''LE FORUM SUR LES INVESTISSEMENTS VISE À CRÉER UNE PLATEFORME DE FACILITATION ET DE MISE EN RELATION''
KHOUDIA MBAYE, MINISTRE CHARGE DES INVESTISSEMENTS, DES PARTENARIATS ET DU DEVELOPPEMENT DES TELESERVICES DE L’ETA

Le département en charge des Investissements, des Partenariats et du Développement des téléservices de l’Etat organise, du 05 au 07 mai 2015, un forum international sur le financement des projets de type Partenariat public-privé (Ppp). L’objectif, selon le ministre Khoudia Mbaye, est de réunir tous les acteurs qui s’intéressent au financement des projets, en particulier ceux du Pse. La rencontre, dit-elle, sera aussi un espace de facilitation et de mise en relation.
Mme le ministre, Dakar va abriter, du 05 au 07 mai 2015, un forum international sur le financement des projets de type Partenariat public-privé (Ppp) appelé « Sen Ppp finance 2015 ». Quels sont les objectifs et les résultats attendus de cette rencontre ?
Ce forum, premier du genre que mon département va organiser, a pour objectif de mettre ensemble des acteurs qui s’intéressent au financement des projets, en particulier ceux du Plan Sénégal émergent (Pse).
Arrivé au pouvoir le 25 mars 2012, le président Macky Sall a entrepris de prendre ce qu’il y avait de bon dans son programme de faisabilité suffisamment partagé pour le mettre ensemble avec les politiques publiques trouvées sur place. Les leçons tirées de ces politiques sont investies dans le Pse, qui va au-delà des deux mandats du chef de l’Etat. Il s’agit d’engager les Sénégalais dans un autre paradigme de développement devant mobiliser des ressources, pas seulement des ressources budgétaires traditionnelles, mais aussi des ressources financières innovantes.
C’est là qu’interviennent les financements par Partenariat public-privé (Ppp). Il y en a eu des exemples au Sénégal avec la loi Cet (Ndlr : Construire-exploiter-transférer). C’est ce qui nous a permis de réaliser l’autoroute à péage. Aujourd’hui, le président Macky Sall a mis en place une autre loi, le contrat de Partenariat public-privé, lequel élargit le champ de cette loi Cet et va nous permettre d’ouvrir davantage de perspectives.
En tant que ministère en charge des Investissements, des Partenariats et du Développement des téléservices de l’Etat, nous devons offrir des opportunités pour que tous les acteurs devant travailler sur le développement de notre pays se rencontrent et échangent.
Pour ce premier forum, les échanges vont tourner autour des perspectives ouvertes par le vote de la loi sur les contrats Ppp. Nous devons aussi saisir cette opportunité pour faire le benchmark avec les autres pays de la sous-région, notamment ceux de l’Uemoa et de la Cedeao, afin de voir comment échanger et mutualiser nos expériences de façon à mieux tirer profit des bonnes pratiques des uns et des autres.
Aussi, dans cette période où nous sommes en train d’élaborer la Lettre de politique sectorielle et de développement de notre département, nous allons profiter de cette opportunité pour recueillir les points de vue des uns et des autres pour les réinvestir dans notre projet.
Le 07 avril dernier, le président Sall, en faisant le point sur l’état de mise en œuvre du Pse, a demandé à ce que le Bureau opérationnel de suivi du Pse et l’Apix réfléchissent à organiser, très prochainement, un forum qui partage les opportunités du Pse avec le secteur privé national. Dans ce forum que nous organisons, le secteur privé national sera présent.
Ce sera également une occasion pour rassembler des éléments à investir dans cette autre rencontre à venir. Nous voulons avoir un produit dans un rapport que nous allons internaliser dans nos projets de construction de feuilles de route et dans ceux de suivi du Pse.
Comment cette rencontre peut-elle être une opportunité pour le financement des projets du Pse ?
C’est un espace de facilitation et de mise en relation. Nous ne nous attendons pas à ce que des investisseurs viennent nous dire qu’ils ont pris des projets qu’ils financent tout de suite. Il s’agira plutôt d’une rencontre avec des intellectuels dont le matériau est la réflexion sur l’environnement juridique des Ppp, les éventuels risques, etc. Ils se poseront des questions sur beaucoup de sujets en rapport avec le Ppp.
