UN CONSEIL INTERMINISTÉRIEL DOIT DÉPARTAGER LA SONES ET LA SDE
POUR TRANSPARENCY INTERNATIONAL
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Si la guéguerre entre la SDE et la SONES était prévisible aux yeux de certains acteurs, ce scénario pouvait être évité grâce
à la mise en place d’un conseil interministériel chargé de réguler les contrats. Cette remarque est contenue dans un rapport sur la gouvernance de l’eau de Transparency international section Forum civil.
Transparency international avait tiré la sonnette d’alarme, il y a plus d’un an : le secteur de l’eau risquait d’être pollué par les rapports conflictuels entre la Sénégalaise des eaux (SDE) et la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES).
L’ONG internationale rappelait, à cet effet, que “la régulation de l’hydraulique urbaine est actuellement assurée par la SONES sur la base du contrat d’affermage entre la SDE et l’Etat pour la délégation du service et du contrat de performance avec la SONES.”
De façon plus explicite, le rapport de Transparency international rappelle que conformément à la Loi SPEPA, “la régulation du secteur de l’hydraulique urbain devrait être assurée par l’Etat avec la mise en place d’un conseil interministériel. Ce dernier sera chargé de gérer d’éventuels conflits entre les parties prenantes et de contrôler l’exécution des différents contrats.”
Dans cet ordre une formulation claire des rôles et responsabilités des différents acteurs serait à l’avantage de tous. D’ailleurs, rappelle Transparency international “en quinze années de fonctionnement, le système ainsi mis en place entre la SONES et la SDE n’a connu qu’une seule crise et cela a été réglé à l’amiable.
“Mais derrière cette façade, des signes de faiblesse en matière de justice dans la régulation subsistent et plombent le secteur”. Dans cette perspective, le rapport précise que “ce rôle assigné par l’État à l’opérateur public qu’est la SONES est aujourd’hui de plus en plus contesté par certains spécialistes de la question”. Il s’y ajoute que “la SONES en tant que partie prenante du système, dans son rôle de régulateur est juge et partie. Pour les détracteurs de cette thèse, ceci placerait la SONES en situation de conflit d’intérêts.”
Autre constat patent : “ les contrats entre la SONES et l’État : de concession, plan (en 1996) devenu de performance (2006) n’ont, à ce jour, pas encore fait l’objet d’une revue afin de contrôler l’état d’exécution de ces contrats.”
Comme stratégie de sortie de crise, “ la mise en œuvre du Partenariat Public Privé (PPP) pour une Délégation d’un Service Public DSP. Aussi, un bon système de régulation devrait permettre de veiller au contrôle effectif des termes des différents contrats mais également “d’assurer le respect des intérêts des usagers ou d’autres parties prenantes même face à l’Etat “, croit savoir Transparency international.
Les consuméristes dénoncent le manque d’autorité de l’Etat
La pénurie d’eau qui affecte la capitale est en réalité due à la mauvaise évaluation du déficit et au non respect des engagements. Du moins si l’on en croit le président de l’Association des consommateurs sénégalais (ASCOSEN), Momar Ndao.
Selon ce dernier, le déficit est évalué aujourd’hui à 14 000 m3 par les sociétés. Or, la réalité est que celui-ci est beaucoup plus important. Dans les faits, le manque est de 42 000 m3. En plus, poursuit le président de l’ASCOSEN, même avec le résultat erroné de 14 000, le vide n’est pas comblé.
“En fait, à la place de 17 500 m3 que devrait livrer la SONES au 31 décembre, il n’y a eu que 8360 m3. Au mois de juin, on devait avoir 25 000 m3 mais au finish, le cumul de la production n’est que de 15 600 m3. Ce qui veut dire tout simplement que “le programme de réception n’est pas appliqué totalement”.
Et que par conséquent, “le calvaire continue”, a soutenu Momar Ndao. Qui s’empresse d’ajouter qu’il faudra attendre que les maraichers puissent se suffire de la pluie pour améliorer la fourniture.
Une situation qui irrite Me Massokhna Kane de SOS consommateurs. “C’est l’Etat qui ne fait pas preuve de suffisamment d’autorité. Avec ce qui s’est passé à Keur Momar Sarr, on pensait qu’il y aurait plus de sérieux. Il y a de l’incompétence dans la gestion de l’eau. L’Etat doit situer les responsabilités et sanctionner. Il doit y avoir aussi dédommagement, cela incitera les gens à avoir un meilleur comportement”, plaide-t-il.
PÉNURIE D’EAU À DAKAR
La SDE et la SONES s’en lavent les mains
24 heures après s’être données en spectacle sur la pénurie d’eau à Dakar, les deux sociétés en charge du liquide précieux ont décidé de se laver mutuellement et à grande eau. Dans un communiqué conjoint, la Sénégalaise des eaux (SDE) et la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES), dirigées respectivement par Mamadou Dia et Anta Seck, accusent la chaleur et l’augmentation rapide de la population dakaroise.
“Ces derniers jours, des perturbations dans la distribution en eau potable ont été notées au niveau de plusieurs quartiers de Dakar qui connaît une urbanisation galopante. Cette situation est due à la forte demande en cette période de chaleur, confirmée par une production record de 335.000 m3 jour, jamais atteinte”, se justifient-elles.
Afin de faire face au problème, la SONES assure avoir mis en œuvre un programme qui lui a permis” de mettre dans le réseau 15 620 m3 par jour”. Quant à la SDE, elle déclare avoir déployé 32 camions citernes par jour pour approvisionner les quartiers touchés par le manque d’eau. Toutes les deux, elles promettent de faire le suivi au quotidien.
En attendant, aucune solution à court terme ne semble disponible. Au contraire, le sort des populations reste suspendu à la pluie dont on ne sait quand est-ce qu’elle va tomber. Les deux sociétés le reconnaissent en parlant d’évolution avec “l’installation prochaine de la saison des pluies” .