BOUBACAR JOSEPH NDIAYE IMMORTALISÉ EN FRANCE
Une rue de la ville de Nantes porte désormais le nom de Boubacar Joseph Ndiaye, l’ancien conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, disparu en 2009.
Ce samedi, élus nantais et sénégalais ont rendu hommage à l’ancien conservateur de la Maison des esclaves de Gorée. Une rue de la cité nantaise porte désormais son nom.
Une rue de la ville de Nantes porte désormais le nom de Boubacar Joseph Ndiaye, l’ancien conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, disparu en 2009. Ce samedi 15 octobre, la municipalité de la ville française ainsi qu’une délégation sénégalaise s’étaient donné rendez-vous pour célébrer ce moment d’hommage, conformément à la nouvelle politique de la ville de Nantes de renommer certaines rues en hommage à des hommes et femmes engagés pour les droits humains.
C’est dans cette démarche mémorielle que s’inscrit l’hommage rendu au conservateur de la Maison des esclaves dans cette ville «esclavagiste ». La ville française de Nantes a en effet joué un rôle important dans le commerce des Noirs. Considéré comme le premier port négrier de France, Nantes et ses armateurs ont assuré plus de 42% des départs d’expéditions de traite entre 1707 et 1793. Des familles d’armateurs s’étaient spécialisées dans ce commerce, tout comme de nombreuses activités économiques de la ville et de la région. Et en un peu plus d’un siècle, les navires nantais auront transporté plus de 550 000 captifs noirs vers les colonies.
Issu d’une famille d’origine goréenne, Boubacar Joseph Ndiaye est né le 15 octobre 1922 à Rufisque. Après ses études primaires à Gorée, il a rejoint l’Ecole professionnelle Pinet-Laprade de Dakar. Boubacar Joseph Ndiaye, qui a travaillé comme compositeur typographe, a servi dans l’Armée coloniale. Sous le drapeau français, en 1943, il a participé à la libération de la France, notamment à la Bataille du Mont Cassin en tant que tirailleur sénégalais. Sous-officier parachutiste, il servira plus tard en Extrême-Orient dans la première demi-brigade de commandos parachutistes coloniaux, en Indochine.
En tant qu’ancien combattant, il reçoit la Croix de Guerre, est fait Officier de l’Ordre national du Lion et Chevalier de l’Ordre national du Mérite (en France et au Sénégal). Après son retour au Sénégal, il devient conservateur de la Maison des esclaves de Gorée en 1962. A ce poste, il a contribué à faire connaître l’enfer quotidien des esclaves détenus dans cette île historique, avant leur expédition sans ménagement vers l’Amérique.
Orateur de talent, Boubacar Joseph Ndiaye sera à l’origine de la restauration de la Maison des esclaves de Gorée par l’Unesco en 1990. Il a aussi publié des œuvres, notamment La Maison des Esclaves de Gorée et Il fut un jour à Gorée : l’esclavage raconté à nos enfants.