AFRIQUE DU SUD, ELECTION DU PRESIDENT, AVANT UN GOUVERNEMENT DE COALITION
Le Parlement sud-africain, issu des législatives fin mai, s’est réuni vendredi pour élire le chef de l’Etat avant la formation d’un gouvernement de coalition inédit qui devrait graviter « autour du centre », selon l’ANC.
Le Parlement sud-africain, issu des législatives fin mai, s’est réuni vendredi pour élire le chef de l’Etat avant la formation d’un gouvernement de coalition inédit qui devrait graviter « autour du centre », selon l’ANC.
Cyril Ramaphosa, 71 ans, devrait être reconduit à la tête du pays bien que son parti, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis trente ans, ait perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Fort de 159 députés sur 400, l’ANC reste majoritaire.
Selon la DA, premier parti d’opposition, centriste et libéral, qui a remporté 87 sièges, des négociations se sont poursuivies tard dans la nuit de jeudi à vendredi avec l’ANC.
« À 02h00, nous pensions avoir conclu un accord définitif mais ce matin, quelques problèmes sont apparus et ils essaient de les résoudre », a commenté Helen Zille, haut responsable de la DA.
La coalition devrait inclure aussi le parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP, 17 sièges) qui a annoncé son ralliement mercredi.
« Outre la DA et l’IFP, Ramaphosa cherchera à obtenir le soutien de petits partis, afin de se prémunir contre l’éventualité que certains membres de son propre parti, l’ANC, le boudent », note la politologue Susan Booysen.
« Il aura besoin de ce pare-choc », estime-t-elle, malgré la décontraction apparente affichée par M. Ramaphosa vendredi matin à l’ouverture de la séance.
L’Assemblée, qui siège au Cap, devrait d’abord élire son président et son adjoint(e). Le speaker devrait être issu de l’ANC mais l’identité de l’adjoint, en fonction de son affiliation politique, pourrait donner une indication sur la future composition du gouvernement.
Vers 14h00 (12H00 GMT), les députés devront proposer des candidats à la présidence du pays.
Si le populaire Cyril Ramaphosa est le seul candidat, il sera élu. Sinon, un vote à bulletin secret sera organisé.
« Pourparlers »
Depuis plusieurs jours, une troïka ANC-DA-IFP semblait se dessiner, en dépit de tiraillements sur la gauche de l’ANC, qui voit d’un mauvais œil une alliance avec la DA, apprécié par le monde des affaires mais qui reste largement perçu comme le parti des Blancs et opposé au poids des aides sociales sur le budget notamment.
Mercredi, le dirigeant de l’Inkhata a confirmé la rumeur : « L’IFP va rejoindre un gouvernement d’unité nationale avec l’ANC et la DA », a annoncé Velenkosini Hlabisa, plaidant pour « la stabilité » du pays afin que les Sud-Africains voient « leurs défis pris en compte ».
Jeudi soir, le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, a confirmé que la coalition devrait « graviter autour du centre », après un rejet de tout accord par l’opposition de gauche.
La semaine dernière, le président Ramaphosa avait appelé de ses vœux un « gouvernement d’union nationale », référence réconfortante à la formule trouvée à la sortie de l’apartheid avec la formation d’un gouvernement unissant le premier président noir Nelson Mandela et le dernier président blanc du pays Frederik de Klerk.
Il avait invité tous les partis allant de l’extrême droite à l’extrême gauche à « travailler ensemble ».
« L’ANC s’engage dans cette voie sous le couvert d’un gouvernement d’union nationale, mais en réalité ce n’est pas le cas… il s’agit plutôt de pourparlers de coalition », souligne la politologue Hlengiwe Ndlovu, évoquant des coulisses agitées depuis plusieurs jours entre partis politiques et au sein de l’ANC.
Le MK, nouveau parti de l’ancien président accusé de corruption Jacob Zuma, devenu la troisième force politique avec 58 sièges, a refusé toute discussion avec l’ANC tant que M. Ramaphosa resterait à la tête du pays.
Son parti continue de contester les résultats des législatives et a aussi prévu de boycotter cette première session parlementaire.
Le parti des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale, 39 sièges), qui prônent la confiscation de terres aux Blancs ou la privatisation de secteurs clé de l’économie, refuse de rejoindre un gouvernement comprenant la DA libérale.
« La DA est notre ennemi », a rappelé jeudi soir son leader Julius Malema.