LES AUTEURS CONDAMNÉS À DES PEINES FERMES
Le tribunal des flagrants délits de Dakar a prononcé, mardi, des peines d’emprisonnement ferme à l’encontre de trois individus cités dans une affaire d’agression d’une femme, une scène filmée et diffusée sur les réseaux sociaux.
Dakar, 18 août (APS) - Le tribunal des flagrants délits de Dakar a prononcé, mardi, des peines d’emprisonnement ferme à l’encontre de trois individus cités dans une affaire d’agression d’une femme, une scène filmée et diffusée sur les réseaux sociaux.
Les trois mis en cause ont été reconnus coupables de collecte illicite de données à caractère personnel, attentat à la pudeur et outrage public à la pudeur, a-t-on appris de sources médiatiques.
Ils ont été condamnés respectivement à trois, deux et un mois de prison ferme et au paiement de 5 millions FCFA pour cause et préjudice confondus.
La diffusion, au mois de juillet, sur les réseaux sociaux d’images montrant une femme en train d’être agressée par un groupe d’individus pour un présumé vol avait suscité des réactions de condamnation et d’indignation.
’’Il est choquant et inadmissible de profiter d’une femme rendue faible par deux hommes, qui la maîtrisent, pour la tripoter et exhiber son corps aux yeux de tous. Cela constitue une infraction qu’il convient de sanctionner fermement", avaient soutenu dans une déclaration commune, AJS, Amnesty international, Dafadoy et Jamra.
Selon ces organisations, "ces justiciers autoproclamés n’avaient nullement le droit de violer son intimité, de l’humilier publiquement comme ils l’ont fait, encore moins de publier cette vidéo (….)".
"L’affaire est d’autant plus grave que la présumée voleuse fait l’objet d’un traitement psychiatrique (….)", ajoutaient ces organisations qui "félicitent la police nationale dont la prompte réaction a permis l’arrestation des présumés auteurs".
Le Comité de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF) avait rendu public un communiqué pour s’indigner et condamner ‘’fermement les violences ignobles commises sur une présumée voleuse prise à Sacré cœur".
"C’est une grave atteinte à la dignité et à l’intégrité de la personne humaine", estimait le CLVF qui avait condamné "des paroles obscènes, blessantes et déshonorantes" proférées à l’endroit de la victime.
Le CLVF et la Synergie des organisations de la société civile pour l’élimination des violences basées sur le genre avaient dénoncé ‘’vivement cet acte ignoble auquel a été soumise la jeune dame et demandent que justice soit faite !’’.
De nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer cette agression et sa diffusion sur les réseaux sociaux.
Sur la plateforme change.org, l’association Ensemble d’Activistes Féministes au Sénégal avait lancé cette pétition adressée au Procureur de la République.
Pour ses initiateurs, ’’ces actes, leur captation et partage sur les réseaux sociaux témoignent d’un mépris total pour l’intégrité physique de la femme en question’’.
Ils avaient rappelé aussi que ’’le corps de la femme est tous les jours sujets à toutes formes d’assauts, et qu’une telle agression est inadmissible dans un contexte où les combats contre les violences basés sur le genre sont de plus en plus entendus et compris’’.
Les auteurs de la pétition demandaient ainsi ’’le retrait de ces images violentes et traumatisantes, la condamnation des agresseurs suite aux plaintes déposées par différentes personnes et organisations, un suivi psychologique de la victime et une réflexion sur le rapport au corps de la femme dans la société et les violences basées sur le genre en général’’.