‘’C’EST MA TRAJECTOIRE QUI M'A POUSSÉ À FAIRE DU CINÉMA"
El Hadj Demba Dia, artiste réalisateur
Il s’est fixé comme objectif de raconter l’histoire de gens dits ‘’ordinaires’’ à travers ses films documentaires avec des personnages qui lui sont souvent familiers. El’hadji Demba Dia, jeune réalisateur va représenter le Sénégal à la 17eme édition du festival ‘’Clap Ivoire’’. EnQuête revient sur son parcours.
On dit souvent que c’est le milieu qui détermine l’homme. El’hadji Demba Dia en est un exemple. Né dans la banlieue dakaroise, il se veut la voix des sans voix notamment des populations de Guinaw Rail et des quartiers périphériques.
Dans ses actions de tous les jours, dit-il, il fait de son possible pour que les habitants ne ces localités aient de meilleures conditions de vie et que leurs problèmes soient pris en compte par les autorités et surtout qu’ils soient résorbés. Ce quartier qui l’a vu naître reste donc sa priorité. Avec sa caméra, il raconte le vécu de ses voisins et pousse ainsi certaines familles à sortir de leur mutisme et de dévoiler leur réalité quotidienne. ‘’J’étais très conscient qu’il fallait raconter ses problèmes et vulgariser ce qu’on vit. Je peux dire que c’est ma trajectoire qui m’a poussé à faire du cinéma.
Un devoir de mémoire qui est dans ma conscience. Tout ce que je raconte dans mes films vient directement de mon univers ’’, déclare le jeune réalisateur. C’est ainsi d’ailleurs qu’est née l’idée de son film ‘’J’existe’’ qui a été sélectionné pour représenter le Sénégal à la 17eme édition du Festival ‘’Clap Ivoire’’ qui se teint en Côte-d’Ivoire du 04 au 10 septembre prochain. Dans ce film El’Hadji Demba Dia relate ‘’l’histoire d’une mère de famille avec trois enfants en charge à Guinaw Rail, un quartier défavorisé qui n’offre pas d’opportunités’’. Pour lui, c’est aussi une occasion de rendre hommage à cette brave dame avec qui elle partage le même quartier depuis toujours. ‘’Cette femme est toujours restée debout malgré tout. C’est son combat quotidien qui m’a poussé à faire ce documentaire’’, raconte-t-il.
‘’J’ai voulu faire au-delà de la musique’’
Né au début des années 1980, Demba commence a à se faire une place dans le monde du cinéma. Et ce, grâce à sa sensibilité. Un jeune né dans un quartier comme le tien n’a pas toujours la chance qu’il a. Ses opportunités il le doit à un monsieur extraordinaire qui participe beaucoup à l’essor du septième art sénégalais et qui tient de main de maître Ciné Ucad, M. Abdou Aziz Boye.
‘’Jai croisé le cinéma en 2008, c’était dans les moments sombres où presque tous les jeunes voulaient se rendre en Espagne clandestinement. C’est en ce moment que j’ai senti vraiment le besoin de chanter les maux de ma société et je ne n’avais pas les dispositifs en main. Seulement, j’avais beaucoup d’amis rappeurs mais je voulais faire plus que de la musique. Et là, j’ai pensé au cinéma‘’, se rappelle l’initiateur du projet ‘’Nemekou’’ destiné aux jeunes détenus de la prison des mineurs de Dakar. Membre fondateur de Ciné Banlieue, El’hadji Demba Dia est un activiste panafricain qui se nourrit des idéologies de son mentor spirituel Thomas Sankara.
‘’Ses projets’’
Par ailleurs, avec un premier film documentaire qui a beaucoup de succès avec divers prix gagné au plan africain, le réalisateur travaille actuellement sur un nouveau projet en espérant le réussir autant que le premier. Cette seconde pellicule sera elle aussi un documentaire et sera intitulée ‘’Ô Seigneur’’. Elle parle de l’histoire de deux mères de familles qui attendent les corps de leurs fils pour faire leur deuil.
Dans ses tiroirs un autre projet qui lui tient à cœur et titré ‘’Une si longue date’’. Elle relate le vécu des femmes détenues. ‘’Et L'horloge s'arrêta’’, c'est la vie d'un père de famille qui a tout abandonné à cause du divorce d’avec sa femme. Des projets comme çà, il en a la pelle mais tient tout de même à un en particulier : ‘’Le témoin’’. C’est la restitution de son jeune parcours mais surtout sa rencontre avec le brillant et jeune économiste Ndongo Samba Sylla. Demba Dia dit avoir donné à ce dernier ‘’les clés sociales’’ et M. Sylla lui aurait passé ‘’les clés économiques’’. Avec ses films militants et une recherche esthétique expérimentale, il est l’un des jeunes cinéastes contemporains qui fait dans la débrouille pour produire et diffuser ses films et qui le réussit tant bien que mal. Des films qui, de manière différente, défendent l’idée selon laquelle l’art doit faire place aux gens ordinaires, participé à la représentation et à la prise de conscience de réalités sociales et politiques.
En outre, ce film ''J’existe'' qui doit représenter le Sénégal à Abidjan a remporté le prix de l’ambassadeur de la cause féminine à Yaoundé lors du Festival de Films de Femme en septembre 2016. Il a aussi participé à la 8eme Edition du Festival africain de Tanger au Maroc en Décembre 2016 et en Mai 2017 au Festival Film Documentaire Agadir(Fidadoc) au Maroc.