URGENCE SIGNALEE
Dans le Dandé Maayo, la situation vire à l’urgence. A cause de la crue provoquée par le débordement du fleuve Sénégal, cette partie de la région de Matam est coupée du reste du pays.
Dans le Dandé Maayo, la situation vire à l’urgence. A cause de la crue provoquée par le débordement du fleuve Sénégal, cette partie de la région de Matam est coupée du reste du pays. Cela affecte la vie quotidienne des populations : pas de déplacement, pas d’évacuation sanitaire, ni de transport de marchandises. Pour l’instant, l’Etat a opté pour le relogement de certains sinistrés de manière provisoire dans des écoles et aussi érigé des tentes pour les y caser, le temps que la situation se normalise.Par Abass Ly (Correspondance particulière) –
Il y a des moments où l’inquiétude prend le pas sur les évidences quotidiennes. Les populations du Dandé Maayo (partie située sur la rive gauche du fleuve Sénégal) sont coupées du reste de la région de Matam depuis des jours. Car les eaux du fleuve Sénégal ont quitté leur lit pour envahir les terres. Cette partie de la région accessible par des pistes latéritiques devenues impraticables est déconnectée du Diéry où se trouvent l’essentiel des infrastructures sociales et les grandes voies de communication routière. Abda Sy, un habitant de Gababé, explique la gravité de la situation : «Pour se rendre à Oréfondé, on faisait moins de deux heures de temps. Mais depuis quelques jours, le voyage nous prend une journée. Un voyage plus que pénible.» Même situation chaotique pour les populations de Sade, Woudoul et Nguidjilone, qui ralliaient la route nationale par Doumga Ouro Alpha et Seddo Sebbe, mais ne peuvent plus se déplacer à cause des pistes inondées et coupées par endroits. Face aux risques d’enlisement ou d’accident, aucune voiture ne se déplace. Dans cette bande de terre appelée Dandé Maayo nord, les communes d’Orefondé, des Agnam, de Dabia, de Bokidiawe et de Nabadji Civol sont coupées des localités situées sur la rive gauche du fleuve Sénégal.
Aujourd’hui, les voitures de Dakar chargées de passagers, de marchandises ou de matériaux de construction sont obligées de s’arrêter au niveau de la Route nationale ou un peu en profondeur dans le Walo, sans prendre des risques. «On est obligés de délimiter les routes par des sacs de sable pour éviter aux voitures de déraper. Le Dandé Maayo est dans une situation de détresse. Il y a au moins 15 véhicules qui sont coincés», se désole un passager.
100 familles relogées
Sur des centaines de kilomètres, l’eau dort tranquillement sur ses nouveaux lits. «On demande de l’aide, nous habitants du Dandé Maayo. On ne peut pas évacuer les malades. A un moment donné, les denrées alimentaires risquent de manquer», ajoute un habitant de Nguidjilone. Entre Ndouloumadji et Woudourou, les routes sont coupées après le débordement du fleuve Sénégal. Si quelques petits véhicules prennent des risques pour faire voyager les populations, les gros camions et les bus ne peuvent plus emprunter ce corridor qui dessert une dizaine de villages. «On s’arrête à Doumga Ouro Alpha parce que nous ne pouvons pas prendre le risque de traverser le pont de Ndouloumadji qui est en mauvais état. Ensuite, la route latéritique pour continuer vers le Dandé Maayo est totalement impraticable. Sinon les véhicules vont s’embourber, avec les conséquences que vous imaginez», explique un chauffeur de bus qui arrête son trajet à Ndouloumadji. Un enseignant qui s’apprête à rejoindre son poste s’interroge même sur l’effectivité de la rentrée scolaire à cause de cette situation. «Je ne sais pas comment je vais m’y rendre. En temps normal, cette zone est très enclavée, mais là on est en face d’une catastrophe naturelle parce qu’on est encore loin de la décrue du fleuve», s’inquiète cet instituteur.
Pour l’instant, toutes les habitations ne sont pas menacées, même si à certains endroits, les eaux ont envahi des concessions. Alors que les populations attendent tranquillement la décrue pour procéder à la culture hors saison, la menace n’est pas encore éloignée. «Nos maisons ne sont pas en danger. Il ne faut pas que cela continue, sinon nous sommes tous en danger», poursuit Ablaye, interrogé par téléphone.
Lundi, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, qui était en déplacement dans les zones inondées, a été obligé de prendre une pirogue pour se rendre dans certaines localités, notamment au village de Lobaly, situé dans le département de Kanel dont plusieurs villages sont sous les eaux et aussi coupés du reste du pays à cause de l’impraticabilité des pistes. Il explique : «Je suis venu réconforter les populations après le débordement du fleuve Sénégal. C’est un phénomène naturel qui a lieu chaque année. On a déplacé plus de 100 familles, notamment des femmes et des enfants, pour les reloger dans d’autres villages grâce aux sapeurs-pompiers et aux Forces de défense et de sécurité.» «Nous nous mettons aux côtés de nos concitoyens sinistrés. Avec l’extension des villages avec la croissance démographique, les crues affectent plus facilement les populations. On est à leurs côtés, quels que soient les difficultés et l’enclavement, ils verront toujours leur Etat à leur chevet», promet le ministre Cheikh Tidiane Dièye.
Pour l’instant, les bulletins hydrologiques n’annoncent pas un repli du niveau d’eau.