VIDEOTRAQUE AU BIEN : MAL ACQUIS UN VIEUX MIRAGE?
Dans la deuxième partie de l’entretien accordé à Seneplus, le sociologue des médias, Alymana Bathily, militant à la base de Pastef, parle de la particularité de la reddition des comptes lancée par le nouveau régime, invite les initiateurs du Pacte national de bonne gouvernance à la patience et explique en quoi le Pastef n'est pas un parti patrimonial comme la plupart des formations politiques du Sénégal.
Le nouveau pouvoir affiche une détermination ferme à faire rendre gorge tous ceux qui ont indûment volé les ressources du pays. C’est la fameuse reddition des comptes. Et tout Sénégalais justes et raisonnables devraient saluer cette volonté pour peu que la reddition des comptes se déroule de manière juste, impartiale et non politisée. Il faut tout de même rappeler que la reddition des comptes n’est pas une initiative nouvelle au Sénégal.
De tous les régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal après Senghor, chacun a prétendu vouloir faire répondre ceux qui ont géré les affaires de l’État de leur gestion. Seulement, la plupart du temps, ça ne semble pas donner des résultats probants au point de dissuader de nouveaux criminels financiers au fil des alternances.
D’Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Abdoulaye Wade rien n’a bougé à tel enseigne que l’on est tenté de dire que c’est souvent « beaucoup trop d’arrivisme pour si peu d’arrivage ».
Le cas Karim Wade avec la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) est l’exemple le plus actuel dans les mémoires des Sénégalais. Même quand les délinquants financiers sont connus et épinglés par les corps de contrôle, les concernés sont souvent blanchis par le régime en place, qui essaiera de monnayer leur situation dans un processus clientéliste. Ils sont recyclés dans le système et on n’en parle plus.
Le régime de Diomaye Faye entrée en fonctions depuis le 02 avril, tente, lui, aussi de faire rendre gorge ceux qui ont indûment pris l’argent des Sénégalais. À cet effet, les nouvelles autorités ont mis sur pied le pool judiciaire et financier. La question est de savoir si ce régime fera mieux que tous ceux qui ont succédé avant lui.
Tout compte fait, la reddition des comptes tout le monde y est favorable à part peut-être ceux qui ont quelque chose à se reprocher dans cette opération de moralisation de la vie publique. D’ailleurs, c’est un des point centraux du Pacte national de bonne gouvernance signé par le président Diomaye Faye.
Seulement sa mise en œuvre n’a toujours pas démarré 6 mois après la prise de fonction du president. Le régime, aurait-il tourné le dos au pacte où il y tient toujours, nul ne le sait. Pour Alymana Bathily, il ne serait juste que mis en veilleuse le temps de résoudre les dossier les plus urgents.