PRODAC, LE GRAND GÂCHIS
Embauches inadaptées, dépenses injustifiées, retards interminables... Le Programme des domaines agricoles communautaires censé insuffler un vent nouveau dans l'agriculture sénégalaise se révèle n'être qu'un gouffre financier, selon la Cour des comptes
(SenePlus) - Le très attendu rapport de la Cour des comptes sur le Prodac vient de tomber, révélant des irrégularités massives dans la gestion de ce programme censé créer 300 000 emplois pour les jeunes. Comme un coup de massue, les conclusions de ce document de 79 pages mettent à nu les dysfonctionnements qui ont entravé sa mise en œuvre.
Les chiffres sont éloquents : le mot "défaut" est cité pas moins de 47 fois, "manquement" 10 fois, et les "recommandations" s'élèvent à 46. Un constat amer pour un projet dont l'ambition affichée était de redorer l'économie agricole et d'insérer les jeunes.
"Les agents de la Cour ont souligné en rouge les fautes, beaucoup de fautes de gestion dans l'exécution du Prodac", déplore Papa Alioune Sarr, journaliste à Emedia. L'une des principales pierres d'achoppement relevées est la nomination d'agents à des postes inadaptés à leurs profils. Comme le souligne ce passage incisif : "Les deux chefs des domaines agricoles communautaires (DAC) ont été occupés par un philosophe et un sociologue sans connaissance de la matière agronomique."
Mais ce n'est pas tout. Le rapport pointe également du doigt des "dépenses non justifiées". En effet, dans le cadre du projet PDEAS, 48 millions de francs CFA ont été alloués en indemnités à des agents déjà rémunérés sur le budget du Prodac. Un exemple criant, cité par les enquêteurs : Mamina Dafi et Pape Malick Dour, deux anciens coordonnateurs, percevaient mensuellement la rondelette somme de 5 millions, pendant respectivement 17 mois et demi et 30 mois et demi.
"Le tableau est noir", tranche Papa Alioune Sarr. Sept ans après son lancement, la première phase du Prodac n'est toujours pas achevée, les travaux accusant des "délais anormalement longs". Quant à la deuxième phase, aucun des DAC prévus n'a vu le jour, six ans après la signature des accords de financement.
Un bilan calamiteux pour un programme qui devait, comme un puissant vent de renouveau, insuffler la prospérité dans les campagnes sénégalaises.
AFFAIRE PRODAC : LES BRÛLANTES RÉVÉLATIONS DE LA COUR DES COMPTES ! pic.twitter.com/OpDYz1MmXd
— Emedia SN (@emediasn) May 1, 2024