PERIL SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE ET SUR L’EMPLOI
Des organisations de la société civile ont déposé, hier à Diamniadio, un mémorandum pour exiger des restrictions contre l’implantation des usines de farine.
Des organisations de la société civile ont déposé, hier à Diamniadio, un mémorandum pour exiger des restrictions contre l’implantation des usines de farine.
Les membres de la Coalition contre les usines de farine et d’huile de poisson étaient, hier, à Diamniadio, pour déposer, auprès des autorités compétentes, un mémorandum dans lequel ils demandent la fermeture de ces usines aux effets néfastes pour le secteur de la pêche et la sécurité alimentaire de la population. Ces dernières années, ces types d’industries néfastes ont été favorisés, selon le mémorandum, par une gestion inadéquate du secteur.
Selon les statistiques de la coalition, il est à ce jour dénombré au Sénégal huit usines autorisées, dont trois situées dans la région de Dakar, trois dans la région de Thiès, une dans la région de Saint-Louis et une dans la région de Ziguinchor. ‘’En 2024, six de ces huit usines sont actives (Afric-Azote à Dakar, Africa Feed à Ndoukhoura Peul commune de Diamniadio, Omega à Joal, Barna/Touba à Cayar, Sea Product à Gandiol, Belmeal à Sandiara)’’.
L’industrie de la farine et d’huile de poisson, renseigne la coalition, utilise principalement les sardinelles rondes et plates et le bonga qui sont depuis plusieurs années considérées en état de surexploitation par le Groupe de travail de la FAO sur l’évaluation des petits pélagiques au large de l’Afrique nord occidental. ‘’Or, poursuit la source, toutes ces espèces constituent une source essentielle de protéines pour les populations sénégalaises et de revenus pour les communautés de pêcheurs’’.
Pour montrer l’ampleur des dégâts, les signataires sont revenus sur la capacité de production des usines de farine, qui varie de 150 à 300 t de farine par usine et par jour, sur la base d’une activité saisonnière. ‘’La production totale de farine de poisson est estimée à environ 12 000 t par an au Sénégal, ce qui correspond à environ 60 000 t de poisson frais qui aurait pu être consommé par les populations’’. Ainsi, indique-t-on, les usines de FHP concurrencent fortement les marchés locaux de la consommation et les femmes transformatrices dans l’accès à la matière première (essentiellement les petits pélagiques) en jouant sur leur fort pouvoir d’achat.
Cette situation, si l’on en croit la coalition, explique en partie le manque de poisson pour la consommation dans les marchés locaux et la léthargie constatée dans les principales aires de transformation artisanale du pays. ‘’En définitive, l’expansion de l’industrie de la FHP représente une menace grave pour les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de millions de personnes au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, qui se voient privées de centaines de milliers de tonnes de poissons chaque année (plus de 500 000 t en 2019 d’après Greenpeace, un chiffre en constante augmentation)’’, dispose le document.
Les usines de poisson, selon les signataires, peuvent avoir plusieurs conséquences sur notamment les ressources halieutiques, la sécurité alimentaire des populations, les emplois et l’économie.
Pour renverser la tendance, la coalition demande aux autorités de geler toutes nouvelles implantations d’usine de farine et d’huile de poisson au Sénégal à travers un arrêté ministériel ; de fermer toutes les usines de farine et d’huile de poisson ouvertes après ces concertations (octobre 2023) ; de fermer toutes les usines de farine et d’huile de poisson qui polluent l’environnement ; d’interdire l’utilisation de poisson frais propre à la consommation humaine dans la fabrication de farine et d’huile de poisson ; de protéger les métiers des femmes transformatrices en signant le décret de reconnaissance des métiers de la transformation artisanale des produits halieutiques. Il est également recommandé d’adapter la capacité des usines de farine et d’huile de poisson à la production de déchets et de rebuts de poisson, entre autres recommandations.