LE SÉNÉGAL POUVAIT MIEUX FAIRE À CE FESPACO

On évoquait aux premières heures du Fespaco 2015, l’impréparation et le manque de vision des autorités sénégalaises pour l’édition 2015. En évoquant cette préoccupation qui ne vise que l’amélioration des choses, Le Quotidien n’a pas manqué de se faire des ennemis dans les rangs des cadres du ministère de la Culture. Pour les laudateurs de Mbagnick Ndiaye, il s’agit purement et simplement d’un acharnement contre leur mentor. En coulisses, ils l’ont dit et fait remarquer à Ouagadougou.
Pourtant les résultats au terme du Fespaco sont plus qu’édifiants. Le Quotidien relevait que la bonne coordination et la vision qui ont accompagné les réalisateurs en 2013 s’était avérée payante, très payante, à tel point que notre pays avait non seulement raflé la majorité des prix spéciaux à la veille de la finale de ce rendez-vous mais, au dernier jour, cette dynamique a conduit le Sénégal à monter sur la plus haute marche du Fespaco, en remportant non seulement l’Etalon de bronze avec le film La Pirogue de Moussa Touré, mais également l’Etalon d’or de Yennenga avec Tey de Alain Gomis.
Pour cette présente édition, le Sénégal n’a presque rien gagné. Si ce ne sont Des Etoiles de Dyana Gaye, Prix Cedeao de la meilleure réalisatrice et Sarga, meilleure fiction des films d’Ecole, qui ont finalement sauvé l’honneur au dernier jour du festival.
Certains membres de la délégation sénégalaise s’en sont félicités à Ouaga. Oui ! Il faut se réjouir de n’être pas rentré bredouille, sans aucun prix. Mais le Sénégal pouvait mieux faire. On ne peut réaliser un si bon record à la dernière édition et revenir tout d’un coup parmi les derniers de la classe.
Puisqu’il faut l’admettre, les distinctions obtenues restent des prix mineurs. Ce recul doit être imputé à qui ? Aux cinéastes ? A la direction de la Cinématographie ? Au ministère de la Culture ? Aux journalistes culturels qui n’ont souvent pas le courage de dire les choses telles qu’elles sont, même si elles blessent ?
Tout ce beau monde partage la responsabilité de ce recul du Sénégal au Fespaco. Mais en priorité, il faudra indexer la nouvelle tutelle. Et pour cause, on a beau reprocher à l’ancien ministre Abdoul Aziz Mbaye son manque de charisme et son obsession à plus investir dans les activités de la diversité culturelle qu’autre chose, mais il faut reconnaître qu’au dernier Fespaco, il avait appuyé la direction de la Cinématographie et tous les cinéastes de la façon la plus ingénieuse.
Toutes les directions du ministère étaient représentées à l’époque à Ouaga et les activités menées sur place par le Sénégal étaient visibles avec des impacts assez perceptibles.
Cet effort a fait que tout le monde reconnaissait au Fespaco, que c’était l’année du Sénégal et que notre pays méritait cette place de première Nation du cinéma panafricain. Aujourd’hui, la donne a changé encore.
Nous sommes bien repartis dans l’ombre alors que l’Etat vient à peine de prendre la courageuse décision de soutenir à hauteur de 1 milliard de francs Cfa le cinéma. Non ! Il faudrait comprendre la vision du Président Sall et l’appliquer véritablement.
Nous n’avons plus le droit sur le plan du 7 art, d’être derrière les Nations qui s’imposent en Afrique. Le Sénégal peut et doit faire plus que le Maroc qui est, aujourd’hui, en pole position. Il urge donc qu’au retour du Fespaco, tout le monde se retrouve pour un bilan juste.
Un bilan qui ne consistera pas à couper la tête à quelqu’un et lui imputer la responsabilité de cet échec national. La direction de la Cinématographie avec la conduite de Hugues Diaz est sur la bonne route. Il suffit juste de la soutenir.