LES IMAMS S'UNISSENT POUR RÉFORMER LES MOSQUÉES
La Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal envisage l'instauration d'un règlement intérieur unifié. Cette démarche, qui s'inscrit dans un vaste programme de renforcement des capacités des imams, vise à redéfinir leur rôle dans la société
De profondes divergentes internes traversent le fonctionnement de certaines mosquées au Sénégal. Pour remédier à une telle situation et faire jouer à la Maison de Dieu son véritable rôle, la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal est sur la piste d’un règlement intérieur unifié, affiché dans chaque mosquée.
Après la rencontre nationale regroupant tous les présidents de section du pays, la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal a enclenché le processus de démultiplication du renforcement de capacités des Imams. C’est ainsi que la section départementale de Thiès a tenu ce week-end son séminaire sur le partage de la déontologie qui encadre le fonctionnement de la ligue, mais aussi ses statuts et son règlement intérieur. A cette occasion, l’idée de la mise en place d’un règlement intérieur dans toutes les mosquées a été également évoquée. C’est parce que, souligne Imam Mohamed Mbaye Président de la section de Thiès, la ligue n’est pas une association de trop, mais un véritable cadre de travail, pour impulser une nouvelle dynamique dans la marche des choses.
Selon lui, force est de constater qu’il y a des difficultés dans certaines mosquées, d’où l’importance de ce règlement intérieur unifié, affiché dans chaque maison de Dieu et qui en définit le rôle et les comportements que les fidèles doivent adopter. La rencontre a été également été l’occasion d’aller vers la mise en place d’un programme annuel, qui sera un véritable tableau de bord pour la ligue au niveau du département de Thiès. Selon le Président Mohamed Mbaye, ce qui est souvent noté dans les associations d’imams, c’est une volonté d’aller quémander de l’argent et de se le partager. Pour lui, avec cette nouvelle approche, il n’est plus question de confiner l’imam à ce schéma. Il s’agit donc d’apporter une nouvelle touche au comportement de l’imam et qui cadre parfaitement avec les principes édictés par la Charia, notamment et par exemple, la participation effective au développement économique et social de la localité et du pays. C’est la raison pour laquelle, dit-il, l’Imam doit désormais être apte, compétent avec une bonne maîtrise du Coran, mais aussi cultivé, bien informé et capable d’apprécier positivement ou négativement les situations qui se présentent à lui, sans tenir compte d’intérêts personnels.
Sur la formalisation des relations entre l’Etat et le religieux, marquée récemment par la nomination d’une personnalité religieuse à la Direction des Affaires Religieuses à la Présidence de la République et qui va se mouvoir prochainement en agence, la ligue des imams et prédicateurs a exprimé toute sa satisfaction. Pour Imam Mohamed Mbaye, malgré la laïcité de l’Etat, l’Islam a atteint une dimension telle que rien ne peut se faire dans ce pays, sans que ces deux entités ne se parlent, ne se concertent. D’où, à ses yeux, l’importance de cette formalisation des rapports, pour que tout se fasse désormais dans la transparence. Il rappelle que cette idée de formation de ces rapports est au cœur des préoccupations de la ligue et depuis près de 15 ans, ce point figure dans l’ordre de ses priorités. Il renseigne d’ailleurs qu’à l’époque, la ligue avait soumis un mémorandum à cet effet, à plusieurs candidats à l’élection présidentielle de 2019.
Et d’ailleurs parmi les candidats, Ousmane Sonko de PASTEF à l’époque et Me Madické Niang avaient signé le document, pour exprimer leur approbation et leur volonté de l’appliquer en cas d’accession au pouvoir. «S’il est aujourd’hui établi que cela fait parte du programme du président de la République, nous nous en réjouissons car l’approche est de nature à lever beaucoup d’obstacles sur le chemin de l’Islam au Sénégal» a indiqué Imam Mohamed Mbaye. «Cette formalisation permettra à l’Etat de mieux accompagner l’organisation des évènements religieux, sur la base de textes de lois, étant entendu que ce sont des citoyens qui se retrouvent dans ces évènements et qui ont droit à une assistance des pouvoirs publics», a ajouté Imam Ahmed Dame Ndiaye Président national de la ligue des imams et prédicateurs du Sénégal.