«LE RAP, C’EST MON EXPERIENCE DE VIE»
Shavy, rappeuse, a eu son Bac à l’âge de 16 ans, étudiante en Bts, Langues appliquées au Tourisme, elle a eu la surprise d’être renvoyée, en plein milieu de l’année, avec une moyenne de 16
Yanidou Ndiaye, de son nom d’artiste Shavy, la vingtaine, capuche sur la tête, t-shirt gris et jogging noir, renvoie une apparence sombre aux antipodes d’une personnalité lumineuse que reflète un large sourire.
Sûre d’elle, à l’aise et déterminée, la rappeuse de Grand-Dakar affiche haut et fort ses ambitions de victoire. Ambitions légitimes au vu de sa prestation : des textes riches servis par un flow redoutable, un public conquis, la rappeuse pourrait bien devenir la première femme à inscrire son nom au palmarès du Flow up. «Le Flow up, je me suis inscrite toute seule. Deux semaines après, on m’a contactée pour me dire que j’étais retenue. Déjà, je pense qu’il est normal qu’une fille puisse gagner cette 9ème édition. Les filles vont jusqu’en finale pour se faire massacrer. Cette année, je veux vraiment faire le nécessaire pour prendre le trophée. Je suis féministe, si je peux gagner la récompense, ça ferait plaisir», explique-t-elle avec enthousiasme.
Avant de poursuivre : «Les gens disent que j’écris comme un mec. C’est normal parce que j’ai l’expérience, j’ai vécu dans un ghetto, j’ai vécu plein de combats, voilà. J’ai voyagé, j’ai l’ouverture d’esprit, rien ne me choque honnêtement. Et je pense qu’il y a beaucoup de choses qui vont venir.» Shavy a eu son Bac à l’âge de 16 ans, étudiante en Bts, Langues appliquées au Tourisme, elle a eu la surprise d’être renvoyée, en plein milieu de l’année, avec une moyenne de 16. «Ça m’a foutu la rage et je me suis concentrée sur la musique», blague-t-elle en souriant.
Chanteuse depuis petite, elle habitait dans un ghetto, Grand-Dakar. «J’ai vécu 14 ans là-bas avant de venir aux Maristes avec ma famille. C’est dans le ghetto que j’ai commencé à rapper. J’étais avec des dealers. Dans mon rap, je dis des choses sales. Je dis sale mais modérément. L’idée générale, c’est qu’on est jeunes, il nous arrive de faire des choses mauvaises, immorales, mais peu importe les aléas de la vie, on continue», a-t-elle dit avant sa prestation.
Le rap qu’elle pratique traduit aujourd’hui son vécu. «Le rap, c’est mon expérience de vie. C’est le seul moyen pour moi de partager mes idées avec les gens. Je vois que quand je fais du rap, beaucoup de gens se réfèrent à moi, à mon histoire. Beaucoup de gens me suivent, m’admirent, m’adorent», dit-elle tout, en soulignant qu’aujourd’hui, le rap touche des millions de vues et que les jeunes s’y intéressent. Elle relativise. «Avant, certains dérapaient, faisaient des choses pas nettes, et le hip-hop nous remet dans le droit chemin.» Ses inspirations musicales sont le rap anglais, français et wolof. «Mais je n’ai pas d’idoles. Et j’ai toujours trouvé ça bizarre», justifie-t-elle.