dans les pays du Sud de Science Po Bordeaux et une maitrise en science politiques de l'Université Montesquieu Bordeaux VI. Sa recherche porte sur une analyse d'économie politique féministe de certains investissements agricoles et de leurs résultats socio-économiques dans le nord du Sénégal au cours de ce que l'on a surnommé «la ruée vers les terres» entre 2008 et 2017. Entre 2010 et 2015, elle a travaillé comme assistante de recherche, puis Research Fellow à la Division de la recherche sur les politiques de l'Institut africain de développement économique et de planification des Nations-Unies (UNIDEP) basé au Sénégal, et avant cela, au PNUD, Ile Maurice. Rama est également une militante féministe qui a collaboré avec plusieurs organisations de développement et de droits des femmes sur le changement agraire, les politiques de développement, le travail et la reproduction sociale.
À propos du webinaire et du projet FACE
Le projet «Alternatives féministes pour un futur(post-) COVID-19 (FACE) en Afrique» cherche à étudier l’impact social, économique et politique du COVID-19 en Afrique dans une perspective féministe, intersectionnelle et décoloniale.
Avec un financement de l’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), ce projet est un partenariat entre le Centre d’études africaines de l’Université d'Edimbourg, Ecosse, l'Institut des sciences humaines en Afrique (HUMA) de l'Université du Cap, Afrique du Sud, au Laboratoire d'analyse des sociétés et pouvoirs / Afrique-Diasporas (LASPAD) à l'Université de Gaston Berger, Sénégal,FEMNET - Réseau de développement et de communication des femmes africaines et IDEP - Institut African de Développement Economique et de Planification des Nations Unies