Nous aurons aussi des exposés sur les projets du Pse. Des opportunités seront données à des secteurs comme l’agriculture, le tourisme, l’habitat et les mines d’exposer des projets. Avec cette rencontre, nous espérons trouver des partenaires qui seront disposés à accompagner ces projets.
Est-ce à dire que l’Etat compte s’appuyer sur les Ppp pour le financement d’une bonne partie des projets du Pse ?
Très fortement, mais pas seulement. L’Etat avait mis la deuxième université de Dakar et l’Université du Sine-Saloum en Partenariat public-privé. Mais, compte tenu de l’importance de ces questions et la passe que nous sommes en train de vivre avec la réforme de l’enseignement supérieur, mais aussi du fait que cela relève du pilier moteur du développement du capital humain, le président de la République a préféré la solution nationale. C'est-à-dire financer ces projets avec le budget national.
Cependant, sur les 27 projets prioritaires du Plan d’actions prioritaires, les 18 vont être faits en Ppp. C’est pourquoi nous avons demandé au secteur public national et étranger de nous accompagner. Nous faisons tous ces efforts sur instruction des plus hautes autorités afin de rendre l’environnement des affaires attractif. Ce qui nous a valu, l’année dernière, des points dans le classement du Doing business. Nous travaillons également pour en regagner cette année aussi.
Au-delà du Sénégal, l’Afrique entière a besoin de financer son développement. Quel sera l’apport de ce forum de façon globale ?
Pendant la durée du forum, nous allons nous adresser à l’Uemoa, à la Cedeao et même à l’Union africaine. Nous nous souvenons en toutes circonstances que c’est le président de la République, Macky Sall, qui pilote le Nepad. Sous ce rapport, les infrastructures transnationales sont importantes. L’Uemoa avait organisé, il y a un an de cela, à Dubaï, une réunion sur les projets de la sous-région. Nous avions des programmes qui intéressaient les partenaires.
Une mission de l’Uemoa est ensuite venue au Sénégal pour étudier notre environnement en Ppp, de même pour mobiliser les acteurs. Et c’est l’Apix qui a été désigné comme point focal. Actuellement, nous sommes en train de travailler sur cet aspect.
Nous aurons les institutions de la sous-région, en termes d’institutions politiques et intergouvernementales, et les acteurs du secteur bancaire. Il est temps que les banques, réputées sur liquides, contribuent au financement du Pse aux côtés du secteur privé industriel.
Ce qui sera intéressant pendant ces trois jours, c’est que nous allons réfléchir pour voir comment arrêter les ressources courtes et étudier les modalités par lesquelles les taux d’intérêt, en général, peuvent être bonifiés pour favoriser les financements longs sur les activités économiques, parce que tout simplement, l’environnement aura été sécurisé. En outre, l’accent sera mis sur la mobilisation des épargnes intérieures dans les pays de la sous-région.
La loi Ppp a elle-même défini des modes de priorisation qui ouvrent des appels d’offres, lesquels vont être de droit commun pour les Ppp qui les rouvrent à toutes les entreprises de l’espace communautaire. C’est pour dire qu’en même temps que nous mettrons le focus sur les projets du Pse dont la réalisation est importante, nous voulons aussi, dans une démarche harmonisée, emporter avec nous tout l’espace communautaire.
Notre souhait est que les projets que nous allons réaliser concernent un marché de plus de 300 millions d’habitants. Ce qui dépasse le marché national.
Quelles sont les dispositions prises pour mobiliser les Sénégalais autour de ce forum ?
Nos partenaires les plus en vue sont le secteur privé national. Nous leur avons parlé individuellement et dans des espaces organisés. Nous avons aussi recherché et obtenu la réaction de partenaires étrangers. Je lance encore un appel au secteur privé national pour lui dire que nous organisons cette rencontre dans le but de créer une plateforme de facilitation et de mise en relation.
Les universitaires et les acteurs de la société civile sont également invités à participer à la réflexion.