NDIAYENE PENDAO, SI LOIN DE LA PROSPERITE ET SI PRES DE DIEU !
Vivant dans une pauvreté endémique et sous des températures atteignant parfois 48 degrés, les habitants de ce village font montre d’une incroyable résilience ! Parler du Fouta sans évoquer Ndiayène Pendao, c’est comme causer cinéma sans jamais être.

Parler du Fouta sans évoquer Ndiayène Pendao, c’est comme causer cinéma sans jamais être allé dans une salle de projection. Cette commune, située au nord de la région de Saint-Louis, dans le département de Podor, est un point mythique du « Dandemayo ». Autrement dit, de la rive du fleuve Sénégal. Elle a été érigée en commune en 2013 grâce à l’Acte 3 de la décentralisation, passant ainsi du statut de communauté rurale à celui de commune. Elle avait ce dernier statut depuis 1980. Ndiayène Pendao, terre du dignitaire religieux Hamdy Raby Sy, est caractérisée entre autres, en plus de la chaleur extrême, par la pauvreté endémique y sévit.
La commune de Ndiayène Pendao s’étend sur 1 334 km². Elle est dépositaire d’un patrimoine religieux, culturel et touristique inestimable. Ses carrières exploitées clandestinement constituent une de ses rares ressources économiques en dehors de l’agriculture. C’est peu dire, donc, que les habitants de cette commune souffrent en silence sous une chaleur extrême, avec des températures atteignant jusqu’à 48 degrés Celsius. Malgré une et une pauvreté endémique, pour ne pas dire extrême, elles supportent dignement tous les aléas. Quant on discute avec elle, nulle revendication ou frustration comme si, fatalistes, elles acceptaient stoïquement leur sort.
Hamdy Raby Sy, le dignitaire religieux nonagénaire descendant d’El Hadj Malick Sy et imam de la localité, très respecté et vénéré du fait de sa dimension spirituelle exceptionnelle, reste le seul historien des lieux. Ce « Hal Pulaar » bon teint aux cheveux blancs ne se lasse jamais d’expliquer aux visiteurs toute l’histoire de l’ascendance de la lignée royale des hommes et femmes de Ndiayène Pendao à Orefondè. « Malgré cette chaleur inimaginable et intenable pour les citadins et cette pauvreté endémique, car nous ne vivons que de l’agriculture, du commerce dans les « loumas » et un peu de la pêche, nous restons dignes et très attachés aux piliers de l’Islam avec le Coran qui est notre plus puissante arme de résistance » explique le vieil homme.
Un patrimoine historique à préserve
Pour ce vénérable patriarche doublé d’un érudit islamique, Ndiayène Pendao est un patrimoine historique parmi tant d’autres du « Dandé mayo ». « Ici à Ndiayenne Pendao, nos valeurs restent intactes et intouchables. Le Coran est la base de toute chose, et l’éducation culturelle que nous avons puisée de nos ancêtres est méticuleusement transmise de génération en génération. Nous veillons à l’évolution du temps, à nous adapter aux réalités du monde tout en restant ancrés dans la capacité des gens à vivre dans la sérénité, l’amour, la paix intérieure, la dignité dans la pauvreté, le sens du pardon de soi et de l’autre, la discipline, le respect des aînés et de la lignée, la solidarité et le partage malgré nos maigres moyens, mais surtout le sens de la retenue et du discernement. Ces valeurs sont les principales parmi tant d’autres qui nous ont été transmises par nos ancêtres. Raison pour laquelle, même sous 48 degrés, avec peu à manger, nous arrivons à résister sans lamentation, avec l’aide de Dieu » nous confie Hamdy Raby Sy, sous un air de fierté apparente.
Ndiayène Pendao est délimitée au nord par le fleuve Sénégal et la République Islamique de Mauritanie, au nord-est par la commune de Niandane, à l’est par celle de Guédé Village, à l’ouest par la commune de Fanaye, et au sud par les communes de Fanaye et de Guédé Village. Le nom de la commune reflète un désir d’inclusion des différentes ethnies locales, combinant «Ndiayène», du village de Ndiayène Saré, et «Pendao», un village habité par les Peulhs.
Ndiayène Pendao compte 82 établissements humains répartis en 29 villages officiels et 53 hameaux rattachés. La distribution de ces villages est inégale : 59 % se trouvent dans la zone intermédiaire, 31 % dans le Diéri, et seulement 10 % dans le Walo avec ses terres riches où peuvent se pratiquer des cultures de décrue. Cette répartition entraîne une forte concentration des établissements humains dans la zone intermédiaire.
