VIDEOGOUVERNANCE À L'ÉPREUVE DE LA RÉALITÉ
Du bras de fer parlementaire aux contrôles fiscaux musclés, en passant par une communication jugée populiste, rien n'est épargné dans cette radiographie au vitriol des premiers mois du régime Diomaye-Sonko avec Issa Sall et Pierre Ahmed Ba
Dans l'émission dominicale « LR du temps » sur Iradio ce 30 juin 2024, Issa Sall, directeur de publication de l'hebdomadaire « Comment », et Pierre Ahmed Ba, socioanthropologue et expert en intelligence des systèmes complexes, ont dressé un tableau sans concession des premiers mois du nouveau gouvernement sénégalais.
Au cœur des débats, la polémique autour de la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko cristallise les tensions. Son refus de se présenter à l'Assemblée nationale, conditionnant sa lieu à une révision du règlement intérieur, est perçu comme un bras de fer institutionnel inédit. "C'est une situation qui n'aurait jamais dû se poser", affirme Pierre Ahmed Ba, soulignant le risque d'une crise institutionnelle.
Sur le plan économique, les intervenants ont relevé le paradoxe entre l'importante levée de fonds réalisée par le gouvernement sur les marchés internationaux et l'opacité entourant l'utilisation de ces ressources. Issa Sall s'interroge : "Où est l'argent ? Comment sera-t-il utilisé pour répondre aux attentes des Sénégalais ?"
Les relations entre l’État et le secteur privé sont également au centre des préoccupations. La récente vague de contrôles fiscaux est perçue comme une arme de pression potentielle. « On ne peut pas utiliser la fiscalité pour affaiblir les entreprises. C'est l'emploi et l'économie du pays qu'on menace », alerte Pierre Ahmed Ba.
Le style de communication du nouveau régime n'échappe pas aux critiques. Qualifié de « populiste » par les intervenants, il soulève des inquiétudes quant à la maturité politique de l'équipe au pouvoir. « Nous sommes passés d’un mode de gouvernance basé sur le consentement à une forme de coercition sournoise », analyse Issa Sall.
Enfin, les deux experts appellent le gouvernement à se concentrer sur les défis fondamentaux du pays : l'emploi des jeunes, la formation et la relance économique. « Ce sont ces questions sociales et économiques qu'il faut attaquer et régler pour remettre ce pays debout », conclut Pierre Ahmed Ba.