«LE VIOL ET LA PEDOPHILIE SERONT ENTIEREMENT CRIMINALISES DANS LA DERNIERE VERSION»
En 2019, ce sont 14 femmes qui ont été tuées suite à un viol et 3 femmes sont des mineures, les deux étaient en état de grossesse », s’émeut Fatou Ndiaye Dème.
En partenariat avec le ministère de la Justice, le Collectif des femmes parlementaires a organisé hier un atelier pour cerner les innovations du projet de loi criminalisant le viol et la pédophilie.
Suite aux évènements malheureux de mai 2019 caractérisés par les meurtres de Coumba Yade et Bineta Camara et la vaste mobilisation des acteurs de défense des droits de la femme, le président de la République avait annoncé, le 3 juin, l’introduction d’un projet de loi portant criminalisation du viol et de la pédophilie. Un texte qui serait très prochainement soumis à l’Assemblée nationale. C’est pour s’imprégner des grandes lignes de ce texte que les femmes parlementaires et le ministère de la Justice ont organisé hier un atelier sur la criminalisation du viol et de la pédophilie. Occasion saisie par le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall, pour soutenir que le viol et la pédophilie seront entièrement criminalisés dans la dernière version du projet de loi. « Les femmes pourront faire des propositions pour modifier en mieux le contenu du texte. Après cela, elles porteront cette loi parce que ce texte deviendra une loi à partir de lundi prochain.
Les femmes parlementaires sont les mieux indiquées, étant les victimes premières pour porter effectivement cette loi, pour la vulgariser, non seulement au niveau national mais également, au niveau international pour qu’elle puisse servir d’exemple en Afrique et partout dans le monde », affirme le garde des Sceaux qui précise que l’initiative gouvernementale a prévu de renforcer les sanctions. « Dans le cadre de ce projet de loi, il est prévu de criminaliser le viol et la pédophilie. Cela signifie que certains auteurs d’actes particulièrement horribles pourraient être condamnés à perpétuité. Cela signifie qu’ils resteront en prison toute leur vie dans une cellule de prison », dit-il avant d’ajouter : « Quand on définit ou qu’on propose une loi, on espère surtout qu’elle soit dissuasive mais également qu’elle soit appliquée dans toute sa rigueur dans le cas où les gens ne seraient pas sensibles à la dissuasion et passeraient à l’acte. »
DIOR FALL SOW, PRESIDENTE D’HONNEUR DE L’AJS «NOS PREOCCUPATIONS ONT ETES PRISES EN COMPTE»
Les femmes juristes ont affiché leur satisfaction hier à l’annonce faite par le ministre de la Justice de criminaliser le viol et la pédophilie. « Nous avons été associées à plusieurs réunions sur ce projet de loi portant criminalisation du viol et de la pédophilie. Je peux dire aujourd’hui qu’après la pluie, c’est le beau temps. Cela veut dire que nos préoccupations ont effectivement été prises en compte. A l’heure actuelle, il y a effectivement dans le projet de loi une criminalisation du viol et de la pédophilie ; maintenant, reste à voir quelques modifications ou amendements que l’on pourrait apporter à ce projet de loi pour qu’une lecture beaucoup plus facile et beaucoup plus cohérente puisse se faire au niveau de l’Assemblée nationale », a soutenu Dior Fall Sow, présidente d’honneur de l’Association des Juristes du Sénégal (Ajs).
LE VIOL EN CHIFFRE
La directrice de la Famille, Fatou Ndiaye Dème, est revenue sur les chiffres effrayants du viol sur les 3 dernières années. «Selon l’Ajs, sur les 6 289 cas de violence en 2018, les 1 321 portent sur des cas de viol. Et dans la période 2017-2018, 565 dossiers sont liés aux infractions sexuelles. Le Comité de lutte révèle que rien qu’entre 2017- 2018, ce sont 706 femmes et filles qui ont été victimes de viol au Sénégal. Pire, il souligne que la plupart des viols sont suivis de meurtres. En 2019, ce sont 14 femmes qui ont été tuées suite à un viol et 3 femmes sont des mineures, les deux étaient en état de grossesse », s’émeut Fatou Ndiaye Dème.