Ndiayène Pendao se trouve à 43 km de Podor, chef-lieu du département, à 176 km de Saint-Louis, la capitale régionale, et à 476 km de Dakar.
Le territoire de la commune est divisé en trois grandes zones écogéographiques : le Walo, la zone intermédiaire, et le Diéri, qui représente les trois quarts de la superficie communale. Ces grandes zones englobent huit terroirs villageois, délimités selon des critères historiques, sociologiques ou d’homogénéité économique. Cesterroirs incluent Loboudou Doué, Nopédji, Wadabé, Nguendar, Hameth Doulo, Belli Gonadi, Kawé et Kawél.
Des améliorations pour la santé et l’éducation
L’accès à l’éducation et aux services de santé dans la commune de Ndiayéne Pendao a fait l’objet d’importantes améliorations au fil des années. En 2009, 97 % de la population de la commune avait accès à une école primaire. Entre 2009 et 2017, les infrastructures scolaires ont connu une forte évolution. Actuellement, Ndiayène Pendao abrite 27 écoles primaires : six dans le Walo, six dans le Diéri (dont quatre en abris provisoires), et quinze dans la zone intermédiaire. Cette répartition permet de maintenir une proportion de la population ayant accès à une école élémentaire supérieure ou égale à 97 %, malgré les variations démographiques.
Concernant l’accès aux soins de santé, les résultats de la dernière enquête de 2009 sur l’accès aux services sociaux de base montraient un indice élémentaire d’accès aux soins de santé de 50 %, avec 64,1 % de la population ayant accès à un poste de santé. Depuis lors, un seul nouveau poste de santé, celui de Nguendar, a été construit en 2012.
La situation générale des infrastructures de santé à Ndiayène Pendao montre que la commune compte 17 infrastructures sanitaires dont quatre postes de santé et 13 cases de santé. Trois des postes de santé sont situés dans la zone intermédiaire, à Nguendar, Thillé Boubacar et Ndiayéne-Pendao, et un dans le Walo, à Loboudou. Aucun poste de santé n’est situé dans le Diéri, soulignant un déséquilibre dans la répartition des infrastructures sanitaires au sein de la commune.
La pêche continentale devrait être une activité importante en raison de la proximité de la commune avec les cours d’eau et le fleuve Sénégal. En effet, plus de la moitié de la population vit près d’un bras du fleuve. Cependant, ces opportunités restent largement inexploitées. Le groupement de pêcheurs de la commune, qui compte plus de 60 membres, travaille avec un nombre limité de filets et de pirogues, utilisant cette activité principalement pour leur survie quotidienne. Le fleuve Sénégal souffre de surexploitation des ressources halieutiques, sans qu’aucune initiative ou projet, tels que l’aquaculture ou la pisciculture, ne soit mis en place pour remédier à ce problème et répondre aux besoins en poissons de la population.
L’agriculture est la principale source de revenus des populations. Elle est la première activité économique dans la commune, surtout pratiquée dans le Walo. Le territoire communal connaît trois principales formes d’agriculture.
L’agriculture irriguée, la forme principale, est concentrée dans le Walo, occupant actuellement 4 451,7 hectares, soit 2,9 % de la superficie totale de la commune et 18,5 % de celle du Walo. Les principales cultures sont le riz, l’oignon, la patate douce et le gombo.
L’agriculture de décrue est pratiquée sur les plaines inondables du Walo. Elle a historiquement constitué une source majeure d’approvisionnement vivrier, avec des cultures telles que la patate, le mil, le maïs, le gombo et le bereef.
L’agriculture pluviale est surtout pratiquée dans le Jeeri, autour des villages, des hameaux et des mares temporaires. Actuellement, environ 630 hectares sont mis en valeur pour cette agriculture vivrière, selon le plan local de développement de 2010.
En résumé, bien que la commune de Ndiayène-Pendao possède des ressources naturelles et des opportunités agricoles et halieutiques considérables, leur gestion et exploitation restent largement insuffisantes et menacées, nécessitant des politiques de développement plus intégrées et durables. Sans doute que la découverte du fait que les lointaines origines du Premier ministre Ousmane Sonko se situent à Ndiayène Pendao pourrait beaucoup contribuer la renaissance de cette localité historique qui regorge de beaucoup de potentialités malheureusement non exploitées. Ce qui donne le paradoxe de populations particulièrement pauvres vivant pourtant dans un environnement pas toujours défavorisé par la nature. %ais qui compensent cette pauvreté par une profonde croyance en Dieu !
Zaynab SANGARÈ
Envoyée Spéciale à Ndiayène-Pendao