À DAKAR, LE VÉLO S'IMPOSE MALGRÉ LE CHAOS URBAIN
Malgré la pollution et le danger, les cyclistes gagnent du terrain dans la capitale sénégalaise. Mais le manque d'infrastructures et l'indiscipline routière freinent encore cet élan vers une mobilité plus durable
(SenePlus) - À 58 ans, le docteur Philip Moreira brave quotidiennement les embouteillages et le smog de Dakar sur son vélo électrique pour se rendre à l'hôpital. "Entre les voitures qui vous coupent la route et celles qui klaxonnent sans relâche, ça peut être très difficile", confie-t-il à Reuters, évoquant une récente frayeur avec un bus.
Cette détermination illustre l'émergence d'une nouvelle culture cycliste dans la capitale sénégalaise, rapporte l'agence de presse. Le club "Vélo Passion" de Moreira a vu ses adhésions doubler en cinq ans, dépassant aujourd'hui les 500 membres.
Pourtant, selon Reuters, la majorité des cyclistes dakarois ne s'aventurent dans les rues que le week-end, quand la circulation est plus fluide, craignant le manque d'infrastructures et la conduite imprudente.
Alors que les dirigeants africains réclament plus de financements pour le climat avant la COP29, les militants sénégalais voient dans le vélo une solution économique pour atteindre les objectifs d'émissions. "On ne pourra peut-être pas convaincre les gens habitués à la climatisation de leurs SUV", déclare à Reuters le militant Baye Cheikh Sow, "mais on peut cibler la nouvelle génération."
L'agence Reuters souligne qu'un rapport 2022 du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) place l'Afrique en tête de la mobilité douce mondiale, avec 56 minutes de marche et de vélo par personne et par jour, contre une moyenne mondiale de 43,9 minutes.
Face à cette demande croissante, l'agence de transport urbain de Dakar (CETUD) projette la construction d'un réseau de 175 kilomètres de pistes cyclables d'ici 2035. Mais Reuters note que l'ouverture du premier tronçon de 12 kilomètres accumule les retards, alimentant le scepticisme de la communauté cycliste.
Le CETUD a reconnu par email à Reuters l'insuffisance des infrastructures actuelles et l'absence de politique gouvernementale encourageant le vélo urbain. Une situation qui freine des cyclistes comme Guisse Mohammed, pharmacien de 39 ans : "J'ai pensé à acheter un vélo de ville", confie-t-il à Reuters. "Avoir plus de pistes cyclables pourrait être une motivation."