LA DEPOUILLE DE MANDELA EXPOSE AU SIEGE DE LA PRESIDENCE MERCEDI
PRETORIA, 10 déc 2013 (AFP) - Le corps de Nelson Mandela sera exposé de mercredi à vendredi à Union Buildings, siège de la présidence à Pretoria, un bâtiment centenaire qui fut longtemps le symbole de l'apartheid, avant d'être investi par les institutions de l'Afrique du Sud multiraciale.
Dans ce bâtiment majestueux fut proclamée la République sud-africaine, rompant avec le colonisateur britannique, en 1961, aux plus dures heures du régime ségrégationniste de l'apartheid.
Dans ce bâtiment aussi, Nelson Mandela fut intronisé premier président noir d'une Afrique du Sud démocratique le 10 mai 1994, et il y prit ensuite ses quartiers.
S'élevant au sommet d'une colline dominant le quartier résidentiel d'Arcadia, à proximité du centre-ville de la capitale, le monument symbolisait à l'origine la réconciliation entre les Afrikaners --les descendants des premiers colons blancs, qui parlent une langue dérivée du néerlandais-- et les Britanniques.
Les deux camps s'étaient livrés une guerre sanglante entre 1899 et 1902, finalement gagnée par les Britanniques qui avaient conquis tout le territoire sud-africain.
Ses deux ailes symbolisent les deux "tribus blanches" d'une Afrique du Sud qui ignorait la majorité noire quand a été fondée l'Union sud-africaine, à l'époque un dominium britannique, en 1910.
Le bâtiment de grès au style hétéroclite forme un demi-cercle, ou "amphithéâtre", autour d'une cour ouverte sur la rue, au centre de laquelle est édifié un podium où sera exposée la dépouille de Nelson Mandela pendant trois jours, de mercredi à vendredi.
Ce lieu va être rebaptisé "Amphithéâtre Nelson Mandela", a annoncé mardi le président sud-africain Jacob Zuma.
A l'entrée des jardins qui descendent en escaliers jusqu'à la vallée où est bâtie Pretoria, le monument aux morts des deux guerres mondiales a été reconverti en autel où des anonymes honorent la mémoire du héros de la lutte anti-apartheid, avec force fleurs, bougies, messages de sympathie et même un ours en peluche.
Une statue de Nelson Mandela sera dévoilée à mi-pente lundi 16 décembre, "Journée de la réconciliation" fériée en Afrique du Sud. Elle y remplacera une autre statue, celle de Barry Hertzog, le fondateur du Parti national qui avait institué l'apartheid.
C'est une coïncidence si cette cérémonie, prévue depuis longtemps --et qui devait également marquer le centenaire d'Union Buildings--, aura lieu au lendemain de l'enterrement de Mandela à Qunu (sud), le village de son enfance.
Paradoxalement, si l'arrivée de Nelson Mandela au pouvoir a pour beaucoup de Sud-Africains été synonyme de libération, elle a aussi été le moment où l'accès au siège de la présidence, autrefois libre, a été interdit au public, tandis que les jardins étaient clôturés.
Et si l'histoire officielle de l'Afrique du Sud post-apartheid célèbre volontiers la marche sur l'Union Buildings de milliers de femmes de toutes les races pour protester contre le passeport intérieur imposé aux Noirs par les autorités de l'apartheid, le 9 août 1956, une telle manifestation serait aujourd'hui impossible.