THÉOPHILE OBENGA PROPOSE LA CRÉATION D'UN CENTRE PANAFRICAIN D'ÉGYPTOLOGIE
HOMMAGE A CHEIKH ANTA DIOP

La Fondation Léopold Sédar Senghor a rendu hommage à Cheikh Anta Diop hier, en organisant, en partenariat avec l'Université dont il est le parrain et la Fondation Ucad, sa Conférence inaugurale annuelle de rentrée. Elle a été animée par Théophile Obenga, éminent égyptologue congolais et ancien camarade de Cheikh Anta Diop.
"L'enseignement des humanités égypto-nubiennes en Afrique noire : quels fondements scientifiques ? Quelles conditions de mise en œuvre ?"
C'est le thème de la conférence inaugurale annuelle de rentrée de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Cette rencontre a servi de cadre pour rendre hommage au parrain de l'institution, le Pr Cheikh Anta Diop, disparu le 7 février 1986.
Le Pr Théophile Obenga, éminent égyptologue congolais et ancien camarade du savant sénégalais, a animé la conférence. Devant un parterre d'universitaires, d'étudiants, de parents du défunt et d'autorités, M. Obenga a recommandé la création d'un centre panafricain d'égyptologie pour mieux faire connaitre notre héritage.
Il a rappelé que nous avons beaucoup d'héritages méconnus de l'Egypte antique, citant, entre autres, l'écriture, la division du temps, le calendrier, l'architecture. Mais également un héritage intellectuel.
Cependant, l'égyptologue a déploré le fait que les Africains ne connaissent pas leur héritage. Comme les Européens, les Chinois et les Arabes, les Africains, a-t-il estimé, doivent eux aussi connaitre leur héritage.
"Les Chinois connaissent leur héritage à travers Confucius. Les Européens connaissent l'héritage grec. (...). Il n'y a que les Noirs qui ne connaissent pas leur propre héritage", a-t-il déploré. "Nous avons un héritage que nous devons connaitre. Les Africains sont les plus ignorants. Il faut être fier de son héritage et connaitre celui des autres, sinon on ne sera pas respecté", a dit avec force Théophile Obenga.
C'est pourquoi il a recommandé la création d'un centre panafricain d'égyptologie en regroupant les moyens financiers, matériels et intellectuels et l'élaboration de programmes viables. Selon lui, un gouvernement d'un pays d'Afrique peut faire la proposition pour qu'il soit durable.
Le Pr Iba Der Thiam a salué la pertinence de la communication de M. Obenga et les immenses services. S'adressant au conférencier, il a soutenu qu'"aujourd'hui (hier), quelque chose a bougé, car vous avez formaté des consciences".
M. Thiam a bien accueilli la recommandation de l'historien congolais pour la création d'un centre panafricain d'égyptologie. Il a même confié que l'ambassadeur d'Egypte présent à la rencontre a annoncé que son pays compte traduire en arabe tous les écrits de Cheikh Anta Diop.
Raphael Ndiaye, le directeur général de la Fondation Léopold Sédar Senghor, a révélé que Cheikh Anta Diop et le premier président sénégalais ont eu, en 1985, un entretien éminemment fécond en présence de témoins comme Moustapha Niasse.